Chapitre 1

La nuit commençait peu à peu à envahir le Royaume de la Lune, alors que celui-ci semblait gagner en vitalité. Les habitants de Maria, sa capitale, accouraient dans les rues pour faire renaitre la ville, illuminés par l’astre lumineux qui les observait depuis le ciel étoilé.

Les festivités pour fêter la venue de la nouvelle lune envahissaient de plus en plus les nombreuses allées, laissant aux habitants et touristes, le loisir de découvrir les nombreuses échoppes multicolores.

Au centre de Maria, une grande place avait été aménagée de manière à ce que les marchands puissent y séjourner pendant plusieurs jours, tout en gardant de larges chemins pour les passants.

Des cris admiratifs d’enfants englobaient la ville, alors que l’odeur des confiseries se mélangeait à celle de la nourriture en train de cuire.

Au milieu de cette effervescence, un jeune adolescent tentait de monnayer trois morceaux de viandes.

Ses cheveux blond clair tombaient sur ses yeux bleus et sur ses oreilles, lui donnant un air plus enfantin. Il portait un haut blanc dissimulé sous une veste de la même couleur que le ciel, sur lequel brillaient des dessins d’étoiles. Des chaussures noires portaient des marques usagées, que son pantalon bleu foncé - plutôt large - cachait légèrement.

À côté de lui, un jeune homme qui paraissait avoir le même âge, regardait la scène en tenant la main de sa petit soeur.

Leurs habits étaient plus simples, moins luxueux, témoignant d’une vie plus sobre.

Toutefois, ils étaient tous deux bien différents ; Le plus vieux avait des cheveux foncés et crépus coupés courts, des yeux noirs et un visage carré. Sa peau brune portait les marques des arbres qui l’avait griffé.

Sa soeur était plus petite, avec des cheveux lisses de la même couleur qui descendait jusqu’à ses épaules. Ses yeux étaient plus clairs, mais avec la même étincelle de malice qui brillait. Sa peau était également plus clair, mais coupée par des marques similaires.

- Laisse tomber, Laj’, ne faisons pas patienter tout le monde, s’impatienta le grand frère.

Le jeune adolescent aux cheveux blonds se retourna pour regarder la file qui s’était formée derrière. Elle était composée d’une demi-douzaine de personne qui l’observait, attendant qu’il finisse ses négociations.

- Très bien, soupira-t-il en posant quelques pièces de bronze sur le comptoir, Je n’en prendrai que deux, alors.

Le commerçant échangea l’argent contre deux morceaux de viandes avant de passer au client suivant. Le trio s’éloigna rapidement, alors que le dénommé Laj’ bougonnait.

- Si vous m’aviez laissé quelques minutes de plus, j’aurais réussi à avoir trois morceaux de viandes pour à peine un pièce de plus ! Protesta-t-il.

- Cela faisait déjà quinze minutes que tu essayais de le convaincre et il paraissait plus ennuyé et exaspéré qu’hésitant, contredit son ami.

Laj’ le foudroya du regard tout en faisant voler sa dernière pièce dans les airs avant de la rattraper.

- Tu dis ça parce que tu n’y connais rien en commerce, riposta l’adolescent avec mauvaise foi.

- C’est culotté de dire cela, lorsqu’on est le prince de Cancer - et qu’on passe le plus clair de son temps à lire des livres sur l’histoire des Zodiaques.

Avec un pincement des lèvres vexé, le jeune homme pressa le pas vers un coin à l’ombre.

- Si tu ne veux pas être accusé de lèse-majesté, je te conseille de t’excuser rapidement, plaisanta-il finalement en s’asseyant sur le sol froid fait de pierre.

- Tu n’oserais pas ! S’indigna la petite fille.

- Ne t’inquiètes pas, Agapè, je saurais m’échapper, sourit son frère.

- Je n’en reviens pas que vous ayez si peu confiance en moi ! Soupira Laj’, Dans mon coeur, vous êtes pourtant les rares dont je ne me méfie pas.

- Nous avions confiance en toi ; Jusqu’à ce qu’on découvre que tu avait oublié ton argent et que tu passes quinze minutes à tenter de négocier trois pauvres morceaux de viandes. Le pire, c’est que tu n’as obtenu du marchand que de l’exaspération et de l’ennui, le taquina le jeune homme.

- Je me demande bien pourquoi je vous ai choisis comme amis, regretta l’adolescent.

Un sourire fier vint orner le visage des deux autres, alors qu’ils s’installaient à côté de lui pour partager les deux morceaux de nourritures.

- La prochaine fois, tu me laisseras voler l’argent qui nous manque, déclara le jeune homme aux cheveux foncés.

- Jamais ! S’horrifia le prince, Et si tu te faisais attraper ?

La petite fille laissa échappa un petit rire en se posant sur les genoux de son frère qui était assis par terre.

- Aym’ ne se fera jamais attraper ; Il est bien trop fort ! Affirma-t-elle.

- Tu penses ? S’amusa Laj’.

- Bien sûr ! C’est moi qui lui aies tout appris !

Son frère eut un sourire amusé tout en passant un de ses mains dans les cheveux de la jeune fille pour les recoiffer.

- Tu ne serais pas capable de voler une sucette à un aveugle, s’amusa-t-il.

Elle se retourna pour lui tirer la langue avant d’ébouriffer ses cheveux.

Menteur !

Aym’ rit avant de l’attirer vers lui.

Je retire ce que j’ai dit, tu es la meilleure voleuse que je n’ai jamais pu voir, avoua-t-il en souriant.

La jeune fille se blottit contre son frère tout en s’amusant à jouer avec une mèche de ses cheveux.

Dans les ruelles illuminées par la lumière de la lune, les passants se bousculaient, regardant les échoppes avec attention, donnant l’impression d’être au milieu d’une immense fourmilière.

Les cris admiratifs occupaient toute la ville, alors que diverses odeurs emplissaient les allées.

Si Aym’ en croyait la population qui ne cessait d’augmenter, la journée était dans plusieurs heures.

- Alors, Laj’, que pense-tu de la fête pour la nouvelle Lune ? Demanda finalement l’adolescent.

- Elle est immense… Mais tu sais très bien ce que je préférerais que nous fassions.

Aym’ leva la tête pour regarder les étoiles qui brillaient dans le ciel.

Bien sûr qu’il le savait ; Depuis plusieurs années déjà, Laj’ était obsédé par une seule idée ; Enfin réparer l’injustice commise par les Zodiaques.

Mais cette idée lui paraissait si lointaine… Ils ne connaissaient encore rien sur l’infinité des étoile, alors comment pouvaient-ils espérer pouvoir trouver une dague disparue depuis des dizaines d’années ?

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Aym’ se releva lentement, après avoir réveillé sa petite soeur.

- Hey… Agapè… On doit rentrer.

L’enfant se frotta les yeux tout en tentant de ne pas tomber.

- Déjà, marmonna-t-elle.

- Déjà, acquiesça Aym’.

Le soleil commençait petit à petit à se lever, laissant Maria se rendormir sous ses chaleureux rayons. Les allées étaient plus ou moins désertes ; Seuls quelques visiteurs supportant mal la vie nocturne restaient là à marcher.

- Mamà doit être rentrée depuis plusieurs dizaines de minutes.

Laj’ s’accouda au mur pour se relever, après avoir récupérer le restant de morceaux de viandes qui trainaient par terre.

Ses cheveux étaient légèrement plus ébouriffés qu’avant, et ses yeux étaient rougies par la fatigue. Malgré cela, Aym’ savait que son ami allait encore lire quelques livres avant de se coucher.

La jeune soeur de Laj’ trébucha soudainement, les paupières à moitié fermées, et se rattrapa faiblement à la veste de son frère.

- Tu es toujours parmi nous ? Rit-il.

- Non pas encore, marmonna la petite fille.

Un petit sourire vint effleurer le visage d’Aym’, alors qu’il attrapait la main de sa soeur.

- Nous allons rentrer, déclara doucement l’adolescent en observant le bâillement de sa soeur, On se revoit demain ?

Laj’ acquiesça et les salua de la main, tandis que les deux frères et soeurs s’éloignaient.

Ils marchèrent ainsi en silence pendant plusieurs minutes, traversant les belles rues de Maria.

Leur maison se trouvait à l’écart des autres, à côté d’un cimetière fait d’un mélange de granit et de marbre.

Étrangement, contrairement à ce que l’on aurait d’abord pu penser, celle-ci était colorée - bien plus que n’importe laquelle. D’une jolie teinte bleutée, similaire à celle des autres demeures, les murs étaient toutefois ornés par de nombreux dessins. Ceux-ci avaient été dessinés par Aym’ et sa famille, des années plus tôt. Le toit, tout comme les volets et la porte, était fait de tuiles plus foncées que les murs. Des pierres plates proposaient un chemin dans le jardin délimités par des arbustes, leur dévoilant un chemin jusqu’à l’entré.

Aym’ et sa soeur se dirigèrent vers la porte, la jeune fille trébuchant à chacun de ses pas.

Ils entrèrent doucement à l’intérieur et l’enfant monta immédiatement dans sa chambre. Son frère, quand à lui, se dirigea vers la salle à manger.

Sa mère, Salomé Wolf,y était installée, assise sur une chaise en bois. Ses cheveux tombaient en de jolies boucles chocolat sur ses épaules, de manière à laisser apparaitre un carré plongeant. Une longue robe violette venait recouvrir son corps, alors que ses pieds étaient cachés par des chaussons de la même couleur. Sa peau - légèrement plus claire que celles de ses enfants -, portait des marques de peintures au niveau des bras.

Aym’ la salua en souriant, avant de s’installer en face d’elle.

- Tu es déjà rentré ? Je pensais que vous mettriez un peu plus de temps, s’étonna sa mère en lui rendant son sourire.

Ses mains étaient serrées autours d’une tasse rouge qui lui avait été offerte par sa fille, la réchauffant légèrement.

- Reb’ fatiguait. Et il ne restait plus autant de monde ; Tout le monde était déjà rentré, expliqua le jeune homme.

Reb’, était le diminutif de Rebecca, qu’Aym’ appelait affectueusement Agapè, tout comme Laj’ et Aym’ étaient ceux de Lajos et d’Aymeric, les prénoms respectifs des deux adolescents.

- D’ailleurs, où est-elle ? S’inquiéta la mère en se retournant pour voir si l’enfant était dans la pièce.

- Elle est déjà allée se coucher ; Elle était épuisée.

Un petit sourire vint orner le visage de Salomé. Rebecca avait toujours eu la fâcheuse de s’endormir plus facilement lorsqu’elle était avec son frère, peu importe le lieu où elle se trouvait.

- Tu devrais aussi y aller. Je peux voir d’ici les cernes qui orneront tes yeux, demain, suggéra la mère.

Il était vrai que le sommeil commençait peu à peu à embrumer les pensées de l’adolescent, le laissant tomber de plus en plus dans les bras de Morphée. Et il avait beau se battre pour garder les yeux ouverts, sa défense s’amenuisait au fil du temps.

Aym’ se releva en s’étirant doucement.

Oui, dormir était sûrement la meilleur option qui lui restait.

Il salua Salomé et s’élança vers sa chambre - qui se trouvait à l’étage, en face de celle de sa soeur.

Une fois arrivé à sa destination, il n’hésita pas longtemps avant de se coucher.

Sa chambre était spacieuse - vierge de tout autre meuble que son lit, un bureau et deux armoires. Quelques dessins venaient offrir un côté décoratif à la pièce, mais tous appartenaient à Rebecca.

Il fallait dire qu’Aym ne passait pas beaucoup de temps dans sa chambre ; S’il n’était pas dehors avec sa soeur, il se trouvait généralement dans la ville ou la bibliothèque avec Laj’.

Ce n’était pas le cas de ses deux compagnons qui remplissaient leurs chambres avec beaucoup de passion.

Il suffisait à Rebecca qu’elle trouve une jolie fleur pour que celle-ci ait droit à une place dans sa chambre. C’est ainsi que de nombreuses « décorations », comme l’enfant s’amusait à appeler ses trouvailles, envahirent peu à peu la maison.

Du côté de Laj’, ce n’était pas ce trait de caractère qui l’avait fait remplir sa chambre, mais son obsession pour les Zodiaques.

Tout ce qui faisait mention des signes - que ce soit des livres, des cartes, des textes ou même des peintures -, était ramené dans sa chambre pour qu’il les lise, les décortique, les analyse, jusqu’à les connaitre par coeur.

Passion qui lui avait, à de trop nombreuses reprises, attiré les foudres de son père, Héraclès, le Zodiaque de la Lune.

Aym’ papillonna des yeux pendant quelques secondes, le temps d’arriver dans son lit, et se laissa finalement emporter par le sommeil.

Il lui semblait que celui-ci n’avait fait que le réclamer depuis plusieurs heures, tandis que son corps et son esprit l’imploraient d’aller se coucher.

Sûrement Laj’ était encore en train de résister, pour lire des livres qu’il connaissait sur le bout des doigts - ce serait sûrement plus que logique ; L’adolescent avait avoué avoir fait de nombreuses nuits blanches pour espérer découvrir un indice qu’il n’avait pas aperçu lors de ses anciennes lectures.

Avec un sourire amusé, l’adolescent aux cheveux noirs sentit ses pensées s’éteindre peu à peu, laissant la place au Royaume des Rêves.

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