Chapitre 10 : La Sentence

Par Rouky

Je restai figé de stupeur.

Gallant, à ma droite, s’immobilisa à son tour.

Là, debout en plein milieu de notre salon se tenait Dorian D’Asande, son revolver pointé vers nous.

Il ne ressemblait plus au jeune homme croquant le soleil du sud à pleine dents. Les cheveux plus longs, des loques en guise de vêtements, les yeux dénués de toute émotion... Il faisait beaucoup plus vieux, et ses traits fatigués dénonçaient des nuits agitées.

- Dorian, commençai-je avec le plus grand calme. Pose cette arme, s’il te plaît.

Il secoua lentement la tête. Ses yeux se posèrent sur Gallant, bien qu’il me parlât à moi.

- Non, dit-il. Non, m’sieur l’Anglais. Je ne poserai pas cette arme. Je suis venu me venger. Pour... pour Eden.

- Il n’y a aucune raison de se venger, renchéris-je. Gallant n’a fait que son travail. Il a résolu le meurtre de Bent Larsen. L’histoire est terminée. La justice a été rendu. Ton frère-

- Non ! L’histoire a commencé là-bas, mais c’est ici qu’elle va s’arrêter. Vous avez tué mon frère. Il a vécu un enfer, dans cette prison. Il l’a pas supporté, il s’est suicidé... Pourquoi c’est lui qui devait mourir, hein ? Pourquoi pas toi, plutôt ?

Il braqua son revolver droit sur le cœur de Gallant.

Je jetai un coup d’œil au détective, affolé. Il avait les yeux rivés sur le canon de l’arme. Il tremblait légèrement, mais semblait incapable de faire quoi que ce soit. Pourquoi ne disait-il rien ?

- Attends, Dorian, repris-je. Ne fais pas ça, je t’en supplie ! Tu vas le tuer, et ensuite ? Tu finiras en prison ! C’est cela que tu veux ?

- Ma vie n’a plus aucun sens, désormais, murmura le jeune homme. Dans la rue ou en prison, c’est la même chose. Le poids de ma souffrance est beaucoup trop lourd à porter. Je n’ai plus qu’une seule chose à faire, après quoi je pourrai enfin me reposer.

Je vis ses doigts bouger subrepticement.

Je ne réfléchis pas une seconde de plus. Je sautais devant Gallant au moment où le coup de feu retentit.

Je sentis une terrible douleur au niveau de la poitrine, avant de m’écrouler au sol.

Ma respiration devint lourde et douloureuse. Je vis trouble. Je sentis une masse chaude s’écoulait de l’endroit où la balle m’avait touché. Suffocant, je vis Gallant s’agenouiller auprès de moi, criant des choses que je ne parvenais pas à comprendre.

Je tournais difficilement mon regard vers Dorian. L’air horrifié, il secoua lentement la tête. Puis il ferma les yeux.

Ma vision s’obscurcit. La dernière chose que je vis, c’est le jeune D’Asande levant le revolver contre sa propre tempe. La dernière chose que j’entendis, ce fut un coup de feu.

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