Ch. 5 - Ca pique

T. I – Chapitre 5Ça pique

Elle n’avait pas ouvert les yeux, pourtant Marina savait déjà où elle se trouvait. Au sec, au milieu des odeurs de boissons chaudes et de bois ciré, allongée dans le lit militaire qui l’avait soutenue ces dernières nuits. Elle voulut battre des paupières mais n’y parvint pas. En suivant avec ses doigts les lignes de son visage, Marina découvrit des crottes de boue dans ses narines et sous son menton ; on avait dû essayer, un peu grossièrement, de la débarbouiller pendant qu’elle était avec Morphée. Plus haut sur son crâne, un bandage lui couvrait les yeux et les oreilles. Elle commençait à s’inquiéter et se releva difficilement dans le lit pliant, palpant nerveusement sa tête enrubannée. L’opération réveilla des douleurs, mais des douleurs principalement ciblées d’un côté de sa tête, là où la pelle l’avait cueillie. Elle ne devinait, sous l’autre moitié des bandages, aucune gaze et aucune plaie ; on l’avait emballée comme dans du papier cadeau sans trop se soucier des zones à couvrir. Alors que Marina s’apprêtait à tout arracher, la voix de Taylor explosa dans la pièce.

— Non, non, allez-y doucement ! fit-il en s’agenouillant près d’elle.

En réalité sa voix n’était pas plus haute que d’ordinaire mais tout prenait des proportions effroyables dans le cerveau de Marina. Misérable, elle se prit les tempes entre les mains pendant que Taylor lui tapotait le haut du dos, compatissant.

— Je vais vous aider, laissez-moi faire.

Marina était impatiente de sortir des pansements et obéir lui coûta autant que cela la soulagea. Elle entendit maugréer Taylor pendant qu’il s’attaquait à des nœuds qui n’avaient somme toute rien à faire là et déroulait une bande interminable comparée à la zone endommagée. Ce n’était certainement pas lui qui avait appliqué baume et steri-strips sur le corps endormi de Marina ; le sang n’était pas sa tasse thé. Mais elle était touchée qu’il soit resté pour la veiller.

Quand le visage tuméfié de sa patiente fut libre, Taylor esquissa une grimace et amorça un mouvement de recul, amplifiant l’appréhension de Marina. Elle se rendit compte qu’elle voyait flou, principalement d’un œil, ce qui était très agaçant sans parler des élancements.

— J’ai l’impression que la moitié de ma tête a doublé de volume, gémit-elle en s’auscultant à l’aveugle.

— Vu ce qu’on m’a raconté, vous vous en sortez admirablement. Pas d’oreille qui pend, pas de dent cassée… Ça ne devrait laisser aucune marque définitive. Avez-vous mal autre part ?

— Au coude.

— Au coude ?

— Et au dos.

— Le dos, je comprends un peu mieux. Montrez-moi ce coude.

Le manteau imbibé de pluie de Marina était jeté en boule près de la porte d’entrée. La jeune femme n’eut qu’à relever la manche de son pull pour donner satisfaction à monsieur Falseflower et elle se réjouit de ne pas avoir été complètement déshabillée par Valentin ou Adhemar pendant qu’ils s’improvisaient aides-soignants.

— Un peu gonflé ; vous êtes peut-être tombée dessus. Malheureusement, à part des antiseptiques et des bandes, nous n’avons pas grand-chose, ici… Peut-être un cachet pour votre tête ?

— Oh oui, je veux bien.

Pendant que Taylor faisait des allées et venues entre son bureau et la kitchenette, Marina entreprit, très lentement, de sortir du lit de camp. Maintenant assise à la grande table encombrée de différents papiers administratifs, tête dans les bras et bras sur un monticule de feuilles, elle attendait que Taylor ait fini son manège. Le thé tiède et les deux petits comprimés qu’il déposa tout près d’elle la consolèrent un peu. Elle avala tout, peut-être trop vite. Et alors que Taylor s’asseyait à ses côtés, Marina laissa les derniers événements de la nuit refaire surface dans sa mémoire. Elle s’agita sur sa chaise en repensant au mort.

— Et monsieur Bodlicott ?

— Hors d’état de nuire ; il a été descendu dans la morgue. Je vous interdis d’y penser pour l’instant, vous devez d’abord vous refaire une santé.

Marina n’aimait pas trop le ton paternaliste qu’il prenait avec elle ; comment pouvait-il inverser les rôles alors que c’était principalement sur lui qu’il avait toujours fallut veiller ?

— Plus vite je m’y mettrai et plus vite nous en serrons débarrassés, objecta-t-elle.

Taylor arqua les sourcils et mit un moment pour accepter l’apparent manque de traumatisme de sa collègue. Il observait Marina en biais, n’osant tout à fait la regarder dans les yeux.

— Vous ne pouvez pas être sérieuse… Vous. Marina, enfin, vous pouvez à peine marcher droit, reposez-vous un peu.

Elle jouait avec les dernières gouttes de thé dans sa tasse et son visage se fermait de plus en plus à mesure qu’elle comptait les secondes sans répondre. Elle n’avait pas l’impression d’avoir perdu la bataille, pas encore. Le match n’était qu’en suspension. Il lui semblait que sa dernière entrevue avec monsieur Bodlicott ne datait que d’une ou deux minutes en amont. Marina supportait mal la honte de s’être prise la raclée de sa vie devant témoins ; elle pouvait toujours gagner l’affrontement, rattraper le coup. Elle aurait apprécié se retrouver seule pour mieux digérer les faits. L’attention de Taylor était louable, mais Marina n’avait ni l’habitude d’être préservée ni qu’on lui mâche le travail.

— Après pareil orage, des familles vont certainement vouloir s’assurer de l’état des tombes, continua-t-elle de plaider. Et si jamais un frère ou une tante venait enfin prendre des nouvelles du… de Bodlicott ?

— Nous n’allons pas ouvrir le cimetière aujourd’hui, l’état du parc ne le permet pas. Les jardiniers vont arriver pour s’occuper du déblayage en attendant que le terrain sèche ; pour ne pas qu’ils se posent trop de questions, Adhemar est en train de combler la fosse de monsieur Bodlicott. Les conditions nous empêchent d’enterrer le corps tout de suite, j’insiste pour que vous preniez votre temps, mon amie.

Marina butta sur le mot, arrêtant de tripoter sa tasse et reportant son attention sur Taylor qui évitait obstinément le contact visuel. Elle devait vraiment avoir une tête à faire peur et son air ahuri à l’évocation de « l’amie » qu’elle était pour Taylor ne devait pas arranger le tableau.

— … Si rien ne presse, alors.

— Sage décision, conclut-il, heureux de l’avoir ralliée à son opinion.

Taylor avait-il pu changer en une seule nuit ? Tout au long de ses parties de chasse, Marina se souvenait largement plus avoir entendu « Ne l’abîmez pas » que « Ne vous abîmez pas ». Elle se frotta distraitement les joues en se demandant à quel point elle pouvait être défigurée. Sa vue serait-elle à jamais brouillée pour que monsieur Falseflower lui donne l’impression d’avoir quelque chose à se faire pardonner ? Son envie d’en découdre retombait lentement ; le mort pouvait attendre, finalement. Elle était refroidie, de nouveau fatiguée, de nouveau mal en point. De nouveau réaliste. Marina ne savait pas encore si elle appréciait vraiment les élans protecteurs de Taylor, qui contrariaient ses plans et la faisaient se sentir trop petite pour tenir la barre. Attentionné jusqu’au bout, celui-ci entreprit de lui reconstituer un petit-déjeuner, accroupi devant les placards de la kitchenette à la recherche de gâteaux secs et d’une poignée de sucettes. Marina se radoucissait à l’idée de combler l’un des nombreux vides qui l’habitaient. Son estomac broyait de l’air depuis le réveil.

— Voila pour notre guerrière !

Ça ne la faisait décidément pas rire, mais eut le mérite de lui rappeler qu’elle n’avait pas été seule dans son combat contre le cadavre réfractaire.

— Et Adhemar et Valentin ? Comment s’en sont-ils sortis ?

— Assez mal, pour Valentin. J’ai cru comprendre qu’il avait raté un premier tir et que monsieur Bodlicott n’avait pas laissé passer sa chance… Mais rien comparé à votre état, je vous rassure.

— Est-ce qu’il revient aujourd’hui, pour le parc ?

— Non, je lui ai aussi conseillé de se reposer.

La nouvelle partagea Marina entre trouble et réjouissance. Certes, elle n’aurait pas à supporter les moqueries de Valentin, mais le savoir amoché ne lui remontait pas plus le moral.

Dans le bureau de Taylor et malgré le fait qu’il était à peine plus de huit heures, le téléphone se mit à sonner. Marina n’entendit que des bribes de conversation, plus à cause de son audition hasardeuse que du niveau de voix de Taylor, mais comprit que les affaires reprenaient. Avec la tempête, des décès s’étaient additionnés aux dégâts matériels et l’équipe aurait un des corps à charge.

Marina sourit amèrement en mâchonnant un biscuit. Afin d’éviter d’accumuler le travail, elle allait finalement devoir retourner auprès de monsieur Bodlicott dans les plus brefs délais et, bien qu’elle obtînt gain de cause, elle se surprit à regretter l’imminent face à face ; c’était après tout à un nouveau mort qu’elle devait sa pénible victoire.

×

Elle avait écouté Taylor et mangé correctement avant de retrouver la morgue. Dans le couloir du rez-de-chaussée, une horloge affichait huit heures et vingt-cinq minutes. Marina se sentait à peine plus ragaillardie qu’en présence de son superviseur mais l’isolement n’était pas désagréable. Elle avait bifurqué dans les toilettes pour se pencher au dessus du lavabo et se coller les sourcils au miroir, assez contente de constater que les lésions n’étaient pas aussi graves que l’attitude de Taylor le laissait prévoir, et que les rares blessures étaient propres. Néanmoins, avec son oreille boursouflée qui avait saigné et son œil qui était loin de dégonfler, elle avait quand même la tête d’une vieille aubergine, parée, en plus du violet, de jaune et de rouge. Marina tenta de rester optimiste en se disant que c’était toujours mieux qu’une tête de steak haché… La seule chose qui l’inquiétait réellement était alors ledit œil esquinté. Elle était dans l’incapacité de l’examiner tant que son environnement n’aurait pas récupéré des contours nets.

Elle abandonna son inspection et descendit au sous-sol, là où l’attendait sagement monsieur Bodlicott sur une table médicale. Les mains sur le métal, Marina s’attarda avant de bouger. Elle se concentrait sur le ronron des néons qu’elle entendait à travers le ressac dans ses tympans en se faisant une liste mentale de ses organes défaillants. Elle s’ébouriffa les cheveux, emmêlés, fit craquer son dos et se pencha sur monsieur Bodlicott pour leur tête-à-tête rituel avant de comprendre qu’elle n’avait toujours pas envie de s’occuper de lui. Pas seulement sur le moment, toute cabossée qu’elle était, mais à l’avenir également.

Marina était gagnée par la rancune et l’asthénie ; un peu par l’appréhension, aussi. Ce qui s’était passé cette nuit n’annonçait plus rien qui vaille et Marina se battait contre l’idée que le macchabée soit autre chose qu’une simple enveloppe récalcitrante. Monsieur Bodlicott ne tomberait pas raide mort une bonne fois pour toute après sa phase de remue-ménage. Le cauchemar ne se finirait pas parce que, à vrai dire, il ne faisait que commencer. Cette énième bataille, cet énième adieu ne serait qu’un parmi tant d’autres. Si le concept de « fin » n’avait plus de sens elle ne saurait à quoi d’autre se raccrocher. Marina crispa les doigts sur la table et ferma les paupières pour revenir au calme. Elle avait soudainement comme une envie de pleurer.

Pourtant des gens allaient compter sur elle et Marina devait se résoudre à accueillir le prochain défunt dans les meilleures conditions ; pouvoir lui offrir toute son attention et des soins de bonne qualité. Son cœur battait douloureusement dans son crâne à mesure qu’elle déplaçait les casiers sur roues, enfilait sa blouse, ses gants, déployait sa trousse à instruments et débarrassait monsieur Bodlicott d’une chemise qui n’en était plus une. Marina enchaînait les tâches pour s’empêcher de penser. Après un ultime tour de la pièce à s’animer pour déposer les guenilles sur une chaise, elle eut un énorme vertige et, à tâtons, se hissa sur le siège encombré.

La douleur lui fit serrer les dents au point d’en souffrir mais pas de distraire la migraine. Elle fermait les yeux si fort que des phosphènes verts et violets commençaient à la narguer. Marina se souvenait qu’elle avait stupidement laissé les antalgiques à la loge de Taylor et, chancelante, n’eut pas le courage d’attendre que les maux s’effacent d'eux même.

Elle avait un pied sur la première marche de l’escalier et la main sur l’interrupteur quand elle crut voir du mouvement du coin de son œil le moins en forme. Étant donné qu’elle était seule dans le sous-sol et que dans son champ de vision se trouvait ce cher monsieur Bodlicott, nu sous les lumières aveuglantes, Marina fut prise d’hésitation. Sa raison insistait quant au fait que le cadavre ne s’était jamais réveillé que de nuit mais elle eut du mal à se faire confiance, compte tenu des changements progressifs et récents. Avant de partir et du mieux qu’elle put, elle enferma le corps dans une armoire positive.

×

Sur le chemin revenant de l’office, Marina s’enfonçait dans la terre et laissant de malheureuses et profondes traces de son passage. Elle entendait des voix et des craquements retentissants, parfois accompagnés par les rugissements d’une tronçonneuse en exercice. Les jardiniers devaient avoir débarqué au cimetière et l’absence de Taylor dans son bureau voulait sûrement dire qu’il leur distribuait quelques consignes, voire refermait peut-être les grilles après leur arrivée. Marina avait alors glissé la plaquette de comprimés dans la poche de sa blouse et avait rebroussé chemin sans s’attarder.

Main sur la poignée de la chambre froide, elle se préparait à découvrir le pire, cependant l’ouverture de la porte lui révéla un monsieur Bodlicott qui n’avait pas bougé d’un pouce. Même étagère, même position. Ce genre de bonnes surprises était trop rare. Marina fit travailler les glissières et devina, comme à travers du papier calque, la boue séchée, les coups et les plaies autrefois maquillées sur le corps du mort.

Elle n’eut pas le temps de le déplacer sur une table de chirurgie quand l’alarme d’un téléphone, à l’étage, se mit à résonner. Marina gagna le rez-de-chaussée en se dirigeant au hasard, les sens un peu perturbés. Elle aperçut alors, dans le bureau de l’ancien secrétaire, une LED rouge qui brillait sur un téléphone filaire en même temps que chantait la sonnerie.

— Allô ? articula-t-elle sur ses gardes.

— Allô, Marina ?

— Taylor ? Qu’est-ce qui se passe ?

Un scénario similaire s’était déroulé la veille au soir et Marina s’arrêta de respirer de peur de ne pas entendre la suite de l’échange et l’annonce d’on-ne-savait-quelle nouvelle catastrophe.

— Je me demandais la même chose.

— … Quoi ?

— Je vous ai vue sortir de la loge, vous me cherchiez ? Tout va bien ?

— Oh. Oui, oui, ça va mieux. Je venais juste vous emprunter quelque chose pour ma tête.

Taylor émit une exclamation rassurée tandis que, quelque part dans le bâtiment, le bruit d’un choc assourdi interpella Marina.

— Vous avez trouvé ce qu’il vous fallait ?

— Oui, les cachets de ce matin… Attendez, Taylor, ne quittez pas.

Marina posa le combiné sur le bureau pour passer discrètement la tête dans le couloir et tendre ses oreilles malades. Mais elle eut beau attendre, aucun autre signe de mouvement ne lui parvint. Elle s’imagina avoir entendu un jardinier élaguer une branche, au loin, ou peut-être les courants d’air faire claquer une fenêtre.

— Allô ?

— Oui, excusez-moi.

— Il y a un problème ?

— Une fausse alerte.

— Je vois. L’équipe d’entretien est là, au fait. Adhemar est tout proche de finir de reboucher la fosse de monsieur Bodlicott et je dois distraire les jardiniers pour ne pas qu’ils s’approchent trop vite de sa position. Il serait bête de tout faire rater après autant de précautions…

Un brusque fracas, très proche et trop perceptible pour n’être qu’un rêve, sortit Marina de la conversation. Son cœur avait fait un bond à cause de la surprise et la chair de poule lui mangea les bras à toute allure.

— Atte… Attendez Taylor, ne quittez pas, je crois qu’il se passe quelque chose. Ne raccrochez pas !

Marina lâcha le combiné plus qu’elle ne le posa. Elle s’éjecta du bureau, résolue, mais n’eut pas à aller plus loin pour comprendre ce qui n’allait pas. Juste en face, la double porte au bout du couloir, celle qui donnait sur le cimetière, était ouverte. Marina baragouina plusieurs « non » répétés tandis qu’elle piétinait sur place, incapable de prendre une décision.

L’urgence finit par la faire retourner au sous-sol et elle fit face à la table d’autopsie déserte avant de se rappeler qu’elle avait laissé monsieur Bodlicott à cheval dans le vide sur une civière de chambre positive. Elle eut à peine le temps de reprendre espoir avant de se rendre compte qu’elle était inoccupée, elle aussi. Malgré le tambour qui revenait dans sa cervelle et les escaliers qui tanguaient sous ses pieds, Marina remonta jusqu’au téléphone et s’entendit donner l’alerte, comme bousculée, robotisée. Monsieur Bodlicott s’était de nouveau enfui ; monsieur Bodlicott s’était réveillé de jour.

Taylor déclara l’état de crise, inquiet quant au fait que les jardiniers fraîchement débarqués puissent apercevoir le mort vagabondant entre les stèles. Valentin n’était pas là pour détourner leur attention ; cette tâche incomberait à Adhemar.

— Je pars prévenir monsieur Adelante, trompeta Taylor. Retrouvez-moi à l’office !

×

Slalomant entre les pierres tombales, Marina avait suivi un long moment les pas laissés par monsieur Bodlicott dans le gazon et la terre avant de choisir de foncer droit vers son rendez-vous avec Taylor. La piste avait beau s’égarer au milieu des buissons et changer de route à de nombreuses reprises, un peu comme le lièvre qui a un renard aux fesses, Marina savait qu’elle gagnerait du temps en se dirigeant directement sur l’office. Les statistiques avaient fait leurs preuves ; monsieur Bodlicott ne revenait-il pas trop souvent auprès de Taylor pour que ce ne soit qu’un hasard ?

Le chemin de Marina était tout en glissades, blouse au vent, la vue brouillée, mais son rythme était respectable pour une jeune femme qui avait échappé au traumatisme crânien il y avait peu. Elle finissait de faire le tour de l’office quand elle tomba nez à nez avec monsieur Falseflower qui revenait d’alerter Adhemar. Un peu pâle, il observait la porte d’entrée, grande ouverte.

— Taylor ? s’annonça Marina en prenant peur de l’apparente réticence de son superviseur.

— … Me croyez-vous si je vous dis avoir fermé la porte derrière moi au moment de partir ?

Le silence qui s’installa n’était pas tout à fait gêné ni réellement sceptique. C’était plutôt un ultime moment de concentration avant la confrontation, car monsieur Bodlicott avait pénétré dans l’édifice, ça ne faisait aucun doute. Marina mit la main sur une branche éclatée que le vent de minuit avait séparée de ses sœurs et qui lui servirait de moyen de défense un peu sommaire, tandis que Taylor se plaçait tout naturellement derrière elle. Il avait attrapé son bras en une prise pas si légère, ce qui les força à franchir le seuil de la loge comme une même personne. Marina essayait de ne pas penser à sa revanche. Elle avait déjà subi une cuisante humiliation en sous-estimant le mort ; son plan n’était désormais plus d’attaquer mais de se contenter de tenir l’intrus à distance, assez longtemps pour trouver une solution et, surtout, pour garder monsieur Bodlicott à l’abri des regards.

Le capharnaüm à l’intérieur faisait mal au cœur. Un vrai sauvage s’était acharné dans la pièce à recevoir et la carabine n’en avait pas réchappé. Elle gisait près de la haute armoire aux portes déglinguées, plusieurs de ses morceaux s’étant fait la malle.

Marina passa en revue les nombreux dégâts en ne comprenant pas ce qu’avait entreprit monsieur Bodlicott. On aurait dit une bête manifestation de colère et, pour autant qu’elle sache, il s’agissait de quelque chose que les morts n’étaient pas censés éprouver. Absolument tout était retourné mais Marina aurait juré que l’arme à feu n’avait pas été si difficile à trouver et que monsieur Bodlicott avait continué son carnage bien après l’avoir démontée.

Dans le bureau de monsieur Falseflower, dont la porte se trouvait entrouverte, la lumière était intermittente. Non seulement ne paraissait-elle pas naturelle mais elle semblait également provenir d’un angle tout à fait inhabituel puisque s’élevant du sol. Taylor le remarqua à son tour, pinçant la bouche pour ne pas faire de bruit et pointant du doigt la porte sous laquelle dépassaient des feuilles éparpillées et des empreintes de boue. Que pouvait bien chercher monsieur Bodlicott dans le bureau de Taylor si ce n’était Taylor lui-même ? Marina s’approcha de la porte en se séparant du conseiller d’un geste du bras ; il leur fallait vérifier que le mort n’était plus sur les lieux du crime avant de partir fouiller le reste du cimetière.

— Restez là, et surveillez l’entrée pendant que je vais voir, intima Marina à contrecœur, sachant pertinemment que ses élans d’héroïsme lui avaient déjà coûté.

Elle n’avait certes pas parlé fort mais son débit restait trop haut pour être discret et, comme en réponse, Marina entendit du mouvement depuis le bureau. Elle sentit les poils de ses avant-bras se dresser tandis qu’elle agrippait sa branche plus fort en dépit de ses doigts cloqués. Il était là. Ces trois mots lui donnaient des suées. Marina écrasa une ampoule de la guirlande lumineuse rouge et orange tombée au sol et poussa la porte du cabinet de Taylor.

Assis nonchalamment dans le long fauteuil de bureau, monsieur Bodlicott jouait avec une enveloppe internationale comme s’il s’éventait, positionné en maître au milieu d’un désordre infernal. Les livres s’étaient jetés des bibliothèques, les stylos plumes et les porte-plumes s’étaient eux aussi suicidés depuis le plateau poli du bureau. Quelques cahiers de registre éventrés tenaient compagnie à ce que Marina devina être la correspondance personnelle de Taylor et l’élégante lampe de bureau agonisait par terre en battant le rythme misérable de son cœur fictif.

Apercevoir le mort de nouveau plein de vie la mit soudainement en colère en lui rappelant combien il l'avait surprise la veille. Sans pouvoir prononcer un son, Marina fit signe à Taylor de la rejoindre sur le pas de la porte. Il accourut, un carnet et un crayon en main pour continuer sa prise notes au sujet de son pensionnaire préféré. Marina eut besoin de quelques temps pour s’en rendre compte et fronça des sourcils asymétriques en lui soufflant un « vraiment ? » plus destiné à elle-même qu’à lui. Elle commençait à se demander qui d’eux deux, à défaut d’être le plus sain d’esprit, était le plus malin. Malgré son attitude complètement irrationnelle, ce n’était pas Taylor qui accumulait pansements et bleus depuis les dernières semaines et c’était finalement peut-être lui qui avait tout compris.

— … Il a une tête horrible.

Le trépassé l’impressionnait apparemment plus que l’état de ses affaires.

— Il est mort.

— Mais il est tout sale. Et nu !

— Vous vous attendiez à quoi, exactement, après une nuit sous le déluge ?

— Je pensais que vous aviez déjà commencé à vous occuper de lui vu comme cela vous tardait…

Marina fut piquée au vif plus qu’elle ne l’aurait dû et s’apprêtait à lui renvoyer une pique bien sentie quand elle réalisa que s’en prendre à Taylor était trop facile et si peu prioritaire. Sa colère devait être tournée vers la source directe de ses problèmes, soit le jeune homme décédé.

— Bon, allez, on arrête de jouer, bredouilla Marina à l’intention du mort.

C’était sans conteste la première fois qu’elle s’adressait au macchabée, et comme toutes premières fois, celle-ci laissait à désirer. À vrai dire Marina n’était généralement pas du genre à parler aux défunts ; voir monsieur Bodlicott laisser tomber son enveloppe avec un sourire très inachevé lui prouva à quel point elle sonnait peu assurée.

— Faudrait songer à arrêter de nous emmerder !

— Si je puis me permettre, entama Taylor qui n’avait pas tout à fait l’air d’accord.

Mais il laissa sa phrase en suspens, observant monsieur Bodlicott qui, avec une lenteur forcée, ramassait deux feuilles à ses pieds. On pouvait y discerner de fines lignes de registre, recouvertes d’énormes lettres maladroites tracées au doigt et à l’encre. Des lettres sans espace et qui ne semblaient pas former de message intelligible, à première vue.

— C'est une blague…

Après les représentations de marionnettes devant les fenêtres de l'office, voilà que Bodlicott s’entraînait maintenant aux hiéroglyphes ?

Nousdevonspar… Nous… Nous devons parler ? décrypta Taylor.

— Ben voyons, fit Marina dans sa barbe en se demandant quel tour allait encore leur réserver le macchabée savant.

Perdant patience, la jeune femme frappa la bibliothèque à ses côtés à coup de branche. C'était ça ou taper directement sur la tête du cadavre et il y avait de fortes chances pour que les dégâts soient irréparables. Quoiqu'au moins, cela leur offrirait un repos bien mérité.

Marina perdait vite ses belles résolutions, celles de rester en retrait le temps de savoir comment gérer la situation. Si le mort avait décidé de se ficher ouvertement de leurs personnes elle ne supporterait pas de ne pas broncher.

— Ça suffit, on va tous retourner à la morgue et finir ce qu’on a commencé, que ça plaise ou non à ce molesteur !

— Marina, ma chère… amorça monsieur Fasleflower tandis que le mort plongeait ses doigts dans un encrier et ramassait de nouveaux papiers.

Malgré son œil boursouflé et sa vision altérée, Marina adressa à Taylor un regard très dur. Ce n’était certainement pas le moment de montrer des divergences d’opinion dans leur groupe.

— Il mérite au moins cela, pour tous ses efforts. Il faut que nous l’écoutions ; et peut-être qu’ensuite tout s’arrangera, continua Taylor.

Les efforts en question se lisaient en partie sur les marbrures qui couvraient le visage de Marina, mais elle n’ajouta pourtant rien. Si ce n’était pas Taylor qui faisait marche arrière, c’est elle qui ferait semblant de se ranger à son avis. Ils étaient deux contre un, et il fallait que cela reste ainsi. La nuque tendue, la tête lourde et les mâchoires soudées, elle se contenta d’observer les moindres faits et gestes du mort, car, elle, savait qu’on ne pouvait pas lui faire confiance.

— Regardez, il recommence ! Où… sommes… vious… Nous ? Où sommes nous ! Oh, ajouta-t-il, pensif.

À l’intérieur de Taylor sommeillait assurément un premier de la classe et celui-ci fut très pressé de donner ses bonnes réponses. Il fit un pas réservé en direction de monsieur Bodlicott, gardant toujours ses distances mais piétinant ses affaires en pagaille sans s’en inquiéter. Ce devait être une torture de se retenir de courir jusqu’à lui ; à croire que les derniers jours et leurs lots de malheurs n’avaient pris forme que dans l’imagination de Marina.

— À Tunsworth, évoqua Taylor sur le ton de l’évidence.

Le mort ne broncha pas. Cette information n’animait aucun souvenir au milieu de ses rares neurones survivants. Monsieur Bodlicott devait avoir des racines dans la région, il n’y avait normalement pas à en douter lorsque l’on comptait le nombre de ses homonymes dans le cimetière. Mais cela voulait-il forcement dire que monsieur Bodlicott avait passé sa vie près d’ici ?

— Dans le Northumberland, au dessous de Rothbury, vous voyez ? Plus au nord que Morpeth ; vous devez au moins connaître Morpeth, reprit Taylor, un peu moins sûr de lui.

Pour toute réaction, le jeune cadavre émit un gargouillis pas vraiment déchiffrable, exprimant peut-être réflexion ou mécontentement, et il repartit aussitôt à l’attaque de l’encrier dans lequel ses doigts avaient du mal à entrer. Penché comme un affamé au dessus de sa pile de feuilles déchirées, il faisait tomber nombre de débris depuis sa tignasse emmêlée jusque sur le sous-main taché.

— Je vous l’avais dit, bafouilla Taylor en détournant enfin son attention du mort. Je l’ai toujours dit ! Il veut communiquer. Il voulait me parler !

Suite à quoi il ajouta d’autres enjambées pour se rapprocher du cadavre, que Marina rechigna à imiter. L’attitude des deux hommes lui hérissait le poil, sans compter que se retrouver à portée de main de monsieur Bodlicott lui donnait de plus en plus la nausée.

— Ce n’était pas l’évidence même, Taylor…

— Regardez ! Mais regardez-le ! Est-ce qu’il vous donne l’impression d’avoir de mauvaises intentions ?

Oui. Bien entendu que pour Marina le mort serait à jamais habité de violents desseins. Mais elle devait au moins reconnaître que si monsieur Bodlicott avait voulu les attaquer une nouvelle fois, d’une, il s’y serait pris autrement, et de deux, Taylor et Marina seraient au tapis depuis longtemps. La jeune femme tourna lentement son arme entre ses paumes et fit mine de baisser la garde, tiraillée. Que faire entre suivre son instinct ou accepter la réalité ?

Délaissant feuilles de registres et plans de cadastre pour tourner son regard vers Marina, monsieur Bodlicott, joueur, renversa subitement la tête en arrière dans une molle imitation de rire sans son. Certainement avait-il remarqué son tourment. Le collier de sutures était affreusement visible sur la peau tirée de sa gorge et Marina ne put s’empêcher de penser que tout allait craquer. En plus de ne pas être mort il fallait aussi que monsieur Bodlicott soit moqueur et l’irritation et l’effroi s’insinuèrent en Marina quand il redescendit les yeux à sa hauteur et qu’il la fixa sans ciller à travers les cataractes qui lui masquaient la vue.

Riendan… anormal… lisait toujours monsieur Falseflower, beaucoup trop près du bureau.

Marina se retrouva projetée plusieurs heures en arrière en éprouvant à nouveau l’étrange sentiment que monsieur Bodlicott en avait tout particulièrement après elle. Le voilà qui se passait désormais une main sur sa plaie suturée comme pour l’apaiser et il devenait évident que le trépassé savait. Il avait compris que c’était à elle qu’il devait, non pas pareil rafistolage, mais la blessure initiale. Marina n’en revenait pas, cela devenait ridicule ; était-elle réellement en train de soutenir le regard d’un cadavre dans un rapport de force ?

— Rien d’anormal ? acheva Taylor.

— À part lui, il veut dire… ?

Marina et le mort rompirent le contact visuel en entendant résonner de très lourds pas dans la pièce à recevoir et se détournèrent alors pour apercevoir Adhemar dans l’encadrement de la porte du bureau.

— Qu’est-ce qui s’est passé ici ? demanda-t-il en s’immobilisant sous le chambranle.

C'était sûrement la première fois que Marina observait un semblant d'expression sur le visage de son collègue. Son crâne d'ordinaire si lisse s'en trouvait plissé comme un pruneau tandis qu'il balayait du regard les mètres carrés sans paraître savoir où donner de la tête. Très vite, il tomba cependant sur la scène qui se jouait au fond de la pièce et Marina fut presque sûre de le voir blêmir.

— Mais qu'est-ce… Écartez-vous !

Adhemar fit mine de se lancer à la rescousse de monsieur Falseflower avant que celui-ci ne daigne lui adresser un « voyons, ne craignez rien » sans même lui faire face, trop accaparé. Les ardeurs d'Adhemar furent immédiatement douchées. Entre le décor de désolation et le cruel manque de tension qui s'échappait d'un tel tableau, il y avait de quoi se perdre. Marina comprenait le désarroi du porteur de cercueil mais regrettait tout de même qu'il n'ait pas été au bout de son entreprise.

— Ce n’est rien, amorça-t-elle pour mettre fin à la confusion. Enfin, c’était déjà comme ça quand nous sommes arrivés.

— Celui-là, il commence vraiment à me les chauffer, lui répondit alors Adhemar en grondant.

Monsieur Bodlicott enfonça progressivement son menton dans son cou à mesure qu’Adhemar se rapprochait de Marina et que Taylor lui répondait en jacassant tout seul des « non, rien d’anormal, vous êtes l’unique cas à notre connaissance ». De tous les employés du cimetière, le porteur et la thanatopractrice étaient de loin ceux avec qui monsieur Bodlicott avait eu le plus d’échauffourées et il ne semblait décidément pas apprécier de les voir réunis.

— Et à lui, qu’est-ce qui lui prend ? continua le porteur en toisant Taylor qui papillonnait beaucoup trop près du mort.

Marina fronça le nez, bêtement rassurée de constater qu’elle n’était plus la seule à penser que les choses étaient mal gérées. Malgré la confiance que son supérieur mettait dans le mort et qui lui avait épargné les coups les plus terribles, Marina pressentait que la tendance allait bientôt s’inverser. Monsieur Bodlicott avait beau afficher l’air le plus détendu du monde, tout renversé qu’il était dans son fauteuil, une telle proximité alarmait ce qu’il restait de bon sens aux autres occupants de la pièce.

— On n'y voit rien ici, poursuivit Adhemar en désignant tour à tour la lampe de bureau qui agonisait en morse et les rais de lumière sous les voilages fermés.

— Vous avez raison, réalisa Marina en s’éloignant pour ouvrir les rideaux de la fenêtre la plus éloignée du cadavre en tenue d’Adam.

Branche sous l’aisselle, elle écarta les draperies en aveuglant tout le monde et consentit également à ouvrir la fenêtre en s’assurant que les jardiniers n’étaient pas à portée de vue. Le gros gabarit d’Adhemar à ses côtés la tranquillisait ; même si la partie n’était pas gagnée, il serait plus facile de la remporter à eux deux. La jeune femme inspira de longues bouffées d’air frais et se massa l’oreille, victime d’une migraine en sourdine qui reprenait. Il lui fallait garder les idées claires.

— Je vais bien finir par vous retrouver une carte, marmonnait Taylor, égaré dans son univers. Ne pas connaître Morpeth, vraiment !

Arc-bouté sur les papiers qui tapissaient le parquet, il finit par mettre la main sur un atlas tombé de sa bibliothèque et le déposa sur le bureau avec beaucoup de douceur. L’épais volume bailla un peu de sa couverture lorsque Taylor entreprit de le feuilleter. Manifestement intéressé, monsieur Bodlicott s’appuya sur l’ouvrage en jouant avec un coupe-papier de collection, l’une des rares pièces de valeur qui n’avait pas atterri au sol. L’extrême raideur de son visage et de son corps distordu comparé à son air détendu était très difficile à interpréter.

— Y a-t-il quelque chose que nous pouvons faire pour vous ? demanda monsieur Falseflower en hôte modèle.

— Taylor, reculez-vous…

— Tout va bien, coupa l’intéressé sans relever la tête.

Le mort faisait danser le coupe-papier entre ses mains, provoquant des éclats de lumière sur une lame décidément trop aiguisée. Marina s’accrocha à son rebord de fenêtre et sut, pendant qu’Adhemar s’assombrissait, que le porteur avait lui aussi intercepté des signes contradictoires dans l’attitude du mort. Malgré tout son corps penché vers le livre de monsieur Falseflower, le voilà qui relevait ses yeux embués droit sur la blouse pleine de crottes de boue de Marina. Un dernier pied de nez, une dernière sommation.

Le nom du conseiller funéraire leur échappa de concert, Marina de manière plus étranglée. L’arrivée du désastre les avait frappés au même instant mais les jambes de Marina furent moins rapides à s’activer ; son collègue et ses grandes foulées l’avaient déjà dépassée en chargeant vers le bureau.

Tout s’emmêla alors pendant qu’Adhemar tirait en arrière Taylor qui se débattait et que monsieur Bodlicott resserrait sa poigne sur le manche ouvragé du coupe-papier. Il ne perdit pas de temps, peut-être même que Taylor n’avait jamais fait partie de son plan, et balança sa dépouille par-dessus le bureau comme un vieux paquet. Entraînée dans son élan pour défendre Taylor, Marina heurta le macchabée avec violence, mais, plus que l’impact, ce fut un obstacle momentané, quelque chose qui l’empêchait de respirer, qui l’inquiéta réellement. Elle ne sentit la douleur à son cou, la terrifiante brûlure, que bien après, alors qu’Adhemar, de retour dans son champ de vision, percutait le mort pour le projeter contre un mur.

Allongée sur le dos, Marina commençait à s’agiter. Les choses furent très longtemps immobiles, horribles, attendues et solitaires. Puis l’apparition des visages affolés de Taylor et d’Adhemar la tétanisèrent, tout autant que le sang sur les doigts du porteur qu’il plaquait inlassablement sur sa gorge tandis qu’elle les repoussait. Il fallait qu’elle respire. Il allait l’étouffer ! Marina n’entendait rien et entendait tout. Elle voyait les lèvres bouger, elle entendait les mots et les cris, les reconnaissait, il lui semblait, mais ne pouvait ni les comprendre ni les relier. Ses propres mains glissaient sur sa gorge trempée. Elle ne pouvait pas déglutir. Il fallait qu’elle se redresse mais on la plaquait à terre à chaque essai.

Au milieu de ses mouvements précipités et maladroits, Marina mit finalement le doigt sur ce qui ressemblait à une ouverture – une ouverture dans sa chair – et la lucidité se fit enfin une place au milieu des messages auxquels elle n’entendait rien. Elle s’était imaginée triompher de monsieur Bodlicott ; elle avait cru possible que les choses se finissent enfin. Se finissent, certes. Mais elles ne se finiraient pas bien. Marina avait du mal à trier ses pensées, mal au cœur, mal tout court. Elle avait…

 

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Jowie
Posté le 05/11/2014
Hey hey !<br /><br />(Moooh, c'est gentil de penser à moi! oui je suis pas mal occupée depuis que j'ai commencé l'uni, je dois me battre pour trouver le temps d'écrire, mais je survis ^^. Je suis ton héroïne ? Quel compliment :D ! Non mais tu sais j'ai fait toute ma scolarité en français et j'ai toujours adoré lire, donc, de ce côté-là, j'ai eu de la chance ! Il m'arrive quand même de faire des fautes inexcusables huhu. Enfin voilà. )<br /><br />Ah, tiens, Marina n'est finalement pas devenue une zombie ^^  N'empêche, je ne sais pas comment elle fait pour se remettre au travail après s'être fait boxée. Avec la fatalité de la situation (Valentin qui n'est pas là, les jardiniers qui viennent au faux moment, Bodlicott qui passe de nocture à diurne..) J'aurais pété un plomb !<br />J'ai beaucoup rigolé quand Marina trouve Bodlicott dans le bureau de Taylor XD. (j'ai pouffé toute seule devant mon ordinateur. Ma famille doit me prendre pour une crétine, des fois héhé )<br /><br />Oh, intéressant, ça : Bodlicott veut communiquer ! Après tout, ce n'est pas un psychopathe (j'adopte ici le point de vue très optimiste de Taylor). On va sûrement apprendre plein de choses sur sa vie assée, sa famille, ou un dernier souhait qu'il voudrait accomplir ?<br />J'ai adoré la scène où Bodlicott rit en mode silencieux, j'ai trouvé que c'était super bien décrit. Tellement bien que j'ai eu peur que sa tête tombe, tu vois le niveau!)<br />OH MON DIEU IL L'A MEGA POIGNARDEE ! Ok, je retire tout ce que j'ai dit. Mais elle va mourir combien de fois, Marina ? O.O La pauvre ! Mais c'est un taré complet, qu'est-ce qu'il lui veut, à la fin, il ne s'attaque qu'à elle !<br />J'ai vraiment cru qu'il y aurait un petit truc genre : “le mort-vivant mal compris qui veut rectifier quelque chose dans le monde des vivants. “ Mais ça devient plutôt massacre à la tronçonneuse hahahah ! La fin m'a scotchée, je vais y repenser toute la journée !<br /><br />Quelques petits détails :<br /><br />“la lampe de bureau qui agonisait en morse “ → xD belle image !<br />il lassa sa phrase en suspens → laissa<br />le désarrois → désarroi<br />le voila → voilà<br />Elle s'était imaginée triompher de monsieur Bodlicott → c'est pas plutôt “triompher sur” ? <br /><br />Il était vraiment super, ce chapitre, bravo Beulette !<br />A tout tout tout bientôt<br />xoxo (allez, on la fait à l'English^^)
BeuldesBois
Posté le 05/11/2014
♥<br /><br />Haha, non Marina ne s'est pas fait zombifiée mais c'était pa loin, hein *wink*. C'est vrai que ça m'arrange bien qu'elle soit capable d'encaisser autant... Personnellement je ne sais pas si la curiosité aurait été assez forte pour que je reste et m'obstine à bosser dans cet endroit, déjà, à la base. Et pourtant je suis friante de ce genre de scénar u__u.<br />Oh bah alors x'D. C'est pas le genre d'histoire où j'aurais parié qu'elle fasse rire à haute voix ! (Je t'imagine bien, face à ta famille qui te demande de quoi parle cette fiction qui te fais rire et leur parler de cimetière et de mort-vivant... En fait, non, il vaut mieux garder le secret.) <br /><br />J'ai adoré tes changements d'avis au fur et à mesure de la review xD ("Il l'a méga poignardée" xD...). Tu notais tes impressions en même temps que tu lisais ? Tu m'as trop fait rire... Halala, c'était fabuleux ! Et tu relèves de bonnes choses, malgré tout ;)<br />Pour les questions je peux pas y répondre, hein, m'en veux pas. Je vais te faire attendre encore un peu ! <3<br />Haaa j'en ai encore le sourire aux lèvres xD. <br /><br />(Oh là là, encore merci pour les fautes tu es infailliiiible, quoi que tu en dises ! <br />Entrée à l'université cette année, la grande aventure ? J'espère que ça te plait :D ! Ha oui carrement, ta scolarité en français o_o. Un de tes parents (ou les deux... ?) parle français/est français ? (Je te pose beaucoup de question dis donc... Et tu as le droit de ne pas répondre ! On entre peut-être dans la vie trop privée là :').) Ca reste une langue hard core je trouve le fr, malgré le fait que je le parle depuis toujours. Alors respect !)<br /><br />Wah, merci tout beaucoup Jowie-jolie ♥ !<br />Bisoucâlinoubisoucâlinou (... hm. J'ai testé mais je ne recommencerai pas xD)<br />
aranck
Posté le 17/11/2014
PFIOU ! Mais quel chapitre encore !
Tu m'as tenue en haleine du début à la fin ! Mais enfin, c'est qui ce Bodlycott ??!! Et la pauvre Marina, encore un coup elle en prend plein la troche. j'espère que tu ne la fait pas mourir, hein ? Je l'aime trop avec son sens pratique et son côté tartagueule à la récré.
Et Taylor ! C'est tout un poème ce type ! Quel couple ils font tous les deux avec Marina.
Non, mais j'adore ton roman, Beulette. Tu réussis à me fiche la trouille et à me faire marrer en même temps et ça, c'est pas donné à tout le monde !
Sans compter des tas d'expresion sympa, la lampe qui agonise en morse, Taylor en premier de la classe, et puis toutes ces situations trop cocasses, c'ets vraiment du grand art !
La fin aussi, avec les ressentis de Marina, on s'y croirait. Ma aprole, tu as combien de vies et de morts (:)) derrière toi ?! 
Bravo, bravo, tout est parfait pour moi ! 
BeuldesBois
Posté le 17/11/2014
(J'ai pris un peu de temps avec les Plumes d'Or, pardon pardon ! T___T)<br /><br />Huhuu, merci Aranckounette ! ♥ <br />Tu sais maintenant que je n'ai pas pu me séparer de Marina, haha. C'était pas son heure, pas encore <3. (Et que ferait Taylor sans son bouclier... hein...) <br />Qui est Bod, qui est Bod... Je, je vais essayer de ne pas tarder pour y réponder. Dans, hm, allez, trois chapitres à peu près, on aura tout les indices, voire carrement avec les réponses. Si je ne me foire pas ou ne pars en récit qui s'étire pour rien. :'')<br /><br />Dire que quand j'ai commencé cette fic je ne voulais ni faire peur ni spécialement rire (... est-ce que je savais ce que je voulais, en fait >_> ?) et voir comment ça s'est tranformé et l'effet que ça a sur vous, c'est une drôle d'expérience ! Merci :')<br /><br />Oh ♥, cette lampe qui fait du morse aussi je l'ayme bien. Du pur hasard, je l'ai retrouvé au milieu d'horreurs manuscrites qui date de la période où je n'arrivais plus à écrire sur ordinateur. Dés fois je me fais l'effet d'une archéologue qui fait des fouilles et tombe sur des trucs oubliés x'D. <br /><br />Mooh, à t'écouter je suis un genre de veille âme ? (Une vieille âme qui a dû bien en chier...) Ca c'est vraiment un beau compliment.<br />Merci, mercii ;__; ♥<br />
Rachael
Posté le 22/10/2015
Nom denom ! il se réveille dans la journée maintenant ! Ah mais ça ne s’arrange pas du tout dans ce chapitre ! Cette confrontation du mort et des vivants, on sent que ça va mal finir, et qu’il noie le poisson, bodlicott ! Pauvre marina, j’espère que tu ne vas pas nous la trucider, Hein ? On a déjà cru la perdre au chapitre précédent. C’est de la torture de personnage, ça !
Le rythme est toujours prenant, plus encore dans ce chapitre d’ailleurs. On rit et on tremble en même temps, parce que forcément, ça ne peut pas bien finir et que Marina va encre se retrouver au milieu des combats ( c’est un peu sa croix, ce mort...)
Bon, mais tu sais que tu es redoutable ? Je ne vais pas pouvoir attendre pour aller voir la suite... (comment ont fait ceux qui n’avaient pas la suite ???)
Détails :
Avec la tempête, des décès s’étaient additionnés aux dégâts matériels et l’équipe en aurait un à charge : un mort/corps à charge tu veux dire ?
bien qu’elle obtenait gain de cause, elle se surprit à regretter l’imminent face à face : « bien qu’elle obtînt (subj passé) ou à la rigueur « bien qu’elle obtienne »
Marina se sentait à peine plus dégourdie qu’en présence de son superviseur mais l’isolement n’était pas désagréable. : je ne comprends pas trop ce que tu veux dire par dégourdie.
La douleur lui fit serrer les dents au point d’en souffrir : je vois ce que tu veux dire mais la phrase est étrange
des phosphènes verts et violets : tu risques de perdre les lecteurs avec ce mot pas très courant...
Sur le chemin revenant de l’office, s’enfonçant dans la terre et laissant de malheureuses et profondes traces de son passage, : je n’ai pas compris ce qui s’enfonce dans la terre et laisse des traces
Marina avait alors glissé la plaquette de comprimés dans la poche de sa blouse et avait rebroussé chemin sans s’attarder : pourquoi ce passage au plus que parfait ? Dans le déroulement de l’action un passé simple n’irait pas aussi bien ?
l’élégante lampe de bureau agonisait par terre en battant le rythme misérable de son cœur fictif : très joli !
une dernière somation : sommation
BeuldesBois
Posté le 22/10/2015
Ouiii, c'est la crise ! D: (Je craque mon slip trop d'happiness suite à tes commentaires.) Bodlicott a tellement gagné en éveil qu'ils n'auront plus de moment de tranquilité, c'est fini. Ils ont atteint un point de non retour ! (Je me sens prédicatrice de l'apocalyspe hors contexte, là.)<br /><br />Comment ça de la torture de personnage... Je... Je ne fais que rendre Marina plus forte ! (Comment ça personne n'y croit ?)<br />Un autre compliment qui me touche énormement c'est quand tu me dis que tu ne peux pas arrêter ta lecture c'est... pfff. Inespéré ce genre de retours. ♥<br /><br />Quelques précédents lecteurs ont été un peu déstabilisés par le fait que Bod à l'air assez gentillet et pas trop dangeureux dans les premiers chapitres, et qu'à partir du 4 il a l'air carrément méchant, et je vois que tu ne le cites pas et je t'avoue que ça me rassure ! Peut-être que ça ne te fais pas cet effet parce que, avec tous les chapitres disponibles et une lecture à la vitesse de l'éclair (encore merciii ♥), tu n'as pas eu trop le temps de te faire à cette première image de Bodlicott. Alors que plusieurs des précédents lecteurs ont eu parfois une à plusieurs années pour assimiler une image pas trop préoccupante du mort, et l'accepter comme telle. Ca doit effectivement faire bizarre si sans prévenir il devient capable de balancer des coups de pelle ! Et je me demandais ce que j'allais bien pouvoir faire de ça jusqu'à ce que je vois qu'en lecture continue, on ne me parle pas de cet aspect trop perturbant. C'est un super poids en moins sur mes épaules. (Sauf si maintenant que je le cite ça te fais réfléchir et que tu finis par me dire qu'en fait, si, ça t'as fait bizarre, lol.)<br /><br />Je file à ton dernier commentaire Rachounette, tu m'auras vraiment remonter le niveau de ma semaine ♥ Merci !
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