Chapitre 2 : le recrutement de Gus

Notes de l’auteur : Ce chapitre sera clairement à retravailler. J'y règle surtout mes comptes avec une recruteuse qui, par Skype et dans un autre contexte que j'ai transposé, a réellement eu le comportement décrit. J'ai ressenti le pétage de câble de Gus, mais jamais exprimé. Sa manière d'être était loin d'être bienveillante.

Ce fut dans un état lamentable que Gus se présenta à son entretien. Il affronta le regard hautain de l’hôtesse d’accueil quand elle l’annonça à la recruteuse. Lui, le grand échalas, se sentit minuscule au moment de demander les toilettes pour tenter d’arranger sa tenue du mieux possible. Il était dans un tel état de nervosité qu’il failli se brûler en actionnant le robinet, et mis quelques secondes pour réussir à ouvrir la porte et revenir en salle d’attente.

L’échange fut des plus étranges. Alors qu’il avait contrôlé la fiche de poste au téléphone, Marie Ibisbille, qui le recevait, ne semblait être intéressée que par un élément qu’ils avaient en commun à l’école où il avait étudié pour son BTS, 3 ans après elle. Il ne comprenait pas où elle voulait en venir, était désarçonné par des moues de mépris que la jeune femme ne maîtrisait pas. Il sentait le stress monter en lui de plus en plus, répondant à côté, croyait-il. Il avait l’horrible impression d’être plongé dans une piscine et qu’on lui maintenait la tête sous l’eau. Il avait beau se débattre, sa respiration devenait difficile. Il tentait avec peine à contenir les tremblements qui l’envahissaient jusque dans sa voix. Les airs sympathiques qu’elle cherchait désespérément à se donner pour masquer son incapacité à mener un entretien professionnel était de plus en plus agaçant.

En son fort intérieur, il savait qu’il ne voulait pas de cet emploi. Cette personne était un fort potentiel à harcèlement moral. Il avait assez donné. Merci bien ! Pourtant, il fut choqué par la manière dont elle conclut l’entretien.

- Habituellement, nous nous accordons un délai pour donner une réponse aux candidats. Mais là, tu te doutes bien que tu ne seras pas retenu. Si tu avais réellement voulu le travail, tu aurais été sur notre site, et tu aurais donné la bonne réponse à chacune de mes questions sur l’entreprise. Et tu n’as même pas été performant sur celles en rapport avec le cours de gestion de Madame Spirale, lui fit-elle sur son ton le plus doux.

Une véritable révolte s’empara de lui, face à cette hypocrisie. Il n’en pouvait plus. Il travaillait 39h par semaine pour un salaire de misère, courait après les entretiens d’embauches, faisait tout pour rester au courant des nouveautés en termes de techniques commerciales et ce n’était pas suffisant pour cette petite arriviste prétentieuse !

- Correction ! Vous me recalez parce que, contrairement à vous, je cherche à comprendre et à expliquer. Je ne me contente pas de recracher des cours sans les comprendre !

- Tu peux me dire tu et ce que tu dis...

- Non ! Vous ! écoutez-moi ! Maintenant ! Je ne tutoie que ceux qui le méritent. À aucun moment, vous n’avez écouté ce que je disais. Vous êtes une simple consultante, sans expertise, parce que vous n’avez que de vagues connaissances métier ! Je ne veux pas que mon travail soit jugé par une personne qui n’y connaît rien. Le commerce, la gestion des ressources humaines sont des métiers qui s’apprennent, pas qui se récitent comme une fable de La Fontaine, les yeux dans le vide. Maintenant, je comprends le turnover dans votre entreprise. Je vous souhaite bon courage pour trouver quelqu’un qui voudra rester durablement sur cet emploi. Et votre site est bien trop brouillon pour que l'on puisse réellement s'y intéressé !

À ces mots, notre Gus se leva et prit la porte. Une mauvaise surprise l’attendait dehors. De loin, il trouvait que son vélo était affaissé. Il comprit pourquoi. Un des antivols était sectionné, la roue arrière, ainsi que la cassette de pinions, avaient été volées. Déprimé, au bord de la crise de nerfs, il envoya un puissant coup de pied dans le cadre. Malheureusement, à cause de son énervement, il atteint l’arceau auquel le cadavre était encore accroché. Il hurla de douleur, aussi fort qu’il put. Une femme, la quarantaine, s’approcha :

- Ça va ? Monsieur ? Vous allez bien ?

- Mais bien sûr ! Je me porte à merveille ! Je suis arrivé à un entretien d’embauche dans un état lamentable, à cause d’un vol plané en vélo. Je me suis retrouvé face à une incompétente qui ne connaît strictement rien au métier de la vente en dehors de ses fiches de cours parce que le terrain la fatigue trop. Et pour couronner le tout, on vient de me voler un morceau de mon vélo ! Je me porte à merveille ! C’est une belle journée !

Une autre personne aurait passé son chemin face à tant de rage, mais pas elle. Il s’agissait d’Eileen Sospitalis. Elle venait de repérer le potentiel notre ami poissard. Elle ne se démonta pas :

- Turlututute ! Vous êtes trop bouleversé pour être cohérent. Venez ! Vous allez tout me raconter.

Quelque peu abasourdi par cette répartie, Gus ne chercha pas à comprendre. Il suivi l’inconnue jusqu’à un bar à jeu nommé Taverne. Là, ils s’installèrent. Il lui raconta son histoire depuis le début. Au fur et à mesure où il parlait, les battements de son cœur s’apaisaient. Il était plus détendu, plus disposé à répondre aux questions. Il réalisa à quel point il avait besoin de parler de ses mésaventures sans en rire. Et de ce qui le passionnait également.

Quelle ne fut pas sa surprise, quand, sortie du chapeau, il se trouva avec une promesse d’embauche entre les mains.

 

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ABChristLéandre
Posté le 01/02/2024
Se brûler en allumant le robinet d'eau !? Il faut vraiment être un sacré poissard pour faire une expérience pareille.
Bref ! Bravo à Gus ! Qu moins, il n'a pas sa langue dans la poche.
Comme quoi, être malchanceux n'est pas toujours synonyme d'être timide ou mauviette.
plumedencre
Posté le 02/02/2024
Petite anecdote pour l'eau chaude: je viens souvent au travail avec le combo vélo+train. Nous avons la possibilité de nous doucher. La température de l'eau semble fonctionné par cycle. On peut aussi bien avoir de l'eau froide que de l'eau chaude. Un jour il y a eu un problème de réglage sans doute. Quand j'ai appuyé sur le bouton pour enclenche l'eau et me rincer, j'ai reçu de l'eau bouillante. Je me suis auto éjectée de la douche. Ça a été galère pour finir.
Eh oui, les malchanceux ont différentes possibilités de personnalité. Et il faut le comprendre, il n'en pouvait plus et était à cran. On explose facilement dans ces moments là.
ABChristLéandre
Posté le 02/02/2024
Super ! Par contre, pour l'astuce de l'eau, je pense qu'il est normal de le préciser dans l'œuvre.
Ety
Posté le 27/12/2023
Coucou! Pour moi ce chapitre était clair, touchant et même poignant (mésaventures professionnelles ici). Par contre, vu l'avertissement introductif, je ne m'attendais pas à une nouvelle "poisse" juste après (pauvre vélo)! Je trouve ça très bien tourné.
plumedencre
Posté le 28/12/2023
Coucou
Merci pour ton passage. Oui mon Gus cumule. Ce n'est pas un poissard pour rien ;)
CrazyFeathers
Posté le 26/11/2023
Pauvre Gus, entre l'entretien calamiteux avec cette consultante méprisante et son vélo désossé -sans parlé de son pied douloureux-, il passe pas une bonne journée...

Et j'ai lu ta note concernant l'entretien que tu as toi-même vécu. C'est toujurs une bonne idée d'écrire sur des évènements déplaisants de nos vie, l'écriture est la meilleure des thérapies !

Et voilà notre Gus n'est plus sans emploi :)
plumedencre
Posté le 24/12/2023
Oui ça m'a fait un bien fou. Et ça permet de mettre les choses derrière soi pour avancer.
Velandra Sélène
Posté le 22/11/2023
Alors pour être honnête je n'ai pas bien compris la première partie du chapitre (jusqu'à la fin du premier entretien d'embauche), mais c'est peut être dû à mon mal de tête donc prends d'autres avis ^^, par contre la deuxième partie est géniale et là je peux répondre à la question du chapitre précédent, la présentation de Gus est parfaitement placé !!!
plumedencre
Posté le 22/11/2023
Oui ça demande à être retravailler. Comme je l'explique dans la note, il y a surtout une décharge émotionnelle d'un entretien ou le comportement de la recruteuse m'avait fortement perturbé.
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