Adélaïde
Une journée caractéristique de l’automne: il pleut des cordes. Les arbres commencent à abandonner ce qui faisaient leur beauté : leurs feuilles. Les nuages recouvrent la source de lumière qui se trouvent au-dessus d’eux, le Soleil ne disparaît pas quand il pleut, ces nuages égoïstes l'emprisonnent afin qu’eux seuls puissent en profiter. Je n’aime pas la pluie, elle me rappelle de mauvais souvenirs. Elle me rappelle l’enterrement de Rayn et puis quand on sait comment se prononce le mot "pluie" en anglais, rain, je ne suis pas prête d’apprécier ce temps-là.
Je dis au revoir à ma mère, enfourche mon vélo avec moi et prends le chemin pour voir mon psychologue, M. Altmann. Je me sens stupide de ressentir tout ça. Enfin d’être autant touchée par sa mort. Rayn ne reviendra plus et ça me fait mal de l'admettre. Je suis certaine qu’elle se ri de moi. Elle me rassurait toujours en disant que tout allait bien. Sérieusement Rayn, si vraiment "tout allait bien" tu serais encore là. Avec moi.
Parmi les étapes clichés du deuil, je dirais que je suis dans l’étape de la colère. C’est très clairement ça, je lui en veux. Et je m’en veux parce que je n’ai rien vu venir.
Rayn était très charismatique, c’est ce que j’aimais le plus chez elle. Elle était bavarde, nos conversations n’étaient pas vraiment des échanges ; elle s’exprimait et moi je l’écoutais. Elle avait sa propre vision du monde, son univers. Avec ses cheveux crépus, elle avait toujours des tresses sur la tête et moi je l’aidais à enfiler ses perles. Du moins j’essayais, je n’ai jamais compris le mécanisme.
Elle pouvait passer ses journées entières à dessiner et il m’arrivait parfois de la prendre en photo, elle était très photogénique. Oui, avec le peu de temps libre que j’ai, je fais de la photo. Je suis certes une amatrice, mais je ne me débrouille pas mal, et puis les avis sur mes réseaux sociaux le prouvent.
Un violent orage me fait revenir à la réalité. Surprise, je perds le contrôle de mon vélo, glisse sur une plaque d’égout et tombe dans une flaque d’eau.
- Oh putain mais quelle imbécile, dis-je agacée.
Les passants m'observent, mais n'agissent pas, c'est un comportement typique du parisien. Une personne a besoin d’aide, mais il va se contenter de l’observer et continuer son chemin. On ne peut compter que sur soi-même de toute façon. Humiliée, je me relève, et poursuis ma route, mouillée.
- Une éraflure, super Adélaïde...
J'arrive tant bien que mal avec cette douleur à la jambe à cause de la chute devant la porte de son cabinet. La douleur est atroce cependant j’arrive tout de même à pédaler. Avant l’arrivée j’accroche mon vélo à un grillage, et dois monter trois obstacles, des escaliers avec cette douleur, pour ensuite pousser la porte qui pèse des tonnes. Une fois rentrée comme d’habitude, je patiente quelques temps avant que mon tour arrive toujours à la même place. Les autres patients me regarde interloqués, ils se demandent certainement dans quelle galère je me suis embarquée... Putain je déteste être le sens de l’attention. J’arrive toujours en avance, du fait que le retard me procure un stress intense. J’en profite pour me mettre à sec après la honte que je viens de vivre, et trente minutes plus tard, M.Altmann termine son entretien et m’appelle enfin afin que j’aille le rejoindre et m’accueille avec un sourire qui signifie "vous pouvez me faire confiance".
Cet homme est altruiste, plutôt calme et très perspicace. Il aime le contact humain et se sentir utile, je le ressens à chaque rendez-vous. Je n’ai jamais entendu une personne dire du mal de lui. Physiquement, il a l’air jeune, je lui donne 30 ans pas plus. Ses lunettes rondes apportent une certaine harmonie à son visage. Il n’est ni trop grand, ni trop petit ; ce qui je pense coïncide bien avec son métier, qui exige un équilibre avec la relation avec le patient. La première chose qui m’a charmée chez lui sont ses dents du bonheur qui égayent son sourire.
- Installez-vous où vous voulez Adelaïde.
Je décide de me placer comme à mon habitude, en face de lui, sur son canapé bleu.
- Alors, comment allez-vous aujourd’hui ? M’interroge-t-il en s’asseyant sur sa chaise en cuir noir, qui de vu a l’air vraiment confortable.
- Je ne sais pas. Comme d’habitude je dirais. Répondis-je avec nonchalance en regardant par la fenêtre.
La conversation tourne rapidement vers ma famille, mes études en sciences et enfin Rayn. Mais cette fois elle est différente. M. Altmann m’offre une proposition:
- Vous disiez très souvent, même à chaque séance que vous aviez une dette envers Rayn.
- C’est exact. Dis-je avec indifférence.
- Je peux vous aider avec ce site internet dit-il en surfant sur son portable. Donnez-moi un instant.
Pendant ce temps, je me contente d’observer la pièce. Elle est petite, mais assez pour accueillir quatre personnes. À droite, une étagère avec énormément de documents classés par années. Le bureau qu’occupe M. Altmann est je dirais banal. L’endroit n’est pas très lumineux, vu le temps morose qu’il fait dehors. Cependant cela ne me gêne pas. Et puis une sorte de relation de confiance s’installe, d’intimité. Le psychologue s’exprime enfin:
- Le site s’appelle recitdunevie. Des personnes ayant perdu un être qui leur est cher ou pas d'ailleurs, peuvent leur rendre hommage en racontant leur histoire ou bien un épisode marquant de leur vie, qui implique une personne décédée. Je pense que ce serait une excellente manière de faire votre deuil. Non seulement vous seriez acquittée de votre dette, mais vous aurez aussi respecté la demande de Rayn. Un poids énorme disparaîtra.
Recitsdunevie ? Je connais ce site, Rayn appréciait le fait que la valeur de la vie soit mise en avant. Alors qu’elle s’est suicidée quand même...Donc il est en train de me dire que je dois annoncer sa mort ? Je n’arrive pas à le réaliser et lui me demande de faire l’inaceptable. Un psy c’est si cruel que cela ?
J’ai refusé en prétextant que je serais incapable de raconter sa vie. Mais je me suis souvenu que j’avais son journal intime. Je ne me souviens plus à quelle période c’était. Ce qui est sûr c’est qu’il résume les mois juste avant sa mort.
Sur le chemin du retour, je consulte le site. Je découvre énormément d’histoires comme celle de Louise Moulin, une rescapée des camps de concentration allemands. Une autre atteinte d’un cancer racontée par une infirmière qui s’occupe des patients en fin de vie. Je vois quelques de retours positifs comme "J’ai pu me libérer" ; ”Merci de nous avoir partagé cette histoire. "Zahra était une personne merveilleuse". Peut-être qu’en partageant son histoire, le monde prouvera à Rayn qu’il n’est pas si cruel que ça. Et qu’il lui dira la personne merveilleuse qu’elle était comme cette Zahra.
Si elle "emporte son vélo" avec elle, alors elle marche à côté et aura du mal à tomber plus loin. Si elle l'enfourche, la chose est très différente ;)
Ça pourrait être bien, pour faciliter le décor, de dire sur quoi elle glisse avec son vélo. Le bitume, une plaque d'égout, bref, qqch qui la positionne en ville.
C'est fort, je trouve, comme adjectif, humiliée, pour une bête chute de vélo et devant des témoins qui s'en contrefichent, mais ça semble cohérent avec la suite.
La narration de son arrivée au cabinet mériterait un peu d'éclaircissements (quels obstacles ?) et peut-être plus de linéarité temporelle (que la motivation précède l'action et que les actions soient chronologiques). D'un paragraphe à l'autre, le lecteur ne devrait pas avoir oublié l'information, donc si elle vient de tomber de vélo et se relève, on va se douter que son mal de jambe est lié. Ce que tu peux faire pour mieux le lier, c'est préciser la nature du mal : la peau est éraflée, elle a une béquille qui la gêne pour pédaler, etc.
Selon moi, le dialogue, c'est un peu le contenu mis en avant dans la vitrine d'une boutique. Comme ça prend de la place et qu'elle est limitée, on y met le plus percutant. Dans ce passage, le plus important, c'est la solution que propose le psy et (ce qui manque) la réaction à chaud du personnage. C'est qui rendrait le tout vivant. Je trouve dommage que ce soit zappé. On a son arrivée, sa chute, son stress, le mal-être du pantalon trempé, puis le confort de lieu sûr et de la personne sûre. Tout cela nous amène au cœur du sujet, et là, patatras ! le dialogue s'arrête, on change de temps et on fait un bond dans le futur. Si tu compares le traitement de son arrivée sur les lieux et celui de son départ, je pense que tu verras ce qui me dérange.
Bref, je pense que tu peux prendre plus ton temps pour bien mettre en valeur le personnage, sa réaction, son besoin d'y réfléchir après coup. Cela permettra de maintenir l'engagement émotionnel suscité par le passage précédent, me semble-t-il.
Courage ! Je vais passer à la suite, voir ce qu'il advient :)
Trucs pas nets à vérifier :
Sur la deuxième phrase, tu ne peux pas mettre de point-virgule, ce sont les deux-points qui font le lien avec l'explication. Le point-virgule introduit une conséquence ou marque une pause un poil plus prononcée que la virgule. Si la répétition de la structure te dérange, c'est signe qu'il conviendrait de changer la structure, pas la ponctuation ;)
d’eux le Soleil -> eux. Le
ça je lui en veux -> ça, je
imbécile. Dis-je -> imbécile, dis
L'histoire en entrainante et captivante.
Il est dur de s'arrêter de lire.
Mais attention aux fautes d'orthographes.
Il faudra juste que tu te relises je pense pour corriger les fautes d'orthographe et les oublies (accent, point, lettre). Je sais que ce n'est pas la partie la plus plaisante de l'écriture ^^'
Si cela peut t'aider, tu peux aussi lire à voix haute ton texte pour voir le rythme, les respirations nécessaires pour savoir quand mettre des virgules ou des points.
Et n'hésite pas à détailler un peu tes transitions, pour ne pas perdre le lecteur. Je pense par exemple au passage où il y a une description des pensées d'Adélaïde puis on passe directement à l'arrivée au cabinet (4e-5e paragraphe je crois).
En tout cas je veux lire la suite !
Merci c'est cool. Continue comme ça, je vois que tu publies régulièrement des chapitres, c'est bien ! ;)