Chapitre 1 - Chacun son chemin

Notes de l’auteur : *Trigger Warning*

Cette histoire comprend beaucoup de scènes et sujets sensibles : langage vulgaire, torture, agression (morale, physique et sexuelle), exécution, sang et trouble mentale. (Il n'y aura pas de smut).

Si vous êtes sensibles face à ce genre de chose, je ne vous conseille pas cette lecture. D'autant que mon histoire (comme son nom l'indique), est prévue pour être de plus en plus dure. Ne vous fiez pas aux premiers chapitres, qui sont volontairement légers.

Flashback de la veille à l'École supérieure de Magie de Maywa

Il s'agissait de l'une des cérémonies les plus prestigieuses du pays. De hauts dignitaires et certains des mages les plus influant, étaient conviés à ce rassemblement qui avait lieu tous les cinq ans.

Une foule compacte se pressait autour de l'imposante entrée de l'établissement. Il y avait de la musique, mais aussi des chants. Chaque famille accompagnant un nouvel élève criaient son nom et le couvraient d'attention. Il n'était pas rare que les jeunes adultes passaient le portail les bras encombrés de bouquets de fleurs. Rien n'était plus réputé que d'avoir une connaissance qui avait fréquenté l'École Supérieure de Sorcellerie de Maywa.

Pourtant, les critères de sélection pour y entrer étaient un mystère. Toute personne âgée de 18 à 25 ans, ayant reçu le don de la magie pouvait envoyer une candidature. Dans les mois suivants, un examinateur venait à la rencontre du candidat, il prenait le temps de discuter avec lui, sans pour autant poser de questions techniques ou précises sur la magie. Il s'agissait plus d'un échange courtois de quelques heures, pas plus. Sans suivait une terrible attente. Les personnes ayant été retenues recevaient la visite d'un émissaire pour leur annoncer la bonne nouvelle. Pour les autres, même une réponse ne leur était pas accordée, au point que certains, crédules, attendaient toute une vie.

Le jour de fête commençait donc par une arrivée, déjà triomphante, des lauréats, qui, dans des adieux parfois déchirants, disaient au revoir à leur famille adorée. Une fois dans l'enceinte fortifiée, les élèves ne pouvaient plus sortir sans l'autorisation des enseignants. Et il était rare que ceux-ci accordent des laissés passés, par conséquent, les visites étaient exceptionnelles : une par an.

Après avoir mis un pied dans les jardins, les immenses murs de pierres, haut d'au moins dix mètres, se refermaient sur les jeunes gens. La musique et les cris s'éloignaient rapidement pour laisser place à un silence étonnant.

Les grandes allées parfaitement entretenues, bordées de jardins à la française, menaient presque toutes à une immense porte en bois sculptée. De part et d'autres, des bâtiments à l'architecture étonnante, étaient disséminés presque de façon aléatoire. Tous les apprentis étaient amassés face à une estrade géante de pierre, théâtre de nombreuses interventions à l'école.

 

****

[Point de vue de Lya]

L'expérience de Lya n'avait pas été celle de la majorité de ses nouveaux camarades. Elle était arrivée seule, par ses propres moyens. Personne n'avait crié son nom, car personne ne la connaissait.

En entrant dans les jardins de l'école, son cœur s'était empli d'une joie intense. Une chaleur indescriptible s'installa en elle et elle souhaita que ça ne s'arrête jamais. Chaque plante, chaque sculpture retenait son attention. Tel un papillon attiré par la lumière, elle était aveuglée par la beauté de l'instant, sans sentir une seule seconde les mauvais regards qui se posaient déjà sur elle.

-Ne fais pas attention à eux !

Cette phrase sortie instantanément le papillon de sa transe contemplatrice. Elle sentit qu'on venait de lui prendre le bras et qu'on la forçait à accélérer. Ses yeux se levèrent pour voir la tête de la locomotive qui l'entrainait.

Il s'agissait d'une jeune fille bien habillée, aux yeux noisette. Son menton était haut et fier, et sa tenue était repassée et portée de manière stricte. Même ses cheveux étaient disciplinés, avec une frange droite et une pince en forme de nœud regroupait au millimètre près ses longs cheveux lisses.

Lya resta un instant bouche bée devant cette furie si parfaite. Ce n'était plus le décor qu'elle admirait maintenant, mais cette déesse venue de nulle part.

-Ne sois pas touchée par ce qu'ils peuvent penser de toi, on se forge dans l'adversité, déclama la divinité en arrêtant enfin la course effrénée du duo au milieu de la foule.

-Ce qu'ils pensent ?, se réveilla Lya.

-Oui, ils ont beau dire que tu n'es pas bien habillée ou miséreuse, ça ne doit pas te démoraliser !

-Qui dit ça !

Le jeune femme se retourna afin de dévisager toutes les personnes autour d'elle. C'est vrai que la demoiselle faisait un peu tache dans ce si joli tableau où se réunissait souliers vernis et veston de très bonne facture. Lya était sans le sou et habillée comme tel. Ça n'avait jamais été vraiment un problème pour elle, car elle n'avait connu que cela.

-Euh... les autres élèves, rétorqua la nouvelle acolyte de Lya avec beaucoup moins d'assurance. Tu n'avais pas entendu ?!

-Non j'avoue ne pas y avoir prêté attention, mais si ce sont les autres élèves, cela m'est un peu égal.

Cette fois, c'était l'autre jeune femme qui était décontenancée par l'aplomb de la petite blonde. Est-ce qu'à sa place, elle aurait réagi comme ça ? Elle qui était pourtant d'une volonté de fer et d'une rigueur sans détours. Comment pouvait-elle le savoir, elle avait toujours été riche et bien affublée.

-Au fait, je suis Amanda, dit-elle, en tendant sa main.

-Je m'appelle Lya.

Sans suivi, une poignée de main franche et forte à l'image de son investigatrice.

-J'ai hâte de commencer à apprendre et toi ?

-Moi aussi, répondit Lya avec enthousiasme. C'est la première fois que je m'aventure en dehors de mon village et j'ai toujours voulu apprendre la magie, la vraie. Cette école est si imposante. J'en ai le tournis, mais en même temps, j'ai envie d'explorer chaque recoin ! Pas toi ?

-Oh... tu sais, je suis un peu plus habituée des lieux que toi je pense, répondit-elle un peu blasée. Mon père travaille au sein de l'administration du PC, alors je ne suis pas familière des locaux de l'école à proprement parlé, mais je connais bien les bâtiments accolés.

-PC ?

-Désolé, c'est l'habitude. Je voulais dire le Pouvoir Central, les administrateurs du pays si tu préfères.

Lya buvait les paroles de sa nouvelle amie comme un nectar de grande valeur. À la minute où elle avait posé les yeux sur elle, Amanda était devenue l'objet unique de son attention. Sa beauté froide, ses manières distinguées, même le timbre de sa voix résonnait en elle et criait "réussite". Elle était tous qu'elle aspirait à devenir.

-Tu es vraiment très belle Amanda, lui lança de but en blanc Lya.

La muse ne put s'empêcher de lâcher un petit rire de gêne tant cette déclaration était aussi soudaine que sincère.

-Eh bien merci ! 

Elle commença à rosir légèrement, ce qui n'était pas dans ses habitudes. 

-C'est la première fois qu'une fille me fait ce compliment.

-Ah bon ? Elles n'osent peut-être pas, tu es impressionnante...

Un rictus se dessina une nouvelle fois sur les lèvres d'Amanda.

-Je pense surtout que les femmes sont très jalouses entre elles. Complimenter une fille, notamment sur son apparence, c'est lui donner l'ascendant, tu ne crois pas ?

Lya médita un instant sur la question avec un réel intérêt.

-C'est possible, mais je n'avais jamais réfléchi à ça. Et puis je n'ai jamais fait attention à mon apparence, alors je ne me sens pas dévaluée, même si on me critique d'ailleurs.

-Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme toi, s'enthousiasma à son tour Amanda. J'espère que la cérémonie d'accointance nous mettra dans le même groupe !

-La cérémonie d'accointance ?

-Tu ne sais pas comment l'école fonctionne !?

Au même moment, une voix résonnante fit arrêter toute discussion et les regards se tournèrent vers la scène.

 

****

[Point de vue de Matthew]

Le garçon de 19 ans couru vers le portail, à s'en rompre les tibias. Poursuivi par une dizaine d'hommes en colère, il réussit, non sans pousser quelques passants incrédules, à passer les portes de l'école. Là, il ne craignait plus rien, les employés de son père ne pourraient plus l'atteindre. Sachant ça, il s'arrêta à la lisière de l'entrée et leur fit un magistral bras d'honneur, preuve de son incommensurable insolence.

Après avoir repris son souffle, il déambula nonchalamment dans les allées des jardins. Il dévisagea chaque élève qui passait non loin de lui, qui n'hésitèrent pas à lui retourner. Pourtant, son regard n'était pas malveillant ou condescendant, juste curieux. Mais avec son allure de délinquant et son physique athlétique, forcé de reconnaître qu'il dénotait.

Il passait ses bras derrières sa tête, signe de son incroyable décontraction, au moment où une vision l'arrêta net. Une jeune fille attira son attention. Le jeune homme la trouva particulièrement attirante.

Ma scolarité commence bien si de si jolies filles sont présentes, pensa-t-il, séducteur qu'il était.

Sans attendre, il se dirigea, d'une démarche affirmée, vers la demoiselle, objet de son intérêt. Mais au moment où il arriva à son niveau, celle-ci prit une nouvelle direction à toute allure, laissant Matthew sur le carreau. Il ne s'avoua pas vaincu et lui emboita le pas. Malgré la densité de la petite foule, il réussit à ne pas la perdre de vue.

Elle était accompagnée d'une autre jeune femme et les deux se mirent à chuchoter et à regarder un peu partout. Le garçon s'arrêta.

Est-ce que c'est de moi qu'elles parlent ? En même temps, je n'ai pas été très discret !

Il les observa et pendant un instant, il se perdit dans ses pensées. Il en avait tellement et elles se bousculaient toutes dans son esprit sans vraiment réussir à en saisir une. Il était rare que ça lui arrive, mais peut-être était-ce lieu qui le troublait autant.

Cependant, il fut tiré de sa turpitude par une voix résonnante qui fit arrêter toute discussion et les regards se tournèrent vers la scène.

 

****

[Point de vue d'Archi]

-Archibald !

L'oncle du garçon leva son épée pour appuyer ses propos déclamés solennellement,

-En rentrant à l'École Supérieure de Sorcellerie de Maywa pour tes 19 ans, tu perpétues la tradition de ta famille, comme ton grand-père, ton père et tes aïeux avant eux. Tâche de ne pas faillir à la réputation qu'implique ton nom et fait honneur à ton titre.

Une fois ce discours sans émotion déroulé, l'orateur baissa son arme sur la tête de l'adolescent et la rangea rapidement dans son fourreau. Archibald, qui préférait être appelé Archi, leva alors la tête et chercha une quelconque émotion dans les yeux de sa famille, mais en vain. Ses frères et sœurs ne montraient aucun sentiment, à tel point que les domestiques qui les accompagnaient, paraissaient plus touchés qu'eux. Et que dire de son père qui n'était même pas venu l'accompagner.

Sa mère, quant à elle, était restée dans la diligence garée non loin de là. Archi lui jeta un coup d'œil avec l'envie d'un geste de sa part, mais elle ne détourna même pas la tête dans sa direction.

C'est le cœur meurtri mais avec un visage impassible que le jeune homme tourna les talons en direction du portail de l'entrée. Il ne s'attendait à rien de leur part, mais au fond, il avait quand même eu l'espoir de compter un minimum pour eux. En l'occurrence, ce n'était pas le cas.

Les cris de liesse des autres familles sur son passage, était un couteau qui ne pouvait malheureusement plus atteindre son cœur tellement il était habitué à la solitude. La tête néanmoins haute et affublé d'un costume de ville somptueux, il continua sa route dignement.

Tout d'un coup, il sentit une violente pression sur son épaule qui le fit valdinguer dans la foule constituant l'allée d'honneur. Un peu sonné, il releva tête pour voir la cause de cette agitation. Il semblait qu'un jeune homme, avec le diable au corps, l'avait poussé dans sa course. Alors qu'il tenta de se relever, on le fit une nouvelle fois s'écrouler. À présent, c'était un troupeau de gangster en costume noir, la cause de son malheur.

-Cette journée ne pouvait pas être encore plus pourrie, marmonna-t-il pour lui même, en se relevant.

Il passa le portail avec une morosité infinie et sans même porter attention à ce qui l'entourait. Il se dirigea lentement, presque sans but, vers l'attroupement en bas de l'estrade.

Une voix résonnante fit arrêter toute discussion et les regards se tournèrent vers la scène.

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M.A.Frogerais
Posté le 26/01/2025
Il y a beaucoup de passages où tu dis les choses directement. Je pense que ton récit serait plus riche en appliquant le principe du "show, don't tell" : montrer les choses plutôt que de les dire. Par exemple, au lieu de : "Il passait ses bras derrière sa tête, signe de son incroyable décontraction", tu pourrais écrire : "Croisant ses bras derrière sa tête, il ne ressentait aucune pression, tandis que l'air en était chargé."
DSWritter
Posté le 27/01/2025
Oui je vois ce que tu veux dire. J'ai parfois du mal à sortir de la description même des actions. J'ai tellement peur de mal m'exprimer et que les gens ne comprennent pas ce que je veux dire, que je reste surement trop simpliste par moment.
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