Deux lettres se tenaient devant la jeune femme sur le bureau de chêne massif, leur présence imposante rompant la monotonie des missives habituelles. Rien de surprenant à cela lorsque l'on est noble, habitué aux échanges épistolaires. Pourtant, ces enveloppes avaient quelque chose de particulier, une aura qui retenait son attention bien plus que de raison.
La première lettre, d'un ivoire immaculé, captiva immédiatement son regard. Ses bordures étaient ornées de dorures délicates, tracées avec une telle précision que chaque motif semblait danser sous la lumière tamisée de la chandelle. L'encre, d'une qualité remarquable, témoignait d'une richesse discrète et raffinée, tandis que la plume utilisée semblait avoir effleuré le parchemin avec une grâce infinie. Il ne faisait aucun doute que cette missive provenait d'une haute lignée, son prestige se reflétant dans chaque détail, de la texture du papier jusqu'à l'odeur subtile de parfum de lys qui s'en dégageait.
La seconde lettre, en revanche, contrastait nettement par son apparence plus modeste. Elle était faite d'un parchemin de couleur sable, typique des fournitures de qualité vendues dans les boutiques animées de l'avenue Solaria, la plus grande rue commerçante de la capitale. Sa texture légèrement rugueuse et ses petites imperfections lui donnaient un caractère authentique, mais moins éclatant. Il n'y avait aucune ornementation, si ce n'est un emblème distinctif qui la fit frémir. La brune connaissait cet emblème mieux que quiconque, car il ornait son uniforme tout au long de l'année. Le symbole de l'académie impériale d'Ilvermorny.
Son souffle se fit plus court et l'air sembla se raréfier autour d'elle. Elle déglutit difficilement, sentant une tension croissante dans sa poitrine. Elle ferma les yeux quelques secondes, murmurant en silence une prière pour Solaris, avant de les rouvrir et de tendre une main tremblante vers la première enveloppe.
Avec une délicatesse révérencieuse, elle la souleva du bureau, presque inquiète de la voir se désagréger sous ses doigts. Cependant, elle se révéla aussi solide qu'elle était raffinée. Sur la première face, elle pouvait lire " Pour Damoiselle Anthéa Mirwill ".
L'écriture, élégante et assurée, méritait une admiration silencieuse qu'Anthéa lui accorda pendant de longues secondes. Chaque lettre semblait avoir été tracée avec une attention minutieuse, comme si le scribe avait voulu transmettre plus qu'un simple message, mais également une part de l'âme de l'expéditeur. Enfin, elle retourna la lettre et poussa un petit cri de stupeur.
Le sceau de cire dorée ornant le dos de l'enveloppe portait le blason de la famille impériale. Le phénix majestueux, symbole de l'Empire Azoven, paraissait prêt à s'élancer hors de la cire pour prendre son envol. Ce sceau était rare et précieux, signe d'une communication directe de la plus haute autorité de l'Empire. Son cœur s'emballa tandis qu'elle réalisait la portée potentielle de cette missive.
Reposant la lettre avec une précaution excessive, elle se leva de son fauteuil pour faire les cent pas dans sa chambre. Si la pièce était habituellement un havre de paix pour elle, claire et parsemée de tons doux, imprégnée de cette senteur de verveine qu'elle aimait tant, la jeune noble ne prit pas le temps d'apprécier l'endroit.
L'académie et l'Empereur. Que devait-elle faire ? La solution la plus logique aurait été d'en parler avec ses parents. Ils sauraient probablement lui indiquer la marche à suivre, mais l'inquiétude l'emportait sur la logique. Elle savait à peu près ce que contenait la missive de l'académie : la confirmation de son échec ou de sa réussite aux examens de fin d'année qu'elle avait passés deux mois plus tôt. Mais la lettre venue du palais ? Celle-ci restait un mystère, et c'était bien ce qui perturbait Anthéa.
Elle leva les yeux vers l'enveloppe ivoire, la scrutant comme si elle pouvait révéler ses secrets d'elle-même. Son cœur battait la chamade, une pulsation sourde résonnant dans ses tempes. Il n'y avait pas de doute possible : c'était bel et bien le cachet doré de l'Empereur. L'Impératrice utilisait une cire parme, l'Héritier avait une cire bleue. Quant au reste de la famille impériale, elle avait oublié leur code couleur.
Se mordant la lèvre inférieure, elle cherchait désespérément à comprendre. Une communication directe de l'Empereur n'était pas à prendre à la légère. Chaque fibre de son être l'incitait à l'ouvrir immédiatement, mais la peur de ce qu'elle pouvait contenir la paralysait. Pourquoi l'Empereur s'intéresserait-il à elle ? Son esprit tourbillonnait de questions sans réponses, et la seule certitude qui lui restait était l'urgence de découvrir le contenu de cette missive impériale.
Incapable de se décider, elle attrapa la petite cloche en argent posée sur son bureau et la fit sonner une fois. Il ne fallut que quelques secondes pour que la porte s'ouvre sur une jeune femme à peine plus jeune qu'elle, à la chevelure rousse éclatant comme une flamme dans la lumière tamisée. La jeune femme s'inclina respectueusement devant sa maîtresse, arborant un sourire sincère, comme si le fait qu'elle fasse appel à ses services était la meilleure chose qui lui était arrivée de la journée.
Cela dit, Anthéa pouvait la comprendre. Rester debout toute la journée, devant la porte, dans l'attente que l'on ait besoin d'elle, n'avait rien d'enviable. Lorsque la domestique se redressa, elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire communicatif.
— Vous m'avez fait mander, Damoiselle ?
— Paige, répondit-elle avec un léger soupir de soulagement. J'aurais besoin que tu ailles dans le bureau de Père. Je sais qu'il prend le thé avec Mère, néanmoins, dis-lui que je souhaiterais le voir. Les résultats d'Ilvermorny viennent d'arriver.
Ses yeux s'élargirent légèrement, saisissant l'importance de l'annonce. Elle hocha la tête avec enthousiasme, fit une petite révérence, puis quitta la pièce en hâte. Elle resta seule, les lettres toujours posées devant elle, pesant sur son esprit comme une enclume.
Anthéa se rassit, incapable de rester debout plus longtemps, et fixa de nouveau les enveloppes. Le sceau impérial semblait presque luire d'une aura mystique, tandis que celui de l'académie, bien que moins impressionnant, pesait tout autant sur son esprit. Les quelques minutes d'attente lui parurent une éternité, chaque tic-tac de l'horloge accentuant son angoisse.
Enfin, des pas précipités résonnèrent dans le couloir, et la porte s'ouvrit à nouveau pour révéler Paige, accompagnée de son père. L'homme, d'apparence sévère mais juste, portait une veste ornée de motifs familiaux. Ses yeux, d'un bleu perçant, scrutèrent immédiatement les lettres sur le bureau avant de se poser sur elle avec une expression interrogative.
— Anthéa, que se passe-t-il ? demanda-t-il d'une voix calme mais empreinte d'autorité.
— Les résultats de l'académie sont arrivés... Ainsi qu'une lettre du Palais, répondit-elle en désignant les enveloppes. Je pensais qu'il serait préférable de les ouvrir en votre présence.
Il hocha la tête et, sans attendre qu'une domestique lui en apporte une, prit une chaise pour s'asseoir à ses côtés. Son cœur battait à tout rompre alors qu'elle tendait la main vers la lettre d'Ilvermorny, se préparant à découvrir ce que le destin lui réservait.
Malgré la présence rassurante de son père et la douceur de son regard bleu, capable de chasser ses craintes les plus tenaces, elle ne trouvait pas la force d'ouvrir l'une des deux lettres. Patiemment, il attendit qu'elle prenne une décision, comprenant parfaitement sa situation. Lui-même avait traversé une épreuve similaire quelques années plus tôt, bien que les attentes à son égard fussent drastiquement plus élevées que les siennes.
En tant qu'unique héritier de l'Archimage Odeïs, son grand-père, tout le monde attendait de lui qu'il se montre digne de son père, voire qu'il le surpasse. Et il n'en était actuellement pas si loin. À peine âgé de quarante-deux ans, il avait atteint le septième cercle magique, un exploit que l'Archimage n'avait accompli qu'à l'âge de quarante-huit ans. Son parcours exemplaire était à la fois une source d'inspiration et une pression constante pour elle.
La jeune femme prit une profonde inspiration, sentant le soutien silencieux de son père infuser en elle un semblant de courage. Enfin, avec une main légèrement tremblante, elle saisit la lettre d'Ilvermorny. Le parchemin fin et rugueux sous ses doigts lui rappela les nombreuses heures passées à étudier, les nuits sans sommeil et l'attente interminable de ce moment précis.
— Allons-y, murmura doucement son père, l'encourageant à sa façon.
Elle ouvrit l'enveloppe avec précaution et en sortit le parchemin plié à l'intérieur. Le silence dans la pièce était palpable, chaque seconde s'étirant comme une éternité. Anthéa le déplia et parcourut les premières lignes, ses yeux s'attardant sur les mots critiques.
Chère Damoiselle Anthéa Mirwill,
Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez réussi vos examens de fin d'année avec les honneurs. Votre dévouement et votre travail acharné ont été reconnus par l'ensemble du corps professoral. Vous avez démontré une maîtrise exceptionnelle de la magie et des compétences académiques qui vous placent parmi les meilleurs de votre promotion. En reconnaissance de vos performances remarquables, nous avons le plaisir de vous offrir une place parmi les élèves de la maison Aetheria.
Félicitations pour cet accomplissement exceptionnel.
Sincèrement,
Regina Barclay, Doyenne de l'Académie Impériale d'Ilvermorny.
Ses lèvres s'étirèrent d'abord en un sourire timide avant de se transformer en une expression de joie pure.
— J'ai réussi, Père, dit-elle, sa voix tremblante d'émotion. J'ai réussi mes examens de fin d'année. Et... j'ai été acceptée parmi les Aetheria !
Son père sourit instantanément, et son regard se remplit de fierté.
— Je savais que vous en étiez capable, Anthéa. Félicitations. C'est un honneur bien mérité.
Il se leva et la prit dans ses bras, une étreinte chaleureuse et réconfortante qui fit disparaître toute tension de ses épaules. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, des larmes de soulagement et de bonheur.
— Merci, Père, murmura-t-elle contre son épaule.
Il la relâcha et ils restèrent un moment à se sourire, partageant ce moment de triomphe. La fierté et la joie étaient palpables, emplissant la pièce d'une énergie nouvelle.
Mais il restait encore une lettre à ouvrir. Celle qui portait le sceau impérial. Posant délicatement la lettre d'Ilvermorny de côté, Anthéa tourna son attention vers l'enveloppe ivoire, son poids symbolique bien plus lourd que son poids réel. Avec un dernier regard vers son père, elle prit une profonde inspiration et déchira soigneusement l'enveloppe, prête à découvrir ce que l'Empereur avait à lui dire.
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— Des fiançailles ?
La voix de Blake Corbyn, bien que posée, résonna avec une tension contenue dans le salon impeccablement décoré du bureau paternel. En temps normal, la maison du ministre de la Magie était empreinte d'une sérénité presque austère, mais aujourd'hui, l'indignation de son fils cadet brisa ce calme. Son regard, brûlant d'incrédulité, trahissait davantage ses sentiments que ses paroles. Un sourcil haussé et la mâchoire qui se contractait légèrement exprimaient toute l'ampleur de sa consternation.
Blake, qui avait toujours veillé à faire fuir toutes ces jeunes femmes que sa mère s'efforçait de lui présenter, était maintenant confronté à une réalité qu'il avait tout fait pour éviter : un mariage arrangé. Les mots résonnaient comme un coup de tonnerre dans son esprit. Lui, qui avait toujours pris un plaisir malicieux à repousser les prétendantes imposées par sa mère, se trouvait désormais contraint à se fiancer à une humaine. Une humaine !
Il déambula dans la pièce, les mains plongées dans ses poches, le visage fermé, ses yeux reflétant une indignation mêlée de confusion. Les murs ornés de portraits de famille semblaient l'observer, silencieux témoins de sa détresse. L'idée d'une union forcée, en particulier avec quelqu'un qu'il n'avait jamais choisi, était une épreuve qu'il trouvait presque inconcevable. Les élégants fauteuils en velours et les tapisseries aux motifs délicats ne parvenaient pas à apaiser l'agitation qui s'emparait de lui.
Son père se tenait derrière son bureau en acajou, les bras croisés et le visage marqué par une préoccupation sévère, observa son fils avec une expression de résignation. Le stress de la situation semblait peser sur ses épaules également, mais son regard déterminé ne laissait place à aucun doute quant à la nécessité de cette alliance.
— Cessez donc tout ce raffut, dit-il d'une voix mesurée mais ferme. Ce mariage est une question de politique. Vous savez aussi bien que moi que nous devons nous conformer aux attentes de l'Empire.
Serrant les poings jusqu'à en faire blanchir les jointures, le jeune altéré ne trouva pas les mots pour répondre à son père. Cette scène n'était pas nouvelle pour lui : il avait toujours été incapable de s'opposer à l'autorité paternelle, se sentant même indigne de le faire. Le rire cristallin de sa mère, qui résonnait derrière lui, lui fit l'effet du crissement des ongles sur un tableau noir. Elle devait jubiler en secret, ravie de le voir si désemparé alors qu'il avait toujours réussi à déjouer ses plans.
Il lança un regard désabusé vers sa génitrice, sa frustration palpable, avant de se tourner finalement vers son père. Il décida d'abandonner son attitude de lion en cage et s'installa sur l'un des fauteuils élégants disposés en face du bureau. Le cuir des sièges, luxueux mais désormais inconfortable, semblait resserrer l'étreinte de ses pensées tourmentées.
— Et que nous apporterait un tel mariage ? s'exclama-t-il, sa voix tremblante d'une irritation à peine contenue. Elle mourra bien avant moi, vieillira avant moi ! De plus, c'est une mage, Père. Une mage ! Depuis quand cette famille est-elle tombée aussi bas ?!
Son père, imperturbable, se contenta de le regarder avec une patience affichée, mais ses yeux trahissaient une fatigue et une préoccupation profondes. Blake ne pouvait ignorer l'énormité du sacrifice que cette union représentait pour lui, ni la pression et les attentes qui en découlaient. Les murs du bureau semblaient se resserrer autour de lui, chaque détail de la pièce, des tapisseries élégantes aux riches boiseries, accentuant le poids de la décision qui se profilait à l'horizon.
- Je ne me répèterais pas, Blake : il suffit. C'est un ordre direct de l'Empereur, vous ne pouvez vous y opposer. Personne ne le peut.
Avec un soupir profond, Elianus Corbyn s'enfonça un peu plus dans son siège, se passant une main sur le visage marqué par l'âge et les responsabilités. Bien qu'il n'ait que cent un ans, relativement jeune pour un altéré, le poids de son travail et les attentes de son peuple semblaient lourdement peser sur ses épaules. Les altérés, malgré leur trahison envers leur propre race pour s'assurer une place en Azoven, n'étaient toujours pas les bienvenus sur ces terres. La rancune millénaire des humains, attisée par l'Église de Solaris, persistait avec une ténacité déconcertante. Les ecclésiastiques se délectaient de rappeler à quiconque voulait écouter les sombres histoires des shtrigues et des altérés.
La guerre que l'Église menait contre les shtrigues paraissait aussi ridicule qu'indispensable. Au nom d'un dieu impitoyable, et pour le pouvoir et la suprématie, le Zénith et les Aubes de l'Église de Solaris persécutaient un peuple qui n'aspirait qu'à la paix et à l'harmonie. Cette guerre sanglante avait ravagé le monde, les non-humains s'alliant pour lutter contre les génocides perpétrés par les humains. Bien que les conflits se soient calmés ces derniers siècles, la réclusion des shtrigues sur leur île inviolable conduisait les croyants à croire qu'ils avaient gagné le droit de traiter les altérés avec mépris et dédain. Blake savait combien cela rongeait son père. En tant que ministre de la magie, Elianus portait le fardeau de tout faire pour que les altérés soient reconnus comme les égaux des humains en Azoven.
Blake fut tiré de ses pensées par la sensation des mains de sa mère se posant sur ses épaules. Il se crispa immédiatement, ressentant une désagréable sensation comme si une nuée de vipères rampait sur lui, mais il s'efforça de garder un visage impassible. Le gloussement de sa mère indiquait qu'elle n'était pas dupe. Pourtant, il conserva son indifférence, espérant ainsi la frustrer de ne pas réussir à provoquer en lui la réaction qu'elle attendait. Il savait trop bien qu'elle jubilerait de le voir céder à l'agitation.
— Je t'avais bien dit de m'obéir. Te voilà lié à une raclure humaine... Je me demande si cette damoiselle n'est pas ce qui te convient le mieux. Après tout, tu me déçois depuis si longtemps... Vois ce mariage comme une punition divine pour m'avoir défiée, moi, ta mè...
— Rose ! s'écria Elianus, dévisageant sa femme avec un regard qui n'acceptait aucune contestation. Sortez immédiatement, cette affaire ne vous concerne en rien. Allez donc jacasser ailleurs, je dois parler à mon fils.
Elle s'arrêta net, ses yeux se rétrécissant en fentes dangereuses. Mais, l'autorité dans la voix de son mari ne laissait aucune place au débat. Elle tourna les talons, ses jupes bruissant de manière menaçante, et quitta la pièce en claquant la porte derrière elle. Blake sentit ses muscles se détendre légèrement alors que le silence retombait. Son père resta un moment silencieux, comme s'il pesait chacun de ses mots avant de parler.
— Écoute-moi bien, commença Elianus d'une voix grave, passant au tutoiement qu'il n'utilisait presque jamais, un signe rare de proximité et de réconfort. Je sais que cela te semble injuste, néanmoins ce mariage n'est pas seulement une question de convenance politique. C'est une chance, une opportunité de prouver que nous, les altérés, pouvons pacifiquement coexister avec les humains. Ce mariage pourrait changer bien des choses.
Le jeune altéré hocha la tête, bien que l'amertume lui serrât encore la gorge. Il savait que son père avait raison, mais accepter cela ne rendait pas la situation plus facile à supporter.
— Je comprends, Père, dit-il enfin, sa voix plus calme, non sans être teintée de résignation. Cependant, comment puis-je trouver la force d'accepter cela alors que je sais qu'elle est humaine, que je la verrai vieillir et mourir bien avant moi ?
Elianus posa une main rassurante sur l'épaule de son fils.
— Nous trouverons une solution à cela. Pour l'instant, fais de ton mieux pour connaître cette jeune femme. Peut-être découvriras-tu qu'elle a plus à offrir que tu ne l'imagines.
— Et si elle est l'une de ces ferventes croyantes, persuadées que nous sommes des âmes à sauver des abîmes du destin ? lança Blake avec une pointe de défi.
À son grand étonnement, son père partit dans un rire grave. Fronçant les sourcils, Blake se demanda ce qui pouvait bien pousser son père à rire ainsi. La fatigue le rendait-elle fou ? Il se passa une main dans les cheveux en soupirant alors que son père se levait et se dirigeait vers une desserte, proche d'une bibliothèque débordant de livres plus inestimables les uns que les autres. L'homme ouvrit le meuble finement sculpté et en sortit une bouteille en cristal ainsi que deux verres. Il versa le liquide ambré dans ceux-ci et revint vers son fils, lui tendant l'un des verres.
C'était la première fois que Blake voyait son père agir ainsi, mais il accepta néanmoins l'alcool, espérant que celui-ci l'aide à noyer sa colère et son chagrin. Il avait la sensation d'être vendu pour le bien commun, et cela le répugnait. De plus, quelque part au fond de lui, une peur sourde s'éveilla. S'il était incapable de la protéger ? Et, si une personne sous sa responsabilité perdait la vie tandis qu'il la regardait, impuissant ?
Elianus leva son verre, ses yeux pétillants d'une lueur malicieuse.
— Blake, dit-il enfin, les ferventes croyantes ont souvent une vision biaisée. Elles pensent que notre existence doit être rachetée ou sauvée. Cependant, en réalité, elles n'ont jamais pris le temps de comprendre ce que nous sommes réellement. Ton devoir, au-delà des implications politiques de ce mariage, sera de lui montrer qui nous sommes vraiment si c'en est une.
Blake avala une gorgée du liquide brûlant, sentant sa chaleur se répandre en lui. Le poids des attentes et des responsabilités pesait lourdement sur ses épaules, mais il savait que son père avait raison.
— Et si je n'y arrive pas ? demanda Blake, sa voix trahissant sa vulnérabilité.
Le père posa un regard compatissant sur son fils cadet.
— Tu es plus fort que tu ne le crois. Tu as déjà surmonté tant d'épreuves. Cette peur est naturelle, mais ne laisse pas le doute te paralyser.
Détournant le regard de son père, Blake fixa les flammes dans la cheminée, ses pensées aussi agitées que le feu qui dansait devant lui. Il avala une nouvelle gorgée d'alcool, cherchant à apaiser le tourbillon de réflexions qui envahissait son esprit. Plus il assimilait ce qui lui arrivait, plus son cerveau s'activait pour trouver une issue. Et, s'il ne trouvait pas de solution, il ferait en sorte d'être suffisamment détestable pour que les Mirwill supplient l'Empereur de renoncer à cette union.
J’aime beaucoup ce chapitre, première présentation des personnages. Tu en profites pour illustrer les relations entre eux de manière subtile et donner un premier aperçu de leur caractère, j’adore (et je cromprends son a priori à lui, je veux dire, épouser quelqu’un le voir vieillir et mourir, c’est pas trop le fun 🙈)!
Merci pour ton commentaire, je suis contente d'avoir réussi à avoir à peu près bien mis en place la chose **
Par contre Rose je l’aime pas, heureusement le père de Blake la remise à sa place. 🙂↕️
Blake n’a pas l’air si méchant, à voir comment Anthéa va réagir. 🙃
Et Blake... Je le vois comme Grincheux dans Blanche Neige XD