Chant du coq

Par Bleiz
Notes de l’auteur : Bonne lecture ! Comme toujours, vos commentaires et théories sont les bienvenus.

27 Novembre :

Il m’a fallu un jour entier pour convaincre Tristan de me rejoindre chez moi. Tous ces efforts pour que ma grandiose idée soit accueillie par ça :

« La seule chose dont j’ai envie là, maintenant, c’est de t’exploser la tête comme une piñata. »

Je le crus. Ses yeux me fixaient avec une rage que seules ses bonnes manières parvenaient à contenir. J’avais décidé que cette réunion clandestine aurait lieu dans ma chambre, loin des oreilles indiscrètes de ma famille. Assis sur le tapis de ma chambre, rose en forme de fleur, nous faisions face. Je venais de lui révéler mon nouveau plan génial et voilà sa réaction ! Quoique j’aurais dû m’y attendre. Il prit une profonde inspiration et se frotta le visage avec lassitude, avant de me demander à peine plus posément :

« Quand... ? Comment ? Et surtout : pourquoi ?

-Sois plus clair. 

-Quand as-tu eu cette idée stupide ? Quand comptes-tu passer à l’action ? Comment vas-tu t’y prendre ? Enfin... » Il rouvrit ses yeux et s’exclama : « Pourquoi faut-il toujours que tu te fourres dans des plans pas possibles ?! Je te connais depuis quoi, une semaine ? Une semaine que je n’ai pas connu ni le repos, ni la paix !

-D’abord, je ne te permets pas, c’est un plan génial », rétorquai-je en remontant mes lunettes sur le haut de mon nez. « Tout va bien se passer ! J’ai juste besoin de ton aide.

-Pythie... » commença-t-il avant de se reprendre : « non, Ingrid. C’est une terrible idée ! » s’exclama-t-il en se prenant la tête entre ses mains.

-Aaah, oui, je vois. Tu trouves que ça déchire ?

-Non, je trouve que c’est nul ! » Il s’interrompit un instant, l’air toujours troublé. « Comment est-ce que tu peux croire une seconde que ça va fonctionner ? Et ton agent, Charlotte ? Elle en pense quoi ? »

Je détournais brièvement le regard en répondant :

« Disons qu’elle n’a pas ton don. J’ai besoin de ta plume. Il faut que tu me rédiges une prophétie digne de ce nom, le genre de texte que tu penserais vrai. »

Il resta un instant silencieux, m’observant avec attention. Tout à coup, il écarquilla les yeux et s’exclama :

« Elle n’est pas au courant ! C’est ça ? Tu ne lui as rien dit de ton soi-disant plan génial… » Il esquissa un sourire, les yeux toujours fixés sur moi. « Et je serais prêt à parier qu’elle ne sait pas non plus que ton pouvoir de divination n’est pas réel. 

-Peut-être, » lâchais-je du bout des lèvres.

Satané Tristan ! Pourquoi fallait-il qu’il soit aussi perspicace ? Je commençais à croire qu’il faisait plus que lire dans mon langage corporel et ma façon de parler. On aurait dit qu’il voyait à travers ma tête, et y récupérait mes secrets. Finalement, il y avait peut-être bien un magicien dans cette pièce. Tristan, indifférent à mon apparente froideur, soupira :

« Oh, Ingrid. Tu glisses sur une pente dangereuse. Cela dit, c’est plutôt une bonne chose. Tu n’as pas encore corrompu tous ceux autour de toi. »

Je gardais le silence. Réagir à de telles provocations ne me mènerait à rien de bon. Il m’observa à nouveau, mais n’ajouta rien. 
Le silence s’installa entre nous, comme un voile de fumée cachant nos intentions respectives. C’était la première fois que je me retrouvais face à un rival pareil. Nous avions les mêmes cartes en main, les mêmes informations. Seulement, j’avais un avantage sur lui : mon manque de scrupules. Si son rôle de chevalier blanc l’empêchait de me dénoncer directement, alors, pour sûr, il ne me tendrait pas de piège pour que je révèle mon secret. À bien y réfléchir, je ne pensais qu’il utiliserait l’enregistrement qu’il avait de notre conversation au cimetière. Pas assez noble, comme tactique. J’enrageais en repensant à la facilité avec laquelle je m’étais faite avoir, mais me contint. Cette rage me serait utile tant que je la garderais sous contrôle… Pour pouvoir convaincre Tristan de me rejoindre, j’allais devoir la jouer fine. Je décidais donc d’attaquer sans plus attendre.

« Tu sais quoi ? Peut-être que tu as raison. Je devrais peut-être révéler la vérité à Marchand et aux médias. »

Je laissais ma phrase en suspens, juste assez pour voir le visage de mon rival s’éclaircir par la surprise et la joie. Cependant, juste avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, je secouais la tête d’un air faussement inquiet :

« C’est juste que…

-Que quoi ? » me pressa-t-il. « Tu as peur des conséquences ? Qu’on te traite de menteuse ? »

Ah, le rat ! Si ce n’était pas une pique déguisée, ça ! Je tins ma langue et baissais le menton, évitant son regard :

« Un petit peu, oui… Mais pas que. Tristan, tu ne penses pas que mon idée de quête pourrait être bonne ?

-Comment ça… » dit-il en se reculant un peu.

Il devenait méfiant. Je ne devais pas aller trop vite, si je voulais le convaincre. Je m’empressais de m’expliquer :

« Je ne vois pas l’avenir, c’est vrai. Toutefois, je suis réellement capable de le prédire. Entourée par les bonnes personnes, je pourrais aider les gens, empêcher des catastrophes. Imagine, » insistais-je en le regardant droit dans les yeux. « Imagine tout le bien que je pourrais accomplir. 

-Tu racontes n’importe quoi, » me répondit-il en clignant des yeux, un peu trop vite. « Tu te moques d’aider les gens. Toi, tu es juste intéressée par la célébrité et l’argent…

-C’est pas faux, » lâchais-je en relaxant ma posture. « Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vraiment essayé de faire la charité. Mais, à force de m’en parler, Tristan, tu m’as un peu convaincue. »

Il fronçait les sourcils. Je voyais bien qu’il se méfiait, mais dans son regard, je voyais surtout qu’il avait envie d’y croire. Quoi, Tristan le chevalier blanc qui convainc Pythie la sorcière à revenir sur le bon chemin ? Évidemment qu’il voulait que ça tourne comme ça. Vous voyez, lecteurs, je ne suis pas aussi fine psychologue que lui. Mais s’il y a un type de personne que je connais, c’est les génies. Nous avons l’égo trop facilement flatté. Si je continuais de jouer sur cette corde, il allait craquer. Je continuais donc :

« Je t’assure ! J’ai pas mal réfléchi à notre conversation, depuis la dernière fois. Je n’ai pas été très honnête… et ça me pèse, un peu. Tu vois, » et je me penchais un peu vers lui sur ces mots, « je ne vais pas renoncer à ma quête. » Il ouvrit la bouche pour protester, mais je le coupais encore une fois : « Je suis comme ça. Une fois que j’ai une idée en tête, je ne peux plus la chasser. Quoi, tu ne t’attendais tout de même pas à ce que ma personnalité change en un claquement de doigt ! Non, non, je vais définitivement mener mon nouveau plan à bien. Par contre, la direction que cette quête va prendre n’est pas encore définie, et j’aimerais vraiment pouvoir venir en aide aux gens. Seulement, je ne sais pas comment m’y prendre. En revanche, avec quelqu’un pour me guider…

-Je pourrais t’aider à rester sur les rails, » compléta Tristan, l’air absorbé.

Et voilà. Il était tombé directement dans mon piège. Comme quoi, l’honnêteté, ça rend pas la vie facile ! Il ne me restait plus qu’à lui donner le coup de grâce.

« Si je disais la vérité maintenant, personne ne me croirait plus jamais. Peu importe que les gens soient au courant de ma bosse des maths, ils ne me feraient plus confiance. La quête ne verrait jamais le jour.

-Dans ce cas, » m’interrompit le jeune garçon en se frottant le menton, « pourquoi ne pas tout révéler à la fin ? Comme ça, la vérité sera rétablie et tu auras accompli de grandes choses-

-Nous aurons accompli de grandes choses, tu veux dire, » glissais-je. Je lui souris enfin :  « deux amis, sauvant le monde, accompagnés par une bande de héros sans peur et sans reproche. Ça sonne bien, non ?

-Plutôt, oui, » dit-il avec un petit sourire.

L’autre point faible des génies, c’est qu’ils sont souvent seuls. Nous avons souvent de fortes personnalités, ou juste un peu bizarre aux yeux du citoyen moyen. Tristan ne devait pas avoir beaucoup plus d’amis que moi, avec ses tendances moralisatrices et sa grandiloquence. Lui offrir mon amitié, c’était une lame à double tranchant, certes. Il y avait de grandes chances que ça me retombe sur le coin du nez à un moment ou à un autre. Mais vous me connaissez, lecteurs : j’aime les défis, surtout quand ils sont perdus d’avance.

J’avais donc à présent un nouvel allié de poids ! Je jubilais intérieurement quand il se mit à marmonner :

« Au moins, à présent, cette Quête n’est plus l’horrible plan démoniaque qu’il était au début. Tu vas accomplir de bonnes choses ! » dit-il. « C’est un marché égal… et comme je ne reviens jamais sur mes promesses, je n’ai plus qu’à te filer un coup de pouce. 

-Ouais » dis-je en tentant de dissimuler un sourire démoniaque. Je m’éclaircis la gorge. « Merci. »

Ah, le fou ! Il s’était fait avoir comme un bleu. Il pianotait sur son téléphone, sans doute des idées pour la prophétie que je lui avais demandée, quand il releva la tête :

« À part la partie… humanitaire, de ta quête. Qu’est-ce qui t’a poussé à imaginer un truc pareil ?

-C’est très simple, » répondis-je en m’adossant contre le rebord de mon lit. « D’abord, je suis débordée. Au bord du burnout. Marchand me fait enchaîner les contrats. Au début, c’était amusant de tester ma formule sous toutes les coutures, mais maintenant que je connais ses limites, ça n’a plus grand intérêt. En plus, qu’est-ce que c’est barbant ! Travailler pour tous ces imbéciles qui pensent se servir de moi alors que je les fais danser au creux de ma paume... c’est devenu frustrant. J’imagine que tu sais ce que ça fait, d’être pris de haut par des adultes sous prétexte que nous sommes jeunes ? » Il hocha rapidement du chef. « Bref, j’avais besoin d’une distraction.

- Donc toi, pour te détendre, tu prépares des plans machiavéliques de domination du monde ? » lança-t-il.

« Chacun ses hobbys. Tu pleures des larmes d’encre sur du parchemin à la lueur d’un chandelier et moi, je fais des maths. Et tu ne m’entends pas critiquer.

-Je ne... pas grave. Continue.

-Il y a une autre raison. Disons que depuis que je vends mon don de voyance... » Il eut un ricanement. « Oui, mon don de voyance ! Mon public se sent moins proche de moi. Cette prophétie va ainsi être l’occasion de nous rapprocher.

-Nous ? C’est-à-dire toi et le reste du monde ?

-Oui, mes fans et moi, quoi ! »

Je crois qu’il a une fois de plus levé les yeux au ciel, mais je n’y prêtai pas attention. Déjà, cela semblait devenir chez lui plus un réflexe qu’un véritable signe d’agacement. Je l’observais à mon tour quelques instants : mon petit discours semblait avoir été efficace. J’avais bien fait d’omettre ma dernière motivation. Dire à Tristan que je souhaitais venger ma fierté blessée dans le seul but de prouver à ceux à qui je tenais et qui me le rendaient mal l’aurait sûrement refroidi.

J’entrepris sans plus attendre de lui expliquer mon plan ; permettez-moi de vous le résumer. 
Comme vous l’aurez compris, l’idée m’est venue en voyant le jeu vidéo de François. J’allais recruter des héros selon des critères très particuliers, tous différents de façon à ce que chacun d’entre eux ait des capacités qui les rendent indispensables aux autres. Quand je leur aurai mis la main dessus, je les enverrai en quête. Il y aura un objectif grandiose et mystique qui brillera au-dessus de leurs fronts tout le long de leur aventure, ainsi que multiples petites tâches qu’ils devront accomplir pour se forger le caractère, construire leur réputation ou me rapporter des souvenirs, me dénicher des informations intéressantes... qui sait ! Mon plan n’est pas encore très au point. Tristan s’est enthousiasmé quand je lui ai parlé de la Quête Finale.

« Réunir des gens talentueux pour accomplir une mission pour le bien commun. Ça pourrait être une bonne idée, si on écarte la manipulation... Et comment tu comptes les faire sauver le monde ? Arrêter le réchauffement climatique ? Trouver un moyen de faire cesser les guerres ? Mettre fin à la faim dans le monde ? 

-Je pensais plutôt créer ou prédire une énorme catastrophe qu’ils pourraient empêcher ensuite. Ta proposition est sympa, cela dit ! »

Que voulez-vous, on ne pense juste pas pareil, lui et moi. Il a froncé les sourcils un moment et j’ai eu peur qu’il ne prépare un mauvais coup mais je crois qu’il n’en a même plus la force. Il s’est contenté de se pencher une nouvelle fois sur son téléphone.

« Je note quelques idées maintenant et je travaillerai le texte plus tard, dit-il.

-Parfait ! Au passage, si tu pouvais écrire en prose... »

Il me jeta un regard noir. Je levais les mains en l’air :

« J’ai dû mal à articuler les alexandrins ! Rien à voir avec ce que je pense de ta poésie !

-C’est cela, oui... »

Il partit une demi-heure plus tard, après que je dus me battre pour me faire pardonner l’offense que j’avais faite à son art. Je crois pourtant que, malgré tout, il s’est amusé. Je crois bien que je me suis amusée également. Étrange. M’enfin, passons. Ce n’est pas comme si c’était la chose la plus étrange qu’il m’était jamais arrivé. D’autant plus que moi aussi, j’ai du travail qui m’attend ! Tristan va écrire ma prophétie, la rendre jolie, propre et douce aux oreilles de la prospérité ; je vais devoir trouver les participants. Je sens déjà que ça va pas être de la tarte. 
Déjà, j’ai un nombre défini de membres du groupe : j’en veux cinq. Hélas, les héros sont difficiles à trouver dans le commerce. Il va donc falloir que j’aille chasser du combattant. Comme je vous ai expliqué, je vais utiliser les catégories utilisées dans le jeu de mon frère. Pas officiellement, bien sûr ! Mais ce sera plus simple pour moi de répartir les rôles et d’avoir une équipe au potentiel équilibré. Nous aurons donc un Mage, un Assassin, un Barde, un Voleur et enfin un Chevalier. Rapidement, j’imagine leur stéréotype. 

Tout d’abord, prenons le Chevalier. Garçon ou fille, peu importe, mais le Chevalier devra être beau, avec une âme de leader, ayant soif de justice ! Un peu comme Tristan donc, mais avec un physique avantageux et attirant une sympathie immédiate et générale. Je préfèrerais que le chef de groupe soit sportif, comme certaines des épreuves que je leur prépare risquent de... les secouer un petit peu. 
Passons au Mage ! Une fois encore, je vais taper dans le cliché, mais qui s’en soucie ? Pas moi. Je verrais bien quelqu’un de plus âgé, qui servirait de mentor aux autres. Le Mage doit inspirer le respect et respirer la sagesse. Des capacités extraordinaires (moins que les miennes, toutefois) seraient un plus. Je me passerai du traditionnel chapeau pointu et de la barbe blanche. 
Le Barde ! Alors là, c’est un tableau que j’ai devant les yeux. Une personnalité calme, douce, qui rassérène les autres membres de l’équipe. Un musicien, peut-être ? Je me sens mal de discriminer les gens laids, mais franchement, mon Barde devra être charmant. Je ne demande ni force physique ni capacité intellectuelle, alors le physique doit être au rendez-vous ! Son rôle sera de donner au monde une image positive, charmer les foules et maintenir une bonne ambiance dans l’équipe. Me tenir au courant de l’évolution de la quête à travers des rapports, aussi ? Mmm, je note cette idée.
Pour le Voleur, ça se corse. Je ne compte pas (encore) incruster une des missions dans de l’illégal. Cependant, je me connais. Avec moi, les choses ont tendance à déraper. Je vais alors avoir besoin de quelqu’un d’habile de ses doigts, de roublard, qui s’habille en noir et qui inspire la méfiance... Ouh ! Qui s’y connaît en informatique ! Dans les films d’espionnage, on retrouve toujours ce personnage caché dans sa cave, les doigts pianotant à toute allure un clavier d’ordinateur, des colonnes de chiffres verts et lumineux défiler dans le reflet de ses lunettes. Oui, ça me paraît pas mal.
Quant à l’Assassin... je ne suis pas sûre. Je ne veux tuer personne ! Non, non, définitivement. Le titre d’Assassin ne me servira qu’à donner une impression, une « vibe » au public. Donc une personne attirante OU avec des traits intrigants. Un punk ou un émo ? Des chaînes et des clous comme Charlotte, un regard amical qui vous donne l’impression d’être la cible d’un tueur à gages... Qu’est-ce que je vais pouvoir lui donner comme boulot ? Je sais ! Le pendant obscur du Chevalier. Quelqu’un de robuste et d’agile, mais qui ne parle pas trop. Une rivalité qui exciterait l’attention des foules ? Plus j’y pense, plus je me dis qu’un contact plus ou moins proche avec le monde de l’ombre rajouterait du cachet au personnage.

Bien ! À présent que j’ai une vision plus précise de mes héros, il ne me reste plus qu’à les trouver. Je crains de vraiment devoir faire confiance au destin, cette-fois...

Non, je plaisante ! Ma formule va encore me sauver la mise ! Je vais organiser un quadrillage dans Paris et ses environs selon différents critères de sélection et on verra ce que ça donne. Comment ? Que dites-vous, lecteurs ? « Les provinciaux ? » Non, mais vous m’avez prise pour qui ? Je ne prendrai pas d’éleveurs de brebis dans mon équipe, ça non !

Deuxième étape obligatoire : mettre Charlotte dans le coup. Enfin... dans la mesure du possible. À ce stade, vous comprenez bien que je ne peux pas lui dire la vérité sur mon don de voyance ! Elle me tuerait. Toutefois, un plan de cette envergure nécessite plus de moyens que j’en ai seule. Je composais donc le numéro de mon agent et attendis qu’elle réponde :

« Allô ?

-C’est moi. Écoute, j’ai quelque chose à t’avouer...

-Non, moi d’abord ! » J’entendis un souffle hésitant dans le combiné avant qu’elle ne se lance. « Je suis désolée pour la dernière fois. Je sais que t’es à fond dans le boulot, même si normalement t’es flemmarde...

-Drôle de façon de s’excuser.

-Ce que je veux dire, c’est que c’est facile pour personne. Et que j’ai pas été cool la dernière fois qu’on s’est parlé. Voilà. »

Elle m’avait prise au dépourvu. Sans le vouloir, je sentis un peu de ma colère s’effacer dans des filaments de fumée. Elle avait pris son temps, pour s’en rendre compte, mais elle s’était quand même excusée. Ça n’allait pas m’empêcher de mettre mon plan à exécution, cependant. Non, la quête était une bonne idée, qui allait m’amuser et émerveiller les foules. Je n’avais qu’à dissimuler certains détails à Charlotte et nous pourrions-

« T’es toujours là ?

-Ah ! Oui, pardon. Oui bien sûr, ne t’en fais pas. À vrai dire, j’avais quelque chose à te dire aussi.

-Ah ouais... ?

-Oui. Ce que disent les journaux est vrai. Bon, ils ont extrapolé et la raison pour ma grimace sur la photo est totalement différente de ce qu’ils ont dit, mais ils ont deviné la vérité. Il y a une grosse prophétie en route.

-Tu te fous de moi ? Pourquoi tu me l’as pas dit plus tôt ?!

-Je te le dis maintenant, c’est le plus important, non ? Bref. Le fait est que... je sens qu’une chose terrible va arriver. Enfin, terrible : grandiose, plutôt. Ça va être incroyable ! »

Un bruit sourd, suivi de nombreux jurons, me confirma l’effet de ma nouvelle. Je profitais de son émoi pour relire mes notes sur mes héros : j’ignorais encore comment convaincre le reste du monde qu’une prophétie de cette envergure était réalisable. Là encore, Charlotte me serait utile, si elle parvenait un jour à se remettre de l’annonce !

« Ça va, Marchand ?

-Bien sûr que je vais bien ! C’est un peu dur à avaler, c’est tout... Mais si tu me dis tout ça, c’est que tu dois avoir un plan en tête ?

-Disons que tu as mon feu vert pour distiller de ça et là des informations sur la rumeur qui court... 

-Fais-moi confiance. Les journaux vont pas en revenir, quand je vais leur confirmer ça. Faut dire que c’est tellement rare qu’ils aient raison, eux-mêmes vont pas en revenir ! Tu me tiens au courant de tes... enfin de... ta prophétie, là ?

-Bien sûr, Marchand. À plus tard. »

Tout est en place. Il ne me reste plus qu’à attendre le texte de Tristan, que Charlotte fasse sa part.… et que moi, je cherche une mise en scène capable de surpasser celle du Loto. Quelque chose qui claque. Surtout, quelque chose de convaincant.
 

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Edouard PArle
Posté le 04/03/2022
Coucou !
Le jeu de rôle est exploité à fond, c'est une super idée. Je suis sûr qu'Ingrid va réussir à se dégoter 5 abrutis qu'elle va avoir du mal à supporter ^^
Tristan tombe le panneau, pour le coup c'est assez logique et conforme au personnage. Après peut-être qu'il va prendre des précautions par la suite, il ne faut pas l'enterrer trop vite.
Le nom de "Quête finale" claque bien, ça promet !
Mes remarques :
"Je décidais donc d’attaquer" -> décidai ? (je ne sais pas, ça dépend du sens que tu veux donner)
"Je tins ma langue et baissais le" -> baissai
Un plaisir,
A bientôt !
Bleiz
Posté le 03/04/2022
Coucou,

Navrée pour ma réponse tardive, je n'ai pas pu me connecter sur PA pendant quelques semaines à cause de mes études :) Merci pour ton commentaire et tes remarques, je vais corriger ça.

À bientôt !
Edouard PArle
Posté le 03/04/2022
Bon courage pour les études, hâte de lire la suite (=
Benebooks
Posté le 24/02/2022
Hé ben... Ingrid a vraiment pris le côté jeu de rôle au pied de la lettre ! Je me demande qui elle va choisir. Vu le ton humoristique du récit, j'imagine déjà une belle bande de bras cassés incontrôlables qui vont faire foirer son truc XD
Je me pose plein de questions sur la mise en scène. Aux yeux des médias (et du monde) il faudra rester sérieux et crédible ! ^^
J'ai hâte de voir ce que ça donne, c'est vraiment une tournure inattendue
A bientôt
Bleiz
Posté le 25/02/2022
Bonjour !
La préparation de sa Quête commence dans les chapitres suivants, je te laisse la surprise sur la tournure des évènements. Je suis contente que ce "plot twist" te surprenne !
À bientôt :)
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