Celui qui m'a brisée

Par Yaya95

Je me suis recroquevillée en moi-même,

Je regarde le plafond qui s’étend au-dessus de moi,

Fixant ces petites fissures qui longent le mur.

Le temps s’écoule interminablement, et je suis sûre

Que la mort me nargue du haut de toute sa stature,

Et que la vie s’écoule de moi, lentement.

 

Tic-tac, les minutes passent et moi, je trépasse, je pense intérieurement,

Ricanements menaçants et regards libidineux

Me cinglent même dans mes songes cahoteux.

Mourir, ou que cette humiliation cesse à l’instant.

Des larmes de sang s’échappent de mes yeux larmoyants et implorants,

Des sanglots m’animent de soubresauts violents,

La gorge nouée, la poitrine battant la chamade.

Et pourtant, une sensation de ralenti, une sérénité de façade.

 

J’implore la pitié,

Et ne reçois qu’un regard moqueur et acéré.

Je n’ai pourtant jamais cru au prince charmant,

Mais à la pureté des sentiments.

Seulement maintenant, quand je regarde un homme, ses traits changent.

Dans les rues, nul ange,

Rien que des démons au sourire fou,

Des regards lubriques,

Machiavéliques.

 

Mes yeux projettent ma peur, je le sais.

Mais comment continuer de vivre après ça ?

Continuer à feindre la gaieté ?

Ma peur cogne, violente, acide, juste là,

Dans ma chair et dans mon âme.

S’est éteinte ma flamme

Qui animait autrefois une lumière chatoyante.

Ce souvenir me hante.

 

L’effroi glace mon sang

En même temps qu’il échauffe mon cerveau, lentement.

Son image s’impose à mon esprit,

Elle demeure nette, et je crie.

Mes mots sont le miroir de son indifférence.

Ses grandes mains moites et son odeur rance.

 

Dans ma bouche, une saveur amère :

Ça m'aura valu cher,

Cinq minutes de plaisir pour lui,

Une existence de terreur pour moi.

Il me semble qu’il m’a dérobé ma vie.

Il raille,

Je déraille.

 

Je hurle, je tempête,

Et gronde dans ma tête la tempête.

Il m’avait laissée sur le bord de la route,

Et depuis, c’était la déroute.

Mon sang est acide, mon corps, un objet.

Je l’imagine, après m’avoir bien violée,

Retourner auprès de sa femme et lui faire l’amour tendrement,

Après lui avoir murmuré des paroles salaces,

Je l’imagine lui susurrer des mots d’amour.

 

Et tous les jours,

Je dois vivre avec ma culpabilité.

Je pleure de rire ; je ris à en pleurer.

Je prends mon souffle ; je n’inspire que de la haine,

Je n’expire qu’une chanson triste et vaine.

 

Ça va être long avant de trouver le bonheur,

Ça va être long avant de faire taire ces peurs.

Merci d’avoir détruit ma vie,

Merci de m’avoir tout pris.

De toute façon,

Tu ne connaissais pas mon nom.

 

Une nuit pour toi

Signifie un mois pour moi.

Juste une pilule amère pour tenter de dormir.

« Merci à toi, » je songe intérieurement,

« Je ne saurais jamais ce que veulent dire les sentiments. »

 

Je suppose que je ne saurai plus ce qu’est l’innocence.

Je continuerai à rouler sur cette route,

Mais j’ai un mauvais pressentiment.

 

 

 

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