Chapitre 1

Anastae roula dans ses draps. Elle ignorait quelle heure il était, après tout cette notion était bien illusoire ici, mais sans doute devait-elle se lever si elle ne voulait subir les remontrances de sa belle-mère. Cette dernière était particulièrement pointilleuse et acide quand il s’agissait d’elle, Anastae ne pouvait se permettre de la mettre en colère une nouvelle fois, cela causerait bien du soucis à son père. 

Si la veille elle savait ce qui l’attendait pour aujourd’hui, à ce moment présent, elle l’avait totalement passé au second plan. Son esprit se portait plus particulièrement sur le lendemain, là où elle aurait à revêtir une jolie robe et à se présenter à la cour comme la fille d’un riche noble et ami de la Reine. 

La lumière fusa soudainement dans sa chambre. Anastae se retint de grogner, bien trop éduquée pour cela, et repoussa d’un geste tremblant ses couvertures qui pesaient sur son corps. 

Elle observa sa chambre remplie de mille et une richesses, d’épais rideaux qui avaient été tirés pour dévoiler des fenêtres tellement transparentes qu’elles semblaient invisibles, des plantes étaient disposées par endroits pour rendre l’endroit plus familier, bien que cela n’avait jamais marché. Le soleil était déjà haut dans le ciel et aucun nuage ne venait ternir ce magnifique ciel qui virait parfois au mauve. La journée s’annonçait donc belle, du moins, en apparence. 

Un serviteur, un pixie donc, aux cheveux verts se trouvait devant elle, l’air bien agacé de faire ce métier. Anastae ne pouvait le réfuter, elle n’aurait jamais accepté de vendre ses services à une famille noble, bien que ce jeune garçon ne semblait pas avoir pris cette décision de son plein gré : 

- Suis-je en retard, demanda Anastae. 

Elle avait une très jolie voix qui tintait tel un cristal s’agitant dans le vent, des connaissances ne manquaient pas de lui faire remarquer bien que cela ne serve à rien : elle n’était pas une fée banale qui avait besoin d’user de ses dons naturels pour s’élever. 

Chaque fée avait une particularité. Certaines étaient dangereuses, d’autres banales ou insignifiantes. Pour sa part, Anastae en avait bien une, malheureusement elle ne pouvait l’utiliser, bien trop révélatrice de qui elle était vraiment. De plus, elle ne l’aimait pas et prétextait donc que son seul don était sa voix. Quelle tragédie, se plaignait les nobles en la fixant de haut. Une fille noble qui possède un don si… ennuyeux.  

La jeune fée n’y prêtait pas vraiment attention, après tout elle s’y était habituée et les entendre jacasser était bien plus ennuyeux que sa voix : 

- Pour le moment non, répondit calmement le Pixis. Mais je vous conseillerais de vite vous lever. 

Anastae repoussa sa couverture, tendit ses pieds pour les poser par terre, passa une main dans sa chevelure et se leva, laissant sa robe de chambre descendre sur ses hanches. Encore aujourd’hui, elle n’aimait que ce soit un jeune garçon qui s’occupe d’elle, mais les règles de ce monde étaient bien différentes de celles qu’elle avait côtoyées pendant près de sept ans. 

Le pixis lui tendit sa tenue de combat, qui était simplement composé d’une tunique ornée d’or et d’un pantalon. Ses bottes fétiches l’appelaient, serties d’émeraude, la couleur de leur règne. Si tous les membres de cette lignée avaient tous hérités d’un caractère physique de cette couleur, Anastae était de nouveau considérée comme le mouton noir de cette famille avec sa peau et ses cheveux blancs comme la neige ainsi que ses yeux si noirs que l’on ne pouvait y apercevoir leur pupille. 

Anastae revêtit rapidement sa tenue avant de s’installer devant cette immense coiffeuse. Le pixis commença à tresser sa longue chevelure blanche et à sertir cette dernière d’or : une nouvelle fois pour montrer cette richesse qu’elle trouvait stupide. 

Le jeune homme saisit son visage et lui appliqua un rouge à lèvre rouge sang : son père n’appréciait guère que tout soit si blanc chez elle. Ou est passée la couleur de notre lignée, s’indignait t-il à chaque fois qu’elle avait le malheur de s’habiller simplement.  

Parfois, elle pouvait même en rougir de honte : 

- Que comptez-vous faire, demanda le pixis, plus par politesse qu’autre chose. 

- M’entraîner, répondit-elle sans aucune émotion. Mon coup d'épée manque d’entrain selon mon père. 

- Vous n’êtes pas faite pour cela, répliqua t-il. Vous, c’est l’arc votre arme de prédilection. 

Elle le savait parfaitement. C’était la seule chose qui parvenait à la faire vibrer dans ce monde pourtant si magique. Malheureusement, l’arc était considéré comme une arme de lâche selon son père et jamais il n’accepterait quelqu’un qui manie mieux cette arme que l’épée dans cette maison. Anastae avait tenté de protester pendant quelques mois, chose qui faisait grincer des dents son père et lorsqu’il l’avait une fois battue pour cela, elle avait décidé qu’il valait mieux se taire. 

Parfois, elle parvenait à s'éclipser et à prendre un peu de bon temps pour elle, même si cela ne durait qu’une vingtaine de minutes : 

- Cela n’est pas bien important, il me faut atteindre la perfection. 

Le pixis ne répondit rien et se contenta de lui faire signe qu’il avait fini. Anastae ne se jeta même pas un regard dans le miroir qui miroitait incroyablement, elle ne savait que trop bien à quoi elle ressemblait : d’un intrus dans cette famille. Après un dernier remerciement, elle ouvrit la porte sertie de joyaux et s’engagea dans le couloir. 

Son frère, ou du moins son demi-frère, montait furieusement les escaliers, s'insurgeant contre son propre jumeau au sujet d’une simple partie d’échec. Meludiz avait le sang chaud, cela n’était pas bien nouveau, et si Anastae avait tout d’abord été effrayée par cela, elle s’était rendue compte qu’il l’ignorait sans cesse, ce qui était sans doute la meilleure relation qu’elle n’avait jamais eu avec quelqu’un.   

Elle n’était pas particulièrement aimée et cela ne la dérangeait pas, elle en avait l’habitude depuis sa plus tendre enfance et n’avait jamais goûté ne serait-ce qu’une seule fois au plaisir de ce que les autres appelaient amitié. Anastae n’était pas émotive, elle se contentait d’énoncer des faits : 

- Tu vas encore t’entraîner, demanda alors son frère après deux jours sans lui adresser une seule parole. 

Elle hocha la tête : 

- Parfois je me demande pourquoi il s’entête, soupira Meludiz. 

- Je suis dans sa lignée, je ne dois pas être une honte. 

Il ricana, effaça d’un simple geste ses paroles, et après une dernière insulte contre son jumeau, il s’enferma dans sa chambre. 

Anastae ne connaissait presque rien de lui, comme de son frère, et l’époque où ce dernier voulait l’intégrer à ce monde semblait d’un seul coup bien lointaine. Parfois, elle se demandait ce que serait la vie si elle prenait le temps de se battre contre ses idéaux, de s’affirmer, de ne pas s'effacer. Serait-elle plus respectée ? Elle faisait pourtant partie, du moins ils le pensaient, de la même espèce que les autres, pourquoi devait-elle se retrouver une nouvelle fois, si effacée ? 

Anastae franchit la porte de derrière, s’engagea dans le jardin magique avant de rejoindre son père, une épée à la main et une autre à ses pieds. 

La jeune fée le salua d’une légère révérence et s’empressa de saisir son arme : elle ne savait que trop bien qu’il n’aimait pas attendre. Seulement, cette fois ci, il ne brandit pas son épée et déclara calmement, comme si quelque chose le réjouissait : 

- Demain soir sera un grand jour pour toi. 

- Pourquoi cela, demanda-t-elle. 

- Tu es invitée à la cour de la Reine pour une soirée mondaine. Du moins, moi, tes frères et ta mère le sont. 

Une once de colère la saisit, la seule qui parvenait à percer ce cœur si vide. 

Cette femme n’était pas sa mère. Cette dernière avait toujours été bonne avec elle, gentille, s’était sacrifiée par amour pour elle, lui avait dit au revoir avec un beau sourire pour ne pas l’apeurer et c’était la seule fois où elle avait ressenti un début de sentiment pour quiconque. 

De l’attachement, elle en avait, bien malgré elle. Son père l’avait sauvée, recueillie, lui apprenait ce qu’il fallait qu’elle sache,  elle lui en était reconnaissante. Ses frères n’étaient pas méchants, la laissaient tranquille, parfois tentaient tout de même de l’intégrer. Il y avait cette fille, à l’Académie, qui était tout le temps gentille avec elle, qui lui offrait parfois une tranche de miel et quelques sourires et paroles : Anastae avait déterminé qu’elle l’appréciait donc un minimum : 

- Je suis donc obligée de m’y rendre ? 

- C’est une occasion en or pour que tu rencontres quelqu’un comme ton futur mari. Tu es jolie, tu pourras vite mettre le grappin sur quelqu’un de riche. 

- Je vous ai déjà dit que cela m’importait peu, siffla-t-elle entre ses dents. Je me suis pliée à ce que vous souhaitez, je continuerai à le faire, mais ne m’imposez pas cela. 

- Tu n’as pas d’autre choix, après tout je connais ton secret. 

Il était évident que son père soit au courant de qui elle était vraiment, après tout il l’avait bien faite avec sa mère. Mais si elle avait cru qu’elle avait du pouvoir sur lui en connaissant ce secret, il n’en n’était rien : son père lui avait fait comprendre qu’il ne risquait presque rien et qu’il aurait tout simplement à la donner en pâture. 

Les fées et les elfes ne savaient pas mentir, son père usait donc de stratagèmes plus ingénieux les uns que les autres pour éloigner ce secret de la cour, et de tout le monde en général. L’histoire était toujours la même : quelqu’un l’avait enlevée quand elle était petite, elle était revenue vers l’âge de sept ans et il l’avait recueillie chez lui. 

Ce qui était en soi, la simple vérité. 

Anastae brandit son épée et la fit tourner sur elle-même, les sourcils froncés, et légèrement contrariée par cette nouvelle. 

Elle n’aimait les bals, la Cour où elle était invisible, les personnes si imbues d'elles-mêmes qu’elle pensait avoir tout le pouvoir alors qu’elle n’était rien dans ce monde : 

- Je sais comment tu te sens, continua son père. Mais ce n’est pas une raison pour se cloîtrer en dehors de ce monde. 

- Les elfes ne peuvent pas mentir, répliqua-t-elle.

Son père brandit son épée et entama le combat contre elle. Anastae savait qu’elle allait perdre, elle ne gagnait jamais, mais se battre lui donnait une certaine force, la forçait à réagir, à ne pas se laisser faire, et à chaque fois qu’elle se rapprochait de la mort, elle sentait quelque chose s’animer. 

Sans doute était-ce sa partie d’humanité qui redoutait la mort, au contraire des créatures de ce monde, immortelles. La jeune fée en avait déduit qu’elle n’était pas immortelle mais qu’elle vivrait sans doute plus d’années que les autres humains, ou alors tout simplement qu'elle resterait aussi jeune et qu’elle mourrait dans soixante dix ans. 

Elle donna un coup d'épée, en contra un autre, avant de tourner autour d'elle-même et d’abattre sa lame contre celle de son père. Un duel de force s’entama, duel qu’elle perdit au bout de quelques secondes, tombant même à terre sous la violence du choc : 

- Tu as perdu. 

- Effectivement, est-ce surprenant ? 

- Pas vraiment. Mais je m’attendais tout de même à mieux. 

- Si vous vouliez une meilleure performance, donnez-moi un arc. 

Son père esquissa un début de sourire aiguisé, ce qui signifiait qu’il commençait à s’énerver. Anastae n’avait que trop vu ce sourire, subit ses coups, mais cela ne l’atteignait pas. Son père était le seul moyen de rester en vie, le temps de trouver un moyen de fuir tout cela, et elle avait toujours su qu’il ne l’aimait pas. 

Une héritière, que tout le monde considérait comme jolie, lui permettrait de s'élever encore plus dans le rang social.Un simple mariage, il lui avait promis qu’il la tuerait quand la vieillesse se verra pour ne pas élever les soupçons. Cela ne lui plaisait pas vraiment mais qu’était-ce une vie aux côtés d’un homme, telle une poupée ? 

Une claque frappa sa joue et fendit sa lèvre. 

La jeune fée ne réagit pas, se contenta de se lever et de demander : 

- Est-ce fini ? 

- Oui, soupira son père. Tu ne fais que m’énerver… C’est incroyable. 

- J’en suis navrée. 

- Tu n’es pas totalement une fée, tu peux mentir, alors cesse de tenter de m’embobiner. 

Anastae n’avait pourtant pas menti, elle en avait horreur. Elle était navrée d’être un telle poids, navrée de se trouver ici avec lui, avec eux. Si certaines personnes étaient attachantes, ce monde restait un poison envers elle, une épée de damoclès.

Son père tourna les talons, la laissa seule, seule avec son arc. Un petit sourire se glissa sur ses lèvres. Sa main le saisit sans plus réfléchir et elle pensa pendant un instant à son don. Elle ne se remémorait plus de quand elle l’avait découvert. Peut-être à dix ans quand une pixis dérangée lui avait enfoncé une flèche dans le bras et que cette dernière s’était enflammée, brûlant la créature par l’occasion. 

Cela avait été son premier meurtre.   

Quelques jours plus tard, elle avait pensé à l’origine de ce pouvoir. Encore petite, tout était flou pour elle mais quelques années plus tard, elle avait saisi que son don se déclenchait au contact de son sang. Ce qui révélait une nouvelle fois sa condition mortelle : elle ne guérissait pas aussi rapidement que les fées et les elfes, cela lui faisait affreusement mal et pour pouvoir utiliser sa magie, elle devait se blesser grièvement. 

Elle saisit une flèche, la faufila rapidement entre les fils de l’arc, et tendit la corde, sûre d’elle. Quand elle tenait un arc, elle devenait une toute autre personne. Avec cette arme, elle se sentait puissante, indestructible et c’était comme si rien ne pouvait l’atteindre. Elle était comme la reine du monde : 

- Mademoiselle, susurra alors quelqu’un derrière elle. 

Anastae sursauta, se retourna en tendant toujours son arc avec sa flèche, prête à embrocher quiconque lui voulait du mal : après tout ce ne serait pas la première fois. 

Une sirène lui faisait face, bien entendu avec des jambes, ce qui la rendait cent fois plus vulnérable que dans l’eau. Malgré tout, elle devait rester sur ses gardes. Les créatures d’ici étaient cruelles, elle s’était trop faite avoir par sa naïveté et trop repérée par cette dernière. 

La sirène secoua sa crinière violette, renversa son visage couvert d’écailles et souffla entre ses lèvres bleues, propres à chaque sirène qui était en réalité des pixis qui s’étaient noyées : 

- Posez votre arme, mademoiselle. Je viens juste vous annoncer que vous devez revenir à l’Académie si vous ne voulez pas en être exclue. 

Anastae soupira et cessa de tendre son arc vers elle. Il était vrai qu’elle n’avait pas été irréprochable au niveau des cours ces derniers temps, mais elle avait eu l’esprit ailleurs. Son père se fichait pas mal de si elle loupait quelques cours ou non, mais s’il venait à apprendre qu’elle était sur le point de se faire virer, elle n’imaginait pas sa colère. Il était tout dans son intérêt qu’elle revienne rapidement. 

Sa tresse se balança dans son dos alors qu’elle rangeait son arme : 

- Je reviendrai demain. 

- L’Académie tient à ce que vous ayez tous les cours, sourit la sirène, l’air satisfaite d’elle-même. 

Les sirènes, lutins, pixis, trolls etc étaient considérés comme la sous-race des elfes et des fées. Cela ne changerait sans doute jamais et ils étaient réduits à remplir les tâches ingrates, sous crainte d’une rébellion, bien que cela ne déplairait pas aux plus téméraires.  

Cette sirène prenait donc un mauvais plaisir à lui annoncer des mauvaises nouvelles. Mais Anastae ne s’en préoccupait que très peu, elle était la fille d’un noble très important dans la cour, qui était dans le passé le général de l’armée de la Reine, l’Académie évitait de se montrer trop cruelle envers elle. 

Anastae lui adressa son pâle sourire : 

- Merci pour les informations. 

La sirène plissa ses yeux, sans doute peu habituée à être remerciée. Finalement, elle haussa ses épaules, s’en alla en titubant, sans doute peu habituée à ses jambes. 

Elle tendit son arme et la flèche vint se planter au milieu de la cible, comme à son habitude. Elle l’observa pendant un instant, se demandant si elle pourrait survivre juste avec son arc, après tout, il lui permettrait de se défendre et de se nourrir. Mais Anastae avait du sang humain, elle était trop faible pour ce monde si elle venait à quitter le petit cocon qu’elle avait réussi à se former. 

Elle posa son arme et rentra, le dos droit, le menton relevé. 

Elle s’arrêta pour se poser près d’un lac de leur propriété. Elle adorait cet endroit avec cette eau tellement claire et propre qu’elle pouvait y voir très clairement son reflet, les arbres plus majestueux les uns que les autres se dressant contre sa vue, le soleil qui se reflétait contre sa peau pâle. 

Malheureusement, elle n’était pas la seule à aimer s’y prélasser et elle se rendit compte trop tard que son frère était assis sur la berge, un cahier dans la main. 

Luthias, le jumeau de Meludiz, se tourna vers elle, il avait l’ouïe très fine. Son regard bleu clair la transperça alors que ses cheveux d’ors mélangés de vert émeraude tombaient sur sa nuque, légèrement trop longs. 

Anastae avait toujours cru qu’il était le frère gentil, mais il s’était montré bien plus cruel avec elle que son jumeau. Elle ne lui en voulait pas, il n’était jamais allé très loin avec elle et lui avait même présenté des excuses, bien que plates, pour son comportement. 

La jeune fée baissa ses yeux, s'apprêta à tourner ses talons, quand la voix de son frère l’arrêta : 

- Demain, nous nous rendons à un bal, tu es au courant ? 

- Je le suis, répondit-elle tout simplement. 

- Père aimerait que tu trouves un fiancé. 

Une nouvelle fois, une once de colère la saisit. Sa mère lui avait toujours dit qu’un époux ne se choisissait pas, que cela se faisait par rapport aux sentiments, et elle avait l’impression de salir sa mémoire en faisant le contraire de ce qu’elle lui avait conseillé : 

- Mais je ne le souhaite pas, souffla-t-elle. 

- Cela t'aiderait pourtant. Des bruits courent sur toi. Que tu ne fais pas vraiment partie de notre famille, que tu ne nous ressembles en rien, que tu es l’intruse.  

- Est-ce le cas, lui demanda-t-elle en haussant ses sourcils. 

Il haussa ses épaules et ne chercha pas à cacher que, effectivement, c’était un peu le cas. Les elfes et les fées ne pouvaient certes pas mentir, mais Luthias prenait un malin plaisir à détruire lentement les personnes. Avec son faux air de bienveillance, il était en réalité si… fourbe. 

Anastae savait parfaitement que des bruits couraient sur elle, elle n’était pas dépourvue d’entente, mais entendre quelqu’un qui vivait sous le même toit qu’elle l’avouer, lui faisait plus de mal qu’elle ne le pensait. Bien que ce mal se résumait à un simple pincement à la poitrine : 

- Eh bien, que les bruits courent, je m’en fiche. Et je suis trop jeune pour me marier, vous devriez attendre. 

- Qui t’as parlé de mariage, soupira-t-il. Tu vas te fiancer et quand tu auras vingt ans, tu te marieras. Ce n’est pas rare de se fiancer à ton âge. Tu es jolie, Anastae. Tout le monde te tomberait dans les bras si tu souriais un peu plus. 

La jeune fille jeta un regard à se reflet dans l’eau. 

Sans doute était-elle jolie, ou du moins dans la norme. Son teint blanc comme la neige était sans imperfections, ses traits n’étaient pas grossiers. Elle avait de beaux cheveux, elle en avait conscience d’autant plus qu’ils étaient légèrement ondulés sans pour autant être trop épais. Cependant ses grands yeux noirs dépourvus de pupilles lui faisaient parfois peur, elle ne les aimait pas et elle savait qu’elle n’était pas la seule : 

- Aimerais-tu te retrouver fiancé à quelqu’un que tu ne connais pas et qui t’as choisi seulement parce que tu étais “joli” ? Ne vaux-tu pas mieux que cela ? 

Sa mâchoire se crispa : 

- Surveille tes paroles. Je n’ai rien à voir avec toi. 

Ce fut au tour de Anastae dont la mâchoire se crispa. 

Comprenant qu’elle ne tirerait rien de plus de lui et qu’il allait se murer dans le silence, elle se détourna simplement sans aucune autre parole. 

Ses frères la laissaient généralement en paix et elle les en remerciait pour cela. Ils n’étaient pas du genre à se mêler des affaires qu’elle avait avec son père. Malgré qu’elle ne connaisse pas tellement Luthias alors qu’ils vivaient ensemble depuis dix ans, elle comprit que quelque chose ne tournait pas rond. 

Mais qu’était-ce ? 

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Amber Frosth
Posté le 23/05/2023
J'ai bien aimé le chapitre 1. Les personnages semblent intéressant. J'espère qu'ils seront bien développé. En tout cas , c'est très bien. Il y avait quelques passages un peu flous mais honnêtement ça reste captivant.
Amber Frosth
Posté le 23/05/2023
Désolée. J'ai oublié un s à "intéresants" .
Elly Rose
Posté le 18/11/2022
Voilà, j'ai pris le temps de lire ce premier chapitre que j'apprécie beaucoup même si pour le moment je dois bien reconnaître que je suis un peu perdue avec les termes, ou alors j'ai mal compris les choses.
Anastae est une fée mais son père est un Elfe?
Sinon j'aime beaucoup et j'ai hâte d'en découvrir plus sur son histoire et l'univers que tu mets en place doucement mais sûrement.
Marlee2212
Posté le 19/11/2022
Tout d'abord pour répondre à ta question, dans le monde que j'ai crée le terme des fées est associé aux personnes de sexe féminin, et le terme des elfes, aux personnes de sexes masculins. Ce qui explique pourquoi Anastae est en partie fée et que son père soit un elfe.
Dans tous les cas, ravie que tu poursuives ton histoire et que mon univers te plaise, merci beaucoup !
Amberly
Posté le 24/10/2022
Je continue mon histoire et ce premier chapitre est convaincant.
Il y a quelques petites tournures de phrases qui peuvent nous faire décrocher de temps à autre, mais à part cela, l'univers s'installe doucement mais sûrement, et on sent qu'on arrive au coeur de l'action !
Continue comme ça !
Isahorah Torys
Posté le 18/09/2022
Hello, comme promis, je continue ma lecture !

J'ai noté quelques maladresses, en essayant de ne pas répéter ce qui a déjà été décelé auparavant, (désolée si c'est le cas) comme :

"Si la veille elle savait ce qui l’attendait pour aujourd’hui, à ce moment présent," Tu écris au passé/imparfait, donc toutes les notions de temps au présent dans la narration (hors dialogue) ne sont pas cohérents (c'est valable aussi pour : désormais, à présent, maintenant, dorénavant, aujourd'hui etc...) Tu en sèmes quelques uns dans ton texte ;)

Tu utilises beaucoup d'adverbes dans ton texte, surtout particulièrement. Il faut les éviter, surtout lorsqu'ils sont redondants ^^

Tu n’as pas d’autre choix, après tout je connais ton secret. (venant de son père, je trouve le dialogue maladroit ! Cela pourrait être dit d'une manière plus cohérente) C'est aussi de sa faute si elle est mi-humaine ! même le paragraphe qui explique ce passage me semble un peu décousu ^^

Peut-être à dix ans quand une pixis dérangée lui avait enfoncé une flèche dans le bras et que cette dernière s’était enflammée, brûlant la créature par l’occasion. (ici on ne comprend pas trop comment !)

Sinon, à part ça, j'ai trouvé ce premier chapitre plutôt bon... peut-être que le côté résigné de ton personnage est un peu agaçant, parce que l'idée revient un peu trop souvent. Quelques dialogues me semblent un peu maladroit et manque de naturel.

J'ai bien aimé les informations que tu nous délivres petit à petit sur ton univers, pour nous le faire découvrir. Le fait qu'on ne reçoive pas toutes ces notions en un seul bloc est plus digeste et il est plus facile de les retenir ;)

Je pense qu'une description un peu plus détaillé serait judicieuse sur la manière dont elle est parvenue à brûler la petit fée avec son sang, sa magie. Là, j'avoue que c'est un peu flou.

Sinon, tu as une belle plume, facile à lire. En progressant, elle ne pourra devenir que meilleure ;)
Marlee2212
Posté le 18/09/2022
Hey, heureuse de te revoir :)
Merci énormément pour ta première remarque, on ne me l'avait jamais faite, et maintenant que tu me le dis, c'est vraiment que ça peut paraître légèrement dérangeant.
Il est vrai que l'événement avec la pixis et la flèche est légèrement flou, ce sera à retravailler.
Le côté résigné de Anastae est voulu, même si je te l'accorde, il peut être agaçant, mais je voulais accomplir un véritable développement au niveau de sa personnalité. Passer par le côté résigné va permettre de plus accentuer l'évolution du personnage.
En tout cas, merci beaucoup pour tes conseils, ça me fait toujours autant plaisir !
En espérant que la suite te plaise et te revoir bientôt :)
Isahorah Torys
Posté le 18/09/2022
Pas de soucis ^^ je ne suis pas une experte et je peux me tromper. Donc, à toi de juger si mes remarques sont pertinentes ou non ;) Si ça peut aider, c'est toujours ça ;)

Je reviendrai vite pour lire la suite ^^
Eldir
Posté le 29/06/2022
Bonjour, l'histoire se met bien en place. Les personnages et le monde des fées ont l'air intéressant. Cependant il me semble qu'il y a des problème au niveau de la forme.

1- Des phrases souvent trop longue ou convolutées
"Si la veille elle savait ce qui l’attendait pour aujourd’hui, à ce moment présent, elle l’avait totalement passé au second plan." ==> je vous conseillerais de faire : une idée = une phrase.

2- Répétitions
Il y a souvent des mot répété à une phrase d'écart, c'est dommage ça alourdi le texte. En revanche il y a des situation ou une petite répétition mettrais de l'emphase.

"La sirène plissa ses yeux, sans doute peu habituée à être remerciée. Finalement, elle haussa ses épaules, s’en alla en titubant, sans doute peu habituée à ses jambes." ==> répétition de "peu habitué".

"Cette femme n’était pas sa mère. Cette dernière avait toujours été bonne avec elle, gentille, s’était sacrifiée par amour pour elle, lui avait dit au revoir avec un beau sourire pour ne pas l’apeurer et c’était la seule fois où elle avait ressenti un début de sentiment pour quiconque." ==> ici au contraire ajouter une répétition du mot mère pourrait faire mieux ressentir la colère, je vous propose "Cette femme n’était pas sa mère. Sa mère avait toujours été bonne avec elle. Sa mère qui s’était sacrifiée, par amour, pour elle et lui avait dit au revoir avec un beau sourire pour ne pas l’apeurer !"

3- Descriptions
"Anastae franchit la porte de derrière, s’engagea dans le jardin magique avant de rejoindre son père, une épée à la main et une autre à ses pieds. " ==> dommage de ne pas prendre quelques ligne pour nous dire ce qu'il a de magique

4- Remarques en vrac

- "bien que cela n’avait jamais marché" ==> n'ai jamais
- "Encore aujourd’hui, elle n’aimait que ce soit un jeune garçon" ===> n'aimait pas
- "Ses bottes fétiches l’appelaient, serties d’émeraude, la couleur de leur règne." ==> couleur de leur règne ? là je suis perdu.
- "Si tous les membres de cette lignée avaient tous hérités d’un caractère physique de cette couleur" ==> un tous de trop
- "à quoi elle ressemblait : d’un intrus dans cette famille." ==> elle ressemblait : un intru
- "de se battre contre ses idéaux" ==> pour ses idéaux ?
- "la seule qui parvenait " ==> la seule chose ?
- "une tranche de miel" ==> une cuillère de miel ? ou alors ils conditionnent bizarrement le miel chez les fées ;-)
- "Elle n’aimait les bals" ==> n'aimait pas

" n’était rien dans ce monde :
- Je sais comment tu te sens, continua son père. " ==> transition étrange, les deux points devrait être utilisé pour passer d'une description d'un personnage à sa réplique (Ex: Son père trancha l'air de sa lame et dit : - je sais comment tu te sens)

- "lui permettrait de s'élever encore plus dans le rang social." ==> lui donnerait encore plus d'influence.
- "la vieillesse se verra" ==> verrait
- "élever les soupçons" ==> éveiller les soupçons
- " restait un poison envers elle" ==> un poison pour elle
- "Elle ne se remémorait plus de quand" ==> plus quand
- "fichait pas mal de si elle loupait quelques cours ou non" ==> qu'elle loupe quelques cours
- "Cela ne changerait sans doute jamais et ils étaient réduits à remplir les tâches ingrates, sous crainte d’une rébellion, bien que cela ne déplairait pas aux plus téméraires." ==> cette phrase est étrange, les pixies et autre troll sont confinés aux taches ingrates, c'est donc eux qui devrait vouloir se rebeller. Non ? Les elfes doivent les menacer avec l'usage de la force.
- "un mauvais plaisir" ==> malin plaisir ?
- "jeta un regard à se reflet dans l’eau." ==> son reflet
- "Ce fut au tour de Anastae dont la mâchoire se crispa. " ==> Ce fut au tour d'Anastae de crisper ses mâchoires.
- "et elle les en remerciait pour cela" ==> elle les remerciait pour cela.

Et voilà, 3km de commentaire, désolé pour ce roman et bonne continuation.
Marlee2212
Posté le 30/06/2022
Hey :)
Merci beaucoup pour tes remarques pertinentes, je vais essayer d'en tenir compte. Ne t'excuse surtout pas, c'est super important !
lavoixdusabre
Posté le 21/06/2022
slt j'ai lu le prologue et ce chapitre et j'avoue avoir été attirée par ta couverture. vraiment très belle. je me suis laissée porter par ces deux premiers "chapitres" qui annoncent une histoire intéressante à découvrir. Je préfère donc continuer avant de t'apporter un avis plus global sur ton histoire que je trouve facile à lire aussi.
Marlee2212
Posté le 21/06/2022
Hey :)
Contente que la couverture t'ait plu, j'ai mis beaucoup de temps à la trouver haha. J'espère que cette impression va se poursuivre au cours des chapitres et j'attends avec impatience ton avis global !
A bientôt j'espère :)
Maé
Posté le 13/06/2022
Hello !

Après la lecture de ton prologue je m’attarde donc sur ton premier chapitre, histoire de voir de quoi il en retourne.

J’évacue directement les fautes ou maladresses que j’ai pu relever, comme ça c’est fait et on n’en parle plus :

- « Anastae se retint de grogner, bien trop éduquée pour cela, et repoussa d’un geste tremblant ses couvertures qui pesaient sur son corps. » => trop bien élevée

- « Elle observa sa chambre remplie de mille et une richesses, d’épais rideaux qui avaient été tirés pour dévoiler des fenêtres tellement transparentes qu’elles semblaient invisibles, des plantes étaient disposées par endroits pour rendre l’endroit plus familier, bien que cela n’avait jamais marché. » => l’expression « bien que » est très lourde à la lecture, je pense qu’il vaut mieux chercher à l’éliminer quant tu en as la possibilité.

- « Le soleil était déjà haut dans le ciel et aucun nuage ne venait ternir ce magnifique ciel qui virait parfois au mauve. » => 2 fois ciel.

- « La journée s’annonçait donc belle, du moins, en apparence. / Un serviteur, un pixie donc, aux cheveux verts se trouvait devant elle, l’air bien agacé de faire ce métier. » => 2 fois donc.

- « Anastae ne pouvait le réfuter, elle n’aurait jamais accepté de vendre ses services à une famille noble, bien que ce jeune garçon ne semblait pas avoir pris cette décision de son plein gré » => Le mot « réfuter » me paraît bizarrement employé, on réfute un propos, une allégation, mais là le jeune homme ne dit rien, il montre simplement que son job est nul, du coup je me demande si une formule comme « elle ne pouvait lui en vouloir » ne serait pas plus adaptée.

- « - Suis-je en retard, demanda Anastae. » => Suis-je en retard ? demanda Anastae.

- « Quelle tragédie, se plaignait les nobles en la fixant de haut. Une fille noble qui possède un don si… ennuyeux. » => se plaignaient les nobles + noble x2.


- « Pixis » => plus haut écrit pixie, ensuite écrit pixis sans majuscule faire attention à la cohérence, et encore plus sur des éléments qui sont pas réels.

- « Le pixis lui tendit sa tenue de combat, qui était simplement composé d’une tunique ornée d’or et d’un pantalon. » => composée.

- « Ses bottes fétiches l’appelaient, serties d’émeraude, la couleur de leur règne. » => Je n’ai pas bien compris cette phrase, le vert correspond à un trait spécifique de sa famille si j’ai bien saisi, du coup pour rendre ça plus clair peut-être parler de dynastie/de famille plutôt que de règne ?

- « Le jeune homme saisit son visage et lui appliqua un rouge à lèvre rouge sang : son père n’appréciait guère que tout soit si blanc chez elle. Ou est passée la couleur de notre lignée, s’indignait t-il à chaque fois qu’elle avait le malheur de s’habiller simplement. Parfois, elle pouvait même en rougir de honte : » => rouge x3 + Où est passée.
- « Anastae ne se jeta même pas un regard dans le miroir qui miroitait incroyablement, elle ne savait que trop bien à quoi elle ressemblait : d’un intrus dans cette famille. » => miroir/miroitait mettre les deux si proches l’un de l’autre est un peu lourd un verbe comme refléter serait peut-être plus approprié + ressemblait : à un intrus dans cette famille.

- « Meludiz avait le sang chaud, cela n’était pas bien nouveau, et si Anastae avait tout d’abord été effrayée par cela, elle s’était rendue compte qu’il l’ignorait sans cesse, ce qui était sans doute la meilleure relation qu’elle n’avait jamais eu avec quelqu’un. » => cela : attention, le terme revient régulièrement dans ton texte et comme tu le sais sûrement ce n’est jamais très agréable à lecture de voir apparaître des « cela » là où on peut l’éviter + jamais eue.

- « Elle ne se remémorait plus de quand elle l’avait découvert. » => Cette phrase est extrêmement lourde. Le verbe remémorer est déjà lourd en lui-même parce qu’il est long, plein de « m » et qu’en plus il est connoté par son rapport au passé et au poids de celui-ci mais en plus le « de quand » n’est pas du tout une formule fluide. Peut-être que quelque chose comme « elle ne se souvenait plut quand elle l’avait découvert » serait plus adapté ? Et sinon j’ai un petit problème de cohérence, ce n’est pas très logique de nous annoncer qu’elle ne s’en rappelle plus puis de situer juste après un évènement marquant avec l’attaque d’une pixis. Ou alors il faut nous donner une alternative : c’était peut-être à dix à cause d’une flèche ou à 9 à cause d’un gnome, enfin bref, tu vois ce que je veux dire.

- « Les créatures d’ici étaient cruelles, elle s’était trop faite avoir par sa naïveté et trop repérée par cette dernière. » => Je n’ai pas compris cette phrase et particulièrement « elle s’était trop faite […] et trop repérée […] » je ne comprends pas ce que tu veux dire mais peut-être est-ce moi qui fatigue …

- « Cela ne changerait sans doute jamais et ils étaient réduits à remplir les tâches ingrates, sous crainte d’une rébellion, bien que cela ne déplairait pas aux plus téméraires. » => Si j’ai bien compris ce que tu voulais dire, les pixis sont condamnés aux tâches ingrates tant qu’ils ne se rebellent pas ? Si c’est bien ça, ça ne correspond pas à ce que je comprends de la phrase que tu as écrite où je lis que les pixis feront des tâches ingrates car ils craignent une rébellion, comme si la rébellion était une sanction. Bref je n’ai pas bien tout compris.

- « Qui t’as parlé de mariage, soupira-t-il. » => t’a.

- « Ce fut au tour de Anastae dont la mâchoire se crispa. » => « ce fut autour de la mâchoire d’Anastae de se crisper » me paraît plus fluide comme formulation.

- « Malgré qu’elle ne connaisse pas tellement Luthias alors qu’ils vivaient ensemble depuis dix ans, elle comprit que quelque chose ne tournait pas rond. » => « malgré que … » n’est pas français, il vaut mieux y préférer une formule comme « malgré le fait que … »

Voilà, maintenant sur le fond j’ai quelques petites remarques. La première étant liée à pas mal des petites choses que j’ai relevées plus haut : la fluidité. Ton texte n’est pas difficile à lire au sens où on se laisse emporter assez facilement par ce que tu écris mais il y a pas mal de choses qui nous sortent de la lecture et qui empêche de vraiment plonger dedans, parmi elles comptent : les répétitions, les moments où on ne comprend pas ce que tu écris, les petites fautes qui traînent (mais bon c’est aussi pour ça que les commentaires sont là, pour relever celles qui sont passées à la trappe) et tous ces petits détails qui en fait n’en sont pas. Par exemple :

« Si la veille elle savait ce qui l’attendait pour aujourd’hui, à ce moment présent, elle l’avait totalement passé au second plan. Son esprit se portait plus particulièrement sur le lendemain, là où elle aurait à revêtir une jolie robe et à se présenter à la cour comme la fille d’un riche noble et ami de la Reine. »

Dans ce passage il y a beaucoup trop de choses floues pour ton lecteur. Il faut te mettre à sa place : il entre dans un monde où il ne connaît rien, avec des règles qui ne sont pas les siennes. Il faut déjà le mettre à l’aise avant de lui parler de quelque chose à laquelle l’héroïne s’attendait pour aujourd’hui mais qui finalement est elle-même perdue au moment où elle en parle et qui en fait pense au lendemain. Ce n’est pas clair du tout et l’on est seulement dans la première partie du premier chapitre. Il faut vraiment mettre ton lecteur à l’aise sans quoi il n’ira pas plus loin.

Je pense également qu’il faut prêter attention à comment la forme influence le sens quand tu te relis, si je prends ce passage :

« Elle avait une très jolie voix qui TinTait Tel un crisTal s’agiTant dans le vent, des connaissances ne manquaient pas de lui faire remarquer bien que cela ne serve à rien : elle n’était pas une fée banale qui avait besoin d’user de ses dons naturels pour s’élever. »

Il y a encore le « bien que » sur lequel je ne reviens pas mais est qui ajouté à une allitération en « t » très lourde. Cela produit un effet de lourdeur, d’empâtement sonore de la phrase or on est censé percevoir une voix a priori pleine de légèreté. Le même procédé se retrouve ici :

« Si tous les membres de cette lignée avaient tous hérités d’un caractère physique de cette couleur, Anastae était de nouveau considérée comme le mouton noir de cette famille avec sa peau et ses cheveux blancs comme la neige ainsi que ses yeux si noirs que l’on ne pouvait y apercevoir leur pupille. » (=> tous x2)

On repère une allitération en sifflante avec « SeS yeux Si noirs […] aperCevoir » qui est embêtante si elle n’est pas volontaire, car souvent les sons en « s » sont associés à la perfidie, à des personnages vils etc., qui ne semblent pas correspondre du tout à ton personnage. Pour se rendre compte de ce genre de chose, il est parfois intéressant de lire à haute voix son texte pour mieux apprécier le son qu’il produit.

Lorsque j’ai commenté ton prologue j’avais déjà noté que tu faisais parfois des incursions d’informations un peu venues de l’extérieur qui ne s’harmonisaient pas avec le reste de ton récit, c’est encore le cas dans ce chapitre et on le retrouve notamment lorsque tu utilises des formules comme « bien que ». Tu as choisi d’utiliser une focalisation interne pour ton récit, le lecteur ne perçoit donc le monde que par l’intermédiaire de ce que voit et sait ton personnage principal. Pourtant régulièrement on sort de cette focalisation : « bien que cela ne serve à rien : elle n’était pas une fée banale qui avait besoin d’user de ses dons naturels pour s’élever. » Il y a quelque chose d’étrange dans ces formulations qui gênent la lecture, ça ne prend pas place naturellement dans le cours des évènements, on dirait que c’est mis là parce que ça permet de donner des informations au lecteur, c’est un peu dommage je trouve.

Le point précédent me donne l’occasion d’aborder quelque chose d’essentiel pour les récits fantastiques/ de fantasy pour ce qui est des descriptions ou des informations que l’on souhaite transmettre : l’info-dumping, ou comment juste poser des informations là et sans les intégrer subtilement pour que l’ensemble soit fluide et qu’on poursuive la lecture.

Dans « La sirène secoua sa crinière violette, renversa son visage couvert d’écailles et souffla entre ses lèvres bleues, propres à chaque sirène qui était en réalité des pixis qui s’étaient noyées : » (=> étaient en réalité) ou « Les sirènes, lutins, pixis, trolls etc étaient considérés comme la sous-race des elfes et des fées. » (=> « etc » très embêtant dans un texte car il s’apparente à une ‘flemme d’écrivain’, il vaut mieux y trouver une alternative) on retrouve cet effet d’info dumping. En gros tu nous donnes des informations qui n’ont pas de liens directs avec ce qu’il se passe. Tout est une question de formulations et de manière d’amener les choses, par exemple en disant quelque chose comme : « Anastae ne cessait d’observer les lèvres bleues qui s’agitaient en se demandant comment cette ancienne pixis avait pu se noyer et ainsi devenir une sirène. » Bon là ma phrase est pas très belle mais l’idée c’est de mieux intégrer ce genre d’informations pour rendre ton texte plus fluide.

L’autre point propre au genre que tu as choisi c’est la question des référentiels. Ton univers est un univers absolument différent du notre, il a ses propres règles, ses propres us et coutumes, son propre fonctionnement et donc son propre référentiel. Alors que je m’installais confortablement pour entrer avec toi dans toute cette nouveauté je me suis plusieurs fois sentie ramenée contre mon gré à la réalité. Voilà quelques exemples :

« C’était la seule chose qui parvenait à la faire vibrer dans ce monde pourtant si magique. » Ici je ne suis pas sûre que « magique » soit approprié, c’est sa réalité et bizarre d’insister sur « si magique » alors que non, c’est la norme. On est dans un monde où il y a de la magie, le lecteur l’intègre et on est ok avec ça, on l’avait accepté déjà pendant le prologue. Pareil pour « Anastae franchit la porte de derrière, s’engagea dans le jardin magique avant de rejoindre son père, une épée à la main et une autre à ses pieds. » Si tu veux nous faire percevoir que le jardin est magique il vaut mieux nous le faire voir en décrivant en quoi il est magique.

« Elle était navrée d’être un telle poids, navrée de se trouver ici avec lui, avec eux. Si certaines personnes étaient attachantes, ce monde restait un poison envers elle, une épée de damoclès. » (=> tel) Dans ce passage j’ai un débat avec moi-même. Tu fais référence à Damoclès qui est connoté, qui évoque immédiatement un mythe bien connu qui dénote avec ton univers à toi car d’office ça nous rappelle l’Antiquité, la mythologie greco-latine, bref on sort de ton monde. Et en même temps si je comprends bien ton perso à toi est un humain. Donc ma question c’est : est-ce que ton héroïne vivait dans une humanité de notre univers, à savoir pas de magie, pas de sirène ou de pixis, ou est-ce qu’elle vivait dans un univers où humains et autres espèces cohabitaient déjà ? Si c’est l’option A : je pense qu’il vaut mieux éloigner ce genre d’expression qui n’appartient pas à ton monde ou alors la modifier pour qu’elle y appartienne, je sais pas moi mais en changeant le nom de Damoclès pour un nom de ton univers à toi, comme ça on comprend mais on sort pas de chez toi. Si c’est l’option B : bah j’hésite. La garder ne pose pas de problème en soi, mais en même temps jusque là dans ton récit rien ne me laisse penser que c’est l’option B et que tu vas faire coexister 2 univers : le notre et le tien avec ton héroïne qui joue les intermédiaires. Donc je suis confuse…


« Une sirène lui faisait face, bien entendu avec des jambes, ce qui la rendait cent fois plus vulnérable que dans l’eau. » Dans ce cas on a un mélange des problèmes déjà évoqués : celui des référentiels (avec le fait d’insister sur le « bien entendu », qui est totalement superflu à mon sens car si tu veux que ta sirène ait des jambes ok sans problème c’est toi choisis), celui de l’info-dumping (on a le fait qu’elle soit plus vulnérable que dans l’eau qui est posé de but en blanc alors qu’on y préfèrerait une béquille narrative qui dirait « oh ses jambes flageolent, elle qui est tellement plus agile dans l’eau armé de sa queue de poisson ») et le fait de nous faire sortir du texte (en s’adressant directement au lecteur avec une formule qui l’invective comme « bien entendu », en focalisation interne, Anastae sait qu’elle a des jamabes, elle le voit et cela n’appelle pas de confirmation).

J’ai un peu été déçue en lisant ce passage : « Anastae avait toujours cru qu’il était le frère gentil, mais il s’était montré bien plus cruel avec elle que son jumeau. » Avec la description que tu faisais de la mère dans le prologue j’espérais voir des caractérisations de personnages approfondies, nuancées que je n’ai pas retrouvées dans ce premier chapitre ou tu as limité la description de ce jumeau à un personnage archétypal, le « frère méchant » qu’on croyait être le « frère gentil ». Rien de très grave mais c’est un peu dommage car ce qui donne aux personnages toute leur consistance ça reste la nuance.

Comme dans le prologue quelque chose concernant le personnage que tu décris me pose problème, la cohérence entre le personnage froid et insensible que tu dis qu’elle est et le fait qu’en réalité elle ressente pas mal de choses au final par exemple dans ce passage : « Anastae savait parfaitement que des bruits couraient sur elle, elle n’était pas dépourvue d’entente, mais entendre quelqu’un qui vivait sous le même toit qu’elle l’avouer, lui faisait plus de mal qu’elle ne le pensait. » Comme j’ai déjà commenté ça la dernière fois je ne m’attarde pas plus.
Tu as choisi une chute qui ressemble de très près à celle du prologue, avec une question en écho à ce même prologue : « Qui es-tu petite fée » / « Mais qu’était-ce ? » Personnellement la chute question n’est pas à mon goût mais soit il faut de tout pour faire un monde. Par contre deux fois d’affilée ça me paraît un peu trop, surtout pour que ça ait l’effet escompté, que le lecteur reste.
J’ai encore fait pleins de remarques mais j’aime bien ton histoire malgré tout et continuerai à la lire au fur et à mesure ! Je te souhaite plein d’inspiration et de créativité ^^

A la revoyure !
Marlee2212
Posté le 13/06/2022
Hey :)
Déjà je tiens tout d'abord à te remercier une nouvelle fois de prendre le temps de me donner tous ces conseils et d'analyser chaque chapitre, c'est beaucoup trop adorable.
Je vais donc naturellement essayer de répondre à tout ( même si je t'avoue que pour certaines choses je n'ai pas de réponses précises haha)
Merci beaucoup de corriger toutes mes petites fautes, elles vont vite être résolues grâce à toi !
J'ai bien entendu conscience que ce que j'écris est loin d'être parfait et pour être totalement transparente avec toi, les premiers chapitres datent déjà d'il y a un an. J'espère simplement qu'une évolution va être observable au court du récit haha. Il s'agit également là de mon premier "jet" et j'ai comme projet, une fois arrivée à la moitié de mon récit, de commencer une réécriture. Alors une nouvelle fois, je te remercie, tu vas beaucoup faciliter mon travail !
Le côté flou du côté du lecteur était un risque j'ai pris : en effet, je voulais qu'il découvre ce monde magique aux côtés d'Anastae ( donc certaines choses lui sont encore inconnues ) et ne pas "noyer" le lecteur avec plein d'informations. Je souhaitais en effet créer quelque chose de naturel, mais j'ai bien peur, à la vue de ce que tu viens de me dire, que l'effet ne soit pas celui que j'attendais.
Pour ce qui est du terme "magique" employé, je considère Anastae comme quelqu'un qui ne peut rentrer totalement dans les règles, coutumes, de ce monde. L'aspect "magique" n'est pas quelque chose de naturel chez elle et je voulais le souligner. Cependant, il est vrai que des termes peut-être plus légers, moins lourds dans les phrases, plus métaphorique auraient été plus adaptés.
Pour répondre à ta question, Anastae vivait dans un monde totalement vidé de toute magie. Cependant, il s'agissait d'une enfant intelligente, lucide, et si la magie n'était pas présente, les mythes pouvaient exister. La mythologie grecque est assez connue dans le monde commun des mortels, je ne trouvais donc pas ça "si" dérangeant d'y placer une petite référence.
Pour la phrase de la sirène, tu as totalement raison. On dirait juste que je suis moi-même en train de prendre part au récit ; c'est totalement logique qu'elle ait des jambes haha. Cette erreur sera vite résolue.
Le cliché du frère méchant était voulu. Anastae ne connait pas sa famille, ne leur parle que très rarement et le simple fait que sa vision des choses s'arrête à un cliché montre qu'elle ne fait pas partie intégrante de sa famille. Mais ne t'inquiète pas, ce cliché sera vite brisé, Luthias est bien plus qu'un "frère méchant".
Pour répondre une nouvelle fois très rapidement au caractère de Anast
Marlee2212
Posté le 13/06/2022
(Oups petite faute de frappe je continue) Anastae, les maladresses du prologue ne sont pas vraiment en accord avec ce qui se passe dans le chapitre 1. Une nouvelle fois, peut-être un peu trop maladroitement, j'ai tenté de faire comprendre que le lecteur arrive à un moment de sa vie important : en réalité, un personne froid, insensible, qui se fiche de tout, est très compliqué à rendre intéressant. Anastae va changer, elle ne va plus se restreindre à cette étiquette et si tu poursuis les prochains chapitres, tu te rendras compte qu'elle-même ne saisit pas ce brutal changement d'atttitude.
En tout cas, je te remercie une nouvelle fois de tes conseils et surtout n'arrête pas ! J'apprécie le fait de me rendre compte, grâce à toi, des erreurs, maladresses, d'écriture alors ce sera avec grand plaisir que je continuerai de lire tes longs commentaires !
A bientôt, je l'espère :)
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