Chapitre 1 : Matir

Par Talharr
Notes de l’auteur : Hello à tous,
Voici le tome 2 de la saga de la Terre de Talharr.
Pour comprendre ce Tome 2 et ses révélations mieux vaut lire le Tome 1 :)
Bienvenue à tous sur cette Terre qui plonge vers sa destruction. Que va-t-il advenir de nos héros et héroïnes ?

Matir :

Depuis que le nouveau seigneur avait quitté Mahldryl — destinée à devenir la capitale ardente de Drazyl — la cité baignait dans un calme trompeur. Ses rues semblaient paisibles, seule une petite garnison veillait encore sur le peuple..

Ce vide avait permis à certains de préparer ce qu’ils attendaient depuis toujours : leur révolte.

Depuis l’exécution de ses parents dans l'arène des Crasztyr — une image d’horreur qui ne l’avait jamais quitté, brûlante dans ses veines — Matir avait été placé au service du conseiller Prasto Llandryl. Seize années de servitude. Seize années à obéir sans discuter. Aujourd’hui, il ne voulait plus être un simple esclave. Il voulait vivre comme les autres habitants de la cité. Être libre. Choisir ce qu’il ferait de sa journée.

Ironie du sort, son maître n’était pas le plus cruel. Prasto le traitait avec un semblant de respect, l’appelait par son prénom. Mais dès qu’une faute était commise, les punitions tombaient. Les marques sur son dos, les brûlures sur ses bras, en étaient les témoins.

Il avait eu de la « chance ». D’autres n’avaient pas survécu.

Tant de morts…, pensa-t-il, la gorge serrée.

La chute de Rhazlir III avait enfin ouvert une brèche. Depuis qu’il avait surpris une conversation entre Prasto et Rhazek, le jour où la trahison fut scellée, Matir savait que le jeune seigneur voulait conquérir la Terre de Talharr. Ce genre de mission le tiendrait éloigné assez longtemps.

Le moment était venu.

Son service terminé, Matir quitta la demeure du conseiller et prit la direction des baraquements. Mahldryl avait commis une erreur : laisser les esclaves regroupés dans un même quartier. Cette négligence allait bientôt se retourner contre eux.

Les ruelles, à peine baignées d’un pâle reflet lunaire, menaient à un marché silencieux et désert. Plus il approchait de ce qu’il appelait sa « maison », plus les étals devenaient misérables. Les parfums épicés du centre avaient laissé place à une puanteur de pourriture.

Même les rats des sables n’y toucheraient pas.

Pourtant, il s’arrêta devant un étal encore ouvert. Un vieil homme, décharné comme lui, lui fit signe d’approcher. Des morceaux de viande, posés à même une planche sablonneuse, formaient l’unique choix.

Il voulut s’éloigner, écœuré. Mais il n’avait rien d’autre.

Deux piécettes en bronze plus tard, paiement de son maître ; il avala un bout de viande coriace à peine cuit. Le goût le fit grimacer, mais il ne recracha rien. Il fallait survivre.

Enfin, les torches apparurent. Il était arrivé.

Des silhouettes patrouillaient autour du feu. Dix gardes environ, présents nuit et jour, veillaient sur les baraquements d’esclaves. Deux d’entre eux l’avaient déjà remarqué. Ils s’approchaient.

    — Arrête-toi ! ordonna l’un.

Il obéit, lentement. Les doigts du garde plongèrent dans sa veste comme dans une besace sale, cherchant au rythme des ricanements.

    — Rien, grogna celui qui fouillait.

    — Comme tous ces crasseux, ricana l’autre.

Matir sentit la bile lui remonter. Parler, c’était donner une raison. Il garda le silence.

    — Tu attends quoi pour déguerpir ?!

Un simple hochement de tête, puis il s’éloigna, empruntant le sentier qui menait à une série de maisonnettes décrépies, disposées en cercle. Il s’arrêta devant la plus éloignée, là où la lumière des torches n’atteignait plus.

Il entra : la pièce respirait l’odeur des corps et de la peur. Une trentaine d’esclaves étaient réunis.

    — Tu as mis ton temps… grogna une femme.

Arys. Toujours la première à râler.

    — Il fallait bien que je mange, répondit-il calmement.

    — Tu sais qu’on prend des risques énormes à se réunir, souffla-t-elle, furieuse.

Des têtes hochèrent, silencieuses. Une torche vacilla et fit tomber l’ombre d’un bras sur le plancher. Le bruit sec d’un seau renversé fit cesser les chuchotements.

    — Vous avez peur ? ironisa Matir.

Un homme s’approcha.

    —  Et on ne devrait pas ? On est sur le point de tout perdre !

    — Et qu’avons-nous à perdre ? répliqua Matir en croisant ses bras.

    — Nos vies, dit une autre voix.

Ils ne comprennent pas…

    — Matir a raison ! lança une voix forte. Nous n’avons rien à perdre. À nous de montrer l’exemple. Qu’aucun esclave ne reste à Mahldryl ! Vous voulez finir comme ceux qui ont été exécutés, alors qu’ils n’avaient jamais mis les pieds dans ce dôme ?!

  Tous se souvenaient de ce jour funeste, où les gardes étaient venus chercher des innocents, accusés d’avoir aidé Elira à s’échapper. Aucun d’eux n’était revenu.

Les murmures montèrent, animant la pièce. Tous se rappelèrent cette journée de mensonges.

Matir tourna la tête vers celui qui l’avait soutenu. Astil. Plus petit, plus âgé, plus costaud. Son ami depuis le début de leur captivité.

    — Si on ne fait rien, alors on a déjà perdu nos vies.

    — Comment les convaincre ? souffla Matir.

    — C’est à eux de choisir, répondit Astil. On leur a déjà expliqué le plan.

Le plan. Leur plan. Des années à observer, écouter, mémoriser chaque détail de la cité. Quand tout leur parut prêt, ils avaient recruté, lentement, prudemment.

Et ce soir, tous les alliés de confiance étaient réunis.

Les voix se turent. Tous les regards convergèrent vers eux.

Personne ne prit la parole pendant plusieurs secondes, laissant le léger courant d’air caresser le plancher de bois.

Puis, un esclave s’avança :

    — Comment allons-nous réussir ?

    — Si tout le monde nous suit, ils ne pourront pas nous arrêter. La plupart des gardes sont partis pour la guerre, répondit Matir.

    — Mais ils sont mieux armés. Mieux formés ! Quelle chance avons-nous ?

Les protestations se firent entendre. La peur rôdait.

Alors Astil s’avança d’un pas. Sa voix résonna :

     — La première étape, c’est de récupérer des armes à l’entrepôt. Quand la garde fera sa ronde de l’aube, la porte nord restera moins surveillée.

Arys et les autres attendirent la suite, la nervosité et la peur toujours présentes.

     — Je ne vous promets pas qu’on en sortira tous vivants. Mais je vous promets une chose : rester ici, c’est mourir à petit feu. Moi, je préfère mourir debout, finit Astil.

Le silence retomba. Il n’y avait plus de cris. Plus de doutes.

Juste des regards. Brillants. Résolus.

Les chaînes vont tomber, pensa-t-il.

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Scribilix
Posté le 02/08/2025
Salut,

Comme promis, je me plonge dans la suite de ton histoire. Et c'est très sympa, tu introduis d'emblée un nouveau personnage que l'on rencontre brièvement dans le T1. Je vois que tu fais également référence au sacrifice gratuit des esclaves suite à la fuite d'Elira et pareil c'est une super idée. Enfin je trouve ça intéressant de voir le point de vue des esclaves, ça rajoute une ligne de tensions en plus d'autant que leur moment est bien choisi vu que Rhazek est parti guerroyer avec son armée.
Il y a juste un petit point qui prete a confusion : Mahldryl est la capitale de Drazyl. Mais à un moment tu mentionnes : "Les ruelles étaient sombres, à peine éclairées par le scintillement de la lune. Le marché de Drazyl était silencieux." Mais ca ne peux pas etre le seul marché de tout le royaume, c'est bien celui de Mahldryl plutot.
Voilà, on se revoit dans la suite ^^
Scrib.
Talharr
Posté le 02/08/2025
Hello,

Content de voir débuter ce tome 2 qui comme tu le vois démarre avec un nouveau point de vue 😁

Oui ton idée était parfaite et ducoup fallait aussi l'ajouter dans ce chapitre pour une cohérence et une façon de montrer que les esclaves seront de la partie aha

La tension fera partie intégrante de ce tome 2 :)

En espérant que ça te plaise ;)

Ah oui je me suis trompé, mercii. Ça montre que tu commences a voir où se situe chaque cité et les royaumes ahaa
Je modifie ça :)

A plus !
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