Chapitre 10 : Chagrins

Notes de l’auteur : Bonjour tout le monde !
Voici le dixième chapitre, que je trouve plutôt déprimant (et je suis déprimée, justement). Ce n'est certainement pas le meilleur que j'ai pu écrire (et ayez l'extrême obligeance de ne pas tenir compte du passage avec Camille, qui n'est autre qu'un dernier clin d'oeil).
Heureusement, pour compenser, j'y ajoute un "extra" (je pourrais bien vous raconter mille et unes choses sur les extras et leur origine, mais j'ai bien peur que ça n'intéresse personne d'entre vous). Sachez tout simplement que c'est un morceau de l'histoire (ou une annexe) que je n'ai pas pu inclure dans les chapitres et qui restent à part. Il y en aura en tout et pour tout huit et ce, à partir de chapitre-là.
Voilà, c'était un grand blabla aujourd'hui, mais bon, il faut que je rajoute aussi les remerciements habituels et les gros bisous destinés à mes lecteurs et revieweurs. Wala !
Bonne lecture ! =D

Chapitre Dix : Chagrins

 

Décidément, les jours passaient vite et se ressemblaient tous. Cela faisait déjà trois semaines que Gabrielle et Valentin étaient ensemble. Ils étaient toujours collés l’un à l’autre. Pourtant, ils formaient un couple de plus en plus étrange. Chacun avait son appartement. De temps en temps, elle venait chez lui pour y dormir. Dès fois, c’était le contraire. Chacun avait laissé quelques vêtements chez l’autre. Il y’avait des jours où ils ne dormaient pas ensemble. Ces jours-là, chacun restait chez soi et ils ne se parlaient que par téléphone. En plus, ils n’avaient pas banni le vouvoiement de leurs paroles.

 

Depuis quelques jours, Gabrielle essayait de passer la majorité de son temps libre avec Jessica et Lucile. Cette idée avait, au début, enchanté Valentin, qui était content de la voir consacrer son temps à ses amies. Mais au fil des jours, il crut qu’elles étaient ce qu’il y avait de plus important pour Gabrielle, et il avait l’impression d’être délaissé. Il devint alors de plus en plus ronchon, et si la jeune femme détestait quelque chose chez lui, c’était bien cela.

 

- Franchement, vous êtes méchante avec moi, grommela-t-il, un jour qu’il accompagnait les jeunes femmes à une promenade sur le bord de la Seine.

 

Gabrielle et ses deux amies marchaient devant et ne cessaient de papoter, et il les escortait à contre-cœur et en silence. Personne ne lui avait demandé s’il voulait les accompagner, mais il les avait suivies dans l’espoir qu’elle se souvienne qu’ils formaient un couple et qu’il existait toujours. Lucile avait sorti son adorable chapeau de paille. Jessica marchait en montrant bien en évidence son appareil-photo numérique dernier cri (elle en avait plusieurs chez elle) aux personnes qui passaient à côté d’elle. Quant à Gabrielle, elle portait ses lunettes de soleil, qu’elle ne quittait pratiquement jamais, même en hiver.

 

- Alors, le toutou grogne ? claironna Jessica, en se retournant.

- Le toutou, il te dit d’aller te faire foutre.

- Suffit Valentin, réprimanda Gabrielle.

- Oh, ton chien n’est pas dressé, Gab’. T’as pas pensé à le faire piquer ?

- Vous n’êtes vraiment pas gentilles.

 

Même s’il affichait une mine de chiot triste, elles remarquèrent qu’il était vraiment déçu. Il restait immobile, et il faisait tellement rire Jessica, qu’elle voulut le prendre en photo pour immortaliser cet instant.

 

- Arrête Jessica, supplia Lucile en s’apercevant que Valentin n’était pas bien du tout.

- Si on ne peut même plus rigoler…

 

Gabrielle s’avança vers lui et le prit dans ses bras. Aussitôt, le visage du jeune homme s’enfouit au creux de son cou. Elle était gênée ; elle n’avait pas l’habitude d’avoir ce genre de comportement en public.

 

- Tu ne m’aimes plus, murmura-t-il, abattu.

 

Il y croyait dur comme du fer.

 

- Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Arrêtes Valentin, je t’aime, alors tu te tais, sinon je t’en fous une. Tu sais bien que moi, il ne faut pas m’énerver.

- Tu ne me le dis pas souvent…

- De quoi ?

- Que tu m’aimes.

- Toi non plus, figure-toi. Et ce n’est pas parce que je ne le dis pas, que je ne le pense pas. D’accord ?

- Bisou, réclama le jeune homme.

- Seulement si tu t’arrêtes de bouder dans ton coin.

- Promis.

 

Après un bref baiser, ils rejoignirent Jessica et Lucile, bras dessus-dessous, mais le jeune homme n’avait toujours pas retrouvé le sourire.

 

- Val’, t’es hyper chiant à râler tout le temps, tu sais ! remarqua la photographe.

- Jessica ! grondèrent ses deux amies.

- Bah quoi ?

 

Le portable de Valentin sonna, et Gabrielle et Lucile en profitèrent pour discuter avec Jessica, sans qu’il ne les entende.

 

- Quel manque de tact !

- Il n’est pas bien en ce moment…expliqua l’infirmière.

- Mais pourquoi ?

- Sa mère est à l’hôpital !

- Elle a un cancer, ajouta Gabrielle. Mets-toi à la place de Valentin.

- Ah ouais, fit Jessica, surprise. D’accord, je vois…

 

Pendant qu’elles chuchotaient entre elles, le jeune homme parlait avec Anthony. L’élève avait terminé de passer son concours de gardien de la paix, et attendait avec impatience et angoisse les résultats.

 

- Alors, sur quoi t’es tombé ? s’enquit Valentin.

- Bah pour le premier concours, j’ai eu droit à un Questionnaire à Choix Multiples. Putain Val’, c’était trop dur ! Horrible ! Y’avait des questions de géographie (je suis naze en géo !), de politique (je comprends que dalle à la politique !) et de droit ! Rassure-moi, le terme « inculpé », il remplace bien le mot « coupable » ?!

- Bien sûr. Pour être plus exact, quelqu’un qu’on inculpe, c’est quelqu’un qu’on présume coupable d’un délit ou un crime.

- Bon ça va, j’ai eu juste alors ! Et, un gardien de la paix appartient bien au corps de maîtrise et d’application ?

- Évidemment ! Depuis le temps que je te le répète Anthony !

- J’avais juste un doute ! Après, j’ai eu des questions qui m’ont remonté. Y’en avait des simples et des difficiles, mais ça allait. Non, franchement, le reste, c’était des trucs que je savais ou que tu m’avais appris. Comme les sigles qu’on rencontre chez les flics ou des trucs sur les flingues. Franchement, ça m’a servi de bosser au 36. Le deuxième concours était trop simple Val’ ! C’était beaucoup plus centré sur la défense et les fonctions de flics.

- Coefficient combien ?

- Deux. Après, j’ai eu l’épreuve de rédaction. Coefficient trois. Je me suis trop gavé.

- C’était quoi le sujet ?

- « Que pensez-vous des radars automatiques mis en place en 2003 ? ».

- C’est pas vrai ?! T’as vraiment eu ça ?

- Ouais, je te jure !

- Si tu voulais tous les points, il suffisait de dire que c’était une excellente idée du gouvernement ! fit Valentin, avant d’éclater de rire.

 

Il observa les trois jeunes femmes discuter doucement, tout en écoutant les paroles d’Anthony.

 

- Bon, Antho’, je te laisse…Je suis en promenade là.

- Okay, on se revoit…quand déjà ?

- Après-demain, théoriquement !

- Okay ! À la prochaine alors !

 

Dès qu’il raccrocha, Valentin jeta des regards perçants à Gabrielle et Lucile.

 

- Je suis certain que vous lui avez dit ! fit-il, en désignant la photographe. Tout le monde le saura que ma mère a un cancer ! Tu comptes envoyer un publipostage aux habitants de Paris aussi ?!

- Val’…elle n’était pas au courant…

- Maintenant que je sais, j’arrêterai de t’embêter, promit Jessica.

- C’est ça le truc qui m’énerve. Toutes les personnes qui sont au courant sont gentilles avec moi ! Simplement parce que ma mère est malade !

- Arrête Valentin, supplia Gabrielle.

- On te soutient, conclut Lucile, c’est tout.

- Que veux-tu qu’on fasse d’autres ? On est amis après tout !

 

La dernière réplique de Jessica fit chaud au cœur à Valentin. Voilà un an déjà qu’il était installé à Paris, et il avait rencontré beaucoup de personnes, à commencer par Gabrielle et ses deux amies. Il y’avait aussi Anthony, Berthier et d’autres flics avec qui il s’entendait bien. Il avait laissé tous ses vrais amis à Nice ou Marseille, et il avait pensé ne pas s’en être fait de nouveaux à la capitale. Il ne savait pas s’il devait considérer ses collègues flics comme de véritables amis. Cependant, cette discussion lui fit prendre conscience qu’il pouvait considérer Jessica et Lucile comme des vraies amies. La photographe avait toujours été sympathique avec lui et lui avait rendu de nombreux services. L’infirmière, plus réservée, s’entêtait à rester au chevet de sa mère malade, lorsque lui ou Gabrielle ne pouvait pas le faire. Enfin, cette dernière lui avait apporté beaucoup plus qu’une simple amitié. Même lorsqu’ils ne sortaient pas ensemble, elle avait été généreuse avec lui (depuis l’incendie de son ancien appartement). Aujourd’hui, elle lui apportait ce dont il avait le plus besoin. Bientôt privé de l’amour maternel, il savait que celui de Gabrielle pourrait lui suffire pour vivre heureux.

 

Il sourit à lui-même, et enlaça Gabrielle.

 

- Merci, fit-il simplement.

 

Valentin donna son bras à Jessica, qui donna le sien à Lucile, et ils continuèrent leur promenade en bavardant. Une demi-heure plus tard, ils allaient faire demi-tour pour rentrer chez eux mais une petite voix appela le jeune homme.

 

- Tiens, tiens, mais qui voilà ? On dirait bien que c’est Monsieur Valentin des Orfèvres.

 

Le jeune homme se retourna, surpris, et lâcha Gabrielle et Jessica. La personne qui l’avait interpellé était une jeune femme, rousse, très petite, et qui poussait un landau.

 

- Oh Camille ! s’exclama-t-il en se ruant sur elle.

 

Il voulut la serrer dans ses bras, mais il renonça au dernier moment et lui fit trois grosses bises sur les joues.

 

- Ça va ? demanda-t-il, pressé de savoir.

 

La dénommée Camille mit un temps à répondre. Elle regarda d’abord la Seine, puis son landau, et enfin Valentin.

 

- Ça va, répondit-elle doucement.

- C’est ta fille ?

 

Avant qu’elle dise quoique ce soit, le jeune homme sauta sur le landau, et saisit la petite fille.

 

- Qu’elle est mignonne ! s’exclama-t-il, émerveillé. Gabrielle, je veux le même !

 

La jeune femme n’écoutait pas. Elle discutait avec ses deux amies, tout en suspectant Camille.

 

- Je vous coupe avant que vous me le dites…Je ne suis pas jalouse !

- On n’allait pas dire ça ! se défendit Lucile.

- Attendez, je crois que je la connais…fit Jessica, en détaillant la rouquine de la tête au pied. Mais oui ! Y’avait sa photo dans le journal !

- Quand ça ?

- Euh, c’était assez récent, mais je te jure, elle est passée dans le journal !

 

Jessica avait toujours été au courant de l’actualité. Lorsqu’elle était plus jeune, elle avait voulu s’engager dans le journalisme, et finalement, elle avait préféré la photographie.

 

- Attendez, de quoi parlait cet article déjà… ? Euh…ah oui ! Elle s’appelle Camille Laurier ! Et elle a été décorée de la Légion d’Honneur pour service rendu à l’État l’an dernier !

 

Gabrielle parut réfléchir.

 

- Son nom me dit quelque chose. Sauf que je ne l’ai jamais vue dans un journal, mais au Quai des Orfèvres. Attendez, ça va me revenir…

 

Elle eut une grande minute de réflexion, pendant que Valentin continuait de poser plein de questions à Camille, qui paraissait fatiguée de l’écouter.

 

- Tu crois que je pourrais faire un mauvais père parce que je suis flic ?

- Ça veut rien dire ! Regarde, Joël est avocat et…il se débrouille plus ou moins bien…

- Non, mais lui, c’est un cas à part. Et avec une mère qui est flic aussi, ça donnerait quoi selon toi ?

- Ça donnerait que le gosse se tiendrait à carreaux s’il ne voudrait pas se prendre deux claques.

- Ah…fit Valentin, sonné par cette révélation.

 

Il admira longtemps la petite fille.

 

- Franchement, elle ne te ressemble pas du tout, remarqua-t-il.

- Je sais, répondit Camille, vexée. Elle a tout de son père. Ses yeux, son visage, et elle est brune.

- Peut-être que ce sera autre chose pour le caractère !

- J’espère bien. Je la promène tous les jours, histoire de la faire sortir un peu. Ensuite, quand on rentre à la maison, je lui donne son goûter, je la couche…et je me couche.

 

Valentin observa Camille et sa fille. Elles ne se ressemblaient pas, mais elles avaient un unique point commun : elles étaient faibles. La petite n’avait pas encore un an, mais elle faisait moins que son âge. Elle n’était pas grosse. Elle avait un petit corps, plus petit que la moyenne. Quant à sa mère, elle s’appuyait au landau pour pouvoir rester debout. Elle était très fatiguée. Pour preuve, elle avait des petits yeux.

 

- T’es sûre que ça va ? s’inquiéta le jeune homme.

- Ça va, répondit Camille, en baillant. Il faut que je me repose. Depuis…enfin, depuis la naissance de Loreleï, je suis cinq fois plus fatiguée qu’avant.

 

Plus loin, au même moment, Gabrielle claqua des doigts, l’air horrifié. Jessica et Lucile la regardèrent, étonnées.

 

- J’y suis ! Elle a un casier judiciaire aux archives ! C’est une criminelle ! Oh mon dieu, Valentin fréquente une criminelle !

- Arrête de dire des conneries ! s’exclama Jessica. On ne peut pas être criminel et être décoré en même temps ! Tu dois te tromper !

- Mais non, j’en suis certaine !

- Et moi, je suis certaine de l’avoir vue récompensée par le Président de la République ! J’ai vu sa photo dans le journal !

- Elle a un casier judiciaire ! répéta Gabrielle.

- Elle a sa photo dans le journal ! s’entêta la photographe.

- Bon, arrêtez ! coupa Lucile. Pour être sûres, il faudrait demander à Valentin, mais on le fera plus tard.

 

Du côté de Valentin et de Camille, la discussion semblait tout aussi animée.

 

- Tu sais, au début, on croyait que je l’avais perdue. Parce que tu sais, j’ai eu une grossesse hyper difficile.

- Ah ça…

- Ne te moque pas ! Elle est née presque trois mois avant terme !

- Non ? fit le jeune homme, choqué.

- Si !

 

Il allait à nouveau parler lorsqu’elle dévia le sujet de la conversation.

 

- Dis, tu sais, quand la petite ira à l’école, je vais rester toute seule à la maison…commença la jeune femme, embêtée. Et tu sais que j’ai pas de travail.

- Oui…fit Valentin, qui ne voyait pas où elle voulait en venir.

- Et bien, je pensais que tu pourrais peut-être me booster pour qu’on m’accepte dans la police…

- Tu plaisantes, Camille ?!

- Non, mais c’est Joël qui m’a dit que, de nos jours, il fallait être pistonné pour devenir fonctionnaire.

- Oui, mais Joël, c’est un gros con, tu le sais bien.

- Joël, c’est mon mec, je te rappelle.

- Ouais, m’enfin, t’aurais pu trouver mieux…grogna le jeune homme.

 

Camille tenta de frapper Valentin au ventre, mais elle n’avait pas assez de force pour lui faire véritablement mal.

 

- Et j’aimerai me rendre utile, continua-t-elle.

- Cam’, si tu veux avoir une seule chance d’entrer chez nous, il faut que tu aies des diplômes…

- J’ai mon Bac !

- Et tu n’as que ça, d’ailleurs, ironisa Valentin.

- Et alors, c’est un diplôme !

- Qui ne vaut plus rien.

- Et attention, c’est un Bac Scientifique, en plus ! Alors, c’est pas de la nioniotte !

- Prends le comme tu veux, mais c’est pas suffisant. T’es pas diplômée de l’ENP !

- Mais j’ai de l’expérience ! Un an dans l’espionnage, et deux ans de chasse ! Serial killer ! Franchement Valentin, tu sais mieux que moi que ce sont les assassins qui sont les plus doués pour retrouver des assassins. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’ils ont de l’expérience !

- Et tu crois vraiment qu’on va t’embaucher parce que tu as ce genre d’expérience ?

- Bah oui, répondit-t-elle naïvement.

- Bah non, parce que figure-toi que tu as un casier judiciaire assez chargé dans nos archives, et ça… ça bousille tous tes espoirs de devenir fonctionnaire !

- Comment ça, j’ai un casier judiciaire ?! Tu m’avais promis que je n’en aurai plus !

- Hey oh, j’ai rien promis du tout moi ! C’est impossible d’effacer un casier judiciaire comme ça ! Je risque le renvoi !

- De toute façon, je peux quand même être embauchée, parce que je suis décorée. Ah, tu rigoles moins maintenant, hein !

- Écoute Camille, n’essaie pas de trouver des excuses, c’est impossible, et je vais te répéter pourquoi. Tu n’as pas les diplômes nécessaires, t’as des soucis de santé, et tu as un casier judiciaire rempli à ras bord ! Résultat de l’entretien préalable à l’embauche : désolé Mademoiselle, vous ne remplissez pas les conditions requises pour devenir Gardien de la Paix. Au revoir !

- T’es vraiment pas top avec moi. Heureusement qu’on t’a pas choisi pour être le parrain de Loreleï.

- Tu chercherais pas à me faire marronner là ?

- Pas du tout. C’est ce que tu fais déjà d’ailleurs. Bon, Monsieur Valentin, je dois rentrer chez moi. J’ai sommeil.

- Okay, répondit le jeune homme.

 

Il l’embrassa à nouveau sur la joue, et déposa aussi une bise sur le front de la petite fille.

 

- Prenez bien soin de vous.

- Ouais, ouais…marmonna Camille, en poussant son landau dans la direction inverse.

 

Valentin la regarda s’éloigner, puis il revint vers Gabrielle qui l’attendait de pied ferme pour le bombarder de questions.

 

- C’était qui ? s’exclama-t-elle.

- Qui ça ? demanda-t-il.

- Elle !

- Ah, une copine.

- Mais qui c’est, exactement ?!

- Camille Laurier.

- C’est une criminelle !

- Mais non ! s’écria à son tour Jessica. Elle est passée dans le journal, et ils n’ont dit que du bien d’elle !

 

Valentin était un peu perdu, et c’est Lucile qui décida de lui expliquer les évènements.

 

- Elles ne savent pas si ta copine est une criminelle, parce qu’elle est décorée.

- Elle est les deux. Mais ça fait longtemps qu’elle ne tue plus. Comment veux-tu qu’elle fasse dans cet état-là ?

- Ah bon ? firent les trois jeunes femmes, étonnées. Les deux ?!

- Les deux.

- Et bien, qu’est-ce qu’on attend pour l’arrêter alors ? demanda Gabrielle, avec un sourire sadique.

- Franchement, t’as pas intérêt, gronda doucement Valentin. Elle tuait seulement pour le bien. Et de toutes façons, c’est terminé tout ça, maintenant. Alors, arrête de faire ta jalouse !

- Je ne fais pas ma jalouse ! C’est juste que je pense que tu as de mauvaises fréquentations !

- Et si on parlait de tes fréquentations à toi ?

 

Jessica et Lucile froncèrent les sourcils, vexées.

 

- Un problème, mec ? s’informa la photographe, en tapant du pied.

- Je te rappelle que les fréquentations de Gabrielle lui ont permise de te rencontrer !

- Euh, excusez-moi, mais même si vous ne l’aviez pas amenée en boîte, je l’aurais quand même rencontrée au boulot ! Elle ne m’aurait jamais giflé ! Et elle aurait été plus gentille ! Et peut-être que ça ferait plus longtemps qu’on serait ensemble !

- Ça ne veut rien dire, remarqua Gabrielle. Si ça trouve, j’aurai rencontré un homme de bien, et tout, et tout.

- Impossible, décréta Valentin, les dents serrées.

- Et pourquoi ça ?

- Parce qu’avant de me connaître vraiment, vous étiez associable.

- Ce qui n’est pas faux, admirent Jessica et Lucile à l’unisson.

- Merci bien ! Sur qui je dois m’en prendre ?!

- Valentin, répondirent les deux jeunes femmes.

- Hey ! Pourquoi moi ?!

- Très bien. Val’, vous avez moins de deux heures pour nous préparer une mousse au chocolat !

- Vous ne croyez pas que vous êtes assez grosses comme ça ?

 

Une ruée de coups s’abattit sur lui, mais c’est sans doute Jessica qui le frappa le plus fort (elle n’aimait pas que l’on se moque de ses formes).

 

- Bon, ça va, je capitule ! Va pour une mousse au chocolat allégée !

- Valentin !

- Okay, une mousse au chocolat bien calorique.

 

 

Tous les couples se tenaient par la main. Tous. Sauf un. Valentin et Gabrielle faisaient une entorse à la règle. Lorsqu’ils pratiquaient une enquête de voisinage ou quand ils se rendaient au 36 à pied, la jeune femme ne voulait jamais qu’il y’ait un quelconque rapprochement entre eux, au grand désespoir de son compagnon.

 

Les affaires sur lesquelles ils enquêtaient étaient toutes différentes, mais il s’agissait surtout de meurtres, d’agressions importantes, et même, de viols (qui étaient considérés comme des crimes du point de vue juridique). Un jour, Gabrielle et Valentin avaient reconstruit l’emploi du temps de leur suspect principal. Ils l’avaient suivi à la trace, mais ils avaient toujours une heure de retard. De ce fait, lorsqu’ils arrivaient à un endroit, le suspect était déjà parti. Ce petit jeu dura pendant plus d’une semaine. Au bout d’un moment, lassés de cette poursuite, les deux flics l’avaient attendu pendant près de huit heures, cachés dans leur voiture. Anthony leur avait apporté de l’eau, du café et des pâtisseries, puis leur avait tenu compagnie.

 

- J’appréhende les résultats de mon concours…soupira l’élève, en se tassant sur la banquette arrière.

- T’inquiètes pas. Si tu l’as, c’est bien. Si tu l’as pas, tu le repasseras. Et puis, c’est tout ! Tu ne vas pas te prendre la tête pour un exam’ quand même !

- Valentin a raison, approuva Gabrielle. C’est juste un examen.

- En tout cas, si je l’ai, j’espère qu’on ne m’enverra pas chez les CRS ! J’ai pas envie de me faire défoncer la gueule par des manifestants ! Je tiens à ma vie quand même !

- C’est pas sûr, tu sais…On envoie rarement les plus jeunes comme toi se faire massacrer dans des grèves qui tournent mal !

- Peut-être que tu finiras plante verte devant un ministère, supposa Valentin.

- Oh non ! brailla Anthony. C’est ennuyant d’être plante verte ! Y’a pas d’action, et on ne bouge même pas !

- Bah c’est là qu’on envoie les débutants, en général.

- Je ne veux pas finir plante verte ! hurla l’élève, désespéré.

 

Il cria tellement fort que Valentin et Gabrielle crurent que leurs tympans s’étaient brisés.

 

- Et en plus, je ne suis même pas un débutant ! Non mais dis, ils me prennent pour un cornichon ou quoi ? J’ai quand même acquis une certaine notoriété en bossant au 36 ! C’est pas tout le monde qui a la chance d’être élève là-bas !

- C’est vrai. Donc peut-être que tu iras bosser dans une minuscule brigade de la Sous-direction des Affaires économiques et financières !

 

Anthony allait hurler à pleins poumons mais le regard que lui lança Gabrielle le fit taire immédiatement.

 

- Valentin, arrêtez de lui faire peur ! gronda-t-elle.

 

Le jeune homme riait aux éclats. Il essayait d’imaginer son élève planté devant un ministère, immobile, à monter la garde ; ou bien dans un vieux commissariat à passer ses journées à faire des photocopies.

 

- Gabrielle, il se moque de moi !

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?! Il ne m’écoute même pas ! Mais ne t’angoisse pas pour rien Anthony, si ça se trouve, on va t’envoyer chez les Stup’s, et tu…

 

Elle fut coupée par Valentin, qui riait de plus en plus fort. Il en pleurait même.

 

- Chez les Stup’s ?! La dernière fois que je lui ai montré de la drogue, il a cru que c’était de la farine !

 

Et là-dessus, il rit davantage jusqu’à ne plus pouvoir s’arrêter. Son fou rire entraîna avec lui ceux de Gabrielle et d’Anthony (qui restait tout de même vexé). Ils passèrent presque dix minutes à rire, jusqu’à ce que la jeune femme s’arrête violemment.

 

- Il arrive ! s’exclama-t-elle, en désignant une voiture stationner sur le trottoir d’en face.

- Il était temps, grogna Valentin.

 

Il avait retrouvé sa mauvaise humeur due aux longues heures d’attente dans la voiture.

 

- On y va ! ordonna-t-il, en ouvrant sa portière.

 

L’arrestation ne se passa pas comme prévu. Elle fut même assez brutale. Le trio ne pensait pas que le suspect pourrait se défendre de cette façon. Il frappa violemment Gabrielle au ventre, et celle-ci poussa aussitôt un cri de douleur. Elle s’adossa à un mur, et se plia comme un livre pour essayer d’ignorer la souffrance qu’elle ressentait. Valentin et Anthony ne purent pas lui porter secours directement. La priorité était d’immobiliser leur suspect. À deux, ils finirent par y arriver. Quand il fut enfermé dans la voiture, l’élève eut la charge de le surveiller. Valentin s’était empressé d’accourir auprès de la jeune femme, toujours tordue par la douleur.

 

- Gabrielle, t’as mal où ?

- Au ventre. Mais c’est rien de grave.

- T’es sûre ?

- Oui, oui. J’ai mal sur le moment, parce qu’il a frappé fort, mais ça va passer.

 

Elle avait beau essayer de le rassurer, il était toujours inquiet.

 

- Je vais t’amener chez le médecin du travail. On ne sait jamais.

- Ça sert à rien, je te dis ! Je ne saigne pas ! J’ai rien du tout !

- Mais tu as mal !

- Ça va passer !

- Si ça trouve, tu fais une hémorragie interne ou une autre connerie dans ce même genre ! Non Gabrielle, vaut mieux te faire examiner par un médecin !

 

Il l’aida à se relever et la conduisit jusqu’à la voiture. Durant le trajet, il était rongé par l’inquiétude, et Gabrielle ne comprenait pas pourquoi le simple coup qu’elle avait reçu pouvait le mettre dans un tel état. Une fois arrivés au Quai des Orfèvres, Anthony fit appel à Albert (l’agent de sécurité) pour l’aider à amener le suspect dans sa cellule provisoire. Valentin et Gabrielle avaient, eux, pris le chemin du cabinet médical des flics.

 

- Ça sert à rien, je vous dis ! s’énerva la jeune femme. Ce mec, il ne m’a jamais vue ! Si ça se trouve, il ne sait même pas que je suis flic !

- Paroles, paroles, paroles…chantonna son collègue de travail, sans l’écouter.

 

Comme elle s’y attendait, le médecin prit un air étonné lorsqu’il la vit entrer dans le petit cabinet. Pourtant, il connaissait son nom.

 

- Mademoiselle de Caumont ! Ça me fait plaisir de vous voir !

- Ah ça, j’imagine, ironisa Valentin.

- Alors, qu’est-ce qui vous amène ? Puisque vous venez me consulter, c’est que ça doit être grave !

- En fait, on ne sait pas…

- En réalité, reprit Gabrielle, énervée, c’est cet imbécile qui m’a traînée ici pour un truc hyper débile. J’avais pas l’intention de venir !

- On ne sait jamais ! Vaut mieux se rassurer ! Et je ne suis pas un imbécile, je suis prudent !

- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? voulut savoir le médecin.

- Un mec qu’on voulait arrêter l’a frappée au ventre.

- Fort ?

- Fort, approuva le jeune homme.

- Bon, déshabillez-vous, ordonna le généraliste à Gabrielle.

- Euh…c’est vraiment nécessaire ?

 

Elle vit les deux hommes lever les yeux au ciel.

 

- Ne faites pas votre pudique ! Au moins la chemise !

- Allez Gabrielle, fais ce qu’on te dit, pressa Valentin.

 

Finalement, la jeune femme céda. Elle ne demanda pas à son collègue de se retourner pendant qu’elle enlevait sa chemise, ce qui étonna le médecin à qui on avait dit qu’elle avait un caractère flambant et une pudeur légendaire. Valentin restait impassible devant Gabrielle en soutien-gorge, ce qui rendit la situation d’autant plus étrange. Il scruta attentivement les deux flics. Ceux-ci faisaient comme si de rien n’était.

 

- Bon, fit-il, dès qu’elle fut allongé. Ça vous fait mal ?

- Oui, mais moins que tout à l’heure.

- Ici ? s’informa le médecin, en touchant l’endroit où se situait le diaphragme.

- Plus bas.

 

Il posa sa main juste au-dessus du nombril de Gabrielle.

 

- Ici ?

- Euh…

 

Elle sentit ses joues brûler, et essaya d’expliquer la situation au médecin.

 

- Disons que c’est…un tout petit peu plus bas…au niveau de…

- De l’appareil génital.

- Oui, voilà.

 

Valentin, qui s’était assis, n’avait pas cessé de ronger ses ongles. L’inquiétude avait envahi son visage. Il était blanc comme un linge.

 

- Mais ça fait presque plus mal, s’entêta Gabrielle. C’est juste venu sur le coup. J’ai rien du tout.

 

Le médecin hocha la tête, mais cela ne rassura pas pour autant le jeune homme.

 

- Je vais vous donner un ou deux médicaments pour atténuer la douleur. Si ça repart ou si vous remarquez des anormalités durant votre cycle menstruel, revenez me voir.

- D’accord.

 

Lorsqu’ils sortirent du cabinet médical, Gabrielle remarqua que Valentin était toujours aussi pâle.

 

- J’ai eu peur…lui confia-t-il.

- J’ai vu, répondit-elle, visiblement irritée.

 

Il ne remarqua pas son agacement, et la suivit jusqu’au bas de l’escalier A.

 

- Tu vas où ? s’informa le jeune homme.

- À la Crim’.

 

Durant le reste de la journée, il ne la lâcha pas d’une semelle. Il essayait d’être aux petits soins pour elle, mais cela l’énervait plus que le contraire.

 

- Tu vas bien ? lui demanda-t-il, pour la énième fois, lorsqu’il entra dans leur bureau avec du café chaud.

- Oui…marmonna Gabrielle.

- Ça va ? T’as pas trop mal ?

- Non.

- Tu veux que j’aille t’acheter tes médicaments ?

- Non.

- Tu as besoin de quelque chose en particulier ?

- Non.

- Tu as besoin de…

- Arrête ! cria la jeune femme. Laisse-moi tranquille à la fin !

 

Valentin sursauta. Il ne s’attendait pas à cette réaction là.

 

- Bon…fit-il, perdu. Tu veux que je te ramène à la maison ?

- Oui, répondit-elle, surprise par sa première réponse positive.

- On va où ?

- Ramène-moi chez moi.

 

 

Quand ils arrivèrent chez Gabrielle, Valentin n’avait toujours pas compris qu’elle était de mauvaise humeur et qu’elle voulait rester seule. Il était allé se servir un verre d’eau, et s’était ensuite installé sur le canapé.

 

- Val’, je crois que tu m’as mal comprise… J’aimerais rester seule ce soir.

- D’accord, répondit le jeune homme, affecté. Mais qu’est-ce que tu as ?

- Ce que j’ai ?! répéta Gabrielle, énervée. Rien du tout ! Il y a juste que je me suis rendue compte que tu ne tenais pas vraiment à moi, c’est tout !

- Hein ?

- Exact ! Cette après-midi, tu ne t’es pas inquiété pour moi ! Tu avais simplement peur que je ne puisse plus avoir d’enfants ! En fait, c’est uniquement pour ça que tu sors avec moi !

 

Valentin aurait pu se mettre en colère à son tour, mais il n’en fit rien du tout. Il restait devant à elle, à la regarder, désespéré et triste. Il ne répondit même pas à sa dernière réplique.

 

- Rentre chez toi, s’il te plait, murmura-t-elle.

- C’est fini ? demanda-t-il d’une toute petite voix.

- Laisse-moi réfléchir.

- Gabrielle, je ne veux pas…

- Valentin, ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà…

 

Il l’observa encore, puis il hésita à s’avancer vers elle pour l’embrasser. Dès qu’il faisait un pas, il reculait, incertain. Finalement, il osa s’approcher d’elle et de déposer un baiser au coin de sa bouche.

 

- Je vais y aller alors…fit-il avec une voix étranglée.

 

Le jeune homme quitta l’appartement, tête baissé, et dès qu’il disparut de la vue de Gabrielle, celle-ci s’effondra sur son canapé, en pleurs.

 

 

Gabrielle n’avait presque pas mangé ce soir-là. Elle voulait abuser du Nutella, mais elle s’était aperçue que Valentin avait entièrement vidé le pot. Elle s’était donc défoulée comme elle avait pu sur ce qu’il restait de la tapenade (le jeune homme était aussi passé par-là). Elle avait beaucoup pleuré. Ensuite, elle avait essayé de s’endormir, mais elle n’y arrivait pas. Elle se rendait compte qu’il fallait que Valentin soit avec elle pour qu’elle puisse sommeiller paisiblement. Petit à petit, elle prenait conscience qu’il était important pour elle et qu’elle voudrait rester à jamais dans ses bras.

 

La jeune femme n’arrêtait de se retourner dans son lit. Il lui manquait. Et elle s’en voulait de l’avoir peiné. Le téléphone sonna soudainement et fit sursauter Gabrielle. Elle alluma la lumière et décrocha, tout en sachant qui serait son interlocuteur.

 

- Allô ?

- Tu me manques.

 

Gabrielle soupira.

 

- Écoute Valentin…

- C’est pas ce que tu crois !

- Je suis sérieuse.

- Moi aussi. Y’a des milliards de femmes dans ce monde qui peuvent avoir des enfants. Pourquoi c’est toi que j’ai choisi ?

- Ouais, c’est vrai, ça. Pourquoi moi ?

- Parce que je t’aime. J’te jure. C’est pour toi d’abord. Et c’est parce que je t’aime que je veux -aussi- faire des enfants avec toi. Allez, je t’en prie, me fait pas la gueule !

 

Il y eut un petit silence. La jeune femme leva les yeux aux ciels, mais elle souriait intérieurement. En réalité, une joie immense s’était emparée d’elle.

 

- D’accord, j’arrive.

 

Et elle raccrocha. Elle enfila rapidement une veste par-dessus sa chemise de nuit et sortit de son appartement en prenant bien soin de fermer à clé. Gabrielle mit seulement dix minutes pour arriver jusque chez lui. Elle monta les escaliers en courant et entra sans frapper à la porte. Valentin l’attendait, allongé sur son canapé. Lorsqu’il la vit arriver, il se leva en silence et se rua sur elle. Le jeune homme la serra très fort contre lui, tout en l’embrassant passionnément. Puis, il la prit par la main, et l’entraîna dans sa chambre. Ils allaient prendre le temps de se retrouver.

 

 

 

Valentin dormait toujours au milieu du lit. Gabrielle se maudit de ne pas s’en être souvenue.  Elle servait de second matelas ; il était étalé sur elle de tout son poids. Sa jambe droite empêchait la jeune femme de se retourner, et son bras était sous sa nuque. Il l’avait toujours immobilisée de cette façon pour ne pas qu’elle s’en aille. Les premières fois, elle avait failli étouffer sous son poids, puis petit à petit, elle en avait pris l’habitude. Elle trouvait adorable le visage de Valentin enfoui dans le creux de sa nuque et ses lèvres n’étaient jamais très loin des siennes.

 

Gabrielle soupira. Il lui fallait attendre qu’il se réveille afin qu’elle puisse se lever et prendre son petit-déjeuner. Par chance, le jeune homme se retourna entièrement dans son sommeil et la libéra involontairement de son emprise démoniaque. Elle essaya de s’enfuir jusqu’à la cuisine, mais Valentin avait prédit le courant d’air glacé qui allait la remplacer. Il s’agrippa de toutes ses forces à sa taille, et elle ne put plus que tomber à nouveau sur le matelas, plaquée contre lui.

 

- Me laisse pas…grogna-t-il, en rabattant le drap sur eux.

- Valentin, je meurs de faim…

- Dévorez-moi…après, vous n’aurez plus faim…

- Oh ! fit Gabrielle, choquée.

- Bah quoi ? Moi, je me casse le ventre à chaque fois !

- Espèce d’obsédé ! Lâchez-moi ou je me rends stérile !

 

La menace eut l’effet escompté. Valentin se hâta de libérer la jeune femme et celle-ci se dépêcha de se sauver.

 

- Hey ! Gabrielle ! rappela-t-il.

- Quoi ?

- À défaut de m’apporter le p’tit déj’ au lit, dites-moi que tu m’aimes !

- Que je vous aime !

- Moi aussi !

- Bon.

 

Elle repartit vers la porte, mais fit à nouveau un demi-tour juste avant de la franchir.

 

- Dis Valentin, revoit ton français ! « Dites-moi que tu m’aimes », ça n’existe pas !

- Va te faire voir, ma chérie.

 

 

Même si Gabrielle n’habitait toujours pas chez Valentin, elle avait déjà pris les bonnes habitudes d’une vraie maîtresse de maison. À commencer par faire le ménage. Elle se souvint encore des jours où il faisait la vaisselle et nettoyait la cuisine quand il vivait chez elle. Cela n’avait pas duré. Ces bonnes résolutions avaient été finalement remplacées par les mauvaises. Heureusement, le jeune homme continuait de cuisiner, et de préparer chaque jour ses mythiques salades niçoises.

 

- Vous ne trouvez pas qu’il fait chaud ? demanda Gabrielle, alors qu’elle passait le balai.

- Pas du tout, répondit Valentin, sans lever le nez de son cahier de comptes. C’est la température idéale. Pour une fois qu’il fait beau, ici.

- Arrêtez, il fait trop chaud !

- Non, pas trop chaud, pas trop froid. La température parfaite, bien que pas normale. Chez moi, on frôle les quarante degrés (ce qui est plus normal).

 

Le jeune homme releva la tête et regarda par la fenêtre.

 

- D’ailleurs, ce temps ne va pas durer ! Vous ne voyez pas les nuages noirs, là-bas ? s’exclama-t-il, avec un sourire moqueur. Et on est en fin juillet.

- Vous n’êtes jamais content.

- Je suis réaliste. Cette ville ne connaît pas les vraies saisons.

 

Son regard replongea sur sa calculatrice, et il perdit aussitôt son sourire.

 

- Putain !

- Qu’est-ce qu’il y’a ?

- J’ai plus un rond ! Entre l’ameublement de cet appart’, l’achat d’un nouveau portable et d’une nouvelle voiture (parce que les autres sont restés dans le lac), et tout ce que je paie à ma mère…je suis ruiné ! Je peux vous dire que je vais attendre avant de me faire propriétaire de cette baraque !

- Mais, ce n’est pas vous qui avez acheté cet appartement, nota Gabrielle.

- Heureusement, sinon ça ferait un bail que je serai à découvert ! Ah mais, il y a le voyage à Nice aussi !

- Vous voulez toujours qu’on descende à Nice ?

- Bien sûr !

- Mais c’est trop tard maintenant !

- Rassurez-vous, j’ai l’habitude de réserver mes voyages à la dernière minute. Avec un ou cent euros en poche, on ira quand même là-bas !

 

Valentin soupira et lança un regard narquois à la jeune femme.

 

- Je crois bien que je vais demander une augmentation…

La réponse ne tarda pas à venir.

 

- Et puis quoi encore ?! Attends que je sois augmentée, avant de leur demander ! Je te rappelle que c’est pas juste que tu sois mieux payé que moi !

- Je verrai, je verrai…

- Non ! Tu ne verras rien du tout ! Si j’apprends qu’ils t’ont augmenté, je t’étripe ! s’exclama Gabrielle, énervée.

- Je rigolais !

- C’était pas drôle !

 

Valentin se renfrogna et reprit ses comptes qui le perturbaient tant.

 

- Va falloir se serrer la ceinture…grogna-t-il.

- Votre mère m’a dit qu’elle allait vous laisser un héritage…

- Son héritage, elle se le met là où je pense !

- Je doute que vous puissiez le refuser.

- Je l’accepterai, mais je le verserai à une association de lutte contre le cancer. Faut pas non plus qu’on me prenne pour un con !

 

Gabrielle posa son balai et s’approcha du jeune homme, gênée.

 

- Dis, je voulais te demander ce qui te pousse à vouloir des enfants.

- Tu ne le sais pas ?

- Non, et j’ai vraiment besoin de savoir. Je ne comprends pas pourquoi tu es si déterminé.

- Oh, y’a pas mal de raisons, expliqua Valentin, tout en rangeant ses papiers. Tu sais déjà que j’adore les enfants…mais, il y’a ma mère aussi.

- Ta mère ?

- Tu ne peux pas savoir à quel point elle serait contente si tu étais enceinte. Ça lui ferait très plaisir, et ce serait une très bonne nouvelle pour elle. Et tu sais aussi bien que moi que c’est ça dont elle a le plus besoin…

 

Gabrielle avait été touchée par la confidence de Valentin, et celui-ci eut le soudain espoir qu’elle accepterait d’avoir un enfant avec lui. Il allait le lui demander à nouveau, mais elle l’interrompit avant qu’il puisse parler.

 

- Non.

- Mais…j’ai rien dit !

- Vous alliez encore me le proposer.

- C’est vrai, admit le jeune homme en se mordant la lèvre inférieure. Mais vous êtes sûre que…

- Val’, ce n’est pas parce que ta mère est très malade que je dois forcément me laisser mettre enceinte, après un mois de couple.

- Mais pour lui faire plaisir…

- Et je ne compte pas moi ? Pense un peu à moi Valentin. Pour l’instant, je ne veux pas, et je suis désolée. J’adore ta mère, je t’aime toi, mais je n’ai pas envie de tomber enceinte maintenant.

 

Le jeune homme accusa le coup, sans broncher. Il fit un sourire triste à Gabrielle, qui se demandait si elle n’avait pas été trop dure.

 

- Je comprends, murmura-t-il, en se levant.

 

Il se dirigea vers la porte, mais lorsque Gabrielle comprit qu’il voulait s’en aller, elle s’agrippa à lui pour l’en empêcher.

 

- Hey ! s’écria-t-elle, paniquée. Vous allez où comme ça ?!

- Me promener, répondit distraitement Valentin, en essayant de se dégager de son étreinte.

- Restez avec moi !

- J’ai juste besoin de réfléchir…moi aussi.

 

Il réussit à se libérer de l’emprise de la jeune femme.

 

- Tu me fais peur quand t’es comme ça…

- Mais non…fit-il en la serrant dans ses bras.

- Tu reviens vite, hein ? demanda-t-elle, les yeux embués de larmes.

- Ne t’inquiètes pas.

 

Valentin l’embrassa tendrement, et se sauva, sans que Gabrielle puisse savoir où il allait.

 

 

Gabrielle l’avait attendue toute la journée chez lui. Le soir pointa très vite, et Valentin n’était toujours pas revenu. La jeune femme se faisait un sang d’encre pour lui. Elle avait finalement décidé de rentrer chez elle. Son inquiétude augmentait de minute en minute. Elle essaya de s’endormir tant bien que mal, mais elle n’y arrivait pas. Elle ne cessait de penser à lui. Gabrielle trouva enfin le sommeil aux alentours de deux heures du matin, mais à peine ses yeux furent-ils fermés, que le téléphone sonna. Ses paupières se rouvrirent immédiatement, et elle sauta sur l’appareil téléphonique.

 

- Allô ? fit-t-elle d’une voix soucieuse.

- C’est Lucile, désolée de te déranger en pleine nuit.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je voulais simplement te prévenir de ne pas chercher Valentin.

- Quoi ? Tu sais où il est ?

- Calme-toi Gabrielle ! Oui, je sais où il est…Il…il est ici.

- Ici ?

- À l’hôpital, précisa la jeune infirmière d’une voix douce.

- Quoi ? Mon Dieu ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

- Rien du tout, mais…il est…enfin…Je vais lui dire de rentrer chez toi.

 

Il y eut un moment où Lucile s’absenta, laissant Gabrielle face au silence et à toutes ses questions.

 

- Voilà. Il va arriver, rassura-t-elle après avoir repris le combiné.

- Je vais l’attendre alors…

- Oui, et Gabrielle ?

- Quoi ?

- Vas-y doucement avec lui. Il est en état de choc.

 

Effectivement, une demi-heure plus tard, Gabrielle entendit la porte de son appartement s’ouvrir dans le noir. Elle se leva de son lit et accourut jusqu’à Valentin. Elle ne voyait que sa silhouette, mais elle arriva à l’embrasser. Puis, elle toucha ses joues. Elles étaient humides. Il pleurait, et elle comprit. Il n’était pas malade. C’était sa mère. C’était sa mère qui avait rendu l’âme après avoir lutté plusieurs années contre la maladie.

 

Paniquée, Gabrielle l’entraîna vers le lit. À peine fut-il allongé qu’il semblait pris de spasmes.

 

- Ça va aller Val’, hein, ça va aller…murmura-t-elle doucement, en caressant son front chaud.

 

Il secoua la tête pour toute réponse, et se colla à elle pour chercher du réconfort. La jeune femme sa cala contre un coussin. Elle savait déjà qu’ils passeraient une nuit blanche. En effet, elle passa le reste de la nuit à le bercer et à lui chuchoter des mots doux et réconfortants. Au petit matin, les pleurs de Valentin semblaient se calmer peu à peu mais il continuait à s’accrocher de toutes ses forces à Gabrielle. Il n’avait pas voulu lâcher sa nuisette et ses yeux étaient cernés de rouge. Quant à sa compagne, elle avait sommeil, mais elle préférait largement soutenir le jeune homme plutôt que de se laisser aller dans les bras de Morphée. Elle sentit soudainement Valentin s’agiter, et elle n’en comprenait pas la raison. Elle l’observa, étonnée, et vit qu’il était furieux.

 

- C’est de sa faute ! hurla-t-il. C’est de sa faute à lui si elle est tombée malade !

 

 

Ms. BERTHIER Corentin et CAVELIER Anthony

Brigade Criminelle de la PJ

36, quai des Orfèvres

75001 PARIS

 

Salut ! Ceci est un petit coucou de Nice où on essaie de passer de bonnes vacances. Valentin va plus ou moins bien. Je ne me languis pas de rentrer à Paris ; ici, c’est magnifique, et il fait très, très, chaud. On passe nos journées à la plage. Monsieur l’officier a retrouvé ses ex… De vrais pots de glue ! En espérant que les cerveaux fument dans les bureaux, gros bisous, Gabrielle.

 

Ça fait du bien de revenir chez soi. Glaces, bonne bouffe, soleil, plage, femmes, palmiers…Les journées sont chaudes (et les nuits, torrides). Gab’ est rouge (mais moi, je suis tout marron). On pense à vous. On se marre en vous imaginant trempés de sueur, quand la clim’ de la PJ déconne. À très vite, Val’.

 

C’était une carte postale assez longue qui était arrivée aux Orfèvres, un beau jour de mois d’août. Un coucher de soleil, entre les mains moites de Berthier et Anthony.

 

- Les enfoirés !

- Ils ont osé nous écrire au boulot !

- Les enfoirés ! répéta Anthony.

- T’as vu ce qu’ils osent nous écrire ?! « Plage », « soleil »…

- J’hallucine !

- Ils vont m’entendre, dès qu’ils reviennent ! Ça va barder !

 

L’élève commença à concocter des plans de vengeance, mais Berthier le coupa dans ses réflexions.

 

- Attends, je viens de remarquer que Val’ a barré quelques mots de Gabrielle.

- Lesquels ?

- Il a rayé « plus ou moins bien », et il a écrit « MAL » à la place.

 

Les deux gardiens de la paix se regardèrent, horrifiés.

 

- Le pauvre, ça doit pas être facile de partir en vacances juste après l’enterrement de sa mère.

- Celle que je plains le plus, c’est Gabrielle. Valentin doit être d’une humeur exécrable.

- C’est clair. Elle doit en baver.

- Et c’est fort probable que ça nous arrive aussi dès qu’il va revenir travailler…acquiesça Berthier.

- Tu crois ? demanda l’élève, terrifié à cette idée.

- Mon pauvre Anthony, on voit que tu ne connais pas assez bien Valentin…

 

Extra Un : Allô le 17 !

 

Dans un petit appartement parisien, une grand-mère, une mère et sa fille discutaient.

 

- Mon dos souffre le martyre ! s’exclama la vieille dame.

- Et tu n’as pas de médicaments ? s’inquiéta la mère.

- Non.

- Et la pharmacie de garde ?

- Je ne sais pas laquelle est ouverte aujourd’hui. En plus, c’est dimanche ! Tiens, appelle la police et demande-leur !

 

La jeune fille ouvrit de grands yeux.

 

- Mais Mamie, c’est pas la police qu’il faut appeler ! C’est le S.A.M.U. !

 

La grand-mère avait un gros problème : elle n’entendait presque pas. Il était donc inutile de la contredire, d’autant plus qu’elle était (très) têtue.

 

- Allez, appelle la police ! C’est le 17, non ? continua-t-elle, sans écouter sa petite-fille.

 

Pendant que la mère saisissait son téléphone portable, l’adolescente enfouit sa tête dans le creux de ses bras. Sa grand-mère la désespérait.

 

 

 

 

Le hasard voulut que l’appel fût redirigé vers le Quai des Orfèvres. Le gardien de la paix qui répondit fut assez surpris par la demande de son interlocutrice. Ne sachant vraiment pas quoi faire, il opta pour une fuite.

 

- Bon, écoutez Madame, je vais vous mettre en relation avec quelqu’un.

 

Il réfléchit où il pourrait transmettre l’appel, et le souvenir d’un grand blond qui l’avait taquiné toute la matinée sur sa vieille voiture lui revint en mémoire. Avec un sourire mauvais, le flic appuya sur l’une des nombreuses touches du standard. L’appel fut directement transmis au troisième étage, et plus précisément, au bureau 338.

 

 

 

 

Valentin somnolait sur son fauteuil lorsque le téléphone sonna. Dès qu’il l’entendit, il sursauta et décrocha brutalement.

 

- Brigade Criminelle, bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il machinalement.

- Je cherche une pharmacie de garde.

 

Le jeune homme resta interdit, et son interlocutrice s’en inquiéta aussitôt.

 

- Oh hey !

- Excusez-moi…mais c’est quoi que vous cherchez, au juste ? Je crois que j’ai mal entendu !

- Une pharmacie de garde. Ma mère a mal au dos.

- Ne quittez pas.

 

Il posa le combiné sur son bureau et porta ses mains autour de sa bouche pour se faire entendre.

 

- Gabrielle ! hurla-t-il.

 

La jeune femme déboula aussitôt dans le bureau, paniquée.

 

- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y’a ? Incendie ? Meurtre ? Enlèvement ? Attaque terroriste ?

- C’est qui l’enfoiré qui m’a passé le dernier appel ?

- Aucune idée. Pourquoi ?

- La femme à l’autre bout du fil est en train de se payer ma gueule. Elle m’a appelé simplement pour connaitre la pharmacie de garde ouverte aujourd’hui. Qu’est-ce que je lui dis ?

- Je ne sais pas du tout !

 

Il reprit son combiné, tandis que Gabrielle ouvrait son bureau à la recherche d’un guide des adresses de Paris.

 

- Écoutez Madame, je ne suis pas un annuaire téléphonique, et je n’ai donc pas la moindre idée de la pharmacie ouverte aujourd’hui.

- Déjà que vous ne faites rien de vos journées, si vous ne pouvez même pas répondre à un service, je me demande bien à quoi vous servez !

- C’est pas mon boulot ! Et d’abord, figurez-vous que je ne chôme pas !

- Ah ouais ? Tout ce que je peux vous dire, c’est que vous restez dans votre bureau à glander au lieu de donner une bonne raclée à tous les délinquants qui traînent dans nos rues !

- Si c’est pour une plainte, vous ne vous adressez pas au bon service ! Moi, je m’occupe essentiellement des meurtres, alors, avant de porter un jugement, venez un peu ici, qu’on vous montre ce que sont nos journées ! Y’a des jours où on finit le boulot à six heures du mat’, et…

- Suffit Valentin, coupa Gabrielle. Passez-moi ce téléphone.

 

Le jeune homme, qui s’était retenu pour ne pas se mettre en colère (son statut de fonctionnaire l’obligeait à être poli avec la population parisienne), s’empressa de lui donner le combiné. Ceci fait, il ouvrit rageusement son tiroir et sortit un paquet de bonbons. Pendant qu’il se défoulait sur des dragibus, sa collègue prenait la situation en main en cherchant sur Internet.

 

- Oui, bonjour Madame. Écoutez, il me semble qu’il y ait une pharmacie ouverte dans le quinzième arrondissement, mais je ne sais pas laquelle. Vous pourriez y aller faire un petit tour, non ?

- Et qu’elle laisse la mamie sur le trottoir, proposa Valentin, la bouche pleine de friandises.

 

Gabrielle fit les gros yeux au jeune homme, qui l’ignora totalement.

 

- Merci bien ! répondit la dame à l’autre bout du fil. Vous, au moins, vous prenez le temps d’aider les gens, contrairement à votre collègue !

- Vous savez Madame, mon collègue n’avait pas tout à fait tord. Pour ce genre de renseignements, il vaut mieux appeler le S.A.M.U..

- Vous êtes la police…

- Mais nous ne sommes pas médecins.

- Ah.

 

La réplique de Gabrielle fit taire son interlocutrice. Finalement, après quelques paroles échangées, l’officier raccrocha et observa Valentin. Il avait entamé un second paquet de bonbons.

 

- Heureusement que j’avais des réserves dans mon bureau ! assura le jeune homme, avant d’avaler cinq guimauves à la suite.  Sinon, je pétais un câble !

- Vous êtes stupide.

- Pas du tout ! Moi, il ne faut pas me prendre pour un con, sinon je m’énerve ! C’est Haribo qui vous a sauvé de ma crise de colère.

 

Gabrielle soupira et se demanda comment elle pouvait être amoureuse d’un tel énergumène. Valentin dut lire dans ses pensées car il lui adressa un sourire innocent.

 

- Vous voulez un chamallow ?

- Non.

- Des fraises Tagada ?

- Non.

- Des Dragicroc ? C’est nouveau, ça vient de sortir.

- Non plus.

- Quelque chose de plus classique alors ! Des crocos ou des nounours ?

- Valentin !

- Bah quoi ?

 

La jeune femme ne répondit et s’approcha du bureau de l’officier. Le tiroir était grand ouvert et ressemblait à une véritable caverne d’Ali Baba.

 

- Mon dieu Val’ ! Y’en a pour tout Paris là-dedans !

- C’est pour me consoler dans les moments où je manque de cogner dans les murs.

- Si Anthony voit ça…

- Je lui fous mon poing à la gueule ! termina Valentin. De toute façon, je ferme le tiroir à clé. Il ne manquait plus que je me fasse dépouiller, tiens !

- Si j’avais su ça avant, je n’aurai jamais accepté de sortir avec toi, ironisa sa collège.

- Alors ça, c’est un coup bas, fit le jeune homme, vexé. Ne vous inquiétez pas, ma gourmandise a un large champ d’action. Bonbons, bisous, femmes, olives et rapports sexuels !

- Je crois que j’en ai assez entendu…déclara Gabrielle.

 

Elle tourna les talons pour quitter la pièce mais l’officier se hâta se la rappeler.

 

- Euh…attendez ! Revenez !

- Quoi ?

- Approchez.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Approchez, je vous dis.

- Valentin…fit Gabrielle, peu rassurée.

- Encore, encore.

 

Voilà qu’elle était très proche de lui, mais il lui demandait encore d’avancer.

 

- Un peu plus près. Encore un petit peu. Voilà ! Stop ! Penchez-vous maintenant. Encore. Encore. Tournez votre tête à droite et…

 

Leurs lèvres venaient de se toucher.

 

- Parfait, s’exclama le jeune homme, en faisant tomber sa collègue sur lui.

- Ouille…Mon genou.

- Tu ne vas pas chipoter pour ça quand même !

- Chipoter pour ça ?! Je te signale que je suis pliée en quatre sur toi !

- Et alors ?

- Mon pauvre Valentin, si vous ne prenez pas soin de votre femme, elle finira bien par vous quitter un jour…

- N’importe quoi !

 

Ils allaient à nouveau s’embrasser, mais le téléphone les interrompit. Valentin grogna aussitôt.

 

- Je ne réponds pas ! déclara-t-il sérieusement.

- Je ne peux pas répondre non plus, parce que vous me serrez trop fort.

- C’est fait pour.

- Je crois l’avoir bien compris.

 

Cependant, le téléphone ne cessait de sonner et le jeune homme s’amusait à narguer l’appareil, et surtout, la personne au bout du fil.

 

- Laissez le temps aux deux fonctionnaires de finir leur activité… Soit trois demi-journées, RTT et heures supplémentaires non compris, avant qu’ils prennent le temps de décider lequel des deux devra se lever, de s’embrasser encore, puis de s’avancer vers le combiné, de se dire quelques mots doux, et enfin de décrocher… Pourrez-vous attendre ?

 

 

 

Aux gourmands, aux fans d’Haribo ;

À tous les fonctionnaires et ;

À ma grand-mère, ma mère et à tous ceux qui, comme elles, n’ont toujours pas compris la différence entre la Police et le Samu.

 

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Seja Administratrice
Posté le 11/08/2009
Snif...
Bon en même temps, avec un titre pareil, le chapitre pouvait pas être joyeux...
Snif...
En plus, on savait qu'elle allait y passer la maman, mais snif...
Enfin, snif quoi...
Mais en même temps, Gabrielle et Valentin semblent se rapprocher davantage, se soutenir mutuellement, enfin surtout soutenir Valentin qui est pas mal démoli à la fin du chapitre.
Ah et la petite scenette de la  fin a permis de souffler un peu après ce chapitre ne battant pas les records de joyeuseté (enfin, faut pas croire, hein, j'adore les chapitres dépressifs !!!). Ces gens qui appellent les flics pour un rien, vraiment XD
La Ptite Clo
Posté le 11/08/2009
T_T Bon, il est tard, désolée pour la réponse brève...
Et oui, la maman de Valentin n'est plus... mais même si Gabrielle essaye de le soutenir, Val va battre quelques records dans la dépression... >_< Oh, et puis plus tard, je ne sais plus quand, tu verras un extra sur la jeunesse de Valentin, et donc, sa relation avec sa mère. Enfin, j'imagine que ça doit être terrible de perdre sa maman... T_T
Bref, sinon je suis contente que ça t'ait plu ! ^^ Surtout l'extra, tiré du vécu, puisque ma grand-mère a vraiment appelé les flics pour connaître la phamarcie de garde... NO COMMENT. ^^ XD 
Bien des bisous, et merci à toi ! ^^
Sunny
Posté le 22/10/2007
je parlais de quand valentin dit " c'est à cause de lui qu'elle est tombée malade "... ^^ j'ai quand même pas loupé qui est " lui ", si ?Reponse de l'auteur: Aaaaaaaaaaaaaaaah d'accooord ! ^___^"" (la fille qui a zappé sa propre histoire) T'as rien loupé du tout, c'est moi qui ai la mémoire qui flanche !
Voui, voui, "Lui", je peux pas dire qui c'est...évidement. ;P  Ziboub !
Sunny
Posté le 22/10/2007
Tut, mais c'est qui " lui " ? hum...
^^ Sont même pô compliqués...
XD J'adore la petite dédicace de la fin... 
Reponse de l'auteur: Huu ? J'ai pas très bien compris ta reviews mais bon, c'est pas grave ! Je suis très contente que ça t'ait plu ! Alors, merci, merci, et gros bichoux ! =D
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