- Jack ?
- Corail ! s’exclama le dragonnier en sortant des songes à une vitesse jamais vue.
Il observa la sirénienne qui lui souriait. Elle leva les yeux.
- Où sommes-nous ?
- Sous l’aile de Farhynia, indiqua Jack.
- Riri ?
- Oui, Riri, dit Jack qui n’ignorait pas que Corail avait arrêté de surnommer affectueusement sa dragonne ainsi depuis que cette dernière lui avait précisé ne pas apprécier.
- Pourquoi es-tu là ? demanda Corail. Tu devrais être dans ta cabane.
Chavard’all ? lança Jack via le lien.
Il sentait le dragon profondément endormi. Son silence ne le surprit pas.
- Et si tu contactais Farhynia via le lien ? proposa Jack.
- Elle dort, répondit Corail. Je ne veux pas la priver de sommeil.
Jack se demanda où en était la nuit. En sécurité dans l’aile de Farhynia, impossible de le savoir. D’habitude, les dragons le réveillaient à l’aurore. Jamais l’inverse ne s’était produit.
- Que fais-tu là ? insista Corail. Non pas que je ne sois pas heureuse de te voir ! Je suis juste surprise que Riri t’ait laissée dormir sous son aile.
- C’est parce qu’elle-même dort sous l’aile de Chavard’all.
- Qui est Chavard’all ? demanda Corail avant de bailler. J’ai faim et je suis fatiguée.
Elle sombra dans les bras de Jack. Il la recoucha puis, l’enlaçant, se rendormit.
Un coup de chaud le tira de ses songes. Farhynia venait de le prévenir de la nouvelle journée à venir.
Chavard’all ! Corail s’est réveillée cette nuit. Vous dormiez tous les deux. Impossible de vous joindre.
Qu’a-t-elle fait ?
Rien. Elle m’a demandé ce que je faisais sous l’aile de Riri.
Riri ? répéta Chavard’all.
Elle se souvient de moi, pleura Farhynia. Oh Jack ! Si elle se réveille à nouveau, dis-lui qu’elle peut m’appeler Riri, ma petite anguille.
Anguille ? répéta Chavard’all.
Je l’aime. Elle peut m’appeler comme elle veut. Je suis sûre qu’elle aimera être comparée à une anguille.
J’en suis sûr aussi, confirma Jack. Elle m’a aussi dit avoir faim.
Il faut augmenter les doses. Combien mangeait-elle avant ? interrogea Farhynia.
Un saumon entier et une bonne douzaine d’huîtres par jour, se rappela Jack.
La veille, il avait mâché pour elle l’équivalent d’un filet de saumon. Peu. Bien trop peu, comprit-il. Devoir cracher la bouillie de nourriture dans la bouche de Corail le dégoûtait.
- Je dois aller donner ma leçon, indiqua Chavard’all. Farhynia, tu veux bien t’occuper d’aller chercher la nourriture ? Farhynia !
- Oui, j’irai ! répondit Farhynia tandis que Jack portait Corail dehors pour la déposer avec douceur sur une couverture, la tête sur un coussin.
Après avoir visité la grotte de Zaroth, Jack s’estima chanceux d’être tombé sur Chavard’all et non le monstre marron. Chavard’all le gâtait, lui permettant d’avoir des coussins, des tapis, des couvertures, une table, des chaises et une bibliothèque très bien garnie.
Une fois la sirénienne confortablement installée, il grimpa sur le dos de son dragon, toujours admiratif devant sa taille et sa majesté.
- Farhynia ? gronda Chavard’all. Tu ne l’as pas fait hier. Puis-je compter sur toi cette fois ?
- Oui, répondit Farhynia mais son ton lointain laissant entendre qu’elle répondait mécaniquement.
Jack sentit Chavard’all agacé. Il s’envola une boule au ventre.
Farhynia s’avança vers Corail et la lécha, sa langue parcourant tout le corps de la sirénienne. La dragonne ne douta pas un seul instant que Corail adorerait ce geste. Les membres d’un banc s’en donnaient sans cesse, geste de cohésion sociale dans les abysses où les siréniens demeuraient. Ils s’en faisaient tout le temps.
Corail ouvrit les yeux et lorsque son regard se posa sur Farhynia, son visage se métamorphosa pour devenir l’expression même de la joie. Farhynia sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Corail tendit les mains vers son museau, geste au combien important pour elles deux.
Les doigts de la sirénienne n’atteignirent par leur cible. Les bras retombèrent avant. Corail venait de sombrer de nouveau dans l’inconscience. Farhynia lécha Corail, espérant que cela la ferait revenir. Elle ne désirait que cela. Rien d’autre ne comptait. Il fallait qu’elle reprenne connaissance, qu’elle sourit de nouveau.
- Farhynia ?
- Elle s’est réveillée ! cliqueta Farhynia sans cesser de lécher la sirénienne.
- Tu as passé la journée à faire ça, comprit Chavard’all en soupirant. Bon, je vais chercher à manger. Pas de chasse ce soir. Les humains pourvoiront à nos besoins.
Farhynia continua à lécher, tremblante de ne voir aucune réaction chez sa dragonnière.
- Farhynia ! Arrête un instant, tu veux ? Jack va la nourrir. Tu as l’air déshydratée. Tu as bu, aujourd’hui ?
La dragonne bleue se retourna et prit conscience de la présence de Chavard’all. Elle cligna des yeux puis l’obscurité la surprit.
- Il fait nuit ? s’étonna-t-elle.
- Oui. Va boire et viens manger. Mouton. Je sais. Ce n’est pas ton préféré mais il n’y en a pas à l’école. Je suis épuisé. J’ai fait au plus rapide.
- Merci, répondit Farhynia, très touchée par l’investissement de son compagnon.
Elle sortit et en trois coups d’ailes, rejoignit la rivière où elle se désaltéra longuement. Lorsqu’elle revint dans la grotte, Jack crachait une bouillie salée dans la bouche de Corail, qui, les yeux clos, avalait. Chavard’all souffla sur les deux moutons.
- Merci de m’avoir attendue pour manger, murmura Farhynia, honteuse.
- Pas de souci, répondit Chavard’all avant de croquer son mouton.
Farhynia caressa les flancs de Chavard’all de sa queue, arracha la tête de son ovin et brisa son crâne entre ses dents. La tête, la partie qu’elle aimait le moins. Elle gardait toujours les pattes, ses préférées, pour la fin.
- Merci, répéta Farhynia sans cesser de caresser Chavard’all.
- De rien, dit Chavard’all en lui léchant le museau, sa langue couverte de sang offrant une odeur merveilleuse à la dragonne. Tu traverses un moment difficile. Normal que je te soutienne. Elle s’est éveillée, alors ?
- La première fois que je l’ai léchée, indiqua Farhynia tout en explosant les côtes de son mouton.
- C’est bon signe. Elle revient. Ton lien ?
- Je ne tombe plus ! s’exclama Farhynia en dansant d’une patte sur l’autre. Je suis allongée sur une plage. Il fait chaud. Les nuages passent dans le ciel. Le bruit des vagues me bercent.
- Une bien jolie vision, éloignée de la réalité de notre grotte, mais c’est toujours mieux que la chute libre, annonça Chavard’all.
Les dragons eurent fini de manger bien avant que Jack ait terminé de nourrir Corail. Le dragonnier se tourna ensuite vers Chavard’all et soupira.
- Oh merde ! J’ai oublié de t’en laisser ! se rendit compte le dragon blanc.
- Pas grave, assura Jack. J’ai avalé une partie du poisson. Il faudra en prendre deux la prochaine fois car j’ai l’impression qu’elle réclame.
- Je vais aller te chercher quelque chose, proposa Chavard’all.
- Inutile, annonça Jack. Je suis épuisé. Je veux dormir. Je vais boire et je vous rejoins avec Corail.
Chavard’all et Farhynia se mirent en position. Jack se rafraîchit dans la source au fond de la grotte. Une petite vasque recueillait le filet d’eau qui s’insinuait au travers de la roche, permettant à un humain, mais pas à un dragon, de s’hydrater. Cette installation aurait fait hurler Zaroth. Quelque chose dans une grotte de dragon uniquement dédié à un humain ? Une hérésie !
Jack attrapa Corail et la porta jusqu’à l’aile de Farhynia où il s’endormit à peine couché. Le bleu de la dragonne avait un fort effet somnifère.
Le souffle chaud de Farhynia éveilla Jack. Il ouvrit les yeux pour découvrir, horrifié, qu’il était seul.
- Corail ? hurla-t-il.
- Calme, Jack. Calme, lui envoya Chavard’all. Elle déambule dans la grotte. Elle découvre tes biens.
Jack bondit hors du cocon bleu pour voir Corail caresser le dos d’un de ses livres sur la bibliothèque. Il la rejoignit à pas mesurés, ayant peur de sa réaction.
- Jack, sourit Corail avant de se rembrunir en regardant derrière lui. Où sommes-nous ? murmura-t-elle en jetant des coups d’œil inquiets derrière le dragonnier.
Naturellement, Jack traduisit l’échange aux dragons. Permettre aux siréniens de construire une relation avec les dragons, non. Permettre à Corail et Farhynia de se retrouver, oui. Jack avait conscience de marcher sur un fil mais ce conflit l’obligeait à ce jeu d’équilibriste.
- Dans la grotte de Farhynia et Chavard’all, répondit Jack.
- Qui est Chavard’all ?
- Mon dragon, répondit Jack.
- Ton… Il ne t’a pas abandonné avant le premier vol ?
- Sa mémoire semble altérée, proposa Chavard’all.
- Corail, que s’est-il passé hier ? s’enquit Jack.
La sirénienne regarda le sol en fronçant les sourcils. Un long moment passa puis elle souffla :
- Tu m’as appris à sucer.
- Et c’est nous les obsédés du sexe ? ironisa Chavard’all.
- Ça veut dire quoi, sucer ? interrogea Farhynia.
Jack dut se retenir de ne pas exploser de rire face à cette question naïve. Mais à combien de femelles d’une autre espèce que la sienne allait-il devoir expliquer ça ?
- Un truc sexuel que je ne ferai jamais, assura Chavard’all. Il faut être complètement con pour mettre sa bite dans la gueule d’une dragonne.
- Ça, je veux bien te croire, répondit Jack.
- Sa bite dans la gueule de ? s’étonna Farhynia. Mais pourquoi ?
- Tu veux bien croire quoi ? demanda Corail.
- Oh pardon ! Je répondais à Chavard’all, indiqua Jack.
- Qui est Chavard’all ? s’enquit Corail.
- Mon dragon, répéta Jack.
- Sa mémoire à court terme semble altérée aussi, fit remarquer le dragon.
- Pourquoi quiconque mettrait sa bite dans une gueule ? s’étonna Farhynia.
- Ton… Il ne t’a pas abandonné avant le premier vol ? dit Corail en même temps.
- Stop ! cria Jack. Pas tous en même temps, putain ! Farhynia, sache qu’il m’est très agréable de mettre ma bite dans la bouche de Corail.
- Et il m’est très agréable de l’avoir là, assura Corail. J’aime bien le goût de ta semence. C’est salé.
- Je ne comprends pas, admit Farhynia.
- Corail, tu… poursuivit Jack.
- J’ai faim, annonça-t-elle.
- Je vais lui chercher à manger, annonça Farhynia avant de s’envoler d’un coup d’aile.
- Ah ouais ? cliqueta Chavard’all. Et tu vas le pêcher comment, le saumon ?
La dragonne bleue, lancée à pleine vitesse, était trop loin pour entendre.
- Hé merde. Nous allons être en retard au cours, maugréa Chavard’all.
- On ne peut pas être en retard, répliqua Jack. Est en retard celui qui arrive après le prof et c’est toi, le prof, mon gars.
- Ne me laisse pas seul avec ce monstre ! supplia Corail en tremblant tout en tenant Jack par les manches, s’assurant que l’humain se trouvait bien entre elle et le dragon blanc.
- Chavard’all ? Il ne te fera aucun mal.
- Qui est Chavard’all ? s’enquit Corail.
- Non, ça, je ne peux pas. C’est trop me demander, murmura Jack. Refaire quinze fois la même conversation, non.
- Ce n’est pas de sa faute si sa mémoire est altérée, répliqua Chavard’all.
- Ce n’est pas de ma faute si je n’ai pas la patience, rétorqua Jack.
- Essaie de voir le verre à moitié plein. Elle est réveillée.
- Corail avec une mémoire de poisson rouge. Merveilleux !
- Tu agis bizarrement, fit remarquer Corail.
- Et maintenant, c’est moi qui suis bizarre ? s’exclama Jack.
- À ses yeux, tu parles tout seul, fit remarquer Chavard’all. Tu pourrais tout aussi bien penser tes paroles.
- Et risquer qu’elle parle en même temps que moi ? Non merci. Gérer deux conversations parallèles m’est impossible. Elle revient quand, Farhynia ?
- Quand elle aura pêché un poisson, répondit Chavard’all.
- C’est une expression dragon équivalente à « Quand les poules auront des dents » ?
- Maintenant, oui, indiqua Chavard’all.
Jack essaya mais ses nerfs lâchèrent et il explosa de rire.
- Tu as l’air tendu, fit remarquer Corail. Tu veux que je te suce ?
Jack se figea tandis que Chavard’all ricanait dans son dos.
- Hum… Hé bien… Euh… bafouilla Jack.
- Je prends ça pour un « oui », annonça Corail avant de sortir le sexe mou de son compagnon du simple pagne qu’il portait.
Dragonnier, il ne portait aucun vêtement sur ses jambes et avançait pieds nus, tenue obligatoire pour pouvoir monter rapidement.
Corail se souvint qu’il fallait caresser avec les mains, la bouche et la langue mais pas le reste du corps. Elle se rappela qu’il aimait particulièrement quand elle l’avalait tout entier.
- Oh putain ! s’exclama Jack. J’avais oublié à quel point tu faisais ça bien !
- J’aime aussi manger des anguilles, indiqua Corail en massant les testicules d’une main tout en titillant le gland gonflé et sensible de l’autre. J’écrase leur tête puis je les avale toute entières. Ça coule tout seul. Un vrai régal !
- En parlant d’anguille, lança Jack avant de grogner, Corail venant de le reprendre tout entier. Est-ce… que… tu…
Il tentait de se contenir mais Corail contractait sa gorge sur son gland niché au plus profond de sa gorge tandis que sa langue titillait ses testicules. Aucune femme n’avait jamais fait cela à Jack. Il jouit sans pouvoir prévenir sa partenaire.
- Voilà, elle vient de manger, en conclut Chavard’all. Directement du producteur au consommateur. Tu peux remettre le couvert quand ? Parce qu’à mon avis, son estomac en réclame d’autre.
Jack resta un moment immobile, se remettant difficilement du fabuleux orgasme qui venait de parcourir son corps du sommet de son crâne au bout de ses orteils.
- Est-ce que je ? demanda Corail.
- Est-ce que tu veux bien que Farhynia – qui par ailleurs accepte tout à fait que tu la nommes Riri – t’appelle sa petite anguille ?
- C’est beaucoup mieux que fourmi, annonça Corail. Oui, anguille, ça me plaît.
- Super. Chavard’all lui transmettra.
- Qui est Chavard’all ? s’enquit Corail.
Le dragon blanc explosa de rire sur le pas de la caverne. Jack soupira. Il espéra que Corail se remettrait vite. Ceci dit, maintenant qu’une partie de sa nervosité venait d’être évacuée, il dut admettre prendre cela avec philosophie.
L’arrivée de Farhynia lui permit d’éviter de répondre à la question. La dragonne bleue atterrit sur trois pattes. La quatrième déposa un bac aussi gros qu’un abreuvoir à vaches. Corail s’avança et hurla de joie.
- Des anguilles ! s’exclama-t-elle.
Elle en prit une, croqua sa tête pour la tuer, faisant dégouliner du jus de cerveau le long de son menton. Jack grimaça et une nausée le prit. Aucune chance qu’il l’embrasse dans les moments à venir.
Corail leva ensuite le menton, ouvrit grand la bouche et plaça l’anguille, la tête la première, dans sa bouche. Son bras bien levé tenant la queue descendit et, sans mâcher, Corail engloutit le poisson serpentiforme.
- Ceci explique cela, lança Jack. Pas étonnant qu’elle arrive à m’avaler sans sourciller.
- L’avaler ? s’étonna Farhynia.
- Tu as raté un moment mémorable. Corail a sucé Jack, indiqua Chavard’all.
- Quoi ? souffla Farhynia.
- Jack a mis sa bite dans la bouche de Corail qui l’a léchée et avalée avec passion. Jack a joui dans sa bouche et Corail a tout avalé, visiblement ravie de le faire.
- Mais pourquoi ? s’exclama Farhynia, dont le cri fit rire les deux mâles.
Jack perdit son sourire en constatant que Corail recommençait. Une deuxième anguille rejoignit la première selon la même méthode.
- Mais comment son estomac fait-il pour en accueillir deux ? lança Jack. Ces serpents marins sont plus longs que mes jambes et aussi gros que mes bras !
- Je dois admettre que je suis épaté, annonça Chavard’all tandis que, sous les yeux ahuris des témoins, Corail en attrapait une troisième et recommençait.
- Putain, c’est peu dire qu’elle avait faim, lança Jack.
Son estomac rempli de la troisième anguille, Corail s’essuya la commissure des lèvres de son avant-bras, bailla puis annonça :
- J’ai sommeil.
- Tu m’étonnes, s’amusa Jack.
Corail avisa la couverture et les coussins. Elle se dirigea vers eux.
- Corail ! Je pense qu’il vaudrait mieux que tu dormes dans l’aile de Farhynia, souffla Jack.
La dragonne bleue retroussa les babines.
- Non ! Non ! lança Corail. Il fait jour. Farhynia adore voler. Je ne veux pas la priver de son plaisir.
- Corail, murmura Jack. Je crois vraiment qu’elle préfère que tu dormes près d’elle et qu’elle s’en fiche de ne pas voler aujourd’hui.
Farhynia enroula son aile, créant le cocon bleu propice au repos. Corail craqua. Elle rejoignit sa couche.
- Bon, au boulot ! ordonna Chavard’all.
Jack le monta et les mâles disparurent rapidement hors de la grotte. Farhynia resta seule avec Corail, plus heureuse que jamais de son retour. La sirénienne s’éveilla lorsque le soleil fut au zénith. Elle avala trois anguilles supplémentaires puis se rendormit. Le même scénario se produisit en milieu d’après-midi. Au retour des mâles, Farhynia lécha Corail qui s’éveilla en souriant à ce doux contact. La sirénienne sortit de son cocon et s’exclama :
- Hé ! Bonjour Chavard’all !
- Au moins, maintenant, elle sait qui tu es, grommela Jack. Ça va mieux, on dirait !
- Où sommes-nous ? interrogea Corail.
- Ou pas, en conclut Jack avant de répondre : Nous sommes dans la grotte de Farhynia et Chavard’all. Tu te souviens ? Nous sommes venus te chercher.
Chavard’all déposa les deux moutons sur le sol. Cette fois, il avait prévu que Farhynia ne serait pas allée faire les courses. Il ouvrit la gueule, arma le feu, ajusta le volume pour une cuisson optimale puis déclencha. Une merveilleuse odeur de viande grillée envahit toute la caverne.
- Zaroth, murmura Corail avant de se courber en deux puis de tomber à genoux.
Jack bondit vers elle. Farhynia lui lécha le dos tandis que Jack lui tenait le visage avec tendresse.
- Il a… brûlé Anthony vivant devant moi… bafouilla Corail.
Jack frémit. Pas étonnant que voir Chavard’all cuire les moutons ait ravivé ce souvenir chez la sirénienne.
- Puis il l’a dévoré, termina Corail.
Voilà des détails dont Jack se serait volontiers passé. Il l’enlaça, lui permettant de pleurer sur son épaule.
- C’est fini. Il ne te fera plus de mal, promit Jack.
- Pourquoi a-t-il fait ça ? demanda Corail.
Jack se recula et grimaça. Il connaissait la réponse mais hésitait sur sa volonté à la donner ou non. S’il refusait, aucun des deux dragons ne serait en mesure de le faire puisque le lien entre Farhynia et Corail excluait toute communication mentale.
- Jack ? insista Corail.
- Je n’ai aucune envie d’être un vecteur de cette guerre, expliqua-t-il. Je marche sur un fil et crois-moi, si je tombe, d’un côté ou de l’autre, l’atterrissage sera rude.
- Ce que Zaroth m’a fait a un rapport avec la guerre en cours ? souffla Corail en plissant les paupières.
- Il y a une autre raison pour laquelle je refuse de traduire entre Farhynia et toi, indiqua Jack.
- Laquelle ? s’enquit Corail.
Elle qui crevait d’envie de pouvoir enfin dire à sa dragonne tout ce qu’elle voulait ! Voilà que Jack s’interposait.
- Le moindre effort, dit Jack.
- Le moindre effort, répéta Corail. C’est quoi ?
- Le fait qu’entre deux solutions, on choisisse toujours la plus simple, la plus facile. C’est humain et je pense que c’est aussi dragon et sirénien.
Corail sourit. Elle ne nia pas.
- Si je commence à traduire, vous vous en contenterez, toutes les deux. Alors que la frustration vous obligera à persévérer vers la solution, que vous trouverez, je n’en doute pas. Ce n’est qu’une question de temps.
- Je pourrais apprendre à lire et écrire. Si Riri apprend à lire elle aussi, elle pourra me comprendre.
- Et te répondre ? rétorqua Jack.
Il attrapa le morceau de viande proposé par Chavard’all et commença à manger, en même temps que les dragons qui s’étaient éloignés pour laisser les humains discuter. Il était clair pour eux que Corail allait mieux et que Jack ne comptait pas traduire un mot.
- Hum… C’est vrai qu’elle ne pourra que difficilement tenir une plume.
Jack rit à cette réplique.
- J’ai faim ! annonça Corail.
Elle dégusta encore trois anguilles puis rejoignit l’aile de Farhynia où Jack la retrouva après avoir fait sa toilette grâce à l’eau de la vasque.
- Riri t’accepte sous son aile ? lança Corail, surprise. Non pas que ça me dérange, bien au contraire, je suis ravie ! Juste surprise.
Jack soupira. Pourquoi avait-il l’impression d’une conversation sans fin ?
- Elle dort sous l’aile de Chavard’all alors techniquement, je dors sous l’aile de mon dragon.
- Techniquement, je dors aussi sous l’aile de Chavard’all, fit remarquer Corail.
Jack acquiesça.
- Je suis heureuse que tu sois là. Tu veux bien les remercier de nous le permettre ?
Jack hocha la tête avant de transférer le message aux dragons.
- De rien, répondit Chavard’all d’une pensée à moitié endormie.
- Tu veux bien dormir nu ? demanda Corail.
Jack retira sa tunique et ils s’endormirent enlacés dans les bras l’un de l’autre.
C'est un petit tour de force aussi que d'arriver à exposer les problématiques en n'usant pratiquement que de dialogues agréablement émaillés d'un comique de situation bien rendu. Certaines répliques sont désopilantes par leur humour décalé.
Je me répète, mais ils sont vraiment très humains ces dragons-là, et particulièrement vifs d'esprit !
Les dialogues, ça plaît ou ça ne plaît pas. Beaucoup de gens se plaignent de mes dialogues à rallonges. Visiblement, vous appréciez, tant mieux car pour ma part, un texte sans dialogue m'ennuie prodigieusement :)
J'espère que la suite vous plaira tout autant !
Bonne lecture.