Chapitre 8 : les gardiens

Chapitre 8 

Les gardiens

 

Ils avançaient depuis de longues minutes dans ce tube qui paraissait sans fin. Hava ne distinguait que les chaussures usagées d’Anan devant elle, et recevait de temps en temps des petits coups de museau de Sinha pour l’encourager à poursuivre. Elle se demandait ce qu’elle pouvait bien faire là, perdu au cœur d’une montagne avec un homme qu’elle avait toujours pris pour un sans-abri et un animal dont elle ne connaissait même pas la race.

Perdu dans ses réflexions, elle bouscula Anan qui s’était arrêtait brusquement. Il se retourna et lui fit un sourire édenté.

 

—Je pense que nous allons arriver dans un lieu que tu connais Hava.

 

Il s’était arrêté devant une grande paroi rocheuse seulement percé par une ouverture dans le bas qui formait un long couloir de granite. Il se mit de côté et continua sa marche en avant. Au bout de quelques dizaines de mètres, ils débouchèrent devant une porte. Anan tapa plusieurs fois sur la paroi un code particulièrement complexe à retenir et la porte s’ouvrit. Ils débouchèrent dans un couloir qu’Hava connaissait parfaitement. Anan continua sa route. 

 

Après quelques hésitations, Hava finit par le suivre. Tout se dérouler comme dans ses rêves. Au bout du couloir, Hava retint un cri : c’était bien la salle qu’elle avait tant de fois vu dans ses rêves. Comme elle l’avait vu quelques heures plus tôt, elle brillait de mille feux à la lueur de bougies.

Était-elle encore en train de rêver ? Allait-elle encore se réveiller dans sa chambre et se rendre compte qu’elle n’était pas vraiment là ? 

 

Par réflexe, elle s’avança vers l’endroit où était l’homme qui méditait. Il était là, débout, habillé lui aussi d’un kesa ocre. Il était beaucoup plus petit qu’elle, et elle pouvait apercevoir son reflet sur le haut de son crâne. Elle se retint de sourire. Quand il prit la parole, il parlait très bien français :

 

— Namas te, Hava, bon retour chez toi. Je me présente, je suis Ikari, un de tes protecteurs.

 

Sans lui laisser le temps de répondre, il enchaina.

 

—Nous faisons partis, Anan et moi, des protekta, les gardiens des... Enfin bref, notre devoir est de te protéger. Nous sommes nés ici, avons grandi ici et nous avons été formé depuis notre plus jeune âge pour subvenir à tes besoins et à ta sécurité.

— Mais c’est quoi ici ? Pourquoi vous dites que c’est chez moi ? Je ne suis jamais venu ici à part dans mes rêves…

— Détrompe-toi… Tu as passé plusieurs milliers d’années ici…

 

Hava ne comprenait pas. Cet homme était fou… Comment pouvait-elle avoir passé autant de temps à un endroit ? Elle n’avait que quatorze ans ! C’était insensé. Elle était au beau milieu de nulle-part, seule, avec des inconnus qui semblaient avoir perdu la raison… Elle fut soudain inquiète, et fit un pas en arrière. Elle fut déséquilibrée par le lion qui était juste derrière elle. Il prit ce geste pour un geste d’affection et il se frotta à elle en ronronnant. Les deux hommes ne disaient rien. Ils l’observaient et lui laissé le temps de se remettre de ses émotions. Le bruit du félin, associé à la caresse de ses feuilles permirent à Hava de se calmer. Au bout de quelques instants, elle finit par reprendre la parole.

 

— On va commencer par le début : où sommes-nous ?

— Nous sommes proche du sommet de la montagne sacrée de Gangkhar Puensum. L’endroit où nous sommes a été construit en ton honneur il y a fort longtemps. Nous y vivons en autarcie depuis des milliers d’années. Personne n’était rentré ou sorti d’ici… avant toi.

— Moi ?

— Oui, tu as débuté cette existence il y a une quinzaine d’année ici. Tu étais une petite fille magnifique, souriante et extrêmement curieuse aussi. Ton jeu préféré était de te cacher, ce qui rendait fou Anan qui passait son temps à te chercher. Un jour, il ne t’a pas trouvé pendant de longues heures, mais il ne s’inquiétait pas outre mesure puisque tu ne pouvais pas sortir d’ici, surtout aussi jeune. Mais au bout d’un moment, nous nous sommes tous inquiétés et nous avons conclus que tu t’étais enfuie. Du coup, nous t’avons cherché… Et c’est Sinha qui t’a trouvé.

 

Quand il entendit son nom, le tigre se frotta sur Hava, fier d’être au centre de l’attention. Comment le tigra avait pu la retrouver à plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres d’ici ? Il avait sans doute un bon flair, mais quand même. Elle s’apprêtait à poser la question quand Anan prit la parole.

 

— Ça fait du bien d’être de retour à la maison…

— Mais pourquoi vous m’avez suivie en France ? C’était si loin d’ici… De vos habitudes.

— C’était un honneur de vous avoir protégé pendant toutes ces années. Vous savez, vous êtes tout pour nous. Vous êtes notre raison d’être.

— Mais moi qui t’ai appelé tout ce temps père-noël, la honte !

— C’est quoi ça, Père-Noël ? intervint Ikari en souriant. 

— C’est un vieux monsieur barbu qui distribue des cadeaux.

— C’est comme Santa Claus ?

— C’est exactement ça, répondit Anan, vexé.

 

Ikari partit dans un fou rire qu’il eut du mal à calmer…  Anan lui parla dans une langue qu’hava ne comprenait pas, mais Ikari rigola de plus belle. Finalement, après un moment, il reprit son souffle, puis il essaya de s’expliquer.

 

—Père-Noël…. Je n’ai jamais vu surnom si mal porté. Tu n’as jamais fait de cadeaux à personne… Même l’heure, tu ne la donne pas.

 

Anan se rapprocha de lui, l’air énervé… A quelques centimètres d’Ikari, il s’arrêta et les deux hommes se regardèrent en chien de faïence. Finalement, Anan parti lui aussi dans un fou rire. Hava les regarda, se demandant une nouvelle fois ce qu’elle faisait là. 

 

— Ce n’est pas tout ça, mais je n’ai pas toute la nuit… Il faut que je sois revenue à l’hôtel avant que mes parents ne se réveillent. Donc je comprends que vous soyez contents de vous revoir, mais je vais devoir y aller.

— Oui, tu as raison repris Ikari en la regardant comme s’il venait de se souvenir qu’Hava était là. On doit te motrer quelque chose avant que tu ne repartes. 

— Au fait, pourquoi le dragon ne nous a pas déposé ici ? Comme il sait voler, il aurait pu nous amener jusqu’en haut au lieu de devoir monter tout ça à pieds.

— Nous sommes dans un lieu sacré. Il n’y a qu’une seule issue, et elle n’est accessible que pour un él… quelqu’un comme toi…

— Quelqu’un comme moi ?

— Nous verrons ça plus tard… Pour l’instant, suis-moi.

 

Il avança vers le fond de la pièce, vers la fameuse porte en bois qu’Hava avait voulu ouvrir tant de fois dans ses rêves. Il sortit un lourd trousseau de sa poche et il inséra une grosse clé en métal dans le cylindre, tourna et poussa la lourde porte.

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Herbe Rouge
Posté le 21/05/2021
Quelques coquilles :
- elle bouscula Anan qui s’était arrêtait brusquement --> arrêté
- Il s’était arrêté devant une grande paroi rocheuse seulement percé par une ouverture dans le bas qui formait un long couloir de granite --> perçée + la formulation est un peu curieuse ?
- ils débouchèrent devant une porte. Anan tapa plusieurs fois sur la paroi --> il tape sur la porte non ? pas la paroi ?
- Tout se dérouler comme dans ses rêves --> déroulait
- nous avons été formé --> formés
- Ils l’observaient et lui laissé le temps --> laissaient
- On doit te motrer --> montrer
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