Chap 9 : Expériences malheureuses

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture du 17 au 20 Fev 2022
Le 07/09/23 : mise en ligne de la version corrigée

À l’écart dans son écrin de bois, la maison de Cyriaque traversait le temps à son rythme propre. Le soleil se levait et se couchait sans que rien n’y change, mis à part ses locataires. En débutant son apprentissage, Lev avait dû se plier à de nombreuses règles, pas toujours très claires, mais souvent liées aux humeurs décapantes du vieux mage grincheux. Une grande partie d’entre elles se justifiaient de par sa faible tolérance à la contrariété. Mettre Cyriaque en rogne pour des bêtises pouvait coûter cher à ses apprentis. La plus contraignante de ces règles était, de loin, l’interdiction de sortir du bois en l’absence de son maître.

Il n’y avait pas de barreaux à sa cage ouverte, juste la promesse que Taupin lui rongerait les rotules s’il désobéissait. Moïra et Cyriaque s’absentaient régulièrement pour remplir des contrats ou faire des courses à Grand Val, tandis que le garçon restait à la maison pour s’exercer. Lev se rendait souvent à la lisière du bois pour fixer la route qui menait à la ville. Il avait perdu le compte des jours, mais pas l’envie de revoir Luzerne. Elle aussi devait trimer pour le forgeron qui l’employait. Il l’imaginait battant le fer à tour de bras, souriante, heureuse. Trop occupée pour se souvenir du boulet qu’elle avait traîné de Lampaden jusqu’à Grand Val. La saison des petites fleurs violettes était passée, et elles lui manquaient.

Si au moins il pouvait lui écrire, mais non. Son maître s’était montré clair : il resterait là, sans contact avec l’extérieur, tant qu’il ne serait pas prêt. Prêt à quoi ? Ça, il ne l’avait pas précisé. Lev souffrait de solitude. Un vide en lui qu’il noyait dans l'entraînement. Au cours des semaines ou des mois écoulés, le garçon s’était pris en main. Avant chaque absence, Cyriaque détaillait un exercice, et définissait un résultat à atteindre avant son retour. Lev aurait préféré qu’il soit à ses côtés, qu’il le guide d’une manière plus directive.

— Je te dis que c’est possible, répétait-il à chaque fois. À toi de trouver comment.

Les exemples étaient rares. Cyriaque se refusant à toute manipulation autre que celle d’Ételrune, il déléguait la tâche à Moïra. Toujours contrariée par la présence d’un second apprenti encombrant, elle précipitait les démonstrations, l’induisant parfois volontairement en erreur. Loin de la contrer dans cet élan, le renard acariâtre n’hésitait pas à enfoncer le clou.

— Elle a compris ça toute seule. Sans exemple ! martelait-il. Comment feras-tu le jour où il faudra improviser hors du chemin tracé ? Tu as l'intention d’attendre qu’elle te sauve ? Ne te repose pas sur elle ! Je peux t’apprendre à apprivoiser ton pouvoir, mais c’est à toi de t’en approprier l’utilité.

L’esprit rempli des réprimandes de son maître, Lev s’allongea sous un pommier sauvage sur lequel poussait des fruits chétifs. Bras tendus vers eux, le garçon se concentra sur le seul véritable cours que dispensait Cyriaque. Son aura. Son âme. Son pouvoir. Peu importe comment certains la nommaient, elle était à la base de tout. À force de méditation et de concentration, l’ancien Arcane Royal avait appris à Lev comment matérialiser cette énergie, et l’étendre autour de lui.

Au début, ce n’était qu’un peu de lumière orangée qui scintillait à la surface de la peau de l’apprenti. Assez, cependant, pour devenir la source de longs échanges théoriques entre le vieil homme et la blonde. Selon eux, la couleur naturelle de l’aura en révélait beaucoup sur son possesseur. D’après Cyriaque, l’éclat de celle de Lev était de bon augure. Moïra, elle, l’estimait peu engageante et signe de nombreux échecs à venir. Personne ne jugea utile d’instruire Lev sur les subtilités de ces analyses. On attendait de lui qu’il soit capable d’en émettre plus, et surtout qu’il parvienne à la canaliser.

Du bout de ses bras tendus, Lev projeta une part de cette énigmatique aura orange vers la pomme la plus proche. Cela pouvait paraître peu, mais cet exercice lui résistait depuis trois semaines. Au cours du premier mois dans le bois, sa perception des énergies s’était améliorée. Il distinguait parfaitement le lien qu’il étirait en direction de sa cible. Deux, peut-être trois mètres au-dessus de lui, il atteignit la pomme. C’était là le plus simple. Lev usait de toute sa volonté pour infléchir la trajectoire du faisceau lumineux, mais celui-ci obéissait difficilement. Au prix d’une migraine affreuse, le garçon réussit à faire le tour du fruit.

Inspiré par le souvenir du fouet vert de Teemu, il voulut arracher la pomme de la branche. Malheureusement, son aura glissa sur le fruit, incapable de s’y agripper. À croire que ce pouvoir n’interagissait pas directement avec la matière. Lev mobilisa davantage de ressources, s’infligeant une douleur mentale à laquelle il se devait de résister. Il échoua malgré tout. Épuisé par l’effort, il transpirait et pleurait à moitié, allongé dans le mélange d’herbe et de feuilles qui couvrait le sol. Il manquait quelque chose.

L’effet pas le moyen. La magie pas le médium. Son aura pas… les runes ! Cyriaque avait évoqué une connexion via les gravures présentes sur les outils, mais Lev n’y avait pas accordé de valeur. Il ne devait pas réfléchir selon le modèle du fouet, mais sur la base d’un ancrage spirituel avec sa cible. Enthousiasmé par sa prise de conscience, le garçon se releva d’un bond, et se précipita dans la remise. Taupin le regarda passer en courant et poussa une série de bruits de gorge en guise de protestation. La créature venait de ratisser l’allée en terre battue dans laquelle s'ouvraient, maintenant, plusieurs cratères en forme de pieds.

Dans la remise attenante à la maison, Lev se mit à la recherche d’un objet de petite taille. Tout était rangé et étiqueté avec soin. L’élégante écriture cursive de Moïra, sur chaque boîte ou rack de matériel, ne laissait pas de doute sur la personne à l’origine de cette mise en ordre. Cyriaque aimait que chaque chose soit à sa place, mais détestait avoir à s’en charger lui-même. Sa main manquante servait souvent d’excuse pour déléguer les travaux ingrats à ses apprentis, y compris ceux qu’il était parfaitement capable d’assurer. C’était sa manière à lui de leur rappeler qu’il se serait volontiers passé de leur présence. La dotation généreuse de Moïra, à l’approche des vieux jours, et la promesse faite à Miraaka avaient ouvert une porte qu’il aurait préféré garder fermée.

Lev choisit un poinçon en métal représentant la rune du soleil : Sowelu, dont le tracé reprenait celui d’un éclair. N’importe quel autre aurait fait l’affaire, car l'intérêt du garçon ne se portait pas sur la pointe de l’outil, mais sur la gravure que portait son manche. Une autre rune, cette fois en forme de R anguleux, que Cyriaque semblait avoir apposé sur presque toutes ses armes et ses outils. Le mage avait confié un ouvrage épais à Lev, lui ordonnant d’en apprendre le contenu. Un exercice trop théorique pour un garçon qui ne rêvait que de réalisations concrètes. Il avait malgré tout retenu sept ou huit noms, assez pour savoir qu’il s’agissait de Raidho, la rune associée à la notion de contrôle.

Un poinçon parmi tant d’autres plus récents, personne ne remarquerait sa disparition. Lev l’empocha et se refugia dans sa chambre, à l'abri du regard inquisiteur de Taupin. Là, il se livra à des expérimentations au-delà des directives de Cyriaque. Le garçon déposa l’outil sur le couvre-lit et l’enveloppa dans ce qu’il arrivait à projeter de son aura. Elle épousait la forme de l’objet, glissait à sa surface, mais ne parvenait toujours pas à s’y fixer. Une limite très frustrante qui venait contrarier l’embryon d’orgueil que Lev avait développé depuis l’obtention de ses premiers résultats significatifs. Ce n’était pas suffisant. Sa tête lui faisait tellement mal qu’il en pleurait presque. Les mots acerbes de Moïra remontèrent du coin de sa mémoire où il les enterrait.

— T’es pas aux latrines ! s’était-elle moquée. Continue de pousser comme ça, et tu finiras par exploser. Si ton cerveau bouillonne dans ton crâne, c’est que tu es sur la mauvaise voie.

Forcer n’apportait rien que de la douleur. Le ressenti, pas le réfléchi. Deux mots proches, confrontés à la fine barrière qui séparait leurs sens. Ne pas intellectualiser les choses. Voilà un concept simple, qui se révélait terriblement compliqué à mettre en œuvre. Lev souffla tout l’air de ses poumons, cherchant à apaiser son énervement. Cela avait fonctionné avec sa vision, il devait pouvoir y parvenir avec le lien. La clé se trouvait, là, sous ses yeux. Il regardait au mauvais endroit.

Lev rétracta son aura, et étudia le poinçon. Son manche était lisse, sans détails, ni finitions particulières. Il arborait juste une rune Raidho gravée. Dans un premier temps, il l’avait associée au nom du Runard ou du Renard. Une sorte de marque pour indiquer sa possession. Elle devait jouer un rôle plus central que cela. En suivant cette logique, le matériel de Moïra aurait dû comporter un Ehwaz ou un Mannaz, ces deux runes dont le tracé correspondait au M majuscule de l’écriture commune. L’utilité de cette gravure était ailleurs.

Avant de pouvoir distinguer les auras de son maître et de sa co-apprentie, Lev avait noté une perturbation forte au niveau des runes, suffisante pour déformer l’air. L’effet visible. L’image du fouet de Teemu qu’il privilégiait depuis le début perdait de son sens si son pouvoir ne résidait pas dans la manipulation de l’objet en soi, mais de la rune.

Avec le regard déterminé de celui qui vient de se forger une nouvelle conviction, Lev inspecta la gravure. Une prise. Un endroit minuscule dans lequel glisser son aura. Il se devait d’essayer. Sans précipitation, sans agressivité, le garçon dirigea son aura vers le creux en forme de R et appliqua plusieurs degrés différents de pression mentale. Le poinçon glissa sur le tissu du couvre-lit, s’éloignant de l’apprenti malhabile. Moins vite, moins fort. Une métaphore vint à Lev, celle d’une goutte d’eau accrochée à la pulpe de son majeur. Incapable de définir ou d’expliquer ce qu’était la tension de surface d’un liquide, il en visualisait pourtant parfaitement l’effet. Le lien établi avec la rune était aussi fragile que cette goutte imaginaire, mais le poinçon s’éleva dans l’air. Lev éclata de joie, ce qui déstabilisa sa concentration et projeta l’outil au plafond.

Attiré par les cris de réjouissance du garçon, Taupin débarqua dans la chambre, à l'affût d’une bêtise à rapporter à Cyriaque. Lev, qui sautait sur son lit, se laissa tomber sur les fesses et afficha un sourire qu’il espérait plein d’innocence. Les expressions du visage du petit jardinier monstrueux étaient indéchiffrables. Ne pas pouvoir discerner la paire d’yeux, cachés sous son chapeau pointu, mettait Lev mal à l’aise. Peut-être en avait-il plus, comme une araignée ? Une interrogation qui lui coûterait une heure de sommeil, occupée à chasser cette vision d’horreur.

— Quoi toi faire ? gargouilla Taupin, à peine compréhensible.

— Heu… rien de spécial, se défaussa Lev, l’air coupable de bien pire qu’il n’avait fait.

Le garçon serrait les fesses, espérant que la créature courte sur patte n’aurait pas l’idée de regarder en l’air. Au-dessus d’eux, le poinçon était toujours piqué dans le bois d’une poutre de la maison.

— Quoi crier ? relança Taupin.

— Ho, ça ? Je… hum… C’est un truc d’humain, s’empêtra Lev. Je me réjouis à l’avance du retour du Maître.

— Cycy ce soir, décréta la créature, suspicieuse. Taupin surveille !

Le jardinier agrémenta ses babillages approximatifs par une chorégraphie de gestes tout aussi peu clairs. Lev ne savait pas quoi penser de lui. Depuis leur rencontre mouvementée, la créature s’était montrée charmante, mais devenait un véritable tyran lorsque Cyriaque lui confiait la garde de la maison. Elle avait intégré le garçon comme un animal turbulent nécessitant d’être encadré de près. Il fallait trouver une excuse pour détourner l’attention de Taupin, dont le museau en étoile humait l’air.

— Magie ici ! gronda-t-il.

— J’effectuais les exercices du Maître, mentit Lev.

Si seulement Cyriaque lui en avait donné de plus clairs, au lieu de le laisser comprendre les choses par lui-même. Il avait l’impression de perdre un temps précieux.

— Tu dis qu’il rentre ce soir ? Il faut que je révise alors !

Lev bondit de son lit et poussa Taupin hors de sa chambre.

— Retourne donc croquer un radis, l’encouragea le garçon. Moi, je monte dans les combles pour lire des recueils de runes.

— Radis ?! répéta le jardinier avec intérêt.

Ils se séparèrent aux pieds de l’échelle menant à l’étage transformé en bibliothèque. Dépotoir à livres poussiéreux serait un qualificatif plus approprié pour la mansarde mal éclairée. La tempête Moïra n’y avait pas sévi, sûrement découragée par l'ampleur de la tâche. À moins que Cyriaque n’ait refusé qu’elle dérange l’ordre singulier dans lequel il y rangeait les ouvrages. Lev se souvint avec qu’elle aisance le vieux mage l’avait guidé jusqu’au bon recueil sans gravir le moindre barreau. Connaissait-il le moindre recoin de sa demeure au point de pouvoir en visualiser l’emplacement de chaque objet ? Si oui, alors la mémoire de Cyriaque était impressionnante.

Lev ramassa le pavé de feuilles disjointes qu’il devait étudier et s’allongea sur un tapis. Ce n’était pas confortable, mais le garçon craignait de tomber de l’échelle, emporté par le gros bloc de papier. Dolores lui avait appris à lire. Un talent rare au Loir-Gris. Le village était autant dépourvu d’école que d’enfants à mettre dedans. C’était important pour la tenancière que son neveu soit plus futé que les clients imbibés qu’il aurait à servir. Nombre de villageois venaient à la Rap’ pour se faire lire leur courrier. L’exercice restait difficile pour le jeune apprenti, car les ouvrages de son maître étaient couverts d’explications complexes. Des mots dont il ne connaissait pas le sens, des formules tarabiscotées à lui en faire se croiser les yeux. Cela suffit à épuiser son esprit. Lev s’endormit sur le sol.

— Ça va aller ?

Cette question tira le garçon de sa sieste improvisée sur le plancher de la mansarde. Lev crut un instant qu’elle s’adressait à lui, mais il était seul. La voix provenait de la salle à manger, à l’étage en dessous. C’était Cyriaque.

— Je préfère avoir mal qu’être mort, rétorqua une autre voix d’homme que le garçon ne connaissait pas.

— Un peu plus et tu repartais avec ta tête dans un panier, nota l’ancien Arcane Royal.

Un rire s’éleva à travers le plancher, entrecoupé de crispations de douleur.

— Me fait pas rire, bordel ! Ça va faire sauter mes points, le supplia l’inconnu.

Lev avait dormi longtemps. Dehors régnait la nuit, et le maître semblait revenu d’expédition avec de la compagnie. Le garçon rampa sur son tapis en essayant de ne faire aucun bruit. Cyriaque avait l'ouïe presque aussi fine que le renard qu’il admirait tant. S’il avait eu vent de l’indiscrétion de son élève, il lui aurait envoyé Taupin. Une latte disjointe offrit à Lev le point de vue qu’il espérait. Les hasards de la charpente ne furent pas généreux avec l’apprenti. Le visage de l’invité mystère resta hors-champ. Tout ce que Lev put apercevoir de lui se limita à une paire de bottes garnie de plumes de paon. L’homme se tenait sur le pas de la porte, près à partir.

— T’es sûr que tu ne veux pas passer la nuit ici ? lui demanda Cyriaque.

— Je ne dirais pas non à un bon lit et à une part de gratin de ton taupelier, concéda l’inconnu, mais j’ai payé cet attelage une fortune, et j’ai bien vu que le cocher tremblait rien qu’à l’idée de s’approcher de ton bois. Si je traîne trop, il va me planter là.

— C’est pas la meilleure gargote du pays, mais tu es ici chez toi, Ermanno, lui assura Cyriaque.

Lev entendit l’homme pousser un soupir amusé.

— Tu deviens sentimental avec l’âge ? l’interrogea-t-il, un fond de provocation dans la voix. On passerait notre temps à nous engueuler.

De nouveaux éclats de rire résonnèrent dans la pièce.

— Avec ce qu’il se passe, là dehors, je serais plus rassuré de te savoir en sécurité avec nous, déclara le mage. Si ce que tu m’as raconté est vrai, les choses ne vont faire que se dégrader.

— C’est bien pour ça que je dois partir. Ma place est sur la route, à faire le lien avec les autres. Qui sait à qui il s’en prendra la prochaine fois ?

— On le coincera ! réagit Cyriaque. Ce fils de rat doit payer.

— Tolen nous glisse entre les doigts depuis plus de quinze ans, le contredit l’inconnu. C’est lui qui est en train de nous avoir, un par un, selon ses règles.

— Ce rat a plus de quatre-vingt-dix ans, protesta le mage. Je refuse d’envisager qu’il nous enterre. Cela prendra peut-être le temps qu’il me reste à vivre, mais je le crèverai avant de lâcher la rampe.

Le visiteur nocturne lui tendit la main gauche, et les deux s’étreignirent l’avant-bras à la façon d’anciens compagnons.

— Soit raisonnable. Entraîne les jeunes. Transmet ce qui peut l’être, l’enjoignit le dénommé Ermanno. Ne le laisse pas te voler ça aussi.

— Il l’a tué ! s’emporta Cyriaque. Comment veux-tu que je vive avec ça ?

— Un jour à la fois, se désola la paire de bottes qui s’éloigna de la porte. Je dois y aller. Promets-moi de ne pas faire de folie.

Cyriaque le chassa d’un souffle réprobateur et lui claqua la porte au nez.

— Foutu barde à la mord-moi-le-jonc ! pesta-t-il, moins fort, contre la porte.

— Moi aussi je t’aime, vieille bique, rétorqua Ermanno depuis l’extérieur avant de s’évaporer.

Lev regarda son maître ruminer sa colère, les poings serrés au milieu de la salle à manger. Son aura violette, en permanence déployée autour de lui, luisait d’un éclat plus vif. Non, elle pulsait. Elle se courbait, se densifiait ou s’illuminait par intermittence. À croire qu’il entretenait une conversation houleuse avec elle. Le calme revenu, Cyriaque porta son attention sur le plafond, à l’endroit exact où les lattes s’écartaient suffisamment pour que Lev puisse le voir. Leurs regards se croisèrent.

— Toi, vas te coucher ! ordonna-t-il à son apprenti. Je m’occuperai de ton cas demain matin.

Lev regagna sa chambre, les jambes tremblantes. Si âgé que fut l’homme à la capuche vulpine, ses sens étaient toujours aussi aiguisés qu’au meilleur de sa jeunesse. Tout ce que son apprenti pouvait espérer c’était que la nuit calmerait ses humeurs assassines.

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Altaïr
Posté le 24/02/2022
Salut Achayre,
J’ai passé un bon moment dans ce chapitre, un passage en particulier a rappelé à mon bon souvenir les westerns 🤠 de mon enfance : « Un peu plus et ta tête disait adieu à tes épaules, le taquina l’ancien Arcane Royal ». Les brutes étaient armées de flingues, mais l’ambiance s’en rapproche !
C’était à l’époque ou la 3ème chaîne s’appelait FR3 … et où le patriarche choisissait pour la famille le programme télé de la soirée … avant d’ordonner tel Cyriaque à Lev :
« — Toi, vas te coucher ! »
Autrement il est agréable d’avoir les deux pieds dans l’intrigue. A suivre !
Il n’y a presque rien à corriger, essentiellement des fautes de frappe (je note une nette parcimonie dans l’usage des virgules !) :
trouvaient (trouvait) leur (sa) justification // Son aura glissa celle-ci (il manque des mots : « autour de celle-ci » par exemple ?) // incapable de s’y aggriper (agripper) // qu’il privilégieait (privilégiait)
***
Il m’a fallu relire cette phrase pour bien en saisir le sens : « l’air coupable de bien pire qu’il n’avait fait ». A reformuler peut-être ?
***
s’empétra (s’empêtra) Lev. // Dépotoire (dépotoir) // A moins que Cyriaque n’ai (ait) refusé // Tout ce que Lev pu (put) apercevoir // près (prêt) à partir.// nous engueuler (s’engueuler). // je serai (serais) plus rassuré // se densiffiait (un seul « f »)
Bonne fin de journée !
Achayre
Posté le 24/02/2022
Coucou :)
Il se trouve que mon premier roman publié, Fark West, puise beaucoup dans ce genre d'ambiance en y ajoutant de la science-fiction :)

J'en regarde peu, et je ne suis pas un spécialiste du genre, mais c'est à mon sens une époque parfaite pour de la fantaisy lorsque l'on veut s'affranchir du médiéval. Une période parfaitement positionnée entre la rusticité magique du med-fan et la techno-modernité du SteamPunk victorien.

C'est un genre qui transparait dans mes mots, même sans le vouloir :)

Merci pour les fautes. J'ai essayé de calmer la machine à virgules :p

Il y a enfin un peu d'éléments d'intrigues. Cette histoire n'est pas celle d'un gamin qui apprend la magie à l'école des sorciers ^^ du coup les choses vont accélérer un peu afin de sortir de cette looooongue introduction :) A moi de bien maitriser les élipses et à ne pas trop zapper d'étapes intermédiaires pour ne pas vous perdre en route :)

Je vais peut être devoir avancer l'âge de Lev d'un an pour ne pas avoir une élipse trop longue entre la fin de cette partie et la suivante.

Voila, encore une fois j'en dis trop sur ce qui arrive :p
Le chap 10 devrait arriver demain soir, ou avant la fin du weekend.
TiteTeigne
Posté le 21/02/2022
Un chapitre d'auto-apprentissage qui me laisse rêver sur la maîtrise de la magie, ou comment avoir recours aux runes. C'est un lien très intéressant que tu développes ici : Lev n'apprend pas juste à balancer des sorts ou des jets de lumière par le bout de ses doigts. Ce que tu amènes est beaucoup plus subtil et pour le coup, plus fascinant ! Lev doit développer ses propres capacités en cherchant à ressentir par lui-même les liens entre chaque chose. Cela va bien au-delà d'une simple magie, vu que tu parles d'aura. C'est bien au-delà d'une simple maîtrise de magie, mais aussi un développement de soi et de son rapport au monde. Ainsi j'ai vu les choses et c'est une belle surprise.
Sur la fin de ce chapitre, que de mystères qui s'installent, je palpite d'impatience ! Tu n'en dis pas trop mais juste assez pour piquer notre curiosité. C'est vicieux mais bien joué !
Achayre
Posté le 21/02/2022
Encore un commentaire adorable qui me fait énormément plaisir :D
C'est top de vous voir construire vos compréhensions de mon histoire et de découvrir ce que mes idées et formulations vous font ressentir :)

Merci plein beaucoup !!!
eysselia
Posté le 21/02/2022
Salut ^^.

Alors un chapitre qui montre comment Lev apprend et qui place de nouvelle ficelle à suivre. En ce qui concerne le premier point j'ai été surprise de voir la différence entre "Le ressenti, pas le réfléchi." c'est pas si souvent aborder, comme la différence entre la logique pur et l'instinc ou la concentration et l'inverse (je sais pas trop le mot désolé, mais faire les chose sans se concentrer, mais sans les bacler ou ne pas leur accorder d'attention). Du coup ce fut une agréable surprise, une nouvelle facette à la magie de tom monde qui me plait de plus en plus.
Parenthèse, mais j'aime bien Taupin et le passage avec Lev pensant à Luzerne je trouve que ça fait sens de l'avoir caser ici.
Quand à ce nouveaux personnage qui apparait : "lui se limita à une paire de bottes garnie de plumes de paon." Serait-ce un barde ? "Foutu barde à la mord moi le jonc !" ah oui c'est bien un barde. C'était agréable de voir une connaissance de Cyriaque et en plus il amène une intrigue. Ma petite théorie c'est que l'homme dont ils perlent est le tueur de la mère de Lev.

Enfin voilà pas grand chose à dire sur ce chapitre hormis que c'est toujours un plaisir de te lire. Sur ce je te souhaite bonne continuation et à la prochaine fois ^^.
Achayre
Posté le 21/02/2022
Hello !
Merci beaucoup pour ce retour. C'est cool d'avoir vos petites théories, cela me permet de voir si mes objectifs sont tenus pour ce que vous devez comprendre ou croire. J'en ai trop dit dans certains autres commentaires alors je laisserai tes interrogations en suspend, le temps que l'histoire y réponde d'elle même :p

Pour ce qui est de la magie, effectivement, du moins pour celle utilisée par Cyriaque, elle implique une importante dose de feeling (comme on dit en anglais ^^).

A bientôt !
Vous lisez