Chapitre 1 - L'origine du «complot»

Un jour, Lennon Benson se rendit à un voyage d’affaire. Il ne passait pas beaucoup de temps à la maison, chose qui avait une explication assez convenante. Le père de famille était à la tête d’une entreprise qui pesait près de quatre cents millions d’euros en bourse. Une puissance financière dont il en était, lui-même, à l’origine et qui l’avait toujours poussé à se méfier de ceux qui fréquentaient ses enfants.

Sa richesse était la principale raison pour laquelle Lennon avait personnellement tenu à régir l’entourage de ses rejetons. Il avait choisi de laisser son dernier enfant faire de l’eSport. Une activité qui allait l’empêcher de rencontrer le maximum de gens possible en dehors de l’écran et donc, d’éviter de faire de mauvaises rencontres. Il avait également bricolé l’entourage de sa dernière fille pour qu’elle ne puisse traîner qu’avec des enfants de bourgeois, tout comme elle. En ce qui concernait Mike, Monsieur Benson lui avait imposé le choix de sa fiancée, une fille issue de la noblesse et avec laquelle il n’y aurait aucun risque de fuite d’héritage. Et, pour ce qui est de Doriane, vis-à-vis d’elle, Lennon et sa femme ne nourrissaient que du mépris et de la pitié. On aurait dit qu’ils ressentaient une sorte de haine sans fin pour leur fille « pécheresse ».

Doriane, l’aîné de la famille Benson, avait implicitement renoncé à son droit d’aînesse en refusant de suivre le chemin que lui avaient tracé ses parents, en ne s’inscrivant pas dans le standard familial qu’ils avaient bâti. Contrairement à Mike, Doriane était la honte de la famille. C’était la raison pour laquelle, Lennon et sa femme avaient une dent contre le jeune homme. Ils voulaient faire de lui le top de la perfection mais l’influence  dite malsaine de sa sœur le consumait petit à petit, le détournant ainsi de ce que ses géniteurs appelaient le « droit chemin ».

Le jour du voyage du patron de la famille avait trouvé Mike chez Ruiz, le père de son neveu et le petit ami de sa sœur. C’était un homme fourbe, démuni intellectuellement, soulard et un tantinet voyou. Il avait réussi à détourner l’aînée d’une famille de richards et en faisait de même avec l’héritier principal.

Lennon et Alicia avaient tenté à plusieurs reprises d’arracher à Ruiz son droit entant que père de Francis, mais le petit voyou avait les crocs bien serrés au point de risquer la notoriété de la famille en les discréditant sur la face publique. Ruiz n’avait pas de dispositions légitimes pour détruire la réputation de l’empire Benson mais s’était allié aux détracteurs de Lennon pour parvenir à son but. Le chef de famille, s’étant rétracté, avait dû céder au chantage du portoricain tout en le laissant le droit de voir sa fille et de faire partir de la famille par la même occasion. Un acte qu’il a toujours regretté et pour lequel il jugeait le comportement de ses deux premiers enfants inexplicable. « Eux, qui devaient être des exemples aux yeux des plus jeunes et de la société, n’ont pas été assez altruistes et intelligents pour se rendre compte qu’ils se faisaient manipuler par un connard qui voulait la chute de leurs géniteurs » songeait Lennon.

Après avoir entendu parler du départ précipité de son père, Mike Benson se rendit dare-dare dans la maison familiale et avait interrompu son weekend en folie. Un week-end assuré à se péter la gueule avec son ami Ruiz et sa grande-sœur, Doriane.

- Oui, ton père est bel et bien parti, lui balança sèchement Alicia. Tu ne vas pas dire que tu t’intéresses maintenant à ce que fait ton vieux père ?

- Maman, ne dit pas ça, répliqua-t-il tristement. Tu sais parfaitement que j’aime mon père tout comme je vous aime vous tous et évidemment, Doriane incluse. Je pense qu’il est inutile de le préciser.

- Évidemment ? Moi, je dirais certainement, repris la mère de Mike, furieuse et hautaine. C’est plus une évidence qu’une vue de l’esprit, conclu-t-elle amèrement de cet air de mépris qu’elle avait pour habitude de balancer à son fils ainé.

- Je pensais que son voyage était prévu pour dans deux jours. On ne sait pas vu avant qu’il ne parte et je n’aime pas rester fâché contre lui, songea Mike en se rendant dans sa chambre, l’air pensif, derrière le regard méprisant de sa génitrice.

« Papa ne peut pas partir comme ça », chuchota intimement Mike, en proie à l’inquiétude. « Il y-a-t-il eu quelque chose de grave qui ce serait produit en mon absence ? Je doute que ce soit à cause de sa colère envers moi, elle n’a jamais été manifestée d’une manière aussi criarde. On a toujours trouvé un moyen de s’arranger. Surtout quand nous devions nous quitter pour un bon moment. Jouer au golf, au billard ou bien se faire un dîner en couple avec maman et Sydney, c’est comme ça qu’on se dit “au revoir” généralement. Non ! Là, c’est louche. Que s’est-il réellement passé ? Quelle est la véritable raison de ce départ inopinée ? Si vraiment départ, il y’a ».

Pendant qu’il y pensait, Mike ne cessait de se ressasser l’air austère qu’avait pris sa mère en lui annonçant la nouvelle. Ce détail le plongeait dans une profonde inquiétude tandis qu’il commençait déjà à associer sa mère au départ de son père. Alors même qu’il germait à l’encontre de sa mère des idées sombres relatives à ce voyage précoce, il se fit interrompre par Maxence.

- Toc, toc, toc ! Miky, Sydney est venu te rendre visite, annonça le benjamin.

- Ah ! Merci Maxence. J’arrive dans deux secondes, rétorqua Mike, brutalement extirpé de ses pensées.

En se rendant dans le salon de la villa, Mike trouva sa mère dans une discussion étrangement intime avec sa fiancée. L’héritier n’avait jamais eu de véritable relation avec Sydney. C’était une union arrangée par leur famille. Alors, mêlé à l’absence du chef de famille, la présence inopinée de sa promise dans les lieux et son entretien particulier avec Alicia laissait entendre à Mike qu’il pleuvait un nuage de complot contre lui.

« Voudrait-il fixer une date pour le mariage ? Un prétendu faux départ de papa serait-il la première étape de ce plan machiavélique pour me pousser à revenir au manoir ? » Se dit-il intérieurement. « Il faut que j’en sois plus sûr », s’intima-t-il avant de rejoindre son invitée dans le salon.

Une grande surface, décorée de canapé en cashmere, de lustres brillants de jour comme de nuit et de toute sorte de fournitures de luxe sur un sol scotché au marbre blanc : Une salle grande et luxueuse.

- Bonsoir chérie, balança formellement Mike à Sydney suivi d’un baiser sur le front porté avec réticence.

- Bonsoir mon amour, reprit la fiancée tout aussi machinalement. Comment vas-tu ?

- Je vais bien.

Les soupçons de Mike s’intensifiaient. Pourquoi Sydney serait-elle venue au manoir si elle considérait qu’il serait parti en weekend avec sa grande sœur ? Ou alors, avait-elle vraiment prévue de venir à la villa, mais pas pour le voir lui, plutôt pour parler avec sa mère des affaires relatives à leur mariage. La seconde hypothèse lui semblait aussi négative que la première, sauf que celle-là n’expliquait pas l’absence du chef de famille.

…

Plus tard dans la soirée, Mike avait raccompagné sa fiancée après avoir vaqué à leurs occupations formelles. Après avoir fait cela, l’héritier enclencha le moteur de son bolide, direction la villa pour entamer le début de l’enquête sur le fameux voyage de son père. Il cherchait à joindre un de ses contacts haut placés, avant de se rappeler qu’il avait perdu son téléphone lors d’une bagarre avec Ruiz et quelques voyous. Une des embrouilles où le petit ami de sa sœur aimait bien l’entraîner.

De retour à la villa, Mike tomba sur Maxence et engagea le premier acte pour débuter l’investigation.