Avec toute la discrétion dont elle pouvait faire preuve, Aelita ferma la porte du bureau du directeur. Les mêmes regards. Les mêmes murmures. Les nouvelles allaient vite.
Les a-t-il vraiment empêchés d’entrer ?
Un coup d’œil à travers les vitraux, entre les arches du mur, lui dévoila en contrebas une foule prête pour la cérémonie des proclamations. Devant une estrade, des rangées de chaises s’alignaient sur un sol de pavés de pierre, séparées par un couloir central recouvert d’un tapis rouge. Le tout était encerclé par des piliers, aux abords de la cour, soutenant un toit en biseau au-dessus de la tête de centaines d’élèves déjà en vacances, réunis pour observer le départ de leurs aînés fraichement diplômés.
Heureusement, aucun des Mauvais Magiciens Alliés de Lygnika ne se trouvait parmi l’amoncellement de manteaux, d’habits luxueux et de chapeaux grandiloquent. Aelita aurait immédiatement reconnu leurs capes bleues surlignées de dorures.
Le directeur ne lui avait pas menti. L’Académie resterait neutre.
Je dois fuir.
Ses longues bottes, d’un blanc éclatant, se mirent en marche d’elles-mêmes. Leurs clapements, sur le sol de dalles blanches cadrées de noir, émergaient à peine du bruit des conversations. Quelques rires moqueurs se manifestaient à son passage. En réponse, Aelita feignait une indifférence faussée par les larmes lui montant aux yeux dès qu’elle croisait le regard de la personne. Toute cette attention accentuait les quelques tâches de rousseurs autour de son nez, en plus de lui donner l’irrésistible envie de plaquer la capuche de sa cape de voyage sur sa tête. La structure de son chignon, avec ses mèches blondes entrelacées sur les côtés, n’en serait sûrement pas resortie indemne, mais elle pouvaient bien aller à En’kor, le démon de la fin des temps. Elle n’en avait que faire.
Concentre-toi. Ne fais pas attention à eux. Concentre-toi.
La grande porte lui était exclue. Les sbires du MMAL l’attendraient en masse. Malgré leur acronyme ridicule, soi disant pour donner l’impression que l’on begaie à leur simple mention, il n’en restait pas moins cruels et puissants.
L’option grand plongeon d’une fenêtre ne sonnait guère mieux à ses oreilles. Aelita ne connaissait pas la hauteur du gargantuesque roc sur lequel était bâtit l’Académie. Haute aurait été au mieux une insulte, très haute une bonne blague. En revanche, une certitude rendait toute réponse inutile : elle ne maîtrisait pas assez la lévitation pour ne pas finir aplatie, ou embrochée sur l’un des innombrables arbres de la forêt du Dernier Soupir.
Un jeune homme surgit devant elle, le visage dissimulé par un bras recouvert d’une pèlerine blanche. Il portait un pantalon blanc surplombé par une chemise sous un gilet de costume de même couleur. Autour de son cou était noué une cravate rouge.
— Le MMAAAAAAAAL te salut ! s’écria-t-il en balayant l’air de sa pèlerine.
Sa raillerie fut suivie par les gloussements aigus de trois jeunes filles, puis le petit groupe continua son chemin en discutant joyeusement. Aelita n’y prêta pas attention, trop heureuse de ne pas lui être rentrée dedans. Ce genre d’événement n’était jamais en sa faveur.
Une cloche sonna, tel le crissement d’un millier de cristaux. En réponse, un mouvement de foule s’enclencha. Les conversations gagnèrent en entrain, agrémentées de centaines de bruits de bottes semblables à celui d’une armée allant au combat.
Aelita se sentit gagnée par un bref sentiment de soulagement. Plus personne ne se préoccupait d’elle. Un point favorisé par sa petite taille couplée à son incroyable capacité à avoir l’air le plus banal possible. Du moins, quand les événements ne la mettaient pas en lumière. Pas une tache ne maculait le blanc de sa robe courte sans un pli, ou celui de son pardessus tombant jusqu’à ses chevilles. Leurs coutures, d’un rouge éclatant, marquaient un contraste commun à tous ceux portant l’uniforme de l’Académie.
À peine quelques secondes plus tard, la peur se raviva comme si elle ne l’avait jamais quitté. La cérémonie était sur le point de commencer. Le compte à rebourd était lancé. D’ici exactement une heure et cinq minutes, le directeur en personne la jetterait dehors. Présente ou non, à sa fin, elle serait officiellement une magicienne, et selon ses propres mots, les magiciens n’avaient rien à faire dans son académie, en dehors d’assister à la cérémonie. D’autant plus si une armée de sbires félons l’attendait pour l’enlever, et se servir d’elle comme moyen de pression sur le plus puissant et terrifiant magicien du continent.
On ne plaisantait pas avec la neutralité de l’Académie.
Progresser devint plus difficile. Aelita se fraya un chemin jusqu’à une ouverture bombée donnant sur un escalier circulaire, malgré les bousculades et malménagements de la foule. D’autres élèves s’y précipitaient, avides d’obtenir de bonnes places, ou à minima, un endroit où ils pourraient apercevoir l’estrade.
L’un d’eux lui envoya son coude dans la figure en voulant passer.
Elle heurta la tranche de la porte. La douleur irradia sa pommette. Le reste de son visage dégagea une chaleur semblable lorsqu’elle remarqua le regard noir du garçon l’ayant percutée, immobile, contourné par les autres. Il faisait presque deux têtes de plus qu’elle, et ses traits indiquaient qu’il devait avoir quelques années de moins.
Par automatisme, Aelita baissa les yeux :
— Pardon.
Le brouhaha dut empêcher quiconque d’entendre sa petite voix ; néanmoins, il sembla comprendre ses excuses, même si son demi-sourire indiquait qu’il n’en était pas tout à fait satisfait. Dans tous les cas, l’afflux de monde eut raison de ses positions et l’emporta, l’empêchant de manifester un hypothétique mécontentement.
Aelita profita d’un bref flottement dans la cohue pour s’immiscer à travers l’ouverture. Son regard croisa celui de deux silhouettes familières, alors qu’elle les effleurait. Leurs dents eurent tout juste le temps de se dévoiler avant qu’elle ne les dépasse.
— T’as raison. Dépêche toi, débile, s’écria une voix masculine. T’as tes amis qui t’attendent. Plus vite à la cérémonie, plus vite sortie !
Un courant d’air agita violemment sa capuche ainsi qu’une partie de sa cape, alors que plusieurs de ses condisciples s’esclaffaient.
— C’est comme ça qu’on fait pour faire de la magie, espèce de danger public, se moqua une autre. La prochaine fois que tu feras sauter quelque chose, fais en sorte que ce soit toi. Je sais même pas comment t’as fait pour finir le cycle.
— Pff, il n’y a pas de mystère, reprit la première. C’est son oncle qui a dû faire pression.
Du coin de l’œil, Aelita aperçut la vague d’effroi traversant les visages d’Ahkis et Romulus, deux garçons de sa classe, et de ceux à portée de les entendre. Il en était toujours ainsi lorsque l’on évoquait l’existence de son oncle, Frederich Darkhar, dit l’Héritier d’Azathal, le dieu traître de la puissance.
Jusqu’à ce qu’elle eut franchi le palier suivant, et que de nouveaux élèves s’ajoutèrent à eux, il n’y eût plus que le bruit de leurs pas combiné au son plus éloigné des conversations. Le Cataclysme restait ancré dans les mémoires, même si aucun élève de l’Académie n’était en âge de s’en souvenir. La quasi destruction des magiciens, et la disparition d’une civilisation laissaient des traces. D’autant plus quand son histoire était enseignée lors de cours qu’Aelita aurait décrits comme les moments les plus gênants de sa vie.
Aelita aurait tout donné pour être aussi crainte que son oncle. Peut-être les autres élèves l’auraient-ils laissé tranquille. Peut-être le puissant et terrifiant Frederich Darkhar, l’Héritier d’Azathal, le Voleur de magie, se serait intéressé à elle, au lieu de la cloitrer dans cette fichue académie sans lui donner la moindre nouvelle en onze ans. Mais était-ce vraiment ce qu’elle voulait ? Après tout, c’était à cause de lui que ses parents étaient morts.
Il demeurait, malgré tout, la seule famille qui lui restait.
Le rez-de-chaussée apparut. Aelita poursuivit sa descente, à contre-courant. Un comportement loin de passer inaperçu :
— Qu’est-ce tu fais, la nulle ? La cour, c’est dans l’autre sens ! s’exclama une fille dont l’élégante queue de cheval lui fouetta le visage à son passage.
— T’inquiète, ils ne vont pas te tuer. Enfin, pas tout de suite. Quand ils comprendront que… qu’il s’en fout de toi, là… surenchérit celle derrière la fille à la queue de cheval.
Aucune de leurs paroles, ou de celles qui suivirent, ne parvint jusqu’au cerveau d’Aelita, focalisée sur sa descente dans les innombrables sous-sols de l’Académie. Plus rien n’avait d’importance tant qu’elle pouvait atteindre le dernier niveau. Niveau plus connu sous le nom du sous-sol des pleureuses.
L’une de ses mains s’aidait du mur, un mix de briques et de paroi rocheuse, et de la rambarde pour avancer sans être déséquilibrée. Pour seules lumières, des cages accrochées aux murs renfermaient de minuscules lucioles jaunes, plus lumineuses qu’une dizaine de bougies. Les ombres qu’elles créaient sur les visages de ses condisciples les rendaient plus effrayants qu’en temps normal, d’autant plus quand certains lui adressaient un sourire méchant, couplé à quelques politesses qu’elle n’avait pas plus décryptées.
Il y avait toujours eu des rumeurs concernant un passage secret pour sortir en douce de l’Académie, quelque part dans l’une de ses salles. Sa position approximative était connue de tous. Quant à celle exacte, malgré quelques vantards, personne n’avait jamais réellement prouvé la connaître. Son plan était simple : le chercher pour la deux cent millième fois, et en cas de bruit de pas, faire sauter la paroi dans le vain espoir d’y créer un trou capable de la laisser passer sans qu’une avalanche de rocs ne l’enterre. La deuxième partie du plan lui paraissait la plus compliquée.
Les derniers élèves disparurent en même temps qu’une partie des lucioles lumineuses sur les murs, de plus en plus orangées. Dix paliers plus tard, sa marche ne s’arrêtait toujours pas. Aelita n’aurait pu dire depuis combien de temps elles défilaient sous ses pas, comme à chaque fois. Cependant, à présent, elle avait la certitude que la cérémonie avait commencé. Peut-être même que les premiers nouveaux magiciens avaient été lâché dans la forêt, à la recherche d’un potentiel familier. Tant qu’elle ne les rencontrait pas eux, ou des représentants du MMAL, elle s’en moquait.
Cinq paliers plus tard, Aelita poussa une imposante porte en bois. À côté de son épaule, un point instable de couleur bleutée l’éclairait, invoqué dès l’instant où ceux sur les murs avait été trop fatigués par le temps pour dévoiler plus que leur hauteur.
Il n’y avait pas un bruit. Pas le moindre signe de vie. Les armures étaient couvertes de poussière sur leurs présentoirs, comme les cadres des tableaux représentant les différentes ères de Lygnika, fixés de part et d’autre du couloir.
Aelita connaissait chacun d’eux par cœur.
À maintes reprises, elle les avait examinés, dans le vague espoir de trouver le passage secret mènant à la forêt. Un acharnement qui était loin du fruit du hasard. Tout le monde connaissait déjà l’existance d’un autre passage prétendument secret donnant sur une salle, au même niveau. Il était d’usage de la dénomer la “salle des nuls”, en raison de la montagne d’objets cassés ou n’ayant jamais fonctionnés entreposés à l’intérieur, et les quelques élèves s’y rendant pour pleurer en paix.
Un pas après l’autre, le bruit de ses bottes se répercuta du sol de pierre jusqu’aux toiles d’araignées au plafond. Les portes étaient toutes ouvertes, certaines à demi sorti de leurs gonds. Des salles de classes, des réserves poussérieuses, une salle d’étude, rien d’anormal pour un niveau jadis occupé par des étudiants. Depuis la fin de l’ère de la Grande Chasse, et l’extermination de la majorité des démons, autrefois maîtres de Lygnika, le nombre d’apprentis magiciens avait chuté. Le métier de magicien s’était rapidement fait reléguer en voie pour les bourses pleines, ou pour les êtres aux pouvoirs naturels exceptionnels. La moitié des niveaux sous la roche de l’Académie n’étaient plus utilisés. Un point qui ne lui déplaisait pas quant on considérait leur fraicheur. Si elle n’avait pas eu ses collants, elle aurait sûrement eu froid.
Aelita s’arrêta au début du deuxième quart du couloir, face à un tableau sur lequel se trouvait une brume dense plongée dans un paysage en flammes. Deux gigantesques ailes la transperçait, couplés à deux yeux jaunes terrifiants, au centre de la toile. Le tout était entouré de démons plus horribles les uns que les autres.
— Puisse Azathal, dieu de la puissance, les détruire tous.
Le tableau disparut avec le pan de mur le supportant, laissant place à une pièce gigantesque remplie d’alambics posés sur des tables noyées de parchemins jaunis. Des étagères remplissaient les murs et formaient quelques couloirs, occupées d’objets métalliques aux allures d’expérimentations ratées.
Rien ne semblait avoir bougé depuis la dernière fois.
Aelita inspecta l’encadrure et ses alentours. Personne ne l’avait piégé aujourd’hui. La faute à la cérémonie, probablement.
Si un passage menait bel et bien vers l’extérieur, c’était ici. Elle en était persuadée. Toutes les autres salles avaient été fouillées trop minutieusement, aussi bien par elle que par les autres élèves, pour qu’il en soit autrement. Pourtant, lors de ses investigations dans la salle des nuls, aucun des murs présents ne lui avait laissé présager la moindre ouverture vers l’extérieur. Chaque partie de son anatomie ayant gardé une distance raisonnable avec le bric-à-brac sur les étagères, Aelita ne pouvait cependant pas qualifier ses fouilles d’approfondies. Jusqu’à maintenant, le risque de mourir lui était paru trop grand. À présent, la prudence pouvait aller se baigner dans une fosse de galliculus.
Aelita se précipita à une étagère avant d’analyser un premier instrument. Un autre suivit, puis encore un autre, scruté à chaque fois comme s’il renfermait un mécanisme caché pouvant ouvrir un trou dans le mur. À la place, ils n’offraient qu’un bruit tonitruant lorsqu’ils tombaient sur le sol, dénués de la moindre utilité notable. Ses odes et supplications envers Azathal, en parallèle, n’apportaient pas davantage de résultat.
ZIOUZIOUMMM.
— AÏE !
Son empressement faillit lui coûter les doigts de sa main droite. Une espèce de casque avec des lames capable de tourner sur elle-même s’était actionné, envolé, puis écrasé dans une table avant de rebondir à plusieurs reprises sur le sol et de retourner dans son immobilisme. À la place, une entaille nette avait ouvert la paume de sa main.
Aelita serra le poing afin de compresser sa plaie. Du sang en coulait tout de même avant de s’écraser sur le sol dans un “ploc” sonore.
La deuxième étagère, abordée avec plus de précautions, ne donna rien de plus que la première. Comme la troisième. Ici et là se trouvaient des prototypes d’armures, d’outils qui auraient pu devenir révolutionnaires avec plus d’acharnement, et quelques modifications. Cependant, rien de semblable à une clé secrète capable d’ouvrir une brèche à travers un mur de roche.
Un rapide calcul s’effectua dans sa tête. Au vu du temps passé, ainsi que des innombrables autres coins à fouiller, le plan B se transformait progressivement en plan A. D’un geste vif, elle retira un drap d’une forme ovale plus grande qu’elle, ce qui n’était pas compliqué. Un vieux miroir à l’encadrure d’un noir brillant se révéla en même temps que son reflet bleuifié par sa luciole. Ses mains tentèrent de le tourner pour observer l’arrière, mais ne parvinrent qu’à le tâcher de sang. Il était lourd, beaucoup trop comparé à ce qu’il le devrait. Aelita passa sa tête entre l’interstice de son cadre et le mur. Rien, mis à part le dos du miroir.
Le désespoir rendit ses épaules plus lourdes que son sac de cours rempli de tous ses livres. Au même moment, son cœur s’emballa, comme agité par une musique au rythme rapide et chaotique.
— Ce n’est pas possible, je ne la trouverai jamais.
Ses jambes titubèrent en arrière jusqu’à ce qu’elle rencontre une étagère, collée au mur, à demi-vidée par ses soins.
La cérémonie ne tarderait pas à s’achever, elle n’avait plus le choix. Elle devait prendre de l’avance. Elle ne pouvait pas se permettre d’attendre le dernier moment avant d’utiliser son ultime recours.
Avec toutes les peines du monde, Aelita agrippa le rebord de l’étagère, puis la poussa de toutes ses forces. Il lui fallut trente secondes pour la faire s’écraser sur le sol dans un bruit sourd. Ses mains tremblaient à cause de l’effort, ou de la terreur.
Les explosions, ça la connaissait. Pourtant, elle ne les produisait que rarement exprès. Un simple déséquilibre dans ses émotions suffisait.
Aelita recula à distance raisonnable du mur. Aucun indice ne l’indiquait comme moins épais que les autres. Après quoi, elle fit appel à sa colère, sa rancune cachée au fond d’elle. Alors que tout magicien qui se respecte aurait dû les contrôler avec minutie, elle les laissait, au contraire, grandir à leur guise, s’étendre jusqu’à devenir un monstre dans ses entrailles qui n’attendait qu’une chose : être relâché.
Un éclat, dans le coin de son œil, l’empêcha de tendre ses mains vers la roche. Les flammes enveloppées autour de ses doigts s’éteignirent dans de faibles glapissements d’agonie. Était-il déjà là ?
Sa cape virevolta avec son pardessus. Il n’y avait personne, d’ailleurs l’ouverture s’était refermée. Aelita fronça ses fins sourcils. La lumière venait de légèrement sur sa droite, à proximité du miroir. Ou plutôt, du miroir.
L’information mit un temps avant de parvenir jusqu’à ses synapses. Au lieu de son reflet, un jeune homme aux cheveux bruns en bataille se tenait devant une baie vitrée donnant sur un grand bâtiment de verre, plus loin. Son nez était droit, ses traits minces. Un élément la frappait particulièrement, outre son accoutrement des plus singuliers, avec sa veste en cuir et un pantalon dont elle n’arrivait pas à identifier la matière. C’était la série d’outils métalliques au niveau de son ventre, aussi étranges que celui qu’il tenait dans une main tandis que l’autre agrippait une sorte d’amas métallique complexe. Quant aux drôles de grosses lunettes plaquées sur le dessus de son crâne, elle doutait très sérieusement qu’elles lui permettaient de mieux voir.
Le jeune homme semblait l’apercevoir également. Dans le cas contraire, son reflet devait sacrément le captiver pour lui en décrocher la mâchoire.
Une inexplicable impression l’envahit, comme si elle le connaissait. Comme s’il était important. C’était parfaitement stupide. Impossible, même. À part Mibsy, son galliculus de compagnie, elle n’avait jamais eu un seul ami. Pourtant, une mystérieuse chaleur s’immisçait dans son cœur tandis que de petites créatures semblaient jouer avec ses entrailles dans une sensation aussi agréable que terrifiante.
Subitement, un bruit émergea dans son dos. C’était un glissement lourd combiné au réveil d’un mécanisme. Peu de temps après, un courant d’air vint l’effleurer, apportant avec lui le chant des oiseaux et l’odeur sucrée des feuilles des arbres de la forêt du Dernier Soupir. Plus qu’une impression, Aelita sentait des présences malveillantes suffisantes pour la paralyser.
— Attrapez-laaaaaaaaaaaa...
Quelque chose de chaud, extrêmement rapide, effleura son épaule avant d’exploser le miroir en une centaine de fragments.
Au prix d’un grand effort, Aelita fit volte-face. Un homme dans une cape bleu brodée d’or se tenait étalé sur l’étagère qu’elle avait renversé, non loin d’une ouverture d’où deux autres de ses comparses se précipitaient pour le redresser. Sa tunique, d’un bleu plus clair serti de doré, exhibait deux « M » entrelacés ne laissant aucun doute sur son affiliation.
Visiblement, contrairement à elle, les sbires du MMAL savaient comment ouvrir la sortie secrète de l’Académie.
Globalement, j’ai beaucoup aimé ce chapitre : il est bien rythmé, bien structuré, il y a du suspense et on a vraiment envie de découvrir la suite. Il y a un très bon potentiel !
J'ai eu un peu de mal au début sur certaines phrases un peu longues.
Au contraire, la deuxième moitié m’a paru bcp plus fluide, avec des phrases parfois très élégantes —par exemple : « Leurs dents eurent tout juste le temps de se dévoiler avant qu’elle ne les dépasse. »
Sinon, les informations sur l’intrigue sont données progressivement ce qui est bien, mais l’univers lui n’est pas caractérisé assez vite. Du coup j’ai eu des moments de flottement ou d’arrêt au fil de la lecture. Après ce n’est peut être que moi…
J’ai pris quelques notes en cours de route j’espère qu’elles pourront t’aider :
-À la question « Les a-t-il vraiment empêchés d’entrer ? », je me suis demandé « qui ça ? ». La réponse n’arrive que deux paragraphes plus bas, ce qui rend le lien moins évident à la première lecture — surtout que le paragraphe intermédiaire est très descriptif et demande une bonne concentration, donc on a le temps d’oublier le questionnement précédemment soulevé.
-« En’kor, le démon de la fin des temps » : j’aurais aimé un peu plus de contexte tout de suite. J’ai eu un peu de mal à cerner l’univers au départ.
-« Elle serait officiellement une magicienne, et selon ses propres mots, les magiciens n’avaient rien à faire dans son académie. » : j’ai eu un moment de flottement à cet endroit. J’imaginais que l’académie était justement une école de magie, donc je ne savais pas si cette phrase était ironique (dans le sens ou elle n’aurait plus rien à apprendre de plus ici), ou s’il y avait une subtilité qui restait à découvrir par la suite. (Bon j’ai compris par la suite qu’elle était justement discriminé pour ca, mais peut être qu’il faut donner l’info au lecteur par un autre moyen)
-« D’autant plus si une armée de sbires félons l’attendait pour l’enlever, et se servir d’elle comme moyen de pression… » : j’ai trouvé que cette information arrivait de manière un peu abrupte. Peut-être que si on comprenait au préalable un peu mieux l’univers, ce serait plus fluide ?
-Petit détail de forme : « se précipita à une étagère » → ce serait plutôt vers une étagère.
-"d’ailleurs l’ouverture s’était refermée." je sais qu'on cherche un passage, mais on parlait d'un éclat juste avant pas à proprement parlé d'une ouverture, donc ça peut faire un peu bizarre.
Enfin, une remarque un peu plus générale : en termes de tonalité et d’univers, j’ai ressenti un gros décalage avec le prologue. Le ton très décalé, presque parodique, du prologue m’a fait penser à Rick & Morty, tandis que là on est plus proche de Harry Potter.
Merci beaucoup pour ton retour très dense et complet. Ça va beaucoup m’aider ! :) Oui, en effet, tu as raison. Certaines phrases sont un peu longues et peuvent être améliorées. Je suis plus ou moins sur le premier jet, donc c’est encore largement perfectible.
Je serais curieux de savoir ce que tu appelles « un univers un peu plus caractérisé ». J’ai un peu de mal à cerner ce que tu veux dire exactement, même si j’ai quand même une idée. Tu pourrais développer davantage ce que tu veux dire par là, s’il te plaît ?
Pour tes notes (tu fais bien !), pour le premier point, la réponse à la question arrive un peu tard, en effet. Pour le second, tu pourras probablement m’éclairer avec la réponse à ma question d’avant. Concernant le troisième, c’est bien une académie de magie. Le sens de la phrase, en plus condensé, c’est que vu qu'elle aura son diplôme de magicienne(ayant passé les examens avec une note suffisante pour les réussir), elle devra partir et ne pourra plus se servir des murs de l’académie pour empêcher le MMAL de l’enlever. (même si elle ne savait pas avant ce jour qu’elle le faisait) C’était vraiment à prendre au pied de la lettre. On n’est pas sur une question de connaissance(bien qu'elle est sensée être réellement une magicienne à présent), juste que bureaucratiquement, le directeur n’accepte que les élèves en son sein (avec les professeurs, bien entendu), le reste c’est dehors. Peu importe s’ils sont pas prêts à la quitter pour diverses raisons ou s’ils sont en danger. Je sais pas si j’ai été clair.
"« D’autant plus si une armée de sbires félons l’attendait pour l’enlever, et se servir d’elle comme moyen de pression… » : j’ai trouvé que cette information arrivait de manière un peu abrupte. Peut-être que si on comprenait au préalable un peu mieux l’univers, ce serait plus fluide ?"
=> Oui, c’est vrai que ça fait un peu balancé au visage. C’est clairement à modifier.
"« "d’ailleurs l’ouverture s’était refermée." je sais qu’on cherche un passage, mais on parlait d’un éclat juste avant pas à proprement parler d’une ouverture, donc ça peut faire un peu bizarre. »"
=> phrase un peu ambiguë, en effet, puisque je parlais de l’entrée de la salle secrète, et non de la sortie secrète de l’académie.
"« Enfin, une remarque un peu plus générale : en termes de tonalité et d’univers, j’ai ressenti un gros décalage avec le prologue. Le ton très décalé, presque parodique, du prologue m’a fait penser à Rick & Morty, tandis que là on est plus proche de Harry Potter. »"
=> dans l’idée, mon objectif est d’avoir un ton décalé et plus loufoque pour la partie monde technologique, et un ton plus sérieux et mystérieux mais en conservant un côté humoristique pour le côté magique. Je voulais faire un double ton car cela me semblait plus approprié pour diverses raisons qui apparaîtront au fur et à mesure de l’histoire, en plus de différencier les mondes. Je sais pas encore si c’est une idée bizarre, ou non. Disons que je voulais expérimenter. x)
En tout cas, encore merci pour ton commentaire !
« les informations sur l’intrigue sont données progressivement ce qui est bien, mais l’univers lui n’est pas caractérisé assez vite »
Ce que je voulais évoquer c’est juste que le lecteur ait au préalable toutes les clés en mains pour qu’ils puissent mieux comprendre certaines remarques. Par exemple :
-Par rapport à l’Académie qui reste neutre, expliquer si elle l’a toujours été, et pk. Expliquer plus frontalement que cette neutralité la met directement en danger. Peut-être que l’héroïne s’est battue auprès du directeur justement pour ébranler cette neutralité…
Ou même insinuer que la neutralité est également une forme de choix finalement…
-Par rapport aux être du MMAL, est-ce qu’il s’agit de mauvais sorciers, de démons… Est-ce que c’est une organisation politique, sont-ils connus pour leur violence ou d’autres actions ?
-Peut être ça serait bien que l’Héroïne projette un peu plus ce que les êtres du MMAL pourraient lui faire
-Les autres élèves qui la croise et qui la moque. Peut-être que ça serait bien qu’il y en ait un, qui soit un peu plus caractérisé que les autres, il aurait pu par exemple lui faire subir plusieurs humiliations. Peut-être qu’il aurait pu lancer une rumeur ou lui donner un surnom. Implicitement le surnom ou la rumeur pourrait donner un peu plus d’information au lecteur, de pk elle est rejetée par les autres.
Au plaisir de lire la suite !