Ch. 4 - Après la pluie

T. I – Chapitre 4Après la pluie

 

— … Pardon ?

— C’est humiliant, ajouta monsieur Falseflower toujours à voix basse.

— Comment ça, perdu ?

— À peine êtes-vous partie que déjà les problèmes reprennent…

— Taylor, comment ça perdu ? s’alarma Marina un ton au dessus. Il s’est enfui ? Il est en ville ?

— Non, oh non ! Quoique… À vrai dire c’est une bonne question.

— C’est pas vrai !

— Mais la grille est toujours cadenassée et je ne pense pas qu’il soit en état de l’escalader.

Marina appuya sur la touche du haut-parleur avant de jeter son téléphone sur le canapé et de partir en trombe enfiler des vêtements. À pas pressés, elle tentait désespérément de passer la tête par l’une des manches de son pull-over tout en traversant l’appartement à la recherche du soutien-gorge qu’elle se souvenait, un peu tard, avoir envoyé promener à l’extérieur de la salle de bain.

— Ça s’est passé quand ? fit-elle très fort pour être entendue malgré la distance avec le combiné. Il est quelle heure ?

— Il devrait bientôt être trois heures et quart. Avec cette pluie c’est impossible d’y voir quelque chose ou de l’entendre approcher. Malgré le terrain imbibé comme une éponge, aucune trace de pas ! Où que ce soit !

— Est-ce qu'il est réellement sorti de terre, au moins ?

— Ma chère, vous verriez ce trou, une mine aurait pu sauter que ça n’aurait pas eu meilleur effet. Bon, peut-être que j'exagère. Et cette boue qui ravine… Dire qu’il faisait si beau tantôt ! Mais que faites-vous ? J’ai l’impression de parler à un cosmonaute. Pouvons-nous compter sur votre présence ?

— Je fais tout pour, répondit-elle en s’inquiétant du fait que l’aide de Valentin ne soit pas suffisante pour mettre la main sur le cadavre. Dans combien de temps monsieur Bodlicott est-il censé retomber en léthargie ?

— Difficile à déterminer, nous ne savons même pas s’il est sorti à l’heure ou s’il n’a pas été volé ! Imaginez donc !

Marina expira dans le combiné. Voler un mort… Ce genre de rapt avait-il vraiment de la valeur ?

— Si les choses se sont déroulées normalement, et surtout s’il continue à s’éveiller de mieux en mieux, il nous reste peut-être une bonne demi-heure de cache-cache, précisa Taylor.

— Jusqu’à ce qu’on le retrouve la tête la première dans une flaque.

La perspective n’enchantait pas Marina. Il fallait se rendre à l’évidence : après les assauts et les dommages que monsieur Bodlicott avait déjà subis, cette nuit serait la goutte de trop ; elle ne pourrait jamais le remettre en état. À la hâte, elle s’accroupit dans le couloir pour lacer des bottines très abîmées, mais toujours plus étanches que ses tennis, et donna à Taylor, coincé entre son épaule et son menton, un temps estimatif de son trajet. Afin d’éviter les risques de partir en tête à queue sous la tempête, une bonne vingtaine de minutes seraient nécessaire, soit presque le double du temps ordinaire.

Monsieur Falseflower et mademoiselle Truelydead se souhaitèrent mutuellement bonne chance. Elle enfila sa parka tout en fermant la porte de son appartement puis s'élança sur les marches. Désormais seule au bout du fil et dans les escaliers qui lui renvoyaient l’écho de sa cavalcade, Marina se sentait encore plus en dehors du réel. Ce secret l’avait isolée beaucoup plus qu’elle n’en avait eut conscience. Elle songeait à ses voisins endormis qui devaient confondre le bruit de sa descente avec les cris de l’orage et envia, un court instant, leur ignorance. Quand vint le moment de pousser les portes du hall à travers lesquelles les rideaux de pluie semblaient trop lourds, trop froids et trop rapides, Marina serra les mâchoires. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour empêcher ses congénères d’apprendre la dérangeante histoire de monsieur Bodlicott ! Une histoire à laquelle elle s’était enchaînée toute seule, cela dit.

Marina courut jusqu’à sa voiture en volant par-dessus les torrents qui dévalaient la rue et par-dessous les cascades qui s'échappaient du ciel. Dans l'auto, alors qu’elle dégoulinait sur son siège, elle se perdit un peu dans ses pensées au moment de tourner la clef et de boucler sa ceinture. Arriver à destination en un seul morceau la laissait décidément sceptique, mais elle desserra tout de même le frein à main pour partir à l’assaut de la pente, faisant semblant de ne pas entendre les roues de la petite Opel déraper sur le bitume gras de pluie.

Le trajet lui semblait interminable et son allure complètement risible. Malgré les essuie-glaces qui s’agitaient à lui en donner la migraine, la visibilité était quasi nulle. Marina serait allée plus vite à pied que ça ne l’aurait pas étonnée. Tout était si noir et vertical, ponctué de flashs et de zébrures qui paraissaient agrandir le monde dans un bref instant de lumière. C’était comme voyager au fond de la mer dans un sous-marin qui sentait le vieux chien et Marina aurait facilement renversé un mouton ou un Bodlicott sans les voir avant qu’ils ne s’écrasent sur son pare-choc.

Les mains serrées fort sur le volant, elle essayait de rassembler ses esprits et réfléchir à un plan. Elle n’irait pas se garer au parking du cimetière mais plutôt à l’autre bout du parc, du côté de la morgue. D’une, pour éviter d’attirer l’attention, et de deux, parce que le chemin depuis l’arrière du cimetière était bien mieux couvert et que les hallebardes qui tombaient du ciel ne montraient aucun signe de trêve. Marina n’avait plus de parapluie, elle l’avait brisé dès ses premières confrontations avec le mort, aussi espérait-elle trouver à l’étage des réserves de quoi mieux se protéger de l’eau avant de partir à la rencontre de Taylor.

×

Marina voulait mettre la main sur un poncho en plastique rangé quelque part dans les différentes pièces du rez-de-chaussée qui s’avéra finalement avoir disparu. Des traces de boue dans les escaliers descendant à la morgue l’informèrent que non seulement Valentin s’était servi sans rien lui laisser, mais aussi Adhemar, vu la taille des pas. Plus de lampe de poche dans le tiroir de l’un des caissons, plus de lampe frontale accrochée au portemanteau ; seule subsistait la vieille lampe à gaz qui ne servirait pas à grand-chose étant donné les conditions climatiques. Cette razzia jusque dans ses quartiers poussa Marina à se demander si monsieur Bodlicott était à ce point bien caché que ses collègues ne savaient plus où le chercher.

Dans le bureau de l’ancien secrétaire, un poste qui n’était plus pourvu, Marina mis la main sur une vieille casquette qui n’appartenait plus à personne. Elle ne se sentit pas l’audace de la bouder. En désespoir de cause, peut-être lui servirait-elle à mieux voir sous le déluge. Marina remonta alors la fermeture de son manteau imbibé de pluie et rabattit sa capuche bordée de fausse fourrure sur son crâne et sur la casquette miteuse. Il était temps de remettre le nez dehors, et franchir la double porte sur laquelle le vent forçait lui causa plusieurs longues secondes de solitude.

La visière empêchait l’eau de l’aveugler même si, avec les bourrasques, un peu tout lui ricochait au visage. L’orage faisait lentement du chemin en s’éloignant, mais son tonnerre restait entêtant et, tout en évitant les sépultures les mieux camouflées dans la pénombre intermittente, Marina avait du mal à se souvenir de faire attention à ses arrières. Sur son passage, les arbres les plus courts fouettaient sa capuche qu’elle devait replacer sans arrêt à mains nues. Elle y était presque, mais Marina s’essoufflait déjà.

Elle longea l’office de très près, une main sur le revêtement du bâtiment pour ne pas glisser sur la terre gonflée comme une éponge. Quand elle arriva devant l’entrée, Marina toqua pour être sûre de ne pas se faire tirer une cartouche de carabine à la figure, mais la manœuvre ne servit à rien puisque la porte s’avérait verrouillée. Pressée de se mettre à l’abri, elle recommença plus fort et plus longtemps, finissant par tambouriner sur le panneau. Elle était peu rassurée à l’idée d’être enfermée à l’extérieur, peut-être dos à monsieur Bodlicott, sans compter qu’il faisait vraiment froid. Être obligée de supplier plus longtemps pour entrer l’aurait agacée, mais Taylor lui ouvrit enfin comme s’il la recevait au salon de thé, tout sourire bien que trempé et décoiffé.

— Miss Truelydead, vous voici !

Elle se rendit compte qu’elle claquait des dents et s’engouffra dans le bâtiment. Si ses collègues ou elle-même n’attrapaient pas la mort ce soir, au moins pourraient-ils se consoler avec une bonne pneumonie.

— Vous vous sentez bien ?

— Et vous, ça va comment ?

Malgré la raideur du ton Marina ne faisait preuve d’aucune ironie. Elle souhaitait réellement savoir comment tout le monde s’en tirait compte tenu de la situation, et si, à tout hasard, quelqu’un n’avait pas mis la main sur monsieur Bodlicott pendant qu’elle était en chemin. Mais Taylor ne se sentit apparemment pas non plus en devoir de répondre et éluda la question en entamant un récit des événements les plus récents.

— Messieurs Moss et Adelante sont à l’extérieur. Ils cherchent encore pendant que j’essaye d’attirer vous-savez-qui en me montrant aux fenêtres, mais rien n’y fait. Impossible de discerner quelque chose, de toute façon. Je vous avoue que j’ai presque peur de le voir soudainement se manifester sous la pluie…

Taylor, peur du mort ? C’était une première. Avec un coup d’œil rapide sur la pièce, Marina nota cependant que la carabine était absente et qu’il ne restait pas grand-chose pour se défendre à l’intérieur de leur fort de fortune. Le conseiller n’aurait certes jamais fait de mal à une mouche, mais parfois, se savoir en mesure de se défendre suffisait à être rassuré, même s’il était hors de question de tirer.

— Vraiment aucun signe de lui depuis plus d’une heure qu’il s’est éveillé ? hasarda Marina.

— Pas un seul. Quoique, si ; peu après notre conversation, monsieur Adelante a bien repéré de rares traces sous un gros saule. Mais quant à savoir si elles mènent quelque part, avec ce qu’il en reste…

— On est sûr qu’il ne s’est pas échappé hors du cimetière ?

— Nous ne sommes sûrs de rien.

Marina se mordit la langue pour s’empêcher de pester dans le col de son manteau.

— Au cas où, est-ce que vous voulez prendre ma voiture et faire quelques tours de rues pendant que je prête main forte ici ? s’enquit-elle.

— Je ne sais pas conduire.

— Taylor… Un jour vous me direz que vous avez le permis calèche et ça ne me surprendra même pas.

— Le permis calèche, vous êtes drôle !

— Non, ce n’est pas drôle.

Ce qui eut pour effet subit de calmer le conseiller qui pointa son long nez vers le parquet.

— Excusez-moi… Je ne sais même pas pourquoi je m’énerve.

— Ce n’est rien. Nous allons nous en sortir, lui dit-il en lui posant une main timide dans le dos.

— Je vais aller rejoindre Adhemar, peut-être qu’il saura m’indiquer où il n’a pas encore cherché. Vous, attendez ici, c’est très bien comme vous faites… Je suis même étonnée que vous ayez pris assez de précautions pour fermer la porte à clef.

— Il n’est jamais trop tard pour apprendre !

Taylor retrouvait un sourire rayonnant en redressant sa silhouette un peu dépouillée et Marina lui répondit par un soupir bienveillant. Maladroitement, elle réceptionna ensuite une lampe de poche que Taylor sortit comme par magie d’un buffet.

— Conservée pour vous, eut-il l’audace d’ajouter avec un clin d’œil.

— Il se pourrait bien qu’un jour on finisse par faire quelque chose de vous, en fait.

Avec un geste de la main comme pour dire « vous me flattez », monsieur Falseflower attrapa des serviettes en papier sur la kitchenette et épongea ses cheveux encore humides. Certainement voulait-il se donner meilleure allure ; quelque chose d’un peu plus digne de l’aventurier qu’il s’efforçait de devenir. Ce fut le moment que Marina choisit pour tirer sa révérence ainsi que la porte, accompagnée par le roulement du tonnerre qui couvrit son avancée sur les pavés.

×

La torche n’était que d’un faible réconfort. Marina possédait désormais de la lumière mais ne pouvait guère s’en servir longtemps au risque d’attirer l’attention sur le cimetière. Sans compter qu’un tube en aluminium anodisé n’avait jamais représenté un excellent moyen de se défendre. Il fallait que Marina s’arme et elle ne voyait pour l'aider dans l’immédiat que les cabanons des jardiniers situés juste sous les fenêtres de la maison d'Agatha, tout contre le mur d'enceinte de son jardinet.

Marina devait se faire discrète sur le chemin, complètement exposée. Son manteau bleu nuit la couvrait le temps qu'il n'y avait pas d'éclair, mais ses pas dans la boue qui ruisselait entre les dalles disjointes du chemin trahissaient son avancée. Se retenir d'utiliser la lampe de poche n'était plus si difficile ; elle n'avait pas envie de briller comme un néon pour alerter monsieur Bodlicott sur sa position.

L’un des cabanons en tôles, celui caché par des Berbéris aux épines plus nombreuses que les feuilles, avait la porte grande ouverte. Marina frissonna d’appréhension au milieu des soubresauts dus au froid. L’intérieur était trop sombre pour y voir quelque chose, ou quelqu’un, et ce malgré le toit transparent de la structure. Ce n’était pourtant qu’un bête local de six à sept mètres carrés, à vue de nez, mais il lui donnait la chair de poule avec sa porte folle qui faisait des allers et retours dans les bourrasques.

Il lui fallut de gros efforts pour se rappeler que chasser le Bodlicott ne la mettait d’ordinaire pas dans des états pareils et pour que sa fierté reprenne le dessus. Elle inspira fort, entrant en fanfare dans la cahute, poings fermés sur sa lampe de poche dont elle ne pouvait se servir que par coups très brefs : si près de la maison de la vieille gardienne, Marina devait minimiser l’usage de la lumière et se trouvait un peu stupide à imiter la foudre avec sa torche.

Elle se rendit rapidement compte que personne ne l’attendait dans l’abri, pas même recroquevillé derrière la tondeuse autoportée, et arrêta vite son manège. De mémoire, elle attrapa ce qu’elle croyait être un râteau pour réaliser, au poids, que ce devait plutôt être une pelle. Elle se sentit tout de suite mieux, en sécurité toute relative. Si monsieur Bodlicott décidait finalement de montrer son minois avant le lever du jour, elle aurait désormais de quoi le repousser. Avec ses insomnies de plus en plus longues s’affinait également son adresse et ce n’était pas à négliger.

Repartir à l’attaque du cimetière à la recherche d’Adhemar et de Valentin n’avait rien d’enchanteur lorsqu’il fallait glisser dans les sillons de glaise ou sur la pelouse inondée. Pourtant, Marina se sentait de bien meilleure humeur. Il y avait plusieurs heures que l'occasion de sortir du cimetière s'était présentée et les effets secondaires de cet éloignement se faisaient enfin ressentir. Marina s’était retrouvée, elle qui commençait à oublier qui elle était et ce dont elle était capable. Plus que la toute nouvelle thanatopractrice épuisée de la commune, c'était surtout une jeune femme pleine de ressources. Elle saurait s’en sortir.

Ces pensées positives lui firent oublier ses pieds trempés et elle ne mit finalement pas longtemps à repérer la lueur des torches qui balayaient les taillis du côté des plus anciennes sépultures. À cette extrémité, il n’y avait que le bois qui jouxtait le cimetière, mais qui savait jusqu’où pouvait être discernée l’ardeur que mettaient ses collègues dans leurs recherches ? Est-ce que la chance suffirait pour que le voisinage confonde le ballet des lumières avec les éclairs occasionnels ? Marina se dépêcha d’arriver à la hauteur du duo abattu par les efforts et le vent, ce qui lui donna le droit à un canon d’arme à feu pointé sur l’abdomen suivi de deux lampes trop vives braquées sur sa figure.

— Ce n’est que moi, vire ça de là ! lança-t-elle à Valentin qui s’exécuta en brandissant immédiatement son arme ailleurs.

— Putain ! paniqua-t-il en hurlant par-dessus le bruit des éléments. J’aurais pu t’tuer et t’enterrer du même coup !

Valentin portait le poncho en plastique jaune et une lampe frontale qui maintenait sa capuche en place. Celle de Marina s’était envolée déjà trop de fois pour qu’elle ne s’acharne à la remettre, mais elle était toujours coiffée de la vieille casquette, qui ne devait d’ailleurs pas lui donner un air très malin. Les deux jeunes gens entamèrent une dispute à base de « pauvre folle » et de « regarde-toi » qu’Adhemar ne s’efforça pas de couper. Sans manteau, seulement équipé d’un rouleau de cordes en travers des épaules, il prêtait attention à tout sauf aux deux bêtes de basse-cour qui se crêpaient les plumes sous son nez.

— On ne voit que vous au milieu des tombes ; tu ne sentiras même pas Bodlicott arriver qu’il t’aura déjà sauté dessus !

— T’es mignonne, mais si on utilise pas les lampes, ça sert à rien de continuer, c’est impossible de s’y repérer, renchérit Valentin.

— On n’a pas grand-chose à voir, intervint Adhemar, les bottes enfoncée dans la terre.

— C’est à ce point-là ? demanda Marina.

— Ma caille, tu crois qu’on s’rait encore là à crapahuter comme des cons si c’était pas un minimum plus compliqué que prévu ? Tu parles pas à des amateurs !

C’était un homme en poncho et lampe frontale qui lui glissait ça.

— S’il y avait des traces, elles ont été effacées depuis longtemps. C’est à croire que le cadavre s’est enterré en sûreté et qu’il n’en bougera plus…

— Et il doit bien se foutre de notre gueule ! Si on a de la chance il s'est peut-être effondré sous un buisson… osa Valentin en affûtant son regard.

— Est-ce que ce serait possible qu’il soit en ville ? s’acharna Marina.

— J’ai même pas cru qu’il était sorti de son trou, au début. D'habitude, il vient toujours faire un coucou à la loge, t’es bien d’accord. Et là, rien. Mais quand on est venu jeter un œil pour être sûr, j’te jure ma biche, ce cratère ! Y pourrait s’être passé n’importe quoi, à ce stade, plus rien ne m’étonne.

Marina réfléchissait tout en tournant le dos aux deux hommes. Taylor disait le mort de plus en plus intelligent. Si c’était vrai… Non, ça ne pouvait pas être vrai ; l’idée était trop démente. À croire qu’un mort qui se relevait était plus facile à accepter qu’un mort qui redevenait lentement quelqu’un.

— Ça ne coûte rien de continuer un peu, fit-elle en reportant son attention vers Adhemar et l’homme serpillière. De toute façon, il faut qu’on le retrouve. Il y a des endroits où vous n’avez pas encore cherché ?

Elle grelottait si violemment qu’elle en avait les épaules contractées.

— Non, pas vraiment. ‘Fin, on a fait un premier tour moins minutieux. Là on repartait de l’arrière pour revenir vers l’entrée principale en s’attardant plus sous la végétation et derrière les stèles, tu vois.

— D’accord. Je vais aller directement à l’entrée et on finira bien par se recroiser. M’oubliez pas si vous le retrouvez !

— T’y vas toute seule ? Y te manque une case ?

— Écoute, Moss, je faisais ça bien avant toi, et sans garde du corps.

Valentin toisa alors Adhemar en digérant mal l’insulte et Marina en profita pour rebrousser chemin. Son manteau ne lui servait plus à grand-chose et son jean lui brûlait la peau tellement il était gelé, mais sa détermination était solide, surtout après avoir fermé son caquet au jardinier.

On ne pouvait pas dire que la situation était normale, d’ordinaire, mais Marina sentait que, cette fois, quelque chose sonnait littéralement faux. Elle l’entendait dans le tonnerre, elle le percevait dans l’absence totale d’indice sur la position de monsieur Bodlicott. Et ça la réveillait. Ça lui rappelait pourquoi elle n’était finalement jamais partie de Tunsworth en claquant la porte et en scandant « Aux fous ! ». En vérité, ne se sentait-elle pas un peu à sa place dans ce scénario catastrophe ?

×

Il était pratiquement quatre heures et demi du matin. En règle générale, monsieur Bodlicott avait ou déjà montré de très sévères signes d’épuisement, ou fini par mourir une énième fois. Marina hésitait entre réjouissance et inquiétude, d’autant plus que la fièvre s’installait lentement et que l’orage commençait à lui taper sur le système. Les accalmies étaient trop brèves. Ses doigts, dépourvus de pansement, portaient la pelle depuis trop longtemps et commençaient à se rappeler à elle. Elle les écoutait la supplier d’être plus douce en confondant leurs appels avec les sifflements du vent.

Marina s’arrêta sous le couvert d’un hêtre, constatant, un peu dépitée, qu’elle s’imaginait s’entretenir avec ses doigts. Soit elle s’ennuyait beaucoup, soit la démesure ambiante avait enfin fait son œuvre.

Comme elle n’avait toujours pas recroisé Valentin et Adhemar, et que faire le pied de grue ne l’enchantait guère, Marina songea à se concentrer sur le périmètre autour du bureau de Taylor. Le conseiller gardant le silence, il devait être aussi bredouille que le reste de l'équipe quant aux signes du passage de monsieur Bodlicott. Pourtant c’était souvent là que le cadavre finissait par réapparaître ; au point où en étaient les choses, rôder autour de l’office ne leur ferait peut-être pas gagner de temps mais n’en ferait pas perdre non plus. Marina entama son tour de garde par l’ouest, au plus loin des différentes entrées. Les massifs de fleurs étaient écrasés par l’averse, un peu comme Marina qui ne rencontrait plus d’arbres sous lesquels se réfugier.

Elle n’avait pas parcouru dix mètres qu’une pierre lui atterrit en plein estomac. Marina s’entendit gémir pendant que ses poumons se vidaient avec puissance. La douleur et la surprise l’empêchèrent de reprendre son souffle tout de suite, mais elle ne lâcha pas sa pelle pour autant. Contractée, elle s’y accrochait avec ferveur. La pierre était retombée par terre au milieu d’éclaboussures. Elle était aussi grosse qu’un poing.

Prête à en découdre, Marina scrutait les rectangles de lumière qui s’échappaient des fenêtres de l’office, et sa colère s’essouffla très vite. Monsieur Bodlicott se manifestait enfin. Non pas par derrière comme il en avait l’habitude, mais bien en face et, curieusement, ce n’était pas plus rassurant. Il avançait droit sur elle, à bonne allure malgré les rafales qui pliaient sa carcasse. Monsieur Bodlicott ne se glissait plus dans vos pas pour saluer votre ombre. Oubliées, ses précautions préférées. Se dire que le jeune mort reprenait vie était une chose, constater qu’il faisait preuve de sournoiserie et d’adaptation en était une autre. Marina prit peur, réellement, pour la première fois. Jusque-là, le mort au sommeil mouvementé n’avait jamais été tout à fait plus qu’un phénomène étrange, un peu répétitif. Elle ne pouvait plus nier qu’en ce soir de déluge, il avait pris énormément de relief.

La jeune femme brandit sa pelle. L’adrénaline lui donnait l’impression d’avoir le cœur dans les tympans. Alors que monsieur Bodlicott était tout près, portant ses mains à hauteur de la gorge de Marina, elle lui envoya un coup bien dosé en pleine tête, ce qui eut vite fait de déstabiliser le mort et de le précipiter au sol. À demi allongé, monsieur Bodlicott se hissa sur ses bras avec l’air à la fois furieux et endormi, de la boue jusque dans les cheveux. Le regard qu’il lançait à Marina était certainement son plus terrible jusqu’ici. Un regard qui paraissait annoncer avec une placidité déconcertante que c’était ce soir que tout se jouerait.

Au diable ses manières professionnelles et au diable le travail interminable que Marina aurait à faire sur le mort après cette nuit. Ce n’était d’ailleurs pas un mort. Quand allait-elle enfin l’accepter ? Marina leva sa pelle pour frapper une seconde fois avant que monsieur Bodlicott ne se remette sur pieds. Le coup fut plus rude, mais le mort opposa lui aussi plus de résistance. Sans y croire, elle le vit empoigner le manche et, tout en se redressant, forcer pour le lui soustraire.

— Ici ! s’époumona Marina en se souvenant soudainement qu’elle n’était pas seule dans le cimetière. Il est là !

Sa voix pouvait-elle porter loin sous les trombes ? De mémoire, monsieur Bodlicott n’avait jamais été aussi robuste et encore moins s’était-il tenu face à Marina avec cette détermination. Elle se sentait proprement haïe, et cette constatation la perturba sérieusement.

D’une main étonnamment vive, monsieur Bodlicott visa le visage de Marina et lui arracha sa casquette à la place du nez. La jeune femme et le cadavre se découvraient des réflexes insoupçonnés. Mais la surprise, bien que brève, fut assez pour que la bonne fortune change de protégé et pour que le mort arrache enfin la pelle des mains de Marina. Elle se retrouva, les yeux gros comme des marrons, incapable d'esquisser un geste de retraite. Comment n’avait-elle pas pu comprendre que le réveil d’un mort finirait dans le sang ? N’était-ce pas la suite logique des événements ?

Face à monsieur Bodlicott, Marina se protégea le visage de ses bras alors que la pelle venait frapper son oreille et faire naître une montagne de souffrances dans sa tête. L’attaque fut assez forte pour la choquer. Il ne fut plus question, pendant quelques secondes, de pluie, de boue, de froid et de peur ; juste de douleur. Et pendant qu’elle ne voyait plus rien, le jeune monsieur Bodlicott réitéra son attaque, visant au même endroit.

Cette fois, l’impact lui fit craquer la nuque et Marina s’effondra à genoux. Au milieu des ploc-ploc tout autour d’elle et des boum-boum dans son crâne, elle crut entendre la voix de Valentin sortir du lointain, tout à fait irréelle. Marina était tellement hagarde, tellement pleine de maux que ce mirage auditif n’éveilla pas grand-chose en elle. Son inertie lui valut un troisième coup du plat de la pelle, abattu sur son dos pour finir de l’étaler dans l’herbe. Sa lutte contre le macchabée avait formé une flaque à leurs pieds. Les yeux ouverts dans la gadoue, Marina aperçut un poncho voler dans sa direction. Ça lui parut prendre un temps fou. Ça lui parut être si sage, si silencieux, si flou.

Quand elle reconnut les chaussures de sécurité sous ledit poncho, à quelques centimètres de son menton, Marina s’autorisa à lâcher prise.

 

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aranck
Posté le 10/11/2014
Je n'ai pas trop le droit de faire ça, mais je voulais répondre à ton commentaire sur mon commentaire (phrase un peu lourde, je sais :)).
Je crois que si tout le monde imagine Bodly sympa, ça tient au résumé. Pour moi, puisqu'il avait un message à faire passer, le pauvre se relevait de toutes ses forces pour ça. Quelqu'en soit le prix, il fallait qu'il délivre ce fameux message. Dans ma petite tête j'avais même imaginé qu'il voulait peut-être protéger quelqu'un... 
BeuldesBois
Posté le 10/11/2014
(On pourra continuer à en parler sur nos Journaux de Bord de temps en temps quand tu passes sur le forum, si tu veux ♥.)<br /><br />Et bieeen... Comment faire sans spoiler xD.<br /> Au début je me suis dit "Ah oui, non, mince. Effectivement." et tout de suite après "Ha mais si en fait !" ton ressenti peut coller ! Haha, je rigole toute seule parce que je sais que je ne nous avance pas beaucoup plus en disant ça... Disons qu'il faut élargir un peu. Imaginer que le temps presse. Et que la fin justifie les moyens. (LOL.)<br />Oh là là j'ai déjà l'impression d'en dire trop xD.<br />Enfin, en tout cas ça ne change pas le fait que c'est peut-être pas présenté tout à fait comme il faut, alors. Dans la définition, ça marche, mais si les lecteurs s'attendent trop à autre chose... Humm. Faudra réétudier.<br /><br />Merci beaucoup Aranck ; j'était loin de me douter que le problème remontait peut-être jusque là, ça m'ouvre des pistes ! <3<br />
aranck
Posté le 09/11/2014
"et donna à Taylor, coincé entre son épaule et son menton, un temps estimatif de son trajet." excellent  !
"Elle songeait à ses voisins endormis qui devaient confondre le bruit à sa descente " le bruit "de " sa descente, non ? 
"Tout était si noir et vertical, ponctué de flashs et de zébrures qui paraissaient agrandir le monde dans un bref instant de lumière." très beau et très vrai !
"et Marina aurait facilement renversé" un "elle" suffirait je pense. 
"elle l’avait brisé dès ses premières confrontations avec le mort," trop drôle ! 
"Cette razzia jusque dans ses quartiers poussa Marina à se demander si monsieur Bodlicott était à ce point bien caché que ses collègues ne savaient plus où le chercher. " Je comprends ce que tu veux dire, mais la tournure de la phrase me semble bizarre.
 "Il était temps de remettre le nez dehors, et franchir " Je pense que tu peux répéter le "de"
"Taylor… Un jour vous me direz que vous avez le permis calèche et ça ne me surprendra même pas.
— Le permis calèche, vous êtes drôle !
— Non, ce n’est pas drôle. " Génial !!
"Marina devait se faire discrète" Elle serait bien (il y a beaucoup de Marina)
"elle n'avait pas envie de briller comme un néon " Ha ! ha !
"C’était un homme en poncho et lampe frontale qui lui glissait ça. " trop drôle encore !
 
Je voulais relever tout ce que je trouvais génial, mais il aurait fallu que je remette tout ton texte ici !
Ce chapitre est excellent une fois de plus. Il y a 1 ou 2 maladresses, autant dire rien, et les Marina un peu trop fréquents, mais franchement c'est un chapitre génial, avec des images et une façon d'écrire vraiment typique. Tu as un style d'écriture vraiment marqué, et un syle d'humour aussi. Quel plaisir !
Et la pauvre Marina... En même temps comme tu le dis si bien elle s'est un peu mise dans ce pétrin elle-même en acceptant de couvrir Taylor et son Bodlycot de mort. Et puis, va savoir pourquoi, mais je la sent de taille à se défendre. Quelle femme ! Et toutes ces descriptions, la pluie, les personnages, l'ambiance, j'avais vraiment l'impression d'y être, d'être trempée et frigorifiée, de marcher dans la boue dégueu, et de jouer à l'éclair avec ma lampe devant la porte folle qui fait des allers-retours. Ce sont d'ailleurs les petits morceaux de ce genre là que tu parsèment ça et là qui me font hurler de rire.
Et Taylor, quel type à part, toujours léger dans l'horreur, fair-play et coquet, même avec un cadavre dans les bras. Et puis, l'histoire prend ici une autre tournure. Moi qui pensait que Bodly était tout gentil, qu'il avait des choses cruciales à dire, et bien le voilà en colère, limite psychopathe !
Pauvre Marina ! Qu'est-ce qu'elle s'est pris dans la tronche ! Heureusement qu'elle est solide !
Je suis vraiment enchantée d'avoir pu continuer ma lecture. Ils me manquaient tous ces personnages, et j'avoue que j'aimerais bien savoir comment tout ça va se terminer. Un grand bravo pour cette histoire abracadabrante mais si follement réelle et pour la plume qui te caractérise. C'est ce qu'on appelle avoir du style.
 Je passerai lire la suite dès que possible ! (Les dimanches sont un peu chauds, vu que j'ai mon Loulou à la maison et que je prépare ses repas pour la semaine)
BeuldesBois
Posté le 09/11/2014
Waouh, au début je me suis dit "miiince, j'ai laissé tout ça de fautes et d'énormités dans le chapitre naaaaan" prête à m'automutiler avec les dents du dérouleur de scotch, mais, ouf ! finalement y'a bien moins x'D. (Enfin faut quand même que j'aille rerererelire ce chapitre. Merci pour le relevé ! <3)<br />Décidement, ce coup de la calèche, il plait. Pourquoi c'est toujours les passages que j'hésite à supprime mais laisse au dernier moment qui font le plus d'effet ? xD. <br />♥<br /><br />Je crois que le but ultime d'un auteur (à égalité avec le fait de creer des histoires qui plaisent, sûrement) c'est de se trouver "une voix", un style, alors, comment te dire, Aranck, le plaisir que ça me fait quand je lis tes retours T__T. Merci.<br /><br />Haha oui, la curiosité de Marina (je pense qu'il faut bien un peu ça pour rester assister à ce carnaval du monde d'en bas) lui coûte, jusque là ! Mais elle tient bon è_é. "Quelle femme". Oh. Ca me fait tout drôle de lire ça... Je. Je suis fière pour elle.<br />Oh bah :') Ravie de voir que ce chapitre t'as emportée à ce point ! (J'aurais su j'aurais placé l'histoire en été, haha.) <br />Cétait ma principale motivation en commençant à écrire, faire voyager les gens, les sortir de leur quotidien sans avoir besoin de bouger de leur fauteil. Ca l'est toujous, d'ailleurs. Alors encore une fois merci Aranckounette ;__;. <br /><br />J'espère que ce changement avec Bod n'est pas trop destabilisant x'D. Ca fait plusieurs personnes qui me disent qu'ils le voyaient plutôt comme une gentille petite chose de compagnie, pas comme un fou furieux. J'ai peut-être pas assez bien préparer le terrain ! Je garde ça en tête pour la réécriture une fois qu'il faudra retravailler la bête, hmm hmm *note note*. <br /><br />Oooh, merci tout plein Aranck. Et merci encore d'etre venue alors qu'en plus tes Dimanches sont muchas occupés !<br /><br />♥♥<br />
Jowie
Posté le 04/11/2014
Hey !
Comme ça fait super longtemps ! En fait ça fait un petit moment que je vois que tu t'es remise à l'écriture de Fiesta, mais je n'avais jamais le temps de passer !!!<br />Du coup, me revoili, me revoilà.<br />Même si j'ai lu tes premiers chapitres il y a belle lurette, on y replonge si facilement, que tout m'est revenu en mémoire, comme si j'avais découvert ça la semaine passée ! Le style est toujours aussi agréable et lisse, tu m'as bel et bien emportée avec ton texte.<br />Oh là là. Bodlicott. Je croyais que c'était un gentil mort, moi, pas un fou furieux psychopathe ! Marina a pris des sacrés coups...je pense quand même qu'elle va survivre mais à quel prix? (C'est là qu'elle meure et qu'elle devient aussi mort-vivant O.O). Je me demande ce qui a changé chez Bodlicott pour qu'il devienne si “intelligent” et violent. Je pense que l'équipe devra encore affronter des ennuis...<br /><br />Rien à voir, mais j'ai juste remarqué deux coquilles :<br /><br />À vu de nez → à vue de nez<br />suivit de deux lampes → suivi<br /><br />Oualà. En tout cas, c'était bien chouette de retrouver ton histoire (j'adore les trucs farfelus <3), et je reviendrai (tout bientôt j'espère) pour la suite !<br /><br />A touti ^^
BeuldesBois
Posté le 04/11/2014
Oooh, Jowie Joweeette ♥<br /><br />Oh lala oui, dis, je suis allée voir les dates et... ça fait un an depuis notre triptyque ! UN AN. DEJA ? Mais que s'est-il passé, où est la boucle temporelle qui nous a avalé ?! J'ai rien vu passer, purée T_T. Comme toi j'ai l'impression que c'était hier, j'ai encore des images très vivent d'Eléo dans ma tête !<br />J'essaye de travailler régulièrement Fiesta, mais, finalement, je n'ai posté qu'il y a une quinzaine de jours ! Encore une preuve qu'il faut que j'arrive à me sortir les doigts du c*l ; je baigne tellement dedans que je n'ai pas l'impression qu'il y ait autant de temps qui s'écoule.<br /><br />Un fou furieux psychopathe, haha ! Oui, d'accord, Bod a l'air un peu moins mignon que d'habitude (quoique, peut-on vraiment l'appeler "mignon" -_-...). C'est sûrement parce qu'il commence à perdre patience, hein ? On va dire ça ? Ou parce qu'il retrouve plus de mobilité et qu'en fait ça avait toujours été dans sa nature. Oh le coquinou !<br />J'espère que ça ne détonne pas trop avec le reste, quand même :'). Ou bien, comme ça, le lecteur partage la surprise de Marina... (Je ne sais pas ce que je préfère.)<br />J'adore voir tes hypothèse à propos d'elle, d'ailleurs. Héhé.<br /><br />(Mercii, pour les fautes !) Et les compliments ;w;<br /><br />Merci beaucoup de t'être arrêtée chez moi, Jowichou ♥ D'autant plus que tu as l'air d'avoir une vie très occupée ces temps-ci. J'espère que tu vas bien. Que tu t'en sors.<br />XO ! (C'est comme ça qu'on dit en anglais ?) (J'arrive toujours pas à me remettre du fait que le français ne soit pas ta langue maternelle. Tu es mon héroïne.)
Seja Administratrice
Posté le 22/10/2014
"— Taylor… Un jour vous me direz que vous avez le permis calèche et ça ne me surprendra même pas." Mwo <3
La vache, que ça m'avait manqué, tout ce petit monde. Pourtant, c'est une univers à base de morts pas morts qui te massacrent à la pelle. Mais c'que c'est bon. Mwo.
N'empêche, j'ai l'impression d'être ressortie de ma lecture aussi trempée et sonnée que  Marina. T'as une superbe plume, Triton. Tes ambiances me font toujours cet effet. J'y plonge la tête la première et j'en ressors comme d'un joli rêve. Bon, okay, ce rêve là impliquait un cimetière la nuit. Mais il était quand même très joli <3
Taylor a fini de m'achever. Sa bonne humeur et son petit côté aventurier inconscient sont pile ce qu'il faut dans cette atmosphère d'horreur pluvieuse. Enfin, ça, tu le sais déjà, que Taylor, je l'aime d'amour <3
Pour l'histoire en elle-même, on s'engage dans quelque chose de nouveau et de logique. Le cadavre tout gentillet jusque là a pris des forces et le voilà maintenant qui donne des coups de pelle. La vache. La pauvre Marina a pris vraiment cher ce coup-ci. Du coup, moi, je veux tout-tout-tout savoir. Et je veux surtout la suite, parce que finir comme ça, c'est très méchant, Triton, et je sais qu'au fond de toi, t'es pas une méchante.
Lovu <3 
BeuldesBois
Posté le 22/10/2014
Toi aussi tu le vois Taylor sur sa calèche ? 8)<br />Moh ma Seja... Merci beaucoup. Rien que le fait que tu me dises que ça te manque, c'est vraiment zentil. ;_; Et trocool.<br /><br />Oui, hein, on en bouffe de la pluie dans ce chapitre xD. Pourtant tu me dis que ça t'as plu (du verbe pleuvoir, HAHAHA) (NON) ; je croyais que c'était jouer avec le feu. (Je ne relèverai pas la blague, je m'arrête, c'est promis.) Ma plume te dis merci, c'est vraiment pas n'importe quel compliment ça ;w;. Si je ne peux accomplir qu'une chose dans ma vie et que c'est de vous réconcillier avec les cimetières, je prends xD.<br /><br />Haha. Je ne reviendrais plus sur Taylor le sous-estimé-des-premières-heures, hein. Je n'ai pas envie de me faire lapider xD.<br />C'est très plaisant en tout cas qu'il ait réussi à gagner le coeur de certain(e *wink wink*)s malgré mes pronostiques ♥.<br /><br />Ha. Ca me rassure que ce changement de cap semble assez bien passer, pour toi. Enfin disons que j'ai mis quatre ans à voir évoluer le truc, de mon côté, et que le lecteur, lui, ne peut se fier qu'à quatre chapitres. Alors niveau recul je suis à zéro.<br />Au fur et à mesure des BLs des chapitres 4 et 5, en tout cas, c'était un sujet qui revenait. :')<br /><br />J'envoi le chapitre qu'il me reste après l'appel à texte d'Halloween, promis. Merci pour ta sollicitation ;w; Muh.<br />Et merci tout court pour tooooout ♥<br /><br />Lovu ++<br />
Rachael
Posté le 22/10/2015
Coucou Beulette,
Chasse au macchabée ! Elle est épique, cette chasse ! Entre angoisse et drôlerie. Une super atmosphère, vraiment bien rendue par tous les petits détails que tu nous donnes. Je trouve que tu as vraiment un style qui donne un relief pas possible à ton histoire.
D’un côté, il est nettement plus angoissant ce chapitre, avec cette chasse dans le cimetière obscur sous l’orage. Pour autant, le côté ridicule des personnages (taylor, valentin) allège l’angoisse et donne à tout ça un caractère un peu burlesque. Ca le devient un peu moins (burlesque) quand Marina se trouve face au mort qui l’attaque carrément.
Je ne relève pas les innombrables passages qui m’ont fait rire ou sourire, mais ce chapitre est franchement drôle et pétillant (le permis calèche, l’homme au poncho, le choix d’une pelle pour se défendre...)
Marina a une sacré personnalité : elle se révèle dans l’action, alors que les autres sont plutôt velléitaires (surtout Taylor ^^). Bon d’un autre côté, elle semble se faire salement amocher à la fin du chapitre. Je vais être obligée d’aller voir la suite...
Pas très gentil ce monsieur Bodlicott :! D’un autre côté, on le comprend, il en a un peu marre de se faire trucider (again) tous les soirs...
Détails
Enfilant sa parka tout en fermant la porte de son appartement, Marina s'élança sur les marches. : je chipote, mais ces deux participes présents, c’est un peu bof. Ces trois actions ne pouvant pas être totalement simultanées pourquoi ne pas mettre par exemple : Marina enfila sa parka tout en fermant la porte de son appartement, puis s'élança sur les marches. 
Désormais seule au bout du fil et (seule) dans les escaliers qui lui renvoyaient l’écho de sa cavalcade, elle se sentait encore plus en dehors du réel.
en volant par-dessus les torrents qui dévalaient la rue et par-dessous les cascades : voler par-dessus oui, mais par-dessous je vois moins bien l’image.
dans un sous-marin qui sentait le vieux chien : tu me tues ! j’adooore cette image olfactive.
Marina essayait de ne pas piquer du nez et de réfléchir à un plan : elle m’a l’air méchamment stressée par la pluie torrentielle, alors je trouve étonnant qu’elle ait envie de dormir.
Elle ne se sentie : sentit
Les arbres les plus courts fouettaient sa capuche sur son passage, qu’elle devait replacer sans arrêt à mains nues : je mettrai « sur son passage » en début de phrase pour que la dernière partie vienne juste après « capuche »
Il fallait que Marina s’arme et elle ne voyait dans l’immédiat que les cabanons des jardiniers pour lui fournir de l’aide, situés juste sous les fenêtres : même genre de remarque, est-ce que ce ne serait pas mieux en déplaçant « que les cabanons des jardiniers » juste après « aide »
BeuldesBois
Posté le 22/10/2015
Oh lala, merci Rach ! ♥ ♥<br /><br />L'angoisse pour l'angoisse, je crois que je ne sais pas trop faire, et j'aime bien désamorcer avec un peu d'humour distiller dans les moments critiques et voir que ça plait à autant de monde c'est vraiment un super cadeau ! Et puis... et puis je sais pas, c'est pas mal de travail (enfin je n'apprends rien à personne sur PA là lol) alors quand ça porte ses fruits c'est un sentiment waouh ! /o/ <br /><br />Quant tu me dis que ça donnes du relief à l'histoire, en plus, je ne sais plus ou me mettre. Chuis trop contente que tu t'attaches comme ça à l'histoire, et que malgré son démarrage un peu boiteux, il y a des raisons de la sauver !<br /><br />Han ! J'avais pas vu ça comme ça pour Marina qui est celle qui se démène le plus et pourtant la moins récompensée ! La pauvre... La morale de ce chapitre (et du suivant, du coup) est un peu merdique, ahaha. Et tu es la première à défenre Bodlicott, je crois ! Mais oui, je pense moi aussi que ça doit commencer à lui courrir sur le harricot, cette histoire :p <br /><br />J'aimerais trouver des manières plus originales qu'un simple merci à chaque fois pour te remercier de tes relevés et des tes retours de lecture. >_<<br />À défaut, je les réitères again, again !
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