Chapitre 10 - Immortalises

Adélaïde 

M.Altmann m’a proposé de prendre en photo tout ce qui me fait rappeler Rayn et nos moments passées ensembles. Il pense que cela me donnera une bonne opinion d’elle, enfin que je retrouverais la Rayn d’avant car tout ce que je me souviens d’elle est sa mort. Enfin… ce que je veux garder en mémoire.

 Je commence par ma chambre qui me rappelle nos Journées consacrées à l’art et je suis d’accord avec elle ce nom est vraiment nul. Je prends mon vélo et je pars à la quête aux souvenirs (j’avoue ce nom aussi est nul). Merde je regrette déjà, le froid me fouette le visage mais cela me fait du bien. Je m’arrête à notre point de départ : la maternelle là où nous nous sommes rencontrées. Rayn dit dans son cahier de pensées que je n’avais pas d’ami.e. s enfin elle pensait que cela me rendais triste d’être seule alors que pas du tout, je dois même dire qu’elle me dérangeait. Mais écoutez avec Rayn je ne peux rien lui refuser, donc j’ai joué avec elle et nous nous sommes plus quittées comme elle le dit si bien.

Je continue avec le cinéma, je n’y suis pas rentrée à l’intérieur je ne sais pas si j’ai l’autorisation de prendre en photo.  J’ai choisi cet endroit car on y allait souvent plus jeunes depuis je ne vais au cinéma uniquement pour regarder des films d’animations, oui une grande maman comme moi. Et puis je ne suis pas la seule je vois pleins d’adultes y aller et SANS enfants. Le plus important, c’est ici que Rayn a eu ses premières règles et moi qui pensais qu’elle avait vomi…

Ensuite je pars à l’endroit où elle a dessiné dans son cahier de pensées enfin de ce dont elle s’est inspirée. Elle a immortalisé cela en plein automne et moi j’immortalise en plein hiver. La photo et le dessin sont comme frère et sœur, ils ne se ressemblent forcément pas mais sont de la même famille : la famille de l’art, celle qui immortalise.

Je m’arrête devant chez elle je prends en photo sa maison. Elle est dans une teinte beige et marron son portail est noir, il y a deux étages et sa chambre était au deuxième la porte à gauche. Son jardin est fleuri, sa mère aime beaucoup les fleurs. C’est peut-être pour ça qu’elle a aussi bien choisi les fleurs pour l’enterrement de Rayn. Je suis allé devant chez eux plusieurs fois mais je n’ose pas y aller, j’appele ses parents de temps en temps pour prendre de leur nouvelle et savoir s’ils vont bien même si je sais qu’une partie d’eux est froissée. Ils me demandent souvent de leur rendre visite mais je ne sais pas si j’aurais le courage d’affronter le lieu de vie de Rayn, ses vêtements, son odeur.

Je décide de partir et de me faire une folie, comme M. Altmann demande d’immortaliser par photo je vais immortaliser à ma manière en me faisant un tatouage. Comme Rayn me disais que j’étais trop rigide et qu’il fallait que je me fasse une folie elle va être servie. J’ai pris rendez-vous pour la semaine prochaine et je sais déjà ce que je vais tatouer.

Flashback d'une journée consacré à l’art…

- Adé dis-moi pourquoi on ne met pas de « e » à amitié ?

- On n’avait pas convenu que c’était un moment de silence ? Dis-je agacée.

- Rohh mais c’est bon ! Pouce ! Voilà. Réponds à ma question pourquoi pas de « e » alors qu'on dit UNE amitié

- Mais demandes à ceux qui ont façonné la langue française je n’en sais rien moi ! Je ne sais parler que chiffres. Tiens écris un « e » entre parenthèses aucun prof de français ne saura.

Elle tire mon bras vers elle, prends un stylo et écrit alors Amitié(e) sur mon poignet droit avec à côté la Terre qui tourne autour du Soleil.

- Désormais lorsque nous parlerons de notre amitié, rajoute un « e ».