Chapitre 1 Le maître et l'apprenti

1.

— Loriel —

    
      Loriel enfilait son veston en cuir léger que des heures de travail acharnés lui avaient permis d’acheter. Elle savait qu’au fil des années il finirait par ne plus lui aller, son corps allant se modifier avec l’âge. Surtout que cela avait déjà commencé. Elle serra la lanière à l’instant où son frère entrait dans sa chambre le regard perdu sur le corps endormis de leur plus jeune sœur. Dans un silence de connivence ils se mirent d’accord et sortirent. À son réveil, leur mère trouverait une lettre soigneusement rédigée par son frère qui expliquerait qu’ils étaient partis leur trouver de l’argent pour mieux vivre. C’était vrai. Néanmoins, il lui épargna les subtilités de leur plan.
     Du haut de ses treize ans, Loriel était capable de beaucoup d’adresse et tenter encore de développer son agilité. Elle se hissait dans les recoins les plus exiguë en se vantant toujours auprès de son frère dont la carrure de forgeron avait épaissi les épaules. C’était aussi son espoir, par son voyage,  de perdre la masse de ses muscles qu’il trouvait bien moins pratique que la félinité d’un épéiste émérite.
     Ils traversèrent les rues faiblement éclairées du quartier des remparts pour se rapprocher tout doucement des allées du château. Ici l’animation résonnait encore. Aucun bourgeois n’avait besoin de se coucher une fois le soleil coucher. Leur travail consistait à veiller sur leur subalterne et les revenus qui leur apporterait. Dans ses avenues pleines d’effervescences, les mercenaires, les tueurs, les voleurs étaient rares, car la guerre des clans ne se jouait que sur les possessions des plus grand.
     Un goût de bile parvint à Loriel qui détourna les yeux pour ne pas se jeter sur l’homme qui se laissait vomir pour retourner se goinfrer au buffet le plus proche. L’air environnant transportait les voix fortes, les rire moqueurs et la satisfaction de ces gens à tenir avec fermeté le collier qui enserre les pauvres comme Loriel et son frère. De l’esclavagisme pur et dur, crié haut et fort.
​​​​​​​     En son cœur, Loriel espéra que jamais sa sœur et sa mère ne deviendraient comme cela, si elle leur envoyait assez d’argent pour ne plus vivre dans les bas-fonds de la ville. Elle se hâta au geste de son frère, se glissant dans une rue entre deux maisons. Moins de lumière, juste ce qu’il fallait pour leur permettre d’avancer.
​​​​​​​     — Dathaan si nous échouons…
​​​​​​​     Son frère l’empêcha de prononcer un mots de plus. Apeurée à l’idée de voir toute son existence s’éteindre pour un échec, elle remettait en question tous les arguments qui l’avaient fait voter pour cette mission.
​​​​​​​     — Nous n’échouerons pas, Loriel. Car dès que nous aurons mis la main sur le livre, nous exaucerons nos vœux et plus rien ne pourra nous faire de mal.
​​​​​​​     Il avait attrapé ses mains pour la réconforter d’un geste tendre. Sa sœur se demanda s’il la manipulait pour arriver à ses fins ou s’il prenait ses craintes en considération. Néanmoins, elle se ressaisit, car cela faisait plus de six mois qu’ils préparaient leur coup. Elle ne pouvait décemment pas tout faire échouer à la dernière minute.
​​​​​​​     Dathaan toqua cinq fois sur une porte. Dans la pénombre de la ruelle, ils étaient protégés du passage et des regards indiscrets. Le battant s’entrouvrit et l’éclat d’un lampadaire se refléta dans le verre d’une paire de lunette. Loriel se positionna entre elle et l’avenue pour empêcher la lueur d’être aperçu. Et alors que son cœur battait à tout rompre, elle suivit son frère dans le bâtiment.
​​​​​​​     Dès que le filet de lumière s’éteint, une flamme se mit à briller sur une bougie. Un homme chétif au nez fin et pointu leur fit face. La méfiance qu’elle put lire à travers son regard l’entraîna vers l’arrière. Une main sur son ventre, elle était prête à se saisir du petit poignard accroché à sa ceinture, mais son frère l’en dissuada.
​​​​​​​     — Allons, il est notre porte d’entrée et de sortie ! annonça-t-il la voix grondante.
​​​​​​​     Elle se recula encore d’un pas, étourdie par le ton sec de Dathaan, mais ne s’enfuit pas. Les bornes avaient été franchi et elle pria intérieurement pour que leur hôte ne les mît pas dehors.
​​​​​​​     Son frère et lui commencèrent à parler du plan dont elle ignorait une partie pour préserver le secret en cas de capture. Tout avait été prévu au millimètre prêt. Le risque était trop grand. Qui pourrait croire, qu’eux quelques enfants esseulés des quartiers des remparts seraient capables d’un tel acte ? D’une telle intelligence ? Ils parlèrent longuement, comme il devait être prévu dans le plan et elle n'en retint qu'une seule chose, le nom de ce garçon inconnu, Edmunt.
​​​​​​​     — Loriel ?
​​​​​​​     Elle se concentra sur eux et hocha la tête. Cet appel n’était que le signal de départ. Elle leur emboîta le pas à travers une cuisine aussi grande que sa propre maison, puis un cellier qui regorgeait de denrée en tout genre. Elle se retient d’attraper un fruit au passage, consciente qu’il serait l’instigateur de leur perte.
​​​​​​​     —Bien, si vous n’êtes pas de retour comme prévu à quatre heures, je fermerais la trappe et vous resterez dans les souterrains, informa le garçon chétif qui soulevait un pan de bois grinçant.
​​​​​​​     Loriel observa le trou sans fond qui s’enfonçait dans les profondeurs de la ville tout en frissonnant. Si on lui avait dit un jour qu’elle parcourrait les égouts, ou les catacombes de la ville, elle aurait ri au nez de cette personne. En ce jour, elle descendait pour le plus grand coup de tous les temps. Peut-être courait-elle à sa perte.

​​​​​​​     Loriel sortit d’une porte dérobée, une domestique la guidant à travers les couloirs immenses et labyrinthique du château. Sans elle, elle se serait perdue et elle remerciait sans cesse son frère d’avoir pensé à un guide. Les indications fusaient aussi rapide que difficile à assimiler et elle se questionna soudain sur ce que cette femme avait à y gagner. Cherchait-elle, elle aussi, à toucher le livre pour obtenir un don ?
​​​​​​​     Après un dernier détour, elles entrèrent dans une laverie où, séparait en deux tas distincts, s’amoncelaient des vêtements de service.
​​​​​​​     — Ton nom doit-il resté secret ? s’inquiéta la jeune adolescente bien incapable de continuer à l’appeler « la domestique ».
​​​​​​​     — Oui.
​​​​​​​     Loriel se contenta de hocher la tête et attrapa le tablier qu’elle lui lança. La femme l’aida à l’enfiler la serra convenablement et la voleuse compris en s’observant dans un vieux miroir noircit de salissure qu’il cachait parfaitement son plastron de cuir.​​​​​​​
​​​​​​​     — Attachez encore vos cheveux avec ça et vous passerez inaperçu aux yeux de la plupart des nobles de ce palais. Pour ce qui est des autres travailleurs, j’en fais mon affaire.
​​​​​​​     Le ruban ajusté de volant ramena ses cheveux coupés au carré en arrière. Habituellement, elle se battait pour qu’ils balayassent son visage d’une manière qui irritait sa mère. Ce n’était pas une coupe pour travailler aux cuisines. Entre les cheveux qui risquaient de tomber dans la nourriture ou le risque de se couper un doigt en ne voyant plus rien, les arguments étaient nombreux. Néanmoins, Loriel parvenait à en accepter la plupart, mais se moquer bien du premier, ajoutant que si un noble devait se retrouver avec l'un d'eux en bouche, ce ne serait que justice.
​​​​​​​     Elle continua de suivre sa guide jusqu’à l’embranchement où elles devaient se séparer. Après lui avoir partager toutes les informations elle s’éclipsa laissant une Loriel qui n’avait pas réussit à tout saisir. Le cœur battant, la jeune fille tendit une main dans le couloir, mais il n’y avait plus personne. Elle se décida donc d’aviser, se précipitant vers la porte désigner pour y découvrir la salle des expositions. Ces sens en alerte, bien que peu développés, elle attendit avant de s’enfermer dans un glissement léger. La porte se referma derrière elle. Son geste fut si doux qu’elle ne perçut aucun cliquetis quand la clenche s’activa.
​​​​​​​     Avec fierté, elle se tourna vers la pièce plongée dans le noir. Son cœur gonflé perdit toute sa chaleur à mesure qu’elle percevait son échec d’adaptation. Rien, même les fenêtres aux rideaux écartées ne laissaient passer aucune lueur et elle s’interrogea mille fois sur une solution. Si elle prenait le risque d’effectuer un pas, que percuterait-elle ? Ou peut-être un tapis mal placé la ferait trébucher. Au fil des secondes, son sang se glaça et elle réfléchit à une solution. La domestique lui avait donné tellement d’indication qu’elle se douta que l’information se fut perdue. Les mois de préparations acharnées lui parurent vaine et elle se questionna sur la stratégie de son frère qui s’était reposé sur ses capacités de mémorisation. Il venait de faire une erreur.
​​​​​​​     Immobile plusieurs minutes, elle se reprit consciente que le temps continuait de tourner. Avec trop de retard, elle prenait le risque de rester enfermer dans les souterrains de la ville et ça, elle ne pouvait s’y résoudre. Loriel tendit ses bras devant elle pour tâtonner un chemin, avant de s’arrêter. Elle récupéra précipitamment ses gants dans le petit sac en bandoulière avant de commettre l’erreur de toucher le livre qu'elle cherchait. Puis, elle avança. Sa main trouva un premier meuble, un bibelot en forme de courge qui lui sembla lisse sous le cuir. Elle le contourna et continua ainsi de chercher à l’aveugle. Après ce qu’elle conclut être plusieurs vitrines, elle s’arrêta devant une des fenêtres. Son œil attiré par les lueurs des lampadaires s’immobilisa. Elle s’offrit une longue inspiration et une fois son courage retrouvé, s’empressa de reprendre son larcin.
​​​​​​​     Plus d’une vingtaine de minute et cinq gros livres épais trouvé. Elle déduisit le temps en comptant les secondes avec moins d’exactitudes qu’une horloge. Le temps ne patienterait pas après elle et piétinant sur place, elle se força à se remémorer le chemin parcourut avec la domestique. Une à une, elle tenta de se souvenir de chaque parole, puis de les replacer dans leur ordre. Toutefois rien n’y faisait, une partie du milieu lui échappait.
​​​​​​​     — La faute à ces stupides tableaux horribles, bougonna-t-elle.
​​​​​​​     Elle déboutonna les deux lanières de son sac. Ses doigts agiles y saisir une chandelle et une boîte. C’était son dernier recourt, l’ultime qu’elle avait pris sans même en parler à son frère de peur qu’il ne lui reproche la dangerosité de cette incartade. Car nul doute que dans cette pénombre, la moindre flamme de bougie se verrait depuis les fenêtres.
​​​​​​​     La source de lumière posée sur la commode devant elle, elle gratta une allumette, d’abord dans le mauvais sens. Ce fut dans un soupir de fatigue contre sa propre bêtise, qu’elle la retourna, éclairant une tapisserie cramoisie sous la lueur orangée. La tige s’enflamma dans un crépitement de cire fondue. Précipitamment elle secoua le bois enflammé, mit son doigt et son index dans sa bouche et s’assura qu’aucune flamme ne risquerait de mettre le feu à son sac où elle jeta sa boîte et l’allumette éteinte.
​​​​​​​     Ses mains encerclèrent la chandelle et elle pivota sur elle-même, tentant toujours de cacher la flamme par son corps. Heureusement pour elle, les cinq livres se trouvaient loin des fenêtres et elle bloquait la vivace lumière. Néanmoins, elle savait que son scintillement se reflétait sur le mur d’une couleur bien trop vive pour passer inaperçu, ainsi ne tarda-t-elle pas quand la couverture d’un prune brillant se démarqua des autres.
​​​​​​​     Il brillait autant que dans les légendes et l’entrelacs des dorures n’auraient trompé personne. Rapide, elle souffla sur la flamme et s’empara du livre qu’elle casa avec grand soin dans son sac. Sa satisfaction gonfla en elle. Prise d’une excitation qu’elle eut du mal à contrôler, elle jeta presque la bougie éteinte à sa suite et se recula jusqu’à rencontrer le mur aux fenêtres. C’est à ce moment précis que des pas se manifestèrent bien qu’un tapis épais recouvrait le couloir. Une lumière s’approcha de la porte dévoilant les voix d’inconnus souhaitant entrer dans la pièce.
​​​​​​​     Loriel se souvenait que deux portes donnaient sur deux autres pièces et elle se précipita à sa droite juste à temps refermant la porte quand l’éclat jaillissait. Il ne leur faudrait peut-être qu’une minute pour s’apercevoir de la disparition du livre des dons. Les jambes tremblantes, elle se colla au mur et se prit un meuble. Elle aurait pu hurler de terreur si elle n’avait pas contenu sa surprise. Quand elle se glissa contre ce dernier, elle se figea. Un homme se tenait debout dans la pénombre une étrange pipe dans la main. Il la fixait avec un calme qui la pétrifia. Cette fois, elle était perdue.
​​​​​​​     Alors qu’elle cherchait un moyen de s’en sortir, mais que son cerveau refusait d’accéder à sa requête, elle constata qu’il se contenta d’hocher la tête, puis de lui tourner le dos. Ainsi, quand un cri d’alerte résonna dans la pièce d’à côté, elle s’étonna de ne pas le voir bouger. Il continuait de fumer sans se soucier de son environnement.
​​​​​​​     Loriel bondit sur ses pieds, sortit de la pièce et courra à travers les couloirs jusqu’à la porte dérobée où l’attendait la domestique. Cette dernière l’assassinat d’un regard, ne pouvant s’empêcher de lui reprocher son retard, mais aussi son échec.
​​​​​​​     — Hâtons-nous, ils ne penseront pas tout de suite à fouiller chez les domestiques, ça nous laisse une fenêtre pour agir.
​​​​​​​     La question ne se posait même pas, l’orgueil du roi et de sa famille était si grand, qu’ils accuseraient d’abord un homme de leur rang, ou un membre un peu en dessous. Leur pouvoir était, pour eux, suffisamment puissant pour empêcher qui que ce soit de tente un vol. Ils se trompaient et Dathaan avait lui-même pris en compte cette information.
​​​​​​​     — Il y avait un homme dans la pièce d’à côté, il m’a vu.
​​​​​​​     La domestique se retourna imperceptiblement, mais assez pour que Loriel vit se dessiner la haine sur son visage.
​​​​​​​     — Côté ouest ou est ?
​​​​​​​     — Ouest.
​​​​​​​     — Espérons pour toi, qu’Athemar de Cintyre ne te dénonce pas. Ce n’est pas dans les habitudes du mercenaire de se mêler des affaires qui ne le regarde pas, mais l’on raconte qu’il ne dit jamais non à une bourse bien remplie.
​​​​​​​     À la fin de ses mots elles arrivèrent devant la trappe qui ramènerait Loriel vers son frère.
​​​​​​​     — Si je venais à me faire emprisonner, je vous dénoncerais sans me soucier de l’argent que vous me devez.
​​​​​​​     La voleuse aurait voulu rétorquer une phrase bien trouvée, mais le ton si froid de la femme face à elle lui cloua les lèvres. Tremblante elle posa un pied sur le premier barreau et commença à descendre ne réalisant qu’une fois l’ouverture refermée, qu’elle possédait toujours la guenille des domestiques sur elle. Impossible de déposer une preuve ici, elle devait filer avec.
​​​​​​​     Le martèlement de son palpitant résonnait jusqu’à ses oreilles alors qu’elle courait à travers le dédale pour rejoindre son frère. Elle se bénit d’avoir été si attentive et d’avoir tant réviser avant leur coup. Quand elle atteignit enfin le dernier virage qui la mènerait à son frère, elle ralentit à l’affut d’un poursuivant. Rien. Seul l’eau qui s’écoulait et les torches crépitantes troublées le silence profond.
​​​​​​​     Loriel s’accorda une minute pour reprendre son souffle et trouver ce qu’elle annoncerait à son frère. Rien ne lui convenait, elle sentait la pression grimper en flèche et sursauta à son interpellation.
​​​​​​​     — Je t’entends courir depuis au moins cinquante mètres, je sais que tu es derrière le mur, qu’attends-tu ?
​​​​​​​     — Quelqu’un est rentré dans la pièce quand j’en sortais. Il n’a pas tardé à lancer l’alerte, débuta-t-elle espérant que la résonnance de ses pas masquerait ses mots.
​​​​​​​     — Tu es sûre qu’ils ne t’ont pas vu ?
​​​​​​​     Elle hésita. Ce fut la minute de trop pour Dathaan qui perdit la jovialité habituelle de son visage. Ses traits toujours amusants, peint d’un sourire qui ne disparaissait jamais s’assombrirent.
​​​​​​​     — Eux… certaines.
​​​​​​​     Il décroisa les bras et se tourna face à elle.
​​​​​​​     — Eux ?
​​​​​​​     Cette fois, Loriel joint ses mains face à elle triturant ses doigts avec tant de force qu’elle manqua de se blesser.
​​​​​​​     — La domestique m’a dit qu’un homme nommait Athemar de… je ne sais plus son nom m’a vu. Mais qu’il y avait peu de chance qu’il se mêle de cette histoire.
​​​​​​​     Elle tenta de poursuivre pour raconter plus en détail sa rencontre fortuite, mais son frère perdit son calme. Sombre, il lui intima de se taire et l’obligea à le suivre en silence.
      Dathaan se taisait toujours quand il était en colère et Loriel n’aimait pas ça. C’était peu souvent tourné contre elle, mais quand cela se produisait, des vagues électriques lui parcourait la peau et son estomac s’alourdissait. L’angoisse était la pire des sensations. Elle se tassa un peu sous le poids de ses épaules à mesure qu’ils se rapprochaient de la sortie.
     Au fond, elle lui en voulait d’agir ainsi. Elle ne pouvait rien prévoir de tout ce qu’il s’était passé. C’était un enchaînement d’action sur lesquels aucun d’entre eux n’avait de contrôle. Elle avait été discrète, le plus possible, mais elle n’avait pas le pouvoir de se rendre invisible. Alors qu’attendait-il d’elle ? Qu’elle devine que quelqu’un allait venir dans la salle des expositions à ce moment précis ? Qu’elle devine qu’un homme se cacherait dans la pénombre dans la chambre attenante ? C’était injuste.
     — Monte, dépêche-toi ! gronda son frère.
     Elle agrippa les barreaux et sortit dans le cellier où le garçon à lunette l’observait d’un œil scrutateur. Au fond de ses iris, elle crut percevoir une haine tout aussi forte que pour la domestique. Si même le bas peuple en venait à s’entredéchirer, il n’y avait plus rien à faire pour les sauver. Loriel avisa les feux de cheminée qui crépitait, prête à y jeter le livre. Elle leur montrerait à tous que personne ne méritait d’évoluer, car au rang social le plus bas l’hypocrisie était la même. Et incapable de s’entraider pour autre chose qu’un gain personnel, aucun d’entre eux ne devrait avoir le droit au livre des dons.
     — L’alerte a été sonné, mais personne ne vous arrêtera. Les nobles sont interrogés les uns après les autres et nous sommes trop loin du château pour qu’ils arrivent avant demain matin. Vous avez de la chance.
     Edmunt accompagna sa dernière phrase d’un mouvement dédaigneux envers Loriel qui serra sa prise contre elle. Trois gestes, ouvrir, sortir, jeter et on oubliait cette histoire. Les égoïstes ne méritaient pas de sortir de leur misère.
     — Très bien. Je pense que tu veux toucher le livre maintenant ?
     Le garçon secoua la tête, déplaçant ses lunettes qui descendirent le long de son nez. Il les repositionna.
     — Non, cette après-midi sous l’arbre des vierges, comme prévu.
     Dathaan hocha la tête et s’empara du bras de sa sœur, la tirant comme une malpropre jusqu’à l’extérieur.
     — Dans ce cas, à demain.

 

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Loup pourpre
Posté le 21/10/2022
Beau début d'histoire qui repose déjà sur quelques questions et place ainsi l'intrigue. Je trouve la retrouve la relation fraternelle entre Dathaan et Loriel très touchante mais assez peu développée. De toute façon, ce n'est que le début. Fais juste attention, il y a quelques fautes d'orthographe. Bonne écriture de la suite.
Eva Leprechaun
Posté le 25/10/2022
Merci pour ton retour !
Désolée pour les fautes, c'est vraiment ma bataille depuis plus de dix ans et c'est la compétence dans laquelle je prends le plus de temps à m'améliorer ^^' !
Loup pourpre
Posté le 26/10/2022
Et ouais, on est tous comme ça. Il y a toujours une coquille qu'on ne voit pas. En attente de te lire. :)
Lau_doria
Posté le 20/10/2022
Bonsoir!

J'ai été intéressée par le résumé de ton histoire, il promet de belles aventures!
Ce premier chapitre démarre en plein dans l'action, ce qui est agréable. On sent que l'issu de "ce coup" va réellement démarrer l'histoire. Tu nous mets directement dans une ambiance assez angoissante, on sent que l'enjeu est fort: j'espère que nous en saurons plus bientôt!

Concernant le contexte, tu livres peu d'informations sur le lieu/la période où on se trouve, ce que je trouve un peu frustrant, mais tant mieux : ça donne envie de lire la suite.

D'un point de vue personnel, j'aurais aimé d'avantages de dialogues, particulièrement entre Loriel et son frère pour comprendre mieux la relation qui les unit, et aussi pour que Loriel se personnifie encore plus. Cela dit, les descriptions de ses pensées sont adroites. C'est judicieux d'avoir écrit de son point de vue.

Bonne continuation et à bientôt!
Eva Leprechaun
Posté le 20/10/2022
Merci beaucoup pour ton retour !
Cearcall est une de mes histoires passe-temps pas vraiment un roman dont je travaille le fond ! J'espère quand même arriver à te séduire avec.
Pour ce qui est des dialogues, je l'avoue, je n'en suis pas friande et en utilise peu, excuse moi d'avance ! ^^
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