En ce temps là, il y a fort longtemps, régnait sur le pays de Phaïssans un roi redoutable nommé Xénon. Il avait deux fils jumeaux, Girolam et Tizian, dont la puissance et la haine l’un envers l’autre ne cessaient de grandir. Voulant dominer l’univers sans partage, Xénon avait installé sa demeure somptueuse tout en haut de la plus haute montagne de son royaume, au milieu des nuages, d’où il régnait avec cruauté en imposant son autorité.
De son palais haut perché, il observait le monde en bas et se réjouissait de voir ses deux fils se combattre sans jamais lui porter ombrage, et se poursuivre sans relâche dans les méandres du palais, une arme à la main, prompts à engager l’assaut au moindre prétexte. Quand Girolam et Tizian furent en âge de devenir princes, Xénon comprit qu’il était temps pour lui de se débarrasser d’eux et de les envoyer régner sur des domaines dont il ne permettrait jamais qu’ils deviennent véritablement les maîtres.
Pour attiser leur haine, Il avait donné à chacun d’eux un vaste territoire à administrer et à défendre, et s’assurait secrètement que les deux frères se jalousent, se détestent, et se provoquent en duel aussi souvent que possible. Ainsi, quand il avait envie d’un spectacle pour se distraire et vérifier sa toute puissance, ou quand il sentait que son pouvoir pouvait être menacé, il s’arrangeait pour provoquer un conflit entre ses fils et les amenait à se battre pour n’importe quelle cause. A Girolam le rouge il avait donné les eaux et à Tizian toujours vêtu d’or et de brun la terre ferme.
Xénon faisait intervenir ses ministres ou ses ambassadeurs pour surveiller et faire cesser les combats si les échanges devenaient dangereux. Il ne voulait pas que l’un de ses fils meure et que le survivant devienne tout puissant et désire conquérir sa couronne. Il ne les aimait ni l’un ni l’autre, mais tolérait leur présence comme preuve de sa volonté d’assurer sa succession. Ce n’était qu’un simulacre destiné aux seigneurs des royaumes voisins, car Xénon n’avait aucunement l’intention de céder son trône. Malgré son manque d’affection pour sa descendance, il avait toujours eu une préférence pour Tizian, et inconsciemment le privilégiait et le protégeait plus que son frère depuis leur naissance. Tizian était fougueux et colérique et Xénon se retrouvait dans le caractère indomptable de ce fils, qu’il jugeait seul être capable de devenir roi.
Girolam et Tizian étaient deux princes d’une très grande beauté, nul ne pouvait le contester, ni passer à côté d’eux sans être conquis par leur charme et leur esprit. Ils avaient reçu la meilleure éducation possible, enseignée par les plus grands maîtres venus des coins les plus prestigieux du royaume de Xénon. Aussi excellaient-ils dans la guerre, la stratégie de gouverner et tous les arts. Girolam était blond avec de magnifiques cheveux ondulés qui flottaient dans le vent et les yeux les plus clairs qui soient, c’est pourquoi son père lui avait donné le domaine des eaux.
Tizian était roux comme un arbre en automne et avait des cheveux drus et une barbe fournie. Ses yeux noisettes captaient les rayons du soleil et étincelaient d’intelligence. Son père le comparait à un taureau tant sa puissance physique était impressionnante, c’est pourquoi il lui avait donné la terre pour pouvoir chevaucher sans fin sur les chemins et dans les forêts sur les plus beaux des destriers.
Les manipulations orchestrées par Xénon portaient leurs fruits, car malgré leurs nombreuses tentatives, aucun des deux frères ne réussissait à prendre l’ascendant sur l’autre. A cause de leurs caractères dominateurs, cette situation où aucun d’eux ne pouvait être déclaré vainqueur les rendaient fous la plupart du temps. Ils étaient si aveuglés par leur désir de vengeance qu’ils n’avaient pas compris que leur père était à l’origine de leur mésentente.
Girolam avait fait bâtir une cité merveilleuse sur l’eau, qu’il pouvait déplacer selon sa fantaisie grâce à une machinerie complexe. La ville se trouvait tantôt sur les océans comme un navire conquérant, ou tantôt sur un lac, un fleuve tumultueux ou une lagune pour profiter de la beauté et de la variété des paysages. A chacun de ses voyages, la cité faisait resplendir ses richesses et attisait la colère de Tizian qui ne pouvait s’y rendre, sauf pour guerroyer avec son frère.
Tizian vivait sur une falaise rocheuse, entourée à son pied d’arbres centenaires et couronnée à son sommet d’un château de pierre, hérissé de créneaux et de mâchicoulis. La forteresse semblait imprenable, comme taillée directement dans le roc, brute et primitive. Ses formes géométriques étranges et l’atmosphère sauvage qui y régnait effrayaient les voyageurs qui, surpris par le gigantisme de cette demeure, évitaient de s’y attarder lors de leur passage. Girolam détestait ce lieu qu’il jugeait froid et sans âme et n’y aurait mis les pieds pour rien au monde.
La cité de Girolam exaltait la beauté des arts et du raffinement, au contraire le château de Tizian faisait corps avec la nature, la végétation et la faune, et on y trouvait moult lions, tigres et éléphants qui se promenaient dans les bois et forêts, et dont la majesté attestait la puissance du maître des lieux.
Xénon, dont l’épouse était morte en mettant au monde Girolam et Tizian, avait par la suite eu de nombreuses maîtresses. L’une d’elle, Roxelle, sulfureuse et ambitieuse avait donné naissance à une fille illégitime Zilia, que son père avait exilée dans le royaume des ténèbres avec sa mère afin qu’elles ne viennent jamais ni l’une ni l’autre troubler sa tranquillité. Zilia, toujours habillée de noir montait un cheval aux sabots de feu, et laissait sa longue chevelure noire se déployer derrière elle lorsqu’elle chevauchait dans les cavernes souterraines.
Le roi Xénon pensait qu’il était entouré par d’habiles ministres choisis parmi l’élite de ses sujets, mais il se demandait parfois s’ils étaient aussi intelligents qu’ils le faisaient croire. Parmi ses nombreux conseillers, Xénon se laissait toujours fléchir par les avis de Moorcroft, un stratège qui se prétendait machiavélique et savait le convaincre par un discours et des arguments parfois discutables. Moorcroft n’était pas bien intentionné, il haïssait Xénon qui le rabaissait sans cesse et le traitait comme un insecte nuisible. Pour se venger Moorcroft aimait induire Xénon en erreur et faire porter la responsabilité de ses machinations à quelques courtisans crédules dont il se débarrassait ainsi facilement, une fois qu’ils étaient reconnus coupables et exécutés sans autre forme de procès.
En outre, Moorcroft avait toujours eu de l’affection pour Zilia la bâtarde, et ne supportait pas l’exil de cette belle fille intelligente, brillante et au tempérament de feu. Zilia, fine et clairvoyante, appréciait d’avoir au moins un allié auprès de son père même si elle avait compris depuis longtemps que Moorcraft n’était pas fiable. Moorcroft et Zilia se retrouvaient secrètement pour échanger sur les derniers complots du palais, partageant ainsi leur haine pour Xénon, son pouvoir absolu et les frères jumeaux si richement dotés et injustement légitimes.
Moorcroft était très grand et très maigre, voûté, avec un visage émacié et une barbe fine. Vêtu de noir et de gris, difforme, il surgissait toujours comme venant de nulle part, et nul ne pouvait savoir s’il avait entendu les conversations secrètes des courtisans pris en flagrant délit de bavardage. Lorsqu’il les surprenait, il hochait alors la tête d’un mouvement entendu, faisait un petit bruit de gorge qui ressemblait à un rire étouffé, et s’éloignait respectueusement en tirant une jambe raide, un handicap de naissance qui avait fait de lui un être aigri et méchant. Son attitude équivoque et les conséquences qui pouvaient en découler ne recueillaient ni le respect ni la considération des habitants du palais, mais provoquaient plutôt la crainte d’être démasqués et punis, pour une peccadille ou même sans raison.
Ainsi Xénon et son infernal Moorcroft faisaient régner la terreur dans le château et dans tout le royaume. L’atmosphère y était lourde et tendue, souvent propice à la délation, mais malgré les risques, de nombreux complots étaient sans cesse ourdis pour outrepasser les interdits du roi et donner au peuple un peu de libertés et d’initiatives.
Lors de ses nombreuses allées et venues dans les couloirs du palais, Moorcroft avait l’oreille toujours aux aguets, à la recherche du moindre conciliabule qui lui paraitrait suspect, pour le rapporter à Xénon, s’il jugeait ce renseignement utile à ses desseins. Récemment, il avait ouï dire qu’une menace était en train de grandir dans le royaume, et que l’avenir de Xénon était en danger. Il ne disposait pas de suffisamment d’alliances dans le palais pour vérifier la véracité de cette rumeur, ni savoir de quoi il s’agissait réellement. Néanmoins c’était un bruit tenace et sourd, donc fondé, et Moorcroft commençait à penser qu’il faudrait aborder le sujet avec Xénon de la manière la plus diplomatique qui soit. En effet Xénon était très colérique et le moindre soupçon de conspiration contre lui déclencherait probablement une réaction incontrôlable de sa part. Ne rien dire n’était pas non plus une option pour Moorcroft, car la rumeur finirait bien un jour par arriver aux oreilles du roi.
Le conseiller était troublé par cette situation qu’il ne maîtrisait pas encore et ne savait comment se sortir de ce mauvais pas. Comme tous les courtisans se méfiaient de lui et de ses manigances, il était tenu à l’écart des conversations. Sa peur de la réaction du roi augmentait au fur et à mesure qu’il retardait par lâcheté le moment de révéler la vérité à Xénon, et il compensait sa frustration en tentant désespérément d’en savoir plus afin de ne pas passer pour un ignorant aux yeux du roi.
Les conseillers et les ministres parlaient désormais sans cesse d’un danger lointain et incertain. Moorcroft, qui les écoutait avec la plus grande discrétion possible avant de se décider à alerter le roi, n’imaginait pas que la plus grande des puissances autour du trône qu’il cherchait à identifier était incarnée par une enfant innocente, qu’il croisait à peu près tous les jours dans les couloirs du château, sans jamais lui porter la moindre attention.
Rose était une adorable petite fille blonde qui habitait le palais, fille d’une chambrière et qui n’avait jamais connu son père. Elle se promenait au gré de sa fantaisie depuis sa plus tendre enfance dans les couloirs obscurs, en connaissait toutes les pièces, tous les escaliers, toutes les portes dérobées, tous les passages secrets.
Du moins le croyait-elle … mais un jour, par pur hasard, elle ouvrit une porte d’armoire et se glissa à l’intérieur pour jouer à se cacher. En s’enfonçant parmi les vêtements accrochés sur des cintres, elle trébucha sur des chaussures alignées sur la planche du dessous et, se raccrochant à la paroi du fond pour ne pas tomber, déclencha un mécanisme secret, découvrant l’entrée d’un couloir sombre. Intriguée par ce mystère, elle pénétra dans le corridor et tira la paroi sur l’entrée, masquant ainsi sa découverte et disparaissant aux yeux des habitants du château, si toutefois quelqu’un faisait attention à elle.
Rose se mit à parcourir lentement le sombre couloir secret en longeant les murs. De temps à autre, une lueur apparaissait et Rose se trouvait derrière le miroir sans tain d’une pièce, elle pouvait voir tout ce qui s’y passait sans être vue, et entendre ce qui se disait par un habile système de transmission acoustique. En poursuivant sa recherche, Rose arriva dans une pièce immense et éclairée qui ressemblait à une bibliothèque.
Les murs étaient couverts d’étagères, elles-mêmes remplies de livres, de boîtes et de classeurs en bois. Des monceaux de feuilles de papier, de parchemins, de journaux, de dessins, de cartes et de plans s’amoncelaient un peu partout, et au milieu de tout ce fatras, Rose aperçut un très vieil homme assis à une table, chaussé de bésicles et penché sur un rouleau de papyrus qu’il tentait de déchiffrer à l’aide d’une puissante loupe. Il marmonnait dans sa longue barbe blanche et était si absorbé dans sa tâche qu’il n’avait pas vu arriver la petite fille.
Rose se mit à tousser pour attirer l’attention du vieillard qui finit par lever la tête de son ouvrage.
- Bonjour Monseigneur, dit Rose timidement, elle était habituée à l’ambiance délétère du palais et ne savait pas de prime abord si ce personnage était méchant, puissant ou bien bon et bien intentionné.
- Bonjour mon enfant, que fais-tu par ici ? tu as découvert l’entrée secrète de mon repaire ? répondit le vieil homme d’une voix bienveillante, qui rassura tout de suite Rose.
- Oui Monseigneur, par un bien grand hasard, je suis tombée dans l’armoire et j’ai déclenché le mécanisme secret, expliqua-t-elle.
- A vrai dire, il y a de tels mécanismes à plusieurs endroits. Je les ai créés au fur et à mesure selon mes besoins, car j’en avais assez de faire trop de chemin pour arriver ici, selon le lieu d’où je venais. Je t’indiquerai les diverses entrées, c’est très utile. Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu venais faire ici ?
- Mais je ne sais pas Monseigneur, je vous l’ai dit, c’est le hasard qui m’a amenée.
- Non, il n’y a pas de hasard, c’est le destin qui t’as envoyée ici, sinon tu n’aurais jamais découvert le passage secret.
- Vous le croyez ? demanda Rose toute étonnée.
- Bien sûr. Tu sais, ici c’est un monde parallèle, son entrée est réservée à très peu de personnes, et uniquement à des initiés, c’est à dire désormais toi et moi. Tu as vu qu’on peut observer tout ce qui se passe dans le palais ?
- Oui, j’ai vu qu’on pouvait voir et entendre ce qui se disait dans les pièces, à travers les miroirs.
- Fort bien. Tu vois qu’on peut espionner très facilement, et donc il faut être une personne très honnête qui n’abuse pas de ses connaissances et de son pouvoir pour être autorisé à venir dans ce lieu. Je sais que tu es digne de confiance, aussi je vais t’expliquer ce que je fais ici et ce que tu fais ici.
- Comment savez-vous que je suis digne de confiance, interrogea Rose, vous ne m’avez jamais vue ?
- Rose, tu oublies que je peux voir ce qui se passe à travers les miroirs !
- Oui c’est vrai, et vous m’observez ? s’enquit Rose, intriguée.
- Bien sûr, et aujourd’hui j’ai fait en sorte que tu puisses venir jusqu’à moi.
- Alors c’est vous le destin ?
- En quelque sorte !
- Etes-vous magicien ?
- Je suis généalogiste. Viens t’asseoir mon enfant près de moi, regarde cette petite chaise est parfaite pour toi, elle est juste à ta taille.
Rose s’approcha du vieil homme et s’installa sur le siège au pied de la table. Elle leva ses grands yeux clairs vers le généalogiste d’un air interrogateur.
- Que faites-vous ici alors ? demanda-t-elle
- D’abord je vais te dire mon nom et puis je te raconterai mon histoire, reprit le vieil homme, je m’appelle Generibus. Je fais des recherches dans les archives des bibliothèques des palais pour reconstituer l’histoire des familles. Cela fait des années et des années et même encore plus que je parcours les royaumes et que je rassemble des informations sur tout ce que je peux dénicher. Et dans mes fouilles archéologiques, j’ai trouvé au fil du temps des choses pas du tout claires et pas du tout normales. Si ce que j’ai découvert venait à l’oreille de certains, je suis convaincu que les puissants brûleraient des bibliothèques entières pour effacer toutes les preuves de leurs machinations. Alors pour sauver les archives qui m’intéressaient, je les ai petit à petit pendant les années transportées dans ce lieu secret et sûr, ou bien si je ne pouvais pas les récupérer, je les recopiais. Donc ici se trouvent une grande quantité d’informations éparpillées, qu’il faut comparer, vérifier, consolider, ou même parfois jeter car certaines sont erronées, pour n’en garder que la substantifique moelle. Comme tu peux t’en rendre compte, c’est un travail de longue haleine, une tâche titanesque qui occupe toute une existence, mais à la fin, je réussirai à construire le véritable arbre généalogique de ce royaume, et je crois que ce sera très surprenant.
- Quel incroyable travail vous faites, Monseigneur ! Mais est-ce que vous aviez le droit de prendre ces documents ?
- Je me suis octroyé ce droit, car voilà, je sais de source sûre qu’il y a eu une usurpation du trône il y a longtemps et que la légitimité du roi n’est peut-être pas celle qu’on croit. Je cherche une preuve pour destituer Xénon, je pourrai le faire avec mon arbre généalogique. Et puis appelle-moi simplement Generibus, je t’appelle bien Rose, moi !
- Si vous trouvez cette preuve, le roi ne pourra plus régner ?
- Oui, ça peut être une solution pour mettre fin aux guerres incessantes qui ravagent notre royaume et à l’hégémonie meurtrière du roi. Si je trouve des preuves irréfutables, cela confondra Xénon, qui devra renoncer au trône.
- Mais qui deviendrait le roi alors ? demanda Rose.
- L’un de ses fils je suppose répondit le vieil homme, sauf si la branche de l’arbre généalogique de leur mère ne confirme pas leur légitimité.
- Ils sont jumeaux, comment savoir lequel des deux pourrait être roi ?
- C’est une autre affaire, il faudra y penser quand ce sera le moment, dit Generibus, d’ici là, il faut d’abord mettre fin à la folie de Xénon. Si on continue à vivre dans la terreur, il ne restera bientôt plus rien du royaume. J’en ai fait le combat de ma vie.
- Et moi, Generibus, que viens-je faire dans cette histoire ?
- Je t’ai observée à travers les miroirs depuis bien longtemps, répondit le vieil homme. Tu n’es pas comme les autres, tu es spéciale, c’est pour ça que je t’ai remarquée. Partout où tu passes, tu contemples, tu mesures, tu réfléchis, tes pas ne te mènent pas n’importe où, tu as toujours une idée en tête, tu sais ce que tu veux.
- Oui, je crois que c’est vrai, approuva Rose.
- Mais tu es illettrée, poursuivit Generibus. Nul ne s’est jamais intéressé à toi, ni à ce que tu serais capable de faire. Je t’ai vue recueillir les oiseaux blessés, soigner les chats battus, délivrer les souris des pièges, et protéger le bébé chien qui te suit partout, celui que tu appelles Poil Noir et qui a bien failli être noyé à sa naissance par un garçon de ferme.
- Eh, mais ça ne se passait pas dans ce palais, j’étais allée à la ferme plus bas dans la vallée ! comment l’avez-vous su ?
- Tut tut, fit le généalogiste en agitant la main pour faire taire Rose, mon pouvoir de vision dépasse un peu le cadre de ce château.
- J’étais allée chercher du lait pour ma mère, je ne voulais pas qu’on fasse du mal à ce chiot, et je l’ai emmené avec moi avant qu’il ne soit cruellement tué.
- Je sais, reprit Generibus, et tu l’as élevé toi-même. Et tu aides aussi les démunis, tu leur apportes en cachette du pain, des fruits, des restes des gabegies du roi. Et je pense à ce garçon bossu qui joue de la flûte et qui garde les moutons dans la montagne, tu te fâches quand les gens se moquent de lui parce qu’il est un peu simple d’esprit. Alors je pense que tu es une bonne personne, généreuse et chaleureuse, et j’ai décidé de m’occuper de ton avenir, je vais t’apprendre à lire et à écrire, si tu veux bien.
- Mais à quoi cela me servirait-t-il ? je ne serai jamais qu’une simple servante du palais, je n’ai pas besoin d’être savante ! protesta Rose qui ne comprenait pas l’intérêt que lui portait Generibus.
- Détrompe-toi, je vais faire en sorte que tu ne sois pas qu’une servante. Je veux t’apprendre mon art pour que tu puisses prendre la suite quand je ne serai plus là. Je suis vieux, et mes jours sont désormais comptés dans ce royaume. Je ne suis plus certain de pouvoir accomplir la tâche que je me suis assignée.
- Que voulez-vous dire par là ? demanda Rose
- Tu sais Rose, poursuivit Generibus, tout le monde ne voit pas d’un bon oeil mes recherches. Certains commencent à soupçonner que je sais des choses compromettantes pour eux. Je dois rester le plus possible caché dans mon monde parallèle pour me protéger. Si tu sais lire et écrire, tu pourras m’aider à trouver cette preuve que je cherche depuis si longtemps. Et je vais t’expliquer autre chose. Plus tu passeras de temps dans le monde parallèle derrière les miroirs du palais, plus tu deviendras transparente et un jour tu pourras devenir invisible, et te transformer à volonté en lançant un sort. A une exception près, sous l’impulsion d’une trop forte émotion, il est possible que ton pouvoir s’amenuise ou ne fonctionne plus. C’est ce qui m’est arrivé à moi.
- Voulez-vous dire que vous pouviez être invisible quand vous le vouliez avant, et que vous n’y arrivez plus ? questionna Rose, à nouveau intriguée.
- Oui, je l’avoue. Désormais, quand je sors dans le palais, tout le monde me voit, ce qui est fort gênant pour mes recherches. Viens, je pressens que quelque chose d’important va se produire dans quelques instants, je voudrais te montrer comment cela se passe, suis-moi.
Generibus se redressa avec difficulté et apparut debout dans sa longue robe noire poussiéreuse, qu’il épousseta avec ses mains ridées. Il se mit à trotter vers un couloir qui partait du fond de la bibliothèque, et décrocha du mur en passant une torche pour éclairer le chemin devant lui. Rose regardait avec étonnement les longues chaussures noires pointues qui dépassaient sous la toge à chaque pas, elle n’en avait jamais vu de pareilles. Le vieil homme marchait vite, il connaissait parfaitement tous les détours des couloirs, et elle le suivait presque en courant derrière lui.
- Tu traînes, Rose, dit Generibus, dépêche-toi un peu ou nous allons manquer ce que je veux te montrer.
Ils arrivèrent enfin derrière un miroir qui donnait dans la chambre du roi. Rose n’y était jamais allée, mais elle en connaissait la description par sa mère. La pièce était gigantesque et les murs étaient tendus de velours rouge cramoisi. Des tapisseries représentant des scènes de guerre et de chasse y étaient accrochées à intervalles réguliers. Un lit à baldaquin recouvert d’une courtepointe de soie brodée, de même teinte que le velours des murs, des armoires de bois sculptées, des tables et des chaises constituaient le mobilier. Un grand tapis dissimulait les dalles du sol et un brasier se consumait dans la cheminée de pierre. Dans le couloir glacial où elle grelottait, Rose se mit à rêver qu’elle se chauffait les mains devant les flammes du feu. Cette pièce semblait si confortable qu’elle s’imaginait se glisser sous les couvertures du lit et s’endormir en regardant crépiter les étincelles et rougeoyer les braises.
Le roi était debout près de son lit, seul et pensif. Soudain, quelqu’un frappa à la porte et sur ordre de Xénon entra. C’était le conseiller Moorcroft. Il s’avança précautionneusement en se composant une mine contrite et soumise.
- Hola Moorcroft, tu voulais me voir sur le champ ! Que se passe-t-il ? s’écria le roi.
- Ô mon roi, Xénon, je viens t’apporter de fort mauvaises nouvelles.
- Allons, allons, Moorcroft, je te paie pour que tu m’informes de tout ce qui se passe ici et tu ne m’annonces que des malheurs. Tu es un oiseau de mauvais augure, un corbeau croassant du plus vilain effet. Allons, parle donc, crapaud démesuré de basse-fosse !
- Ô Xénon, mon plus cher souhait serait de t’apporter de bonnes nouvelles, mais hélas, il ne se passe pas de jours ici où l’un ou l’autre de tes sujets ne cherche à te nuire. Tous complotent contre toi, articula Moorcroft lentement, plein de méfiance et d’effroi et attentif à la réaction du roi.
- Abrège tes discours, qu’as-tu à me dire ? reprit vivement Xénon qui commençait déjà à s’échauffer devant les circonvolutions de son conseiller.
Xénon n’avait pas une grande confiance dans Moorcroft. Il se servait de lui pour obtenir des informations sur ce qui se tramait au palais, mais la plupart du temps, il ne croyait pas un mot de ce que lui racontait son conseiller. En effet, les révélations de Moorcroft étaient soit sans intérêt, soit peu fréquemment fondées. Xénon se demandait parfois pourquoi il continuait à entretenir Moorcroft alors que celui-ci ne lui était pratiquement d’aucune utilité. Néanmoins, il n’avait à ce jour pas encore eu le courage de le chasser.
- Je peux avoir besoin de lui un jour, on ne sait jamais, pensait Xénon, il m’est dévoué après tout, même si je crois réellement qu’il est incompétent.
Moorcroft était en effet un espion raté, il aurait voulu pouvoir analyser tout ce qu’il récoltait, et en tirer des conclusions intéressantes pour le roi et pour lui-même, mais il n’arrivait pas toujours à utiliser ses pouvoirs de divination. Pour compenser son incapacité, il faisait appel à une vieille femme, Rotrude, qui interprétait les informations rapportées par Moorcroft dans une fontaine de mercure. Avec ses doigts crochus elle faisait rouler les gouttes brillantes, les agglomérait, et déchiffrait les mouvements des billes, à sa façon. L’éclat du mercure fascinait Moorcroft qui était incapable de jugement ou d’esprit critique quand la vieille lui racontait ce qu’il avait envie d’entendre. Moorcroft avait alors une compréhension des événements qui pouvait n’avoir rien à voir avec la réalité. Xénon s’en était rendu compte à plusieurs reprises, et s’en amusait tant que celà ne lui portait pas préjudice. Moorcroft était devenu son souffre douleur et son bouffon, à son insu. Mais, paradoxalement, Xénon avait si peur de manquer quelque chose qu’il finissait toujours par croire partiellement ce que lui racontait Moorcroft et devenait crédule malgré lui. Ainsi chacun d’eux manipulait l’autre en permanence, et ils vivaient tous deux dans la plus grande défiance l’un de l’autre.
- Xénon, ô roi tout puissant, poursuivait Moorcroft, inconscient du mépris du roi pour ses conseils, une rumeur se répand dans le palais, on parle d’une menace très sérieuse contre le royaume.
- Explique-toi, vermisseau puant, tu ne m’as toujours rien dit d’intéressant, explosa soudain Xénon.
- Un puissant magicien aux confins de notre monde veut prendre le contrôle de l’univers, débita Moorcroft d’une seule traite, effrayé par la colère brutale du roi.
- De quoi me parles-tu, misérable cloporte ? Quelle est cette fantaisie absurde ?
- Xénon, ô mon roi, tu peux avoir confirmation auprès d’autres conseillers. Il semble que ce magicien, qui répond au nom de Jahangir, soit en train de lever une armée, qui risque de déferler sous peu sur nos territoires, de tout détruire sur son passage, et de réduire notre pays à néant.
- Es-tu bien sûr de ce que tu me rapportes ? questionna Xénon, soudain inquiet et inquisiteur, car il était fondamentalement lâche.
- Oui, roi Xénon, je suis venu te voir pour te prévenir qu’il est temps d’agir désormais.
- Tu es le premier à me parler de cette menace, avança Xénon, pourquoi ?
- Tes conseillers ont peur de tes réactions, ô mon roi, je suis le seul qui ait trouvé le courage de venir te l’annoncer, répondit d’un ton mielleux Moorcroft qui avait surmonté sa peur, penchant la tête de côté, trouvant soudain qu’il était finalement moins couard que tous les autres conseillers réunis.
- Êtes-vous certains de vos affirmations, vous êtes tous des punaises fétides et pourries, tous autant que vous êtes ! hurla le roi.
Lorsqu’il avait peur, Xénon devenait encore plus méchant, son mépris suintait de ses paroles et il montait le ton pour écraser ses interlocuteurs de sa supériorité.
- Tes espions un peu partout dans les royaumes alentour nous ont fait parvenir la même information, répondit Moorcroft.
- Appelle-moi les ministres pour un conseil de guerre sur le champ, nous allons décider de ce qu’il convient de faire pour contrer cette attaque, rugit Xénon.
- Ô mon roi, toi qui es le plus grand des plus grands …
- Cesse tes flatteries et viens-en au fait
- … je suggérerais que tu envoies tes fils ….
- Que veux-tu dire ?
- Ils sont jeunes et vaillants et experts dans l’art de la guerre, tu les as formés merveilleusement. Ce serait dommage de ne pas utiliser leurs capacités pour vaincre un ennemi puissant.
- Hum, ton idée n’est pas mauvaise, et je serai débarrassé d’eux et de leurs incessantes bagarres pendant un certain temps. Mais si l’un d’eux meurt, que deviendrai-je ? L’autre finira par me menacer … je ne gagne rien à tes stratagèmes ...
- Et si les deux meurent, ton altesse … c’est tout à ton avantage …. il est tout à fait possible qu’ils ne reviennent pas … suggéra habilement Moorcroft.
- Mais auront-ils supprimé la menace et vaincu ton Jahangir avant de disparaître ? et d’abord, qui est ce Jahangir ?
- C’est un magicien formé dans les écoles de ton royaume. Il est parti il y a fort longtemps et a continué à pratiquer son art, avec de puissants maîtres. Sa haine de toi aurait grandi avec les années, car tu n’aurais pas reconnu ses compétences et son pouvoir quand il venu te proposer ses services … D’après ce qu’on raconte, il aurait même éliminé ses maîtres pour être le seul à dominer le monde de la magie.
- Jahangir, dis-tu ?
L’idée commençait à faire son chemin dans l’esprit embrouillé de Xénon, il ne se souvenait plus de cet obscur magicien qu’il aurait blessé dans son amour propre mais il comprenait la proposition de Moorcroft. C’était une opportunité pour exiler ses fils, et dans le meilleur des cas pour être définitivement débarrassé d’eux.
- Moorcroft, reprit Xénon, tu n’es pas toujours le plus malin de mes conseillers, mais tu viens de me faire une proposition qui m’intéresse. Il nous faut la creuser.
- Je suis à ton service, ô puissant Xénon, je suis heureux d’avoir pu te satisfaire.
- Ne va pas trop vite, cloporte rampant, il nous faut maintenant organiser ce départ.
- Ô mon roi, j’ai quelques petites propositions à te faire, qui pourraient t’amuser.
- Moorcroft, c’est quand tu me parles comme cela que je comprends pourquoi je ne me suis pas encore débarrassé de ta carcasse ridicule, dit Xénon en riant méchamment.
- Ô mon roi, reprit Moorcroft en se penchant pour faire une révérence, je te remercie pour la considération que tu portes à mes conseils.
En disant cette dernière phrase, Moorcroft se tourna vers le miroir et son regard glaça Rose qui l’observait. La haine pour Xénon s’y lisait comme si elle avait été écrite à l’encre rouge. Generibus posa sa main sur le bras de Rose et lui murmura à l’oreille.
- Tu as bien entendu comme moi. Tu vois que les choses sont graves.
- Oui Generibus, tout ceci me fait peur, ces gens si puissants sont tous des menteurs, Que va-t'il se passer maintenant ?
- Il nous faut aviser, retournons à la bibliothèque. Il faut faire vite maintenant.
Pendant ce temps, dans la salle du trône, Xénon fit rassembler ses plus proches ministres et conseillers pour une réunion au sommet exceptionnelle. Dès son arrivée dans la grande pièce toute en longueur parcourue par les courants d’air, il prit la parole face à son auditoire. Le gouvernement était assis le long des murs dans des stalles de bois sculptées, tremblant de peur à l’appel de ce conseil impromptu dont il ne connaissait pas la cause.
- Mes chers ministres et conseillers, commença-t-il de sa voix autoritaire qui ne supportait pas la moindre critique, je vous ai réunis pour recueillir vos avis sur une situation d’urgence que m’a rapportée Moorcroft ici présent. Ce sujet est de la plus haute importance et deviendra, si vous le confirmez, la première des priorités du gouvernement de ce royaume, que vous représentez.
Xénon se tourna alors vers Moorcroft qui hocha la tête sentencieusement en signe d’acquiescement.
- Moorcroft, reprit le roi, m’informe qu’un puissant magicien nommé Jahangir est en train de constituer une armée pour nous envahir et nous détruire. Qu’avez-vous à dire à cela ? En aviez-vous connaissance ?
- Ô noble roi, intervint le premier ministre qui se leva et se prosterna devant Xénon tout en parlant, il s’agit d’une rumeur dont nous ne savons pas si elle est vraie.
- Moorcroft indique que nos espions et éclaireurs rapportent tous la même conclusion, la menace est réelle.
- Moorcroft n’est peut-être pas tout à fait bien informé, tenta le premier ministre en baissant à nouveau le torse et en tordant le cou.
- Comment est-il possible que vous ayez des informations contradictoires ? hurla Xénon, comment pouvez-vous ne pas me donner des certitudes sur une menace de guerre ?
- Il est vrai qu’il semble y avoir des mouvements de troupes dans un lointain royaume aux confins de notre monde, mais c’est si incertain et flou, qu’il ne nous paraît pas opportun de nous affoler tout de suite ni même peut-être jamais, reprit le premier ministre, assez satisfait d’avoir mouché Moorcroft, surpris en flagrant délit de mythomanie devant toute l’assemblée. C’est pourquoi nous n’avons pas jugé utile de t’apporter une information sans fondement.
- Que nous conseilles-tu donc de faire ?
- Très noble Xénon, je pense qu’il faudrait nous préparer à une future guerre, mais à mon sens, nous avons du temps devant nous. Le temps de tout mettre en oeuvre pour nous protéger si cette menace venait à exécution.
- Très bien. Quel est ton plan ? Peux-tu dans la stratégie que tu vas me proposer inclure mes fils Tizian et Girolam ?
- Xénon, ô mon roi tout puissant, c’est une excellente idée ! Les princes tes fils sont les plus nobles et courageux des guerriers ! Nous avons beaucoup de chance d’avoir ces deux héros parmi nous, c’est déjà un gage de réussite dans notre plan.
- Bon, je suis satisfait de ta réponse. Maintenant mettez-vous au travail et ne revenez me voir que pour me présenter une stratégie efficace, convaincante et synonyme de victoire certaine.
- C’est comme si c’était fait, votre altesse.
Tous les ministres et conseillers se prosternèrent et quittèrent la salle en silence. Le bruit de leurs pas n’était même pas perceptible, tant ils avaient appris à marcher discrètement pour ne pas se faire remarquer en période de crise et déclencher la colère de Xénon.
- Reste encore un peu ici, Moorcroft, ordonna le roi lorsque le conseiller fit mine de partir lui aussi. Tu n’avais pas vérifié la véracité de tes informations, misérable créature des bas fonds, tu m’as tourné en ridicule devant tous ces cloportes. J’ai bien envie de te jeter dans les douves pour ne plus voir ta sale face de crapaud.
- Maître, ô mon roi, pardonne mon inconséquence, je voulais te prévenir de cette menace qu’ils sous estiment tous.
- C’est bon, cloporte, j’attends leur proposition. En attendant, je t’exile quelques jours à la campagne, afin que tu prennes le temps de réfléchir à deux fois avant de me raconter n’importe quoi.
- Ô Maître absolu, merci pour ta mansuétude, tu es trop bon.
- Disparais de ma vue, misérable rat aux dents longues et pourries et à l’haleine fétide, et ne reviens que si je t’appelle.
Moorcroft, déçu et dépité, se prosterna à son tour et quitta la salle du trône en boitant, la rage au coeur devant toutes les humiliations qu’il venait de subir. Il savait néanmoins qu’il n’était pas utile qu’il s’éloigne du château, dans quelques minutes Xénon aurait déjà oublié son ordre d’expulsion. Il suffirait simplement à Moorcroft de s’effacer discrètement dans sa chambre une heure ou deux.
- Je me vengerai, je les écraserai tous, murmura-t-il de sa voix rauque en traînant sa jambe raide. Y compris Xénon, cet infâme monstre de cruauté, ce sera lui le premier qui tombera.
Derrière le miroir de la salle du trône, Generibus avait tout entendu. Il avait renvoyé Rose dans la bibliothèque pendant quelques minutes pour venir écouter le discours du roi. Il repartit pensif vers la grande pièce où Rose l’attendait.
- Alors, Generibus, qu’allons-nous faire maintenant ? questionna-t-elle.
- Il semble que le roi prenne son temps pour se décider. En attendant, nous allons commencer à travailler toi et moi. Je vais suivre ce qui va se passer chez Xénon, ses ministres préparent une contre attaque, et toi, tu vas apprendre à lire et à écrire. J’ai l’impression que tu en auras un jour besoin. Et peut-être plus rapidement que nous ne le croyons, au rythme où vont les choses.
- Très bien. quand débutons-nous ?
- Maintenant si tu veux bien.
Et ce disant, Generibus débarrassa une partie de la table et approcha la chaise pour que Rose puisse y prendre place. La petite fille s’assit avec fierté, le visage levé vers le vieillard, pleine d’espoir et ses yeux brillants d’intelligence.
- Je crois bien ne pas m’être trompé en te choisissant, dit Generibus en hochant la tête avec un sourire de satisfaction.
- Je crois bien que je vais vous donner raison, répondit simplement Rose.
Tu as raison sur le fond et aujourd'hui encore plus qu'hier, mais le 'vieux' Generibus n'est pas un méchant homme ni un pervers, et puis dans l'univers de la fantasy, l'âge n'a pas tant d'importance, la rationalité n'est pas forcément respectée. Generibus a plein de défauts, mais c'est lui qui va donner du savoir à Rose, maladroitement c'est vrai, mais il va l'aider à sortir de sa condition. Je le vois plutôt comme un grand-père curieux et distrait.
En espérant que l'histoire te paraitra moins longue par la suite ...
Bon déjà je trouve ça intéressant parce qu'on a là un univers que tu as créé, et qui possède ses qualités, et qui donne envie d'en savoir plus !
Par contre, je trouve que tu décris beaucoup trop les choses !
Si j'ai bien compris la relation du roi et ses deux fils : Le roi ne veut pas qu'ils lui volent le pouvoir et a donc tout fait pour que les deux se détestent. C'est un peu étrange, mais surtout, je me demande si ça ne serait pas plus intéressant de montrer les choses dans une scène plus vivante.
Par exemple tu dis rapidement que le roi a deux fils, et qu'ils ne s'entendent pas bien, puis ensuite, tu montres dans un dialogue les deux garçons en train de se disputer (et du coup dans leurs paroles on comprendrait ce qui les oppose) - Au passage, vu qu'on est dans une forme de texte plus type roman, je pense que ça serait bien que tu présentes tes dialogues avec de vrais tirets et en mettant des incises, parce que là avec les points, c'est difficile à lire !
Je me demande aussi si le roi n'est pas un poil caricatural, une fois de plus, il y a peut-être un moyen de montrer son mépris pour son conseiller sans qu'il l'insulte à chaque phrase. Par exemple dans son comportement, ses mimiques etc... Passer son temps à insulter les gens, même de manière euh... colorée, ne le rend pas vraiment effrayant. Je pense qu'il gagnerait à être plus sobre, et laisser parler son aura, laisser planer des menaces et voir l'effet sur ses interlocuteurs.
Il y a quelques trucs qui m'ont fait tiquer dans le dialogue entre Rose et l'homme caché dans le palais : si j'ai bien compris, j'ai l'impression que Rose est une petite fille. Est ce que ce n'est pas un peu bizarre qu'elle dise que le travail du généalogiste est "incroyable" elle ne devrait pas plutôt être intriguée ? Je ne sais pas si une enfant trouverait ça extraordinaire... Après peut-être que si...
De manière générale, je pense que tu peux réduire certaines parties et certains dialogues pour les rendre plus percutants et plus directs !
Sinon encore une fois, l'univers qui se dévoile ne manque pas d'intérêt, j'attends de voir la suite !
Je suis désolée pour la mise en page, c’est parce que je recopie les chapitres et les tirets sont transformés en points.
Tu as raison le roi est caricatural, et il n’est pas effrayant du tout, il est plus lâche qu’effrayant.
Tu as peut être raison sur le terme incroyable, je vais regarder, je ne l’aimais pas beaucoup non plus. Mais Rose est une petite fille spéciale alors peut-être que …
J’espère que tu trouveras la suite moins lourde …
C'est un chapitre à mon goût un peu long, car il y a vraiment beaucoup d'informations d'un coup...
L'histoire est cela dit intrigante, mais à mon goût pas assez mise en valeur !
Voilà les diverses remarques qui me sont venu au fur et à mesure de ma lecture :
Attention tu fais souvent des phrases longues ce qui fait perdre du rythme. Je te conseil de raccourcir tes phrases et pour celle que tu souhaite garder un peu longue de bien mettre des virgule pour garder du rythme !
Pour la première partie, je trouve que tu présente un peu les choses comme un exposé... Point par point tu nous donnes pleins pleins pleins, trop, d'informations et je suis déjà sure que je n'arriverai pas à en retenir la moitié. Il faudrait que tu rende ton récit vivant ! Mettre le tout en scène et que le lecteur parvienne à toutes ces déductions par lui même : une bataille, des dialogues... Le lecteur n'est d'ailleurs pas obligé de tout savoir dés le début, il peut aussi découvrir certaines choses et certains dessous de relation au fur et à mesure de sa lecture car la en commençant ma lecture j'ai peur de ne pas avoir de surprise !
Je trouve cela un peu facile que le conseiller soit décrit comme mésquin et méchant car il est handicapé de naissance, j'espèe qu'il prendre du relief au court de ma lecture !
Sa peur de la réaction du roi augmentait au fur et à mesure qu’il retardait par lâcheté le moment de révéler la vérité à Xénon, → … retardait, par lâcheté, le moment...
j’ai trouvé au fil du temps des choses pas du tout claires et pas du tout normales.-> Cette phrase ne convient pas au reste de son dialogue. Il parle convenable et tout à coup ne s'exprime pas très bien... « des choses étranges et tout à fait anormales » serait plus approprié je pense
Si Xénon n'est pas le Roi légitimie, j'ai du mal à croire que l'un de ses fils pourrait l'être même si le sang de leur mère est royal...
questionna Xénon, soudain inquiet et inquisiteur, car il était fondamentalement lâche. → je ne suis pas certaine que le terme inquisiteur convienne ici..
Lorsqu’il avait peur, Xénon devenait encore plus méchant, son mépris suintait de ses paroles et il montait le ton pour écraser ses interlocuteurs de sa supériorité. → Cette partie est inutile, on le voit bien au travers des dialogues !
Le premier ministre tutoie le Roi, cela me semble bizarre...
Un séjour à la campagne ça me paraît bien tendre comme punition pour un roi aussi cruel !
J'ai bien aimé le personnage de Rose, elle est perspicace !
Je pense que tu peux te passer de toute la première partie explicative de ton chapitre pour arriver directement à la présentation de Rose et sa rencontre avec le vieillard ! Ensuite les différents points que tu explique au début pourraient être mis en lumière (comme c'est déjà un peu le cas) lors de la conversation entre le Roi et le conseiller ! Cela allègerait vraiment le tout et rendrait ton texte bien plus vivant comme je te le conseillai au début :)
Voilà, j'espère ne pas te décourager ! Ton histoire à du potentiel :)
A bientôt !
Aïe pour les phrases longues vu que toute l'histoire doit être écrite comme celà ... et qu’elle est finie …
J’espère que malgré l’abondance d’informations tu auras encore des surprises par la suite. Pour moi, ce premier chapitre m’a aidé à asseoir l’histoire autour des personnages principaux. Le décor est comme un cocon qui les a enfermés d’où ils vont partir pour leur quête. J’espère que la suite sera moins difficile à lire.
Le conseiller et le roi sont plutôt des caricatures, et ce qui m’a amusée en te lisant c’est que Xénon est un lâche tout comme le roi Edwin …
Ici je n'ai pas eu le sentiment que le Roi Xénon était lâche. Je l'ai juste trouvé caricatural parce qu'il passe trop de temps à insulter son conseiller, cela peut s'alléger sans aucun soucis !
Le Roi Edwin est certes lâche mais on s'en aperçoit au fil de l'histoire et non pas tout de suite et c'est aussi cela qui est intéressant dans une histoire, garder quelques surprise pour le lecteur !
J'espère être surprise sur la suite, je te dirai cela :)