Il savait qu’il se noyait. Il savait qu’il allait mourir. Dès le premier instant, il avait compris ce qui l’attendait.
Les vagues gelées lui tranchaient la gorge. Elles se jouaient de lui, tournaient autour de son corps à la dérive. Elles appréciaient ce nouvel amusement qu’il leur offrait. Il se sentait alors comme perdu au milieu d’une meute de loups. Mais à la différence de ces animaux de chair et d’os, l’eau pouvait le noyer, l’étouffer rien qu’à son simple contact. L’eau était bien plus forte.
À sa surface, des branches dérivaient, membres arrachés d’arbres morts. Quand le bois serait trop humide, elles se détruiraient, et sombreraient. Il se voyait déjà, ainsi réduit en débris de lui-même. Personne ne viendrait le chercher. Personne.
Il cligna des yeux, derniers vestiges de son instinct de survie. Mais cela ne fonctionnerait pas. Pas ici.
L’eau ne le laisserait pas tranquille. L’eau n’avait aucune pitié. Jamais rassasiée. Le courant le tira vers le fond, et il sentit son corps faible emporté dans cette masse mouvante. Une procession perpétuelle. Un cortège funèbre qui le conduisait tout droit à la mort.
Car il savait qu’il allait mourir.
J'adore ce début d'histoire. On est tout de suite plongé dans l'ambiance, avec ce personnage en train de se noyer et c'est très intriguant. (sachant à peine nager moi-même, je dois dire que c'est particulièrement glaçant XD) Et puis ton style est magnifique ! Ça donne envie de lire la suite ^^
J'aime beaucoup ta plume, fluide, imagée, immersive.
Ce début me donne envie de poursuivre ma découverte. Est-ce le début ? Est-ce un moment fort qu'on retrouvera plus tard ? Une terrible fin ? Je reviendrai tout bientôt. ^^
Il se voyait déjà, ainsi réduit en débris de lui-même. --> J'aurais mis la virgule ailleurs "Il se voyait déjà ainsi, ...". Faisant ainsi référence à la phrase d'avant. Mais c'est de la popote perso ^^ C'est bien comme cela aussi.
Merci pour ton commentaire ! C'est très encourageant :))
Pour ta petite remarque, je tenais à la pause orale à cet endroit... Mais peut-être que je peux adopter un compromis : “Il se voyait déjà, ainsi, réduit en débris de lui-même.” ? J'y réfléchirai, je note pour la réécriture !^^
Merci encore, j'espère que la suite te plaira :)
Hihi ouiii, j'admets ne pas être très rassurée non plus face à la puissance des vagues... Et j'ai beaucoup aimé écrire ce sentiment, c'était assez naturel, en fait ! :)
Merci pour ton commentaire, il me fait très plaisir !^^ Et je suis ravie d'avoir pu faire ressentir ainsi l'angoisse du personnage à travers mes mots !
Le titre de ton histoire m'a interpellé, et j'en suis bien contente. J'aime beaucoup ton style entre récit et poésie. J'ai hâte de lire la suite après un début si énigmatique.
Ooh eh bien moi aussi je suis bien contente si mon titre est bien choisi hihi ;)) Cela me touche beaucoup que tu apprécies mon style d'écriture !^^
J'espère que la suite continuera de te plaire !
entre tragédie et poésie, ce premier chapitre accroche bien.
Il s'agit d'une nouvelle ? Un roman ?
J'ai tiqué un peu en passant sur les expressions : " Une procession perpétuelle. Un cortège funèbre ...". Le lien avec la mer n'est pas évident. Il faudrait peut être y arriver plus doucement.
A suivre.
Bruns
Il s'agit plutôt d'un roman, même si je ne connais pas encore sa longueur exacte...
Je note pour ta remarque, je n'avais pas pensé que cela puisse prêter à confusion...
Merci pour ton commentaire, j'espère que la suite te plaira !^^
Le chapitre est bref, mais très intense, le pauvre garçon qui se noie sans aucun espoir de sauvetage fait peine à voir, et la narration semble aussi pessimiste qu'il ne l'est dans son moment de détresse. Même les débris flottants auxquels il pourrait se raccrocher sont considérés comme "morts".
Je vais de ce pas voir ce que nous réserve la suite.
“Un récit qui commence par une noyade ! Je commence à reconnaitre un certain modèle dans tes écris. ”
>> Oui, c'est probable que je reprenne certaines structures dans mes textes^^' Si tu trouves que la ressemblance est trop marquée dans certains domaines, n'hésite pas à me le dire ! :)
Très contente si ce petit premier chapitre te plaît^^
La poéticité à l'œuvre dans ta publication se ressent, je trouve, également à sa relecture. On se rend compte que le début est identique à la fin, et ce procédé démontre l'absence d'actions, de péripéties dans ce chapitre. On trouve grâce à cela la suggestion d'une mer tellement cruelle qu'elle en occulte sa victime. J'interprète ce chapitre comme un tourment de cette eau même, qui fait souffrir sa victime pendant quelque lignes, avant de l'achever pour de bon. Une honorable tentative d'explorer ce topos !
A présent, j'ai quelques remarques à te proposer :
-Je me demande si "Depuis le premier instant" ne serait pas plus fluide à lire en utilisant l'adverbe "dès" : "Dès le premier instant".
-Peut-être que la phrase nominale (sans verbe) "Jamais rassasiée" ne participe pas à la mélodie de ton texte, car elle fait plutôt penser à ce que prononcerait un personnage dans un discours direct. Peut être que la relier par une virgule avec la phrase précédente rendrait le tout plus fluide : "L’eau n’avait aucune pitié, jamais rassasiée."
Voilà, bonne continuation !
Merci pour ton commentaire ! Ça me fait très plaisir, et ta supposition est intéressante... Mais tu perds ton pari héhé ;)
Très jolie analyse^^ Elle fait bien ressortir les sentiments principaux du chapitre. Trop contente si tu trouves le texte poétique ! :))
Pour ta remarque, j'avoue ne pas voir de grande différence entre “Dès” et “Depuis“, mais si tu trouves que ce serait plus fluide, alors je penserai à changer ça. :)
Merci encore pour ton retour !
(Je n'ai pas compris en quoi le clignement des yeux était relatif à la survie).
Je m'en vais en savoir un peu plus ;-)
(C'est normal que tu ne comprennes pas, si cela peut te rassurer, mais je suis contente que tu l'aies noté^^)
Tout simplement magnifique !
On s'interroge tout de même sur l'identité de ce personnage et ce qui l'a amené à se retrouver dans cette situation.
Merci pour ton commentaire très encourageant^^
Oui en effet, je me concentre beaucoup sur la mer, et je suis très contente si mon texte apporte de la poésie à la scène ! :))
La fatalité de ce personnage le rend très humain, on s'identifie très vite à lui et on s'y attache, en tout cas j'espère qu'il pourra survivre. Mais ce qui est encore mieux, c'est que ce n'est même pas nécessaire : cette introduction est suffisante en elle même pour montrer le ton de l'histoire, et ce personnage anonyme pourrait très bien être un personnage du background qui aurait été à côté du héro lorsque le bateau aurait chaviré. Un mort anonyme, comme tant d'autres, mais très humain.
Très chouette
Oui, c'est très court en effet haha, à l'origine j'avais fusionné les deux chapitres 0 et 1, mais j'ai trouvé plus pertinent de les scinder en deux parties distinctes.
Je suis très contente que tu aies ressenti de l'attachement pour le personnage dès le premier chapitre. :))