Chapitre 03. Le Poids des choses fragiles

Par Urukem
Notes de l’auteur : J'ai essayé de resserrer la typographie dans ce chapitre. J'espère que le résultat sera satisfaire vos attentes. Le poids des choses fragiles est une ode aux moments éphémères et les gestes du quotidien. Banales mais ce sont parmis les souvenirs que l'ont chérira même quand l'âge nous aura cloué dans un fauteuil. Je vous souhaite une bonne lecture.

Chapitre 03. Le Poids des choses fragiles.

Section 01 :

"Fil tendu dans l'air,

Elle joue et je me souviens —

Corde entre nos cœurs."

 

elle revint, pas souvent, pas régulièrement, comme la pluie en été, capricieuse, mais Toujours la bienvenue. Parfois, elle restait debout, parfois, assise. Toujours ce carnet entre les mains, gribouillé de signes que je ne pouvais que deviner.

Un jour, elle déposa une boîte métallique à mes pieds, dedans, un drôle d’engin, avec un fil, un sifflet, et un bouton rouge qu’elle fixait d’un air méfiant.

— J'sais que tu peux pas parler. Mais si tu piges, t’appuies là !

elle rit, mais ce n’était pas un vrai rire. Plutôt un petit souffle, entre fatigue et espoir.

— J'fais n’importe quoi, hein ? Parler à un épouvantail. Faut vraiment qu'je dorme.

 

Puis elle partit, sans un mot de plus, juste un soupir — ffff… et le craquement de ses bottes sur les feuilles mortes — chrrr

La boîte resta Là. Muette. Rouge au milieu du vert, un coeur de fer dans un champ sans battement.

je la regardais partir, comme Toujours, mais cette fois, je regardais aussi la boîte. 

Long — temps.

Les jours passèrent, le Vent se levait parfois, faisait grincer mes bras, faisait trembler le fil de la boîte, comme un nerf sous la peau du Monde.

Et moi, je pensais au bouton, pas comme on pense à une machine.

Non.

Comme on pense à une promesse.    

Puis...

elle revînt, et se rassit, juste Là, à mes pieds. Le manteau trop Grand débordant sur les pierres froides, comme un lac sans bord. 

Ses doigts hésitèrent un instant… puis —pliiing…

une note s’échappa, timide…

…tlinng.

une autre la suivit, comme une goutte

tom

bée

Trop tard.

elle jouait doucement, comme on panse une plaie, comme on berce un souvenir. Et d’une voix rauque, presque basse, elle chanta.

 « The Parting Glass.

Of all the money that e’er I had,

I spent it in good company… »

Une vieille ballade, perdue quelque part entre les routes, entre les tavernes, et les adieux.  Sa voix, cassée sur certains mots, tremblante sur d’autres, se perdait dans l’air froid du matin.

« And all the harm that ever I did,

alas, it was to none but me… »

elle ferma les yeux, le Vent se fit discret, même les corbeaux, au loin, se turent un instant.

plong…

tling…

Plinng.... 

les cordes vibraient, et moi, au creux de ces sons, je me sentais un peu moins seul, un peu moins immobile.

elle posa le luth sur ses genoux, et soupira — Fuuuh... le front

bas,

puis, relevant les yeux vers la boîte.

— J’sais pas pourquoi j’continue à espérer.

Mais c’est pas grave, hein ? Y’a des silences qui valent mieux que des cris.

Et, sans me regarder, elle murmura — comme pour elle-même. 

— T’as peut-être pas de bouche… mais t’écoutes bien, hein ?

 

Section 02 : 

"un Fil rouge tendu,

même l’Air peut le briser —

mais il tient le Monde."

 

Un jour d'été sans nuage, où le Ciel, drapé dans l’orgeuil de l’azur, brillait de toute sa Grandeur.

Une jeune femme rayonnait tout autant, comme s’Il lui avait confier son secret.

Debout — vacillante, curieuse — elle passa une main dans ses cheveux, comme pour en chasser le Vent, un peu trop capricieux. Et soudain, pour la première fois, elle parut… moins vaste que le Monde.

Puis, elle sortit un drôle d’outil, une tige, fine, en verre, elle me piqua l’épaule, Rien senti... 

Évidemment.

Mais elle sursauta, comme si elle s’attendait à ce que je hurle.

— Toujours rien. Même pas un tressaillement. C’est frustrant, T'sais ?

elle regarda autour, le Vent soufflait doucement — ffff… les herbes ployaient, les gazouillis des oiseaux au loin — TliriiTlirii — cristallin comme la rosée, berçait la fraîche matinée.

— J'crois que T’es pas juste un truc en paille. J'le sens. T’as une présence… ou j'suis juste folle.

elle se releva. Maladroitement. Ses pieds dérapèrent dans la terre meuble — splouch… ses genoux fléchirent. Presque. elle manqua de tomber.

je faillis me pencher, mais je ne peux pas, je suis cloué Là,

F

I

G

É

Alors, elle se redressa.

Seule.

Et s’éloigna sans un mot. Mais ce soir-Là, avant que la Lumière ne tombe, elle revint sur ses pas, et cousu quelque chose sur ma tête fait de brindille. 

Une plume bleue, attachée à une ficelle rouge.

— C’est pour que tu te souviennes que j’existe.

Puis elle partit, et mon bras resta tendu, étrangement plus lourd, comme si, enfin, il portait quelque chose qui — comptait.

Depuis ce soir-Là, je sens son absence, comme un creux dans l’air, où même le Vent n’ose passer.

je ne peux pas bouger, mais la plume saphir caresse ma tête ; à chaque souffle du Vent. Et j’imagine que c’est Elle… qui revient.

elle n’est pas revenue tout de suite, plusieurs fois, le Soleil s’est couché, et les nuages avaient l’air plus lourds,

plus 

bas,

comme si, même le Ciel s’inquiétait.

Puis, enfin ; des pas — tap… tap…. Toujours ce rythme d é s a c c o r d é, Toujours ce manteau, usé comme un secret trop gardé.

elle ne dit rien, ce jour-Là, elle s’approcha, s’assit, et posa sa tête contre mon torse de bois.

Juste Là — 

sans un mot. 

Et moi… si j’avais eu un cœur, je crois qu’il aurait battu, Pas fort, Pas vite. Juste un battement.

pour

Elle.

 

Section 03 : 

"Regard qui transperce,

Stigmate sous la peau —

le Vent reste doux"

 

le Vent soufflait entre ses cheveux comme un doigt sur une page, elle écrivait lente — ment,  comme si chaque mot était un pas, vers un rêve incertain. 

De temps à autre, elle murmurait, des mots à peine soufflés, presque timide — comme pour prêter une voix à ses pensées. Peut-être, parlait-elle à l'épouventail, Figé à ses côtés, aussi Immobile qu'un rocher, aussi Muet qu'un arbre, presque Invisible, tant il se confondait avec le décor… ou peut-être se parlait-elle à elle-même, pour chasser ce Silence devenu oppressant.

— Tu sais… je n'ai jamais eu de nom. Abandonnée dès l'enfance.

le Silence s'éti — ra, léger

sus

pendu…

...comme pour lui laisser le temps ; de retomber dans ses souvenirs.

Puis, elle écarta sa frange, une ligne pâle, fine comme un fil de verre — un stigmate discret sur un visage de porcelaine.

l'épouventail ne dit rien,  il écoutait de tout son être, comme on écoute un secret confié par le Vent. 

— Cette cicatrice, sur la gauche de mon visage — elle effrayait tout le monde là-bas.

— "Monstre"...

…qu’ils disaient.

 

Son regard se voila d'une teinte de tristesse. le Vent.... Wuuuuh —  effleurait ses cheveux.

Vaine consolation.

elle frôlait son balafre du bout des doigts, comme pour ne pas réveiller une vielle Blessure, celle qui refuse de guérir.

— Cette cicatrice... je… j'aurais voulu — l'arracher moi-même...

— Juste pour… qu'ils arrêtent de… de me regarder comme ça.

elle releva son visage, un sourire cousu à la hâte,  comme un pansement sur une Plaie ouverte.

l'épouvantail, prisonnier de son mutisme, l'écoutait comme on écoute le chant d'un canari blessé.

— Un jour... j'ai quitté ce trou perdu, pour voir autre chose, un monde — plus vaste. Partout où j'allais, les regards… ils restaient les mêmes.

Dans son esprit, des ombres — Accusatrices. Moqueuses.  Des lieux… vides de compassion.

 

elle soupira — Hhhh…  le regard perdu dans une distance que rien n'atteignait…

…sauf la Solitude.

— Du dégoût pour cette cicatrice sur mon visage... de la pitié pour l'orpheline… et cette indifférence —

Partout.

elle tenta un rire, il mourut dans sa gorge.

— Et si je n'étais qu'une fleur piétinée dans un champ stérile ? Une mauvaise herbe que même le Vent refuse d'arracher ? Et si —

 

un Silence…

Sus

pendu

hors

du

Temps.

Sa main se ferma, lente — ment, ses paupières... 

se 

bais

sèrent.

puis… elle serra les poings, son regard s'affermit. Et une chaleur, d'abord douce… puis, plus intense, monta dans sa poitrine.

tum… TUM

Et son regard s'embrasa, comme une fleur soudain frappée d'été.

— Alors j'ai décidé de prendre les choses en main ! 

elle se releva brusquement, main tendue vers ce Ciel, baigné dans ses dernières lueurs, comme une promesse. 

— Je n'ai pas besoin de leur pitié.  Ni de leur approbation. Je suis Là. Je suis vivante. Et Je ne laisserai personne m'enlever ça.

Au loin, une chouette hulule — Houuu — Houuu… et s'envole, dans un crépuscule baigné d’ambre, comme si le Monde, lui aussi, s'éclairait de l'intérieur.

La jeune femme, le regard brillant tel une étoile qui refuse de s'éteindre, se tourna vers l'épouventail.

— J'ai choisi de m'appeler Lys. Pas un nom… un symbole. Quelque chose qui perdurera à travers le temps.

Un sourire naquit sur ses lèvres, Sincère, Étincelant — comme un éclat d'aurore sur la mer.

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Scribilix
Posté le 10/08/2025
Salut,
Oui, je trouve que c'est mieux pour la typographie. Pluis fluide à lire sans pour autant enlever les émotions ni les pauses et silences dans le texte. Et donc Lys parle à l'homme de paille parce qu'elle se fait harceler. C'est cohérent et très touchant, ta plume est douée pour retranscrire les émotions.
A la prochaine,
Scrib.
Urukem
Posté le 10/08/2025
Je suis content de voir que les nuits blanches passés à ajuster chaque mot payent. On a tous un trauma qu'on a du mal à dire aux autres par peur du jugement. C'est pour ça qu'on utilise parfois un substitut. Que ce soit un doudou, une waifu, un ami imaginaire... ou un épouvantail.
Talharr
Posté le 07/08/2025
Hello,
En effet c'est mieux comme ça ahaa tu gardes ta typo du début mais en regroupant une grande partie ensemble et ça fonctionne vraiment bien. C'est plus fluide :)
J'ai beaucoup aimé suivre ce chapitre, comprendre la vie de la jeune fille et la fin est belle.
Les phrases sont bien écrites et ça donne envie de continuer.

A plus !
Urukem
Posté le 09/08/2025
Salut Talharr. Ce chapitre a été vraiment... long a faire. C'est surtout que je voulais que chaque mot et silence compte. J'ai refait le chapitre je sais plus trop combien de fois. Heureusement, tout ce travail en valait la peine. Ah et, je me demandais. Tu corrige les fautes d'orthographes de tes chapitres manuellement ou bien tu utilise un site ou Apk pour les corriger ?

À plus
Talharr
Posté le 09/08/2025
Je me doute que tu voulais garder l'idée de départ sur la forme, que je trouvais pas mauvaise sur l'intention. Mais il faut avouer que c'est plus agréable a lire comme cela. Donc bravo pour ton travail 😁
Pour la correction, je fais moi-même avec relecture et j'avoue que j'utilise reverso pour l'instant. Mais les commentaires reçus sur PA m'ont aussi pas mal aider aha
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