Gus était un jeune homme plein d’intelligence et de bonne volonté. Malheureusement, cela ne suffisait pas. Depuis toujours, il enchaînait mésaventures sur mésaventures. Il n’y pouvait rien.
Si quelqu’un devait déclencher une catastrophe, c’était lui, les peaux de bananes se glissaient inexorablement sous ses pieds. Il était un aimant à poisse. Son entourage ne cessait de se moquer de lui, refusant de lui confier des tâches importantes, s’appropriant sans vergogne ses bonnes idées. Pour tous, il n’était que le clown de service. Étrangement, personne ne craignait d’être contaminé.
Au premier abord, il semblait faire bonne figure, avec la dose d’humour qui donnait le change. En réalité, il souffrait de la situation. De belles opportunités lui échappaient. Dans sa recherche d’emploi, il se passait systématiquement quelque chose : trop vieux, on lui donnait les mauvais horaires de rendez-vous, ou la mauvaise adresse, la fiche de poste ne correspondait pas à son profil, son CV n’avait été lu et n’avait été retenu qu’à cause de la mention de son école… On lui avait même proposé un emploi de cuistot alors qu’il avait un diplôme en marketing et vente et que réussir une omelette sans les coquilles était un miracle. Une grève avait bloqué toute la ville et sa connexion internet s’était coupé pile au moment de l’entretien.
Cependant, grâce à ces étranges coups du sort, il fit la connaissance d’Eileen et de sa mystérieuse agence qui s’intéressait aux cas comme lui. Sa journée avait pourtant mal commencé, ou, plus exactement, mal continué. Il était décidé de vaincre ces revers de médaille. Il avait donc mis toutes les chances de son côté. Il voulait en finir avec les métiers alimentaires qui n’avaient rien à voir avec ses compétences. Pour ne pas oublier son rendez-vous important, il l’avait accroché sur tous les murs de son petit studio, mis des rappels sur son téléphone, son ordinateur, repéré son trajet, envoyé un mail de confirmation sur la date, l’heure, l’adresse et le nom de la personne en charge du recrutement, il avait bien vérifié l’adéquation entre ce qu’ils recherchaient vraiment et qui il était. Tous les points de « litige » avaient été examinés et validés.
C’était donc confiant qu’il avait enfilé son costume le matin. Sa confiance en lui n’avait faire que croître. La tête pleine de rêves, notre ami avait enfourché son vélo pour pédaler vers son destin. Il suivait tranquillement son itinéraire et était même en avance. Il n’y avait personne sur la piste cyclable qui longeait le canal, aucun problème de priorité avec les voitures puisqu’aucune voie automobile à traverser, ou sorties de parkings. Tout allait bien. Il prenait le temps et ne serait pas en sueur en arrivant sur place. L’eau filait à son allure, à peine troublée par le souffle de la brise ou le plongeon des canards. Les feuilles des arbres bruissaient, laissant entendre une chanson joyeuse à qui était d’humeur à l’écoute. Tout était parfait. Enfin presque.
Ce jour-là, une pierre large et de même couleur que le bitume eu l’outrecuidance de rester immobile pile au passage de la roue avant de notre Gus. Heureusement, il roulait doucement et était équipé d’un casque. Son vélo fit une ruade, projetant notre ami cycliste par-dessus le guidon. Son réflexe fur de tout lâcher et de placer ses bras en avant pour protéger son visage. Il roula sa nuque juste avant le choc violant au sol. À travers ses vêtements, il sentit la brûlure du sol sur sa peau. Il ferma les yeux pour diminuer la sensation de vertige qui s’emparait e lui. Après quelques roulades, il s’arrêta pour se relever doucement, encore tremblant de la suite de son vol plané.
Il fit un état des lieux de la situation : quelques accros à son costume, des écorchures aux genoux et aux coudes, son véhicule ne semblait pas trop endommagé. Il reposait sur le guidon et la selle, prêt à être réparé si besoin. Il avait fait un tour à 180 degrés. Gus s’en approcha pour vérifier s’il pouvait repartir dessus. Sous l’effet de la surprise, il avait modifié les pignons et plateaux en même temps, ce qui avait eu pour conséquence de le faire dérailler. Bien entendu, notre ami n’avait prévu ni mouchoirs, ni chiffons pour enlever la graisse qu’il y aurait sur ses mains. Malgré tout, il prit le temps de décoincer la chaîne entravée dans le mécanisme. Il nota que la roue était légèrement voilée et que le moyeu semblait avoir trop de jeu. Il était bon pour finir le chemin à pied, son vélo à côté de lui. La roue frottait sur le garde-boue, mais ce n’était pas bien grave. Ce qui l’inquiétait, c’était l’état de la structure de sa roue arrière qui pouvait dévier sa trajectoire, et provoquer un accident plus grave.
Merci pour ton passage.
Ça va pas mal bouger avec mes poissards qui vont sauter à pieds joints dans les fourmillières.
Quand j'aurai tout achevé, je ferai 1 reprise en profondeur de l'ensemble de la structure du récit. J'ai déjà quelques idées.
Sur la forme, c'est un texte qui se focalise sur un événement précis qui aurait mérité de faire savoir si pour une fois il a réussi à ne pas louper son rendez-vous. Encore une fois, ça sera peut-être développer dans la suite. A suivre.
Un premier chapitre très attractif et drôle. Votre plume est agréable à lire et l'atmosphère de l'histoire est très hospitalière. On lit tout sans s'en rendre compte.
Je termine avec ma citation préférée, que j'ai tendance à communiquer aux auteurs que je lis, et que j'aime beaucoup qu'on fasse pour moi (c'est instructif):
"avait enfourché son vélo pour pédaler vers son destin". Magistral! On sent à l'avance le côté épique de son aventure qui devait demeurer très ordinaire!
J'espère que Gus fera partie intrigante du récit il a l'air trop attachant pour ne faire que de la figuration =) =) =)
Pour ta note de début de chapitre cela dépendra de comment tu comptes "monter" ton histoire" et de ce qu'il y aura dans les chapitres suivants.
Effectivement, je le confesse, je suis nulle pour les couvertures. Il faut que je cherche quelque chose de mieux parmi mes photos pour faire un truc chouette.
J'ai lu ta réponse à mon précédent commentaire et ça m'a amusée d'apprendre que cette fiction était inspirée de ta propre vie. J'espère que ta poisse n'est pas aussi handicapante que celle de Gus...
Bonne continuation :)
Par moment, j'arrête de lutter et je pas du principe que ce n'est pas ma journée. SI une catastrophe doit arriver,elle arrivera. Comme Gus; j'essaie de sécuriser au max pour pouvoir réagir.