Chapitre 10

Notes de l’auteur : Insta : raphaelle_eviana_auteure ;)

Un ciel gris couvrait Bruxelles, où Albane et Richy avaient rendez-vous avec le fameux docteur Pamuk, le chirurgien indien recommandé par Elizabeth Brown. Il était convenu qu’ils retournent le voir trois fois en trois semaines, car l’opération qu’ils s’apprêtaient à réaliser dépendait d’un procédé complexe. Albane pressa Richy pour ne pas arriver en retard dans cette grande clinique dont la façade venait d’être ravalée.  À peine arrivaient-ils dans la salle d’attente, qu’une secrétaire d’âge moyen les conduit devant le cabinet 213. Elle frappa, et la porte s’ouvrit à la volée. Un homme indien bien en chair en sortit :

 — Ah, les Beuron ! Vous êtes ponctuels, j’aime bien ça, j’aime bien ça. Docteur Pamuk, enchanté.       

Il s’avança avec l’aisance d’un culbuto et offrit une bonne poignée de main à ses deux patients. Ses grosses joues étaient rosies de fraîcheur. Il semblait beaucoup plus jeune que ce qu’il devait être. Il remercia la secrétaire, et conduits Albane et Richy directement dans son cabinet pour leur exposer le déroulé de l’opération :

— Je vais te rendre fort en sciences mon bonhomme,

assura Mr Pamuk. Il glissa un clin d’œil à Richy qui haussa les épaules. Le docteur ne parla pas de la demande secrète qu’Albane avait formulée à Elisabeth Brown : elle souhaitait aussi que la personnalité de son fils ressemble davantage à celle de Riccardo. Le marché avait été conclu entre adultes, sans en référer au principal intéressé.

— Allez mon bonhomme, dit Pamuk en se levant avec difficulté, on commence directement. Tu vas suivre ma petite infirmière, Emma. Madame, au plaisir, on se retrouve tout à l’heure en salle d’attente 3. Il lui indiqua la direction à prendre d’un geste du bras et manqua de tituber, entrainé par son ventre impressionnant.

La fameuse Emma entra dans le cabinet, c’était une jeune blondinette aux dents du bonheur. Richy la suivit dans le couloir blanc et arriva dans une chambre d’hôpital à capacité unique avec salle d’eau :

— Lave toi simplement au savon, dit-elle en lui montrant la douche.

Elle lui adressa un large sourire et lui tendit une blouse médicale :

— Et enfile ça lorsque tu es séché. Je reviens dans quinze minutes.

Elle sortit de la chambre silencieusement avec une certaine grâce qui la caractérisait. Richy prit sa douche, il imaginait la jeune infirmière entrer à l’improviste dans la chambre et cela lui donna des frissons. Dommage que le contexte soit toujours et encore lié à ce satané programme. Cette pensée le refroidit directement et il se hâta d’enfiler sa blouse. Il attendit qu’elle revienne, assis sur le lit, à fixer l’éternel ciel nuageux de Belgique. La petite infirmière revint après un temps qui sembla durer bien plus de quinze minutes à Richy. Elle lui demanda d’enfiler des pantoufles et de le suivre à travers les couloirs. Arrivée à l’extrémité Nord, elle coulissa la porte d’une salle d’opération. Le docteur Pamuk attendait là, grand, rond, et chaleureux.

— Allonge toi, dit-il avec une voix mielleuse en désignant le divan médical.

— Pour t’anesthésier, je vais utiliser une technique d’hypnose de plus en plus fréquente lors des opérations.

Richy s’exécuta. La salle était celle d’un hôpital, mais de l'encens était disposé çà et là. Un drap d’hôpital, rouge, ce qui est très rare, tapissait le mur du fond. Richy avait pourtant l’habitude des hôpitaux, mais il n’avait jamais vu de telles décorations dans un lieu ordinairement si dénudé. Cela donnait une ambiance assez mystérieuse à cette pièce d’habitude impersonnelle. Comme Pamuk remarquait Richy observer ces mystérieuses dispositions du coin de l’œil, il dit :

— Ah ça, c’est ma petite touche personnelle.

— J’aime bien, répondit le garçon.

— Tant mieux, il faut que tu sois en confiance ici. Tout est aseptisé, de toute façon, t’inquiètes pas.

Richy se cala plus profondément dans le divan et se mit à fixer le plafond pour attendre. Pendant que le garçon l’entendait enfiler des gants en latex, Pamuk lui demanda :

— Dis-moi, quel est ton rêve, mon garçon ?

Richy fixait toujours le plafond. Il ne savait pas. Il avait envie de répondre qu’il voulait quitter le programme et toutes ces choses liées à son père mais… cela ne constituait pas un vrai projet en soi.

— Alors ? réitéra Pamuk de sa voix de baryton.

— Scientifique, répondit le clone d’une voix monotone.

Le médecin rit. Un garçon qui venait pour qu’on aide son cerveau à mieux comprendre les sciences ne pouvait vraisemblablement pas rêver d’être scientifique.

— Ce que tu veux vraiment faire ? recommença le docteur.

— Basketteur…

Richy avait répondu du tac au tac pour ne pas paraître indécis. Pourtant, il rougissait déjà de honte et se trouvait encore plus nul de nourrir un rêve si enfantin.

— C’est bien ça, moi aussi quand j’étais jeune ! Pamuk eu un rire gras :

— Mais tu vois avec ma carrure, moi, c’est plutôt le lancer de poids.

— Non en fait, ce n’est pas ce que je voulais dire... Ce n’est pas un vrai métier, enfin, je sais que je ne pourrais jamais faire ça...

— Eh bonhomme, dit le médecin en se rapprochant du divan ou Richy était allongé :

— J’ai l’impression que tu as peur de dire aux autres ce que tu veux. Tu peux tout dire avec moi tu sais, il n’y a pas de bonne ou de mauvaises réponses à mes questions J’attends juste des réponses sincères, il faut que tu te sentes détendu ici.

Ajal Pamuk le rassurait paternellement. Il inspirait la confiance.

— Ne me regarde pas, le gronda-t-il en s’écartant du divan, il renchérit :

— Regarde cette tâche au plafond.

Sa voix s’éloigna aussi, comme un écho. Le scientifique déambulait maintenant dans la pièce.

— Une autre question : es-tu facilement apaisé devant le mouvement des vagues ?

— Par la mer, oui.

Richy avait répondu plus sincèrement cette fois.

— Très bien.

Richy entendit le gros homme s’assoir.

— Décris là moi.

— Euh …

— Visualise un souvenir que tu as de la mer, n’importe, repense à un moment où tu l’as regardée et où elle t’a apaisée.

—  À Trieste, la mer adriatique. J’étais avec Valentina, c’est ma copine. On était assis au bord de l’eau, près de la Piazza Unità d’Italia. C’est une mer polluée, elle est près d’un port industriel, je sais, mais je l’aime bien… parce qu’elle est calme, elle s’étend vers l’infini…

— Quelles sensations ressens-tu lorsque tu la contemples ? Focalise-toi sur les sensations de ton cœur et dit moi…

 

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Alice_Lath
Posté le 24/06/2021
Hello hello ! Mmmh, je ne sais guère trop que penser de ce chapitre je dois dire. Je suis vraiment étonnée que Richy ne se pose pas plus de question : il a l'air de faire confiance à sa mère, pourtant elle ne lui a jamais prouvé que c'était une bonne chose. Surtout qu'il est majeur, ou bientôt majeur s'il passe son bac : cela signifie qu'il est libre de quitter le domicile familial s'il le souhaite. Il est indépendant désormais. Je dois dire que le point fragile, selon mon avis, est la relation entre Albane et Richy. Elle est trop simple pour toute la complexité qu'elle renferme (je ne sais pas si je suis très claire hahaha)
RaphaelleEviana
Posté le 25/06/2021
Oui je vois, je crois que je suis allée trop vite en besogne, l'attachement psychologique lié à la fragilité d'Albane est assez claire dans ma tête mais sans doute mal retranscrit... je prends toutes suggestions
J'espère que ça ne gène pas trop ta lecture... je vais retravailler dans ce sens
RaphaelleEviana
Posté le 25/06/2021
On croit souvent sa mère même si elle a tort :')
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