C'est une vérité bien connue : les choses que vous redoutez le plus ne se produisent pas la nuit.
Elles ne surgissent pas dans l'obscurité, laides, avec des griffes acérées et un sourire torve, pour vous attaquer.
Les choses que vous redoutez le plus existent déjà, elles sont en vous, dans votre vie.
Et c'est lorsque les monstres commencent à jouer avec vos nerfs que vous vous rendez compte à quel point vous aviez tout fait pour les oublier.
Ils apparaissent toujours lorsque vous êtes heureux.
C'est ça qui les rend encore plus effrayants, à mes yeux.
J'ai peur du bonheur, parce que le malheur, lui, on ne vient pas vous l'arracher de manière éhontée.
Le malheur s'enracine durablement.
Le bonheur, lui, est plus instable, un bref compagnon de route, qui chemine à vos côtés, puis vous abandonne lâchement.
Et quand on vous l'enlève, c'est une partie de vous qui s'en va avec. C'est clair.
Ces monstres ont gagné la partie. Ces monstres que j'ai moi-même créés,
avec pour seul but : me torturer.
Je crois que c'est ça, le pire. Ils font partie de moi, et je ne peux rien y faire.