Chapitre 10 : Échanges

Farhynia et Corail regardaient Chavard’all et Jack disparaître à l’horizon. Toutes les deux soupiraient, femelles perdant leurs compagnons pour une école dont elles se fichaient.

- On vole ? proposa Corail avant de se souvenir que Farhynia ne l’entendait pas.

La sirénienne se plaça devant sa dragonne et battit des bras. Farhynia observa son anguille et caressa le sol de sa patte avant droite. Corail observa le geste et fronça les sourcils. La sirénienne n’avait aucune idée de la signification de ce geste.

Farhynia posa son cou sur le sol et bloqua sa patte en position. Ce geste-là, Corail le saisissait. Elle grimpa avec enthousiasme, ravie de retrouver le dos de sa dragonne. L’envol fut aussi plaisant que dans ses souvenirs. Elle grimaça en sentant la saisie dure sur ses jambes. Voilà une chose qu’elle préférait nettement chez Zaroth. Un peu moins de fermeté dans la tendresse aurait été appréciée.

Corail ronchonna. Elle n’avait aucun moyen de le dire à Riri et cela l’agaçait. Son esprit énervé tournait à mille à l’heure, espérant trouver une solution. Jack avait raison : la frustration l’obligeait à se démener sauf que tous ses efforts étaient vains. Aucune réponse viable à ce problème ne lui venait.

Farhynia s’éleva haut, au-dessus des nuages. Corail respira à plein poumons. Ici, le peu d’oxygène faisait frissonner tout son corps de plaisir. Plus besoin de traiter le trop plein. Une perfection pour la sirénienne. De plus, la vue lui coupait le souffle. Le ciel parfaitement bleu, du coton en dessous d’elle comme si la terre n’existait plus. On aurait dit l’océan mais avec le vent dans les cheveux en prime.

Farhynia replia ses ailes et piqua vers le sol. Corail hurla, tant de terreur que de plaisir. L’adrénaline monta et quand l’océan apparut à l’horizon dans toutes les directions, Corail commença à avoir peur. Jamais Farhynia ne s’éloignait tant que ça de la côte. Que faisait-elle ?

La dragonne modifia son axe, lui permettant de ralentir un peu mais clairement pas assez, jugea Corail. Elles allaient s’écraser ! Corail hurla en s’agrippant à l’épine dorsale de Farhynia juste devant elle.

L’entrée dans l’eau l’éclaboussa sans lui causer le moindre tort. Farhynia avait maîtrisé son plongeon à merveille. Corail se retrouva entre deux eaux en un clignement d’œil. Son corps passa tout seul en mode « branchies » tandis que la dragonne bleue déployait ses ailes pour se propulser sous l’eau.

- Tu sais nager ! s’exclama Corail. Tu aimes nager ?

La sirénienne n’en revenait pas. Elle n’aurait jamais cru un dragon à l’aise dans l’élément marin. Farhynia filait vite mais en restant à faible profondeur, là où une douceur bleue les entourait, les rayons du soleil parvenant encore jusqu’à eux.

- Plonge ! proposa Corail. Tu verras, en bas, il y a des choses magnifiques !

Farhynia resta sourde à ses appels.

- Plonge ! répéta Corail en basculant ses hanches vers l’avant, comme elle l’aurait fait pour accompagner une piquée.

Farhynia se crispa puis entama une lente descente. Corail ressentit la présence d’un courant puis d’un second. Sa carte mentale s’activa et elle sut où elle se trouvait.

- On va bien s’amuser. Tu aimes la vitesse ? Tu vas être servie ! À droite !

Corail appuya un peu à droite et tira son pied gauche vers le haut. Bien sûr, Farhynia la serrant fort, Corail ne broncha pas mais la dragonne dut sentir le mouvement car elle bascula – après bien dix battements cardiaques – dans le direction voulue. Corail en frissonna. Farhynia lui donnait-elle vraiment le contrôle ? Corail voulut en avoir le cœur net.

- Gauche, dit-elle en agrémentant ses mots du mouvement.

Après un léger temps de réflexion, Farhynia via sur l’aile. Corail en explosa de joie. Contrôler les mouvements d’un monstre plein de muscles, de crocs et de griffes, quelle merveille ! Un nectar de bonheur parcourait ses veines, naviguant de haut de son crâne au bout de ses orteils.

- Plonge. Droite. Redresse.

Farhynia se mit à obéir de plus en plus vite.

- Fonce ! proposa Corail.

La dragonne obéit et ce fut en pleine vitesse qu’elle entra dans le courant chaud. Corail ressentit une intense terreur la parcourir, émotion en provenance de Farhynia qui venait de se faire entraîner par un courant contre lequel elle ne pouvait rien. Corail hurla de joie. Ce toboggan sous-marin était déjà son préféré mais sur un dragon, c’était encore mieux.

Sa joie se répercuta sur Farhynia qui se calma un peu.

- Laisse-toi porter. Ne cherche pas à lutter, murmura Corail en envoyant toute la sérénité possible vers son amie.

Farhynia glissa. Corail jugea ce premier contact avec un courant rapide suffisant.

- À droite, tout doux, maintenant !

Raté. Farhynia avait mis trop de temps à réagir. Sortir du courant nécessitait du doigté. Tant pis, ils attraperaient la prochaine sortie. Corail salua des tortues qui prévoyaient de rejoindre un autre courant dans la soirée.

- Riri ! Gauche ! réclama Corail et cette fois, Farhynia obéit dans l’instant.

Elles se retrouvèrent dans un coin calme et tranquille.

- On remonte ? proposa Corail.

Farhynia entama une remontée à vitesse lente. Corail en conclut qu’elle avait encore beaucoup d’air en réserve. Noyer un dragon prendrait du temps, beaucoup de temps. Dragonne et dragonnière atteignirent la profondeur où la vision revenait et Farhynia se figea, restant entre deux eaux.

Corail observa autour d’elle, se demandant pourquoi sa dragonne s’arrêtait. Farhynia activa ses ailes et bondit sous l’eau pour s’approcher de ce qui s’avéra être le cadavre d’une otarie.

- Riri ! On s’en va ! Maintenant ! ordonna Corail.

Soit la dragonne ne comprit pas, soit elle choisit d’ignorer le conseil. Au contraire, elle s’approcha plus et ouvrit la gueule.

- Riri ! Non ! C’est un piège ! L’otarie est un appât !

Un appât destiné aux siréniens. Ceux qui vivaient ici appréciaient particulièrement la chair tendre des otaries. Sauf que les dauphins adoraient encore plus déguster des siréniens. Au moment où Farhynia referma ses crocs sur l’animal, ils passèrent à l’attaque.

Restés silencieux jusque-là, ils bondirent depuis l’entre deux eaux où ils attendaient, immobiles, invisibles. Ils ricanèrent de sons et de cris, faisant surchauffer les récepteurs de Corail qui eut l’impression que son cerveau explosait sous le choc. Les dents s’écrasèrent sur les écailles.

- Riri ! Remonte ! Je t’en prie !

La dragonne, peu affectée par les attaques, de simples piqûres de moustiques pour elle, tordit le cou pour attraper un dauphin qui lui échappa sans difficulté. L’eau était son élément à lui.

Les dauphins se séparèrent en deux groupes. La moitié, en dessous, larguèrent des bulles. Le nuage eut l’effet escompté. Farhynia s’en retrouva déstabilisée. L’autre, au dessus, chargea. Corail constata avec effroi que l’un d’eux se dirigeait droit sur elle.

- Lâche-moi ! hurla Corail en tentant de retirer ses jambes de la poigne de Farhynia. Il va me tuer ! Lâche-moi !

Le dauphin plongea, le museau en avant : leur méthode préférée. Ils transperçaient ainsi le corps de leur adversaire. La plupart du temps, le coup n’était pas mortel mais la proie se vidait. Ils n’avaient qu’à attendre qu’elle perde de l’énergie pour venir la déguster, le plus souvent vivante. Corail se jeta en avant, se plaquant contre le corps de Farhynia.

Le dauphin la toucha au flanc, faisant exploser son poumon, fort heureusement non utile sous l’eau. Farhynia dut sentir la douleur de sa dragonnière car elle transpira la terreur avant de plonger.

- Non ! hurla Corail. Tu ne vas pas dans le bon sens ! Tu plonges au lieu de remonter !

Rien à faire, la dragonne, paniquée, réagissait n’importe comment. Bon sang ! Les dauphins allaient réussir à noyer un dragon !

- Riri ! Pas par là ! Riri !

La dragonne nageait sans logique. Elle se retrouva empêtrée dans un tourbillon l’amenant encore plus vers le fond. Elles en ressortirent indemnes et débarrassées des dauphins mais la douleur de Corail lui faisait voir des points blancs devant les yeux là où le noir total aurait dû régner à cette profondeur.

Des cris de joie lui parvinrent. Corail se concentra, tentant de déterminer la source, la direction. Dans cet univers, y parvenir seule tenait du miracle. Les membres d’un banc échangeaient sans cesse leurs réceptions, permettant de visualiser l’espace. Seule, Corail eut toutes les peines du monde à se repérer.

- Riri, tu dois me faire confiance. Calme-toi et fais ce que je te demande. Plonge.

Une cage oppressa sa poitrine. Farhynia manquait d’air. Elle voulait remonter.

- Il y a des orques au-dessus de nous. Elles t’ont repérées. Elles sont nos alliées, souvent, mais croquer un dragon ne se refuse pas. Elles te tueront. Elles l’ont fait par le passé.

Corail était consciente que Farhynia ne l’entendait pas mais elle espérait faire assez passer d’émotions pour que la dragonne comprenne la gravité de la situation.

- Elles s’attendent à ce que tu remontes. Elles t’attendent. Tu vas devoir me faire confiance. Plonge, Riri, plonge !

La dragonne réagit et Corail put la guider mieux que jamais. Farhynia lui obéissait. Les orques réagirent en les prenant en chasse. Corail serra les poings. Il fallait que Farhynia tienne encore un peu, juste un peu. Oui !

Le courant ascendant les propulsa vers la surface. Elles émergèrent dans une gerbe d’eau.

- Vole ! ordonna Corail.

Un coup d’ailes les propulsa plus haut, tandis que la gueule d’une orque sautant hors de l’eau se refermait sur l’endroit où se trouvait le cou de Farhynia un instant plus tôt.

- Ça n’est pas passé loin, en conclut Corail.

Les écailles de Farhynia claquèrent toutes, une fois, fortement. La sirénienne se prit une immense gerbe d’eau puis Farhynia prit de l’altitude.

- Reste en bas, ordonna Corail. Je ne respire qu’avec un seul poumon. Pour une fois, un peu plus d’air sera bénéfique. Ramène-moi à la maison. Assez d’émotions pour aujourd’hui.

 

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- Que s’est-il passé ? demandèrent en même temps Chavard’all et Jack à leur retour.

Corail gisait allongée, le torse bandé. Trois bouquetins, deux sangliers, un saumon et des huîtres attendaient qu’on le déguste.

- J’ai ramené à manger ! répondit Farhynia.

- J’ai un poumon en moins, indiqua Corail.

- Pas tous en même temps ! gronda Jack, le seul à recevoir les deux en stéréo. Comment ça, tu as un poumon en moins ?

- Qu’est-ce que vous avez foutu ? s’agaça Chavard’all.

Il rentrait après une longue journée. D’accord, sa compagne avait ramené de la nourriture mais juste histoire de compenser les problèmes.

- T’inquiète pas, tenta de rassurer Corail. Ça va aller. Chavard’all accepterait-il de te porter jusqu’à des siréniens ? Tu leur expliques ce que j’ai et tu leur demandes… Je ne sais pas comment ça s’appelle dans ta langue. Dis-leur juste qu’il me faut le nécessaire pour guérir. Ils devraient comprendre.

Jack acquiesça sans perdre son air sombre. Il envoya un regard noir à Farhynia puis monta sur son dragon. Ils repartirent pour revenir plutôt vite. Jack déposa un sac dégoulinant près de Corail.

- Ça pue, ce truc, gronda-t-il.

- Vos gourdes sont faites en vessie de bœuf. Nos sacs sont réalisés en vessie d’orques. C’est ça, qui pue, pas tellement le contenu, indiqua Corail dont la voix s’éraillait par manque d’air et sous la douleur.

- Je dois faire quoi ? demanda-t-il tandis que Chavard’all cuisait la viande.

- Tu te souviens quand Riri a eu l’aile cassée ?

Jack acquiesça.

- Il a fallu remettre les os en place. Il va falloir le refaire. Une de mes côtes a perforé le poumon. Il faut l’enlever et la remettre à sa place. N’hésite pas à ouvrir avec un couteau pour atteindre si besoin.

- Corail, je…

- Remets tout comme il faut puis enduis mon torse de la boue que les siréniens t’ont donnée. Tout ira bien, ne t’inquiète pas.

- Ça va faire atrocement mal.

- Moins que la mort, assura Corail. La souffrance me fera probablement perdre connaissance. Tant mieux. Laisse faire. Quand je me réveillerai, j’irai mieux et je serai contente d’avoir du saumon et des huîtres.

Jack ferma les yeux, respira plusieurs fois puis sortit son couteau. La plaie, lavée par l’eau de mer, était propre mais les os sortaient dans des directions non conventionnelles. Jack entreprit de les placer correctement, grinçant des dents lors des inévitables raclements. Les hurlements de Corail s’estompèrent lorsqu’elle sombra, rendant le travail plus facile.

Lorsque Jack estima avoir terminé, il vida le sac en vessie d’orques sur le torse de la blessée pour découvrir une boue marron visqueuse qui sentait le sous-bois iodé, un mélange olfactif surprenant auquel il ne s’attendait pas.

Épuisé, il alla se laver les mains puis s’assit et dégusta lentement la cuisse de sanglier fournie par Chavard’all.

- Tu nous expliques ? gronda Chavard’all tandis que sa compagne et lui se nourrissaient.

- Nous sommes allées nager, Corail et moi, annonça Farhynia.

- Nager ? répéta Chavard’all. Elle nageait pendant que tu la regardais.

- Non, le contra Farhynia. Elle était sur mon dos et nous sommes allées dans les profondeurs. J’ai emprunté un courant super rapide. C’était trop bien.

- Et qu’elle perde un poumon, c’était bien aussi ? grogna Chavard’all.

- Nous avons croisé quelques embûches, admit Farhynia. Rien d’insurmontable. Elle va s’en remettre.

Chavard’all ronchonna des paroles incompréhensibles. Tout le monde s’endormit, Farhynia triste que Corail ne soit pas sous son aile. Nul n’avait osé déplacer la blessée.

Le lendemain, Corail dormait encore au départ des mâles. Farhynia l’observa et se replongea dans les souvenirs de la veille. Elle avait adoré cette excursion en pleine mer. Elle le referait volontiers. Elle flotta dans un océan d’images agréables.

Corail reprit connaissance lorsque le soleil fut au zénith. Farhynia l’accueillit d’un coup de langue sur le visage faisant sourire la sirénienne. Corail retira la boue qui avait séché. Farhynia constata que le torse avait repris sa forme habituelle. Corail inspira fortement et sourit. Son second poumon fonctionnait normalement.

- On va nager ? proposa Farhynia en proposant ses épaules.

Corail s’éloigna, mangea le poisson et les huîtres puis monta sa dragonne.

- Tu ne bois jamais ? demanda Farhynia avant de se rappeler que sa dragonnière ne l’entendait pas.

Elles rejoignirent l’océan dans lequel elles s’enfoncèrent. Cette fois, Farhynia laissa Corail commander. Elle sentait très bien les jambes de sa dragonnière dans ses conduits de rafraîchissement. Elle lui céda le contrôle. Elles plongèrent, loin, là où les ténèbres envahissent tout. Mais comment Corail se dirigeait-elle ? Farhynia n’aurait su dire avec certitude où se trouvait la surface.

Corail appuya ses mains sur les épaules et tira vers le haut, les deux jambes en même temps. La lâcher ? Ici, dans les profondeurs ? Farhynia en hurla de terreur, ses écailles cliquetant en silence. Corail insista. La dragonne lâcha prise et ouvrit ses conduits. L’eau salée s’y introduisant la fit grimacer. La sensation désagréable la fit se contorsionner. L’absence de Corail la tétanisa.

Corail lui en voulait-elle de sa blessure de la veille ? Était-ce une manière de se venger ? Dans l’obscurité la plus totale, Farhynia prit peur. Elle disposait encore d’une immense réserve d’air. La noyade ne serait pas pour tout de suite. Toutefois, elle avait eu l’occasion, la veille, de découvrir que le monde sous-marin n’était pas aussi calme et tranquille qu’elle l’aurait cru.

Des lumières apparurent sur sa gauche et un monde merveilleux apparut. Des coraux multicolores, des anémones, des poissons dorés, des étoiles de mer. Corail caressait des sortes de serpents dont Farhynia aurait bien été incapable de dire s’ils étaient animaux ou végétaux et ceux-ci s’illuminaient, transmettant la lumière à leur voisin proche. Rapidement, un pan entier de roche s’illumina. Corail traversa pour réaliser le même mouvement à droite et tout le fond se retrouva illuminé de mille feux.

Farhynia n’en revint pas. C’était magnifique, tout simplement. Corail lui offrait un cadeau merveilleux. Farhynia s’approcha et la lécha, laissant l’eau salée pénétrer sa gueule, sensation surprenante mais pas désagréable. Elles observèrent le spectacle ensemble, Corail caressant le museau de sa dragonne.

La lumière décrut, dans l’ordre d’apparition et finalement, le fond de l’océan redevint totalement obscur. Corail reprit position sur le dos de sa dragonne et proposa une remontée. Les deux retrouvèrent le ciel sans encombre. Corail venait de lui montrer son coin préféré. Farhynia décida de faire de même. Elle l’amena à la cascade, coin idyllique au milieu d’une vallée encaissée entre deux montagnes élevées.

Corail se baigna avec délice, savourant les éclaboussures que Farhynia s’amusait à lui envoyer en plaçant sa tête à un endroit ou à un autre. Farhynia ramena Corail à la grotte puis partit chercher à manger. Corail en profita pour se reposer, son torse la tirant encore un peu.

Lorsque Farhynia revint, la nuit tombait si bien que Chavard’all et Jack atterrirent en même temps qu’elles. Jack se rua sur Corail, lui prenant les mains, observant son torse avec angoisse.

- Tu vas bien ? s’enquit-il.

- Très bien. Ça tire encore un peu mais ça va.

- C’est impressionnant. Cette boue, elle marche uniquement sur les siréniens ?

- Je ne sais pas, répondit Corail. Nous n’avons jamais essayé sur personne d’autre.

Jack acquiesça. Ils dégustèrent les prises de Farhynia.

- Vous avez fait quoi aujourd’hui ? demanda Chavard’all.

- On est retournées nager, indiqua Farhynia.

- La déconvenue d’hier ne vous a pas suffit ? gronda-t-il.

- C’était génial. Elle m’a amenée dans un endroit magique. Le fond obscur s’est coloré d’une myriade de couleurs. Ensuite, je l’ai portée à la cascade.

Chavard’all retroussa les babines.

- Je passe d’excellents moments avec Corail, poursuivit Farhynia. Notre lien se renforce. Je le sens.

Chavard’all resta silencieux.

- Le plus surprenant, dans l’océan, c’est le bruit, raconta Farhynia.

- Comment ça ? interrogea Chavard’all.

- Je mets souvent ma tête sous l’eau à la cascade et en dehors du ronronnement des remous à la surface, je n’entends rien. Sous l’océan, c’est tout l’inverse. Ça crie, ça siffle, ça cliquette. C’est tout sauf le monde du silence !

- Si tu le dis, bailla Chavard’all avant d’aller se mettre en position de sommeil pour la nuit, soulevant son aile gauche pour laisser Farhynia s’y blottir, elle même enroulant la sienne autour de Jack et Corail.

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Dyonisia
Posté le 25/10/2024
On en apprend de belles, sur les dauphins ! Mais il est vrai que c'est vis à vis des hommes qu'ils sont réputés être bienveillants...
Hormis la tragique mésaventure, que les merveilles de la médecine sirénienne rendent bénigne, voilà un chapitre où les plaisirs de l'amitié inter-raciale l'emportent sur les malheurs de la guerre, et où l'on découvre un ingénieux système de communication entre héroïnes, mêlant la langue des signes, les aides cavalières et le pilotage des aéronefs :)
Un moment de détente qui, vus le chaud et le froid distillés jusqu'ici par l'auteure, risque de ne pas durer. On parie ?
Nathalie
Posté le 26/10/2024
Que des informations véridiques concernant les dauphins.

Détente avant la descente aux enfer ? Vite la suite !
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