Adélaïde
Je fais face à M.Altmann. Il m’a laissé une semaine afin que je réfléchisse à sa proposition et le sujet de conversation bascule rapidement sur la décision que j’ai prise.
Je regarde par la fenêtre en pleine réflexion. J’ai passé des nuits entières à lire et je trouve impressionnant le fait que chacun ait une histoire à raconter, sa propre histoire. La particularité est que chaque histoire connait toujours la même fin : la mort. Je pense qu’une beauté existe dans cette fin morbide : l’inconnu.e a mérité sa place dans cette vie et sa vie mérite d’être racontée. Nous sommes pareils, mais unique à la fois. C’est beau.
- Qu’allez-vous faire maintenant ? Demande-t-il avec intêret.
Surprise, sa question me fait revenir à la réalité.
- Pouvez-vous répéter ?
- Avec récitsdunevie, dit-il avec un regard qui attend une réponse.
Je n’ai pas lu que de belles histoires. Il arrivait parfois que des personnes "rendent hommage" à la personne qui leur a fait énormément de mal. J’en ai lu une qui m’a particulièrement marquée, celle d’un fils qui racontait la vie de son géniteur. Il a violenté sa femme pendant dix-sept horribles et longues années. Il racontait ses peurs, ses pleurs, ses idées noires et le soulagement qu’il a eu lorsque son géniteur est décédé. Comme quoi, une personne ne laisse pas que du bien dans ce monde. Elle peut même avoir des conséquences sur ses proches comme dans cette histoire.
- J’y ai réfléchi et les témoignages que j’ai lu m’ont convaincue. Alors je veux bien essayer, Répondis-je en contemplant les arbres qui dansent, c’est agréable à regarder.
- Je suis content que vous ayez fait l’effort de consulter recitsdunevie, dit-il en souriant. Mais qu’est-ce qui vous a convaincue ?
- Rayn elle-même, affirmai-je. Je serais libérée de ce qui me hante depuis presque deux ans déjà : Sa mort.
- Adélaïde, je n’ai jamais dit que cette tâche allait être simple. Je pense que ça vous fera du bien d’extérioriser votre rancœur de cette manière. De plus, vous pourrez avoir son point de vu réel avec son journal.
- Comment extérioriser ma colère ? Demandai-je.
- Par l’écriture de son histoire, dit-il en plongeant son regard dans le mien.
Notre conversation prend fin et M. Altmann souhaite me voir d’ici deux semaines afin de voir mon évolution. Peut-être qu’il n’a pas tort. Au final je pourrais avoir un recul sur mes ressentis et ceux de Rayn et avoir une vision du même monde d’un autre œil que le mien peut m’être bénéfique.
À la maison, je me précipite dans ma chambre en cherchant activement le journal intime de Rayn. Je l’ai retrouvé au même endroit où je l’avais laissé (logique je n'y ai plus jamais touché depuis) : dans le premier tiroir de ma table de chevet. Il est violet, aucuns artifices c’était sa couleur préférée. Je décide de l’ouvrir, je ris car j’avais oublié à quel point son écriture est pénible à lire.
- Rayn, même en étant morte tu me donnes du fil à retordre, dis-je en souriant.
Elle savait bien dessiner pourtant son écriture est presque illisible. Je pense qu’elle l’a fait exprès afin que ses parents soient incapables de le déchiffrer. Évidemment qu'ils ont essayé mais qu'ils n'ont tout simplement rien compris à ce qu'elle racontait. Ou bien elle exprimait simplement ses émotions, qui prenait peut-être le dessus sur sa manière d’écrire. Je n’en sais rien.
Je prends mon courage à deux mains et m’inscris sur recitdunevie. Pas du côté des lecteurs comme je l’ai fait la nuit dernière, mais du côté de ceux qui témoignent, ceux qui ont vécu cette perte, ceux qui étaient en première ligne face à cette disparition. Je suis nerveuse, franchement dans quoi M.Altmann va-t-il embarquer ? Comment vais-je vivre cette expérience ? Que vais-je découvrir sur Rayn ? Toutes les réponses à ces questions reposent dans ce cahier. Je réalise que je vais explorer, envahir son intimité, son jardin secret.
Courage Adélaïde
Je commence alors à écrire:
Je rends hommage à ma meilleure amie. Qui a décidé de mettre fin à ses jours le jour de ses 18 ans. Je vous raconterai son histoire en publiant principalement son journal intime qu’elle tenait. Il résume sa vie un de quelques mois avant son départ. Pour l’instant je n’ai fait que feuilleter alors je le découvrirai en même temps que vous.
Si je pense qu’il est nécessaire, je raconterai également mon point de vue .
Je partage son histoire afin de réaliser son dernier souhait qui était de laisser une trace de son existence dans ce monde cruel et éphémère. Je considère ceci comme un devoir. Une dette envers elle.
Je le fais également à des fins thérapeutiques. J’étais au courant qu’elle était dépressive mais je ne comprends tout de même pas son acte. En vous exposant son histoire, je travaille également mon cheminement sur le deuil de mon amie qui m’est très difficile à gérer.
Je suis Adélaïde Simon et vous allez découvrir l’histoire de Rayn Harris.
On s'apprête à plonger dans le cœur du sujet, le récit de la vie de Rayn est sur le point de commencer. Je retrouve, à partir du « Courage », l'écriture émotionnelle qui a piqué mon intérêt dans le prologue :)
Il reste toutefois du travail pour le mettre en valeur. Je vais revenir sur le début du passage. Quand on dit qu'on a rendez-vous, on n'y est pas encore. Quand on y est, on est en rendez-vous. Une formulation alternative pour plonger directement le lecteur dans la situation (pour que tu puisses comparer, hein, c'est rarement une bonne idée de copier/coller des écrits des autres, ça dénature le texte) serait : « Je fais face à M. Altmann. » Alternativement, tu peux commencer par la rêverie, puis elle se souvient que son psy lui a posé la question, alors elle se tourne vers lui pour lui répondre. Il y a plein de possibilités. Ce que je fais souvent, si ça peut t'aider, c'est de visualiser ce que la scène donnerait dans un film : où est la caméra, qu'est-ce qu'on montre en premier ? Où dirige-t-on le regard ensuite ? Avec la magie qu'à l'écrit on peut être dans la tête du personnage.
Le cheminement d'Adélaïde, ses réflexions sur la mort et sur la diversité des expériences de vie sont très intéressants. J'ai un peu de mal à rentrer dans le texte, parce que je sursaute sur les phrases qui ne sont pas séparées, mais quand je me détache de ça, j'apprécie le fond de l'histoire. Je me demande si nous arriverons aux mêmes conclusions.
À bientôt pour la suite !
Je suis une parfaite débutante, et à très vite tes conseils valent de l'or je prends tout en note ! :)
Ton deuxième chapitre est captivant et révèle une profondeur émotionnelle remarquable. La décision d'Adélaïde de s'engager dans le partage de l'histoire de Rayn à travers recitsdunevie est à la fois courageuse et touchante. Tu captures brillamment le mélange de curiosité, de douleur et d'engagement personnel qu'éprouve Adélaïde en explorant le journal intime de Rayn. La manière dont elle se confronte à l'écriture illisible de Rayn et à ses propres sentiments de colère et de culpabilité est très émouvante.
La voie que tu traces pour Adélaïde à travers ce processus de témoignage et de découverte personnelle promet une évolution profonde et significative pour ton personnage principal. Ton écriture continue de captiver avec des descriptions détaillées et des émotions authentiques, tout en ouvrant la voie à une exploration riche et révélatrice de la vie de Rayn.
Je suis vraiment enthousiasmé par la suite de cette histoire et la manière dont tu vas développer les thèmes de deuil, d'introspection et de rédemption à travers les yeux d'Adélaïde. Bravo pour ce chapitre intense et émouvant !
Avec tout mon soutien,
GoatWriter...
Il fait beau dehors, dit-il.
Et non pas :
Il fait beau dehors. Dit-il.
Alors voilà voilà, maintenant je retourne à ma lecture.