Chap 2

Melinda ouvrit les yeux alors que l'obscurité l'englobait encore. Elle chercha à tâtons un bouton d'une lampe, son téléphone, mais rien ne se profila sous sa main. Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour réaliser qu'elle n'était pas dans un environnement connu. Doucement, la journée passée lui revint en tête. Elle se mit sur le dos et prit une profonde inspiration. Très vite, la chambre apparut à son regard, dans de teintes rougeâtres. Il ne s'agissait pas d'une vision nocturne parfaite, mais elle facilitait les chose. Bien que dans son état, recourir à ses pouvoirs n'était pas raisonnable.
Melinda aurait préféré se rendormir et attendre le lever du jour, mais elle avait atrocement soif. Il fallait qu'elle assouvisse ce besoin sans attendre. Au prix d'un effort surhumain, elle s'extirpa de son lit et se mit à parcourir la maison. Ouvrant les portes sans vraiment savoir où elle allait, elle finit par se retrouver face à son colocataire qui dormait profondément. Il était sur un matelas à même le sol, dans une pièce encore en travaux. Elle s'étonna de la scruter un peu... il était plutôt normal, cheveux court, visage avec une barbe naissante et avait un peu de ventre. Bien loin de tous les standards de beauté de la société actuelle. Pour rajouter à tout ça, il était visiblement pauvre. Une personne aisée n'aurait jamais entreprit elle-même des rénovations d'une telle ampleur, sans connaissances sur le sujet et seule qui plus est.
Melinda sourit et sentit ses canines prendre un peu plus d'ampleur. Cette partie là de son espèce n'était pas une légende, il n'y a pas si longtemps, les vampires buvaient le sang des humains à la source. En revanche, le fait de les tuer était une affabulation, un vampire assoiffé pouvait boire jusqu'à un litre, mais en s'alimentant une à deux fois par an, une simple gorgée suffisait. Melinda chassa cette idée de sa tête, si il lui était arrivé de pratiquer avec de humains dont elle était intime, elle trouvait cette pratique bien trop personnelle pour mordre le premier venu. Elle réprima cette envie et sa dentition revint à la normale. Retenant un soupir, elle fit un pas en arrière et buta contre une boite à outils. Elle retint un râle de douleur, mais perdit l'équilibre et tentant de se rattraper effleura une pile de bois qui s'effondra causant une cacophonie.

*

Bastien se réveilla brusquement, en panique. Un brouhaha intense venait de l'extirper d'un sommeil réparateur dont il avait cruellement besoin. Il se redressa et alluma la lumière de sa chambre et s'habitua assez vite à la luminosité. Devant la porte de sa chambre, sa colocataire était étendue au sol, une partie du stock de bois en partie du elle. Il se leva précipitamment et accourut vers elle. Melinda n'avait pas pu retenir un cri en tomba, cependant sa constitution hors norme l'avait épargné de toute blessure véritable. Malheureusement pour elle, son colocataire réagit bien plus vite qu'elle ne l'aurait cru et il blêmit en arrivant devant elle. En levant sa main pour lui indiquer que tout allait bien, elle constata la présence d'un large clou qui lui transperçait la paume. Elle jura intérieurement, voilà qui allait compliquer les choses. Elle leva les yeux vers lui tandis qu'il s'était mit à débiter mots après mots, pleins de recommandations en attendant d'arriver aux urgences. D'une voix calme, elle prit la parole:
« Bastien, tout va bien.
- Euh... je peux difficilement être d'accord avec toi Melinda. Une perforation complète de la main... je suis pas médecin, mais même moi je peux te dire qu'il vaut mieux aller à l'hôpital pour te faire soigner correctement. »
Sans lui laisser le temps de répondre, Bastien attrapa ses chaussures et quitta la pièce à grande enjambée. Melinda soupira et jura, ce qui au vu de la situation était plus que cohérent. Évidement, le sens n'était pas le même pour elle... Elle n'avait qu'à se concentrer quelques secondes et sa main expulserait le clou, laissant une légère cicatrice qui s'effacerait au cours des prochaines semaines, évidemment là, il n'en était pas question. Elle s'apprêta à se lever, mais Bastien revint alors.
« Ne te lève pas, si jamais tu fais un malaise et que tu t'effondre ça risque d'empirer ta blessure. »
Crispant le visage, il la prit dans ses bras telle une princesse et Melinda sous l'effet de la surprise s'accrocha simplement à son colocataire. Quelques minutes plus tard, dans sa voiture, ils filaient en direction des urgences. Bien que la situation n'était pas idéale, Melinda ne pouvait s'empêcher de sourire devant l'attitude protectrice qu'il avait eut. Sans compter que se faire porter jusqu'au véhicule, avait été aussi... héroïque que ridicule, Bastien était loin d'avoir la condition physique pour effectuer une telle chose avec aisance... Retenant un rire, Melinda sourit à son colocataire qui lançait sur elle des regards inquiets.

 

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