Ce qui règne par delà les étoiles

Par Luvi

Aux temps immémoriaux des premières dynasties divines, à un âge ou les firmaments comptaient bien moins d’étoiles, les dieux,créatures astrales à la puissance destructrice, guerroyaient dans des mondes rongés par l’ obscurité.
L’univers, noyé sous la noirceur insondable des belligérances céleste et régenter par la hardiesse de l’énergie créatrice en peine, sombra dans une nuit sans fin.
Mais au terme de milliers d’années de perversion belliqueuses, un dieu parmi les autres se dressa contre l’infamie qui régnait.
De sa main, il mit fin aux conflits et amena l’équilibre dans l’énergie créatrice de toute vie.

Les dieux vaincus, s’unirent alors sous l’égide d’un seul monarque.
Dimiour, divinité de la création et Katastrep,
divinité de la désolation, se partagèrent le cosmos,
liés par une volonté sereine de protéger la vie et l’équilibre
de l’énergie bienfaitrice qui s’étendait à travers les étoiles.

Mais au milieu du chaos et des souffrances de jadis,
des affres et de l’amertume humaine,
se dressèrent contre la domination des déités féroce dont l’unique dessein de conquête avait animé leurs mains,
 des humains dont la toute-puissance rivalisait sans mal avec ces démons divins.

Les Isis, divinités nées de la colère et de l’espoir, emmenèrent dans leur sillage la noirceur des cœurs humains que les dieux avaient refusé de percevoir.
Mais alors que l’amorce d’une insurrection couvait en leur ardeur, le roi des dieux, dans un élan d’absolution, demanda grâce et leur offrit la place qui leur revenait en ces mondes.


La paix durable, bercée par la bénédiction de la puissance de vie,
alimentée par la véhémence des déités dorénavant protectrices de l’humanité,
s’installa, et offrit ses bienfaits éternels aux civilisations archaïques qui s’éveillaient.

Encyclopédie divine - Rouleau de la création – Guerre d’unification – Auteur inconnu

Localisation : Palais divin – Galaxie divine Iilhi - troisième Méros

Le conseil des dieux avait à nouveau tourné au pugilat. Sa position de monarque divin, était encore mise à mal par certains de ses subordonnés. Leur entêtement obstiné à croire que leurs actes n’apporteraient aucune sanction, l’enfermait dans l’indignation. Destituant grandement sa souveraineté, l’aura irascible qu’il dégageait était moquée par les dieux. C’est avec rage, qu’il s’était enfermé dans la grande bibliothèque, à la recherche d’un rouleau qu’il espérait objectif face à la crise en salle du conseil.

Mélack le Grand Adjutor, de sa petite taille, l’admonestait à travers la lourde porte en bois menant au cabinet bibliothécaire. Le roi, le nez plongé dans son décryptage, ne releva pas le sermon fatigué de son assistant. Assis contre l’un des murs de marbres blanc aux contours arrondis et aux façades vertigineuses, il n’avait même pas pris le temps de déposer les éléments de ses recherches, sur la lourde table qui ornait le centre de la pièce. Finement gravée et recouverte d’or, les pieds devant peser plus de dix kilos chacun, supportait une stèle d’ophite, dont la surface, parsemée d’une carte des univers, luisait sous la lueur des sphères de lumière. Quelques fauteuils dont le velours bleuté n’était guère accueillant, et un divan alourdit par les épais édredons de soks, meublaient la salle croulante sous les rayonnages.

Absorbé par le recueil d’un âge passé, dont le feuilleton jauni par le temps avait depuis bien longtemps essoufflé la calligraphie, le jeune roi fit abstraction de la gronde qui attisait le domaine divin. L’ouvrage entre ses mains, écrit d’un ancien Dimiour, remontait aux temps immémoriaux des grandes batailles de pouvoir. Vociférant l’abomination d’une race d’entité divine à l’existence controversée, les Isis, la haine qui transgressait du texte étonna son lecteur. Divinatoire ou pure spéculation, le texte fielleux contre ces êtres divins, ne leur donnait guère une image reluisante.

Ce qu’il cherchait lui sauta aux yeux. Parcourant le passage consacré à l’Isis femelle, l’embrasement intime qui le saisit, accompagné d’une rougeur sur son visage d’enfant, l’enferma dans un malaise qu’il eut le plus grand mal à contrôler. L’auteur à l’opposé de son dégoût pour les Isis de l’univers, s’abandonnait dans une totale et sensuelle vénération à l’égard de la divinité femelle du panthéon. Se dépêchant de retranscrire mentalement la note recherchée, les joues en feux par sa lecture, il se releva et entrepris de se rendre dans la partie interdite de la bibliothèque.

 

Le seigneur Kaalan, Katrastrep du sixième Méros, et initié du premier degré, regardait en baillant, la scène silencieuse qui se déroulait sous ses yeux. Affalé à moitié sur sa plateforme, son regard s’attarda sur la luxueuse décoration des lieux. Le jeune roi avait repensé l’architecture de la salle du conseil lors de son couronnement il y a mille ans.

Le vaste bâtiment, flottant dans la nébuleuse rosée du domaine divin, était entièrement délimité par des colonnades de pierre blanche. Aucun mur et un plafond à ciel ouvert, permettaient de contempler la constellation dans laquelle se trouvait le conseil et le palais. Dans un camaïeu pastel, les lueurs bleutées des lunes qui s’élevaient fièrement à l’horizon, illuminaient la blancheur des bâtiments. Vestige d’un ancien temps, une bête céleste à l’allure féline, bien plus petite que ses ancêtres, se promenait librement, ayant pris les jardins du palais pour territoire. Sur les colonnes, de riches tentures violettes, couleur de la dynastie divine royale, y pendaient lourdement, tombant en cascade sur le sol. L’immense allée circulaire, était bordée de sculptures. Les statues, censés symboliser toutes les espèces pensantes de l’univers, encerclaient des plateformes flottantes. Ces vastes sièges sur lesquels chaque représentant divin s’affalait nonchalamment sur d’épais coussins violacés aux reflets irisés, disposaient d’une vue directe sur l’estrade principale. L’immense trône, simple banquette au pied d’or et a l’assise en soks, était encerclé par deux colonnes et une tenture aux armoiries royales qui retombait avec légèreté sur le sol de marbre blanc. Au centre du bâtiment, l’absence de sol renvoyait directement sur le vide sidéral, dont le chatoiement rosé ne donnait guère l’envie d’y plonger. Quittant sa contemplation, il se tourna vers son assistant.

— Regarde ces imbéciles, ils se fixent comme des chiens de faïence attendant celui qui commettra la première faute. Dans un bâillement significatif de son ennui, il n’attendit pas sa réponse. « Quand vont-ils comprendre que leur Méros se meurt par leur inaction. Préférer leurs petites querelles intestines plutôt que de se préoccuper de leur mission sacrée. Quelle bande d’égoïste sans cervelle ! As-tu déjà assisté à pareille mascarade lors du règne de mon père ?

Khaé, dont la hauteur toisait toutes créatures présentes de la pièce, lissa sa tunique d’un bleu profond. Posant sa main sur le dossier du siège, il se pencha à l’oreille de son dieu. « Jamais mon seigneur ! Votre père possédait une autorité naturelle. Ils les auraient déjà calmés d’un simple regard.

Kaalan, se tourna vers lui, intrigué par la douceur dans la voix de son assistant. Son regard emplit de sagesse et d’une légère pointe de moquerie, l’excéda. « D’un simple regard dis-tu ? Il croisa ses bras, se tournant pour fixer la plateforme de Dame Vinaria. « Notre jeune roi est loin de posséder un tel pouvoir. Sa souveraineté, remise bien trop souvent en question est un frein à la sérénité du conseil. Ses absences aussi ! Ou est-il donc allé s’enfermer ? Cela fait bien des heures qu’il a quitté la salle du trône.

—  Je n’en ai pas la moindre idée mon seigneur. Mais peut-être est-il temps pour vous, d’asseoir votre autorité sur ces, comment avez-vous dit déjà ? Ces idiots il me semble.

Le mécontentement crispa tout son corps. Il abaissa son poing sur la plateforme, qui se mit à tanguer. « Pourquoi perdrais-je mon temps si précieux à institué cette autorité inexistante ? Je ne suis guère un messie censé apporté le désir d’une conviction pacifique à ces être dont les actes se parent de défiance à chaque instant.

Khaé, amusé par la situation, laissa échapper un ricanement. « Un messie certes pas, mais votre titre de général en chef des armées divines vous octroie le droit institutionnel, d’user d’une force d’assujettissement. Cela vous permet avec une gracile hardiesse, de mettre au pas et dans les bonnes intention du roi, ces idiots ?

Kaalan se redressa, et fixa son regard froid, sur le visage de la femme faisant face au seigneur Gosh. « En toute connaissance de cause, je me doutais bien que cette farce ne soit qu’une pensée formel, que ce titre apporterai bien plus d’agacement et de contrainte. Non, notre roi se doit d’user de la force qui sommeille en lui, afin de forcer l’acquiescement plaisant de cette troupe de bouffons théâtral ! Et aussi d’expulser cette chose dont la présence entache la sacre de ce lieu divin.

Kaalan, avait depuis bien longtemps compris le manège des dieux qui se jouait face à lui. Ils souhaitaient que le roi abdique afin de placer l’un d’entre eux sur le trône. Le seigneur Gosh, Dimiour du troisième Méros, était le grand favori, et convoitait la place de divinité royale au sein du conseil. Malgré les nombreuses mises en garde du grand Adjutor, il continuait véhément à insulter la position du monarque divin. Mais le roi, dans sa trop grande bonté, se refusait à prendre les dispositions nécessaires, attendant prestement que le dieu commette l’erreur qui lui serait fatale. Et c’est justement ce qu’il s’apprêtait à faire.

 

Traversant le long couloir, ses pieds nus frôlant le marbre blanc aux reflets rosés, il s’arrêta. Il contempla les portraits qui ornaient  le passage. Les torches aux flammèches artificielles, vacillaient sous le vent que les embrasures laissaient filtrer. Les hurlements venus de la salle du conseil, trouvant écho sur les parois, transformaient le silence de l’endroit en véritable cacophonie. Continuant sa lente irritabilité dans l’esprit du jeune roi, le chaos qui régnait lui fit perdre tout espoir d’un retour au calme. Il fixa son regard au portrait de son père.

Vasilis,  grand visionnaire et roi parmi les dieux, fut le premier en des millénaires, à engager des pourparlers avec le grand royaume d’Asgard. Transactions commerciales,  retour de coutumes ancestrales,  conclusion d'un traité de paix, et la naissance des Isis blanc et noir, ouvrirent ainsi, une ère nouvelle de paix . Tous les efforts furent déployés pour assurer le succès de l'amitié émergente entre les Méros et les Neuf Royaumes. Cependant, un événement des plus aberrants vint entacher le fragile pacifisme instauré entre les deux monarques : la mort des Isis, assassinés par l’Isis blanc.

Ce tragique incident continuait d'occuper les discussions divines, sujet hautement sensible pour les anciens dieux. La disparition de ces divins humains hantait toujours les couloirs du conseil. Le règne de feu du roi fut définitivement perdu au cours d'une nuit d'euphorie belliqueuse qui couvait dans l'esprit des dieux. La mort du grand Seigneur Alkan, Katastrep du sixième Méros, acheva son autorité. Depuis ce jour, le roi, perdu dans une tentative désespérée d’asservir autoritairement le conseil, se laissa aller à une profonde mélancolie et perdit peu à peu sa grandeur et son prestige. Les dieux ne lui dispensaient plus leur confiance, et le spectre d’une guerre contre les neuf royaumes grandit dans les esprits. Le jour où la nouvelle de la disparition de l’Isis blanc parvient à leurs oreilles, les dieux s’enfermèrent dans leur Méros, et laissèrent les mondes humanoïdes évoluer et sombrer.

Le jeune roi, continua son chemin le cœur lourd. Il n’avait pas connu cette époque glorieuse. Né bien après la disparition des Isis, il avait dû mener ses propres recherches suite au silence de ses subordonnés sur le sujet. Les nombreux rouleaux qu’il avait pu lire étaient emplis d’incohérences, et même son assistant s’était refusé à répondre à ses questions.

Un jour viendra mon roi, où vous connaîtrez la vérité. Du plus profond des âges, d’un glorieux passé, elle vous sera révélée. Et ce jour, la lumière salvatrice guidera vos pas.

Cette phrase si énigmatique avait éveillé sa curiosité. Mais son assistant, s’enfermant dans son mutisme plutôt que de répondre à ses sollicitations, lui avait tout simplement donné un livre.

Un conte pour enfants ?

Oui, mon roi ! Celui de la déesse d’or. Il vous apportera la force nécessaire de supporter votre condition.

Comment un conte peut-il m’aider ?

Lisez et ne posez pas de questions.

Le livre en question, vestige de la première ère divine,  narrait l'histoire d'une jeune reine affrontant l'adversité. Luttant de toutes ses forces contre les ténèbres, le personnage principal devait demeurer sur le droit chemin. Le courage et la persévérance étaient les thèmes prédominants du livre. Cependant, malgré ses lectures assidues, le jeune roi en était venu à la conclusion que ce récit ne lui apporterait aucune aide lui permettant de consolider son règne. Il abandonna donc le recueil et consacra des journées entières à plonger dans les anciens rouleaux. Les connaissances qu'il avait acquises, lui conféraient un certain pouvoir, mais cela ne suffisait toujours pas à lui garantir le respect lui étant dus.

Les lourdes grilles qui s’abaissaient devant lui, laissaient transparaître des rayonnages à peine éclairés par les rayons de lune filtrant par les embrasures plafonnières. Une sphère de lumière dans la main, le roi s’avança et traversa l’unique passage qui venait de se dévoiler. Cette partie de la salle, interdite aux non-initiés, regorgeait d’ouvrages dont la dangerosité pouvait engendrer les pires maléfices, s’ils étaient déférés à des esprits malsains. Accumuler depuis des siècles par les dieux, grimoires maudits, sorts interdits, artefacts hasardeux et rouleaux dont seul le roi pouvait apposer son regard, prenaient la poussière.

Se perdant dans le dédale des rayonnages, ses pas le menèrent au tréfonds de la bibliothèque, devant une infinité de rouleaux dont l’odeur usée lui agressa les narines. Des milliers de cylindres se dressaient, jonchant le mur du plancher jusqu’au plafond. Le roi perdit quelque peu son inspiration et se fit violence pour ne pas faire marche arrière.

— Besoin d’aide ?

Sursautant, la sphère de lumière dans sa main lui échappa et vint dans une nonchalante précipitation, se pulvériser sur le dallage marbré dans une myriade d’étincelle. Il regarda muet l’ombre de son assistant se détacher de la pénombre.

— Je ne crois pas que fuir la salle du conseil soit un acte des plus judicieux mon roi.

L’intéressé baissa les yeux et sans un mot, se mit en recherche du rouleau salvateur. Il était bien décidé à faire taire la querelle divine se jouant à quelques mètres d’eux. Ses mains plongèrent dans le capharnaüm désordonné de l’empilade face à lui.

— Comment mon père pouvait-il contrôler les envies belliqueuses des dieux ? Demanda-t-il, cherchant à se dissiper du regard désapprobateur qui brûlait dans son échine.

— Votre père était un roi juste et bon. Ses paroles de sagesse résonnaient comme une croyance à nos oreilles. Mais dans l’ombre de sa personne, se tapissaient une autorité et une cruauté ajustée. Le murmure emplit la pièce avec amertume.

— Que dois-je faire pour lui ressembler ? Pourquoi les dieux ne voient que l’enfant que je suis, et non pas le roi que je devrais être ?

Mélack, haussa le ton. « Vous organisez vous-même votre incapacité autoritaire ! Plutôt que de laisser parler la puissance qui bouillonne dans vos veines, vous lui préférez l’éloquence de futiles paroles. Les dieux, sont des êtres dont la primitivité émotionnelle se suffit à elle-même. La force, voici ce qui les incite à se montrer docilement irréprochable. L’effroi d’une cruauté, même une imperceptible lueur dans vos prunelles, suffira à calmer leurs hostiles ardeurs.

Le jeune roi, acculé contre le mur de rouleau, trembla à l’entente des paroles de son assistant. Son esprit encore embrouillé par des contradictions aléatoires, se focalisait sur l’irascible évidence. Son joug défaillant était en grande partie dû à son incertitude quant à sa condition régalienne. D’un simple claquement de doigts, le néant pouvait tendre ses bras à cette assemblée divine, mais là encore, il lui préférait les alternatives pacifiques de son éloquence.

Mélack s’en alla, laissant le roi méditer ses paroles, qu’elles fassent lentement office dans son esprit brouillé. En traversant l’immense salle, ses yeux se posèrent sur le plafonnement. Les embrasures laissant seyante les nébuleuses rosées, parcourant l’arche céleste du domaine, éclairaient faiblement la nuit. Son jeune roi, dont les symboliques de l’enfance demeuraient encore, le laissait dans une profonde mélancolie.

Milles années d’un règne chaotique, avaient laissé aux êtres divins, un colossal sentiment de liberté. Leur indifférente négation face à ce roitelet craintif, apportait les prémices d’une possible désobéissance collective. La mort de l’ancien roi que plus personne ne craignait à la fin de son règne, avait projeté l’enfant dans un univers ou égoïsme et hardiesse primaient. Trop longtemps occulter, elles avaient éclaté telles les foudres d’une tempête torrentielle. Dans leur guérilla individualiste, l’ancien prince, avait dû faire sa place, en tentant de conserver l’autorité mise en place par son paternel. Mais la guerre silencieuse qui faisait rage entre nouveau et ancien dieux prenait ampleur même en dehors du palais divin. Les jeunes divinités accusaient sans vergogne leurs aînés, d’avoir allégrement abandonner leur mission sacrée. Les anciennes divinités, estimaient que les nouvelles se montraient bien trop archaïques, et que les valeurs de l’ancien monde devaient être réformées.

Le climat délétère dans lequel ils évoluaient, était dégradé par la situation des Méros. La fin qui s’annonçait, conduite par une dégénérescence de l’énergie créatrice, ne semblait pas les rendre attentif. Les souffrances parcouraient leurs mondes, mais ils étaient bien trop occupés à leur guerre intestine pour s’en soucier.

Suis-je censé n’être qu’un garde-chiourme votre Altesse ? Les yeux rivés sur les embruns lumineux des lunes aux reflets bleutés, il se laissa aller à des questionnements dont les réponses ne pourraient trouver voix sans son aide. Sauras-tu guider cet enfant ou au contraire le traiteras-tu sans aucune considération comme les dieux ? Mon cœur brûle d’impatience de te voir remettre ces imbéciles à leur juste place, mais es-tu seulement victorieuse du temps qui à passer ? Se laissant aller à ses tristes pensées, il ne remarqua pas le silence qui faisait dorénavant place dans la salle du conseil.

 

Debout devant la plateforme de Dame Vinaria, régente du quatrième Méros, la main levée tenant en son centre un halo d’énergie lumineuse, Gosh, Dimiour, divinité de la création et initié du second degré, s’apprêtait à frapper la demoiselle pour faire taire l’arrogant sourire qui ornait son visage. La raison de cette dispute ? Elle avait eu l’idée saugrenue de réclamer un titre qui ne lui revenait pas. Cette usurpatrice par le simple fait de fouler cette assemblée alors qu’elle était une femelle, faisait trembler de rage les dieux présents. Et voici qu’elle décidait d’imposer sa loi dans le monde divin majoritairement masculin.

À la mort de son époux, le seigneur Mallet, Katastrep du quatrième Méros, elle avait pris la place laissée vacante par le frère jumeau du dieu. Son intronisation en tant que régente avait provoqué un tel scandale, que son beau-frère avait fui son Méros. Les rumeurs sur sa demande d’asile dans les neuf royaumes étant toujours d’actualité. Puis comme le titre de Katastrep appartenait à la gent masculine divine, elle fut nommée régente dans l’attente que son fils atteigne l’âge d’être intronisé.

— Arrête-toi tout de suite ! La voix qui venait de s’élever, chargé de gravité, le ton bas et autoritaire saisit le Dimiour qui s’arrêta. Tous les regards se tournèrent vers l’estrade, et les dieux, perçurent nettement un changement de situation. S’ils avaient considéré ce nouveau pugilat comme une nouvelle dispute sans gravité, il en allait tout autrement dorénavant. L’action profane du seigneur Gosh, avait éveillé chez leur jeune roi une certaine contrariété, qui allait sûrement provoquer une punition.

— Tu oses lever la main sur un humain sacré ? Sa voix coléreuse emplit la pièce d’une aura effrayante.  « Qui crois-tu être pour décider à ma place des conséquences liée à la stupidité de cette femelle ?

— Mais, mon roi, je… Il ne savait quoi dire pour justifier son action, la peur qui le paralysait l’empêchait de réfléchir correctement. « Pardonnez cette prise de décision irréfléchie…

— Assieds-toi ! Chaque syllabe détachée que prononça le monarque, fit frissonner d’angoisse les déités incontrôlables qui, sans un mot, avaient les yeux rivés sur l’ondée noire qui tourbillonnait autour du jeune roi. Le grand Adjutor prit la parole.

— Bien, puisque vos attentions sont enfin tournées vers l’écoute, nous allons, dans un dialogue calme et courtois, mettre fin à ces désaccords qui nuisent grandement à vos majestés. Notre roi ici présent, tiens en sa main, l’un des rouleaux de la création. Mais avant de vous lire sont contenus, je souhaite que les seigneurs Badiéa et Seker nous fassent part de leur expérience. Chers dieux, je vous en prie. Les deux divinités se levèrent, non sans une certaine anxiété. Que leur voulait le jeune roi, dont l’aura colérique ne laissait place à aucune négation de leur part.

— Mes seigneurs. Le grand Adjutor reprit la parole, sa voix reflétant le calme qui le caractérisait. « Depuis des temps immémoriaux, la question du divin est d’ordre masculine. Changer l’ordre établit peut engendrer le chaos. Vous conviendrez bien sûr, qu’une seule exception fût donnée à un être divin, il y a des milliards d’années d’aujourd’hui. Seule et unique devant les dieux. Que pouvez-vous dire à l’assemblée sur ce titre ?

— Quel affront de ta part grand Adjutor, lui répondit le seigneur Seker d’un ton doucereux. « Après les évènements qui se sont déroulés il y a cinq mille ans, comment peux-tu…

— Ne nous insulte pas, et réponds à la question ! Le roi dont la voix basse avait pris une certaine gravité, houspillait du regard le Katastrep du second Méros.

— Il s’agit la, d’un titre qui fut décerné à la seule et unique entité divine femelle du panthéon, l’Isis du sixième Méros, qui après la trahison des Asgardiens, est devenue l’Isis des neuf royaumes. La voix forte et puissante du seigneur Kaalan, résonna dans tout le domaine. Il venait de prendre la parole sans accord de son hôte royale, exaspéré par le comportement des deux dieux faisant face au roi. « Même si elle a été jugée coupable du meurtre de nos Isis et que sa disparition a plongé notre univers dans le chaos, elle en reste néanmoins la gardienne de ce titre sacré.

Les divinités avaient baissé leur tête pour que le seigneur Kaalan ne puisse pas apercevoir leur regard meurtrier à son encontre. Sa seule présence au sein de l’assemblé, les mettait grandement en colère. Ce jeune dieu, trop puissant, trop parfait, trop éduqué avait les faveurs du roi et l’inimité des autres. Sa disparition trottait dans leur esprit, mais son aura charismatique les invitait à la prudence. Organiser l’assassinat d’un dieu n’était pas à prendre à la légère, et les dieux devaient faire preuve de prévoyance face à sa puissance colossale.

— Merci mon seigneur, mais je ne crois pas avoir demandé votre participation. Le ton adoucit du roi, ranima la haine des autres dieux à l’encontre de Kaalan, qui lui, les regardait intensément dans l’attente d’une réflexion médisante à son encontre. Mais comme toujours, ils s’écrasaient, la peur d’être humiliés ou anéantis de sa main juvénile.

— Dame Vinaria. Le grand Adjutor, dans une démarche majestueuse, vint se placer devant la plateforme de la régente. Avec douceur, il lui prit la main et l’invita à se lever. « Ouvre ton cœur et tes oreilles et fait nous la lecture. Il lui plaça le rouleau entre les mains.

La régente, figée par le geste de l’assistant du roi, ne trouva rien à redire. L’humiliation de devoir prendre la parole à haute voix afin de partager le contenu du document, pinça son cœur d’une douleur qu’elle mettrait du temps à oublier. Elle s’était abrogé le droit à un titre qui n’appartenait qu’a une seule entité de toute la création. L’assistant du roi, lui rappelai par ce simple geste, sa condition au sein de l’univers. Une simple créature humanoïde, humain sacré certes, mais dont la place n’était certainement pas au sein du conseil.  Ouvrant délicatement le rouleau millénaire, sa voix nasillarde résonna dans tout l’auditoire.

A suivre.

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Plume de Poney
Posté le 15/05/2025
Il y a donc un conseil des dieux, flottant dans une nébuleuse rosée et avec des colonnades... Sexy.

Pas forcément simple de suivre tout cela, la politique des Méros, celle des Neufs Royaumes, les querelles entre les dieux et les Isis au milieu. Intéressant mais exigeant!
Par exemple, je ne suis pas sûr de bien faire la différence entre humain sacré et divinité.

En tout cas, on ne peut que regretter que, même chez les dieux, la misogynie est à la mode!

Les grands contours de ton univers se dessinent peu à peu, on va pouvoir aller dans le détail :)
Luvi
Posté le 15/05/2025
Bien le bonjour,

Ma oui, il y a un conseil des dieux tout beau, tout brillant avec une grosse bébête féline qui s'y promène !
Ah la politique et son obscur fonctionnement.
C'est très simple, le camp de ceux qui veulent destituer le roi (mais pourquoi ?), le camp de ceux qui veulent conserver les anciennes traditions et qui assurent le bon équilibre de l'énergie créatrice (qui font leur job) et le roi au milieu de cette jungle prête à exploser à tout moment.
Il n'est qu'un enfant pris entre deux feux... J'ai très envie de le serrer dans mes bras tellement il me fait de peine...
Lol attend l'adolescence ça va être fun !

Il y a 6 Méros sous autorité du conseil des dieux et du Roi
Les Neuf Royaumes est un Méros indépendant sous l'autorité de Lostris et qui ne rend de compte à personne... Ou presque, mais je te laisse découvrir les intrigues et complots des Neuf Royaumes plus tard dans l'histoire...

Les humains sacrés sont les femmes des dieux.
Elles n'existent que pour leur donner une descendance divine. (voir Encyclopédie divine pour plus de détail)
Bien sûr, les dieux sont également homophobes en plus d'être misogynes. Tant qu'à faire, autant en faire des gros ********* (je laisse le choix du mot qui convient).

Cf. Encyclopédie divine : Depuis la nuit des temps, la question du divin est d’ordre masculin. Seule l’Isis de la parcelle céleste échappe à cette règle, et est donc la seule entité femelle à avoir droit de présence au sein du conseil des dieux.
Les maisons divines sont des sociétés lignagères, qui garantissent, lors d’une succession de pouvoir, la continuité des dynasties divines. De tout temps, le pouvoir de ces entités fut transmis à leurs descendants directs.
Bien que certains dieux mirent un terme à leur lignée, les dynasties divines, restent majoritairement associés à la monarchie. Tous deux étant perçus comme exclusivement patrilinéaire.
Dame Vinaria, qui est un humain sacré et veuve d'un dieux, n'a donc rien à faire au sein du conseil et encore moins à ouvrir sa bouche, car elle entache le sacre du pouvoir divin... Mais elle sera bien entendu punie pour ses outrages...

Les Isis sont des divinités secondaires nés des humains. Bien que mort depuis cinq mille ans, leur présence hante toujours les couloirs du conseil. Ils sont les semblables de Lostris qui est le seul Isis femelle du panthéon. L'ordre du divin est exclusivement masculin.

Bref, les dieux sont des gros c*****, vive le patriarcat divin !

A bientôt
Plume de Poney
Posté le 15/05/2025
Ok je n'étais pas complétement à l'Ouest, mais tes explications confirment ce qui n'étaient pas bien clair dans ma tête, merci!

Faudra que je jette un oeil à cette fameuse encyclopédie divine.
Luvi
Posté le 15/05/2025
Je donne pas mal de détails sur Lostris dans Odyssée. Sur sa vie il y a 5000 ans, comment elle en est arrivée à devenir ce monstre qui ne cherche qu'à mourir. Ce sont ses mémoires. C'est en cours d'écriture, tout comme l'Encyclopedie divine, mais ça permet de mieux comprendre certain point que je n'ai pas pu insérer à l'histoire principale. Sinon le 1er tome est un pavé... il est déjà bien assez long...
Plume de Poney
Posté le 15/05/2025
Tu me conseillerais de lire Odyssée avant ou je suis au bon endroit ?
Luvi
Posté le 15/05/2025
Non tu es au bon endroit... 😁
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