Chapitre 01. L’ascension de la fleur
Section 01 :
"Neige sur le bois —
L’âme se pose sans bruit,
Le silence dort."
les printemps passaient, chacun déposant une lumière nouvelle sur mes épaules de paille.
Et cette fois, ce ne fut ni vent, ni lumière. Mais une femme, jeune —
Seule.
Ses cheveux bouclés, rayés de blanc sur noir, descendaient jusqu'à ses épaules, une étrangeté aussi magnifique...
que rare.
Un Grand manteau de couleur automne, un petit sac à sa taille. elle portait des vêtements inhabituels, venues d'autres lieux, et une allure presque...
vacillante.
Ses pas craquaient à peine sous les herbes fraîches. elle tirait une charrette bancale, un vieux cercueil à roulettes, grelottant sous le poids du monde.
Des bocaux pleins de vies tremblantes, des plumes noires — coincées dans des cages rouillées. Des outils biscornus, qui luisaient sous cette lumière aveuglante.
elle ne s’arrêta pas au village, une simple pause, à peine un regard —
puis s'en éloigna.
elle grimpa la colline, lente— ment, comme une fleur fatiguée par le vent. La lumière dansait dans ses cheveux... mais je ne pouvais en sentir le parfum.
je ne pouvais que voir… cette impression de fragile, éphémère, comme si elle allait faner au moindre soupir du Ciel.
elle marchait vers la cabane, perchée, seul, sur la colline, l’abri décrépit, oublié des saisons. elle s’y installa sans un mot.
une flamme
solitaire,
dans la maison du vent.
Section 02 :
"Elle remue l'air,
Mes bras cloués dans le vent —
Rêvent de poussière."
elle bouge, moi, je ne fais que suivre des yeux ce que je ne peux atteindre. elle balaie les ombres de la maison, fait craquer les planches usées, comme on secoue un vieux rêve trop longtemps oublié.
Ses gestes sont simples, mais dans chacun d’eux, une intention. Tendre… ou de tragique.
je ne sais pas.
elle nettoie, moi, je me couvre de poussière. Les Vents me griffent, les Saisons me frottent — comme on gomme un nom sur une tombe.
Mais elle,
elle frotte les vitres, ouvre les volets, laisse le soleil entrer comme un vieil ami qu’on n’attendait plus.
elle prépare.
Un feu, un coin pour dormir, un carnet posé sur la table, des fioles colorées, pleines d'étranges promesses.
Et moi —
je contemple. Depuis ma croix de bois, je suis la lente naissance de ce foyer...
que je ne rejoindrai jamais.
je n’ai Ni langue pour nommée, Ni mains pour construire, Ni pas à poser dans la poussière.
mais je suis Là,
Témoin de l’avant,
Témoin de l’après.
la nuit descend, elle allume une lampe. moi, je reste dans l’ombre. Mais parfois… quand la Lumière vacille... j’ai l’impression qu’elle regarde dans ma direction.
pas un mot.
Mais un soupçon, un frisson dans l’air, comme si — juste un instant — elle sentait que je veille encore.
Section 03 :
"Elle m'a touché,
non pour jouer, mais pour réparé —
Fil rouge sur cœur sec."
Et puis, bien sûr, elle fit une bourde. Un matin, sa charrette se décrocha, un cliquetis — Tlak ! Clink !
La pente l’emporta, les bocaux sautèrent comme des poissons pris de panique. Et la voilà, cette immense charrette, Dévalant la colline, droit sur moi.
Un grincement — Skreeeeekkk !
un instant
sus
pendu —
et je me suis dit, voilà comment s'éteint un rêve. Écrasé par une charrette
BLANG !
Le choc me renversa, paille en l’air, dignité en miettes.
Et elle, arrivée en courant, s’arrêta, les bras en l’air, soufflée, regardant son véhicule.
— Oh… mince. Tu n’étais pas censé bouger.
Moi non plus, à vrai dire.
je gisais là, face contre terre, un bras désarticulé pointant vers le ciel, comme un condamné surpris par l’aube.
Des brins de moi parsemaient le champ, ma tête roulée à quelques pas, calée contre une pierre qui n’avait rien demandé.
elle s’approcha.
doucement.
comme si le Silence était un animal farouche à ne pas faire fuir. elle se pencha.
— T’as pas l’air très solide…
Non, je ne l’ai jamais été.
Ses doigts se posèrent sur mon crâne de toile, pas brutalement, pas comme ceux des enfants autrefois, qui me redressaient en riant avant de courir vers d’autres jeux.
Non.
Elle,
elle me ramassa comme on recueille un oiseau tombé du nid.
— C’est bizarre, t’as presque une tête de quelqu’un…
je n’en avais pas. Mais je la portais avec sérieux.
elle répara ce qu’elle pouvait, un nœud ici, un bâton calé là. elle recousit la couture du torse avec un fil trop rouge, et dit en soufflant.
— Voilà. T’es reparti pour un tour.
Et pour la première fois depuis longtemps…j’avais changé de place. Un peu penché, un peu bancal, mais —
Debout.
Debout grâce à Elle,
elle s’assit près de moi, le dos contre ma jambe de bois. Le Vent passait entre nous, timide, curieux — Ffff...
elle croqua une pomme — CROK ! en jeta la moitié.
— T’en veux ? …non, t’as pas de bouche. C’est dommage, elle est bonne.
moi, j’aurais aimé dire que je pouvais goûter, le sucre, le jus, les saisons.
Mais j’étais fait de silence, et ce jour-Là,
il semblait lui convenir.
Ton écriture est toujours aussi poétique et le rendu est fort sympathique. J'ai bien l'impression qu'on est tous à un moment l'homme de paille (ou du moins celui de quelqu'un). Il y a plein de choses que l'on aimerait faire/dire mais comme lui on est coincé et les autres se méprennent à notre sujet.
Pour l'écriture toujours aussi espacée, personnellement je n'en suis pas fan, mais c'était plus lisible que dans le prologue cette fois-ci.
en effet on ressent bien la scène. Le bonhomme de paille qui ressent, tout simplement, tout ce quoi se passe à ses côtés.
C'est intrigant :)
Le style est le même que dans le prologue mais franchement je m'y suis fait et je trouve ça vraiment fluide.
A la suite :)
Merci de ton soutien. J'ai vraiment hésité avec ce prologue un peu trop... expérimental. Mais je voulais capter les sensation d'un être qui en a pas... c'est limite masochiste comme défi. Bref. Merci encore de ton soutien