Chapitre 10 : Le passé de Medgardt : Une mission importante

Notes de l’auteur : Attention ! Attention ! Pas celui-là mais le prochain chapitre est chaud bouillant !! Pas pour les petits !!!

         Depuis qu'il était entré dans le culte, Medgardt se réveillait chaque matin en jouissant de la vie. L’Église de la Divine Sainteté d'Ogra était pour lui un révélateur de bonnes choses. En dépit qu'il avait été fasciné par cette religion depuis qu'il avait vu une affiche et la procession entre l’Église et le Sanctuaire des Astres. Son père avait envisagé pour lui une autre voie : celle de rester et de reprendre la boutique de Filtres d’Émotions, mais différentes raisons avaient fait que son plan sur la comète avait capoté et le gamin avait dévié de sa trajectoire prédestinée. Au lieu de cela, il avait voulu choisir une profession religieuse pour glorifier une Déesse auquel ses parents ne croyaient être possiblement présente dans ce Monde. Dans cette maison sous le joug tyrannique de son paternel, il n'avait plus sa place depuis longtemps et était parti comme un voleur. Dans un endroit où il avait été accepté pour ce qu'il était. Peut-être aurait-il une bonne place exactement là où il devait.

 

        En effet, dès la première fois qu’il était entré dans le Hall de l’Église, il avait pu sentir un vent de fraîcheur et de bonté qui lui avait fait du bien. Accueilli par la prêtresse du culte, il s'était tout de suite senti à sa place dans cet éblouissement en levant ses yeux sur les murs magnifiquement ornés de fresques prodigieusement peintes de personnages et d’événements mystiques.


       Medgardt savait qu'il ferait long feu parmi ces gens de prière car il était déjà grandement apprécié que ce soit par son compagnon de communion spirituelle Antioch ou que soit par l'une des Saintes Lumières, Mélisse, il voulait dire. Pour lui, il serait difficile de l'appeler ainsi si personnellement, elle l'impressionnait trop par son Ahora pour oser la tutoyer. Pourtant, il avait commencé à le faire. C'était déjà un pas vers le succès. Il prenait le temps et ne se brusquait pas, regardant le dos d'un des moines du Clair-Obscur d'Ogra, un homme à la tonsure légère sur sa peau cuivrée et avec un trait de moustache à l'impériale finement ciselée. Ses grandes oreilles gênaient presque sa vue sur l'Autel.


        Et dire que ses grandes oreilles-là, vénéraient aussi Ogra et s'appuyaient sur le combat entre elle, la Déesse de la Lumière, et Mashtroc, le Dieu des Ténèbres pour le faire. En même temps, Medgardt ne pouvait se plaindre, il était au second rang, bien moins d'obstacles lui bloquaient la vue. De plus, il n'était pas à côté de gens qui murmuraient trop fort, il était au bout du banc de bois. Tant mieux.

 

        Comme Medgardt, les gens récitaient les psaumes du Matin de Rosère et n’étaient pas tous concentrés, parfois dans leurs songes. Il y avait, sur sa droite, Antioch qui somnolait, les paupières tombantes. Le jeune Medgardt eut l'esquisse d'un sourire. Un regard rude de la part d'un petit rouquin du Clair-Obscur le scia. Cela ne le fit trembler. Il fit semblant de se replonger dans la prière. Regarder la face des gens était un plaisir pour lui. Ce qu'il y avait à l'extérieur était souvent représentatif de ce qu'il y avait au-dedans. Jusqu’alors, il ne s'était pas trompé et avait attribué la bonne physionomie au bon caractère. La face de fouine au caractère vicié et renfermé de ce roux par exemple. Ou Léander, la face de vipère qui était devenue son ennemi juré.


        Fixant ce dernier une seconde de plus, il mit son regard sur le pupitre où trônait un ailleurs tout peinturluré avec de scènes aux couleurs vives. Devant les peintures, son paysage visuel était agrémenté par des reliques plus ou moins saintes. Tels des calices dorés, des petits portraits peints ou des gravures plus stylisés par exemple. Medgardt ne semblait pas le moins du monde chamboulé sur sa figure. Pourtant, c'était le cas en un trop plein d'émotions, un vrai bouillon intérieur.
Il se servit de la prière comme catalyseur pour ne pas exposer sa joie, qui serait mal venue en ce lieu. Il ne fallait pas troubler la lecture profonde et religieuse, et le silence parsemé de bribes de mots. Rajouter du bruit aurait été comme déranger l'Entité Divine elle-même.

 

         La prière était terminée et ce fut le moment de la sanctification par la représentante d'Ogra. Ils furent en rang d'ouailles. Non !! Il s'exaspérait de devoir faire comme les autres et se plia quand même à cette tâche. Chacun l'un derrière l'autre, ils se dandinaient comme des pingouins, attendant leur récompense. Ce fut son tour. Il avala une espèce de biscuit et un liquide trouble. Il fit la révérence rituelle. Puis, il s'éloigna, à part, caché derrière un pilier. Il se frotta les yeux et se lécha les lèvres, après avoir baisé la bague en camée de la Sainte Lumière. Il eut l’impression que des personnes le dévisageaient. C'était Léander qui conversait avec le rouquin. Ils le houspillaient du regard, outrés par son geste sacrilège.


        Il tint son chapelet et le secoua pour leur signifier ce qu'il pensait d'eux. Tandis Léander le foudroya de l'esprit, le roux détourna ses yeux vert glauque, scandalisé et rejoignit son groupe de moines. Les visiteurs repartaient vers leur habitat sacré, le Divin Refuge du Clair-Obscur. Il en fit autant et, s'égarant dans les couloirs au gré d'une conversation avec Antioch, il se rapprocha du Dormitorium. Il le prévint qu'il devait se revivifier après cette longue prière. Une fois arrivé vers son lit, il se dirigea dans la pièce du fond où se trouvaient les douches. Il rafraîchit sa figure et son bouton avec de l’eau. Antioch l'avait attendu et suivit sa route en l'accompagnant au Réfectorium. Il était presque midi à l'Horloge Céleste dans le couloir.


       Medgardt se sentit tout de suite mieux, courut en un éclair hors de  la salle et, repu, prit en crochet l'embrasure menant au couloir. Il s'arrêta net tandis que son corps avait failli percuter un autre. Un rayon de soleil éblouit son monde et, un instant, il ne vit rien distinctement.
– Bonjour, petit homme ! Tu es bien pressé pour me rentrer dedans.
Il reconnut la voix douce de... Mélisse et fut fauché par la surprise. Son silence emplissait l'espace jusqu' à sa bouche, bredouillant des syllabes incompréhensibles. Medgardt ne savait que répondre à cette réplique, vu qu'elle était prononcée d'un ton neutre et innocent. Il laissa le vide s'installer dans sa tête d'adulescent et attendit la suite de la discussion.
– Tu as perdu ta langue ?... Pas grave. J'ai une mission pour toi.

        Medgardt avait tellement envie d'en savoir plus qu'il aurait tenté un Deībeul des glaces par la queue. Néanmoins, là n'était pas la question et le secret qu'entretenait Mélisse par son air mystérieux aiguisait une curiosité qui n'avait pas l'habitude d'avoir si intense.
Il se demanda un instant si la femme en face de lui le faisait lanterner pour rien ou pas grand chose. Il ne savait pas. Redressant la tête, il pensa que le visage de Mélisse n’était pas facile à lire même avec une longue vue. En plus, il n'avait pas la capacité de lire dans les pensées de certaines personnes et elle non plus ? Même si c’était au fond ce qui lui permettait d'enfermer une étincelante poussière dans ses yeux. Il n'aurait pas cru qu'elle aurait été capable de le faire. Il se contenta donc de rester là, attendant sans mot dire que la Sainte Lumière lui révèle ce mystère.

 

        Medgardt était de plus en plus gêné par ce blanc de conversation qui se poursuivait depuis quelques secondes. Un épi pointait sur le haut de son crâne, tel un oiseau dépenaillé au réveil. Mélisse se redressa fièrement, lui rappelant son rang, l'incitant à répondre. Il ne tourna plus autour du pot et brisa le silence de drôle d'augure.
– Une mission ? Quelle est-elle ?
Medgardt la regardait à présent fixement.
– Je sais que tu vas réussir. Je te fais confiance dans cette mission délicate. Alors, ne me déçois pas.

         Il fallut le temps d'un tiraillement de l'oreille gauche pour qu'elle parle, comme pour mieux ajuster sa réponse. La Sainte Lumière le faisait décidément se sentir à l'étroit dans ses certitudes. Elle ne lui ressemblait pas dans sa manière de réfléchir avec lenteur et peu d'efficacité. La possibilité grandissante qu'elle puisse avoir en réalité une intelligence supérieure était tangible. Cela lui donnait l'impression d'ouvrir une porte vers un nouveau monde. Vers la croyance pure et simple.
– Non, bien sûr, je ne vous décevrais pas. Il en va de votre honneur.
Medgardt s’avança à larges et grandiloquents pas. Vaillant comme un guerrier.
– Oui, je suis tout à fait persuadé que tu défendrais mon honneur s'il venait à être bafoué.
Mélisse soupira et ses doigts se décontractèrent en un délicat bruit d'os.
– Cependant, c'est juste une question de perpétuation de la Vie que je te demande.

        Medgardt ouvrit la bouche, étonné par le ton dramatique qu'avait pris la conversation. Il allait demander le pourquoi du comment mais ses mots restèrent dans sa bouche. Ils se firent remplacer par d'autres. Le regard de détermination qu'avait lancé son vis-à-vis féminin en était la cause.
Une fois encore, il fut troublé par sa puissante Ahora et marmotta :
– Ça va être quoi, ma mission ?

       Mélisse plissa la bouche en arc de cercle comme si elle était satisfaite de cette réponse quelque peu hasardeuse. En outre, elle avait l’essentiel de ce qu'elle voulait comme volonté chez Medgardt. Il avait le regard plus incisif devant le vaste espace opalescent du corridor à l'Horloge.
Le dehors en serait plus qu'un périmètre restreint par sa conscience et sa connaissance des choses. Un territoire nouveau s'offrait à lui dans un nouveau souffle. Celui de la découverte.
– J’aimerais que tu ailles chez le Rallumeur de Lumières.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Le Diable
Posté le 13/09/2024
Je dois sauter ce chapitre pour aller tout de suite à celui qui est chaud bouillant, la patience n'est pas mon fort, je dois l'avouer. Mais je suis sûr qu'il était au moins aussi bon que les précédents.
Vous lisez