Temps Mort #1
Pas de bip-bip et pas de wip-wap. Aucun appareil n’est branché à elle, ce qui veut dire que ce n’est pas trop grave. Son état n’est pas à surveiller.
— La petite est une chanceuse.
— Avec tout ce sang j’ai bien cru qu’il avait entaillé plus qu’un peu de chair…
Autour, ce sont des voix qui remplacent les bruits électroniques absents. Elle reconnaît celle d’Adhemar, caverneuse. Celle de Taylor est sur le ton des confidences.
— Vous comptez vraiment le croire après ce qu’il a fait ?
— À situation désespérée, mesure désespérée. Je ne dis pas que le geste est pardonnable, mais il est logique.
— Vous êtes inconscient, ça n’avait rien à voir avec du désespoir.
— Il s’est expliqué.
— Ça n’enlève rien à l’agression.
— Non, c’est vrai.
Il y a une douleur dans son bras, reconnaissable. C’est le genre de gêne qui ne s’oublie pas vraiment. Marina a déjà affronté les perfusions suite à un accident de scooter avec un de ses cousins belges. Une côte trop ardue, une descente trop en pente, un fossé trop profond. Pour la vieille bécane et leurs maigres talents de pilote, cela avait été une association très défavorable.
— Vous partiriez dès qu’elle serait sur pied ?
— Le plus tôt sera le mieux si l’on en croit son récit.
— Et vous pensez vraiment qu’elle viendra ?
— Je crois, après pareil traitement, qu’elle voudra savoir. Tout comme je veux savoir. Adhemar, ne pensez-vous pas que c’est là une chance unique ? Une chance de découvrir pourquoi, et comment, le jeune monsieur Bodlicott nous est revenu ?
Marina a tant mal au crâne qu’elle aimerait que tout le monde se taise un peu, juste pour voir. Plus de bruit, plus de goût étrange dans la bouche et plus de douleur, plus rien.
— Si ce qu’il dit est vrai. Si nous sommes concernés, peut-être menacés…
— Pourquoi mentirait-il ? Comment ? C’est un… c’est un mort. Se réveille-t-on du grand sommeil pour une farce ?
Quand elle entrouvre les yeux, c’est blanc, peut-être un peu vert, et quand elle ouvre les narines, c’est aseptisé. Elle se renferme vite, essaye de ne pas prêter attention aux stimuli extérieurs. Tout ça est très désagréable.
— Si c’est ce que vous avez décidé, j’aiderai à gérer le cimetière… Mais pensez-vous qu’une histoire de congés maladie suffira ?
— À notre arrivée, j’ai fait enregistrer miss Truelydead comme victime d’un accident de voiture... Cela devrait suffire à expliquer ses blessures et son absence. C’est l’orage qui nous couvrira.
— Le temps que la ville vous trouve des remplaçants vous serez déjà rentrés. Si on nous affecte des remplaçants. Ça va mettre la pagaille.
— Et j’en suis vraiment navré. Croyez-moi lorsque je vous dis que cette idée me fait horreur.
— Mais vous partez.
— Effectivement, je pars.
— Et si un autre se relève ?
— Il m’a assuré que non. Pas ici. Encore moins si nous l’aidons.
Elle a extrêmement soif mais rien que respirer lui fait un mal de chien, alors elle attendra. Elle ne bouge pas. Elle se retient de tousser et, quand elle n’y parvient plus, essaye au moins d’atténuer les secousses mais cela lui vaut tout de même des sursauts atrocement douloureux. Les voix se taisent alors ; elle entend les hommes se lever. D’un œil, elle les repère de part et d’autre de son lit. Adhemar à sa gauche. Taylor à droite.
— Marina ? Marina, vous m’entendez ? s’anime Taylor.
Adhemar est penché sur elle et ce geste venant d’un homme habituellement sans émotion la met mal à l’aise. Elle ne devrait pas être ici. Elle se sent à l’étroit sous les draps bordés. Elle n’en peut plus de se sentir aussi lourde, aussi faible et aussi fatiguée. Une autre quinte de toux la prend, lui déchirant la gorge. Ah non, c’est vrai. Sa gorge est déjà ouverte et c’est monsieur Bodlicott qui s’en est chargé.
— Ça va aller. Tout va bien se passer, ne paniquez pas. Il n’y a rien de grave. Nous sommes là. Est-ce que vous avez mal ? Est-ce qu’il vous faut plus d’antidouleur ?
Elle veut échapper à tout ça ; juste un peu plus. Ne pas y penser. Elle n’aurait pas le corps aussi mou et les idées aussi lentes et embrouillées qu’elle serait peut-être déjà en larmes à cause des nerfs, elle qui n’est pourtant pas du genre à laisser les sentiments déborder.
Alors Marina se laisse partir et se rendort. Avec un peu de chance – peut-être que si elle l’espère assez fort – elle se réveillera pour se rendre compte que rien de tout ça n’est jamais arrivé.
Alors comme ça, Taylor est au courant du message délivré par Bodlycott, mais pas nous, lecteurs ?! Sadique !!
Bref, j'adore encore une fois la douce folie de Taylor et le bon sens, même fatigué, de Marina. Et puis encore une fois, toutes ces pointes d'humour que tu distilles ça et là, c'est vraiment génial ! Même le titre du chapitre est poilant !
Vivement là suite, et un immense merci à toi pour nous faire vivre autant de bons moments
Bon, maintenant, retour aux choses sérieuses ! ça m'a rassuré que Marina ait (re)survécu (elle a du punch, cette fille !) De son côté, Taylor n'est jamais prêt à s'adapter à la situation, on dirait, avec ses commentaires interprétatifs sur le comportement du mort. Ça le rend très drôle :)<br />J'adore tes expressions, notamment :“Une autre quinte de toux la prend, lui déchirant la gorge. Ah non, c’est vrai. Sa gorge est déjà ouverte et c’est monsieur Bodlicott qui s’en est chargé.” → j'ai eu un petit frisson en lisant ça, je dois avouer xD c'est très visuel (tousser avec la gorge tranchée ça doit faire tellement maaal. !)
C'est moi ou ce chapitre était super court ? *casse un meuble*Nan, mais plus sérieusement, c'était une belle manière de finir ta première partie, on est un peu dans les vapes, comme Marina, mais on perçoit des bribes d'informations ici et là qui promettent de nouvelles péripéties/menaces, comme le réveil de plusieurs morts par exemple ! J'ai d'autant plus envie de savoir pourquoi M.Bodlicott est revenu !!<br />Petit détail :<br />un de ses cousins Belges → belges<br /><br />Voilou Beuli ! (comme tu as pu le voir, mon commentaire n'est pas structuré du tout -_-)<br />PS : J'ai vu quelques uns de tes dessins sur ton blog, tu dessines abusément bien ! T'es une artiste <3
Alors oui, je vais me répéter et tout, mais c'que j'aime ton histoire *o* Et j'aime tout, en fait. Je pense que j'ai dépassé le stade de la critique et j'en suis à celui où je prends juste ce qu'on me donne avec un regard émerveillé. Donc voilà, je dis amen à tout ce que t'écris. Et j'en veux pluuuuus <3
J'ai trouvé ta fin de partie toute jolie, même si j'avoue, elle m'a fait des frayeurs. Déjà, j'ai cru que Taylor allait vraiment y passer. Et j'étais déjà en train de te maudire sur sept générations. Mais ça va, t'as été sage. Marina, par contre, s'en est pris plein la tronche... T'es un cruel petit triton <3
La scène de discute avec le zombie était surréaliste. C'était tout con, en fait, le pauvre ne cherchait qu'une plume et de l'encre :3 Mais eh, qu'est-ce qu'il a donc raconté pendant que Marina était dans les choux, hein ? Je veux savoiiir ! <3
Et le temps mort m'a fait tout bizarre. Parce que le POV a légérement glissé et qu'on se retrouve plus trop dans la caboche de Marina, mais en observateur complètement extérieur. Et du coup, la vision de Taylor qui s'est formée est complètement pas la même que celle que j'en avais. Ou plutôt qu'en avait Marina. Chais pas comment l'expliquer. Disons que tant que Marina était debout et prête à rendre les coups, Taylor était tout adorable à se cacher derrière elle à prendre des notes. Mais maintenant qu'elle est bien HS, il reprend du poil de la bête, c'est magnifique <3
Donc voilà, j'ai aimé-adoré. Je veux la suite. Sinon, je continue à poster des petits coeurs à la fin de chacun de mes paragraphes <3
<3
Tu as vraiment un talent fou. Je me sens tellement à mon aise dans tes histoires ! Les noms sont amusants (la sonorité "Bodlicott" me fait mourir de rire, va savoir pourquoi), tes personnages sont hyper attachants sans que je sache trop d'où ça vient, les dialogues sont savoureux... Et puis la description de leur vie au cimetière, même si elle est perturbée par tout ce bazar, c'est hyper intéressant aussi. (Tu t'es inspirée un peu de ta propre expérience ?) Marina, dans sa façon de vouloir faire son devoir, d'être ronchon mais combative et professionnelle, me rappelle un peu Ophélie et Thorn (oui, les deux à la fois xD).
Si j'avais voulu chipoter, j'aurais relevé deux-trois phrases un peu bancales, mais je sais qu'en général tu es plutôt consciente de leur existence, et en plus sachant que tu ne vas probablement pas retravailler ce texte avant de nous revenir du pays des kangourous, je suis passée outre - et ça ne m'a pas tant dérangée. j'ai trouvé que globalement, on sent quand même que tu apportes beaucoup de soin à l'écriture, et que les petites bizarreries qui traînent sont justement là parce que tu as essayé de faire les choses au mieux. Ton style est super agréable et original, je trouve, tu as vraiment une voix à toi. Ce que tu dis dans ta bio, comme quoi tu te sens plus conteuse que réelle écrivaillone... J'ai envie de te répondre que pour moi, tu as l'étoffe de l'une comme de l'autre ♥ Je suis très très fan de ce que tu fais, et si un jour tu as envie ou besoin d'une quelconque aide (BL, encouragements de fan en furie, ou que sais-je encore), je serais ravie de te l'apporter.
Des bisous Beulinette <3 je me sens bête d'avoir attendu que tu partes à l'autre bout du monde pour lire tout ça et commenter xD Mais il le FALLAIT. Valà. Bravo bravo bravo à toi.
Mais là tout va bien, tu nous offres une petite pause pour souffler, avec révélations fracassantes en attente (non contente de malmener tes personnages, tu malmènes aussi tes lecteurs !)
Bon, alors que dire sinon que j’aime beaucoup ton écriture, ton humour, les ambiances que tu installes, tes personnages décalés mais pas simplistes, ton mort pas assez mort... Ce que j’aime pas...bah rien en fait, sauf peut-être le temps que j’anticipe avant d’avoir la suite (y a un chapitre mais c’est touuuuut... et pis moi je veux pas quitter Marina et Taylor) -(((
Mais en même temps, tu as le droit de prendre ton temps si tu nous livres une prose de cette qualité, et un texte aussi pétillant et... mortel (attention, vanne pourrie !)
Bref, vas-y, avance cette histoire à ton rythme, et surtout ne lâche pas, sinon il y a quelques dizaines de plumes qui vont te lyncher elle a vraiment un très bel avenir cette histoire si tu la mènes à son terme.