Chapitre 1: Ethan

Par Lucinda
Notes de l’auteur : TW 18+ sexe alcool

Point de vue d'Ethan

     Je regarde par la fenêtre de ma chambre, la cigarette coincée entre mes lèvres, fixant les lumières de la ville au loin. Chaque clignotement semble un rappel silencieux de la vie en bas, du monde qui continue à tourner. Mais moi ? Je m’en fous. Le bruit de la fête résonne dans l’autre pièce. Des rires, des conversations qui montent et descendent, le cliquetis des verres qui s’entrechoquent. Et moi, je suis là, à l’écart, coupé du monde par mon propre choix. Une autre nuit, une autre fête. Une autre fille, sûrement. Peut-être deux, si la soirée se passe bien. Tout est devenu si facile, si prévisible. Elles savent qui je suis, et ça leur plaît. Ethan, le loup-garou, le futur Alpha. Celui qui n’en a rien à foutre. Elles savent que je ne suis pas là pour leur tenir la main ni pour faire des promesses. Et pourtant, elles viennent. Encore et encore. Comme des papillons de nuit attirés par une flamme inévitablement destructrice. Et moi, je ne fais qu'alimenter ce feu, dans le seul but de les voir se brûler les ailes.

 

Je tire sur ma cigarette, expirant la fumée lentement, en savourant chaque bouffée. Alpha. Ce mot tourne dans ma tête comme une mauvaise blague. Depuis la mort de mes parents, il s’impose à moi comme une putain de malédiction. Je suis censé être la relève. Prendre la place de leader, l’Alpha de la meute. Porter cette couronne de responsabilités, qui me ferait crever à petit feu. Sérieusement, qui voudrait de cette vie ? Surtout pas moi. Je suis bien mieux là, à faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux. Et surtout à baiser sans me soucier des conséquences. Les anciens, Garry en tête, ne cessent de me bassiner avec leurs discours à la con. "Tu dois prendre tes responsabilités, Ethan. C’est ton devoir. La meute a besoin d’un Alpha." Tu parles ! Comme si tout ce cirque m’intéressait.Trouver une Luna, une compagne pour gouverner à mes côtés ? Franchement, c’est censé servir à quoi, ça ? Parce que soi-disant, un Alpha seul, ça fait moins autorité ? Ridicule. Comme si avoir une femme à mes côtés allait me rendre plus puissant, plus légitime. J’ai besoin d’une "moitié" pour diriger, vraiment ? Une nana qui soit toujours là à me surveiller, à me rappeler mes responsabilités, à m’imposer des limites et à calmer mes excès ? Pas de ça pour moi. Je ne suis pas fait pour être attaché, pas fait pour "former un duo" avec qui que ce soit. Je me débrouille très bien seul.

 

Je secoue la tête, agacé par mes propres pensées. Rien que l’idée d’être Alpha me fout la gerbe. Une putain de cage dorée, voilà ce que ce serait. Actuellement, je suis libre. Libre de prendre ce que je veux, libre de profiter de chaque instant sans attaches ni obligations. Les filles, elles le savent. Elles comprennent qu’elles ne représentent rien pour moi au-delà de quelques instants de plaisir, et elles sont d’accord… du moins, au début. Parce qu’à la fin, y’en a toujours une qui espère que ça sera différent. Mais non. Rien ne change. Elles passent, et je reste.

Je jette ma cigarette par la fenêtre et ferme les yeux. Garry m’a encore pris la tête aujourd’hui avec ses sermons. "Ethan, tu dois assumer ton rôle. La meute est perdue sans toi. Tes parents comptaient sur toi." Blah, blah, blah… Putain de Blah! Toujours la même rengaine. Que j'écoute à peine. Sauf que… parfois… juste parfois, cette voix au fond de moi se fait entendre. Elle murmure que peut-être il a raison, que je ne peux pas fuir mes responsabilités indéfiniment. Je sais que j’ai les capacités d’un leader, mais à 25 ans, qui voudrait porter un tel fardeau ?

Je n’ai pas l’envie de gérer toute une meute, de devoir prendre des décisions pour des gens qui comptent sur moi ou qui me détestent. C’est trop de pression, trop d’attentes. Alors je fais taire cette voix, parce que je refuse de me laisser bouffer par cette merde. Je refuse d’être comme mes parents, morts à cause de ce foutu rôle.

Je rouvre les yeux. Je dois me changer les idées. Oublier cette foutue voix qui s’infiltre dans mon esprit. La fête bat son plein à quelques mètres. Il y a sûrement une fille, ou deux, prêtes à me faire oublier tout ça. Je me redresse, passe une main dans mes cheveux, et me dirige vers la porte. La fraîcheur de la nuit s’infiltre par la fenêtre ouverte, me rappelant que dehors, la vie continue, mais moi, j’en suis coupé. J’avance dans le couloir, les rires, la musique, les voix s’intensifiant à chaque pas. Quand j’ouvre la porte du salon, je retrouve cette ambiance familière. Des corps qui se mélangent, des verres à moitié vides qui circulent, et tous ces regards. Ils sont tous là pour moi, que ce soit de la meute ou des simples spectateurs. Parce qu’ils savent. Ils savent que je suis Ethan, celui qui va devenir leur Alpha, mais aussi celui qui ne donne pas un foutu centime de ce que les autres pensent.

 

Je récupère un verre sur une table, et sans réfléchir, je le vide d’un trait. L’alcool brûle ma gorge, mais c’est une sensation bienvenue. Ça me rappelle que je suis en vie, que je suis encore là, libre de faire ce que je veux. Je balaie la salle du regard, cherchant ma prochaine distraction. Et puis je la vois. Une brune, plantée près du bar. Ses yeux me fixent, provocants. Elle sait ce qu’elle fait. Et elle sait ce que je vais faire. Un sourire en coin étire mes lèvres. Si elle pense qu’elle va être spéciale, elle se trompe lourdement. Je m’approche d’elle, mes yeux plantés dans les siens. Elle sourit, un sourire aguicheur, presque trop facile. Mais ça me va. Je n’ai pas besoin de me casser la tête ce soir. Pas besoin de jouer le grand jeu. Je l’attrape par la taille, l’attirant brusquement contre moi. Elle se laisse faire, évidemment. Sous mes doigts, sa silhouette se cambre, fragile face à la pression de mes mains. Mes yeux — deux éclats jaunes d’une intensité dure, presque inhumaine — suivent chaque réaction de son corps comme un chasseur guette sa proie.

Sa respiration s'accélère, ses lèvres tremblent légèrement, mais pour moi, elle n’est rien de plus qu'un jouet dans mes mains, un corps que je vais prendre et délaisser.


 

Je passe une main dans mes cheveux noirs, ébouriffés, comme si chaque mèche voulait se faire la malle. Un style agressif, tranchant, qui parle de contrôle et d’arrogance. Sans perdre de temps, je la pousse vers l’étage, mes mouvements rapides et décisifs. Elle sait ce qu’elle est venue chercher — elles le savent toutes — et dans le silence lourd qui s’installe, la moindre hésitation serait inutile. Une fois dans ma chambre, je la plaque contre le mur, mes lèvres capturant les siennes avec une intensité presque brutale. Mes mains glissent sur son corps, explorant chaque courbe. C’est toujours la même chose, un cycle sans fin. Je prends, je consomme, et puis je passe à autre chose. Nos vêtements volent en éclats, et rapidement, on est dans le lit. C’est rapide, intense, mais ça ne veut rien dire pour moi. C’est juste du sexe, rien de plus. Pas d’émotions, pas de sentiments. Je la fait gémir, son corps tremblant sous le mien. Mais tout ça, je m’en fous. Je suis déjà ailleurs, pensant à la prochaine, au prochain coup.

 

Quand tout est fini, je me redresse, la laissant pantelante, à bout de souffle. Elle me regarde avec une lueur d’espoir dans les yeux, un espoir que je m’apprête à écraser sans la moindre pitié.
— C’était incroyable,  souffle-t-elle, encore sous le choc de ce qui vient de se passer.  Peut-être qu’on pourrait… je sais pas… se revoir ? 

 

Je la regarde, sidéré par sa naïveté. C’est là que je ris, un rire froid, sans aucune chaleur.
Revoir ? Tu rêves, ma belle. 

 

Son visage se décompose sous mes mots, mais ça ne change rien pour moi. Elle pensait vraiment que ça allait être différent ? Que j’allais m’attacher à elle ? C’est pathétique. 

— T’es comme toutes les autres,  dis-je en me levant, récupérant mon pantalon.  Juste bonne pour une nuit. Maintenant, dégage. 

 

Elle est en larmes maintenant, mais je m’en fous. J’ai eu ce que je voulais, et c’est tout ce qui compte. Je lui tourne le dos, la laissant seule dans la chambre. Avant de franchir la porte, je me retourne et lui lance froidement 

—  Ferme la porte en sortant. Puis je m’en vais, le sourire toujours aux lèvres.

 

J'ai pris ce que je voulais.

 

Il est trois heures du matin. La fête bat encore son plein, mais l’adrénaline qui m’avait envahi quelques heures plus tôt commence à s’effriter. Je sens la fatigue me peser sur les épaules, cette lassitude qui s’infiltre après une énième nuit de débauche. Les visages autour de moi se brouillent, indistincts, des ombres sans importance qui me rappellent que je suis au même endroit qu’hier, qu’avant-hier, que la semaine dernière. Rien ne change, sauf peut-être l’intensité de l’ennui. Je capte un regard au loin. La brune. Celle que je viens de baiser. Elle me lance un regard froid, presque méprisant. Ça m’arrache un sourire. Un sourire suffisant, peut-être cruel. Pourquoi je souris ? Pour l’enfoncer un peu plus, sans doute. Juste parce que je le peux. Ce n’est qu’une femme, après tout. Elle ne me connaît pas. Elle ne me connaîtra jamais. Et elle ne m’en voudra pas. Elle n’en vaut pas la peine. Aucune d’elles ne le vaut. De toute façon, elle reviendra. Elles reviennent toutes. Et quand elle en redemandera, je lui donnerai exactement ce qu’elle veut. Rien de plus. Jamais plus.

 

Je bois une autre gorgée, la chaleur de l’alcool se mêlant à celle de la soirée, mais ça ne fait rien pour égayer ma soirée. À quoi bon ? Tout est devenu si prévisible. Le même cycle, encore et encore. Et juste quand je pense que la fête ne peut pas devenir plus ennuyeuse, une voix familière résonne près de moi;

 

— Il faut que tu arrêtes de briser des cœurs comme ça, Ethan. t’es vraiment qu’un connard !

 

Je tourne la tête. Elisa. Bien sûr que c’est elle. Elle est la seule qui ose encore me parler de cette façon, avec ce mélange d’amusement et de réprimande. Elle est aussi la seule que je n’ai pas envie de toucher. Peut-être parce qu’elle est… différente. Ou peut-être parce que je sais qu’avec elle, c’est une amitié sincère. Et la simplicité, c’est ce que je recherche. Surtout pas de complications.

 

— Briser des cœurs ? Je ne leur fais rien qu’elles ne veulent pas, répliqué-je en haussant les épaules.

 

Elisa lève un sourcil, sceptique. Elisa. Elle n’est pas comme les autres, et ça se voit dès le premier regard. Ses cheveux, d'un brun profond, encadrent son visage en boucles indomptées, donnant à ses traits un air farouche, presque rebelle. Son sourire est franc, parfois moqueur, et elle n’hésite jamais à l'afficher même quand elle se trouve face à mes pires travers. Ses yeux, d'un brun chaleureux, semblent percer au-delà de mes sarcasmes et de mon indifférence, comme si elle cherchait — ou espérait — une part de moi que je n’ai jamais montrée à personne.

 

Elle est l’incarnation de la simplicité assumée, avec des vêtements souvent pratiques, sans fioritures. Une veste légère, un jean un peu usé et des baskets, rien de sophistiqué, et pourtant elle dégage une authenticité rare. Elisa a cette aura de confiance en elle, naturelle et désinvolte, qui attire sans effort. Elle ne se laisse pas impressionner par mes airs de dur, et ça, ça fait d’elle la seule personne qui n'attend rien de moi que ce que je suis, sans compromis ni attentes cachées.

 

— Oh, arrête, tu sais bien que c’est plus que ça, dit-elle en secouant la tête. T’es pas obligé de les traiter comme des objets.

 

Je rigole doucement, un rire sans joie. Ça me fait toujours sourire, cette façon qu’elle a de penser que je pourrais être quelqu’un d’autre. Quelqu’un de meilleur.

 

— Ce sont juste des filles, Elisa. Rien de plus.

 

— Peut-être que c’est toi qui te voiles la face. Peut-être que t’es juste trop lâche pour voir les choses autrement.

 

Ses mots frappent juste, comme d’habitude. Elisa a cette manie de voir au-delà de mon masque. Elle sait que mes excuses ne sont que ça : des excuses. Mais elle ne sait pas tout. Elle ne sait pas à quel point c’est plus facile comme ça, à quel point je me suis habitué à ce vide. À cette existence superficielle où personne ne s’attache vraiment, et où je ne ressens rien.

 

Je lui lance un regard, tentant de garder ma façade indifférente.

 

— Et si je te disais que je m’en fous ?

 

Elisa me sourit, mais pas un sourire joyeux. C’est ce sourire triste, celui qui me fait sentir quelque chose, même si je préfère l’ignorer.

 

— Parce que je sais que tu mens.

 

Elle se tient là, à quelques centimètres de moi, si proche et pourtant si loin. La seule personne qui me comprend, elle sait, donc je suppose qu'elle le tolère. Et pourtant la seule que je n’ai pas encore touchée. Peut-être parce qu’elle me connais trop et que c’est la seule fille que je considère être une amie

 

— Elisa, dis-je doucement, essayant de mettre un terme à cette conversation.

 

Elle secoue la tête, son sourire disparaissant peu à peu.

 

— Je suis la seule à qui tu peux te confier, Ethan. La seule qui te connaît vraiment. Et je sais que tu vaux mieux que ça. Que tu pourrais être quelqu’un de bien, si seulement tu t’en donnais la peine.

 

Je reste silencieux, le poids de ses mots m'écrase, même si je fais de mon mieux pour ne rien montrer. Elisa ne dit rien pendant un moment, ses yeux cherchant peut-être une lueur d'espoir en moi, mais je ne peux rien offrir.

— Tu sais que je m’inquiète pour toi, finit-elle par dire, son ton se radoucissant. Ce que tu fais… ce n’est pas sain.

Je roule des yeux, un sourire sarcastique se dessinant sur mes lèvres.

— Tu sais, Elisa, ça ne devrait pas être ton problème. C’est ma vie, pas la tienne.

Je dégage une attitude désinvolte, comme si tout cela n’avait pas d’importance. Pourquoi devrais-je me soucier des conséquences de mes actes ? Je me contente de vivre au jour le jour, sans me retourner.

Elle me regarde, une lueur de frustration dans ses yeux, mais je m'en fiche.

— Je ne suis pas là pour jouer les mères, mais je pense que tu as besoin d'aide.

Je secoue la tête, la voix glaciale.

— Écoute, j’apprécie que tu te soucis, mais je ne suis pas le patient d'un psy. Je suis juste… moi.

Je fais un pas en arrière, m'éloignant de cette conversation qui devient trop sérieuse. L'air semble se charger d'une tension palpable, et je ne peux pas m'empêcher de ressentir un malaise croissant. C'est comme si tout ce que je voulais, c'était fuir cette profondeur émotionnelle qu'elle essaye de m'imposer. Je préfère la légèreté, la frivolité, même si je sais que je risque de perdre quelque chose d'important. Peut-être même quelqu'un d'important. Mais pour l’instant, le poids de la réalité m'oppresse, et je n’ai pas envie de l'affronter.

Je tourne les talons et retourne à la fête, cherchant à me plonger dans l'animation et le brouhaha. Les rires et la musique couvrent mes pensées, et je m'accroche à ces instants de plaisir éphémère. Je me sers un verre, laissant l'alcool me réchauffer et me libérer des chaînes de la réflexion. Demain, ça va recommencer. Peut-être même ce soir, si je joue bien mes cartes. Je fais le tour de la pièce, jaugeant les visages, cherchant celle qui pourrait m'offrir une distraction, une évasion. Mais alors que la fête commence à se terminer, que les rires s'amenuisent et que les gens commencent à s’éclipser, un sentiment de lassitude m’envahit. C’est toujours le même cycle : des gens qui entrent, des gens qui sortent, et moi, au milieu, jouant mon rôle de trou du cul, mais me sentant de plus en plus vide. La musique s'adoucit, et je sens qu'il est temps de prendre congé.

Mais, je vois un type de la meute qui s'approche un peu trop d'Elisa. Il est lourd, insistant, et le dégoût que je ressens monte rapidement. Jouer les preux chevaliers, ce n’est pas mon truc  je suis même loin d’en être un. Mais là, c’est Elisa. Elle a été là pour moi depuis le début, alors je ne vais pas la laisser se faire emmerder par ce connard.

Je m’avance et je le pousse doucement d’abord, espérant qu’il comprenne le message. Mais le type ricane et se tourne vers moi, provocateur :

— Qu'est-ce que tu veux, mec ? Tu veux te la faire aussi, hein ? Elle doit être bonne à baiser, celle-là.

Son sourire narquois suffit à faire exploser ma colère. Avant qu'il ne puisse dire un mot de plus, je lui décroche un coup de poing en pleine mâchoire. Le choc le laisse groggy, mais je ne m’arrête pas là. Je l’attrape par le col, mon regard brûlant, et le soulève à moitié, rapprochant mon visage du sien.

— Tu reparles d’elle comme ça une seule fois, et c'est pas juste tes dents que tu vas perdre, c’est compris ? grognai-je, chaque mot sortant comme une menace sourde.

Je sens mon côté loup surgir, se déchaîner sous la surface. Mes yeux virent au rouge, et ma voix devient plus grave, proche d’un grondement. Le type se fige, son regard vacille, réalisant trop tard qu’il vient de s’attirer des ennuis.

— Ok, Ethan, dit Elisa en posant une main ferme sur mon épaule. Je crois qu’il a compris, viens, s’il te plaît.

Je serre encore un instant le col du type, sentant sa respiration saccadée sous ma prise. Il a de la chance, vraiment. Je le lâche d’un geste sec et me tourne vers Elisa, ma colère redescendant peu à peu.

— Je n’aime pas quand c’est toi, Lili, murmurai-je, plus pour moi que pour elle.

Elle hoche doucement la tête, compréhensive.

— Je sais, dit-elle en esquissant un sourire.

Elle m’attire alors contre elle pour un câlin, un geste qui lui est plus utile qu’à moi, mais que j’accepte sans broncher. C’est Elisa, après tout. Je laisse le silence entre nous, me demandant si elle ressent le poids de ce que je ne dis pas. Après quelques secondes, on se détache l’un de l’autre, chacun partant de son côté, sans se retourner.

Je me dirige vers ma chambre, le cœur lourd. La lumière de la pièce me frappe comme un soleil couchant, mais je l'ignore. Je m’approche du tiroir de ma commode, l'ouvrant d'un geste brusque. Mes doigts fouillent à l'intérieur, et je trouve les capotes. Plus que deux. Un soupir m'échappe, trahissant ma frustration. J'aurais dû en acheter davantage. Je vais devoir refaire le plein, encore une fois. C'est un cycle sans fin, et je suis fatigué de le maintenir. Je referme le tiroir, m’appuyant contre la commode, l’esprit en ébullition. À quoi bon tout ça ? Cette vie de plaisirs fugaces, de corps qui se rencontrent pour ne jamais se revoir, me semble de plus en plus vaine. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Je n'ai pas la force d'affronter mes démons, pas encore.

Je lâche un léger rire amer, conscient que je me suis enfermé dans un cercle vicieux. Demain, je recommencerai. Parce qu'il n'y a rien d'autre à faire.

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