Chapitre 09
Esprit, es-tu là ?
Pendant qu’Hava découvrait ce nouvel univers, plusieurs centaines de mètres plus bas, le rat aux dreadlocks, Artha, un mogwai, courait dans la neige. Il devait rejoindre Sa Majesté au plus vite. Depuis que la piste de l’humaine avait était retrouvée, ordre avait été donné à tous les esprits du secteur de la retrouver. Aux dernières nouvelles, leur cible avait été repérée dans un village pendant la journée. Comment a-t-elle pu se trouver si loin ce soir ? Était-ce bien celle recherchée ? Artha n’avait aucun doute, c’était bien elle. Ce n’est pas fréquent les jeunes humains avec des cheveux blancs.
Peut-être même qu’Artha serait récompensé pour l’information qu’il ramenait. Il n’allait pas tarder à le savoir, il apercevait au loin le toit en bambou. Il était perdu dans ses pensées quand il entendit une voix qu’il détestait.
— Ça alors, Artha ! Pourquoi tu te presses autant ?
Le mogwai s’arrêta net. Il n’avait pas aperçu que Yaomo le démon s’était approché de lui. Il avait sans doute dû être un lézard dans une autre vie, à voir le tic qu’il avait à sortir sa langue quand il parlait, un peu comme s’il le prenait pour une mouche qu’il voulait avaler. Mais il avait été aussi un vautour, vu son bec et la forme de ses ailes. C’était une des créatures les plus horribles d’Artha n’avait jamais vu. Il le détestait, et il ne doutait pas que ce sentiment était réciproque. Comme il s’en méfiait, Artha essaya de rester discret.
— Pour rien, je ne veux pas me faire remarquer en arrivant en retard…
— Ce serait bien la première fois que ça compterait pour toi.
Yaomo s’approcha d’Artha, presque jusqu’à le sentir, le goûter. Le démon fixa le regard d’Artha avec tant d’intensité que le mogwai avait l’impression qu’il lisait ses pensées comme dans un livre ouvert. Il essayait de ne pas penser à la jeune fille, de ne pas penser à la montagne. Yaomo resta ainsi quelques secondes avant de tourner la tête vers le repère.
— Très bien, finissons la route ensemble, c’est toujours mieux d’être en bonne compagnie.
— Très bien, répondit Artha, sans savoir ce qu’il devait penser de ce qui venait de se produire.
Les deux créatures parcoururent les quelques centaines de mètres ensemble. Quand ils pénétrèrent dans la grande demeure, beaucoup d’espèces étaient déjà arrivées : des homoncules, d’autres mogwais et d’autres démons. Ils étaient bien une centaine en tout. Comme d’habitude, ils étaient agglutinés dans la grande pièce centrale de la demeure, à attendre que la porte derrière laquelle leur chef allait apparaître s’ouvre.
Ce rituel ne durait que depuis quelques semaines, mais Artha en avait déjà assez. Son destin était d’être aux ordres de Sa Majesté, mais après plusieurs milliers d’années, il pensait qu’il en avait fini avec ça et il avait même commencé à se sentir libre. Il avait même déjà imaginé sortir de l’ombre, et vivre parmi les autres espèces, les mortelles. Il n’imaginait plus être rappelé pour obéir à des ordres. Mais leur seigneurie était trop puissante. Dès qu’elle était revenue, toutes les espèces de la nuit s’étaient réveillées.
Artha avait réussi à passer entre les gouttes jusqu’à présent. Tous les ordres qui avaient été donnés étaient si loin de ses compétences qu’il n’avait jamais été vraiment sollicité. Mais cette fois, il n’avait pas trouvé d’excuse pour échapper à sa tâche. Ses talents de pisteur étaient ce dont elle avait besoin pour retrouver sa proie. Malgré une description plutôt vague, ils avaient réussi à la retrouver… pour la deuxième fois en quelques années. Artha espérait qu’après avoir donné son information, il serait à nouveau libéré de ces contraintes, cette fois-ci pour l’éternité. Il n’allait pas tarder à le savoir, car enfin, la porte s’ouvrait.
S’il avait été un humain, Artha serait sans doute tombé sous le charme da sa maîtresse tant elle était séduisante. Sa chevelure feue et ses yeux émeraudes étaient légendaires et avaient fait beaucoup de victimes dans le passé. Mais il savait que, même si elle avait tout d’une femme, Artha savait qu’elle ne l’était pas. Elle appartenait à une race supérieure. Comme d’habitude, elle avait l’air furieuse.
— Dites-moi que vous avez retrouvé la gamine ! Elle a été aperçue aujourd’hui, mais l’a de nouveau perdu… Rassurez-moi, je ne suis pas entourée que d’incapables ? Les hommes ont montré leurs limites, qu’en est-il de vous ?
Artha s’était trompé, elle n’était pas furieuse, elle était en rage. Ça se voyait à ses yeux injectés de sang, ce qui ressortait encore le brillant de ses pupilles. Il hésitait à donner l’information qu’il avait. Il n’était pas sûr de sa réaction. En même temps, c’était l’occasion d’être reconnu à sa juste valeur pour une fois, de montrer qu’il n’était pas juste capable d’effrayer des enfants.
— Moi, je sais où elle s’est cachée !
Artha tourna la tête vers son voisin qui avait dit cette phrase. C’était Yaomo. La maîtresse changea de visage et Artha vue à ses yeux qu’elle se calmait. Son visage se radoucit, et elle s’approcha du démon avec un sourire mauvais.
— Je t’écoute.
— Je l’ai vue entrée dans un tunnel dans une montagne, répondit le démon qui visiblement jubilait de la situation.
Puis il tourna la tête, une fraction de seconde, vers Artha en tirant la langue. Il savait lire dans les pensées. Est-ce qu’il utilisait sa langue pour cela ? Artha l’ignorait.
— Quelle montagne ? Ici, ce n’est pas ce qu’il manque…
Yaomo tourna la tête vers Artha. Visiblement, il ignorait la réponse. Il allait sans doute essayait de lire la réponse dans l’esprit du mogwai. Quand il tourna la tête vers lui, Artha se força à repenser à la famille chez laquelle il avait vécu pendant des générations. Il sentit la langue du démon le toucher plusieurs fois. Sans savoir pourquoi ni comment, des flashs de la montagne lui revenaient en tête. Yaomo le forçait à repenser à la montagne.
— Alors ? Je t’écoute…
— J’ignore le nom de cette montagne. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle a trois sommets…
— Et c’est pour ça que tu me déranges ? Pour des informations aussi vagues ?
La maîtresse s’approcha avec une dextérité impressionnante et elle attrapa le démon par le gosier. Il battit des ailes pour essayer de se libérer, mais ses efforts étaient inutiles.
— Moi je pense savoir où se trouve cette montagne.
Tous les esprits et les démons tournèrent la tête en direction de la voix qui venait de prononcer cette voix. Elle venait d’une fenêtre ouverte dans une autre pièce. La maîtresse tourna les yeux en direction de la fenêtre et son sourire revint aussitôt. Effectivement, s’il y avait bien une créature qui connaissait forcément cette montagne, ce ne pouvait être que lui.
— Très bien ! Alors, vas-y et ramène-moi la jeune fille. Et prend ce démon avec toi, il te confirmera que c’est le bon endroit.
Yaomo changea de tête. Il n’avait aucune idée d’où pouvait être cette montagne. S’il ne pouvait pas le confirmer à la créature, leur maîtresse le saurait et il serait puni. Il tourna alors la tête vers Artha.
— Maîtresse, c’est une mission difficile, et loin de moi l’idée de penser que la créature ne serait pas capable de la mener à bien, mais je pense qu’une autre créature qui connaît le secteur ne serait pas de trop…
— À qui penses-tu ? demanda la maîtresse intriguée.
Yaomo tourna la tête vers Artha avec un sourire mauvais.
— Je pense qu’un esprit pourrait peut-être nous être d’une aide précieuse.
— Soit, qu’il aille avec vous. J’attends votre rapport au petit matin.
Yaomo confirma et sortit en tenant Artha, pour être sûr qu’il ne faisait pas faux bond. Quand ils arrivèrent à l’extérieur, la créature les rejoint. Elle les dépassait de plusieurs têtes. Tous les trois partirent en direction du Gangkhar Puensum. Le contraste entre le petit esprit, le démon et la créature géante était saisissant.
devait donner son rapport tous les soirs dans le repère de son maitre. Il s’approchait de la maison où tous les esprits du coin avaient rendez-vous. Quand il entra, beaucoup étaient déjà présents, et à voir la colère du maitre, les nouvelles n’étaient pas bonnes jusqu’à là.
—Espèce d’incapables ! De chiffons justes bons à ramasser des bouses de vaches ! Personne n’est capable de me dire où se cache cette gamine ? Personne ?
Tous dans la pièce baissaient la tête et évitaient le regard du maitre. Ils savaient que ce n’était pas le moment de se faire remarquer. Le silence régnait toujours quand Ganda prit la parole. Comme tous les esprits, il ne s’exprimait pas avec des mots, il communiquait son message à travers l’esprit de son interlocuteur.
— Moi je sais où elle est…
Tous les regards se tournèrent vers lui. Son maitre, qui avait pris la forme d’un humain aux cheveux long s’approcha.
— Où ça ? Parle !
— Elle est entrée dans le Gangkhar Puensum. Elle était accompagnée d’un homme et d’un tigre des neiges. J’ai essayé de les suivre mais je n’ai pas retrouvé l’entrée.
— Je vois très bien où c’est… C’est normal que tu n’aies pas pu y entrer. C’est un passage réservé aux élémentaux…
Quand il prononça ce mot, la salle reprit vie. Tous les mogwais, de toutes formes, commentaient ce qu’ils venaient d’entendre.
— Des élémentaux ? Je pensais que c’était une légende ?
— Ça fait très longtemps que personne n’en a vu…
— SILENCE !
Gunther Prats venait d’hurler ce mot si puissamment que les murs tremblèrent. Tous les mogwais baissèrent la tête et reculèrent. Ils avaient peur d’être punis.
— Ganda, tu retournes là-bas, je suis persuadé qu’ils ne vont pas y rester et qu’ils ne vont pas tarder à ressortir. Tu dois absolument y être et les suivre. Je veux savoir où ils vivent.
- Sa chevelure feue --> chevelure de feu ?
- Mais il savait que, même si elle avait tout d’une femme, Artha savait qu’elle ne l’était pas. --> "Artha savait qu'" semble de trop à la fin.
- Elle a été aperçue aujourd’hui, mais l’a de nouveau perdu --> il manque le "on" après "mais" ?
- en direction de la voix qui venait de prononcer cette voix. --> cette phrase.
- devait donner son rapport tous les soirs dans le repère de son maitre --> Il manque le début de la phrase ?
- les nouvelles n’étaient pas bonnes jusqu’à là.--> jusque-là ? (à vérifier)
J'aime beaucoup le petit démon !
Sinon, c'est un peu curieux ces deux scènes qui se ressemblent, avec "sa majesté", puis "gunther prats" (qui se ressemblent de caractère aussi?) ? Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris du coup (peut-être à cause du début de phrase qu'il manque ?)