Victor avait pris ce train en pensant laisser tous ses ressentiments négatifs au placard. Cependant, plus le train progressait dans sa trajectoire, plus un sentiment inconfortable d’oppression dans sa cage thoracique grandissait.
« J’ai pris la bonne décision, n'est-ce pas ? » Se questionna-t-il pour se convaincre.
L’homme de quarante ans avait tout quitté du jour au lendemain. Cela était le fruit de nombreuses années d’accumulation dû à la frustration causée par son travail qui l’ennuyait à mourir.
Victor frappa son front du plat de la main tout en s’accusant d’être un sombre idiot. Il se disait que s’il avait tenu quarante ans dans ce monde, il pouvait bien persévérer encore quelques années jusqu’à sa retraite. « Ensuite, je pourrai enfin disparaitre dans le néant. »
Pour que vous compreniez cet homme, je me dois d’évoquer certains évènements passés.
L’orphelinat l’avait rendu incapable de tisser des liens profonds avec quiconque et durant toutes ces années, il s’était imposé à seulement survivre dans ce monde sous prétexte qu’il n’avait pas d’autres options que d’être malheureux.
Il se répétait très souvent « Je n’y peux rien, c'est ma destinée. »
Soudainement, uniquement dans le compartiment du train où Victor se trouvait, les lumières clignotèrent.
Toutefois, il ne s’en inquiéta pas plus que cela.
En revanche, quand le train prit une allure folle, son rythme cardiaque en fit tout autant. Sa peur était telle qu’il était victime d’hallucination. Il pensait voir la faucheuse juste en face de lui.
Il se fit engloutir corps et âme par l’obscurité.
*
Quand il s’éveilla, des yeux d’un violet étincelant le fixaient avec un mélange de crainte et curiosité. Puis, il remarqua le corps recouvert d’écailles jaunes, suivit des doigts et des pieds palmés. Horrifié par cette vue, il se leva d’un bond, dans cette action précipité et à cause des nombreux objets jonchés sur le sol, il trébucha. Si la Créature ne l’avait pas secouru, en le saisissant par la taille, il se serait rompu la nuque.
Bien loin d’être reconnaissant, il la repoussa vivement. Son visage arborait une moue dégoutée.
Cela réveilla chez la Créature un sentiment douloureux qu’elle avait pris soin d’enfouir. Elle bascula sa tête en avant, pour que ses très longs cheveux noirs recouvrent une grande partie de son visage, tel un rideau.
Quand elle se mit à sangloter, Victor fut pris de remords. Non sans appréhension, il avança à pas de loup vers elle puis lui tapota maladroitement l’épaule. La douceur des écailles le prit par surprise. Mais ce qui suivie n’en finissait plus de l’étonner. Toutes les larmes de la Créature s’étaient transformées sous ses yeux en véritables perles nacrés.
Ce phénomène avait eu lieu, car, grâce au geste de Victor, son chagrin était passé.
Mi-choqué, mi-émerveillé, il la regarda avec de grands yeux ronds.
La créature récupéra soigneusement toutes les perles. Avec un gigantesque sourire, elle les tendit à Victor. Il fit un effort considérable pour cacher à quel point la vue de ses dents pointues le terrifiait. Comme elle insistait à les lui donner, l’homme fourra les perles dans sa poche par pure politesse.
Il s’humecta les lèvres, une question le taraudait.
— Êtes-vous le diable ?
Tel un canidé, la Créature pencha la tête sur le côté.
Victor déglutit péniblement.
— Puis-je au moins savoir si je suis en enfer ou non ?
« Quelle question idiote, comment pourrait-il en être autrement. » Se disait-il.
— Je ne comprends pas très bien ce que tu me dis humain. Je m’appelle Ava et tu es chez moi.
Durant un laps de temps très court, il fut stupéfait par sa voix, c’était la plus belle qui n’ait jamais entendu. Comme toujours, la réalité le rattrapa bien vite. Même si elle n’avait pas répondu à ses questions, il ne pouvait être que mort, sinon comment expliquer qu’il avait atterri ici après l’accident du train.
— Ne soyez pas si cruelle. Au moins, confirmez-moi que je suis bien mort.
La Créature colla subitement son oreille contre sa poitrine, Victor devint aussi raide qu’un piquet, il détestait déjà les rapprochements physiques avec les gens de son espèce alors les femmes poissons n’en parlons pas…
— Je n’ai malheureusement pas de réponse. C’est la première fois que je vois un humain ici.
La tête commençait à lui tourner, il avait un besoin urgent de quitter cette pièce. Il n’était pas prêt à ce qu’il allait voir à l’extérieur. À peine sortit, il tomba à la renverse. « Est-ce que je suis en train de rêver en fin de compte ? Non, impossible, jamais, je n’aurais pu imaginer une telle chose. »
Comment décrire cela de manière simple ? En fait, il se trouvait dans une sorte de bulle d’air en plein océan. Laissons votre imagination faire le reste.
Ce lieu extrêmement rare et méconnue des humains a toujours été l’habitation des créatures comme Ava. Ni sirènes, ni femmes, elles sont les pestiférés des mers.
— À quoi tu penses humain ? Tu fais une drôle de tête.
Le quarantenaire sentit le rouge lui monter à la figure, cela en fit presque frémir sa moustache.
- Allez-vous en ignoble femme-poisson ! Hurla-t-il à s’en briser les cordes vocales.
Ava prit un pitoyable air de chien battu. Elle serra les poings en espérant que cela empêcherait de nouvelles larmes de couler. Elle ne voulait pas perdre de nouvelles perles pour cet horrible Homme.
— Ce n’est pas la peine d’être si méchant avec moi pour que je m’en aille, j’ai l’habitude qu’on me rejette, alors je sais très bien quand je dois disparaître silencieusement.
Victor se rembrunit, maintenant, il avait honte de son accès de colère. De plus, il connaissait que trop bien le sentiment de rejet.
— Je m’excuse de m’être emporté, Ava. Bafouilla-t-il.
Il avait dû sérieusement s’activer les méninges pour parvenir à se souvenir de son prénom.
Malheureusement le mal était fait, Ava lui tournait ostensiblement le dos.
— Débrouille-toi pour rentrer chez toi. Lâcha-t-elle d’un ton sec.
« Rentrer » Se répéta-t-il. Ce mot résonna en lui comme un écho. Cela lui fit un choc de réaliser qu’il n’avait jamais eu autant envie de toute sa vie de retourner chez lui. Il avait commis une erreur en partant parce que le problème ne venait pas de l’endroit où il était, mais plutôt de sa façon de vivre. Pourquoi avait-il fallu qu’il se retrouve ici pour enfin le réaliser.
Il s’accusa d’avoir toujours un train de retard dans la vie. Puis trouva bien ironique cette expression « un train de retard » dans sa situation actuelle. Le pire, c'était qu’il avait probablement gâché sa seule chance de quitter cet endroit.
Sans crier gare, l’émotion le submergea. La plus grande coupable était encore une fois l’accumulation. À partir du moment qu’il s’était autorisé à laisser une larme s’échapper, bons nombres suivirent, et il fut incapable de les retenir.
Ava s’approcha de ce corps vouté et secoué de spasme. « J’ai peut-être été trop dur avec lui » Se reprocha-t-elle.
En l’espace de quelques minutes seulement, il semblait avoir pris de l’âge.
— Je vais t’aider, promis. Je ne suis pas certaine de la manière dont tu as atterri ici, mais une chose est sûre, je ne crois pas au hasard.
Victor leva des yeux bouffis. Il pensa qu’il ne méritait vraiment pas sa bonté d’âme.
Pour l’encourager à se redresser, Ava lui pressa les mains. En voyant leurs mains jointes, il se rendit compte que son contact ne le dérangeait plus autant, même plus du tout.
Du moins c’était le cas jusqu’au moment où elle colla son nez contre le sien, il loucha tant elle était proche de lui.
- Au fait, c'est quoi ton petit nom ?
Mal à l’aise, il recula légèrement, mais pas trop non plus pour éviter de la blesser encore une fois.
— Victor. Répondit-il d’une voix qu’il ne reconnut pas.
— Oh que c’est joli !
C’était bien la première fois qu’on lui faisait ce compliment. Il était tellement déconcerté qu’il en oublia les bonnes manières, de ce fait, il ne la remercia pas.
— Avez-vous déjà quitté cet endroit ?
Ava secoua la tête de droite à gauche.
— Vous ne pouvez pas ?
Elle répondit par un hoquet d’épaules.
Victor fronça ses sourcils broussailleux. Il n’était pas très sûr de comprendre.
— Mais ne t’inquiète pas, je suis sûr que toi, tu pourras.
— Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
— Toi Victor, tu n’y es pas à ta place tout simplement, alors que moi oui.
Son expression se fit grave.
- Comment pouvez-vous en être certaine si vous n’avez jamais connu d’autres lieux que celui-ci ?
Ava ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.
— Grâce à l’expérience que je vis en ce moment, je peux dire avec assurance que l’on ne peut pas être tout à fait sûr que nous sommes à notre place ou non tant que l’on n’est pas parti.
Ce fut au tour d’Ava de prendre un air sérieux. Il espéra ne pas l’avoir froissé.
— Merci de t’en soucier, finalement, tu n’es pas un si mauvais humain. Mais tu penses vraiment que ton monde pourrait m’accepter tel que je suis ?
Un espoir traversait ses grands yeux violets, toutefois le ton de sa voix laissait entendre la résignation.
Face au silence de Victor, elle comprit que la réponse était ce qu’elle craignait.
— De toute façon, c'est ma destinée de vivre dans cet entre-deux.
Son sourire triste brisa quelque chose dans le cœur de Victor. Cela pouvait paraitre fou, mais il comprenait son ressentiment.
— Je suis désolé pour vous Ava.
Elle agita une main palmée.
— Il ne faut pas. En fait, c'est un défaut génétique qui m’a rendu comme ça. J’aurais dû être une sirène, mais on n’y peut rien.
« On n’y peut rien. » Ces mots faisaient aussi écho dans la tête de Victor.
— Vous êtes nombreux dans ce cas ?
Ava plissa le nez.
— Tu vas sûrement me prendre pour une idiote, mais je ne sais pas non plus.
Victor pinça les lèvres parce qu’il trouvait cette situation révoltante pour elle. Cependant, Ava ne l’interpréta pas de cette manière.
— Pardon Victor, tu dois te dire que je vais t’être complètement inutile.
Réconforter ne faisait pas vraiment partie des qualités de cet ermite.
— Ne dites pas ça.
Alors qu’un silence pesant s’éternisait, une solution frappa de plein fouet Victor.
— Les livres… Chuchota-t-il pour lui-même.
Ava battit des cils.
— Qu’as-tu dit ?
— Chez vous, il y a pleins de livres et en quarante ans de vie, j'ai appris que la solution se trouve toujours à l’intérieur.
Ava afficha une moue septique. Il faut dire qu’elle n’aimait pas beaucoup la lecture, elle préférait de loin la peinture et le dessin.
Lorsqu’elle était plus jeune, les rares livres qu’elle avait pris plaisir à lire étaient les imagés que certaines créatures marines lui avaient offert à l’occasion de son anniversaire.
Plus elle avait grandi, plus le temps entre les visites s’étaient espacées. Les bouquins en guise de cadeaux annuels avaient fini par l’ennuyer. Elle les avait donc totalement délaissés.
Heureusement pour nos deux protagonistes qu’au moins l’un d’entre eux soit un véritable rat de bibliothèque.
Comme lorsque Victor était à l’orphelinat, il prit plaisir à ranger, trier, farfouiller, étudier et j’en passe. Pendant tout ce temps, Ava l’avait observé avec curiosité. Elle ne comprenait pas vraiment que l’on puisse aimer faire cela.
Soudainement, Victor se leva d’un bond.
— Ava, j’ai trouvé comment rentrer !
Mais ce n’était pas la seule chose qu’il avait découverte. Maintenant, il en savait plus sur Ava qu’elle-même.
— C’est fantastique Victor, désolé de ne pas avoir pu t’aider davantage. Se désola-t-elle.
Il fit quelque chose qu’il ne faisait jamais habituellement. Il lui prit les mains et planta ses yeux bruns dans les siens.
- Grâce aux livres, j'ai fait des découvertes extraordinaires sur vous.
— Sur moi ?
L’homme hocha vivement la tête.
— Votre rôle principal est de recueillir les humains ici pour leur venir en aide. Vous êtes censé ressentir au plus profond de vous les âmes en peine, puis par, je ne sais quelle magie, les attirer chez vous. Ensuite, une fois le problème réglé, vous devez nous renvoyer dans notre monde grâce à vos perles.
Pour une fois dans sa vie, elle se disait qu’elle aurait peut-être dû lire ses bouquins.
« J’aurais paru moins idiote face à Victor. » Se lamenta-t-elle.
— Dans ce cas, comment je peux t’aider ?
— Vous l’avez déjà fait. Le peu de temps que j’ai passé ici en votre compagnie m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Alors merci infiniment.
Avaler sa salive fut douloureux pour elle.
— Tant mieux, je suis contente pour toi Victor.
Ava était sincère sur ce point, mais elle aurait voulu se sentir davantage fière d’elle. La déception qu’il s’en aille déjà l’emportait. Elle se força à sourire, Victor s’en aperçut.
— Je m’excuse, mais j’ai une dernière chose à vous révéler.
Ava se sentit anxieuse face à la gêne évidente de Victor.
— Tu peux être honnête avec moi.
La bienveillance dans sa voix le poussa à poursuivre.
— C’est écrit que tu ne dois pas me donner plus d’une perle. (Il marqua une pause en s’éclaircissant la gorge) Ce qui signifie qu’une fois partit je ne pourrai plus jamais revenir. Je n’ai pas très envie d’oublier ce que vous avez fait pour moi et encore moins de vous dire adieu. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec cela à cause de…
La suite de sa phrase se perdit sur ses lèvres, car Ava avait posé les siennes sur sa joue. Ne trouvant pas les mots adéquats, elle avait préféré agir de la sorte. L’homme battit des cils, mais il ne se déplaça pas d’un millimètre.
Elle venait d’allumer dans le cœur de Victor un feu ardant qu’il pensait éteint pour toujours, voire qui n’avait jamais existé.
Elle s’écarta avec une extrême lenteur.
— Toi aussi, tu représentes beaucoup pour moi et de toute façon, je t’ai déjà donné plusieurs de mes perles alors ça serait malpoli de te les reprendre.
Elle s'était exprimée très rapidement en rougissant à vue d’œil.
Intérieurement, Victor n’en menait pas large non plus. La différence était que lui s’appliquait à le dissimuler.
— Tout à fait. Dans ce cas, je vous dis à très bientôt Ava.
Son sourire si atypique ne le terrifiait plus le moins du monde, elle semblait si heureuse.
Comme il retenait son sourire, seuls les coins de sa bouche frémirent.
— À très vite Victor, fait bon voyage.
Par appréhension, il fit d’abord rouler la perle entre ses doigts avant de l’avaler. Rapidement, des points noirs commencèrent à danser dans son champ de vision puis l’obscurité l’engloutit de nouveau.
*
Il reprit connaissance sur un banc de la gare, juste quelques minutes avant que le train qu’il avait pris avant sa rencontre avec Ava ne parte.
Vous l’aurez compris, cette fois-ci, il ne prit pas ce train, ni aucuns autres.
Le destin funeste auquel il ne pensait pas pouvoir échapper était une idée erronée. Il avait eu besoin de ce petit voyage pour le comprendre.
Il tâta les perles dans sa poche avec un soupir de soulagement. Une pensée lui effleura tout de même l’esprit. « Et si, en faisant des allers-retours, je finis par ne plus jamais pouvoir rentrer ? »
Sous l’effet de l’instance réflexion, il fronça les sourcils. « Si ça se produit, c'est que c’était mon destin »
Il rentra chez lui en souriant comme jamais auparavant.
CHAPITRE 2
La vie de Victor fut plus chamboulée qu’il l’avait imaginé. Il était hanté par Ava, il la voyait absolument partout. Parfois, il avait même l’impression de l’entendre.
Il ressentit une sorte de culpabilité après l’avoir laissé toute seule là-bas. Mais sa fierté l’empêchait d’avaler une perle.
Si seulement il avait su ce qu’elle traversait pendant ce temps. Car elle paya cher le prix de ces fameuses perles.
Sa famille n’accepta pas sa désobéissance, pour eux, elle avait enfreint une règle trop importante en donnant plusieurs perles à Victor.
Elle fut donc bannie de sa bulle.
Le positif dans ce tragique événement, c'est qu’on lui donna une forme totalement humaine avant de l’expulser sur terre, ce dont elle avait souvent rêvé.
En revanche, pour retrouver la trace de Victor, on ne lui laissa rien d’autres que ses pouvoirs, malheureusement, elle n’avait jamais su très bien s’en servir dans son élément, alors sur terre…
*
Le quarantenaire ignora tout cela jusqu’à un certain soir.
Alors qu’il se prélassait dans son bain après une longue journée de travail, une instance lumière provenant d’une source inconnue l’aveugla complètement. Quand il recouvra la vue, une splendide sirène était dans son bain. Dans un premier temps il crut avoir la berlue, il se frotta donc frénétiquement les yeux. Sa queue, ses cheveux, ainsi que ses yeux étaient couleur or.
Ses lèvres pulpeuses s’étirèrent en un pli sensuel. Le sang de Victor se mit à bouillir, et il s’en voulut. « Qu’est-ce qu’il me prend d’imaginer de telle chose. » Les paupières closes, il secoua la tête. Un rire cristallin s'ensuivit.
— Je n’ai rien d’une vision, mon cher Victor.
Elle accompagna ses mots d’une caresse sur son torse. C’est à ce moment-là que l’homme comprit que la sirène était belle et bien réelle. Il bondit hors de la baignoire, les yeux exorbités. La tenue d’Adam de Victor provoqua chez la sirène un regard espiègle. Instantanément, il enroula une serviette autour de ses reins. Elle afficha une moue déçue.
— Qu’est-ce que vous me voulez ? Bafouilla-t-il.
La sirène s’accouda à la baignoire puis fit pianoter ses longs ongles sur le rebord.
— Les perles d’Ava mon chéri.
Son cœur rata un battement.
— Hors de question !
Le rire cristallin de la sirène retentit de nouveau. Cela fit souffrir les oreilles de Victor.
— Mon chou, tu n’en auras plus besoin.
Les genoux de l’homme flanchèrent légèrement.
— Que voulez-vous dire par là ?
Des gouttes de sueurs lui piquaient les yeux, à moins que ce ne soit l’émotion.
— Elle a été bannie de sa petite bulle et jetée sur Terre sous une forme humaine. Cette petite écervelée aurait dû réfléchir à deux fois avant d’enfreindre les règles.
Un sentiment insupportable d’injustice s’empara de lui.
— Pour quelle raison laissez-vous les créatures comme Ava vivre solitairement dans ces entre-deux si vous avez la possibilité de les rendre humain ?
Elle recommença à tapoter le rebord de la baignoire. Cette action titilla les nerfs de Victor.
— Très bonne question, la réponse est que nous ne les changeons pas en humain pour la simple et bonne raison que nous les utilisons. Nous n’avons aucune envie de nous rabaisser à consoler les humains. Je tiens à préciser que nous ne lui avons pas retiré ses pouvoirs, nous ne sommes pas des monstres.
— Vous êtes ignoble. Cracha-t-il.
Très brièvement, son visage parfait se tordit de rage.
— Ne te méprends pas, je ne suis pas la seule responsable des malheurs d’Ava et ses semblables. Si tu m’obéis docilement, je te dirai où la trouver. Pense un peu à elle, cette pauvre petite chose se trouve dans cette situation par ta faute. Pendant que tu rechignes à me rendre ses perles, Ava doit errer désespérément dans les rues à ta recherche.
Il pensa qu’il prenait peut-être un risque, mais aussi qu’il n’avait pas de meilleurs choix à cet instant. Il sortit d’un tiroir un petit pochon, après une brève hésitation, il le lança à la sirène qui l’attrapa au vol.
— Approche maintenant. Ordonna-t-elle avec un air triomphant.
Victor rechignait à lui obéir.
— Si tu continues à me faire perdre mon temps, je te jure que je m’en vais s’en tenir parole.
Il obtempéra pour le bien d’Ava.
— Bon garçon. Accompagna-t-elle d’une tape sur les fesses.
Il serra les mâchoires de toutes ses forces.
Elle expira de l’air coloré qui forma très vite un cercle, puis elle incita l’homme à s’en approcher en posant ses mains sur sa nuque.
Victor aspira cet air à contrecœur et ce fut une expérience douloureuse, car il eut l'impression de brûler de l’intérieur.
— Maintenant suis ton instinct et tu la retrouveras. J’espère que tu n’arriveras pas trop tard, je ressens qu’elle a déjà des problèmes avec des êtres humains.
— Comment ça ?
Il voulut l’empoigner pour l’empêcher de partir, mais elle fut plus rapide.
Elle avait disparu de la même manière qu’elle était apparue.
Victor espéra de tout cœur que les derniers mots de la sirène n’étaient rien d’autre qu’un mensonge.
*
Désorientée, Ava grelottait au beau milieu d’un port. Elle était trempée et le mistral soufflait fort ce soir-là. Comme elle éprouvait cette sensation pour la première fois, elle crut qu’elle allait mourir.
« Pauvre Victor, il risque de me chercher longtemps, sans jamais savoir ce qu’il m’est arrivé. »
Son corps pâle, parfaitement proportionné et peu vêtu finit par attirer des pêcheurs plus très sobres à cette heure-ci.
Les trois hommes s’approchèrent d’elle de façon à l’encercler avec des expressions goguenardes. Ava plissa le nez, ils dégageaient une odeur de sueur et d’alcool qui lui donnèrent la nausée. Elle se demanda si tous les hommes sentaient comme cela.
Puis, elle se souvint qu’elle avait apprécié l’odeur que dégageait Victor.
Soudainement, ils l’éblouirent tous les trois avec leurs lampes torches, prise par surprise, elle tomba à la renverse et les pêcheurs se mirent à glousser.
Son rythme cardiaque était si élevé qu’elle en grimaça de douleur.
— Ava ! Ava ! Ava !
Il n’avait jamais été autant essoufflé de sa vie.
— Victor. Murmura-t-elle sans trop de conviction.
— Foutez le camp d’ici, bande d’ivrogne !
Les trois hommes obtempérèrent non s’en trainer des pieds et râler.
Victor se précipita vers elle pour la serrer dans ses bras.
— Je suis vraiment désolé, tout est ma faute. Lui souffla-t-il à l’oreille.
Ava battit des cils en se demandant par quel miracle Victor avait atterri ici.
Même si elle prétendait ne pas croire au hasard, cette fois-ci, elle était époustouflée.
Comme Victor ne semblait pas décidé à la relâcher, elle lui rendit son étreinte.
Pour rejoindre "MerryDeLaLune" je dirai toutefois que le rythme, ici relatif au passage d'une scène à une autre ou à la survenue d'événements perturbateurs, est parfois quelque peu rapide. Je pense que tu y gagnerais énormément à "t'étaler" sur certains aspects, détails, présentations, somme toute à prendre le temps de planter le décor. Certaines tournures de phrases mériteraient aussi peut-être que tu t'y penches davantage.
Pour résumé, le fond est intriguant, mais la forme (la structure) pourrait faire l'objet de certains ornements...
J'ai aussi repéré quelques fautes d'orthographes :
"Horrifiait (Horrifié...) par cette vue il se leva d’un bond
" Mi-choquait (choqué...) mi-émerveillait (émerveillé...) il la regarda avec de grands yeux ronds.
Enfin, relativement au sens ou à la cohérence, je trouve que la punition dont Ava fait l'objet apparait comme quelque peu légère. Elle vivait recluse et voilà que pour une faute commise la chance ou l'opportunité lui est donnée de sortir de cette solitude et de retrouver un être qui l'a apparemment charmé. Peut-être pourrais-tu rajouter une dimension plus astreignante à cette punition ou alors peut-être devrai-je lire la suite pour comprendre que la tableau n'est en fait pas ce qu'il parait être...
L'envie de poursuivre est en tout cas bien là, à bientôt donc !
Merci infiniment d’avoir commencé à lire mon histoire. 😊
Et aussi d’avoir commenté, ça me fait très plaisir!
Concernant les remarques où tu es d’accord avec Merry, sache que j’en prends bien note. Seulement je me pencherai un peu plus tard sur ses points, lors d’une réécriture. Pour le moment je préfère avancer sur mes prochains chapitres. 😉
( mais merci pour les deux fautes, je vais corriger cela incessamment sous peu! 😜 )
Pour finir, à propos de la punition d’Ava, je vois ce que tu veux dire, mais je me dis que peut-être qu’en lisant la suite, comme tu l’as pensé, cela ne te dérangera plus autant.^^ Voila donc, n’hésite pas en m’en reparler plus tard!
Encore merci pour les compliments sur mon histoire. 😊
À bientôt, dans les commentaires de ton roman ou du miens ! Haha 😁
( Je tiens déjà à m'excuser si je te parais manquer de tact ou quoi dans ce que je vais écrire parce que j'suis pas la meilleure dans le commentaire ^^' )
Déjà, l'histoire intrigue. Qui, pourquoi ? Comment ? j'avoue que ma curiosité a été réveillée. Mais à mon sens, tu peux accentuer ça.
- En prenant le temps de mieux détailler ton environnement. J'ai un petit goût de pas assez sur certains passages, ou l'action passe trop vite à la suivante et on s'y perd un peu. On a l'impression que la rencontre avec la sirène dans le bain, par exemple, est ton élément déclencheur des aventures que va vivre Victor ( Je salue le choix du prénom par contre, mais c'est totalement pas objectif ptdr, tu comprendras pourquoi si tu lis la suite de Cerise ), mais sa situation initiale est un peu brouillonne. Dès qu'on commence à en savoir un peu plus, ça va vite, ça met pas forcément de lore autour de lui, et c'est un peu dommage à mon sens. Donc n'est pas peur de décrire. Exemple : Pourquoi il s'est retranché dans les livres à l'orphelinat ? L'odeur ? Le calme ? Le fait qu'il pouvait voyager sas bouger de son canapé ? Qu'il vivait des relations humaines par procuration ? Je sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais en détaillant ce genre de petite situation, on en apprend un peu plus sur lui.
- Les dialogues sont très brouillon. Y a pas mal de moment où j'ai eu du mal à savoir qui parlait. Genre la phrase <<-Chez vous il y a pleins de livres et en quarante ans de vie j’ai appris que la solution se trouve toujours à l’intérieur.>>, on pense que c'est Ava qui parle, or, c'est Victor, j'ai l'impression par rapport au 41 ans. La faute n'aide pas, mais y a plusieurs exemple du genre. Je te conseille de pas hésiter à utiliser plus de verbe d'élocution, ou de mieux décrire pourquoi tel ou tel personne parle.
- Je rebondis sur les fautes, et je dirais pas trop grand chose dessus. Il y en a cependant pas mal, qui peuvent éloigner les lecteurs de ton récit. Et pour écrire, des fautes, on en fait tous uh uh. Inattention, frappe, ou encore souci lié aux troubles Dys. Si jamais, Google doc a un logiciel de correction intégré par trop mauvais. Les corrections ne sont pas toujours justes, mais sur les accords et compagnie, j'avoue que ça m'aide pas mal pour repérer des inattentions.
- Et je finirai par ton rythme d'écriture. Prends le temps. Je sais pas trop comment expliquer ça, un peu comme le manque de détail je dirais, mais il manque de lenteur, surtout pour une situation initiale. On sent que certaines scènes sont plus fluides que d'autres, comme si tu avais hâte de les écrire ou quoi. Ce qui se comprend quand on écrit krkr, on aime écrire des scènes plus que d'autres. Or, il faut éviter que ça se ressente. Ajouter de la lenteur dans l'enchainement des actions, permets aussi de s'attacher aux personnages. Là, on sait qu'ils ont pas la vie facile et depuis longtemps. N'hésite pas à le creuser un peu plus pour directement créer une attache avec eux. Par exemple, sans tout révéler, expliquer pourquoi Victor est aussi taciturne. Si l'orphelinat n'est pas un ""souvenir spoil"", dit par exemple qu'à force de je sais pas, tout partager avec les autres, de vivre le vol ou quoi, ça lui a appris à réagir de telle ou telle façon. Sans oublier la ponctuation. Certaines phrases sont longues, très, voire trop longue. Je te conseille de lire à voir haute pour savoir si c'est cohérent et de rajouter des virgules. J'ai une phrase qui faisait deux lignes je sais plus où, sans virgule, sans point, et j'ai été essoufflée parce que la phrase perd malheureusement tout son sens.
Dans l'ensemble, ça reste un bon début. On a quand même envie de savoir ce qu'il va se passer par la suite, ça attise la curiosité sur les créatures et le monde dont on ne sait rien, et c'est un bon point. Ton vocabulaire est très propre aussi. Les mots sont bien choisis, le langage est courtois, ni trop vulgaire, ni trop soutenu.
En espérant que cela pourra t'aider et t'encourager à continuer sur cette voie !
Je continuerai à lire ton livre parce que j'suis intriguée par la créature qu'est Ava.
En te souhaitant une bonne journée !
Mais si ça te convient je répondrai à tout cela plus en détail en privé. :)