Chapitre 2

Aym’ se laissa glisser le long de l’arbre dans lequel il se trouvait pour arriver à une branche plus basse. Sa soeur, Rebecca, le cherchait vainement depuis plusieurs minutes, à quelques mètres de lui, et le jeune homme s’amusait de sa frustration grandissante face à ses échecs répétés.

Mais cet amusement n’était pas la seule raison à son arrivée dans l’arbre.

Alors que le temps passait, que les jours s’ensuivaient pour former des semaines, Laj’ ne se décidait pas à venir leur rendre visite et l’adolescent en était de plus en plus suspicieux.

Le jeune prince avait toujours eu la fâcheuse tendance à s’attirer des ennuis, et à peiner à les régler. De plus, malgré son temps plutôt calme, il suffisait que l’on aborder un des sujets qui lui tenaient à coeur pour qu’il perde toute retenue.

Toutefois, il était également probable que Laj’ ait découvert un nouvel objet relié aux Zodiaques, le gardant enfermé chez lui.

Dans tout les cas, Aym’ ne pouvait pas entre au palais pour vérifier la véracité de ses théories ; Seuls les proches du roi possédaient le statut adéquat pour le faire.

Une petite main brune vint soudainement agripper le pied de l’adolescent, le faisant sursauter. Elle fut vite rejoint par une tête aux traits enfantins.

- Je n’arrive pas à croire que tu m’aies laissé te chercher pendant dix longues minutes ! S’exclama l’enfant en s’installant à côté de son frère.

- Je savais que tu finirais tôt ou tard par me trouver, rit Aym’.

- Donc tu m’aurais laissé te chercher pendant plusieurs heures ? S’horrifia Rebecca.

- Tu ne mettras jamais plus d’une dizaine de minutes, sourit l’adolescent.

Une lueur d’amusement brillait dans les yeux de la jeune fille, alors qu’elle pestait faussement contre son frère.

- Tu m’as fait perdre les dernières minutes de ma vie avant la fin des vacances ! S’indigna-t-elle.

Tu en aurais eu plus si tu n’avais pas dormi plus de treize heures.

Je ne regrette rien ; C’était les meilleurs heures de ma vie.

Aym’ eut un sourire amusé.

- Rappelle toi que demain, tu n’auras plus droit à treize heures de sommeil.

Rebecca afficha une grimace de mécontentement tout en se laissant glisser pour arriver à la branche la plus basse.

- Demain, je serai malade.

L’adolescent rit doucement, avant de la rejoindre.

Les cheveux de l’enfant étaient tressés dans son dos, alors que quelques feuilles s’y étaient enfouies. Elle portait un jolie robe violette sur laquelle des fleurs blanches étaient dessinées.

Son frère se posa sur la branche et commença à jouer avec une brindille qu’il arracha à l’arbre.

Le vent faisait doucement virevolter la verdure qui s’éloignait peu à peu, alorsque l’air se faisait rafraîchissante. Une grande plaine vierge venait se dérouler devant l’adolescent et sa soeur, avant de dévoiler une maison et un cimetière.

Soudainement, d’étranges bruits vinrent troubler le silence de la forêt, faisant sursauter Aym’ et Rebecca.

Le jeune homme se retourna brusquement pour tenter d’identifier l’origine du vacarme.

Aussitôt, il sauta à terre et dévala la colline en courant, talonné par sa petite soeur. Les éclats métalliques des lames qui s’entrechoquaient ne faisaient qu’augmenter en rapidité et en puissance, alertant l’adolescent.

Serait-ce trop dangereux d’y aller ? Devait-il ordonner à Rebecca de partir rejoindre leur mère ?

Le jeune homme se maudit intérieurement, regrettant son incapacité à prendre des décisions.

Mais, quoi qu’il fasse, il savait que sa soeur n’obéirait sûrement pas… Et même pour sa sécurité, il ne se voyait pas s’énerver contre elle pour l’éloigner.

Alors que les bruits devenaient de plus en plus audibles, Aym’ s’arrêta brusquement, tout en retenant Rebecca.

- Reste ici, ordonna-t-il finalement.

S’il savait que l’enfant n’accepterait pas de rentrer chez eux, il pouvait malgré tout faire en sorte qu’elle reste à distance.

Soudainement, le jeune homme fronça des sourcils. L’obscurité avait disparu pendant quelques instants pour faire apparaitre un homme massif dont l’apparence ne le laissa pas longtemps hésiter sur son identité.

Que voulait-il ? Et pourquoi se montrait-il à lui ? La seule raison devait être que… Oui cela devait être cela. Aym’ acquiesça doucement et tenta de se rencontrer sur l’action devant lui.

L’adolescent s’avança lentement vers la source du bruit, bridant sa curiosité qui le poussait à oublier sa méfiance.

Devant lui se dévoila peu à peu un paysage pour le moins particulier.

À l’orée de la forêt, éclairés par les rayons du soleil, un homme et une femme se battaient à l’épée.

La première avait un visage clair aux traits anguleux et gracieux, encadrée par des cheveux rouge vif coupé en un carré. Une longue tresse s’y échappait, retenu par un imposant noeud noir. Son oeil gauche, d’un bleu profond, contrastait avec son autre oeil écarlate.

Ses mains pâles, sur lesquels des ongles de plusieurs centimètres étaient visible, tenaient une épée, d’un rouge plus clair que ses cheveux.

Elle était grande et athlétique, d’une apparence qui attirait indéniablement l’attention et portait une robe faite de différents tissus asymétriques pourpres, bruns et noirs.

Aym’ glissa son regard vers l’autre combattant, avant de se figer.

L’ennemi de la jeune femme n’était autre que Lajos.

Sa peau était couverte de cendre et de coupures, alors que quelques bleus étaient visibles sur ses bras. Une longue griffure venait traverser son bassin à travers sa tunique, le faisant saigner abondamment. Il faiblissait peu à peu, ayant de plus en plus de mal à bloquer les attaques de son assaillante.

Soudainement, l’adolescent trébucha en reculant, et se laissa tomber à terre. Lorsqu’il releva la tête, la jeune femme le regardait avec un étrange sourire, son épée pointé sur le cou du prince de Cancer.

Aym’ eut un frisson d’horreur, alors qu’il serrait son poing droit. Que devait-il faire ?

Il refusait de croire que Laj’ puisse risquer ainsi sa vie - jamais il n’aurait pu énerver quelqu’un au point que celui-ci veuille le tuer.

Et pourtant, la scène qui se déroulait devant lui s’obstinait à lui prouver le contraire.

La femme resta un instant à jauger l’héritier du Zodiaque de la Lune, alors que celui-ci ne la quittait pas des yeux. Aucun des deux ne semblait décidé à faire un mouvement, se contentant de rester à fixer l’autre.

- Tu sais, Lajos, être le futur Cancer ne t’autorise pas à faire tout ce que tu veux, dit-elle finalement en relevant son épée pour la ranger dans son fourreau.

- C’est pour ça que c’est moi qui me le permet, répondit sèchement l’adolescent en se relevant.

L’épée de son interlocuteur fendit brusquement l’air à côté de la joue d’Aym’, entaillant légèrement sa peau.

- Tu te le permettrais toujours si la vie de ton précieux ami était en jeu ?

L’adolescent aux cheveux noirs resta figé un instant, ne sachant comment réagir, alors que Laj’ se retournait pour le regarder.

- Aym’ ? Murmura-t-il doucement.

Ses yeux étaient interrogatifs et surpris et ses sourcils fronçaient d’incompréhension ; une question devait l’interroger : Qu’est ce que son meilleur ami faisait là ?

Aym’ avança de quelques pas, ne sachant comment réagir - sûrement n’était-il pas le seul dans ce cas-là. Ce fut ses jambes qui se murent instinctivement,le jeune homme n’ayant pas la capacité d’y réfléchir.

Soudainement, une petite forme brune vint s’avancer devant lui, faisant barrière de son corps.

- Agapé ? S’étonna son frère.

Sa voix n’était qu’un murmure, trop faible pour être entendue par les autres.

- Tiens, elle, je ne l’avais pas remarqué, avoua celle qui avait vaincu Laj’.

Le visage de Rebecca était fièrement relevée, bien qu’elle tremblât. Ses mains étaient serrés, sûrement pour se donner l’impression qu’elle était assez forte pour ne pas laisser son frère seul face à la femme devant eux, et ses yeux étaient déterminés - mais également effrayés.

- Lorelei, laisse-les tranquilles, ordonna le prince de Cancer, sans quitter son meilleur ami du regard.

La dénommé Lorelei fit une moue offensée avant de se glisser derrière Laj’.

- Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi, petit prince, s’amusa-t-elle.

- Alors considère cela comme une menace, déclara l’adolescent, sans faire un mouvement face à la femme aux cheveux rouges.

- Tu regretteras tes dires lorsque tu hériteras du Zodiaque de la Lune. Et crois moi, je sais ce dont je parle.

- Parce que toi, tu as déjà regretté quelque chose ? Douta le jeune homme en se retournant, Ne me mens pas, Lorelei.

- Je ne mens pas ; Je dis seulement que toi, tu regretteras tes actes plus tard. Pour ma part, je n’ai pour l’instant encore rien regretté, malgré mes nombreuses années de vie.

Malgré ses longues années de vie ? Pourtant elle ne paraissait avoir qu’une vingtaine d’années… Serait-elle, elle aussi, un Zodiaque ?

Malheureusement, Aym’ ne possédait pas assez de connaissance à ce sujet pour réussir à déduire si cette théorie était fausse ou non - et si oui, le signe qu’elle possédait.

- Mais ce n’est pas ce dont je voulais te parler ( Lorelei jeta un bref coup d’oeil aux deux frères et soeurs ) Puisque nous avons été interrompu, je ne peux que te proposer de nous revoir un autre jour. Je te recontacterai bientôt.

Avec un sourire qui lui semblait propre, la femme s’éloigna rapidement, sous le regard de Laj’ et de ses meilleurs amis.

Dès qu’elle fut partie, le silence envahit l’orée de la forêt, personne ne trouvant quelque chose à dire.

Il était évident que tout le monde voulait s’interroger, mais les mots ne voulaient pas sortir.

- Cette Lorelei… Qui était-ce ? Demanda finalement Aym’ d’une voix qui se voulait rassurante - mais qui n’était que tremblante.

Laj’ se retourna pour leur faire face. Son visage était fermé, et ses poings serrés.

- Le Zodiaque du Scorpion, déclara-t-il lentement.

Lorsqu’il eut finalement de prononcer ces mots, il releva la tête pour les regarder attentivement.

- Et aussi une des rares qui pourrait nous offrir des informations sur Ophiuchus.

- Elle ne semblait pas vraiment vouloir nous les offrir, ironisa Aym’.

- Parce que nous n’avions pas fini de discuter, se justifia son ami.

L’adolescent se retint de le contredire. Il savait très bien que, malheureusement, Laj’ était parfois pourvu d’un entêtement et d’une confiance en lui qui dépassait celle de ses deux meilleurs amis.

- Et… que s’est-il passé pour qu’elle t’attaque ainsi ?

Le prince de cancer hésita un instant, paraissant réfléchir à ses futurs mots.

- Laj’ ? Répéta Aym’.

- Je t’expliquerai plus tard, décida-t-il finalement, Pour l’instant, je dois… Vérifier quelque chose.

L’adolescent recula de quelques pas, avant de se retourner et de s’éloigner, laissant les questions de son ami sans réponse.

- Je suppose que … On va rentrer, nous aussi ? Demanda Rebecca.

- Vas-y déjà. Je te rejoins plus tard.

L’enfant acquiesça doucement, l’air de se demander ce qu’elle devait faire.

- Vas-y, ne t’inquiète pas, je te rejoins après, la rassura Aym’.

Sa soeur fronça des sourcils pendant un court instant, avant d’accepter de rentrer.

Une fois qu’elle se fût suffisamment éloignée, l’adolescent se laissa tomber au pied d’un arbre.

Presque aussitôt, un homme imposant sortit de la pénombre, talonné par Lorelei. Ce fut comme si l’ombre de la forêt s’écartait pour les laisser passer, de la même manière que lorsqu’Aym l’avait vu pour la première fois.

- Je suis heureux que eusses compris ma demande, sourit Héraclès, le roi de Cancer.

C’était un homme massif dont la simple présence suffisait à imposer le respect. Ses cheveux bruns étaient tirés en arrière, de manière à lui offrir un air encore plus stricte qu’il ne l’avait déjà. Ses yeux - de la même couleur que ceux de son fils - rappelaient les traits qui traversaient son visage - de son arcade au bas de sa joue. Il portait un ensemble de tissus mélangeant bleu royal et doré qui contrastait avec la robe de Lorelei.

- C’était un honneur que vous eussiez voulu me parler ; Jamais, je n’aurai pu vous ignorer, répondit poliment Aym’.

Scorpio eut un petit sourire amusé qu’elle ravala rapidement face au regard noir d’Héraclès.

- Vois-tu, mon fils prend depuis peu de plus en plus de temps pour partir voyager - et n’hésite pas à se mettre en danger. Têtu comme il est, tu dois bien savoir que je n’arriverai pas à le convaincre de changer.

L’adolescent acquiesça lentement. Où voulait-il en venir ?

- Toi et ta soeur êtes les seuls qu’il accepte ; C’est pour ça que j’aimerai que le protège. Tu dois bien savoir que des places d’écuyers viennent de se libérer, non ? J’aimerai que tu devienne le chevalier attitré de mon fils.

Le chevalier attitré du prince de Cancer ? Aym’ retint un sourire. Il n’aurait jamais pensé que le roi lui-même puisse le lui demander.

Mais, de toute façon, l’adolescent n’hésita pas longtemps ; Personne ne pouvait refuser une demander de Cancer.

- Ce sera avec un grand plaisir, accepta finalement Aym’.

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