Chapitre 10 : Le conseil

Par Isapass
Notes de l’auteur : J'ai remis à jour la partie 2 qui a subi une restructuration complète, des coupures et deux ou trois nouvelles scènes. Mes excuses à ceux et celles qui sont en train de la lire. Je ne sais pas si vous aurez le courage de reprendre depuis le début, sinon vous relirez sans doute des scènes déjà lues dans la version antérieure. Certains commentaires seront obsolètes.

Chapitre 10 : Le Conseil

 

Abzal

 

Le Conseil Magistral réunissait deux fois l’an les dirigeants des provinces de Cazalyne et les ministres du royaume. Assis à la gauche d’Einold qui trônait au bout de la longue table, Abzal écoutait Franz Grun, le gouverneur de Bartillane.

– Ces incursions se multiplient depuis quelques lunes. Jusqu’ici, nous n’avons eu à déplorer que de maigres pertes, que ce soit en hommes ou en blé. Les groupes de pilleurs sont réduits et semblent miser sur l’effet de surprise. Cependant, la peur se répand, surtout dans les terres qui jouxtent les frontières. Les fermiers craignent d’être attaqués n’importe quand. Or, mon armée ne compte pas suffisamment de soldats pour faire cesser les vols. Je sollicite votre aide, Sire.

Le seigneur Grun s’inclina pour conclure sa requête et se rassit. Le regard d’Abzal, comme tous les autres, se tourna vers le roi. Comme le souverain demeurait silencieux, plusieurs participants prirent la parole.

– La Rémance produit pourtant du blé en abondance, pourquoi viennent-ils voler le nôtre ?

– Notre entente avec le royaume Rémancien est parfaite depuis des décennies. Que cherchent-ils ?

– Vont-ils également sévir en Orityne ? Je ne pourrais pas non plus défendre la frontière !

Hoel d’Estrante, gouverneur de Grandes Landes, tendit sa main gauche — à laquelle manquaient l’annulaire et l’auriculaire — vers Grun.

– Si vous avez besoin de blé, déclara-t-il à son adresse, je puis vous en céder à bon prix.

– Assez ! tonna Einold, en abattant son poing sur la table.

Le silence revint aussitôt et d’Estrante se laissa tomber dans son fauteuil avec un soupir.

– Seigneur Hoel, vous entreprendrez vos marchandages opportunistes ailleurs qu’en Conseil Magistral. Seigneur Barnoin, vous organiserez le déplacement de deux mille hommes vers Bartillane. Ces pillages doivent cesser.

– Sire, risqua le ministre Bréol, nous devrions envoyer une ambassade vers le roi de Rémance. Il se peut qu’il ignore tout de ces incursions. Il serait dommage de compromettre la paix entre nos deux royaumes sans tenter de comprendre ses intentions.

Visage impénétrable, le souverain sembla peser le bien-fondé de la proposition. Abzal le savait moins enclin à la négociation ou à l’indulgence depuis quelques années, pourtant il prêtait attention aux avis de Matifas Bréol. Il fallait admettre qu’avec ses airs de petit carnassier — Abzal ne pouvait le regarder sans penser aussitôt à un furet — le jeune homme respirait la ruse et la vivacité. Fils d’un grand seigneur d’Orityne, il avait rejoint le Conseil depuis peu et sa finesse politique lui valait déjà la confiance d’Einold. Ce dernier l’accordait pourtant avec de plus en plus de parcimonie. Bréol compensait sa petite taille par une posture très droite et son apparence terne par une verve aiguisée. Il dardait toujours ses yeux noirs dans ceux de ses interlocuteurs comme pour les sonder, ce qui provoquait un sentiment de malaise.

Tandis que tous étaient suspendus à la décision du roi, Abzal aperçut un signe d’Hoel d’Estrante, de sa main à trois doigts vers le jeune homme blond assis en face de lui. Celui-ci se leva aussitôt. 

– Je me porte volontaire pour cette mission, Sire, annonça-t-il d’une voix affable. Je sollicite l’honneur de représenter Cazalyne auprès du roi Wilhelm de Rémance. Je souhaite vous prouver mon dévouement et la pertinence de ma place à cette table.

Warin-tête d’or en ambassade, songea Abzal qui trouvait pathétique ses efforts pour se faire apprécier. Voilà qui promet de belles aventures...

Nouvellement nommé ministre lui aussi, l’homme assistait à son premier Conseil Magistral. Son visage poupin aux joues roses, sous ses mèches blondes un peu trop longues, le faisait paraître encore plus jeune que ses vingt-cinq ans. Au contraire de Bréol, il possédait, au goût d’Abzal, une figure trop parfaite et un sourire trop avenant pour être honnête.

– J’accepte, Seigneur Warin, dit Einold après réflexion. Abzal, tu accompagneras le seigneur Warin en Rémance.

– Je dois en principe me rendre à Arc-Ansange, objecta l’interpellé, pourtant flatté d’avoir été désigné par son frère.

Le roi passa en revue tous les visages et s’arrêta sur une haute silhouette à la chevelure rousse tout au bout de la longue table. Il hocha la tête, comme s’il se demandait pourquoi il n’avait pas pensé plus tôt à ce parfait ambassadeur.

– Seigneur Conrad, accepteriez-vous d’accompagner le seigneur Warin ?

Tandis que ce dernier perdait le sourire satisfait qu’il affichait depuis sa prise de parole, Conrad de Bran déplia sa stature de géant et envoya sa tresse flamboyante derrière son dos avant de répondre.

– J’en profiterai pour faire connaissance avec lui, dit-il en fixant le nouveau ministre avec une moue inquiétante qui arracha quelques rires à l’assistance. C’est un honneur, Sire.

 

Après un silence pour s’assurer que le sujet était clos, le clerc annonça :

– La gouverneure d’Avrin souhaite prendre la parole.

L’appelée — seule femme de l’assemblée — se leva de son fauteuil :

– Trois grands domaines ont été achetés en quelques lunes en Avrin par l’Ordre du Haut-Savoir. Je n’avais entendu parler de cette confrérie que lors des précédents Conseils, jusqu’à maintenant. Mais quand mon intendant m’a fait part de leur dernière acquisition — une propriété à dix lieues tout juste de la capitale de province —, j’ai constaté qu’ils étaient déjà implantés dans la région. Qui sont ces gens ? Faut-il les laisser s’installer ?

– C’est la même chose en Quartenac, lança le gouverneur de cette province.

– Ont-ils causé des troubles ? interrogea Einold, qui paraissait préoccupé par la question.

– Aucunement. On ne les croise presque jamais. Il semble qu’ils s’enferment pour étudier et ne sortent jamais de leurs domaines.

– Sire, intervint encore une fois le ministre Bréol. L’Ordre est implanté depuis fort longtemps en Orityne d’où je suis originaire. Là-bas, ils n’ont jamais causé de problèmes. Ces gens n’ont pour seule préoccupation que l’étendue de leur savoir. Cela les rend tout à fait inoffensifs. De plus, dans ma province, ils prennent en charge l’instruction de jeunes paysans qui n’ont accès à aucun enseignement.

– En échange de quoi ? interrogea la gouverneure d’Avrin, dubitative.

– De quelques années à leur service, ce qui est dérisoire. Sans doute proposeront-ils la même chose ailleurs. Ce qui pallierait nos difficultés financières à ouvrir des écoles, comme vous le souhaitez depuis longtemps, Sire.

Toujours muet, le roi dévisagea Bréol avec intensité. Abzal ne pouvait deviner ce qu’il pensait, mais il se promit de lui poser la question après le Conseil.

– Tant que l’Ordre se tient tranquille, je ne vois pas de raison de m’opposer à ces acquisitions, déclara-t-il finalement, mettant ainsi un terme à l’assemblée.

 

Alors que la salle se vidait, Abzal aperçut le nouveau ministre aux cheveux d’or, Warin d’Erens, les pommettes encore plus roses qu’à l’ordinaire, qui contournait la longue table pour s’approcher d’Hoel d’Estrante toujours assis sur son siège. Le signe qu’il avait surpris durant le Conseil Magistral prouvait que les deux hommes se connaissaient bien. D’ailleurs, ils venaient tous deux de Grandes Landes. Abzal quitta la pièce et se posta dans le couloir déserté, de manière à entendre leur conversation sans être vu.

Le gouverneur d’Estrante, un individu fat et cynique qu’Abzal n’avait jamais apprécié, partit d’un rire moqueur à l’intention du jeune d’Erens.

– Pauvre Warin, vous voici piégé pour tout un voyage avec Conrad.

– Est-il si ennuyeux ?

– Oh non, il est même assez drôle, si vous n’attendez pas trop de raffinement. Il n’a pas son pareil pour animer une auberge en chantant, en buvant et en assommant tous ceux qui passent à sa portée. Ne tentez jamais de le suivre dans ses libations, d’ailleurs : vous seriez mort avant qu’il commence même à ressentir la moindre ivresse. Un vrai barbare, en somme.

– J’en prendrai mon parti, répondit Warin en riant.

– Ne le sous-estimez pas, cependant. Il est loin d’être sot et il est totalement dévoué à Einold.

– Parlons du roi, justement... Si impénétrable que je peine à m’en faire une opinion depuis que je suis arrivé à Terce. On le dirait constitué de pierre. Lors des deux interventions de Bréol, je n’aurais pu parier s’il allait approuver ou se mettre en colère.

– Le jeune Bréol s’est taillé une place de choix, avec sa tête de fouine. Il a l’oreille du roi et c’est bien l’un des seuls.

– J’ai toujours cru que notre souverain se comportait en homme sage et avisé, pourtant. Il n’écoute personne ?

– Jadis, il pesait le pour et le contre avant chaque décision, raconta d’Estrante en s’affalant dans son fauteuil. Il prêtait attention aux opinions des ministres et des gouverneurs. Mais depuis la mort de sa petite reine, il ne fait plus confiance à personne ou presque. Il rabroue vertement les pauvres naïfs qui lui font part de leurs avis.

Abzal rageait d’entendre le seigneur Hoel manquer de respect à son frère, mais il devait admettre que l’homme aux doigts coupés disait vrai.

– Il est devenu très méfiant. J’ai même cru comprendre que notre souverain exigeait qu’un valet prépare ses plats devant lui. Dès qu’il entre dans une pièce, il s’enferme. Il ne se déplace qu’entouré d’une escorte, y compris à l’intérieur des Cimiantes. Ce cher Einold se défie de tout et de tous. Seuls le grand prévôt d’Elmond, Conrad de Bran et le petit Bréol peuvent se permettre des suggestions sans qu’il cherche le piège. Il écoute son frère, aussi, mais celui-ci possède autant de sens pour la gouvernance qu’un corneux.

Je ne t’appréciais guère, d’Estrante, pensa Abzal. Là, tu viens de te faire un ennemi.

 

 

– À son propos, d’ailleurs, où a-t-il dit qu’il partait ? interrogea ensuite Warin.

– À Arc-Ansange, dans la province de Listène. Il va voir les demi-princes, répondit le gouverneur en riant lui-même du vilain surnom qu’il venait d’employer.

– Ah tiens ! Et le roi, ne leur rend-il pas visite ?

– Pas très souvent, je crois. Ce n’est pas moi qui le lui reprocherais : si j’avais engendré des enfants comme ceux-là, je me tiendrais loin d’eux, moi aussi !

Il éclata d’un méchant rire.

– Mais chez qui vivent-ils ? interrogea Warin d’un ton avide.

Abzal serra les dents. La résidence des jumeaux n’était pas vraiment gardée secrète, d’autant qu’elle était protégée par des hommes d’armes, mais il se demanda si d’Erens faisait simplement preuve de curiosité ou s’il avait un autre but.

– Depuis leur naissance, un nommé Godmert de Hénan leur sert de tuteur.

– Qui est cet homme ?

– Un vague cousin du roi, qui s’est arrangé pour se rapprocher de lui. Le gaillard est sympathique, je dois le reconnaître. Son gros ventre et sa moustache qui frise dès qu’il rit — souvent — me mettent d’excellente humeur chaque fois que je le croise.

– C’est un personnage à connaître, alors ! lança Warin — Abzal imagina ses joues qui rougissaient davantage sous l’effet de l’excitation. Parlez-moi de lui.

D’Estrante, trop heureux d’honorer son public, s’éclaircit la gorge. Abzal préféra s’éclipser pour rejoindre son frère dans son cabinet. Le bavardage sarcastique des deux hommes l’agaçait, sans compter qu’il connaissait parfaitement l’histoire du seigneur Godmert pour l’avoir entendu de sa bouche. À la mort de son père, vingt-cinq ou trente ans auparavant, la mère du nouveau maître d’Arc-Ansange avait fortement insisté pour qu’il cultive son lointain lien de parenté avec les Kellwin. Godmert se contentait pleinement de son existence campagnarde, il n’avait aucune ambition de s’élever, mais il avait fini par céder pour avoir la paix malgré son manque de conviction. À sa grande surprise, le roi l’avait accueilli à bras ouverts dès son arrivée à Terce. Einold était toujours ravi de rencontrer ses trop rares cousins, car l’arbre généalogique des Kellwin s’était étiolé au fil des générations. Il n’en fréquentait aucun, hormis le seigneur de Kelm — le père du mystérieux Baudri, devenu successeur au trône et dont personne ne savait où il se trouvait.

Einold et Godmert se lièrent d’amitié. Ce dernier s’aperçut que la vie de la capitale ne lui déplaisait pas, à tel point qu’il prit l’habitude d’y séjourner souvent et y fit même l’acquisition d’une villa à deux rues du château. Plus tard, il se rapprocha également d’Abzal avec qui il partageait son goût pour la chasse, les chevaux et la bonne chère. Depuis que les princes vivaient chez lui et que ses trois filles étaient nées, il venait moins. Abzal le connaissait depuis plus de quinze ans. Qu’il le rencontre à Terce ou à Arc-Ansange, Godmert restait égal à lui-même : jovial, simple et d’agréable compagnie. Il était l’opposé de la plupart des courtisans qui gravitaient autour des Cimiantes, et c’était probablement pour cela qu’Einold avait choisi de lui confier ses fils.

 

– Je suis venu te saluer avant de me mettre en route pour Arc-Ansange, dit Abzal une fois qu’Einold l’eut invité à entrer dans son cabinet. Et j’ai aussi assisté à une conversation intéressante.

Il rapporta ce qu’il avait entendu dans la salle du Conseil, tout en épargnant à son frère les considérations d’Hoel d’Estrante sur ses changements.

– C’est le seigneur Hoel qui m’a recommandé le jeune Warin pour le poste de ministre, commenta Einold. Je savais qu’ils se connaissaient. Sans doute d’Estrante veut-il lui révéler tous les rouages de la cour, afin d’avoir une source d’informations bien placée quand lui-même se trouvera à Grandes Landes. Nous verrons comment le seigneur d’Erens s’acquitte de sa mission en Rémance. Je fais confiance à Conrad pour me livrer son avis au retour.

– Quel est ton sentiment sur cet Ordre du Haut-Savoir ? interrogea Abzal comme il se l’était promis.

Einold se laissa tomber sur son siège. Il parut à son frère soucieux et fatigué.

– Je ne sais qu’en penser, justement. Il existe depuis longtemps et rien ne montre que ces hommes cherchent autre chose qu’étudier leurs livres. Ils portent l’érudition au rang de foi. Je déplore cependant qu’ils aient fait choix de s’isoler : ils gardent jalousement leurs connaissances. Je peine à saisir l’utilité d’une telle culture, si elle n’est pas appliquée. En outre, il se dégage de leur maintien et de leurs uniformes verts quelque chose de martial que je n’aime pas.

– Pourquoi cette décision, pendant le Conseil, alors ?

– Parce que je n’ai aucune raison officielle de m’opposer à eux. Je ne peux me fier à mes seules intuitions. Sache que j’avais déjà demandé à Barnoin d’examiner les actes d’acquisition des domaines qu’ils achètent. Ils sont parfaitement en règle. Enfin, l’opinion de Bréol et cette histoire d’enseignement aux paysans m’ont conforté dans ma décision.

Voyant l’expression dubitative d’Abzal, il esquissa un sourire peu convaincant :

– Quoi qu’il en soit, ces gens ne peuvent être pires que les bouchevreux !

La comparaison gifla le cadet qui s’efforça pourtant de ne pas paniquer.

– Pourquoi dis-tu ça ? demanda-t-il d’une voix hésitante.

Einold leva vers lui un visage surpris qui se mua en masque de haine.

– Parce que les bouchevreux sont abjects et dangereux. Pour des générations de souverains, ils représentent la plaie du royaume. S’ils ne se cachaient pas si bien, je les ferais tous exterminer.

Le roi soupira, puis se composa un sourire.

– Mais les finances de Cazalyne ne me le permettent pas. Allons, pars serein pour Arc-Ansange. Oublie le Conseil !

Abzal sentait dans sa main gauche le sillon de la quatrième ligne comme si quelqu’un le parcourait de la pointe d’un couteau. Le souffle court, il parvint à articuler :

– Je resterai absent une vingtaine de jours.

– Fais bon voyage, dit Einold.

Comme Abzal sortait, il ajouta :

– Pourras-tu dire à mes fils...

Il s’interrompit et son visage se ferma.

– Non, rien, c’est inutile.

Il se plongea dans la lecture d’une lettre, signifiant à son frère qu’il ne reviendrait pas sur le sujet.

 

Abzal descendit vers les écuries où l’on avait préparé son cheval et son paquetage. Il savait qu’Einold abhorrait les bouchevreux, mais chaque rappel lui causait le même choc, ravivant le dégoût qu’il avait de lui-même et la peur d’être percée à jour.

 La dernière phrase du roi, celle qu’il n’avait pas terminée, lui trottait aussi dans la tête lorsqu’il traversa les faubourgs des maraîchers, à l’ouest de la capitale. Par compassion pour les princes, il en voulait à son frère de les priver de lui. Si d’Estrante avait tort de croire que le souverain évitait ses fils par dégoût de leur particularité — aucun doute là-dessus — il avait cependant raison quand il affirmait qu’il les voyait rarement. Abzal ne parvenait pas à lui faire part de son ressenti, de peur de lui déplaire. Avant la mort d’Almena, Einold l’aurait écouté. Mais il était devenu irascible, en particulier sur les sujets qui le touchaient personnellement.

Alors qu’il se promettait de trouver le courage de lui en parler, sa vue se brouilla soudain et le paysage autour de lui disparut. Il se tenait à présent au château, regardant par une fenêtre du donjon. Comme chaque fois qu’il était submergé par une vision, il tenta de la rejeter, de fermer son esprit à cette pénible incursion. Pourtant, cette fois, ce qu’il vit l’empêcha de se concentrer : sous ses yeux, les rues de Terce brûlaient. Les échos de hurlements de peur résonnaient entre les murs des maisons, des silhouettes couraient dans les nappes de fumées, enjambant des corps carbonisés ou asphyxiés. On distinguait, à plusieurs carrefours, de sinistres guirlandes de pendus, dont les traits déformés se noircissaient de suie, et qui se balançaient mollement sous le vent chaud des incendies.

Aussi brusquement qu’il en était parti, il fut de nouveau sur sa selle, chevauchant au pas tranquille de sa monture. Le souffle court, il mit pied-à-terre et vomit à grands spasmes la violence de la scène qui venait de s’imposer à lui. Depuis douze ans qu’elles survenaient, ses rares visions le laissaient toujours pantelant, désorienté, et surtout dégoûté de lui-même et de cette malédiction qu’il portait. Cependant, c’était la première fois que ce qui lui apparaissait était aussi effrayant. S’agissait-il de l’avenir ?

De toutes ses forces, il espéra que non. Il remonta sur son étalon qu’il lança au galop pour oublier la peur qui l’avait saisi.

 

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MichèleDevernay
Posté le 09/01/2023
Hello ! Quel changement chez le souverain, c'est bien triste. J'aime beaucoup cet aperçu des différents "complots" au sein du conseil. Il est évident que certains jouent leur propre jeu et seront prompts à trahir si l'occasion se présente.
Et toujours cet ordre qui s'implante "innocemment" partout...
Isapass
Posté le 11/01/2023
Salut Michèle !
Oui, la mort de la reine a eu un impact de longue durée sur le roi. Quant aux membres du conseil, en effet, je voulais montrer qu'il y avait des possibilités de trahison... Et que l'Ordre était toujours là, en effet...
Merci pour ta lecture et ton retour !
Edouard PArle
Posté le 27/11/2021
Coucou !
J'ai trouvé ce chapitre un peu étrange. Il se passe pleins de choses à la fois et on a beaucoup d'infos. Je me demande si ce ne serait pas pertinent de consacrer un chapitre entier au conseil. Cela permettrait de mieux détailler ses membres (et les relations entre eux) qui sont un peu vite présentés à mon goût et de présenter les problèmes qui assaillent le royaume. Bon je ne m'inquiète pas pour autant, il y aura sans doute des rappels.
Ca m'étonnerait que les acquisitions de l'ordre soient inoffensives, je partage la suspicion d'Einold ^^
"Mais depuis la mort de sa petite reine, il ne fait plus confiance à personne ou presque." Intéressant de savoir qu'Einold a changé depuis la partie 1, à voir si Abzal a aussi eu quelques aventures entre la P1 et P2. A-t-il essayé de se débarrasser de sa marque par exemple ? Il a forcément dû se passer pas mal de choses depuis la naissance des princes.
J'ai vraiment hâte de découvrir tes antagonistes (bon il y en a peut-être parmi le conseil xD).
Une petite coquille :
"et la peur d’être percée à jour." -> percé ?
Un plaisir,
A bientôt !
Isapass
Posté le 29/11/2021
Oui tu as raison, c'est peut-être un peu dense. Et plus j'y pense, plus je me dis que ce chapitre serait peut-être mieux en début de 2eme partie. Ça ferait un changement de contexte moins brutal avec la partie 1.
Je voulais surtout montrer que le roi avait changé, et aussi que le royaume n'était pas si paisible. Mais c'est vrai que comme j'introduis en plus de nouveaux personnages, ça fait un peu trop. A propos de ceux-ci, d'ailleurs, pas d'inquiétude : seuls ceux qui sont nommés sont importants et je rappelle qui ils sont à leurs prochaines apparitions.
En ce qui concerne les antagonistes, ils avancent "masqués" pour encore un moment, mais j'espère que tu les trouveras suffisamment menaçants ;)
Je relis au même rythme que toi, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. Le recul me permet de voir à quel point ce début de 2eme partie est lent... il faut absolument que je muscle tout ça ! Promis, ça va accélèrer, dans deux ou trois chapitres. J'espère que tu tiendras jusque-là !
Edouard PArle
Posté le 30/11/2021
"J'espère que tu tiendras jusque-là !" j'espère tenir jusqu'à la fin du T2 xD
Fannie
Posté le 26/07/2020
On se rend compte que ce chapitre est important, qu’il permet de voir les différents camps, de sentir les tensions, d’entendre ce qui se dit dans le dos des gens, mais il m’a aussi paru un peu long sans que je puisse vraiment dire pourquoi.
Il semble que le royaume est de moins en moins stable, que la criminalité augmente, et que l’Ordre s’étend en plaçant ses pions sur l’échiquier. Ça ne me dit rien qui vaille.
Le changement de caractère du roi est intéressant aussi ; j’espère que sa méfiance ne va pas virer à la paranoïa.
Coquilles et remarques :
— qu’il connaissait parfaitement l’histoire du seigneur Godmert pour l’avoir entendu de sa bouche [entendue]
— afin d’avoir une source d’informations bien placée [« source d’information » selon Robert]
— S’ils ne se cachaient pas si bien, je les ferais tous exterminer. [C’est redondant : les exterminer, c’est les tuer tous.]
— ravivant le dégoût qu’il avait de lui-même et la peur d’être percée à jour [percé]
— Le souffle court, il mit pied-à-terre [mit pied à terre (sans traits d’union)]
— Comme précédemment, je propose « la gouverneresse » à la place de « la gouveneure » ; ce mot apparaît plus d’une fois.
— Il y a cinq fois « interrogea » en incise. Je te propose de varier avec des synonymes (demanda, questionna, s’enquit).
Isapass
Posté le 26/07/2020
Oui, je me rends compte que ce chapitre est un peu abrupt : plein de détails, de personnages, de politique... Sache en tout cas que ce n'est pas très grave si tu n'as pas identifié tout le monde : pour les persos qui comptent, il y aura des rappels, en principe. Je voulais surtout montrer qu'après des siècles de paix pour le royaume de Cazalyne, les choses deviennent un peu plus compliquées. Quant à Einold, lui aussi a changé.
Rhooo encore de vilaines coquilles :( Heureusement que tu es là !
Merci pour ta lecture et tes retours : j'espère que tu passes un bon moment. Est-ce que la rupture entre les parties 1 et 2 ne t'a pas trop gênée ? Certains lecteurs ont trouvé que l'ellipse temporelle + le changement de décor + le changement de personnages, ça faisait un peu beaucoup. C'est vrai que mon histoire a deux débuts, en quelque sorte. A l'origine, je pensais faire seulement un ou deux chapitres ou un gros prologue sur la naissance des princes, mais finalement, ça s'est étoffé, diversifié, et c'est devenu une partie entière. Du coup, ça donne à l'histoire une structure un peu étrange (comme un drame en trois actes qui comporte quatre actes XD).
A très vite !
Notsil
Posté le 21/06/2020
Très intéressant ce Conseil !
On en apprend sur les différentes factions. Warin je ne l'aime pas, j'espère qu'il sera bien surveillé ^^
On retrouve l'Ordre, qui hop hop hop, s'implante un peu partout... et Bréol qui les défend un peu, d'ailleurs.
Abzal, totale loyauté, brave petit.
Le roi s'est renfermé et est devenu plus dur...

Les visions d'Abzal... il en a donc eu plusieurs. Je me demande si ça l'a aidé, par le passé ?
Celle-ci augure d'un conflit, en tout cas.

Ah, et la Rémance, dont on parle au début. Ça serait pas le pays de Baudri ? C'est mignon l'ambassade, mais avec Warin pas hyper fiable, y'a aussi moyen d'aller renverser le roi, là...
Isapass
Posté le 21/06/2020
Très bien que tu aies repéré Warin et Bréol ! On les retrouvera par la suite. Et le grand roux, Conrad de Bran aussi, celui qui part en ambassade avec Warin.
Abzal a des visions régulièrement, en effet, mais ça ne l'aide pas parce qu'il les rejette complètement.
La Rémance n'est pas le pays de Baudri. Baudri est d'une province qui s'appelle l'Altamonte et qui touche la Rémance, mais il est bien de Cazalyne, le pays des persos principaux. La Rémance, c'est le royaume voisin.
Notsil
Posté le 21/06/2020
Merci pour le rappel, ça vient petit à petit mais pas évident de mémoriser toute la géographie au départ. Ça ira mieux à la fin ^^
Isapass
Posté le 21/06/2020
Il y a une carte en couverture du tome 2, si ça peut aider ;)
Cocochoup
Posté le 13/04/2020
Ah donc le roi a changé depuis la mort de la reine. En même temps c'est bien normal qu'il soit méfiant...
Dommage qu'on ne sache pas ce qu'est devenu la femme qui a aidé à accoucher la reine.
Isapass
Posté le 14/04/2020
Oui, le roi a changé. Disons que ce n'était déjà pas vraiment un bout-en-train, mais là c'est encore pire.
T'inquiète on va la revoir, la femme qui a aidé la reine à accoucher (Ensgarde). Un personnage pareil, je pouvais pas le laisser sur le carreau ! Elle s'est un peu imposée d'elle-même ;)
Merci beaucoup pour ta lecture et tous tes commentaires ! J'espère que la suite te plaira.
Cocochoup
Posté le 14/04/2020
Désolée de ne pas reprendre les prénoms des perso, mais j'ai un gros problème pour retenir les noms (et j'ai le même problème dans la vraie vie...) alors c'est pour ça que je donne souvent leur fobction que je retiens mieux XD
ludivinecrtx
Posté le 09/01/2020
Bonjour Isapass, malheureusement je suis d'accord avec Léthé !! Ahaha

J'ai trouvé le chapitre Long ! Je pense qu'il est essentiel pour y distiller des détails sur la suite mais du coup c'est le genre de pages que tu as envie de tourner au plus vite pour passer au chapitre suivant !! Ahaha

Je pense toujours que Abzal est le manteau bleu ahaha.

En revanche, j'ai aimé en apprendre plus sur le roi. Comment il a fait le deuil de sa femme , comment il est devenu etc. On voit également sa haine contre les bouchevreux qui annonce rien de bon !!
Isapass
Posté le 10/01/2020
Oui, je suis bien consciente que ce chapitre n'est pas le plus sexy du monde. Mais tout ce qui y est dit est important, alors je me suis permis de faire souffrir un peu mes lecteurs. J'ai quand même coupé quelques phrases pour alléger au max dans la dernière version.
Si je comprends bien, c'est plutôt la première partie du chapitre que tu as trouvé longue ? Le conseil lui-même ?
Merci pour ton retour !
ludivinecrtx
Posté le 10/01/2020
Oui, j'ai moins apprécié le conseil ! J'ai trouvé cela long. Surtout comme tu introduis des nouveau perso, tu dois t'attarder un peu dessus etc mais moi comme je ne connais pas encore leur importance je me dis mais euh je m'en fiche que lui soit ainsi et qu'il vient de là... Je veux savoir l'histoire des Princes. Oh intéressant les pensées d'Abzal. sur le roi par contre. Tu vois? Les décisions du conseil, les nouveaux perso on a envie d'aller plus vite. Ce qui retiens notre attention c'est ceux qu'on connait déjà donc le roi et son frère. Apprendre que le roi est devenu solitaire et un peu colérique c'est intéressant en revanche.

Je sais pas si j'ai été claire?
ludivinecrtx
Posté le 10/01/2020
Edit :

Après je pense que sur papier, il rendra mieux. Tu as toujours un chapitre ou deux qui vient couper l'action et tu te dis mais putain, allez je veux voir la suite. Au final, il est toujours important etc.

Exemple dans la passe miroir, le tome 3, je ne sais pas si tu l'as lu mais c'est le cas de beaucoup de monde alors je le prends en exemple. Bref, j'avais toujours envie de lire vite pour découvrir où était Thorn (le mari de l’héroïne qui a disparu dans le tome 2). Or en attendant je passais sur les cours d'Ophélie qui nous racontait une nouvelle ville etc, des nouvelles rencontres qui sont importantes mais toi tu veux juste savoir où est Thorn.

Bah là tu as juste envie qu'Abzal rejoignent les frères ahah.
Isapass
Posté le 11/01/2020
oui je vois très bien ton exemple (je suis une grande fan de La PM), masi justement, moi j'adore les digressions :) J'adore les écrire mais aussi les lire : ça ne m'a pas du tout gênée dans le tome 3 de la PM. J'ai juste regretté qu'on ne voit pas plus Thorn qui est un perso génial, mais tout ce qui arrive à Ophélie m'a passionnée :)
Du coup, en effet, je comprends que les petits détours de mon histoire te passionnent moins ;)
Léthé
Posté le 20/09/2019
Me revoilà !

Ce chapitre me laisse dubitative, je sens que tu t’en sers surtout pour nous mettre sur plusieurs pistes concernant l’homme au manteau bleu (malheureusement comme personne n’a l’air de porter du bleu... xD), mais au-delà des quelques questions pertinentes sur l’Ordre et la vision finale, le reste me semble au final peu utile au récit :/

Je crois que c’est souvent l’effet que me font les chapitres informatifs, qui servent avant tout à placer des éléments qui seront importants pour la suite et qui du coup relèguent l’action voire les personnages au second plan.

Encore une fois, c’est un avis tout personnel (comme il n’y a pas de commentaire sur cette version, je ne peux même pas savoir si je suis toute seule à faire la remarque ou pas XD)

Je n’ai pas grand-chose à dire d’autre, à part que j’ai hâte d’en savoir plus ! Tu distilles les indices, donc j’ai vraiment envie de savoir ce que tu réserves pour la suite de l’histoire !
Isapass
Posté le 20/09/2019
Oui, tu n'es pas la seule à avoir trouvé ce chapitre un peu rébarbatif.
Ce qu'il faut en retenir, c'est que dans la première partie, tout allait bien dans le royaume, tandis que là, ça commence à être la merde : les incursions des gars d'à côté, l'Ordre, les grands seigneurs qui médisent sur le roi, le roi qui lui-même a changé, sa position par rapport à l'Ordre... En fait, il n'y a rien d'inutile : tout a une importance pour plus tard, mais ça fait peut-être beaucoup d'info... Y aura des rappels !
Pour les personnages, ce qui sont un peu importants sont nommés, et pas les autres, mais je fais des rappels à chaque fois quand ils réapparaîtront.
Bon, c'est déjà bon signe si tu veux en savoir plus. Et en effet, la "distillation" des indices était le plus délicat à faire. J'en ai un peu bavé (mais à la lecture des retours que j'ai eus, je ne regrette pas !)
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