Le temps était clair, le soleil brillait. Tout était calme, paisible. Personne ne semblait se douter que, quelques heures plus tôt, le mal était à l’œuvre dans les belles rues de la capitale.
Amélia se trouvait assise sur un banc au milieu du Parc de Lune. Les yeux fermés, elle profitait de la chaleur du soleil sur sa peau et la fraîcheur de l’air dans ses poumons. Il y avait si longtemps qu’elle n’était pas sortie de la maison, cela faisait un bien fou ! Ses leçons l’épuisaient. Comment son professeur pouvait-il être aussi ennuyeux alors qu’il enseignait une si belle matière que la magie ? La jeune fille était persuadée qu’elle en apprendrait bien plus toute seule qu’avec lui. Si seulement elle avait pu avoir Anita Norwood comme préceptrice ou simplement aller à l’Université comme les autres jeunes de son âge…
– Votre mère ne va pas être contente de savoir que vous prenez ainsi le soleil, mademoiselle.
Un fin sourire étira les lèvres de la sorcière. Elle reconnaissait cette voix et devinait la silhouette toute fluette de son amie Emily qui lui faisait de l’ombre.
Oui, c’était certain, Azura Moonfall n’aimerait pas voir sa fille prendre le soleil comme une personne ordinaire. Se cacher sous une ombrelle était beaucoup plus digne d’une demoiselle de bonne famille. Mais Amélia s’en fichait, elle ne rêvait que de liberté et si quelques rayons de lumière pouvaient lui permettre de se sentir libre ne serait-ce que quelques instants alors soit, elle prendrait le soleil, peu importe ce que sa mère pourrait en dire à son retour.
– Je m’en moque, répondit-elle finalement sans ouvrir les yeux. De toute façon, quoi que je fasse, ma mère trouvera toujours à redire.
– Mais non, sourit Emily. Je suis persuadée qu’elle est fière de la jeune femme que vous êtes en train de devenir. Peut-être ne sait-elle pas comment vous le dire, voilà tout.
– Ça, je le croirai le jour où elle posera sur moi un regard dépourvu de dédain.
Amélia ouvrit lentement les yeux et se tourna vers son amie en souriant. La jeune fée était resplendissante, comme d’habitude. Ses cheveux, blond comme les blés, brillaient à la lumière du soleil, dévalant son dos dans une longue tresse parsemée de rubans dont pas une mèche n’osait dépasser. Ses grands yeux verts pétillaient de malice alors qu’elle affichait un sourire en coin complice. Amélia trouvait toujours fascinant le fait que même cette affreuse tenue de domestique aux couleurs ternes ne pût rien enlever à la beauté naturelle d’Emily. Les fées étaient vraiment à l’image de leur ancêtre angélique : magnifiques.
– Autant dire jamais, conclut Amélia en se redressant. Bien, poursuivit-elle sans laisser le temps à Emily de répondre, nous devrions rentrer à présent. Sinon ma très chère maman va encore faire courir ce pauvre M. George dans tout Riverfield pour nous trouver.
– Bien, mademoiselle.
Amélia se releva d’un bond et commença à traverser les pelouses verdoyantes avec Emily.
Baigné de soleil, le Parc de Lune offrait un spectacle resplendissant emplie de rire, de joie et d’innocence. Tout semblait plus vivant, plus lumineux au milieu de ces parterres de fleurs colorées, ces chemins de terre, ces bancs de pierre marbrées et ces arbres dont le vent s’amusait à faire bruisser les feuilles avec légèreté. Les branches des saules dansaient lentement dans la brise du matin, entourant les nombreuses marres aux poissons multicolores. Tout était calme et paisible, d’une beauté presque irréelle. Et si coloré ! En comparaison, le Cimetière des Cendres, lui, semblait monochrome et triste à pleurer de l’autre côté du parc.
Un peu plus loin, les deux jeunes filles aperçurent des enfants jouer avec leurs parents. En levant les yeux au ciel, elles purent même apercevoir des cerfs-volants en forme de poissons géants et d’oiseaux légendaires. Amélia les regarda avec envie, se souvenant du temps où elle aussi avait été insouciante avec son frère. Un passé qui lui semblait comme un très vieux rêve aux contours flous, presque une illusion où elle avait pu courir, rire et jouer comme les autres.
Avant que la nouvelle ne tombe. Avant l’isolement et la solitude…
Une époque que la jeune fille trouvait à présent bien lointaine.
De tout Riverfield, le Parc de Lune était sans nul doute l’endroit préféré d’Amélia, celui qui regorgeait de ses meilleurs souvenirs. Elle s’y réfugiait toujours quand elle le pouvait, loin de la monotonie de la vie à la cour, loin de sa mère et de ses règles étouffantes, loin d’une vie qu’elle n’avait pas choisie et qu’on la forçait à vivre envers et contre tout. Il n’y avait rien de plus ennuyant pour l’adolescente que de devoir participer à des bals et des banquets où des personnes richissimes passaient leur temps à se dénigrer derrière le dos des autres, tout en se vantant de leurs biens.
Amélia savait qu’elle avait eu de la chance de naître dans une famille aussi prestigieuse que celle des Moonfall, et c’était pour elle un honneur de porter ce nom. Mais elle trouvait les obligations dû à son rang oppressantes, presque douloureuses. Elle avait dû grandir trop vite et elle regrettait de ne pas avoir pu profiter plus longtemps de l’insouciance et l’innocence propre à l’enfance.
Bientôt, les filles franchirent les hautes grilles du parc et pénétrèrent dans la grand-place qui séparait le Parc de Lune de la Grand-rue commerçante. L’herbe et les chemins de terres cédèrent leur place aux pavés lustrés et aux bruits de la rue.
La Place d’Aurora n’était pas aussi grande et luxueuse qu’on pouvait le penser. Quelques bancs entouraient une grande fontaine de pierre dont l’eau claire ruisselait tranquillement au son des musiciens qui jouaient non loin. Quelques saltimbanques dansaient et chantaient à l’ombre des bâtiments pour le plus grand plaisir des passants qui s’arrêtaient pour les observer et leur jeter quelques pièces.
Amélia s’approcha de la fontaine et leva les yeux jusqu’à son sommet. Là, trônant fièrement à plusieurs mètres du sol se trouvait une magnifique statue de marbre représentant la Déesse Solaire, Aurora. L’adolescente regarda longuement le visage de marbre blanc dissimulé sous le voile doré. Elle était comme hypnotisée. La statue, recouverte de feuille d’or, brillait de mille éclats sous la lumière du jour.
Selon la légende, c’était Aurora qui avait créé le monde dans lequel elle vivait. La déesse de lumière, fille du Soleil, avait changé le monde jusqu’alors peuplé de ténèbres et de créatures monstrueuses. Après avoir remodelé la terre dans la lumière, la déesse avait donné naissance aux trois premiers magiciens, qu’on nomma plus tard les Aînés. Ainsi étaient apparus l’Ange, l’Esprit de la Nature et le Démon. Puis ceux-ci s’étaient unis pour donner naissance à la multitude d’espèces qui peuplait aujourd’hui Osha, avant de disparaître mystérieusement.
Amélia avait lu beaucoup de livre sur eux. Leur histoire la fascinait et, quand elle était petite fille, elle s’était retrouvée à rêver de les rencontrer un jour. Après tout, ils descendaient tous de ces êtres premiers, quels secrets avaient-ils bien pu emporter avec eux en disparaissant du monde ?
Amélia brûlait d’en découvrir les mystères.
Plongée dans ses pensées, la jeune fille avait l’impression d’oublier quelque chose d’essentiel, quelque chose qui lui manquait depuis des années, comme… une partie d’elle-même ? C’était étrange, à chaque fois qu’elle se retrouvait devant l’idole dorée, un sentiment de manque inexplicable lui enserrait la poitrine.
Emily lui tapota l’épaule. Amélia sursauta.
– Oh, pardon. J’étais…
– Perdue dans tes pensées ? J’ai vu ça, sourit la fée.
– Je n’y peux rien, répondit Amélia en reportant son regard sur le visage caché de la déesse, l’histoire d’Aurora et de ses enfants me fascine.
– Elle nous fascine tous.
Pendant quelques longues secondes le silence fut total. On entendait plus que le roulis de l’eau de la fontaine et la mélodie des musiciens plus loin. Les deux amies contemplèrent ensemble la statue encore quelques instants, pensives. Puis le regard d’Amélia glissa jusqu’au bassin de la fontaine où quelques pièces y avaient été jetées au fond de l’eau. La sorcière plongea une main dans la poche de sa robe et en sortit deux sous de bronze. Elle en donna un à Emily, puis, d’un même mouvement, après un baiser à la piécette et une prière, les deux jeunes filles jetèrent leur monnaie dans le bassin. Elles les regardèrent sombrer lentement avant de s’en détourner.
Le chemin le plus rapide pour aller du Parc de Lune jusqu’au Quartier des Sorcières était la Grand-rue commerçante, rassemblant la majeure partie des boutiques de la ville. On pouvait y trouver de tout et pour tout le monde. Il s’agissait du point névralgique de la capitale, un lieu de rencontre et d’échange.
Amélia aimait beaucoup s’y perdre. Les gens y étaient tous bienveillants et les artisans rivalisaient toujours d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouvelles choses fascinantes. Parfois, si on avait de la chance, il était possible de croiser l’une de ces boutiques éphémères qui ne cessaient d’apparaître et de disparaître d’un bout à l’autre de la galerie marchande.
La Grand-rue, aussi loin qu’Amélia s’en souvienne, avait toujours regorgé de vie et de couleurs. Des centaines de personnes se croisaient et discutaient joyeusement un peu partout. C’était l’un des seuls endroits où les gens de tous horizons pouvaient se rencontrer et échanger. Il n’était d’ailleurs pas rare de trouver quelques stands ambulants. Là, un elfe proposait des étoffes rares importés de région voisine. Par ici un sorcier proposait des articles magiques du quotidien ; Emily raffolait de leurs plumeaux ensorcelés qui faisaient le travail à sa place. Un peu plus loin un vampire soignait des animaux dans l’animalerie-vétérinaire Animalgique.
L’adolescente fut tentée, en voyant la devanture de la Confiserie Twinkles, d’acheter des bonbons pour son frère. Tous deux raffolaient des friandises magiques que proposait la boutique. Comme les salamandres à la gélatine qui vous enflammait la tête, les pâtes de fruits animées qui prenaient vie dès leur sortie du paquet ou les sirènes à la menthe qui, en plus de donner bonne haleine, vous faisait chanter à tue-tête pendant des heures.
Amélia adorait particulièrement les Cosmipops, ces sucettes en forme de planètes colorés qui lui faisait cracher des étincelles dès qu’elle ouvrait la bouche. Alors que son frère, Azriel, préférait les réglisses électriques qui, dès qu’il en croquait un morceau, provoquait un choc électrique qui lui faisait dresser les cheveux sur la tête. Le résultat les avait toujours beaucoup faire rire.
Mais l’adolescente se rappela bien vite la réaction outrée de leur mère quand elle les avait découvert, une semaine plus tôt, en train de léviter dans le grand salon après avoir mangé des chamallows Lévitouhaut. Azura avait eu tôt fait de confisquer tous leurs bonbons et jamais on ne sut ce qu’ils étaient devenus.
Finalement, Amélia s’arrêta devant la vitrine de Babioles & Bibelots où son regard fut attiré par un jeu de carte qui se mélangeait tout seul.
– Qu’est-ce que tu en penses ? demanda-t-elle à Emily en pointant l’étrange jeu du doigt. Ça plairait à Azriel tu crois ?
La fée s’approcha de la vitrine et lut à voix haute ce qui était écrit sur le paquet du jeu de carte juste à côté :
– Oracle & Miracle… Je n’en ai jamais entendu parler.
– Il doit être nouveau. Je vais le prendre, déclara-t-elle après un instant de réflexion, ça lui fera toujours une distraction de plus.
Amélia entra dans la boutique, suivit d’Emily. La pièce était bien plus grande qu’elle ne le laissait paraître à l’extérieur. Un sortilège basique d’agrandissement de l’espace dont la plupart des boutiques de la Grand-rue étaient pourvues afin de gagner de la place pour d’éventuels nouveaux commerces.
Il faisait très sombre à l’intérieur. Mais, dès que les filles eurent mit un pied dans la pièce, un magnifique lustre enchanté s’anima et illumina la boutique.
En levant les yeux, Amélia découvrit une boule de cristal suspendu au plafond par un fil d’or tressé. De petits avions de howlite voletaient en silence tout autour de la sphère. Les filles les virent alors traverser le quartz dans un bruit de carillon avant d’en ressortir sous une autre forme. Elles aperçurent ainsi un bateau de pirate en turquoise, un griffon en œil de tigre, puis un train d’améthyste dont les rails apparaissaient devant la locomotive pour disparaître après le dernier wagon.
Et ainsi de suite dans une ronde infinie.
La boutique en elle-même avait quelque chose de magique. Partout où se posait le regard, des étagères remplies d’objets extravagants les entouraient. La plupart de ces artéfacts leur était parfaitement étranger, mais parmi tout ce bric-à-brac, Amélia réussit néanmoins à reconnaître quelques inventions farfelues du propriétaire. Il y avait par exemple la théière siffloteuse – qui se mettait à siffler une chanson quand le thé était prêt –, les tableaux qui ne cessaient de changer de toile ou ses capes d’invisibilité accroché au plus étrange porte-manteau que les deux jeunes filles n’aient jamais vu. Amélia aperçut également quelques tapis volants enroulés dans un coin et remarqua même, caché derrière un rideau au fin fond de la boutique, quelques balais volants en préparation.
Babioles & Bibelots était l’une des boutiques préférées d’Amélia. Elle y trouvait toujours des choses fabuleuses et son propriétaire, le sorcier Balder Grimm, était l’un des hommes les plus gentils qu’elle n’ait jamais connu. Mais aussi le plus fantasque. Son imagination ne semblait pas avoir de limite, si bien que toutes les semaines, ou presque, il était capable de sortir une nouvelle idée abracadabrante de son chapeau, pour le plus grand plaisir de ses clients.
– Bonjour ! lança joyeusement Amélia.
Elle s’approcha en trottinant du comptoir et s’y pencha jusqu’à voir le planché de l’autre côté. Quelques instants plus tard, une trappe s’ouvrit au sol et une tête rouge en émergea. Le sourire de la jeune fille s’agrandit à mesure qu’un grand bonhomme apparaissait devant elle. Elle le regarda rabattre le panneau de bois et se redressa alors qu’il se tournait vers elle.
– Ah, je me disais bien que j’avais reconnu ta frimousse à la vitrine Amélia, lança-t-il en essuyant ses mains sur un vieux torchon déjà très sale.
La jeune fille ne put s’empêcher de le détailler. Balder Grimm était un grand homme au sourire chaleureux. Comme à son habitude, il portait un costume tout simple et légèrement tâché de peinture juste en dessous d’un vieux tablier de cuir dont les poches débordaient de toute sortes de petits objets. Un bandeau noir cachait son œil gauche, lui donnant un petit air de pirate qui avait tout de suite plu à Amélia quand elle l’avait rencontré des années plus tôt. Pourtant, l’histoire derrière ce bandeau demeurait un mystère. Et, même si la curiosité lui démangeait les entrailles, Amélia n’avait jamais osé lui poser la question. Plus que la colère du vieux sorcier ou les remontrances de sa mère, c’était de perdre son amitié que la jeune fille redoutait le plus.
Balder Grimm fixa son regard borgne sur Amélia et sourit en s’accoudant au comptoir.
– Alors, comment vas-tu ?
– Bien, bien, sourit-elle. Vous n’avez toujours pas trouvé de solution pour vos cheveux rouges ?
– Que veux-tu, soupira Balder en haussant des épaules, le Maître des Illusions est plus doué que moi en magie illusoire. Mais je retenterai l’expérience, dit-il d’un ton décidé. Crois-moi ces chapeaux Change-tête n’en ont pas fini avec moi ! Même si je commence à penser qu’un sortilège de métamorphose serait plus simple à créer…
Amélia sourit. Tout le monde savait que Balder Grimm avait toujours éprouvé une fascination toute particulière pour la magie du Maître des Illusions. Mais la science des illusions n’était pas à la porter de tout le monde. Elle faisait partie des magies les plus complexes à manier. On disait même que ce don particulier ne circulait que dans les gènes de la famille du célèbre maître du Cirque Écarlate, au grand dam de beaucoup d’autres sorciers.
Suivant son exemple, Balder Grimm avait tout de même tenté une expérience en ensorcelant un vieux chapeau. Il avait essayé de faire en sorte qu’en le mettant, le visage de la personne change. Il avait ainsi espéré créer une sorte de trompe-l’œil, un mirage partiel à l’image de ceux que le grand sorcier du Cirque s’amusait à créer lors de ses représentations. Mais il avait lamentablement échoué et, au lieu de gagner un nouveau visage temporaire, il avait gagné des cheveux et une moustache d’un rouge vif qui jurait avec sa peau noire et son grand œil gris.
– Je n’en doute pas, finit par dire la jeune fille. Mais ça ne doit pas beaucoup plaire à Mme Grimm.
Cassia Grimm était plus connue pour son caractère bien trempée que sa beauté. La femme du sorcier avait toujours admiré l’imagination de son époux – elle se servait même assez souvent de certaines de ses inventions et jouait volontiers à ses jeux. Mais elle supportait plus qu’elle n’appréciait ses excentricités. Au fond, ça ne la dérangeait pas qu’il cherche à créer de nouveaux artéfacts, mais elle aurait préféré qu’il ne les teste pas lui-même.
La crise que Mme Grimm avait piqué ce jour-là n’était étrangère pour personne. Toute la capitale avait pu y assister – bien malgré elle – et un article avait même été publié dans le journal Les Chroniques de Riverfield. Amélia se souvenait très bien de l’épais nuage noir qui avait flotté dix jours de suite au-dessus de leur maison. Elle y été allé pour voir d’elle-même l’ampleur des dégâts après avoir lu l’article et en avait été stupéfaite. Jamais la sorcière ne s’était imaginé qu’une ondine pouvait faire pareil dégât. Le nuage déversait tant de pluie et avec tant de force à cet endroit précis qu’une inondation avait commençait à prendre tout autour de la maison. Le passage avait même été condamné pour les voitures, qu’elle soit à moteur à vapeur ou tiré par une créature, et une déviation avait été mise en place par les autorités. Des voisins avaient même installé des parapluies pour les citoyens de passage dans la rue. Seuls les enfants semblaient trouver la situation très amusante à sauter sous la pluie, les autres n’avaient qu’une hâte : que Cassia Grimm se calme enfin.
Leur fils, Finn, avait même dû intervenir pour la calmer et arrêter l’orage qui avait éclaté le dixième jour. Il avait réussi à apaiser sa mère et fait promettre à son père de trouver une solution pour retrouver sa couleur. Le nuage avais pris deux jours avant disparaître totalement.
Pour s’excuser du désagrément, Mme Grimm s’était chargée de nettoyer elle-même la chaussée inondée. En quelques heures, la rue parut comme neuve.
Mais cela ne réglait toujours pas le problème principal, à savoir la coloration inopinée de M. Grimm. Cela faisait presque deux semaines que le sorcier se baladait avec une tignasse rouge vif, et il ne semblait pas y avoir d’amélioration.
– Oh tu sais, on finit par s’y faire. Et puis, entre nous, murmura-t-il en se penchant vers elle d’un air conspirateur, je trouve que ça me donne un petit coup de jeune.
Amélia éclata de rire, rapidement imitée par M. Grimm. Derrière eux, Emily souriait, les yeux rivés sur l’étrange lustre qui venait de faire apparaître des dizaines de papillons de grenat qui s’envolèrent dans toute la pièce. M. Grimm leva l’œil vers le lustre avant de sortir de l’une de ses poches une vieille montre à gousset à la vitre fissurée.
Il fit la moue.
– On dirait bien que l’heure du déjeuner approche, reprit-il en rangeant sa montre.
Emily regarda, émerveillée, les papillons se rassembler et traverser de nouveau le cristal. Ils en ressortirent sous la forme d’un splendide dragon de glace en aigue-marine qui se mit à voler tranquillement autour du lustre.
– Alors dis-moi, continua le sorcier, qu’est-ce que je peux faire pour toi, princesse ? Et ne me dis pas que tu as encore cassé la Toupie-sauteuse de ton frère ! Tu sais que ça me prend beaucoup de temps pour la réparer et j’ai des commandes en retards.
– Eh bien non, pas cette fois ! J’aimerais vous acheter ce jeu de carte magique dans la vitrine, c’est possible ?
M. Grimm leva une main et le jeu de carte disparut aussitôt de la vitrine pour apparaître dans sa paume, parfaitement rangé dans son étui. Le sorcier mit son monocle et en étudia le paquet.
– Oracle & Miracle, hein ? fit-il pensif. Je parie que c’est pour ton frère.
– Exact.
L’homme retira son monocle et le rangea dans l’une de ses poches avant d’ouvrir le paquet. Il se mit à battre les cartes, le regard perdu dans le vide.
– Ce jeu est relativement compliqué tu sais ? Le sortilège est capricieux, et j’ai même fait une erreur dans sa réalisation, il n’aurait pas dû se trouver dans la vitrine… expliqua M. Grimm, pensif.
– Ce n’est pas grave s’il n’est pas parfait, je suis sûre qu’Azriel serait heureux de fouiller le jeu pour en déceler les moindres erreurs. Et puis ça pourrait vous permettre de le tester et voir ce qui ne va pas pour les prochains, vous ne croyez pas ?
Balder Grimm observa un moment la sorcière, sans cesser de battre les cartes. Au bout d’un moment il les lâcha et alla fouiller dans un tiroir non loin. Les cartes restèrent en l’air et poursuivirent leur étrange manège, comme si des mains invisibles continuaient de les mélanger. Le sorcier revint avec une petite boîte qu’il ouvrit avant de prendre le jeu d’un geste négligé. Les cartes lui obéirent parfaitement et se rangèrent d’elles-mêmes dans leur paquet avant qu’il ne le place au centre du coffret et ne le referme. Il le plaça ensuite dans un petit sac qu’il tendit à la jeune fille avec un sourire.
– Comme toujours tu sais te montrer persuasive. Je compte sur toi pour me rapporter les retours d’Azriel, d’accord ?
– D’accord !
Amélia prit le sac avec un grand sourire et sortit trois pièces d’or de sa poche qu’elle posa sur le comptoir. L’inventeur ouvrit grand l’œil, surprit alors qu’elle se détournait déjà.
– Merci M. Grimm, dit-elle avec un clin d’œil. Gardez la monnaie, et passez une bonne journée !
– Une bonne journée à toi aussi, chipie !
Amélia sortit de la boutique avec Emily alors que le vieux sorcier riait aux éclats derrière son comptoir. Et les deux jeunes filles reprirent leur chemin, zigzaguant entre les passants.
Il y a la touche de mystère concernant son frére. Qu'a-t-il ? Est-il malade ?
J'aime beaucoup la divinité choisie, Aurora, et son histoire de création. Cela paraît logique que la déesse de l'aurore soit celle qui ait vu le jour et créé le monde. Cela m'a rendu tout aussi curieuse qu'Amélia concernant ces êtres premiers.
Tes descriptions sont très bien, j'ai juste une remarque à ce sujet : "Les gens y étaient tous gentils et les artisans rivalisaient toujours d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouvelles choses fascinantes." --> je trouve que dire qu'ils sont tous gentils c'est réducteur. À mon avis, cela donne presque l'impression qu'ils sont tous un peu niais, justement à cause de cette généralisation et ca retire à possibilité d'une personnalité individuelle. Que M. Grimm soit gentil, c'est autre chose, on ne parle que de lui.
Pour les coquilles, voici ce que j'ai pu pêcher :
"Ses cheveux, blond pâle, brillaient à la lumière du soleil, dévalant son dos dans une longue tresse parsemée de fleur dont aucunes mèches n’osaient dépasser." --> aucune mèche n'osait (ici, le "pas une seule" est plus marquant comme image)
"En levant les yeux au ciel, elles purent même aperçoive des cerfs-volants en forme de poissons volants et d’oiseaux légendaires." --> apercevoir
"Juste derrière, elle vit une tête rouge émergée d’une trappe au sol." --> émerger
Je continue ma lecture avec plaisir :)
Pour ce qui est de ta remarque sur la description des artisans, j'en prends bonne note, c'est vrai que ça fait un peu niai x) et merci aussi pour les coquilles, je tâcherai de les corriger ça à la relecture !
À bientôt et bonne lecture ! ^-^
Si les noms sont simples, c'est parce que j'ai choisi qu'ils le soient et que je les aime bien ainsi (sans oublier le fait que je ne sois pas très douée pour nommer les choses et que je voulais que les noms soient facilement compréhensible contrairement à Poudlard, par exemple, dont j'ai mit longtemps à comprendre le jeu de mot sous-jacent)
Quant au film "Ella et le pays enchanté" je n'en avais jamais entendu parler, mais j'irai voir, par curiosité.
Pour cette histoire de "creuser", il ne faut pas oublier qu'il s'agit du tout début de l'histoire et dans un univers très vaste qui plus est. J'ai mis un long moment à le mettre en place avec ses codes et je continue encore aujourd'hui à le peaufiner. Je ne donne pas tous les codes d'un coup, en suivant Amélia, je pose des bases un peu partout. C'est aussi pour cela que ce premier tome est si compliqué à écrire pour moi, j'ai tous les codes en tête mais je dois penser et écrire comme s'ils n'y étaient pas. Je suis navrée de lire tes mots, même si je les comprends.
En espérant que la suite te face changer d'avis
À bientôt ! :)
On commence à découvrir les personnages qui sont intéressants (même s'il en faudra encore plus pour me les rendre sympathiques) et leurs dialogues plutôt bien écrits.
Pressé qu'arrive l'élément déclencheur (=
J'ai repéré 2 petites fautes :
"Amélia explosa de rire, suivit de M. Grimm." -> suivie
"des commandes en retards." -> en retard
Voilà (=
Je suis contente que mon histoire te plaise (et j'espère que tu ne trouveras pas l'influence HP trop prononcée, mais j'aime énormément cet univers, et je dois bien avouer que je m'en suis beaucoup inspiré).
En tout cas, hâte d'avoir ton avis sur la suite ! ^^
A bientôt !
Encore merci et à toute à l'heure ! :)
Pour ce qui est de l'histoire de ton monde, c'est aussi très intéressant cette histoire d'Ainées qui se sont mélangés entre eux pour créer d'autres espèces.
Amélia n'est pas encore attachante (c'est trop tôt), mais on sent déjà qu'elle a du potentiel... et des contradictions. Comme d'appeler "amie" Emily qui est pourtant clairement sa domestique. Alors ça part d'un bon sentiment, mais quand même on sent qu'il y a un rapport hiérarchique. Peut-être qu'il est maintenu par Emily, d'ailleurs, plus que par Amélia. Quoi qu'il en soit, les deux jeunes filles sont bien ancrées dans un système de classes qu'elles ne pensent pas (encore ?) à remettre en cause.
J'ai bien aimé Grimm, aussi, même si le jeu de cartes et son défaut promettent un imbroglio, à coup sûr. Par contre, il me semble que sur une de ses répliques, Amélia passe au tutoiement en s'adressant à lui, alors qu'elle le vouvoie le reste du temps.
Et aussi à la fin, j'ai repéré un "il ouvra" au lieu de "il ouvrit".
Je suis intriguée par la mère d'Amélia et aussi par Azriel, qui a l'air de s'ennuyer. Serait-il malade ou infirme ?
Bref, ton histoire commence bien et ta plume est très agréable à lire.
Je continue
C'est vrai que je me suis inspiré du chemin de Traverse, j'adore l'univers de Harry Potter et la lecture des livres m'a pas mal aidé je dois dire !
Merci pour les coquilles, je les corrigerai dès que possible >_< !!
Pour ce qui est de Azriel et Azura, je te laisse le plaisir de les découvrir ;)
À bientôt !
L'univers que tu as créé est incroyablement riche et on prend plaisir à le découvrir aux côtés d'Amélia. J'aime beaucoup ta plume, elle est fluide et agréable et rend l'histoire encore plus attachante ! :)
Merci pour ton commentaire, ça me fait plaisir ^^ en espérant que la suite te plaise !
Cette histoire ma devenir mon petit break quotidien je crois :D
J'ai hâte d'en découvrir plus sur cet univers, et sa mythologie, avec la déesse Aurora, m'a l'air tout à fait intéressante ! :)
J'ai récupéré des petites coquilles :
- Oui, c’était certains, (=certain. Jamais de -s) Azura Moonfall n’aimait pas voir sa fille prendre le soleil comme une personne ordinaire, se cacher sous une ombrelle était beaucoup plus digne d’une jeune fille de bonne famille. (répétition de "fille")
Voilà, voilà !
Hâte de lire la suite !
Pluma.
Merci pour les coquilles, je ne les avais pas vu, je cours les corriger de ce pas ! x)
Je suis contente de voir que mon histoire te plaise ^^
A bientôt ! :)
Ce passage inspire la bonne humeur avec toute ces couleurs !
Je trouve Mr Grimm très sympathique mais il réagi très bizarrement avec le jeu de carte.
J'ai le pressentiment qu'il va arriver quelque chose avec ce jeux de carte qui me fait penser à celui des voyantes .
J'espère qu'il ne vas rien arriver à Azriel et que Emily ne va pas trop souffrir !
C'est vrai qu'il est particulier, mais je n'en dirait pas plus, tu le découvriras par toi-même plus tard ^^ En attendant, il est vrai que je me suis inspiré du jeu de carte du Tarot de Marseille pour l'inventer, je dois d'ailleurs dire que sa création m'a bien amusé x)
Pour ce qui est d'Azriel et Emily, je te laisse poursuivre ta lecture ;)
A bientôt !
Un bien joli chapitre plein de bonne humeur et de légèreté !
On retrouve un peu d'inspiration Harry Potter (mais quand on écrit avec la magie je pense que cela est un peu inévitable maintenant) mais en gardant ta propre identité !
J'aime beaucoup l'idée que les sortilèges ne sont pas parfait :)
J'ai bien aimé aussi voir le lien qui existe entre la petite sorcière et la fée !
L'annonce de la mort de son amie risque d'être vraiment difficile...
Merci pour ton commentaire, c'est vrai que je m'inspire un peu de Harry Potter, mais il faut dire que j'adore cet univers. Et je trouvais plus amusant de voir des essais raté avec la magie, ça fait un peu plus réaliste que si tout le monde réussi tout ce qu'il ou elle fait tout de suite.
J'espère que la suite te plaira autant !
Merci, j'adore le personnage de Grimm aussi, c'est un inventeur farfelu comme je les aime !
Je suis contente que mon monde te plaise (en tout cas pour le moment !). Je sais que je peux me répéter au niveau des noms de rues ou de quartiers, pour l'instant je n'ai pas encore trouvé comment arranger les choses, mais l'histoire est encore en cours donc j'ai le temps de trouver. x)
Quant à la suite, j'ai hâte de vous la présenter !