Chaque grande famille choisira deux héritiers : l’un gouvernera les terres allouées à sa famille,
l’autre résidera au palais des Portes, aux côtés de la couronne impériale.
Ainsi sera formé le conseil restreint. Dawnarya, Artium, Erlkoning et Maart se partageront les pouvoirs de la couronne,
et au même titre, chaque grande famille confiera le glaive de la justice, le sceptre de la religion
et la balance de l’économie à des agents et diplomates qu’elle aura elle-même désigné.
Il appartiendra à chaque famille de nommer son gouvernement et d’administrer ses terres ;
mais elle se devra d’obéir à la loi unique qui lie ensemble les grandes familles.
Ces lois seront formulées par le conseil restreint et approuvées en dernière instance par l’exécutif.
Ce conseil pourra être élargi aux membres des ambassades ainsi qu’à la petite noblesse,
mais ceux-là siégeront en tant que témoins, conseillers ou porte-parole.
Il ne leur appartiendra pas de voter – ce droit ne leur sera pas alloué.
La machine du pouvoir de Zorach l’Ancien
Rozen Maart fut le premier à se retourner quand la princesse et Soren s’avancèrent dans la salle d'audience, interrompant par là même le discours d'un noble de la délégation Artium.
Rozen ne connaissait le gentilhomme que de nom – Armel, l’oncle de l’héritier, Ambroise Artium – mais l’avait déjà entendu pérorer dans la grande-salle. Il n’avait pas ces manières polies et mièvres qu’empruntent les nobles au pouvoir – il n’était d’ailleurs présent qu’en raison de son nom, et non en considération de son influence ; grossier mais honnête, il parlait sans détours, paradaient sans se soucier de l’image qu’il renvoyait. Debout, rouge de s’être exprimé avec véhémence, il agitait ses revendications comme des pancartes criardes. Sans un regard pour lui, et sans considération pour la timide révérence qu’il tira à son attention, la princesse s’adressa à la foule :
- Je me présente face à vous, représentants des grandes familles, aux côtés d’un Enfant afin de faire valoir ses devoirs envers la couronne, mais aussi ses droits qui, trop longtemps, ont été dénigrés.
Li’Dawnarya, en présentant sa requête à l’assemblée davantage qu’à sa mère, l’impératrice, faisait preuve ici non seulement d’orgueil, mais aussi d’audace. Sa mise, d’ailleurs, témoignait sans ambage de ses intentions : au lieu d’apparaître avec ses atours ordinaires, elle portait une robe coupée audacieusement, plus longue que celles qui siéent aux jeunes femmes de son âge. Sur son dos nu pendait une longue chaîne au bout de laquelle tintaient les médailles marquées du blasons des grandes familles. Seuls ses yeux étaient maquillés, non à la mode de la cour, mais de légers nuages dorés et noirs – sa touche personnelle, avait identifié Rozen. Li’Dawn avait mis en scène son pouvoir : elle était présente, non en tant que fille de l’impératrice, mais en tant que légataire d’un pouvoir qu’elle ne revendiquait pas encore, mais qu’elle configurerait à sa convenance, et ce dès à présent. C’était osé. Rozen ne put empêcher un sourire amusé et admiratif de poindre sur ses lèvres.
Tandis qu’un murmure traversait l’assemblée, Armel s’avança de nouveau. Il allait prendre la parole – sans doute, aux vues de son expression, pour s’insurger – quand l’impératrice le fit taire d’un geste de la main. L’intention était déplacée - et mal avisée, songea Rozen en remarquant les expressions atterrées des nobles autour de lui, mais El'Dawnarya n’avait pas coutume de masquer son impatience et son agacement. À ses côtés, plus mesuré, Vi'II'Dawnarya affichait des sourires contrits à l'intention des familles. Il donnait l’impression de ramasser les éclats d’un verre brisé par les dissensions : lorsqu’il se leva pour ouvrir la séance, il semblait presque s’excuser, amenui qu’il était par sa posture penaude, trop humble pour être celle d’un empereur.
Ces attitudes mettaient Rozen mal à l’aise ; il avait d’abord songé qu’elles l’agaçaient – car étant indigne d’un homme au pouvoir –, mais le temps allant, il s’était rendu compte que Vi’II’Dawnarya – malgré les apparences de benêt naïf qu’il se donnait – tombait toujours à point nommé, comme si l’empereur, par ses discours et son attitude, incisait avec minutie chaque situation pour l’expurger de ses maux. Rozen n’aurait su dire si l’homme était doué d’une chance incommensurable, ou s’il était au contraire un véritable chirurgien de la politique – quoique ses méthodes soient des plus particulières.
- Vous parlez de tradition, s’écria-t-on dans la foule en reprenant les mots de l’empereur. Alors pourquoi avoir gardé l'audience secrète ?
Rozen frémit : c’était un membre de son ambassade qui s’était levé, et ce sans s’en référer à lui. L’affront était subtil, mais l’usage voulait qu’on demande la parole au représentant d’une grande famille avant de s’exprimer. En ne s’en remettant pas à lui, son ambassade lui manquait de respect, pire, le mettait en retrait ; pour autant, Rozen ne pouvait s’en offusquer sans prendre parti, que ce soit en faveur ou non de la couronne… Li’Dawnarya ne lui laissa pas le temps de se décider, elle s’avança et dédaigna le trouble-fête du regard :
- Pour votre sécurité, articula-t-elle sèchement. Et celle de Soren.
Par le ton employé, elle donnait l’impression de céder au caprice d’un enfant qui trépigne, et ce afin de le rassurer. Ainsi, elle condamnait l’ambassadeur pour avoir remis en question l’autorité de la couronne, mais elle l’infantilisait, aussi, aux vues de tous.
- Vous ignorez peut-être qu’un Enfant tout nouveau né est encore instable ; Soren n’ayant pas encore la maîtrise parfaite de son Code, il m’a paru préférable de m’entretenir de prime abord avec ma mère, et ce avant de rendre cette audience publique.
- Discutons plutôt du véritable problème, si vous le voulez bien, soupira El’Dawnarya.
- Interroger les rouages d’une politique qui exclue ses principaux sujets, s’exclama de nouveau le membre de l’ambassade Maart, c’est là un problème parfaitement…
- Cessez, l’interrompit Rozen en se levant. Songez qu’en vous déshonorant de la sorte, vous entachez également votre ambassade, ce dont je ne saurais souffrir.
- Les Maart avant vous n'ont jamais tronqué leur honneur pour se vautrer comme des chiens aux pieds de leurs...
- L'on ne saurait parlementer sans s'astreindre au protocole et à la bienséance. Vos paroles seront discutées, mais selon les règles. Et bien entendu, en se passant, et de votre vulgarité, et de votre présence.
L'homme écarquilla les yeux, mais Rozen ne céda pas ; il le considéra, l'air tranquille. L'autre fut contraint d'obéir, mais il n'eut pas le sang froid nécessaire pour sortir sans perdre sa dignité : il bafouilla d'abord, se prit les pieds, ensuite, dans son habit, puis pesta dans sa barbe en s'approchant de la porte. Il fut trop lent, mais aussi trop soumis pour garder le soutien éventuel des membres de l'assemblée, laquelle s'impatientait plus de ses manières qu'elle ne les appuyaient.
- Sans cautionner les agissements de mon camarade, je souhaiterais rebondir sur ses paroles, articula Rozen, lorsque le camarade en question fut dehors. Nous comprenons votre choix de préférer une audience privée – la sécurité, en effet, doit parfois primer, sur la collégialité du système impérial –, mais les Maart ont précisément conscience du danger que représentent les Enfants, et il nous semble cohérent, sinon avisé, que l'expérience de mon peuple éclaire une décision qui nous concerne tous. Aussi, si vous le permettez, je souhaiterais rendre compte des réticences que, je crois, nous sommes nombreux à partager.
Attendant l'accord de l'impératrice pour poursuivre, Rozen parcourut la foule du regard. Son ambassade hochait clairement la tête en signe d'assentiment, et les membres des délégations Artium ne furent pas en reste. Il fut étonné, cependant, d'entendre Erlkoning aller dans son sens :
- Votre altesse, je me permets, moi aussi, de manifester mes craintes. Que les Enfants inspirent nos décisions, que leur sagesse éclaire notre réflexion, c'est une chose ; c'en est une autre de les mêler à la politique de l'Empire. C'est une expérience à laquelle nos ancêtres se sont déjà essayés, et ils en ont tous payé le prix. Sont nombreux les témoins qui attesteront mes propos : les Enfants sont instables, Soren le premier, et il nous l'a démontré à tous, il y a à peine quelques heures.
À nouveau, un murmure traversa l’assemblée. La rumeur circulait, déformée par endroits, mettant à mal la confiance que la princesse tentait d’éveiller à l’égard des Enfants. Rozen se tourna vers la jeune femme, s’attendant à la voir, sinon déboussolée, au moins ébranlée par la perte d’un soutien considérable ; il fut d’autant plus étonné de la voir sourire ; celle-ci, en réalité, s’était attendue à devoir affronter Gaetano. Assenant les arguments qu’elle avait préparé à l’avance, elle répondit sans mal. Elle connaissait l’historique des Enfants et des craintes portées à leur égard : elle ne comptait donc pas miser sur ce point, mais bien davantage sur l’amour propre des membres de l’assemblée. Plutôt que de les amadouer en les persuadant qu’il n’avait rien à craindre, elle préférait leur rappeler que la crainte elle-même n’était pas digne d’eux.
- L’Empire est-il donc si fragile qu’il aurait à craindre l’influence de quelques individus ? intervint la princesse, une note légèrement amusée au creux de la voix. Comme l’aura mentionné Rozen Maart, le système de l’Empire est collégial. Un seul individu, même Enfant, pourrait-il véritablement contrarier notre politique ? Duper l’ensemble de cette assemblée et la conduire à sa perte ? Non. L’Empire est fort. Mais sa force réside aussi là où subsiste le droit et la liberté. Ce sont là nos valeurs, et de fait notre identité. Aussi, et c’est là davantage mon propos : pouvons-nous contraindre une minorité, aussi petite soit-elle, et lui dérober ses droits les plus fondamentaux ?
Un débat sur le droit fut initié, et plusieurs partis émergèrent. La princesse n’eut qu’à semer quelques graines, de temps à autres, pour que se poursuive la floraison de son argumentation : sans expliciter le fond de sa pensée, elle orienta son auditoire, le poussa à formuler ses propres idées, à suivre le cheminement de sa propre logique – mais en donnant le sentiment à l’assemblée qu’elle parvenait par elle-même aux conclusions visées. Un étrange sentiment de puissance la parcourut : par ses mots et sa présence, elle faisait correspondre l’avenir à l’idée qu’elle s’en était faite. Le temps qui, d’ordinaire, se déroule devant le spectateur impuissant, ce temps fait de rouages insaisissables, s’accordait, cette fois, aux plans de la jeune femme ; il suivait ses prédictions, il était à ses ordres. Un instant, elle ne vécut plus dans le présent, mais dans l’image déjà formulée qu’elle s’en était faite, et comme l’on revoit un souvenir, elle observa l’assemblée se mouvoir et s’organiser, se conformer à son souhait initial.
Le visage inquiet de Ran, cependant, attira son attention – et ébrécha ce présent jusqu’ici parfaitement agencé. Son chevalier, remarquant sa question muette, hocha imperceptiblement la tête : pas de nouvelle, put-elle lire sur ses lèvres. Où donc en était Clavarina ?
Soren, debout aux côtés de la princesse, sursauta lorsqu’il sentit les doigts de la jeune femme effleurer sa main :
- Votre tour arrive, murmura Li’Dawn.
- Mais Clavarina n’est pas encore là, souffla l’autre, sentant d’ores et déjà monter en lui la peur qui raidissait ses jambes – il craignait, à vrai dire, de prendre la parole devant l’assemblée.
- On ne pourra pas l’attendre davantage. Espérons pour vous qu’elle fasse son apparition à point nommé.
Sur ces mots, Li’Dawn s’avança de nouveau pour attirer l’attention de l’assemblée. Celle-ci, elle le sentait, était parvenue au point de bascule. Des dissensions divisaient le groupe : certains – les plus virulents – ne cessaient de prendre la parole, de se lever pour haranguer la foule, les couvrir de reproches, leur intimer de s’opposer avec force au projet de loi qui placerait les Enfants sur un même pied d’égalité que les représentants des familles nobles. Vindicatifs et agressifs, ils se heurtaient à une majorité plus discrète qui, à mesure que le temps passait, se rangeait du côté de la princesse. Celle-ci, intelligemment, avait plusieurs fois provoqué ses opposants, et leurs discours n’en étaient devenu que plus amers, cyniques et méprisants. À force d’être insultée par certains – ceux-ci pouvant exhorter la foule en accusant sa mollesse, sa crédulité, et donc en insultant leur honneur comme leur intelligence –, la majorité s’était d’elle-même écartée des arguments les plus extrêmes, mais ceux-ci tendaient désormais à titiller leurs propres peurs. Plusieurs relevaient la tête, opinait lorsque untel mentionnait les accidents passés, les débordements créés par des Enfants. Si l’orgueil les avait tout d’abord conduit à rejeter certains arguments, la peur, elle, pourrait de nouveau faire pencher la balance du côté de l’opposition, et Li’Dawn était bien décidée à intervenir avant que cela n’arrive :
- Noblesse des Portes, nous nous fourvoyons. Ne cédons pas à la peur, laquelle ne fait qu’attiser nos faiblesses. Certes, la tragédie causée par l’Enfant des Maart nous concerne tous ; elle aura marqué nos esprits, et nous devons aux victimes de ne jamais les oublier. Veiller à ce que le sang ne coule plus est notre devoir, devoir duquel nous nous acquitteront en l’honneur de tout ceux qui auront péri dans le sillage de l’Enfant en question. Mais ce n’est pas rendre honneur que d’affaiblir l’Empire, car c’est bien là ce que nous faisons, d’une part en revenant sur nos principes les plus fondamentaux – et je parle ici du droit sur lequel nous avons déjà débattu – mais d’autre part, également, en dépossédant l’Empire de l’une de ses armes les plus fondamentales. Sans les Enfants, nous n’avons plus connaissance, ni du passé, ni de l’avenir. En trahissant les Enfants, donc, nous nous trahissons nous-même.
- Il n’est pas question de trahison, ici, mais de contrôle ! s’exclama Gaetano en se levant.
Il allait poursuivre, mais Soren l’interrompit :
- N’est-ce point trahir quelqu’un que de lui soustraire ses souvenirs, de le priver de ses capacités, d’en faire une marionnette incapable de se contrôler elle-même ?
- Pas quand ce quelqu’un menace l’Empire. Et moins encore lorsque…
- Qu’a sous-entendu l’Enfant, à l’instant ? s’écria un membre de la délégation Artium.
- Je ne sous-entend rien ; j’affirme, corrigea Soren. J’affirme que les miens ont été mutilés, déformés, traités comme des rats de laboratoire.
- Foutaises, gronda Erlkoning.
- Ce n’est pas seulement nos corps, mais nos Codes que vous avez modifiés. La matière même que vos textes désignent comme étant sacrée, cette matière, vous l’avez disséquée, arrangée inconséquemment. Vous blâmez les Enfants d’être des menaces ? Mais qui a fait de nous ce que nous sommes ?
- Il faudrait bien méconnaître l’Histoire, pour accorder ne serait-ce qu’une once d’attention à…
- Cessez, Gaetano.
La voix de l’empereur fusa, calme mais ferme, et tous se retournèrent vers lui. Des murmures désapprobateurs émergèrent de l’assemblée :
- Que les Erlkoning supervisent le culte des Enfants, c’est une chose ; qu’ils agissent dans le dos des autres grandes familles c’en est une autre, s’écria un membre des Maart.
- Les Erlkoning auront à répondre de leurs actes ! ajouta un Artium.
Tandis que les revendications fusaient, la silhouette de Clavarina apparut aux portes de la grande salle. Peu la remarquèrent, trop occupés qu’ils étaient à débattre ; la jeune femme, cependant, ne demeura pas insensible à l’atmosphère pesante qui régnait sous la voûte du palais. Comme une souris, elle se faufila, le regard baissé, vers Ran qui l’accueillit d’un sourire. En se penchant vers elle, il lui expliqua la situation :
- La princesse a pris les devants, le temps que vous arriviez.
Habitué aux comptes-rendus exhaustifs, Ran lui détailla chacune de ses observations, relatant les échanges, précisant les postures ou les attitudes des membres de l’assemblée. Quoique son récit fût d’une clarté et d’une précision exemplaire, Clavarina ne parvint pas à en saisir le sens ; ses pensées noyaient son esprit, incapables de s’écarter pour laisser place à autre chose. Son regard balayait la salle, s’accrochait aux expressions de colères, aux ridules sur le front, aux gestes virulents, et la jeune femme n’en était que plus inquiète. Son anxiété dut transparaître, car Ran posa une main sur son épaule. Comme elle ne s’y attendait pas, Clavarina n’eut pas le temps de bloquer son Code, et quelques bribes de souvenirs appartenant au jeune homme se déversèrent en elle. Elle vit d’abord l’assemblée par ses yeux, puis aperçut des clichés évasifs d’un quotidien passé au palais, en salle des gardes ou encore dans les appartements de la princesse.
Une colère profonde, soudain, heurta Clavarina et l’attira comme un cyclone ramène en son centre tout ce qui se trouve sur son passage : ce fut un Ran beaucoup plus jeune qu’elle découvrit alors, recroquevillé sur lui-même, tiraillé par une hargne indéfectible, et pourtant sans réelle cible sur laquelle se déverser. Pour se libérer de ce sentiment qui commençait à grignoter son propre cœur, Clavarina s’extirpa de la mémoire du garde du corps :
- Est-ce que vous allez bien ? demanda ce dernier.
La jeune femme opina, et, pour retrouver son calme comme sa contenance, concentra son attention sur la silhouette de la princesse.
Li’Dawn exposait son plan à la noblesse, précisant quelle serait les modalités de l’implication des Enfants au sein de la politique. Elle avait rarement été aussi reconnaissante envers ses parents de lui avoir apporté, depuis quelque mois, l’éducation qui seyait à une héritière de la couronne. Toutes ces heures passées à contrôler sa voix, les muscles de son visage, à maîtriser les apparences et l’art de la rhétorique prenaient enfin sens. Quand il fut temps d’appuyer son propos par des arguments scientifiques, la princesse introduisit Clavarina. D’un geste, elle demanda à ce qu’on atténue la vive lumière qui irradiait le palais, et l’Enfant se chargea d’allumer le projecteur de poche qui vint diffuser des lignes de calculs et autres schémas divers devant chaque groupe d’ambassadeurs. L’impératrice, intriguée, se pencha légèrement en avant, détaillant les documents qui défilaient devant ses yeux.
Preuves à l’appuie, Clavarina s’efforça de convaincre l’assemblée que les Enfants étaient par eux-mêmes capables de maîtriser leur Code, si tant est qu’on ne le modifiasse pas inconséquemment. Les chiffres, croquis de structures cérébrales et autres supports scientifiques perdirent un peu l’assemblée, mais rassurèrent les plus sceptiques. De son exposé, Clavarina garda peu de souvenirs : le poids des regards posés sur elle annihilait toutes ses perceptions. Elle tendait ses bras tremblants vers les diapositives qui défilaient, articulait du mieux qu’elle pouvait. Ce n’était pas seulement des chiffres qu’elle énonçait ; elle faisait graduellement basculer sa vie vers une voie nouvelle, une voie qu’elle avait maintes et maintes fois désiré prendre. Que serait demain, si la princesse parvenait à persuader les nobles que les Enfants étaient, non pas des divinités, mais des individus dotés d’une personnalité, de sensations, de pensées propres ? N’aurait-elle plus à craindre de disparaître au sein d’une conscience collective, pourra-t-elle s’exprimer librement ? Allait-elle pouvoir mener une vie qui ne se cantonnerait plus aux murs du laboratoire, pourrait-elle quitter son perchoir d’où elle avait jusque-là observé le monde, pourrait-elle se mêler aux foules, se faire des amis… ? Pourrait-elle aimer, qui sait ?
Ca fait plaisir de revenir par ici (= Ta discussion dans les comms avec Claire m'a fait pas mal rire xD
Pas le chapitre le plus facile pour s'y remettre, c'est très dense en infos et en personnages mais j'ai été content de retrouver ton univers et tes personnages. J'aime beaucoup la prise d'initiative de la princesse, on sent son assurance après tout le travail qu'elle a mené sur son éloquence, la maîtrise qu'elle a des débats etc...
L'empereur est assez mystérieux, on sent qu'il a un certain talent pour les affaires politiques mais c'est pas évident de savoir dans quelle mesure il contrôle la situation. J'espère en apprendre plus sur ce personnage.
Mes remarques :
"il parlait sans détours, paradaient" -> paradait
"- Votre altesse, je me permets, moi aussi, de manifester mes craintes." majuscule à altesse ?
"qu’il n’avait rien à craindre" -> qu'ils n'avaient
"Preuves à l’appuie" -> appui
Un plaisir,
A bientôt !
Effectivement, tu reviens pile à un moment assez... Inhospitalier. C'est un temps assez mou, en terme de narration, et tout le monde se rassemble autour d'enjeux qu'on peut facilement avoir perdu de vue. N'hésite pas, si tu as besoin de petits rappels.
Comme j'ai terminé le premier gros tiers du roman, je retravaille le début pour qu'il commence sur des bases plus solides. Je me sers de tous les retours reçus, et le tiens seront toujours les bienvenus pour m’aiguillonner dans ma réécriture. Je te conseillerais bien de reprendre avec cette nouvelle jeunesse donnée au texte (je la publie sur PA, quand ça me semble ok), mais la publication est très lente et irrégulière. A toi de voir ce que tu préfères.
A bientôt et merci encore de prendre le temps de me lire !
(=
J'ai trouvé ce chapitre dense et j'ai beaucoup aimé les changements de point de vue pour nous faire glisser d'une perception de la pièce à une autre.
J'ai relévé différentes choses (mineures) :
- "Par le ton employé, elle donnait l’impression de céder au caprice d’un enfant qui trépigne, et ce afin de le rassurer. Ainsi, elle condamnait l’ambassadeur pour avoir remis en question l’autorité de la couronne, mais elle l’infantilisait, aussi, aux vues de tous." : les deux phrases répètent la même idée
- "Plutôt que de les amadouer en les persuadant qu’il n’avait rien à craindre, elle préférait leur rappeler que la crainte elle-même n’était pas digne d’eux." : je trouve dommage d'avoir cette précision, au demeurant très joliment formulée. Si tu n'avais pas mis le discours de la princesse, le résumé aurait été parfait. Mais il devient superflu puisque ligne suivante il y a le résumé de la princesse. Cependant, si tu passes sur le pdv d'un autre personnage, alors je trouverais pertinent qu'il fasse l'observation de "ah malin, la princesse a fait ce choix-là". En l'état actuel des choses, j'y ai trouvé un goût de répétition, un peu infantilisant pour toan lecteurice je trouve
- Les gens savent pas que les erlkoning jouent avec le code des enfants ? ça m'étonne... ou alors ça m'étonne que le tollé provoqué ne soit pas plus énorme !
- "Habitué aux comptes-rendus exhaustifs, Ran lui détailla chacune de ses observations, relatant les échanges, précisant les postures ou les attitudes des membres de l’assemblée." : combien de temps a duré la réunion ? j'ai eu la sensation que ça durait plusieurs heures ; or un résumé aussi exhaustif de seulement 10 minutes de réunion ça doit durer longtemps, surtout dans une pièce aussi peuplée ! j'ai du mal à trouver ça cohérent...
Autrement bravo pour ce chapitre, je vais lire la seconde partie :)
Plein de bisous !
Merci pour ton retour ; tes remarques m'aident beaucoup et me donnent plein de nouvelles idées ! Tu as tout à fait raison, il va falloir que j’amplifie les réactions des membres de l'assemble et que j'étire un peu la narration pour rendre tout ça plus cohérent...
A bientôt !
J'ai pas encore lu, je lirai pas ce soir parce que je suis trop fatiguée, mais vraiment contente de te revoir par ici !
A très vite !
J'espère garder le rythme. En tout cas merci pour ton accueil ! J'espère que la suite te plaira. J'ai remarqué que Bell avait disparue... Elle va revenir ou bien tu as décidé de supprimer ton histoire ?
En fait, Bell, je l'ai déjà envoyée à deux éditeurs, alors je me sens pas trop de la laisser ici, je l'ai archivée, mais c'est vrai que j'aurais bien aimé avoir tes retours sur la fin, ils sont précieux. Je peux le réactiver pour toi si tu as envie, mais pas longtemps, il faudra que tu me dises.
Si tu peux la remettre, je lirais la fin avec plaisir. Demain, peut-être ? Sinon je peux t'envoyer mon mail en message privé ? Ça t'éviterait de garder ton histoire en public. J'imagine que ça plairait pas trop à des éditeurs, effectivement...
Je te le laisse pour le début de semaine, ok !
Tu sais qu'il y a une messagerie via le forum, qui est mieux que la messagerie perso qu'il y a sur nos profils (surtout pas faire "répondre"...), il faut juste s'inscrire et se présenter.
Je ne savais pas du tout ! Ni ne savais vraiment comment fonctionnait la messagerie, d'ailleurs... J'avoue que je me sers pas des masses des fonctionnalités de Plume d'argent. (ce qui est dommage !) Je vais essayer tout ça !
Quelques coquillettes :
- une politique qui exclue ses principaux sujets, => clut
- je ne sous-entend => tends
-quelle serait les modalités de l’implication des Enfants au sein de la politique. => quelles seraient
- si tant est qu'on ne les modifiasse pas=> si tant était qu'on ne les modifiât pas... mais "si tant est que" est une structure en voie de figement, c'est étrange de la mettre au passé, comme ça ne va pas de l'installer dans un récit au passé telle quelle. Solution : il faut reformuler la phrase.
A bientôt !
Si ça peut te rassurer, on garde certes une ligne politique dans l'intrigue, mais le plus gros est passé, et la suite devrait être plus mouvementée.
Merci, en tout cas, pour toutes tes remarques. Comme d'habitude, je copie-colle le tout pour m'en souvenir lors de mes relectures.
A bientôt !