Maj 26/03/2024
Suite à un conseil avisé, j'ai découpé ce chapitre en deux parties pour un meilleur confort de lecture.
Je ferai de même avec les chapitres longs suivant ;)
Fort-Traverse, Capitale du Lamos
Au point du jour, aucun mot, aucun murmure ne venait troubler l'atmosphère funeste de la place principale. L'odeur des embruns provenant du golf d'Amphréa peinait à couvrir celle des derniers brasiers et des fourches patibulaires en contrebas de la cité. Les gardes arboraient de grands étendards bleus qui tournoyaient sous le vent intrépide du littoral ; leur emblème représentait deux tridents croisés, rehaussés d'une couronne d'or sur champ outremer, fier blason de la lignée Mortelance.
L'exécuteur royal se dressait solennellement aux côtés du condamné ; le visage couvert d'un masque de bronze sans orifice buccal – évoquant le silence exigé de cette profession – cachait son teint blême. Un large capuchon sang de bœuf recouvrait sa tête et ses épaules. Il tenait le manche de sa hache à deux mains et attendait, à l'instar du peuple, le verdict du prévôt. Ce dernier s'avança et se racla la gorge de manière à s'éclaircir la voix.
Habillé de la toge bleue surplombée d'une main de justice, l'insigne doré qui indiquait son rang, le magistrat cassa le sceau d'un parchemin et le déroula. À ses côtés, Papius, l'archiprêtre et Oleander de Brumelin, maître du Lux Domini Ordo, observaient, impassibles, le coupable. En retrait, les soldats frappèrent sur leurs tambours en annonce du jugement.
« — Par cette missive, moi, Seigneur Gœry Mortelance, souverain de Lamos, déclare en ce jour, après compte de l'Inquisitio Sortiarius, la condamnation à mort de l'hérétique Anërius Elrim, rendant ainsi justice aux victimes de la Souillure. Je proclame par décret qu'il en sera ainsi pour tout sorcier circulant sur les terres Lamossiennes, qu'ils fassent usage de la sorcellerie ou qu'ils s'en abstiennent. »
Anërius releva partiellement la tête et se tortilla, se contorsionna, en vain. De lourdes chaînes l'immobilisaient fermement contre la table de pierre. Les inscriptions gravées à même la roche empêchaient les hérétiques, selon les croyances locales, de pratiquer la sorcellerie. Ses cheveux châtains dissimulaient partiellement ses yeux ; néanmoins, l'on pouvait deviner une angoisse viscérale, mêlée à la rage, dans son regard.
— Pourritures ! Les érudits ne sont pas responsables de la Souillure ! Malheur à vous, Lamossiens ! Que la peste vous emporte ! Tonna-t-il, le visage empourpré.
Tour à tour, les citadins le huèrent, lui jetèrent des vivres avariés ou des pierres ramassées au sol. Des jurons déferlèrent donnant corps à une haine palpable.
Couvert d’immondices et de sang, Anërius cracha sur la terre battue, ce qui attisa de nouveau l'animosité de la foule. Le prévôt ordonna le silence et se tourna vers l'homme encapuchonné.
« — Exécuteur, accomplis ton devoir. »
Une aide aux basses œuvres, Melvin, plaqua la tête du présumé sorcier dans la cuvette que formait l'autel, à la manière d'un billot. Anërius murmurait, le visage tourné vers le sol. Le bourreau s'approcha. Derrière son masque, nul ne pouvait voir sa mine déconfite. Ses mains tremblèrent. Il hésita.
Et il leva la hache.
Le tranchant d'acier s'abattit sur la nuque d'Anërius en un bruit sinistre et sourd. La tête du sorcier roula à quelques mètres tandis que les gerbes pourpres s’extrayaient du corps pris de spasmes musculaires. Certains citoyens détournèrent le regard, d'autres applaudirent le spectacle. Le magistrat replia le parchemin et afficha un air satisfait.
« — Justice est rendue. Par le roi et par l’œil du Créateur !
— Par le roi et par l’œil du Créateur ! » Répétèrent les Lamossiens avant de s'en retourner à leurs besognes, les uns après les autres.
Melvin se chargea de défaire les liens du décapité et avec l'aide d'un soldat, balança les restes dans une charrette, à proximité. Le bourreau, quant à lui, s'empara d'un sac et, prenant une forte inspiration, y plaça la tête d'Anërius. Alors qu'il lui tendait le bagage macabre, un garde en armure – qui affichait fièrement son plastron martelé du blason royal – refusa de le prendre.
— Le roi d'mande à c'que la tête soit envoyée au Sabius-Imperium. L'prévôt va s'en occuper. Melvin !! Emmène la charrette à la fourche d'la porte ouest ! (il observa le garçon un peu gauche, leva les yeux au ciel et se retourna vers l'exécuteur.) Mortelance a aussi ordonné d'jeter le corps dans la fosse avec ceux des pendus, avant l'crépuscule. Si t'as b'soin de quelques piécettes supplémentaires...
Ne pouvant rien rétorquer, le bourreau hocha la tête et fulmina intérieurement, laissant le sac sur le bas-côté de la table en pierre. D'un chiffon, il essuya sa hache ; la lame dégoulinait du liquide épais et rubescent.
Enterrer un homme sans le rite funéraire traditionnel, quand bien même était-ce un malfaiteur, relevait d'un grand déshonneur dans les trois royaumes. Une ancienne coutume voulait qu'un ruban noir soit noué autour du crâne du défunt afin de dissimuler son regard – siège de l'âme – et qu'une branche d'if soit posée sur sa poitrine. Ainsi, le Créateur acceptait l'esprit du disparu dans ses Terres Éternelles. Sans cela, l'on condamnait l'esprit du mort à errer dans le monde des vivants, ce que les moins superstitieux redoutaient tout autant que les plus fervents croyants. Mais Gœry Mortelance ne s'en souciait guère ! À ses yeux, ces érudits restaient des hérétiques : ils n'avaient pas leur place dans les contrées de l'Après-vie. De plus, le roi s'évertuait à dissoudre ces traditions, vestiges d'un culte passé qui semblait mettre au défi sa foi envers le dieu unique.
Reagan ne désira plus que deux choses en cet instant : retirer le lourd masque de bronze et boire tout son soûl à la taverne. Il observa le prévôt qui plaçait le sac ensanglanté dans un coffre de bois et serra les poings. Non, Nordamón ne pouvait pas être responsable de la Souillure ; seulement, Gœry Mortelance vouait aux érudits une animosité tenace et sans réserves. La Souillure ne fut qu'un prétexte pour lancer l'Inquisitio Sortiarius – juridiction autorisant la chasse aux sorciers – au mépris du traité de paix qui unissait Lamos à la cité indépendante. Envoyer la tête d'Anërius Elrim au régisseur provoquerait certainement une guerre, malgré l'altruisme notoire du Sabius-Imperium. Le peuple se passerait bien d'un tel conflit ! Reagan le savait mieux que n'importe qui. Mais il n'était qu'un exécuteur de haute justice et non l'un des conseillers du roi.
« — Hey, Tranch'tête ! T'oublies ton pécule ! »
Le bourreau attrapa la bourse de cuir que lui jetait Bran Thord, le capitaine de la garde. Il ne supportait pas ce sobriquet bien qu'en son for intérieur, il pensait le mériter. Si les rustauds le craignaient, l'armée royale, elle, le mésestimait, ne manquant aucune occasion de le vilipender. En particulier Bran ! Il hocha la tête en guise de remerciement et s'engouffra dans les rues de la capitale. Au moins, le masque de bronze atténuait la puanteur qui s'en dégageait.
⁂
Construite à flanc de falaise face au golf d'Amphréa, la ville fortifiée, réputée imprenable, demeurait un important fief commercial du continent de Keltys. Les navires de commerce passaient par l'étroit passage d'une voûte granitique – située sous la citadelle – afin de remonter l'Erdevël par des embarcations fluviales. Puis, engagés sur la voie du fleuve, les marchands traversaient le Lamos jusqu'à atteindre les royaumes de Balmor ou de Valcombe.
En amont, située à l'embranchement de l'affluent Salamandrys, une vieille forteresse du nom de Pont-Rempart fut contestée maintes fois dans le passé. Sous l'influence de l'arrière-grand-père de Gœry, le roi Ronan II Mortelance, elle devint attribuée à Lamos. Ainsi, chaque passage à Pont-Rempart et Fort-Traverse enrichissait la couronne par le biais d'une redevance territoriale.
Cela étant, la vie restait implacablement rude pour les Lamossiens. Les Mortelance ne portaient pas bonté et bienveillance en renommée, mais plutôt avarice et pouvoir en leur sang. Chaque duché se devait d'offrir régulièrement maints tributs au roi, sans quoi la garde royale prenait un malin plaisir à piller les villages. Autrefois, déjà, les rôdeurs et autres brigands allaient bon train dans les forêts ; les grandes villes possédaient toutes leurs coupe-gorges, leurs contrebandes et leurs bordels insalubres. Fort-Traverse ne faisait pas exception à la règle, loin s'en faut. Mais depuis l'apparition des créatures nocturnes un an plus tôt – ce que l'on nomma la Souillure – la situation empira.
Au printemps, sur conseil de l'archiprêtre Papius, le roi envoya les chevaliers inquisiteurs confondre tous les supposés sorciers dans les duchés. Puis quelques jours avant le solstice de Visonnyos, des païens furent brûlés vifs. Ceux qui les soutinrent, d'une manière ou d'une autre, se retrouvèrent pendus ou subirent le même sort.
Aussi, l'odeur pestilentielle des corps remontait des basses-terres jusqu'à la citadelle. L'été précoce et orageux n'arrangeant rien, les citoyens les plus aisés se baladaient en permanence avec un tissu imbibé de parfum qu'ils portaient à leurs narines. Les plus chanceux, habitant la ville haute, au sud-est, s'enfermaient dans leurs appartements et profitaient de la fraîcheur côtière.
Reagan se fraya un chemin à travers la foule sur le pont menant à la ville basse. Il s'engouffra dans les ruelles sombres et étroites des docks où pendaient en hauteur, telles des toiles arachnéennes, des fils à linges parsemés de guenilles. Au premier étage d'une maisonnée à encorbellement qui surplombait les entrepôts, se trouvait son logis. Ce dernier ne comportait qu'une pièce principale, une cuisine – où trônait la large cheminée avec sa crémaillère à accroc – et une grande chambrée. Plusieurs lucarnes éclairaient ces lieux, certes sobres mais confortables et, surtout, exonéré de taxes, le logement faisant partie des prérogatives de l'exécuteur.
Ôtant le masque et le capuchon, le bourreau se pencha vers un récipient en grès, passa de l'eau sur son visage et ses cheveux noirs mi-longs avant de frotter nonchalamment les fines gouttelettes qui pendaient à sa barbe chargée. Les larges cernes sous ses yeux bruns lui donnaient un air malappris, ce qui l'arrangeait bien ! De ce côté de la ville, les freluquets aux visages avenants se retrouvaient vite dépouillés de leur bourse !
Alors qu'il se préparait à croûter, muni d'un morceau de viande séchée, de fromage et de pain, le cri d'un rapace retentit près de la fenêtre de la cuisine. Un faucon pèlerin tournoya dans la pièce et se posa sur une poutre lui servant de perchoir.
— T'as senti la bectance ma Falkán !
Reagan s'approcha, caressa du bout des doigts la tête du volatile et lui donna quelques morceaux de viande. L'oiseau picora le mets offert, poussant de temps à autre quelques piaillements. L'on devinait, à travers ses yeux noirs et luisants, un esprit vif et curieux.
Nichés sur les falaises de Fort-Traverse, les faucons ne se faisaient pas rares sur ces terres. Les nobles Lamossiens les apprivoisaient pour en faire des oiseaux de proie. Cependant, le bourreau ne berçait pas dans l'art, très réputé, de la fauconnerie. Survenue de son plein gré un beau matin, afin de lui voler un morceau de lard, la femelle rapace revint régulièrement becqueter les repas de Reagan. Aussi finit-il par lui donner le nom de Falkán, l'apprivoisant peu à peu. Cela signifiait simplement « faucon » en patois Balmorien et lui rappelait bien souvent qu'il ne brillait pas par son inventivité. Quoique sauvage, le lanier se laissa volontiers cajoler et devint une amie de passage plus qu'un volatile domestiqué.
— J'reste pas. La matinée a été rude...
Le bourreau délaissa l'oiseau en une dernière caresse et se frotta vigoureusement le visage comme pour se réveiller d'un cauchemar. Falkán s'envola par la fenêtre. Il ramassa une broche en bronze – un petit crâne transpercé d'une épée – puis la fixa à sa chemise carminée. Une bourse de cuir, une lame et une torche accrochée à son ceinturon, Reagan sortit du logis et descendit un tant soit peu la ruelle, afin de rejoindre ce qui aurait pu être sa seconde demeure.
⁂
L'enseigne de la gargote, passablement délabrée – et dont on ne voyait pratiquement plus le motif – remuait fébrilement. Repaire des pêcheurs et des braconniers, le Kelpie, faisait pâle figure, mais le vin de pays n'y était pas cher ! Par ailleurs, cette taverne des bas-fonds restait l'un des rares lieux que Reagan pouvait fréquenter.
— Tiens, v'la l'Balmorien ! Qu'est c'que j'te sers aujourd'hui ?
— Ta meilleure eau-de-vie. La plus forte.
Balançant un écu d'argent sur le comptoir en direction d'Elda, la gérante, il prit place sur l'un des tabourets en chêne. Par habitude, il ne dépensait que quelques pièces de cuivre pour un vin local. Aujourd'hui, la piquette de l'établissement ne suffirait pas à chasser ses sombres pensées.
Elda ramassa la pièce et l’observa sous tous les angles, les yeux écarquillés. Elle possédait un visage peu harmonieux : un nez presque inexistant, des joues et un menton énormes, le tout accentué par une épaisse chevelure grise nouée en un chignon crasseux. Cependant, sa carrure et son franc-parler imposaient le respect des plus hostiles vagabonds de passage.
— Hé ben... Mazette ! Ça rapporte d'bosser pour not' bon seigneur ! T'as d'quoi picoler jusqu'à plus soif avec ça !
— De l'or contre la vie d'un érudit... Tu n'étais pas sur la grande place ce matin ?
— Non m'sieur. J'me tiens à l'écart des sorciers comme du roi. T'façon, personne ne s'intéresse à moi ou à mes clients, hein ! J'vois pas pourquoi j'me mêl'rais de leurs affaires ! Et puis, qui f'rait tourner la boutique pour la canaille ? Y'a qu'le bon peuple pour r'garder les exécutions. Ou les traîne-savates !
Reagan ne releva pas la tirade. Avare de mots, les débats ne l'enchantaient guère. Attendant son verre, il prêta l'oreille aux bavardages de la salle. L'on entendait quelques vieux mercenaires trinquer et rire. Ces derniers racontaient les exploits amplifiés de leurs frasques et vies débridées. Trois filles de joie riaient de leurs histoires abracadabrantes en les cajolant de manière, dirait-on, assez explicite.
L'une d'entre elles se leva, s'approcha du bourreau et l'enlaça de ses bras délicats. Elle portait une tunique ocre qui s'associait à sa peau olivâtre – typique du bassin Éphysien – et à sa longue chevelure noire. Il l'observa ; sa poitrine généreuse, passablement découverte, son avant-bras orné d'un bracelet de bronze, la jeune femme provenait certainement de l'archipel de Ventorëna. Elle lui sourit d'un air enjôleur.
— Toi, j'te connais pas... Tu me plais ! Mais je doute que tu saches qui je suis... (Le Balmorien se libéra de l'étreinte et désigna l'insigne à sa chemise.) Ne me touche pas, tu pourrais avoir des ennuis.
Ne comprenant pas réellement de quoi il en retournait, la prostituée constata qu'il n'était pas intéressé par ses charmes et reprit place sur les genoux d'un des mercenaires bruyants, lequel lança un regard mauvais à Reagan.
— C'est une nouvelle, Loranna. Elle vient d'Alderath. Une putain pas très causante... Ni farouche d'ailleurs ! J'peux pas garantir qu'elle comprend bien la langue commune... Mais bon, les clients en sont satisfaits ! Lança Elda, en s'éclipsant dans l'arrière-salle.
Elle en ressortit avec une bouteille d'eau-de-vie couleur miel dans la main qu'elle plaça, avec un gobelet marqué d'une croix, devant le bourreau.
— Voilà, un vieil Armagnac. Le meilleur d'la maison... Le seul quoi ! C'est tout c'que j'ai à t'proposer. Tu veux aut'chose ?
Reagan secoua la tête en guise de refus, remplit son verre, l'avala cul-sec, et ce, trois fois de suite. Sa soif étanchée, il considéra sa main droite, encore tremblante, tout en se remémorant sa dernière conversation avec Anërius Elrim.
Après s'être confessé au Temple des Aveux, sous le regard averti d'un frère de l'Ordre, le sorcier partagea son dernier repas avec le bourreau, comme l'exigeait la loi. Affaibli par la torture du tourmenteur, l'érudit, prostré, s'était muré dans un état catatonique.
Reagan ne put connaître la véritable raison de sa venue en Lamos, Anërius refusait obstinément de parler. Il rejeta même le mélange psychotrope que l'exécuteur proposait discrètement aux condamnés afin d'atténuer leur souffrance. Dans les faits, du peu qu'il en savait, l'Ordre le fit prisonnier et, après supplices, l'érudit céda à de faux aveux. Dès lors, Nordamón fût tenue pour responsable de la Souillure qui envahissait les terres. Ainsi, on jugea Anërius Elrim coupable d'une conspiration visant à anéantir les fidèles du Créateur.
Les hérétiques étaient habituellement brûlés par les tourmenteurs du Lux Domini Ordo. Gœry Mortelance voulut faire du cas d'Anërius un avertissement en énonçant lui-même la sentence. Une décision royale symbolique : en ce jour, le roi de Lamos dévoilait son désir d'unir la foi à la couronne en sacralisant la monarchie.
Peu enclin à croire aux maléfices à la différence du Gœry Mortelance – bien qu'ayant été témoin de soins miraculeux par certaines Bann-Wën, les guérisseuses des campagnes – Reagan s’inquiéta de ces derniers événements. Lorsque les premières larves apparurent et massacrèrent les villages, tous les soupçons se tournèrent vers les érudits. L'Ordre répandit très vite des calomnies au sujet de magie noire, de nécromancie et le roi entérina ces accusations. Ce qui n'avait en soi rien d'exceptionnel puisque Goery Mortelance ne dissimulait en rien son inclinaison pour la religion. Son premier acte royal fut de fournir un bras armé et conséquent au Lux Domini Ordo, une organisation pieuse créée, à l'origine, pour répandre la foi et rassembler les fidèles. Dès ce jour, l'on vit des forteresses se reconvertir en commanderies. Les frères inquisiteurs commencèrent à traquer les païens et les tensions s'installèrent entre Lamos et Nordamón. Pourtant, les érudits demeuraient pacifistes et peu enclin à la violence. Mais alors, d'où pouvaient bien venir ces créatures ? Car de toute évidence, la Souillure n'avait rien de naturel...
Tout cela tournoyait dans la tête du Balmorien et lui donnait grand-soif !
Reagan reprit son verre, perdu dans deux principales réflexions. La première concernait son métier, plus que discutable. À vrai dire, ce « choix » s'imposa à lui après quelques années passées dans les geôles de Fort-Traverse. Depuis, il vivait dans l'opprobre et bien qu'il jouissait de quelques privilèges, ceux-ci ne suffisaient pas à compenser l'exclusion sociale, propre à sa profession.
Quant à la deuxième, elle vagabondait quelque part, dans les Highlands Balmoriennes. Si ce n'était sans la culpabilité et la honte, il quitterait Lamos sur le champ, sans se retourner.
« Et pour retrouver quoi... », pensa-t-il, résigné, en avalant un énième verre, « ... À part des tombes. »
Me voilà pour commenter ton histoire :)
Je vois que tu as déjà suivi les conseils d'October concernant la longueur du texte. J'allais te faire le même donc plus besoin ! Héhé.
Alors, j'aime bien le personnage principal déjà, on sent qu'il est tiraillé, il fait un boulot pas génial.
Sinon ton style est fluide, le vocabulaire est bien choisi. Rien à dire la dessus.
Pour ce qui est des informations concernant le monde... héé, c'est pas un problème facile. Pour ma part, qui suis un peu dans la même situation, j'essaye de me plier - sans toujours y parvenir - à la régle de ne donner une info que quand le personnage y est confronté. ou quelque chose comme ça, du coup, grosso modo, le lecteur s'imprègne de l'univers en même temps que le personnage.
Exemple : Pour la citadelle, tu donnes son histoire uniquement si le héro s'y rend.
C'est que j'ai pas une super mémoire, du coup, si y a trop d'infos d'un coup, j'en oublie la moitié ! Ce serait dommage car ton univers a l'air super riche et tu l'as de toute évidence beaucoup travaillé ! (bravo !)
Par exemple, mais enfin, ce n'est que mon avis... et il vaut ce qu'il vaut... C'est une super idée l'odeur horrible des corps. Tu pourrais par exemple l'amener en disant qu'il entre dans la taverne et que aussitôt on lui crie de vite refermer la porte parce que ça pue trop. Ou un truc dans le genre ?
J'espere que mes commentaires t'ennuies pas trop, si c'est le cas, dis le moi, y a pas de soucis :)
Enfin, pour conclure, j'aime bien !
À bientôt pour le chapitre suivant !
Merci de m'avoir lu et pour ton retour :)
Très content que ce premier chapitre t'ait plu !
Oui, distiller les informations sur le monde, ce n'est vraiment pas simple. Sur le deuxième chapitre, beaucoup plus dans « l'intrigue » que dans l'action, j'ai tenté une approche par dialogue. Je teste des choses ; un peu comme toi, j'essaie que l'univers passe par le prisme du personnage, mais ce n'est pas toujours évident !
Vraiment pas bête le coup de l'odeur pour retomber sur mes pattes, je vais me noter ça, merci beaucoup !
J'essaie aussi de ne pas me perdre moi-même dans mon propre univers, en vérité. J'ai commencé à tisser tout ça il y a une vingtaine d'années, quand j'étais adolescent. Au fur et à mesure, ça s'est étoffé, je l'avais adapté en jeu de rôle pour le mettre à rude épreuve avec des amis, et depuis, je jongle avec plusieurs traitements de texte sur le lore, le bestiaire, les langues, les cartes... Pour ce premier roman, j'essaie de me mettre à place d'un lectorat et d'y aller au compte-goutte, sans forcément y arriver sur certains passages:D La réécriture ne va pas être simple !
Et tu ne m'ennuies absolument pas, au contraire ! Tous les conseils sont bons à prendre et j'y porte un grand intérêt :)
À bientôt ! (ce soir, je continue les péripéties de Picsapin d'ailleurs ;) )
Comme promis, voici mon retour sur ton premier chapitre. Et sans plus de suspens, j'ai beaucoup aimé ma lecture. L'ambiance est particulièrement bien retranscrite, on sent tout de suite qu'on entre dans un univers sombre et cru. L'écriture est fluide, les descriptions sont efficaces et les dialogues rythmés. Si c'est le premier roman que tu écris, je te dis bravo, les miens n'avaient pas eu la chance de ressembler à ça dès leurs premières pages !
L'univers est intéressant et cette histoire de souillure m'intrigue beaucoup. Le personnage principal promet lui aussi quelques surprises. Le fait qu'il soit un bourreau plein de questions et de réflexion annonce des passages intéressants. Je vais suivre ton écrit avec intérêt !
Concernant mes remarques, tu distilles ici et là pas mal d'informations sur ton univers. Personnellement je trouve toujours difficile de savoir doser la charge de lore dans un roman Fantasy alors c'est une chose à laquelle je fais particulièrement attention quand j'en lis. Pour ton texte, je ne me suis pas sentie dans un cours d'histoire, toutefois je pense que certains passages pourront peut-être être introduits de manière plus organique (je pense notamment au début de la deuxième partie). Après, je le redis, mais ça n'altère pas du tout la fluidité du récit. Je te donne plutôt ça comme une petite piste pour une éventuelle future réécriture, à voir si d'autres partagent mon avis !
Je te donne un petit conseil au passage, même si le chapitre a été agréable tout du long, 6k mots ça peut être un peu beaucoup pour une plateforme d'écriture. En général, les chapitres tournent autour de 3/4k mots par ici, car certains lecteurs peuvent avoir du mal à lire des lignes et des lignes sur un écran. Tu es bien sûr libre de prendre ce conseil ou non, c'est toi qui vois comment tu es le plus à l'aise ;)
Et pour finir, je souhaite relever le passage : "« Et pour retrouver quoi... », pensa-t-il, résigné, en avalant un énième verre, « ... À part des tombes. »" que j'ai adoré !
Bonne écriture ! :)
Je te remercie de m'avoir lu et pour ton retour !
C'est mon premier roman, oui, bien que j'ai écrit des nouvelles courtes avant, de différents genres, histoire de me faire la main.
Je suis très heureux que ce premier chapitre t'ait plu ! Effectivement, c'est difficile de jongler entre l'histoire principale et les descriptions du lore, etc. sans que ça ne laisse un sentiment de "cours d'histoire barbants" :D
Je pense rejeter un œil sur tout cela, quand j'aurai un poil plus avancé, oui !
Je me demandai, justement, si les chapitres n'étaient pas trop denses pour une lecture sur un écran et tu me confirmes la chose. À l'avenir, je découperai les chapitres longs en partie 1 & 2 pour le confort de la lecture. Merci beaucoup en tout cas, pour tes conseils et ton intérêt !