Rhazek :
Drazyl était sur le point de s’incliner.
Bientôt, un seul roi régnerait sur ces terres ravagées par des siècles de conflits.
À la tête de son armée, dix mille hommes à dos de kelrims ou à pied, Rhazek approchait de la dernière cité libre. Chaque conquête avait exigé une stratégie différente. Mais le dénouement, lui, restait toujours le même : un duel entre seigneurs. Et lorsqu’il l’emportait — ce qui arrivait invariablement —, le vaincu pliait le genou.
Les réfractaires étaient exécutés, et leurs trônes confiés à ses commandants.
Même le désert semblait se soumettre. Les dunes, soulevées par son armée, formaient une marée mouvante que Rhazek aimait contempler depuis les hauteurs.
Debout face à l’horizon, il souriait.
Personne ne l’avait arrêté.
Et dire que son père l’avait traité de pleurnichard…
Qui est le plus fort, maintenant ?
Mais les victoires ont un prix.
Chaque nuit, sa mère hantait ses rêves. Et la voix de Malkar, incessante, lui soufflait l’urgence, l’ambition, la conquête.
Lorsque la dernière cité tomberait, il rentrerait à Malhdryl. Il devait revoir sa mère. La chasser de son esprit.
Et Erzic lui dévoilerait enfin la suite du plan.
Il devait devancer le Loup. Sinon, la Terre de Talharr tomberait.
Non. Le monde sera à moi.
— Seigneur ?
Rhazek tourna lentement la tête. Son regard glaçant tomba sur le cartographe.
— Oui ?
— La cité d’Ustryr sera en vue d’ici deux jours.
— Parfait.
Son sourire féroce refit surface.
Cette bataille ne durera pas plus qu’une nuit.
— Et les hommes ?
— Wosir… Nous ferons halte dès qu’un point d’eau sera trouvé, répondit Rhazek.
Le commandant acquiesça d’un signe bref.
La journée s’étira. Toujours aucune trace des éclaireurs envoyés plutôt dans la journée, pour trouver un endroit où camper. Le ciel se teintait d’ombres. L’heure du campement approchait.
Ils avaient assez de provisions pour survivre jusqu’à atteindre Ustryr. Mais rien ne pouvait leur donner plus de fraicheur qu’un point d’eau avec sa végétation.
Rhazek discuta avec ses commandants et le cartographe de la stratégie à adopter. Pour l’instant aucune ne plaisait au seigneur.
Après quelques instants d’hésitation, Rhazek se décida.
— Halte !!
L’ordre se répercuta comme une onde.
Les soldats s’arrêtèrent d’un même mouvement.
— Dressez le camp.
Les tentes furent montées rapidement. En triangle. Comme les trois tours du dôme de Malhdryl.
Alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la sienne, un cri fendit la nuit :
— Ils sont morts !
Morts ?
Rhazek surgit aussitôt. Les commandants étaient déjà rassemblés autour d’un soldat, le visage blême.
— Explique-toi, dit Grislan, sa voix grave assourdie par l’épaisseur de sa barbe.
— Il… il ne reste presque rien ! Les kelrims sont en pièces… tout comme eux.
— Déchiquetés ? s’étrangla Rhazek.
— Qui oserait s’en prendre à nous ici ? demanda Wosir.
— Montre-nous, demanda Grislan.
Le soldat les guida derrière une dune, où deux gardes s’activaient à creuser des trous.
Rhazek manqua de rendre son dernier repas, mais s’efforça de rester de marbre devant ses commandants.
Deux corps, réduits à des lambeaux. Les kelrims éventrés, leurs têtes méconnaissables.
À côté des cadavres, des empreintes énormes menaient vers d'autres dunes. Des pattes, bien trop grandes pour appartenir à un homme.
— Les tyrgrill, murmura Niir.
Un silence s’abattit. Tous se figèrent.
Rhazek ne comprenait pas. Qui était les tyrgrill ? Encore un peuple comme les Alkasrims ?
— Ils ont été éradiqués pendant la guerre de Drazyl, objecta Wosir.
— Qui peut en attester ? répliqua Niir, les yeux fixés au sol.
Rhazek fronça les sourcils.
— Les Tyrgrill ? Qu’est-ce que c’est ?
Les regards se tournèrent vers lui, incrédules.
C’est Mirla, la commandante à la cicatrice, qui répondit :
— Une créature mi-tigre, mi-démon. Crocs aussi longs qu'un homme. Pattes capables d’écraser une armure comme du bois.
— Et vous pensez que c’est ça, l’ennemi ?
— J’en doute, dit Wosir.
Alors qu’ils revenaient dans le camp un grognement sourd les fit se taire.
Les kelrims hennirent à l’unisson.
Les guerriers dégainèrent leurs armes dans un fracas métallique.
— C’est eux… souffla Niir.
Des sons rauques se répondaient de chaque côté du camp. Ils étaient encerclés.
— En formation !
Les ordres fusaient. Les soldats s’armaient, se harnachaient.
Le triangle prit forme. Les boucliers s’imbriquèrent en une muraille mouvante.
Rhazek prit sa place en pointe.
Je ne resterai pas au centre comme un couard.
Je suis le seigneur. C’est à moi de montrer la voie.
La lune faisait briller les lames.
Le silence retomba, tendu à l’extrême.
Puis, des lueurs jaunes apparurent dans la nuit. Deux. Trois. Une dizaine. Trop. Beaucoup trop.
Des yeux.
— Torches !
Les projectiles s’élevèrent, s’écrasèrent au pied d’immenses rochers.
Et là, dans l’ombre… des crocs.
— Archers, enflammez vos flèches !
La peur glissa dans les rangs. Rhazek serra le manche de son épée.
Affronter des hommes était facile. Mais ça ?
— Que nos armes nous protègent et sèment la terreur !
Le cri fut repris par les soldats.
Et les crocs s’abattirent.
Un fracas d’os. Des cris. Des hommes projetés en l’air.
Rhazek faillit fuir. Mais il tint. Trop d’hommes avaient déjà disparu. Il devait changer de stratégie :
— Formation Kriil !
Les guerriers formèrent une pointe, lances en avant.
— En avant !
Les flèches enflammées s’abattirent sur les fourrures massives. Une bête hurla. Mais les autres foncèrent.
— Tenez-bon ! Nous sommes les hommes de Drazyl ! Rien ne nous vaincra !
Il s’en persuadait.
Les lances faisaient couler le sang d’une des bêtes, mais ses pattes revenaient à chaque fois percuter les boucliers.
Le sable suintait de rouge écarlate sous la lumière de la lune et des torches, du sang des guerriers de Drazyl et des bêtes qui leur faisaient face.
— Seigneur Rhazek !
Il se retourna.
Marhzil, le seigneur de Yrzil, arrivait, marteau au poing.
Le seigneur, de la première cité vaincue, lui avait prêté allégeance et depuis l’avait servi dans toutes les autres batailles.
— On doit se regrouper ! cria-t-il.
Derrière Rhazek, le chaos. Des soldats isolés. Des lignes rompues.
S’ils continuaient comme ça, ils seraient massacrés.
— Repli ! hurla-t-il.
Les boucliers reculèrent. Lentement.
— Wosir !
Le commandant, aux longues tresses, accourut.
— Regroupez les hommes, ordonna Rhazek.
— Ils ne sont pas seuls…
— Quoi ?!
— Il y a des humains… avec eux.
Des flèches tombèrent.
— Boucliers !
Certains n’eurent pas le temps de se protéger. Les cris d’agonie retentirent.
Le triangle se referma. Les bêtes s’arrêtèrent net.
Le silence revint.
Rhazek observa. Poils roux. Taille d’éléphant. Crocs aussi longs que lui. Pattes énormes.
Des yeux jaunes. Fixés dans les siens.
Les tyrgrill…
Une voix féminine retentit.
— Vous êtes sur notre territoire.
Rhazek serra les dents.
C’était lui le maître de ces terres.
De tout Drazyl.
Et pourtant, à cet instant…
Il n’avait aucune idée de comment remporter cette bataille.
quelques remarques sur la forme :
- Les lances faisaient coulés le sang d’une des bêtes, mais ses pattes revenaient à chaque fois percuter les boucliers. (couler le sang, mais c'est étrange qu'une seule bete soit blessé dans l'affrontement).
- Il… il ne reste presque rien ! Les kelrims sont en pièces… tout comme eux. ( je ne suis pas certain de comprendre le sens de la phrase
- Les guerriers dégainèrent. ( j'aurais rajouté leur armes meme si l'on s'en doute ca vient terminer la phrase).
- Une voix retentit.
— Vous êtes sur notre territoire.
Une voix féminine. ( je pense que tu pourrais regrouper en une voix féménie retentit ).
A la suite :)
Scrib.
j'allais pas facilité la mise en place de Rhazek au pouvoir :')
Le passage est un 1er jet, faut que je me remette dessus voir ce qui va pas, merci d'avoir relevé tout ça. Pour les bêtes je voulais laisser un peu de mystères et pour les hommes de Rhazek je vais ajuster ça.
Merci aussi pour les erreurs et les suggestions :)
Oui ca rend beaucoup mieux. Le fait de décrire la scène fait grimper en tension. L'enchainement avec le combat me parait également plus fluide, bien joué.
Peut-etre une dernière modification sur cette phrase :
- Le sable suintait de rouge écarlate sous la lumière de la lune et des torches, le sang des guerriers de Drazyl et des bêtes qui leur faisaient face. ( du sang des guerriers de Drazyl plutot que le)
Merci de ton retour. Parfait :)
J'ai modifier pour la forme ;)
A plus !