Chapitre 10

Avant que je puisse répondre, le médecin arriva demandant à nous laisser seul afin qu’il puisse m’ausculter. J’ai effectivement deux côtes cassées, il nettoya également les nombreuses écorchures avant de les panser.

  • Mademoiselle, puis-je vous demander d’où viennent ses nombreuses cicatrices que vous possédez et je ne parle pas des récentes ?
  • Lesquelles ? demandais-je. La vie dans la rue avait laissé de nombreuses traces sur mon corps.
  • Celle-ci, demanda le médecin en pointant du doigt la plus grosse d'entre elles.
  • C’est la seule dont j’ignore la provenance, je l’ai depuis que je suis toute petite.
  • Je vois. Bien, j’en ai fini. Repos obligatoire pendant deux semaines le temps que les côtes soient rétablies et pas de cascade ou de folie pendant un mois.
  • Ce n’est pas possible, je dois travailler. Je ne peux pas me permettre de perdre quinze jours de salaire.
  • Repos, j’ai dit. Ecoutez ce que je vous préconise, soit j’envoie les jeunes hommes derrière la porte s’en chargeaient. Vous avez le choix.

C’était un coup bas de la part du médecin mais il n’avait pas tort, Noah comme Baldo ne me laisseraient pas reprendre le travail tant que je ne suis pas totalement rétablie.

A peine le médecin sortit de la chambre, que les garçons y pénétrèrent. Baldo vint s’installer sur mon lit contre le mur et je vins me coller contre son torse. Noah, quant à lui, vint s’installer au pied du lit. Tous les deux ne cessèrent de me regarder et je savais ce qu’ils attendaient.

  • Op, parle nous, demanda Noah.
  • Cela ne changera rien que vous en parle ou non, je l’avais cherché.
  • Comment ça ? demanda Baldo.
  • C’était juste les règlements d’actions passées.

Baldo se souleva soudainement. Il fit plusieurs pas avant de se retourner vers moi et de me fixer.

  • Les marchands, n’est-ce pas ? demanda-t-il.

J'acquiesçais de la tête.

  • Et merde, tu n’aurais pas du te promener seule surtout dans cette partie de la ville.
  • Je sais mais je pensais qu’ils se vengeraient à nouveau surtout après la dernière fois.
  • Moi non plus.

Baldo resta choqué et inquiet de cette découverte.

  • Excusez- moi mais je ne comprends pas. Ce sont les marchands qui t'ont fait cela ? demanda Noah.

Baldo ne répondit pas à la place il me fixait cherchant à savoir ce que je souhaitais raconter ou non. Noah n’avait pas été mis au courant de la première altercation.

  • Effectivement, affirmais-je.
  • Mais pourquoi ? Et ce n’est pas la première fois en plus, n’est-ce pas ?
  • Baldo, peux-tu nous laisser, s’il te plait. Je te rejoindrai pour dîner.

Baldo ne se fit pas prier et sortit de la chambre après m’avoir serré dans ses bras et embrassé mon front.

Noah se rapprocha de moi jusqu’à se trouver en face de moi, assit au bord du lit.

  • Te souviens-tu quand tu nous as aidé dans la rue avec les soldats ? demandais-je.
  • Je me souviens surtout de la dérouillée que tu as mise aux soldats.
  • Ce n’est pas un secret que je suis une voleuse et Baldo également.
  • Non, effectivement mais quel est le rapport avec ton état aujourd’hui, demanda Noah ?
  • Nous les avons volés quelques fois.
  • C'est-à -dire quelques fois ?
  • Plusieurs fois…
  • Op. Insista Noah.
  • Presque toutes les semaines.
  • Des semaines ? Depuis combien de temps ?
  • Quelques temps…
  • OP ! Depuis combien de temps ? demanda Noah d’une voix ferme et dure.

Je ne voulais pas lui répondre, je savais que voler, c’était mal. Je savais que la violence des commerçants était parfaitement justifiée. J’avais honte de ce que nous avions fait mais je savais aussi que s’il fallait que je le refasse pour m’assurer que ma famille pouvait avoir quelque chose dans l’assiette au repas, je le ferai sans hésitation.

  • OP, répond moi ! ordonna Noah.
  • Tu veux que je te réponde quoi ! Qu’on les a volés pendant des années afin d’avoir quelque chose à manger ! Nous mais aussi nos parents. As-tu juste une idée des heures de travail que nos parents font sans même pouvoir ramener assez de nourriture pour nous quatre. On a fait un choix avec Baldo, un choix dangereux, immoral et illégal, on le sait et on en assume les conséquences pour la deuxième fois.
  • La deuxième fois ? demanda Noah surprit.
  • Après que tu nous as aidé avec les soldats, les commerçants ont exprimé leur contrariété si je puis dire. Mais bon, on est rentré en meilleur état, je te l’accorde.
  • Op…
  • NON ! Je n’ai pas besoin de ta pitié. Cela ne m’apportera rien. C’est la vie de la rue. On a merdé et on assume, c’est la règle.
  • Cela ne doit pas se reproduire, je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose, murmura Noah en prenant mon visage dans sa main.

Sa voix était redevenue douce et calme.

Pendant les jours qui suivirent, je restais couché dans la chambre de Noah, caché du roi et à l'abri des regards. Emilie venait régulièrement me voir ainsi que Noah et Baldo. Ils passaient leur temps à me chaperonner pour que je reste allongé à me reposer. Le temps me semblait long et les journées interminables. Petit à petit, la douleur des côtes disparaissait. Pour m’occuper, je décidais de continuer mes recherches sur mes origines. Lia m’emmena plusieurs livres sur les différents royaumes voisins, ainsi que les animaux. Absorbé par les ouvrages, les jours passaient plus vite mais je ne parvenais pas à trouver l’information que je souhaitais. C’est alors que dans l’un des livres, je tombais sur une légende racontant l’histoire du poisson arc-en-ciel. Cet animal proviendrait des profondeurs du lac Noir, dans le royaume Archange. Il aurait la propriété de pouvoir soigner tous les maux du corps humain. Je tournais la page et découvrais un dessin du poisson, il ressemblait énormément à l’animal de mes rêves. Le royaume Archange et notre royaume Indrani étaient tous deux relié par une rivière qui s’écoulait du lac Noir jusqu’au lac Ind dans notre ville. Cela collait parfaitement avec mon arrivée dans la rivière lorsque j’étais petite et cela pouvait expliquer mon rêve. Dans ce scénario, tous les éléments semblaient s’emboiter parfaitement. Ce qui signifiait que je venais de l’Archange et également que je n'avais jamais retrouvé ma famille, je ne cherchais pas dans le bon royaume. Mais ce que je ne comprenais toujours pas c’était la raison pour laquelle je me trouvais dans le lac Noir, que s’est-il passé pour que je me retrouve dans l’eau ? Et cette voix qui m’appelle, qui était-ce ? Je devais continuer mes recherches sur le royaume Archange pour découvrir les réponses à mes questions.

 

La fin de journée arriva rapidement, Baldo vint me rejoindre dès son travail terminé afin que nous mangions ensemble. Je lui fis par également des découvertes liées à mes recherches. Son regard s’assombrit petit à petit que je lui racontais. Baldo craignait que si je découvrais ma famille biologique, j’allais l’abandonner mais c’était quelque chose qui était impensable pour moi : Baldo, Emie et Pop étaient ma famille et ils le seraient à jamais. Jamais, je ne les quitterais. Ma vie était ici. Mais j’avais besoin de savoir d’où je venais et de me comprendre. J’avais toujours ressenti un vide concernant mes origines, je me sentais incomplète, pas totalement moi. Comme si quelque chose en moi avait besoin de savoir pour enfin sortir de sa prison.

Noah passait toujours en fin de journée me saluer et s’assurer que tout allait bien. Le temps que je sois en convalescence, il dormait la nuit sur le sofa dans la chambre de sa sœur. J’avais insisté pour échanger nos places ou bien que je dorme dans ma chambre respective mais il avait refusé prétextant que je devais un lit de qualité pour me remettre rapidement et correctement mais je soupçonnais une autre raison. Depuis ma dernière altercation, il était devenu surprotecteur envers moi ce qui avait la fâcheuse manie de me mettre mal à l’aise. Toutefois, même si j’avais raconté à Baldo mes découvertes concernant mes origines, je n’en parlais point avec Noah. Sa réaction précédente m’avait marqué et blessé. Une distance dans mon cœur s’était faite.

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