Partie I
Désidératas
Chapitre 1 : Interchangeables.
Le Sixième – An 2709 – Le 10 mai à 9 h 00 précises.
Un roulement de tambour, des timbales qui vrillent les tympans. Puis les clochettes, guillerettes. La mélodie qui s’emballe et cette voix nasillarde à l’écho métallique qui s’élève… « Je me sens la meilleure de moi-même aujourd’huiiiii, ce sera encore une fois, le plus beau jour de ma viiiiiie… »
Thibault cligna des yeux dans son lit. Ses lèvres s’étaient agitées d’elles-mêmes, reproduisant silencieusement les paroles de la chanson choisie ce jour par l’impératrice Solène. Il inspira longuement et fut pris d’une quinte de toux qui le fit courber en deux. Il se pencha alors vers sa commode, pour prendre le verre d’eau qui y reposait.
Décidément, l’impératrice adorait cette chanson, songea-t-il en buvant une gorgée. Thibault ne comptait plus le nombre de fois où, à l’instar de l’intégralité des fidèles sujets de Délos, il s’était éveillé au rythme entraînant de la mélodie. Mais ce jour-là, plus encore que les fois précédentes, il trouva les paroles ridicules. Vraiment, l’impératrice Solène n’aurait pas pu choisir pire musique pour les éveiller.
Le garçon se redressa sur son lit et saisit sa « page » qui reposait sur la table de chevet, à côté du verre. Le petit boîtier d’où s’élevaient les notes, d’apparence anodine et de forme carrée, s’activa lorsqu’il cliqua sur son bouton central, matérialisant un rectangle lumineux sous ses yeux. Thibault fit glisser son doigt sur l’écran quasi-impalpable, afin de baisser au minimum le volume de la musique. Vraiment, la voix aigüe de Calliope lui donnait la nausée de si bon matin. Qu’il était dommage de ne pas tout simplement pouvoir la faire taire…
Thibault vérifia alors la qualité de l’air de la pièce et, dépité, comprit que ce n’était pas uniquement la faute de la chanteuse s’il se sentait nauséeux ; sa mère, Olga, avait encore modifié l’ordre de purification de l’air dans l’appartement. Il ouvrit le détail des quatre chambres abritant les six membres de sa famille et sa mâchoire se crispa. Donovan avait eu droit à un traitement de faveur cette nuit, quand lui-même avait été largement défavorisé… Il était le seul à supporter un indice de qualité aussi pauvre au sein de l’habitation.
Il soupira. Cette fois-ci, ce n’était pas la peine d’en faire une histoire. Il ferma l’application qui lui donnait la qualité de l’air à l’intérieur de l’appartement pour vérifier ce qu’il en était dans le reste de Délos, et eut un rire sans joie. Ce jour-là au Sixième, l’air naturel était plus pur que celui de sa chambre. Il se traîna hors du lit et l’effort qu’il dût fournir le fit encore tousser. Il sentit sa tête tourner tandis qu’il entrouvrait la fenêtre.
Penché vers l’avenue à demi-occultée par un brouillard jaunâtre, il prit une lente bouffée d’air saturé de pollution. Il laissa la fenêtre ouverte et tira sur la porte de la penderie située à sa droite. Il se devait d’être présentable aujourd’hui. Ça ferait sûrement plaisir à Donovan, et même si son grand frère n’était pas toujours tendre avec lui, rien que cette fois-ci, il se forcerait à tout faire pour ne pas le contrarier. Il sélectionna sa chemise la moins froissée, son pantalon le moins usé, puis s’habilla à la hâte.
Il avisa ensuite l’échantillon de lotion sur sa commode. Lison le lui avait offert quand elle était passée le voir dans sa chambre la veille au soir. Il passa la main sur son visage, et constatant que sa peau était un peu grasse, décida d’utiliser le produit. Sa sœur jumelle avait probablement fait des heures supplémentaires pour s’autoriser l’achat de cet extra. Qu’elle lui en fasse cadeau n’était qu’une énième preuve de son affection pour lui, et il fallait bien reconnaître qu’elle était d’une gentillesse peu commune. Quand personne ne lui avait adressé la parole au cours du dîner précédent, elle était venue le voir, elle, pour le consoler.
« Ce n’est pas ta faute, tu sais… Ça n’y aurait rien changé. »
Cette phrase qu’elle avait prononcée l’avait hanté une partie de la nuit. Thibault s’était gardé de répliquer qu’en effet, ça n’était pas sa faute, et que c’était à tous les autres qu’il fallait le dire, pas à lui. Il passa une main vigoureuse dans ses cheveux, emmêlant ses doigts dans les mèches brunes. Il se coiffa et appliqua la lotion sur son visage sans même regarder le miroir au-dessus de sa commode… Il savait que ce qu’il y verrait ne serait qu’une pâle copie du reflet de son frère.
Il ressemblait beaucoup à Donovan, à quelques détails près. Il était moins grand et moins musclé que lui. Sa peau grêlée était sillonnée d’une acné dont Donovan n’avait jamais souffert. Il était simplement moins bien que son aîné. Un nouveau soupir lui échappa. A minima, il s’était habillé proprement, et sa peau n’était plus si grasse.
Un bruit de vaisselle résonna un peu plus loin dans l’appartement. Résolu, il quitta la quiétude de sa petite chambre pour rejoindre la cuisine trois mètres plus loin. Sa mère, ses sœurs et son frère étaient déjà là, partageant le petit-déjeuner en silence. Olga lui lança un regard dur alors qu’il s’approchait de la table et s’asseyait sur la dernière chaise inoccupée. Il l’ignora, mais jeta un bref coup d’œil vers Donovan. Zoë, la plus jeune de leurs sœurs, se tenait sur ses genoux. Il caressait ses longs cheveux blonds d’un geste machinal et n’adressa pas un regard à Thibault, qui chercha alors du réconfort auprès de sa sœur jumelle. Après la mort de leur père, presque un an auparavant, sa relation avec les autres s’était dégradée. Seule Lison avait continué d’être là pour lui… Elle lui adressa un petit sourire auquel il répondit timidement tandis qu’elle remplissait son assiette d’œufs brouillés.
Puis des doigts vinrent marteler le bois de la table, un peu plus loin. Margot, leur seconde sœur, regardait Lison avec un froncement de sourcils désapprobateur. Quand Thibault croisa son regard, il le regretta aussitôt.
— Tu aurais pu faire un effort, cracha-t-elle à son attention. On a tous réglé nos réveils sur sept heures ce matin. Tu n’as pas honte ? C’est tout ce que ça te fait ?
— Arrête, Margot, intervint Lison en se tournant vers sa petite sœur. Pas de dispute aujourd’hui, s’il te plaît…
Margot parut sur le point de répliquer, mais Donovan fit un mouvement imperceptible sur sa chaise, et elle se ravisa.
Le silence devint pesant. Puis Thibault se râcla la gorge.
— Mmh. Euh… Tu sais vers quelle heure ils arrivent ? demanda-t-il à son frère.
Les cinq visages se tournèrent instantanément vers lui, et le garçon se sentit rougir. Les yeux noisette de Lison brillèrent sous les néons et il la vit se mordre la lèvre. Leur mère avait laissé échapper sa fourchette, tremblante de colère, et Margot semblait sur le point de se lever pour venir le frapper. Et encore, tout ça n’était rien en comparaison du regard venimeux que Zoë lui adressait.
— Tu es pressé que je parte ? répondit Donovan, un sourire désabusé sur les lèvres.
— Bien sûr que non, répliqua immédiatement Thibault. Je… C’était pour faire la conversation…
— Ne t’inquiète pas. Ça ne tardera plus maintenant…
Thibault n’osa répliquer. Il baissa alors les yeux sur ses œufs brouillés et se força à en manger une bouchée. C’était infect. Il pria à demi pour s’étouffer avec sa pitance.
De nouveau, le silence tomba sur la pièce. Puis Zoë se mit à pleurer, et du coin de l’œil, Thibault vit que Donovan la serrait contre lui pour la calmer. « Chut, ma princesse. Chut, ça va aller… », disait-il d’une voix douce. Zoë l’avait toujours adoré. Donovan était un excellent grand frère. Rien à voir avec Thibault… Il préféra se concentrer de nouveau sur ses œufs pour ne plus affronter ce spectacle.
Les heures s’égrenèrent lentement. La page-téléviseur était éteinte ce jour-là, et l’absence de fond sonore était pesante. Thibault se demanda si sa mère avait refusé de l’allumer pour ne pas entendre parler de la rafle du jour, qui serait peut-être commentée au journal. Il y avait souvent une certaine animation autour des événements ayant pour thème l’esclavage.
Au bout d’un moment, il entendit la voix de Donovan s’élever. Il glissait des conseils à leur mère en faisant le tour du salon, portant toujours Zoë dans ses bras. Ce n’était pourtant plus une gamine, elle avait presque dix ans… Thibault essaya de passer outre son irritation à l’égard de sa petite sœur et d’écouter ce que Donovan disait à leur mère. Quand l’électricité coupait, c’était ainsi qu’il fallait la redémarrer. Pour changer les néons défaillants, c’était comme ça qu’il fallait s’y prendre. Avant la prochaine saison hivernale, il faudrait passer sur la gamme inférieure de traitement de l’air ; il avait remarqué que l’hiver, l’atmosphère du Sixième était généralement plus pure et il ne servirait donc à rien de payer un forfait si cher. L’économie, son maître mot. Jusqu’à ce qu’ils puissent remonter la pente… Remonter au Quatrième… ? Il avait un peu trop d’espoir, Donovan. Même dans cette situation.
* Biiip.
Thibault redressa la tête en même temps que les autres. Une annonce s’apprêtait à leur être transmise via la page d’Olga.
* Information à la famille Junon. Il vous reste TRENTE minutes avant l’arrivée de la brigade esclavagiste. Nous vous souhaitons une agréable journée.
Donovan ferma les yeux pendant quelques secondes, et Thibault se demanda s’il luttait contre les larmes, mais quand il les rouvrit, il adressa un grand sourire à Zoë et lui déposa un baiser sur le front.
— Tu sais ma puce, au moins là-bas, j’aurai de l’air pur tous les jours. Ce sont les gens riches qui prennent des esclaves, et eux peuvent s’abonner aux forfaits « air pur » les plus hauts-de-gamme !
Zoë, loin d’être consolée par la déclaration, éclata en sanglots en s’accrochant à son frère. Petit à petit, le sourire de Donovan s’estompa. Il lui tapota dans le dos encore quelques minutes, puis la confia finalement aux bras d’Olga.
— Viens ici, Thibault, lança-t-il alors sans préambule.
L’intéressé écarquilla les yeux quand Donovan le força à se lever en l’empoignant par le bras. Il le traîna ainsi jusqu’au bout du couloir, ouvrit la porte de sa chambre et le poussa sur le lit. Thibault sentit son estomac se contracter à l’idée d’un face à face avec son frère. Il haletait, et en constatant la facilité avec laquelle l’air circulait dans ses poumons, ne put se retenir d’éprouver une certaine jalousie à l’égard de Donovan. Puis le visage de son frère, grave, le ramena à l’instant présent.
— Écoute Thibault, il ne me reste pas beaucoup de temps avant de partir, alors je vais aller droit au but. Tu vas devoir reprendre ma place maintenant. Tu ne peux plus te laisser aller comme tu l’as fait depuis que papa est mort. Je sais que ça n’aurait sûrement pas fait grande différence pour rembourser ses dettes, mais tu aurais dû travailler toi aussi. Maman travaille. Lison fait des ménages en plus de son boulot, et même Margot a réussi à trouver des petits contrats par ci par là, alors qu’elle est plus jeune que toi. Tu aurais dû mettre la main à la pâte toi aussi… Maintenant que je ne serai plus là pour apporter mon salaire sur la table, il va vraiment falloir que tu y mettes du tien, tu n’as plus le choix.
— J’ai essayé de trouver du travail... ! protesta Thibault.
Mais il croisa le regard désabusé de son frère et n’osa pas continuer.
— Il va falloir essayer mieux que ça, murmura Donovan sans le quitter des yeux. Maman ne doit pas réemprunter d’argent. Fais-le pour tes sœurs… Je ne supporterai pas qu’elles aussi deviennent esclaves, et je suis sûr que toi non plus, au fond, ce n’est pas ce que tu veux. S’il te plaît Thibault, dis-moi que je peux compter sur toi…
Thibault serra les dents. À une époque pas si lointaine, sa relation avec Donovan n’était pas la même. Ils avaient été proches, tous les deux. Mais quand leur père était mort, son frère aîné avait très vite rebondi. Trop vite au goût de Thibault qui ne parvenait pas à suivre, à s’adapter à leur nouvelle vie. À comprendre pourquoi personne n’avait davantage pleuré Éric.
— Je ferai ce que je peux, répondit-il finalement.
Il savait qu’il n’arriverait de toute manière jamais au niveau de Donovan. Son frère s’apprêtait à être sacrifié pour le bien de la famille, et pourtant ce n’était pas pour lui-même qu’il s’inquiétait. Thibault ne possédait pas la même force. Ses poumons lui donnèrent l’impression de se comprimer. Les larmes menaçaient de lui monter aux yeux, alors il se leva brusquement du lit et marcha en direction de la porte. Rester face à ce Donovan si tragico-héroïque… Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une légère colère, parce qu’il se laissait ainsi faire.
De retour dans la cuisine, il observa les filles venir se blottir contre Donovan qui arrivait à sa suite. Son frère les entoura de ses bras et Thibault détailla son visage. Il avait envie de pleurer, ça se voyait. Mais il se retenait. Courageux, courageux Donovan… Olga aussi s’était approchée de son fils aîné, et l’ayant dégagé de ses sœurs, le fit assoir sur l’unique fauteuil de la pièce. Elle entreprit de peigner ses cheveux avec délicatesse, puis Zoë grimpa de nouveau sur les genoux de son grand frère.
* Driiiiing.
Thibault eut la sensation qu’une pierre venait de lui tomber sur l’estomac quand la sonnette résonna simultanément sur les pages de la famille. Ils étaient là. Il se surprit comme une irrépressible envie de fuir, de crier à son frère d’aller se cacher. Une poussée d’adrénaline, à l’idée qu’ils allaient être séparés, déferlait à présent dans ses veines.
Donovan restait assis sur le fauteuil, l’air éteint. Un peu plus loin, Lison et Margot pleuraient en silence. Zoë aussi, probablement, mais son visage était caché contre le torse de Donovan.
On toqua avec empressement, et Olga, pâle comme la mort, alla déverrouiller le loquet et abaissa la poignée de la porte. Elle s’ouvrit sur un petit homme mince au nez pointu qui surplombait une moustache fine et longue. Il était suivi par deux types, style armoire à glace, à l’air aussi sympathique qu’un croquemort après la peste.
— Bien le bonjour chez vous ! fit le petit homme d’une voix joviale alors qu’il pénétrait le salon-cuisine sans y avoir été invité. Je suis monsieur Esteban, enchanté.
Olga resta coite, la bouche entrouverte, les lèvres tremblantes. L’intrus eut alors un large sourire.
— Vous devez être Olga Junon ?
Elle hocha la tête.
— Inutile de nous offrir un verre, madame Junon, lança-t-il alors, une pointe de condescendance dans la voix. Nous venons simplement récupérer notre caution, puis nous repartirons. Alors, lequel de vos charmants enfants prendrons-nous aujourd’hui ?
Le ton joyeux dont il s’était paré fit frissonner Thibault. Il sentit son rythme cardiaque s’élever, et observa Donovan qui, sans tenir compte des protestations de Zoë, se levait et approchait l’homme.
— Je suis Donovan Junon, indiqua-t-il d’une voix morne. C’est moi la caution.
— Ah ? Quel âge avez-vous jeune homme ? interrogea alors monsieur Esteban avec un froncement de sourcil.
— Dix-sept ans. Je suis proche de mes dix-huit, mais légalement je suis encore mineur.
— Je vois je vois. Bien, nous allons procéder à la relecture du contr…
— Ne… Ne prenez pas Donovan ! s’étrangla alors Zoë en agrippant désespérément le bras de son grand frère.
Elle avait brusquement surgi de derrière le fauteuil et monsieur Esteban la regarda avec surprise avant de se laisser tomber accroupi devant elle.
— Et quel âge as-tu, mademoiselle Junon ? fit-il d’un ton malicieux.
Donovan posa immédiatement une main protectrice sur l’épaule de sa sœur.
— C’est moi votre caution, dit-il d’une voix enrouée. Elle n’aurait pas l’âge de toute manière, elle n’a que neuf ans.
— Oh, mais ne voyez pas le mal partout jeune homme ! s’esclaffa l’esclavagiste. C’était sans arrière-pensée.
Puis il se pencha de nouveau vers Zoë, tout sourire.
— Ma fille aussi a neuf ans. Elle est aussi jolie que toi ! Tu aimes beaucoup ton grand frère, n’est-ce pas ?
Zoë hocha la tête et fondit en larmes. Monsieur Esteban attrapa alors un mouchoir dans la poche de son veston et le tendit à la demoiselle.
— Là, là… Que voilà un gros chagrin… Je comprends bien sûr, à ton âge, une décennie, c’est une éternité ! Mais rassure-toi, ça passera plus vite que tu ne le penses et ton grand frère sera très bientôt de retour à la maison !
— Je ne veux pas qu’il parte du tout, pleurnicha Zoë.
— Ah, mais je suis obligé de prendre quelqu’un, moi ! fit l’homme d’un air faussement contrit. Sinon je vais avoir des ennuis…
— Prenez Thibault alors ! glapit Zoë en pointant son second frère du doigt.
Thibault sentit son sang se glacer. Zoë le désignait sans trembler. Il savait pertinemment que la benjamine de la famille n’avait pas une grande affection pour lui, mais il sentit tout de même une pointe lui piquer le cœur à ses mots. Avant qu’il n’ait pu réagir cependant, Donovan attrapa délicatement le poignet de la gamine pour le ramener devant elle. Monsieur Esteban avait éclaté de rire, comme si c’était la meilleure plaisanterie qu’il eut entendue depuis longtemps, puis sortit sa page de sa poche.
— Bien, reprenons notre sérieux maintenant, fit-il en déployant l’écran de l’objet. Votre contrat… Junon… Junon… Ah le voici. Éric Junon. Dette de 12 320 midas et 476 pèzes. Oh, depuis le transfert de la dette, je vois qu’un peu plus de 2 000 midas ont été remboursés… ? Vraiment pas mal pour le Sixième… mais loin d’être suffisant. Il aurait fallu rembourser au moins la moitié pour avoir droit à une prolongation. S’il n’y avait pas eu autant de retards de paiement, ma foi… Mais bon. Bref. La caution… La caution voilà ; Donovan Junon. Vous avez été réestimé le mois dernier d’après ce que je vois… Oui voilà : valeur de 10 700 midas, toujours d’actualité à ce jour. Très bien, il ne restera plus beaucoup à rembourser à votre famille, voilà qui doit vous consoler. Vous avez de la chance de ne pas être déjà majeur, parce qu’alors vous auriez perdu jusqu’à la moitié de votre val… Oh tiens ?
Monsieur Esteban forma un arrondi de ses lèvres tout en haussant les sourcils. Il marqua un silence, comme pour ménager un effet de surprise, puis balaya l’assistance du regard, pour enfin adresser un sourire complice à Zoë.
— Dis-moi, mademoiselle Junon, sais-tu ce qu’est une clause d’interchangeabilité ?
Zoë fit non de la tête et le sourire de l’homme s’élargit alors qu’il se redressait pour savourer les expressions vides des autres.
— Quelqu’un d’autre le sait-il ?
Un des deux types qui l’accompagnaient leva la main et monsieur Esteban soupira.
— Pas toi, nigaud… Bien, alors je ne vais pas laisser durer le suspense plus longtemps ! Une clause d’interchangeabilité stipule qu’en cas d’accord de la seconde autorité parentale, dans ce cas, vous, madame Junon, il est tout à fait possible de proposer un autre de vos enfants à l’esclavage. Bien sûr, il faudra que sa valeur soit au moins équivalente à celle de la caution à qui il ou elle se substitue… Mais j’ai ce qu’il faut pour faire l’estimation, si le cœur vous en dit.
— Un autre… De mes enfants ?
Le cœur de Thibault se mit à battre à tout rompre. L’instant suivant, sa mère se tournait lentement vers lui.
— Maman ? l’appela-t-il d’une petite voix.
Elle ne répondit pas. Elle le fixait d’un regard terrible. D’un regard de prédateur et il se sentit proie. Il chercha les yeux de Donovan, mais son frère fixait le sol, les sourcils froncés sous l’effort d’une réflexion qui n’appartenait qu’à lui. Thibault se tourna alors vers Lison, laquelle balayait l’espace allant de Olga à Thibault, puis de Thibault à Olga, l’air anxieux. Margot lui tournait le dos. Zoë, elle… regardait Donovan avec adoration.
— Estimez-le, lui… fit Olga d’une voix lointaine.
Un bourdonnement sourd s’abattit sur Thibault. Il ouvrit la bouche, mais devant l’expression implacable de sa mère, fut d’abord incapable de parler. Puis il recula, la panique se déchaînant dans son corps à présent que les deux molosses avançaient vers lui.
— Non… Attendez… Maman ! Maman arrête… Mam…
L’un des deux sbires de monsieur Esteban le saisit sans ménagement par la nuque et lui enfonça un petit objet rond dans la bouche, tandis que l’autre dégageait la table d’un coup de main habile, envoyant valser les tasses qui s’y trouvaient encore. Son compère plaqua ensuite Thibault contre le bois. Le goût du sang perlait sur sa langue, il s’était mordu la lèvre quand le premier homme avait forcé le bâillon dans sa bouche. Il tenta de se défendre à coup de poings et de griffes, de leur faire lâcher prise, mais sut très vite qu’il ne ferait pas le poids. Un piège venait de se refermer sur lui. Il n’avait aucune chance de…
— Arrêtez ! Par pitié arrêtez, vous allez lui faire mal ! cria Lison, la voix secouée de sanglots.
Les yeux de Thibault trouvèrent instantanément ceux de sa sœur jumelle, qui avait fait un pas vers eux.
— Mais non, mademoiselle Junon. C’est juste pour qu’il se tienne tranquille…
Monsieur Esteban fit signe à l’homme se trouvant derrière Thibault, et une seconde plus tard, le jeune homme sentit une douleur fulgurante partir de sa fesse droite et remonter dans tout son dos. L’instant d’après, il ne sentait plus rien. Il ne parvenait plus à bouger. Il essaya, mais une partie de son corps devait maintenant se trouver dans le néant. Puis les deux molosses vinrent se positionner en face de lui, et il comprit qu’il était paralysé. Monsieur Esteban l’approcha, sa page tendue droit devant, et scanna son corps immobilisé. Il indiqua ensuite à ses sbires de le retourner et Thibault eut une curieuse sensation alors que sa tête ballotait en tous sens sans qu’il ne puisse la retenir. Il se retrouva sur le dos et fit rouler ses yeux le plus possible afin d’apercevoir les membres de sa famille. Il constata avec une pointe de désespoir que seule Lison regardait la scène avec horreur. Les autres se contentaient d’éviter son regard. Il aurait voulu hurler, mais le bâillon était toujours dans sa bouche. Et de toute manière, il n’était pas certain qu’avec l’injection qu’il avait reçue, il aurait été capable d’émettre le moindre son.
— Quel âge a-t-il ? demanda monsieur Esteban une fois qu’il eut terminé sa première observation.
— Seize ans, répondit Olga. Il les a eus il y a un mois et demi. Il est né le jour du printemps.
— En 2493 ?
— Oui.
— Bien. Taille et poids ?
— Je crois… entre cinquante et cinquante-cinq kilos. Et il mesure environ un mètre soixante-dix.
— Ça correspond à mes données, approuva monsieur Esteban. Des maladies quelconques ?
— Il tousse un peu… Mais la qualité de l’air ici…
— Oui, rien de tellement inquiétant, assura l’homme. Niveau scolaire ?
— Il a arrêté à ses quinze ans. À la mort de mon mari, nous avons dû quitter le Quatrième mais même ici, nous n’avions plus les moyens de payer les frais de sco…
— Un quelconque talent particulier ? la coupa monsieur Esteban.
Olga tourna lentement la tête de droite à gauche et l’homme se mit à pianoter fébrilement sur sa page. Thibault tenta de s’agiter mais ses membres ne répondaient plus. Il ferma les yeux, priant de toutes ses forces pour que le résultat de son analyse revienne comme une terrible déception pour Olga. Elle était persuadée que son second fils ne valait rien… Cette fois-ci, il espérait de tout son être qu’on lui donne raison.
— Bien, je crois que j’ai tout ce qu’il me faut. Vous êtes prêts ?
Il vint se positionner à côté de Thibault, toujours inerte sur la table, et joua encore quelques secondes sur l’écran. Monsieur Esteban appuya ensuite doucement sur sa joue, faisant glisser sa tête pour qu’il puisse parfaitement faire face à sa famille. Thibault se serait probablement senti nauséeux à ce contact, s’il avait encore eu la sensation d’avoir un estomac.
Il tenta de focaliser son attention sur sa mère, qui attendait le résultat avec une impatience visible.
— 17 000 midas ! fit joyeusement la voix de monsieur Esteban.
Quelque chose hurla en Thibault. Il aurait tout donné pour être capable de s’arracher à ce corps léthargique. Il bougea les yeux en tous sens, seule partie de son corps qu’il pouvait encore contrôler…
— 17 000 ? répéta Olga dans un souffle.
Thibault arrêta de nouveau son regard sur elle. Cette somme considérable finissait clairement de balayer le peu d’affection qu’elle avait jamais eu pour lui. Elle ne semblait même pas voir son fils. C’était monsieur Esteban qu’elle dévorait des yeux, et Thibault vit la commissure de ses lèvres frémir, comme si elle retenait un sourire.
— Vous êtes sûr ? demanda-t-elle.
— On ne peut plus certain ma très chère madame Junon. Il est du même âge que l’impératrice, et ces temps-ci, c’est plutôt recherché. Si vous voulez, je peux aussi tester vos filles, mais je crois qu’il y a davantage de demandes sur les garç …
— Pas mes filles, refusa immédiatement Olga. Hors de question. Mais vous pouvez l’avoir lui. La plus-value sera largement suffisante pour nous aider à remonter la pente.
— Maman…
C’était Donovan. Il attrapa la main de sa mère, un air pathétique sur le visage.
— Maman, on ne peut pas faire ça à Thibault…
Un soubresaut d’espoir agita la poitrine du concerné.
— Qu’est-ce que tu racontes, mon chéri ? Tu as la possibilité de rester ! Don, tu as fait tout ce que tu pouvais pour qu’on s’en sorte. Tu ne mérites pas de devenir esclave. Je ne vais certainement pas garder Thibault, si toi tu peux rester.
Le ton cassant d’Olga balaya tout. Thibault l’observa, la façon dont elle scrutait Donovan, lequel osait à peine lui rendre son regard.
— Mais maman…
— Ne te sens pas coupable. C’est ma décision. Tu ne méritais pas que ton imbécile de père mette une caution sur ta tête. Ce lâche, ce…
Olga inspira profondément, comme pour calmer la colère qui avait agité sa voix à l’évocation d’Éric. Puis elle reprit :
— Tu restes à la maison, mon chéri. C’est tout.
Donovan laissa retomber sa main, lâchant celle d’Olga. Zoë s’était approchée de lui, il se pencha pour la prendre dans ses bras. Elle le consolait. Elle le consolait lui, alors que Thibault était là, tel un pantin désarticulé, sommairement condamné à vivre les dix prochaines années de sa vie en tant qu’esclave, parce que lui, apparemment, méritait de le devenir.
Margot eut au moins le bon goût de feindre un air contrit quand elle croisa le regard de son frère. Lison, elle, avait le visage baigné de larmes. Mais elle ne disait rien, les bras serrés sur sa poitrine, et pour Thibault son silence était pire qu’un coup de poignard dans le cœur. Pourquoi ne le défendait-elle pas ? Avait-il trop souvent compté sur elle ? Allait-elle le trahir au pire moment ?
Est-ce que… Est-ce qu’elle aussi, comme les autres, préférait Donovan ? Thibault sentit les muscles de sa mâchoire se crisper autour du bâillon. Pas Lison…
— Eh bien marché conclu, alors, fit monsieur Esteban, comme pour rappeler sa présence à la famille Junon. Madame, j’aurais juste besoin de vous faire signer quelques documents quant à l’utilisation de la clause d’interchangeabilité. Où peut-on s’installer pour ça… ?
Il adressa un sourire goguenard à Thibault qui se sentit réduit au statut d’encombrant, là, sur la table de la cuisine. Olga fit signe à monsieur Esteban, et ils se réunirent autour de la table basse du salon, abandonnant Thibault à son côté de la pièce. C’était un cauchemar. Les molosses de l’esclavagiste avaient quitté son chevet, et il essaya de bouger, animé par l’énergie du désespoir… Non, même ça, ça ne fonctionnait pas. Il ne parvenait pas à agiter le moindre orteil.
Il patienta, incapable de réfléchir convenablement à ce qui se produisait. Son immobilisme forcé lui rappelait de vieux cauchemars, et son esprit semblait vouloir le convaincre que rien n’était réel. Il les voyait, tous, à quelques mètres de là… Mais ses oreilles bourdonnaient, il ne comprenait plus la conversation.
Au bout d’un moment, une forme s’agita. Lison revenait vers lui et l’espoir monta en flèche. Elle ne l’avait pas oublié. C’était sa sœur chérie. Sa jumelle. Zoë, Olga, Margot ou Donovan… Ils pouvaient bien crever demain, peu importait. Ils n’en avaient jamais rien eu à faire de lui. Lison était la seule qui méritait de vivre. Elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur son front. Il ferma les yeux, rassuré par ce contact, puis elle approcha son oreille.
— Je te promets que je t’attendrai. Quand tu reviendras dans dix ans, je prendrai soin de toi.
Un spasme nerveux agita tout son corps malgré la paralysie. Il sentit une bouffée de chaleur lui monter au visage, et la sueur perler sur son front, démarrant à l’endroit qu’elle avait effleuré de ses lèvres. Elle lui caressa délicatement les cheveux, plongea une dernière fois ses yeux noisette dans ceux identiques de son frère jumeau, puis se détacha et s’enfuit vers le couloir qui menait à sa chambre.
Elle l’avait abandonné, elle aussi. Cette garce.
— Bien, et bien monsieur Junon, vous êtes officiellement un homme libre ! Profitez-en pour travailler durement et honnêtement. Madame Junon, l’argent de la plus-value sera transféré sur votre compte sous vingt-quatre heures. Et maintenant, si cela vous convient, nous allons embarquer le paquet… Notre tournée n’est pas terminée, nous ne pouvons nous éterniser. Passez une agréable journée !
Il claqua des doigts et ses sbires vinrent soulever Thibault. Le corps du garçon atterrit lourdement sur l’épaule d’un des deux, et il ne vit plus que ses bras qui pendaient le long du dos de l’homme. Ses cheveux masquaient à moitié sa vue. Il se sentait ridicule, pitoyable. La peur le saisit brusquement. Une peur mêlée de colère, qu’il ne pouvait aucunement démontrer. On le séparait de sa famille. Ils le vendaient.
Quand l’homme qui le portait pivota sur lui-même pour se diriger vers la porte, Thibault n’aperçut que les pieds de Donovan, de Margot et d’Olga. Il parvenait en revanche à voir le visage de Zoë. Elle le fixait avec une indifférence évidente. Sa main tenait celle de Donovan. Il la vit serrer plus fort les doigts de son grand frère.
Aucun d’entre eux ne parla.
Le matin même, quand c’était Donovan qui devait partir, toute la famille était effondrée…
C’était Thibault qu’on arrachait à son foyer, finalement. Il ne méritait même pas un dernier mot, lui ?
Quelle bande d’ordures.
Un début très réussi tellement la scène est criante d'injustice, à la fois dans le comportement de la famille de Thibaud par rapport à lui, évidemment, mais aussi dans cette espèce d'esclavagisme "propre", bien défini par des contrats et des valeurs correspondant à la loi du marché. L'esclavage comme solution envisageable SANS ROUGIR de rembourser ses dettes... On ne va pas se mentir, les parents qui vendent leurs enfants, ça existe depuis des millénaires mais à ma connaissance, ils font au moins semblant d'avoir honte. Là, même pas !
Le plus drôle, c'est que si la scène déclenche sans problème l'empathie pour Thibaud (celle du lecteur, pas celle de sa famille !), en revanche je ne le trouve pas (encore) attachant. C'est probablement dû à des préjugés très moches, mais je pense que le fait qu'il se soit renfermé sur lui-même à la mort de son père au point de ne pas réussir à trouver de boulot, et le fait que toute sa famille le tien à l'écart, voire ne l'aime carrément pas, ça ne joue pas en sa faveur. Je veux dire, ma raison me dit que c'est hyper normal qu'il ait été abattu par la mort de son père, et que si sa famille est composé d'enfoirés, ce n'est pas sa faute, mais n'empêche que pour l'instant, je ne le trouve pas hyper attachant. C'est voulu de ta part ?
Je continue mais je crois que le chapitre suivant est tout petit ? Je vais voir...
Concernant le personnage de Thibault... Je pense que très peu de lecteurs l'ont trouvé attachant dans la première partie du roman.
Dans mon premier jet, il était pire. Je l'ai adouci parce que je voyais que la ça créait trop de frustration et que ça n'était pas le but, mais si Thibault est une victime, qu'il n'a pas vécu une vie facile et qu'il se prend une sacrée gifle dans ce chapitre, il peut aussi avoir des comportements et des réactions très discutables.
C'est en effet voulu, qu'on s'attache difficilement à lui. Je crois aussi que c'est un personnage, notamment dans ce chapitre, qui n'est pas forcément très franc (avec lui-même et les autres, ce que le lecteur peut ressentir).
Je sais que ça aide à aimer un roman que d'aimer son personnage principal, mais ici (contrairement à Ajax dans l'autre où j'espérais qu'on s'y attache) j'ai "tout misé" sur d'autres personnages et sur le parcours de Thibault dans au cours de l'histoire ^^
Voilà en tout cas merci beaucoup pour ton retour ♡
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, vraiment ! J'ai vu arriver l'échange entre Donovan et Thibault mais justement, sachant ce qui allait arriver je n'ai pas pu décrocher et ça c'est chouette. J'étais tout du long du côté de ce pauvre Thibault. Je trouve l'ambiance glaçante, oppressante, j'imagine que c'est voulu mais l'effet est atteint ! La jovialité de ce Monsieur Esteban détonne horriblement dans l'ambiance.
C'est un sacré premier chapitre, j'ai hâte de savoir ce qui va se passer !
C'est vrai que l'échange à venir se devine (bon le titre du chapitre et le pitch trahissent un peu le truc xD) mais je suis contente que ce soit notamment la chose qui t'ait donné envie de continuer !
Merci beaucoup :)
Blague à part, j'apprécie ce genre d'approche, avec des personnages très "gris" pour ne pas dire complètement sales. Et toute l'ambiance oppressante où il faut payer cher pour garder de l'air pur, c'est bien vu ma foi.
(Rien à voir mais j'ai vu que tu aimais beaucoup "Les Hauts de Hurlevent", on se rejoint là-dessus <3 )
Si tu aimes les personnages gris, on va être copines !
J'aime beaucoup les personnages gris ; parfaite transition pour parler de "Les Hauts de Hurlevent" : ce roman est un bijou, ses personnages sont incroyablement bien écrits, et je trouve que leur noirceur offre une richesse incomparable, si différente des classiques de l'époque (y compris des écrits des autres sœurs Brontë).
Je n'en parle pas plus (parce que sinon je ne m'arrête plus) mais c'est notamment cette lecture qui me donne envie d'écrire des personnages imparfaits. Ça, et aussi le fait que je trouve les personnages imparfaits plus réalistes.
Brad, j'adore ce genre d'ambiances ! Et les personnages cabossés, quelque peu gris et tourmentés.
Le côté "on le voit de prime à bord comme une histoire d'amour" ça me parle beaucoup parce que je l'ai lu pour la première fois quand j'étais adolescente, et adolescente, j'y ai vu une histoire d'amour (certes sombre). Et en le relisant au fil des années, j'ai mieux découvert le visage d'Heathcliff, l'égoïsme de Cathy, la souffrance qu'ils ont créée autour d'eux.
Plus jeune, je voyais déjà la dimension de la vengeance, mais il y avait un côté où je pouvais me dire "mais c'est mérité, il a mangé aussi" et en vieillissant, je n'arrive plus à avoir ce même sentiment envers Heathcliff. Surtout en seconde partie du roman, quand il déverse sa haine sur la descendance...
Ma vision d'Hindley aussi, par exemple, a changé avec le temps. De "c'est un sale type" je suis plutôt passée à "c'est un pauvre type" (au sens malheureux). Bref tous les personnages du roman sont incroyablement riches.
(J'avais prévenu, on ne m'arrête plus : je me force donc à m'arrêter ici).
Eh bien ! Les dés sont jetés ! Le décor est posé dans une partie de la ville bien polluée où garder un bon air coûte cher et où une mère abominable peut pourrir celui d'un de ses enfants. Lui, le moins bien que son aîné, se retrouve jeté en pâture à une décennie d'esclavage sans que quiconque n'y trouve à redire. Heureusement qu'il a été paralysé, ça nous évite ses cris et sa tentative de fuite. Reste qu'il a l'âge de l'impératrice, alors ça pourrait être sympa de voir ce qui va lui arriver, si ce n'était pas classé en drame et qu'on devrait donc le voir faire moult efforts pour finalement s'effondrer. On verra si à un moment il y a un éclaircissement de pourquoi un père qui troque un fils contre une dette se suicide (remords ?)
C'est la bonne longueur, je pense, pour entrer en matière et poser le cadre. J'ai hâte de tourner la page !
J'ai noté des trucs au passage, je te laisserai me dire si ça t'intéresse pour la suite.
Trucs pas nets à vérifier :
bouffée d’oxygène saturé de pollution -> d'air, car l'air a plusieur compoants, mais l'oxygène, c'est O2 uniquement, ça ne peut pas être modifié sans devenir autre chose de l'oxygène. (Pour la répétition d'air dans la suite, tu peux mettre être)
cette fois, juste cette fois -> fois-ci (pour les deux occurrences)
il n’était plus si sûr que c’était une bonne idée -> que ce soit/fût (incertitude = subjonctif)
vint déverrouiller -> alla
Il était suivi de deux types -> suivi par / accompagné de
en toutes directions -> dans toutes les directions / en tous sens
Il ne parvenait pas à agiter seulement un orteil -> le moindre
--
Simplifications possibles :
le fit courber en deux -> le plia en deux
Il savait qu’il devait avoir l’air -> Il se devait d'être
style armoire à glace, à l’air -> glace, l'air (à tâter, c'est une autre structure de phrase)
--
Dissonances de champ lexical :
bassinait … rythme entraînant
Merci beaucoup pour ce retour !
Toutes tes notes m'intéressent beaucoup. J'essaye d'améliorer au maximum mon écriture, et je m'apprête à commencer une nouvelle réécriture justement, donc c'est parfait d'avoir un point de vue extérieur. Alors merci d'avoir pris le temps de me remonter tout ça !
Pour l'histoire une précision : son fils est une caution. La raison du suicide du père viendra après, mais si le fils est "mis à encaisser", c'est parce que l'emprunteur ne peut plus rembourser. La situation est donc subordonnée au suicide du père !
Merci encore et à bientôt :)
Eh bien dis donc, quel premier chapitre fort ! Les émotions sont très bien retranscrites de manière à ce que l'on ressent tout le désarroi de Thibault et de sa souffrance quant au rejet de sa propre famille.
On visualise bien les scènes car tu dépeins également très bien les lieux.
Et les anecdotes comme la monnaie de Délos, le contrat d'esclavagisme, les conditions des castes nous permettent une meilleure immersion dans ton univers.
Ta plume est également très fluide, enrichie d'un bon vocabulaire, si bien que je n'ai pas vu le temps passer. Ton passage se lit tout seul.
Peut-être la seule chose que je pourrais dire (mais ce n'est que mon avis), c'est que je trouve que ça aurait été intéressant d'avoir un prologue qui décrirait de manière succincte la naissance du royaume de Délos (comme tu l'as fait dans le pitch) mais avec toutefois un peu plus de détails (comme une description un peu plus développée de la grande montagne par exemple et de ses alentours)
Mais après peut-être ne voulais tu pas trop en révéler aussi et que tu préfères laisser le lecteur tout découvrir au fur et à mesure, ce qui est un bon choix aussi.
En tout cas bravo pour ce très bon chapitre !
Je ne suis pas une grande adepte des prologues haha. C'est une appréciation personnelle, mais j'adore découvrir au fur et à mesure. Comprendre petit à petit le monde dans lequel j'évolue.
Mais je comprends aussi ton point de vue. En fait, tout ce qui a attrait à la création de Délos sera bel et bien abordé, mais plus tard dans l'histoire. Le pitch me permettait d'en donner les bases sans trop avancer dans l'histoire !
Je te remercie en tout cas pour ton retour qui me touche beaucoup !
j'aime beaucoup ce premier. On est directement dans le quotidien de Thibault et on vit à travers lui cette matinée qui va changer sa vie.
La dynamique familiale est bien décrite et on comprend vite les liens qu'ils ont entre eux et le pourquoi des comportements de chacun.
Je trouve aussi intéressant les détails du monde que tu as créé, on est baigné dans celui-ci avec facilité, que cela soit dans les "gadgets" du quotidien que dans le système global de ton univers.
J'ai hâte de voir ce qui va suivre pour Thibault.
Je suis contente que ce premier chapitre te plaise :) J'ai essayé de démarrer vite dans l'histoire, et de grapiller des morceaux d'environnement pour donner un contexte sans passer par de trop longues descriptions. Les relations de familles sont aussi importantes donc c'est top que tu t'y retrouves bien ! (d'autant qu'ils sont nombreux dans la famille xD).
Premier chapitre et j'aime déjà ton récit !
Les dynamiques entre les membres de la famille sont bien décrites ! On s'imagine particulièrement bien Donovan et Lison. On a peut-être un peu plus de mal à comprendre pourquoi la mère est si véhémente contre Thibault (les reproches de Donovan semblent plus légitime qu'une totale haine), mais ce n'est pas choquant.
J'aime ce que promet ce monde de société pyramidale (au sens premier) et l'idée de répartition de l'air. J'ai eu une petite interrogation sur cette histoire de répartition. S'il y a moins d'oxygène, pour moi, le premier symptôme devrait être l'essoufflement/ou même des maux de tête plutôt que la toux ? Si en revanche, l'air envoyé à Thibault est bien une question de pollution/qualité de l'air, la toux semble légitime. Mais du coup, je m'attendais à ce qu'il tousse à nouveau juste après la phrase : "il prit une grande bouffée d’oxygène saturé de pollution", mais c'est simplement mon opinion.
Au niveau de la forme, il y a beaucoup d'adverbe en "-ment", ça alourdit un peu le texte (je connais bien, j'ai exactement le même soucis...). Si tu regarde les paragraphe 2 et 3, il y a 8 adjectifs en -ment pour 16 phrases (silencieusement, longuement, décidément, régulièrement, vraiment, uniquement, visiblement, largement). Ca fait beaucoup!
Je chipote un peu, ton texte est vraiment bien ! Hâte de lire la suite.
A bientôt
Eleonore B
1) "La peau plus grêlée." => tu voulais dire granuleuse ?
2) j'adore la dernière phrase, ça m'a fait sourire. Ca m'a fait m'identifier à Thibault alors que jusqu'à présent je le trouvais plutôt lisse
Re re Hello !
Pour ce qui est de l'air, ce n'est en effet pas l'oxygène, mais sa qualité qui est réellement impactée. Dans l'idée, des appareils filtrent la pollution et la rejette. Schématiquement, dans l'appartement, les pièces sont filtrées et la saleté est plus ou moins renvoyée dans la chambre de Thibault, parce que même l'air à l'extérieur (au Sixième qui est un étage relativement bcp pollué) est meilleur que dans sa chambre. Mais en effet, il pourrait tout de même tousser en respirant cet air de dehors !
Je note pour les "-ment'. Je les aime énormém... Bien*. Je vais essayer de réduire un peu ^^
À bientôt :)
Très heureux de découvrir Délos et ton univers fort en émotion. Ici, on rentre dans l’intimité de la famille avec brio, sans se perdre dans trop de descriptions inutiles ni de contextes trop fournis. J’aime bien, ça permet de laisser la place à l’imagination avec le cadre que tu nous a donné.
J’aime particulièrement le début et ta scène dintro sur la chanson choisie par l’impératrice. Ça donne tout de suite le ton, vraiment une chouette idée.
La fin est également excellente, avec une scène horrible pour Thibault.
J’imagine que tu le fais plus tard, mais j’aurais trouver intéresser quelques éléments de détails sur les esclavagistes : ont ils un costume particulier ? Sont ils riches ou au contraire au même niveau social que la famille Junon ?
Ça rendrait encore plus terrible ta dystopie de voir que les esclavagistes sont du même niveau que les autres mais profitent de leur pouvoir pour faire comme les plus aisés.
Bref, très hâte de lire la suite !
Mes salutations,
Ça ne fait pas bizarre de lire après avoir lu le synopsis ? Parce que du coup tu as tous les gros éléments et la fin de l'histoire dès le début xD
Je suis contente que ça te plaise en tout cas !
Pour répondre à ta question, les esclavagistes, non je n'ai pas envisagé de costume particulier. Pour ce qui est du niveau social... J'y ai réfléchis mais je ne l'ai pas vraiment incorporé. Pour moi, M. Esteban vit au Sixième. Mais au prochain chapitre tu vas en croiser un autre, qui lui, vit plus haut. Je crois que ça peut se comprendre au cours de la lecture, mais c'est très implicite.
J'espère que la suite te plaira tout autant :D
À bientôt !
Je vois pour les esclavagistes. Aucune obligation dans mes propos en tout cas, l’œuvre reste toujours sous la plume de son.sa créateur.ice. 😊
Je vais découvrir au fur et à mesure et te referais des retours si j’ai d’autres idées en ce sens.
Au plaisir de lire la suite !
Mes salutations,
J'avais lu la majorité du premier chapitre de la première version avant d'arriver ici et je note qu'il y a une amélioration entre les deux. Je trouve que tu vas davantage droit au but ici. On rentre facilement dans l'histoire. Dans l'ensemble, tu n'as pas trop retouché le coeur du chapitre mais ce n'était pas nécessaire. Il fonctionne bien.
Le portrait de famille marche bien. J'aime beaucoup la nuance que tu instilles dans la personnalité de Thibault. Pas seulement une victime mais aussi un frère jaloux, plein de colère et de rancoeur. On peut le comprendre au vu de la dynamique familiale et du terrible contexte où il vit.
Ce que j'ai adoré, tu vas le voir dans mes remarques, c'est le ton très décalé de ton univers, où l'esclavage est la norme, où une mère coupe l'oxygène à son fils... C'est très ironique, aussi drôle que triste.
Mes remarques :
"sur le quasi-impalpable écran pour amoindrir ce son strident." -> sur l'écran quasi-impalpable ?
"il comprit que ce n’était peut-être pas uniquement la faute de Calliope" tu peux couper le "peut-être" je pense
"tout ce que Thibault parvint à penser, c’est qu’il n’était qu’une pâle copie de son frère. " je pense que tu pourrais mettre la description des yeux, cheveux... après cette idée de comparaison avec le grand frère. Je trouve que ça rendrait ça plus dynamique, moins seulement descriptif.
"Olga lui lança un regard dur alors qu’il s’approchait de la table et s’asseyait sur la dernière chaise inoccupée. Il l’ignora, mais jeta un bref coup d’œil vers Donovan. Zoë" je trouve l'enchaînement de prénom assez rapide, on a pas le temps de s'arrêter sur chaque personnage, ne serait-ce que le temps d'une phrase
"Elle lui adressa un petit sourire triste" tu peux couper le "petit" dans mon esprit un sourire triste est forcément "petit"
"Thibault s’était complètement reclus de la conversation." je trouve qu'il y aurait moyen d'améliorer la tournure
"Il vous reste TRENTE minutes avant l’arrivée de la brigade esclavagiste. Nous vous souhaitons une agréable journée." j'adore ce passage ahahah
"j’aurais de l’air pur tous les jours." -> aurai ?
"Pourquoi fallait-il toujours qu’il soit si parfait en tout point ?" couper à parfait ?
"Très bien, votre famille aura même une petite plus-value, voilà qui doit vous consoler." ahah j'adore
"Cet idiot nous a ruiné, et non content de ça, il a eu l’audace de se suicider plutôt que de prendre ses responsabilités." on pourrait pas garder cet élément pour plus tard ? J'aurais trouvé intéressant qu'on laisse un peu de flou sur le père pour y revenir plus tard
Un plaisir,
A bientôt !
Ce n'est pas celui que j'ai le plus modifié en effet ! Mais je suis contente que tu aies quand même noté les nuances.
Je suis ravie que le côté ironique t'ait plu. Quand j'ai écrit ce chapitre, au tout début, je voulais vraiment l'apporter comme ça, d'où le personnage de M. Esteban qui est à la fois un personnage assez monstrueux, et en même temps un monsieur bien sous tous rapports.
Je note pour tes remarques sur la forme ! Je pense que j'en retiendrai plusieurs.
À ce sujet :
"Cet idiot nous a ruiné, et non content de ça, il a eu l’audace de se suicider plutôt que de prendre ses responsabilités." on pourrait pas garder cet élément pour plus tard ?" -> à mon premier jet, je t'aurais dit oui, parce que j'y revenais de manière plus détaillé dans les chapitres suivants, mais une grosse partie des explications a sauté pour que le tout soit moins lourd.
Finalement dans cette version je reviens beaucoup plus tard à l'histoire du père de Thibault, et je crois, avec une vision d'ensemble, que c'est mieux qu'on sache dès le début ce qui a provoqué la "chute" de la famille :)
Je te remercie pour ton retour, à bientôt ! :)
Ce chapitre pose les bases, mais les explications à tes questions viendront plus tard ^^
Me voilà de retour sur cette nouvelle version toute neuve ^^
Alors pour l’instant il n’y a pas tellement de changement par rapport à la V1 et je n’ai pas grand-chose à dire.
Ce premier chapitre est très bien construit. On commence à visualiser l’univers avec ses problèmes de qualité de l’air. Cette ville aux différents étages, où on risque de devoir descendre d’un niveau ou plusieurs en cas de problèmes financiers, comme la famille de Thibault qui a été forcée de descendre au Sixième alors qu’ils rêveraient de retourner au Quatrième. On découvre également qu’offrir un des siens à l’esclavage est un bon moyen de rembourser ses dettes, et qu’un adolescent a plus de valeur sur le marché qu’un adulte.
On a également un bon aperçu de la personnalité de Thibault, et de sa place un peu particulière dans sa famille, où il est mis à l’écart et ne semble bien s’entendre qu’avec Lison, sa sœur jumelle. Olga et Margot ne cachent pas leur mépris à son égard, tandis que Zoë n’a d’yeux que pour Donovan. On sent bien la jalousie de Thibault envers son grand frère, jugé parfait en tout point, mais qui pourtant ne montre que peu d’inquiétude envers le sort réservé à Thibault, visiblement soulagé qu’il devienne esclave à sa place. L’attitude de Lison, qui au final ne proteste pas sur le fait que Thibault soit interchangé, n’en est que plus terrible. On comprend bien le désespoir de Thibault, qui perd tout en quelques minutes, et n’a même pas le droit à un mot d’adieu…
Ce n’est pas évident de faire le portrait relationnel d’une famille de 6 personnes en un chapitre, mais je trouve que tu t’en sors super bien ! A ce stade de l’histoire, on n’a pas encore tous les éléments pour comprendre complètement la raison d’un rejet familial aussi intense envers Thibault, mais ce n’est pas nécessaire, ça fonctionne très bien comme ça.
Bref, c’est un bon début. On est tout de suite plongé dans l’action, avec Thibault embarqué par les esclavagistes, et ça donne envie de lire la suite !
A bientôt !
(Oui, pour quelqu’un qui n’avait pas grand-chose à dire, je viens encore d’écrire un petit pavé XD Mais bon, c’est parce que c’est très intéressant pour moi en tant qu’autrice d’analyser ton travail. Je suis actuellement en train de revoir complètement l’intro de mon propre roman, où j’avais assez mal géré le rythme et la gestion des informations justement, du coup étudier comment s’y prennent les autres auteurs m’est très utile)
Petites remarques :
« La mélodie qui s’emballe et cette voix nasillarde à l’écho métallique qui s’élève… « Je me sens, la meilleure de moi-même aujourd’huiiiii, ce sera encore une fois, le plus beau jour de ma viiiiiie… ». »
> Ce n’est qu’un détail, mais j’aime beaucoup cette histoire de chanson choisit par l’impératrice pour réveiller ses sujets ! Surtout avec les paroles en totale contradiction avec ce qui arrive dans la vie de Thibault ce jour-là XD
« La page-téléviseur, « télévision », était éteinte ce jour-là, et l’absence de fond sonore était quasiment palpable. »
> page-téléviseur est déjà assez explicite, du coup c’est un peu inutile de rajouter télévision juste après, ça fait répétitif
Oui ce chapitre je ne l'ai pas trop retouché ! Dans l'ensemble j'ai eu le retour qu'il fonctionnait, donc j'ai juste ajouté quelques détails utiles au reste de l'histoire (les pages / à la place des tablettes - l'accent sur le deuil que Thibault a du mal à digérer contrairement à Donovan - le regard de Zoë à la fin - j'ai légèrement tempéré le caractère d'Olga - puis quelques détails de vocabulaire par ci par là).
Alors, grand merci pour ta remarque sur la page-téléviseur / télévision, parce que je me suis torturé la tête tellement de fois, à l'enlever un coup, puis le remettre, puis le mettre différemment pour de nouveau l'enlever... xD Je vais donc l'enlever !
Après, dans les chapitres suivants, j'utilise régulièrement les mots la "télé", ou la "télévision" et du coup je voulais introniser une explication pour ce raccourci mais c'est peut-être superflu.
Merci encore !
Le début du roman que tu es en train de revoir, c'est celui sur PA ? Je vais aller le voir sous peu !
À très bientôt ^^
Je parlais de mon roman sur PA, oui ! Merci pour ton intérêt, mais je te conseille d'attendre un peu avant de commencer ta lecture. Enfin tu peux lire le prologue si tu veux, mais le chapitre 1 va subir de gros remaniements... Donc il vaut peut-être mieux attendre ma V2, qui devrait arriver au cours du mois.
A bientôt ^^
J'ai adoré cette ironie magistrale : quelques instant plus tôt, Thibault jalouse l'attention portée à son frère, il lui envie carrément sa future qualité d'air... et voilà que maintenant, c'est lui qui prend sa place.
Mes questions précédentes ont su trouver quelques réponses. Sur la cohérence globale, tout fonctionne à ce stade, et mes neurones sadiques trépignent maintenant de savoir à quelle besogne Thibault va devenir esclave.
Sur la forme stricte, j'ai relevé quelques trucs :
- "à minima" → c'est une locution latine, qui ne prend donc pas d'accent sur le "a"
- "à l’air aussi sympathiques" → c'est "l'air" qui est "sympathique", donc l'adjectif est singulier.
- "en se sentant s’élever dans les airs et être reposé" → "s'élever", employé ici sous sa forme pronominale, laisse à penser que Thibault a ne serait-ce qu'un peu de contrôle sur la situation, ce qui n'a pourtant pas l'air d'être le cas. Ça tranche d'autant plus quand "être reposé" arrive à la forme passive juste derrière. Peut-être vaudrait-il mieux écrire "se sentant élever dans les airs", sous-entendu "par d'autres".
- "Non, même le désespoir l’avait abandonné." → je comprends l'enchaînement, mais je crois aussi que c'est faux. On ne ressent que ça, le désespoir de Thibault. Il peut difficilement être autre chose que désespéré, et rien dans les paragraphes alentours ne laissent supposer une autre émotion, de la résignation, etc. Ce n'est donc pas le désespoir mais bien l'énergie qui l'a abandonné. Alors, oui, j'en conviens, c'est moins stylé à écrire... Mais je suis sûre qu'avec la bonne tournure, tu pourrais enfoncer le clou avec panache, et sans contresens.
Merci pour ce premier chapitre très immersif. J'y ai pris beaucoup de plaisir. À très bientôt !
Merci pour tes remontées sur la forme ! Je vais les corriger.
Pour "s'élever" je vais réfléchir pour remanier la phrase.
Pour le désespoir, c'est juste une tournure sans sens réel, pour symboliser qu'il est à court d'options. Au pur sens littéraire, je suis d'accord avec toi, ce n'est pas correct, et oui, c'est l'énergie qui l'a abandonné. Mais j'aime bien l'ironie qui s'en dégage ceci dit !
Merci pour ton retour en tout cas :) Je suis ravie que ce chapitre t'ait plu, et j'espère que tu trouveras la suite à la hauteur !
"mes neurones sadiques trépignent" -> huhuhu
À bientôt!