Chapitre 11 : Le blé de cendre

Par Isapass
Notes de l’auteur : J'ai remis à jour la partie 2 qui a subi une restructuration complète, des coupures et deux ou trois nouvelles scènes. Mes excuses à ceux et celles qui sont en train de la lire. Je ne sais pas si vous aurez le courage de reprendre depuis le début, sinon vous relirez sans doute des scènes déjà lues dans la version antérieure. Certains commentaires seront obsolètes.

Chapitre 11 : Blé de cendre

 

Flore

 

Flore, pâle de n’avoir pas été caressée par le soleil depuis plus de dix jours, savourait le bonheur de cheminer au grand air. Ses épaules se redressaient. Ses yeux bleu clair s’ouvraient tout grands et se posaient comme des abeilles sur chaque arbre, chaque fleur, chaque caillou du sentier. Le velours nacré de ses joues rosissait et ses lèvres framboise s’étiraient en sourires de bonheur. Elle avait l’impression de goûter l’énergie de la terre et du ciel.

Lorsque sa mère Mélie, angoissée de la voir fiévreuse, avait préféré la garder à l’abri, elle n’avait pas protesté — elle ne protestait jamais, à tel point que Venzald, son aîné de quelques lunes, la taquinait en lui reprochant d’être trop sage. Pourtant, pendant quelques jours, elle avait envié ses sœurs et les jumeaux quand ils sortaient à l’aube pour ne revenir qu’à l’heure de l’étude. Leurs rires, s’invitant dans sa chambre par la fenêtre entrouverte, semaient en elle une graine d’amertume qu’elle étouffait bien vite. Aussi, enfin dehors, elle bouillonnait de vie comme une source que sa gangue de glace laisse tout à coup jaillir à la fin de l’hiver.

Elle avait poussé sa jument au galop à travers les hautes herbes pour le simple plaisir de sentir le vent soulever ses longs cheveux de jais à la manière d’un étendard, jusqu’à la lisière du bois. Depuis, monture et cavalière avançaient au pas entre les arbres en se laissant bercer par le murmure des feuilles et la danse des rayons de soleil qui filtraient à travers les frondaisons. Flore prit soudain conscience de la touffeur de l’air quand un filet de sueur lui coula sur la nuque. Une envie dévorante de se rafraîchir au ruisseau lui chatouilla le nez. Avait-elle le temps d’aller jusque là-bas avant l’heure de l’étude ? Elle décida que oui.

 

Elle entendait déjà la petite rivière lorsqu’un autre chant se mêla à celui du courant. Une voix d’enfant. Flore mit pied à terre, noua ses rênes et s’approcha. La plus jolie fillette que Flore ait jamais vue empilait des galets, les pieds dans l’eau. Menue, la peau dorée par le soleil, elle arborait un nuage de bouclettes blondes qui donnaient l’impression qu’elle était nimbée de lumière. Même la chainse de chanvre grossièrement tissée qu’elle portait pour tout vêtement n’enlevait rien à la grâce qui se dégageait d’elle. Elle gazouillait sa ritournelle sans même s’en rendre compte, toute absorbée par son ouvrage. Au bout d’un instant, elle dut sentir la présence de Flore, car elle leva vers elle ses yeux couleur châtaigne que soulignaient des cils extraordinairement longs. Aussitôt, elle bondit sur la rive opposée pour se cacher derrière un arbre, mais la curiosité fut la plus forte ; son minois hésitant pointa hors de l’abri.

– N’aie pas peur, lui dit Flore. Bonjour.

La petite fit un pas de côté pour mieux contempler la demoiselle. Puis son regard se posa sur la jument, s’agrandirent tandis que ses mains se tendaient toutes seules vers l’animal.

– Tu veux la caresser ?

L’enfant hocha la tête, puis elle approcha prudemment. Flore ne parvenait pas à la quitter des yeux. Était-elle bien réelle ? Elle la guida vers la bête, lui montra comment lui flatter l’encolure, puis l’installa sur la selle. Tout en la promenant, elle interrogea la fillette. Sara avait cinq ans. Elle n’était pas perdue, affirma-t-elle, mais elle pensait que sa mère la gronderait d’être partie si loin. D’ailleurs, elle allait rentrer quand elle avait vu le ruisseau. Son babil, entrecoupé de rires et d’exclamations de joie, était fort plaisant.

Sous le charme, Flore l’avait conduite au hasard, si bien qu’elles parvinrent à la route qui menait à Tourrière, la ville voisine.

– Oh ! s’écria Sara. On est là ? Je vais vraiment me faire gronder.

La jeune fille se fustigea de l’avoir encore éloignée de chez elle. Elle proposa de ramener l’enfant, mais celle-ci ne voulut rien entendre. Elle confia à Flore qu’elle n’avait pas le droit de parler aux inconnus et qu’elle préférait que sa mère ne la rencontre pas. Elle n’avait pas du tout l’air inquiète et promit qu’elle savait comment retrouver sa maison. Flore, se rappelant enfin qu’elle devait rentrer pour l’étude, tendit la main à la fillette pour l’aider à descendre de cheval.

Quand leurs doigts se touchèrent, elle sentit d’abord ceux de Sara qui se contractaient sur les siens. Puis un courant s’écoula de son crâne, parcourut son bras vers la paume de la petite, soudée à la sienne. Elle était paralysée. Malgré le flux qui la traversait, ses pensées restaient limpides. En face d’elle, Sara semblait partie dans une sorte de transe. Figée sur la selle, elle écarquillait les paupières autour de ses prunelles qui avaient pris une teinte bleue, si claire qu’on peinait à les voir. Plus pâles encore que celles de Flore.

Une bouchevreuse ! comprit Flore dont le cœur s’emballa. Qu’est-ce qu’elle est en train de me faire ?

Soudain, elle entendit des voix. Deux paysans tirant une charrette approchaient sur la route. Avec un gros effort de volonté, elle sentait qu’elle pourrait les appeler à l’aide. Ils la libéreraient des pouvoirs sombres de cette créature, elle pourrait fuir loin d’elle !

Et ensuite ? Elle imagina clairement ce qui se passerait ensuite : la petite bouchevreuse traînée jusqu’à Tourrière, enfermée, battue. Les villageois déchaînés fouilleraient la forêt pour retrouver la mère. Les deux femmes exécutées, pour avoir exercé leur mange-pensée sur une pauvre innocente — la fille du seigneur d’Arc-Ansange, qui plus est — bernée par la douceur d’un visage faussement angélique...

Les deux hommes se trouvaient tout près maintenant. D’un instant à l’autre, ils allaient les découvrir. La première chose qu’ils verraient serait les yeux de la fillette et son expression sidérée, puis la jeune demoiselle à sa merci. Flore la contemplait toujours. Son pouls battait dans tout son corps, mais où était la peur ? Il se produisait bien quelque chose d’étrange, mais elle ne se sentait pas différente, elle n’avait pas mal. Elle regarda sa main, y concentra toute sa volonté, ses forces, et décolla sa paume de celle de Sara. Elle attrapa le petit corps, l’allongea dans ses bras malgré sa raideur, puis s’efforça de sourire en la berçant comme si l’enfant dormait. Les fermiers sursautèrent en la découvrant là, puis s’inclinèrent en voyant ses habits et le riche harnachement de la jument.

– Vous n’êtes pas perdue, Demoiselle ? demanda l’un d’eux.

– Non, je rentre au castel, justement, dit-elle avec un signe de la main.

Ils saluèrent à nouveau en poursuivant leur route.

Flore se laissa tomber au sol, le souffle court, serrant toujours la petite contre elle. Quelques instants plus tard, Sara papillonna des paupières, puis les rouvrit sur des iris bruns. Avant que la jeune fille ait pu dire quoi que ce soit, elle sauta sur ses pieds et s’enfuit à toutes jambes.

 

***

 

Elric d’Albérac

 

Quand les jumeaux rejoignirent l’étude où les avaient précédés les deux plus jeunes sœurs de Hénan, Elric d’Albérac, le précepteur, vit tout de suite que quelque chose les préoccupait. Il leur lança un regard interrogateur, mais ils l’ignorèrent et s’assirent les yeux rivés sur la table. Le maître n’insista pas et annonça :

– Voici longtemps que nous n’avons rendu visite à Fourchetou. Le refroidissement de notre Flore nous a tenus enfermés, mais je suis sûr que le bon air achèvera de la guérir.

La concernée fit justement irruption dans la pièce, essoufflée et grave. Qu’arrivait-il à ces enfants ? S’étaient-ils disputés pour que trois d’entre eux affichent des mines si contrites ? Cette fois encore, il ne releva pas.

– Vous sentez-vous capable de marcher jusqu’à la ferme de Boulangue ?

Flore acquiesça et les jeunes gens dévalèrent l’escalier principal pour sortir dans la cour pavée.

 

La claudication d’Albérac — malgré ses trente-quatre ans, il devait s’aider d’une canne pour marcher — les forçait à cheminer lentement sous le haut soleil qui cuisait la peau comme de la couenne. À mi-chemin de la ferme, le petit groupe fut rattrapé par le seigneur Godmert qui feignit de lancer son cheval sur eux. Les hurlements et le rire d’Alix le récompensèrent. Flore s’avança :

– Bonjour, père.

– Je me réjouis de constater que tu vas mieux, répondit celui-ci sans un sourire en la toisant depuis sa selle.

Elle se tenait droite, mais inclinait la nuque, les yeux fixés sur les sabots du palefroi. Ce n’était pas la première fois qu’Albérac remarquait cette attitude lorsque son père s’adressait à elle.

Après avoir confié au maître d’étude un message à l’intention du fermier, Godmert fit demi-tour et partit vers le bourg voisin de Tourrière où il avait affaire. Albérac et les enfants se remirent en route.

– Pourquoi ne regardez-vous jamais votre père, Flore ? demanda doucement le précepteur alors que les autres couraient devant. Ce n’est pas une exigence de sa part puisque vos sœurs ne le font pas.

Flore blêmit et sa bouche prit un pli amer. Après un silence, elle tourna vers lui ses iris bleu ciel, si pâles qu’on s’attendait à voir à travers eux, comme de minuscules fenêtres sur son esprit.

– C’est à cause de mes yeux. Je sais que père n’aime pas leur couleur, alors j’évite de lui en imposer le spectacle. Je l’ai entendu le dire à mère, une fois.

– A-t-il expliqué pourquoi ?

– Parce qu’il a l’impression de regarder une bouchevreuse et cela lui fait horreur.

Le maître d’étude avait beau savoir qu’elle n’avait aucune tendance à l’exagération, il ne put s’empêcher de scruter son profil pour vérifier l’exactitude de ses paroles.

– Vous l’avez entendu dire cela ?

– Mot pour mot.

Albérac ne répondit pas, mais posa une main apaisante sur l’épaule de Flore. Il essaya d’imaginer le choc que ces paroles lui avaient causé. Godmert, très expansif, était fort capable d’avoir prononcé ces phrases, même s’il n’avait sûrement pas voulu que sa fille les entende. Et il se montrait d’habitude plus réservé avec elle qu’avec ses sœurs à qui il dispensait des compliments pour un oui ou un non.

– J’en suis peut-être une après tout… laissa tomber Flore après quelques instants.

– Une bouchevreuse ? Je ne vous le souhaite pas. Leur vie ne doit pas être facile vu la peur qu’ils inspirent, répondit le maître d’étude avec douceur.

– Pourquoi sont-ils à ce point haïs ? Sont-ils donc tous si mauvais ?

– À vrai dire, je l’ignore. Je n’en ai pas croisé beaucoup.

– Malgré tous vos voyages ?

– Je crois qu’ils vivent cachés, autant que possible. C’est ce que je ferais à leur place. Cela expliquerait que je n’en ai rencontré ni en Cazalyne, ni chez nos voisins, ni même de l’autre côté de la mer. Ou bien j’en ai croisé sans le savoir.

– Si c’est le cas, ils ne vous ont fait aucun mal. Ils ne sont donc peut-être pas ces bêtes sauvages dont tout le monde parle…

Albérac observa son élève à la dérobée et ne put retenir un sourire. Sa dernière phrase était plus une constatation qu’une question. Il aimait sa manière de réfléchir qui ne prenait pas pour acquis ce qu’elle entendait depuis toujours. Des cinq enfants dont on lui avait confié l’éducation, Flore était la plus pondérée, à la fois dans ses réactions et dans ses opinions. Il se reconnaissait en elle. Pourtant, à son âge, il montrait plutôt l’impétuosité de Venzald.

– Sont-ils humains ? demanda-t-elle.

– Les avis sont partagés sur ce point. La plupart des gens pensent que non.

– Et vous, Maître Elric, que croyez-vous ? interrogea-t-elle en s’arrêtant pour lui faire face.

– Moi je dirais que s’ils ont une apparence humaine, ça ne peut être que pour une seule raison : ce sont des hommes. Des hommes avec des facultés particulières.

– J’ai l’impression que vous, vous ne les haïssez pas…

Il pesa sa réponse. Il ne voulait pas influencer Flore ni créer de dissensions supplémentaires entre elle et son père, pourtant le regard de la jeune fille, fixé dans ses yeux verts, y cherchait la sincérité.

– Non, en effet, admit-il en reprenant la marche. Je crois que je les plains. Ils n’ont pas choisi de posséder des pouvoirs et ils sont rejetés, condamnés à passer leur vie dans l’ombre, ou à prétendre être ce qu’ils ne sont pas.

Malgré lui, l’inflexion de sa voix avait changé sur la fin de la phrase. Il sentit le regard de Flore peser sur lui tandis qu’il essuyait d’un morceau d’étoffe son front pourtant sec. Elle choisit de ne pas relever.

– Ce sont leurs pouvoirs qui provoquent la répugnance à leur égard ?

– La plupart des gens sont effrayés par ceux qui sont différents d’eux-mêmes. Cela peut suffire à déclencher l’animosité. Dans le cas des bouchevreux, la mange-pensée augmente encore la peur et l’aversion.

– Mais qu’est-ce que c’est, exactement ?

– Pour faire la part des choses entre la vérité et les on-dit, il faudrait le demander à l’un d’eux. Il me semble que ce sont les seuls à connaître vraiment leurs capacités. Je suis presque sûr qu’ils peuvent lire l’avenir. D’ailleurs, certains vendent leurs prédictions. Je crois aussi qu’ils peuvent entrer dans l’esprit. Mais est-ce pour y ajouter des souvenirs ou des idées ? Pour les voler ? Pour effacer la mémoire ? Pour en prendre possession ? Je ne saurais vous le dire. Quoi qu’il en soit, je ne tuerais personne pour ça, mais je dois reconnaître que je n’envisage pas sereinement qu’on puisse voir dans ma tête.

– Cacheriez-vous des secrets ? demanda Flore avec une moue malicieuse.

– Comme tout un chacun, demoiselle. Même vous. Par exemple : nous ne faisons que discuter, pourtant aimeriez-vous que votre père ait accès au souvenir que vous laissera notre conversation ?

Flore perdit son sourire.

– Non, bien sûr. Croyez-vous que c’est possible ? ajouta-t-elle après un instant. Que je sois une bouchevreuse, je veux dire ?

Son visage reflétait un curieux mélange d’angoisse et d’excitation. Et même… oui, une fierté qui n’y était pas la veille.

– Je n’en sais vraiment rien. Au risque de vous décevoir, chère Flore, il y a des choses que j’ignore, dit le maître d’étude avec un coup d’œil faussement honteux.

Elle lui répondit par un rire et prit son bras avec un regard empli de gratitude et de confiance :

– Nous avons beaucoup de chance de vous avoir comme précepteur, maître Elric.

 

La présence à demeure d’un professeur faisait partie des luxes que le seigneur Godmert n’aurait pu offrir à ses filles. Le statut de ses pupilles impliquant une éducation à la hauteur de leur future tâche, le roi avait choisi un maître d’étude et il était allé de soi que tous les enfants de la maisonnée bénéficieraient de sa présence. Les princes et leurs compagnes recevaient donc chaque jour l’enseignement d’un professeur. Celui-ci, un vieux rat de bibliothèque, lisait d’une voix monocorde des textes dont ses élèves ne saisissaient pas un seul mot.

Cependant, deux années et demie auparavant, Elric d’Albérac avait rencontré le seigneur Abzal. Celui-ci l’avait présenté au roi qui lui avait offert le poste de précepteur de ses fils. Albérac avait hésité à accepter. La vie rangée d’un maître d’étude de province n’allait-elle pas lui paraître terne après dix ans de voyage et d’exploration ? Pourtant, il avait bien vite compris que les enfants qui lui étaient confiés seraient tout aussi passionnants que des pays lointains. Il ne se lassait pas de les regarder grandir.

Il avait donc frappé à la porte d’Arc-Ansange quelques jours plus tard avec deux missives d’Einold. La première, destinée à Godmert, l’avertissait de la décision du souverain d’engager le porteur de la lettre comme professeur. La seconde fut donnée au vieux précepteur. Il y apprit qu’un poste de maître archiviste l’attendait à Terce, au château, et qu’il devait se mettre en route sur l’heure. L’ancien aventurier prit donc ses quartiers à Arc-Ansange.

 

Le lendemain de son arrivée, la première leçon lui suffit pour remporter l’attention de son public.

– Mes jeunes amis, leur dit-il, je vous raconterai tous mes voyages. Ce que j’ai admiré de gigantesque et observé de plus petit. Je vous dirai à quoi ressemblent les régions que j’ai visitées et leurs habitants. Et aussi tout ce qui m’est arrivé, à moi, à mon bateau, à mes chevaux. Ce que j’ai mangé, bu, les maladies, les accidents. Et quand je vous aurai relaté toutes mes aventures, vous en saurez autant que moi. Et vous pourrez partir arpenter le monde !

Le lendemain, les cinq élèves rallièrent la salle d’étude en avance.

 

***

 

Venzald

 

En vue des bâtiments de la ferme, Alix se rapprocha des princes de son pas sautillant.

– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle. Vous avez l’air triste. C’est d’avoir perdu contre Elvire au jeu du foulard qui vous contrarie ?

Venzald ne pouvait détacher ses pensées des paroles du jeune pélégri ni de la douleur qu’elles avaient provoquée. Comme un poison, elles s’étaient nichées au creux de son esprit en le rendant malade. Il se sentait gauche et difforme, différent de ce qu’il était depuis toujours. Il devinait les coups d’œil inquiets que lui lançait Themerid. 

Il semble moins amer que moi, pensa-t-il. Il est intelligent, il a déjà dû trouver mille raisons pour ne pas se préoccuper de ce qu’a dit cet homme.

Lui, cependant, ne pouvait songer à rien d’autre. Il en avait encore la nausée, comme si on l’avait frappé au ventre. Pour la centième fois, il glissa nerveusement la main dans ses cheveux. Alix le scrutait toujours de son regard candide, attendant une réponse. Il garda la mâchoire serrée.

– C’est à cause de quelque chose qui s’est passé plus tôt, dit Themerid à la fillette. Ne t’inquiète pas, nous ne resterons pas tristes longtemps.

– Qu’est-ce qui s’est passé ? interrogea Elvire qui marchait quelques pas en arrière.

Themerid parut hésiter, mais Venzald n’y tenait plus.

– Est-ce que nous sommes répugnants ? cria-t-il presque aux deux sœurs. Est-ce qu’on vous dégoûte ?

– Pas du tout ! répondit Alix en le dévisageant comme si la folie s’était emparée de lui.

– Oui, un peu, affirma Elvire au même moment.

Les jumeaux s’arrêtèrent pour lui faire face, épouvantés.

– Tu... tu nous trouves répugnants ? souffla Themerid d’une voix suppliante.

Elvire les regarda sans ciller pendant un instant, puis une étincelle s’alluma dans son œil.

– Vous êtes des garçons, expliqua-t-elle avec son habituel sourire hautain. Tous les garçons sont dégoûtants. Les filles sont bien meilleures. Et vous n’êtes pas fichus de me battre au jeu du foulard. Je m’ennuie, à force.

Elle continua vers Boulangue, le visage rosissant de sa méchante plaisanterie. En d’autres circonstances, Venzald aurait répondu sur un ton identique pour prouver qu’il ne se laissait pas marcher sur les pieds, mais cette fois, son soulagement fut tel qu’il ne lui tint même pas rigueur de l’avoir malmené. Il n’était pas exclu qu’elle les méprise vraiment pour un motif qui leur échappait, mais au moins, ça n’avait rien à voir avec leur fusion.

– Elle ne nous ménage pas, murmura Themerid lorsqu’ils se remirent en route.

– Vous n’êtes pas du tout dégoûtants, conclut Alix en poursuivant sa course bondissante. Vous prenez autant de bains que nous.

Les deux frères ne purent retenir un rire, qui atténua un peu leur tension.

 

Venzald avait le cœur plus léger quand Fourchetou et sa femme accueillirent les cinq enfants et leur maître à leur arrivée à Boulangue.

Le domaine d’Arc-Ansange, qui devait son nom à sa forme en croissant, possédait quatre métairies. Celle de Fourchetou était la plus importante. Lorsque la leçon portait sur les cultures ou l’élevage, Elric choisissait le plus souvent d’y mener ses élèves. Le fermier, dont plus personne ne se rappelait le véritable nom, semblait ravi de les voir arriver et se prêtait volontiers à la leçon. Les princes et leurs trois jeunes compagnes aimaient le bonhomme, son parler qui roulait comme des galets, ses joues vermillon et sa grosse bedaine. Ils se rendaient d’ailleurs à la ferme en dehors de la classe. Ils proposaient leur aide, caressaient le bétail et finalement, acceptaient le vin mouillé d’eau qu’il leur offrait dans la pièce commune de la maison. Parfois, quand ils passaient à cheval, ils promenaient ses deux bambins qu’ils asseyaient à califourchon sur le pommeau d’une de leur selle, sous l’attention attendrie de leur mère ou de leur sœur aînée, Elda.

 

– Bonjour, mes seigneurs ! Bonjour jeunes dames ! les salua Fourchetou, bras ouverts, sur le seuil de la grange. Je constate que Demoiselle Flore est remise. C’est bien gentil de vous promener par ici.

– Bonjour Fourchetou ! répondirent les visiteurs.

– Pourrons-nous voir les cornillons ? demanda Alix en froissant sa chemise d’impatience.

– Oublieriez-vous que nous sommes venus pour étudier la moisson du blé ? intervint le précepteur.

Fourchetou partit d’un grand rire.

– Allons aux champs, puisque c’est l’heure de la leçon ! Mais ne vous inquiétez pas, Demoiselle Alix, au retour, vous pourrez visiter l’étable et caresser les cornillons. Et peut-être voudrez-vous bien m’aider à nourrir les chouvres nouveau-nés ?

La fillette battit des mains et la petite troupe se mit en marche vers le promontoire dominant la mer dorée des blés mûrs.

Les jumeaux, leur allant retrouvé, l’atteignirent avant les autres. Depuis cette place, point culminant des environs, ils embrassèrent du regard le domaine qui les avait vus grandir. Ils n’en étaient jamais sortis sauf de quelques lieues. Son étendue leur permettait encore des découvertes, mais depuis peu, ils s’y sentaient à l’étroit. Les récits de voyage d’Albérac mettaient en évidence la petitesse de leur monde. Venzald, surtout, brûlait de changer de décor. Toutes ces merveilles, évoquées par le maître d’étude, il aurait voulu les admirer lui-même.

Quelles que soient ses aspirations, une affection sereine l’emplissait devant ce paysage déroulé à ses pieds comme un tapis d’hermine. Cette terre était son royaume. Non parce qu’il était prince — de cela, il n’avait qu’une vague conscience, tant il avait grandi éloigné de sa destinée future —, mais parce qu’il avait douze ans. Le castel était leur foyer, le seigneur Godmert et les siens, leur famille, et Arc-Ansange, leur pays. Ils n’en connaissaient aucun autre.

Vers l’est, le croissant s’élargissait, damier de cultures blond pâle et de vertes prairies. Au milieu, un bois rompait cette alternance et formait un écrin abritant le castel. Au-delà s’enchaînaient des mamelons herbeux, propices à l’élevage des chouvres. Les deux fermes situées là s’y consacraient presque exclusivement, entretenant de grands troupeaux sur la pointe orientale de l’arc.

Vers l’ouest, l’or des épis prêts pour la moisson se prolongeait en forme de corne, jusqu’à la limite des terres du castel.

 

– D’où viennent ces taches grises visibles çà et là au milieu des champs ? interrogea Themerid quand le groupe fut au complet.

– Ah ça, jeune seigneur, j’aimerais le savoir ! répondit Fourchetou en essuyant sa figure rouge que la chaleur avait rendue luisante. Par endroit, les épis meurent sur place et prennent cette couleur terne. C’est comme une pourriture sèche qui tombe sur le blé juste avant la moisson.

– Étrange, intervint Elric en fronçant les sourcils. Aviez-vous déjà observé une telle chose auparavant ?

– L’an passé, j’avais trouvé quelques plants pareils à ceux-ci. Mais en si faible quantité que j’avais oublié. Ça m’est revenu quand j’ai vu ces parcelles infectées.

– Y aura-t-il un impact sur les récoltes ? demanda Flore.

– Je le crains. Ça risque de les diminuer de plusieurs milliers de boisseaux de grain sur le domaine. Et c’est pareil dans toute la région : au marché de Tourrière, j’en ai entendu parler, il y a quelques jours.

Albérac réfléchit un instant, les yeux au loin.

– Je prélèverai quelques épis, en partant. Ce pourrissement me rappelle quelque chose. Et maintenant, bon Fourchetou, la leçon !

Le fermier leur montra l’aspect du grain, celui qui devait donner le signal de la moisson. Il expliqua le déroulement, les outils, la main d’œuvre nécessaires à celle-ci. Enfin, il leur fit part de ses prévisions en blé, orge et seigle, puis en paille et en son.

Ils revinrent à la ferme alors que la lumière passait du blanc éblouissant à cet or liquide des fins de journées chaudes. L’air tiède, plus respirable, coulait nonchalamment sur l’océan d’épis qui inclinaient leurs têtes alourdies. Enfin, le soleil caressait sans cuire.

 

Avant de rentrer au castel, comme promis, Fourchetou les invita dans l’étable où somnolaient les corneux, la nuque courbée, le nez touchant la litière pour soulager leur cou du poids de leurs immenses cornes.

Alix et Elvire suivirent le fermier dans l’enclos des chouvres, petits herbivores couverts d’une épaisse toison de longs poils fins et doux qui fournissaient une laine chaude très appréciée. Assises dans la paille, les filles serraient affectueusement contre elles les chouvreaux orphelins. Les adultes ne mesurant que deux pieds de haut, les petits ressemblaient à de minuscules boules noires qui tétaient goulûment l’outre de lait que Fourchetou leur présentait, pendant que les deux sœurs s’amusaient à tresser leur fourrure.

Les jumeaux avaient jeté leur dévolu sur un jeune cornillon au vif caractère, qui les poussait du nez, tantôt l’un, tantôt l’autre, en soufflant rageusement des naseaux.

– Maître Elric semble bien préoccupé, dit Themerid à son frère entre deux caresses sur le nez de la jeune bête.

Albérac, en effet, visage fermé, fixait sa paume dans laquelle il frottait du grain gris. Il avait ramassé quelques épis malades au retour des champs. Sous le pouce, une simple pression suffisait à écraser le blé qui s’effritait en une poudre fine, pareille à de la cendre.

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MichèleDevernay
Posté le 17/01/2023
Coucou,
C'est un chapitre riche en évènements : entre Flore et son aventure avec la petite, les princes et leurs interrogations et maintenant cette maladie du blé... Vraie maladie ou sabotage des récoltes ? J'ai tendance à devenir parano ! ;)
Isapass
Posté le 19/01/2023
Bonjour Michèle,
Tu n'es pas la première à devenir parano, ne t'inquiète pas. J'avoue que je me suis bien amusée à semer des doutes, dans cette histoire. Et que je suis ravie de voir que ça marche !
Merci pour ta lecture et ton retour.
Edouard PArle
Posté le 28/11/2021
Coucou !
J'ai mis quelques lignes à me rappeler qui était Flore J'étais content de découvrir ce personnage de l'intérieur, elle est vraiment bien en narratrice. La péripétie et son choix final sont vraiment prometteurs, je sens que ça va avoir de l'importance.
Eric est aussi un narrateur intéressant, avec ses nombreux voyages passés et son bon sens apparent, je crois que ses élèves ont bien de la chance de l'avoir ! ^^
Cette histoire de taches grises est très intéressante, je ne sais plus s'ils en avaient parlé au conseil mais je sens que ça risque d'avoir de graves conséquences sur les récoltes de l'année... Disette en vue ?
Une petite remarque :
"D’où viennent ces taches grises visibles çà et là au milieu des champs ?" çà et là à l'oral ça me paraît un peu bizarre
Un plaisir,
A bientôt !
Isapass
Posté le 29/11/2021
Si j'inverse les chapitres 1 et 2 de la partie 2, on devrait comprendre plus facilement qui est Flore au début de celui-ci. Flore et ses sœurs (Elvire et Alix) vont prendre beaucoup d'importance. C'est également le cas pour Elric d'Alberac, le précepteur, ce qui explique que je leur donne autant la parole ici. Le point de vue de Flore est plus récent que le reste. Je voulais qu'on la connaisse (en plus, c'est un peu ma chouchoute) et je voulais aussi qu'on en apprenne plus sur les bouchevreux.
Bien vu pour les taches grises : ça n'augure rien de bon ;)
Promis, ça s'active dans peu de temps !
Merci pour ta lecture et tes commentaires ! Je vais faire un tour du côté des Neufs bannis dans peu de temps !
Fannie
Posté le 27/07/2020
L’ellipse temporelle ne me dérange pas. Tu indiques clairement que c’est la deuxième partie, donc pour moi, cette sorte de nouveau commencement passe très bien.
Mais au début de ce chapitre, tu m’as perdue avec cette Flore dont tu parles comme si on était censé la connaître alors que je n’en avais aucun souvenir, probablement parce qu’entre-temps, il y a eu le conseil, avec sa ribambelle de personnages, qui l’a effacée de ma mémoire. J’ai dû bien avancer dans le chapitre pour comprendre qui elle est. Pour moi, il y a trop de personnages qui arrivent les uns après les autres avant que j’aie le temps de m’habituer à eux, de retenir leur nom, leur apparence et leur personnalité.
On voit que tu as travaillé la cohérence, que tu as semé des informations comme des petits cailloux blancs (j’aurais pu deviner l’âge des princes à partir des indications que tu as données sur leur cheval, tu avais mentionné Flore à la fin du chapitre 9), mais je ne suis pas câblée pour les repérer, les mémoriser et les raccrocher entre elles le moment venu. Cependant, si je suis la seule à avoir ces difficultés, c’est peut-être à cause de mon cerveau défaillant, ou alors c’est un signe que je ne fais pas partie de ton public cible. Je vois que les autres lectrices trouvent que le rythme est trop lent, qu’il n’y a pas assez d’action tandis que moi, je trouve que je n’ai pas assez de temps pour apprendre à connaître les personnages ; à vrai dire, je ne sais pas comment tu pourrais concilier tout ça.
En ce qui me concerne, je continuerai probablement à te poser des questions sur des choses que je devrais avoir comprises ou dont je devrais me souvenir…
Cela dit, j’ai bien aimé la réaction de Flore à l’arrivée des paysans : malgré ses préjugés et la crainte qu’elle a ressentie, elle veut épargner un sort funeste à la bouchevreuse et à sa mère. J’ai bien aimé aussi sa discussion avec le précepteur ; c’est bien d’avoir un point de vue plus nuancé.
Coquilles et remarques :
— toute absorbée par son ouvrage [tout absorbée ; ici, « tout » a valeur d’adverbe]
— Puis son regard se posa sur la jument, s’agrandirent tandis que ses mains se tendaient [J’imagine qu’au départ, c’était « ses yeux » et pas « son regard »…]
— La concernée fit justement irruption dans la pièce [L’intéressée ; les dictionnaires que j’ai consultés ne connaissent « concerné » ni comme adjectif, ni comme substantif. Selon l’Académie française et Littré, le verbe « concerner » ne s’emploie pas à la forme passive.]
— à qui il dispensait des compliments pour un oui ou un non [J’ai toujours entendu « pour un oui ou pour un non ».]
— Cela expliquerait que je n’en ai rencontré [Je mettrais le subjonctif : aie rencontré]
— Par endroit, les épis meurent sur place [Par endroits]
— j’en ai entendu parler, il y a quelques jours [Je ne mettrais pas la virgule]
— Je prélèverai quelques épis, en partant [La virgule est de trop]
— Il expliqua le déroulement, les outils, la main d’œuvre nécessaires à celle-ci [la main-d’œuvre ; cette tournure me semble un peu bancale parce que « nécessaires à celle-ci » ne peut pas se rapporter à « le déroulement »]
— Avant de rentrer au castel, comme promis, Fourchetou les invita dans l’étable [Cette phrase veut dire que Fourchetou rentre au castel ; je propose « Avant qu’ils rentrent au castel ».]
P.S. Concernant l’âge des princes, il est clairement indiqué dans ce chapitre. :-)
Isapass
Posté le 27/07/2020
Ah intéressant cette remarque sur Flore ! En fait, Godmert en parle à la fin du premier chapitre de la seconde partie. Or, ce chapitre-ci s'enchainait initialement, ce qui permettait "d'ancrer" Flore dans la mémoire du lecteur. Puis j'ai décidé d'inverser le chapitre du conseil avec celui-ci, donc j'ai perdu l'effet de transition. Il faudrait donc que je remette une phrase pour resituer.
Que tu soies ou non la seule à me remonter des difficultés avec tant de nouveaux personnages, ça n'empêche que j'en tiens compte ! D'autant qu'il n'y a pas tant de plumes que ça qui ont lu cette version de la partie 2 (remaniée). Je ne crois pas que ce soit une question de public visé.
Cependant, je te rassure, on a fait le tour des personnages importants, là ;)
Rhooo la la, toutes ses erreurs, encore ! Pourtant, en lisant ton commentaire, elles me sautent aux yeux avant même de lire la remarque associée !
Merci pour ce relevé, et pour ta lecture et tes impressions.
Notsil
Posté le 21/06/2020
Très belle rencontre avec Flore ! Bel esprit ouvert, curieux. Très chouette discussion avec le précepteur, d'ailleurs. Le fait que tout le monde a une part de secrets, tout ça...

Le temps des cendres, donc ? On commence à faire le lien. Le blé, inutilisable... et si je ne me trompe pas, le souci a été évoqué au Conseil. Oh, ça craint :)

Les princes vont mieux, ouf. C'est pas une vie facile, qu'ils ont, et je crains que ça ne se complique davantage sous peu...
Isapass
Posté le 21/06/2020
Ah Flore... je crois que c'est ma chouchoute ! Et le précepteur, Albérac, il va tenir une place importante aussi.
Bien vu, le problème du blé (et le rapport avec le titre du tome) !
J'ai bien peur que tu aies raison : la vie de princes va se compliquer, sinon il n'y aurait pas d'histoire ! XD
Cocochoup
Posté le 14/04/2020
Hummm les récoltes pourrissent sur pied... Est ce que ça n'aurait pas un rapport avec les grands scientifique ? Je balance mes théories au fur et à mesure.
Et quelle étrange rencontre entre la blondinette et la bouchereuse. Je suis sûre que ce moment est important pour la suite 😜
Isapass
Posté le 14/04/2020
C'est très bien de lire tes hypothèses ! Elles sont très intéressantes ! Continue, je t'en prie :)
Alors la blondinette et la bouchevreuse, en fait c'est la même (la petite fille). L'autre personnage de la scène, c'est Flore, qui a les cheveux noirs et qui n'est pas bouchevreuse. C'est un personnage assez important.
Ma pauvre, si tu as du mal avec les noms, tu dois galérer un peu avec mon armée de personnages... Ceci dit ça n'a pas l'air de trop gêner ta compréhension.
Cocochoup
Posté le 14/04/2020
Mince j'ai cru que c'était flore la blondinette !!! Tssss
ludivinecrtx
Posté le 08/01/2020
Bonjour Isapass,

Je dois t'avouer que j'ai trouvé le chapitre trop long ! Je l'aurais bien scindé en deux. Comme Léthé, je trouve le récit un eu lent. Au vu de ton prologue et résumé je pensais que l'action commençait plus vite! Surtout après l'accouchement catastrophique de la Reine, je voyais un peu d'action venir. Quand j'ai compris que les princes liées n'étaient enfaîte pas né je me suis dit, après ça va venir vite. Surtout après le chapitre précèdent avec leur "mésaventure" je pensais que ça allait démaré.

J'ai beaucoup aimé le perso et le rôle précepteur. Je suis certaine qu'il a beaucoup d'importance pour l'avenir, curieux et intelligent il va surement nous aider à faire avancer l'histoire !! Sinon je pense pas que tu l'aurais autant développé. C'est pareil pour la jeune fille aux yeux pâle? Car elle aussi, on en apprend beaucoup sur elle !!

J'espère ne pas t'avoir blessée avec mes petites critiques !
Isapass
Posté le 08/01/2020
Non non t'inquiète, ça ne blesse pas du tout ! D'autant que c'est exactement ce dont je te parlais : je suis tellement d'accord avec toi que ce chapitre a été pas mal modifié : de nombreuses coupes dans les (trop longues) introspections et descriptions et j'ai ajouté une scène au début où Flore (celle qui a les yeux clairs) rencontre une petite bouchevreuse. Le chapitre est donc plus pêchu, en principe. Ceci dit, par rapport à l'histoire en général, c'est vrai que ce n'est pas un roman d'action, hein. Enfin ça le sera plus à la fin et dans le tome 2. J'espère quand même qu'il se passera suffisamment de choses pour que tu ne te lasses pas.
En effet, le précepteur (Albérac) va prendre beaucoup d'importance, ainsi que Flore, mais aussi ses sœurs (oui j'aime bien me compliquer la vie avec trouze mille persos).
On retrouve Abzal dans le prochain chapitre ;) Et ensuite, ça bouge un peu plus, promis ;)
Merci pour ton retour !
ludivinecrtx
Posté le 08/01/2020
Ahaha ne t'inquiètes pas pour le moment je suis bien intéressé par ton histoire ! Il y a toujours des chapitres plus long que d'autres car ils sont plus importants pour l'histoire etc et doivent donc se développer lentement !

Ne t'inquiètes pas pour les trouze mille perso je suis une adepte du jour avec au moins 7 perso plus principaux on va dire! Je ne te parle même pas des autres secondaires mais importants, secondaires tout court et les figurants ! Je vais me rappeller au fur et a mesure le prénom tkt !!

Maintenant tu me donnes envie de lire la nouvelle version ahaha !!

ludivinecrtx
Posté le 08/01/2020
Adepte du genre*
Léthé
Posté le 20/09/2019
Coucou Isa !

J’avais lu le début de ce chapitre sans prendre le temps de le terminer, c’est chose faite maintenant. Je suis contente de voir tous les thèmes que tu abordes dans le récit, je les trouve variés et pourtant ça ne nous sort pas du tout du roman !

J’ai légèrement confondu Flore et Elvire pendant un moment (quand Flore et le précepteur parlaient de bouchevreux, dans ma tête c’était Elvire en fait, je pense que j’ai dû être un peu confuse à cause de la profusion de personnages dans les deux derniers chapitres xD)
J’ai hâte de savoir ce que font les bouchevreux concrètement, pour l’instant on a une idée assez vague grâce au frère du roi et à la « consultation de voyance » qu’il a reçu, mais j’espère qu’il découvrira ses pouvoirs et que ça nous permettra d’en apprendre plus !

J’ai juste une remarque un peu plus négative : je trouve que le récit s’étale en longueur par moment. J’étais très touchée d’apprendre à connaître le précepteur et sa vie, mais c’est vrai que je me posais la question de l’utilité de son point de vue... À moins que ce soit un personnage très récurrent ou extrêmement important pour la suite de l’histoire, je me demande pourquoi tu lui as fait prendre tant de place.
Pareil, on est déjà au chapitre 10 du roman et pour l’instant j’ai l’impression que le fil de l’histoire n’a pas avancé : à cause du titre, on pense qu’on va être rapidement immergé dans la vie des princes, mais ça prend 8 chapitres. Quand on arrive au bout de ces 8 chapitres, la vie des princes est moins trépidante que ce à quoi on s’attend XD

Bon, je te fais cette remarque mais elle est à prendre avec des pincettes, comme tu le sais, j’aime quand les choses bougent vite et que les personnages se retrouvent bousculés par la vie. Là c’est trop paisible (mais à voir les commentaires de Tac sur ton JdB, je pense que ça finira par bien remuer et je regretterai mes paroles à ce moment-là xD)

Je passe à la suite, avec toujours autant de plaisir <3
Isapass
Posté le 20/09/2019
Waouh, l'avalanche de commentaires :D !
Oui, beaucoup de personnages (nouveaux pour la plupart) en ce début de seconde partie. C'est en ça que la structure de ce tome est inhabituelle : en fait, j'aurais pu faire de la partie 1 un prologue un peu trapu, et démarrer à la partie 2. Du coup, on a l'impression qu'il y a deux débuts. Je sais que c'est un pari risqué, mais j'avais juste pas envie de zapper la première partie :)
Et oui, je plaide coupable : j'ai pris mon temps. Comme tu l'as vu, je crois que Tac a eu la même impression que toi. J'espère que ça ne te gênera pas trop longtemps. Ça accélère après, je te rassure, mais... peut-être pas tout de suite... D'après Tac, le rythme devient insoutenable à la fin XD (Je crois qu'elle exagère un peu quand même).
J'ai pris du temps pour Albérac (le précepteur) parce que la suite te montrera qu'en effet, il va prendre une part non négligeable dans le récit.
Quand fil de l'histoire, les enjeux vont apparaître au fil de la seconde partie. Là, déjà, on voit apparaître le problème de l'épidémie de blé, et il y en aura d'autres.
Tu ne regretteras sans doute pas tes paroles : même si ça accélère après, tu continueras sans doute à penser que cette partie est trop lente (et encore, je l'ai beaucoup retravaillée, parce que je suis assez d'accord avec toi !). C'est d'ailleurs une des remarques faites par une des deux ME qui m'ont envoyé des retours argumentés.
Le truc, c'est que j'ai voulu montré la "genèse" de l'histoire et de la personnalité des princes. Le fait que leur enfance soit calme y participe. Mais j'aurais pu montrer ça plus vite, c'est vrai :)
Il y a aussi des lecteurs que ça n'a pas du tout gêné... Un jour, je m'y réattaquerai peut-être ;)
Merci pour le retour !
Léthé
Posté le 20/09/2019
Pour moi, ta première partie pourrait en fait presque être un préquel avec ses enjeux, son histoire, etc. Mais on en parlera lundi si tu veux ! De toute façon, je pense qu’il te faudra du temps pour retravailler l’histoire, parce que c’est un gros morceau mine de rien et que c’est mieux de laisser passer du temps avant de s’attaquer à des retours sur le rythme, je pense !
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