Le lendemain, Mariam reprit sa lecture, commençant le nouveau chapitre de « passé, présent, futur », n’ayant pas besoin de lire « Le livre des origines », en ayant eu le résumé par Lord Kerings.
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Stiny l'avait croisée pour la première fois lors d'un évènement mondain. Elle était jeune, belle, riche. Elle l'avait méprisé, ne lui accordant pas le moindre regard. Lorsqu'il l'avait invitée à danser, elle l'avait déshabillé des yeux avec une moue réprobatrice. Un sauvage osait s’intéresser à elle ? Pensait-il vraiment qu’une dame lui offrirait quoi que ce soit ? Elle ne lui avait même pas concédé un "non, merci" suivi d'une excuse pathétique. Elle s'était contentée de l'ignorer en se tournant vers une de ses amies pour bavarder avec elle.
Stiny avait trouvé la parfaite proie. Il adorait jouer avec les humains. Il avait fait en sorte de se trouver dans chacun des évènements mondains où elle se trouvait et lui avait demandé une danse à chaque fois. Lorsqu'elle voulait boire un verre, il était là, à lui en proposer un. Si elle voulait manger, il lui offrait une friandise. Si elle se rendait sur la piste de danse sur un air où un changement de cavalier s'imposait, Stiny devenait l'un d'eux.
À la fin d'une soirée, alors que la dame attendait une voiture qui la ramènerait chez elle, Stiny apparut derrière elle.
- Le carrosse est en retard ?
La belle sursauta. Lorsqu'elle découvrit l'identité de son interlocuteur, elle eut un rictus méprisant puis cracha :
- Vous êtes pathétique ! Les femelles de votre espèce vous repoussent-elle ? Seriez-vous impuissant ? Tournez-vous vers votre engeance et cessez de me harceler !
- Je ne vous harcèle nullement, assura Stiny. Ce n'est pas de mon fait si nous sommes sans cesse dans les mêmes fêtes. Le destin, sûrement…
- Ne jouez pas au plus fin. Vous me révulsez. Les esclaves qui tentent de séduire des nobles. Notre monde est tombé bien bas.
- Et que dire des nobles qui se laissent séduire par des esclaves ?
- Croyez-vous vraiment que je vais…
Stiny sourit. Le charme était en cours. Il avait préparé son coup depuis un moment. Le pouvoir de contrôle des émotions était le plus complexe. Plus on passait de temps avec la personne, plus c'était facile. Mieux on connaissait la victime, mieux le sort agissait. Stiny savait qu'il n'y avait là aucune magie mais simplement de la séduction naturelle légèrement améliorée. Cela jouait sur l'instinct animal de la proie et celle-ci y était particulièrement réceptive.
Il fallait dire que Stiny savait y faire. Il avait côtoyé sa victime, repéré les hommes qui attiraient son regard et fait en sorte d'être tout leur contraire. Ainsi, la femme était habituée à le trouver repoussant.
Il venait d'inverser totalement la tendance, se rendant irrésistible aux yeux de la belle. La femme resta un instant muette. Son pouls s'accéléra ainsi que sa respiration. Elle saliva davantage et ses pupilles se dilatèrent. Son visage se détendit et elle sourit, avant de s'approcher de lui avec une grâce féline. Il était désormais clair qu'elle tentait de le séduire.
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- Tiens.
Mariam sursauta en criant. Le seigneur Kervey venait de poser un livre sur la table devant sa servante mais la jeune femme ne s'était absolument pas rendu compte de la présence de son patron à ses côtés. Il s’agissait sans aucun doute du « Livre des origines ». La salle vidéo étant très bien isolée phoniquement et ce afin que les activités des uns ne dérangent pas les autres, le seigneur Kervey ne pouvait pas savoir que Lord Kerings le lui avait résumé la veille. Et de toute manière, Mariam comptait bien le lire afin de combler les manques.
- Pardon. Je ne voulais pas vous effrayer.
- Pas grave, assura Mariam en retrouvant sa respiration. C'est juste…
- C'est juste ? répéta le seigneur Kervey en souriant.
- Contrôle des émotions ? dit-elle en secouant "passé, présent, futur" dans sa main. Les Vampires peuvent contrôler les émotions des humains. D'abord, ils se font détester puis inversent la vapeur.
- Hé bien ? dit le seigneur Kervey.
- Ça ressemble beaucoup à monsieur Lawzi, dit Mariam.
Le seigneur Kervey sourit puis rit.
- Voyons, mademoiselle Aladra, ces histoires sont de pures fictions. Tu imagines un gars vivant pendant plus de mille ans ? C'est n'importe quoi !
À ces mots, le seigneur Kervey se retourna et sortit de la bibliothèque. Mariam rit à son tour. Elle était stupide et laissait son imagination prendre le dessus. Elle regarda rapidement "Le livre des origines" mais le reposa, avide de continuer l'histoire de Stiny. Elle lirait l’autre, plus tard, se contentant pour l’instant du résumé offert par Lord Kerings.
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Stiny sourit en retour et embrassa volontiers la noble. Le baiser fut passionné, brutal, animal, violent. Les mains de la blonde passèrent sur le dos du bourgeois méprisé quelques instants plus tôt. Elles remontèrent dans ses cheveux courts, tandis que celles de Stiny descendaient sur les fesses de la belle. Il remonta la jupe sous les gloussements approbateurs de sa victime.
- Prenez-moi, maintenant ! supplia-t-elle.
Pour montrer son envie, elle défit les lacets de sa robe et découvrit sa poitrine rebondie et ferme. Stiny sourit, embrassa la femme sur les seins, puis remonta pour atteindre sa gorge. Il n'avait aucune envie de baiser cette noble arrogante. Il avait juste envie de l'humilier. Alors qu'il embrassait sa gorge, il bascula de nouveau et redevint le méprisant esclave tant détesté. La noble n'attendit pas. Déboussolée, mal à l'aise d'avoir cédé sans comprendre pourquoi, elle réagit tout de même rapidement.
- Lâchez-moi ! hurla-t-elle.
Elle tenta de le repousser de ses mains. L'homme entre ses jambes ne bougea pas d'un cil. Elle lui attrapa les cheveux pour l'éloigner de sa gorge mais il était plus fort qu'il ne le paraissait.
- Laissez-moi, espèce de porc ! Vous me révulsez ! À l'aide !
Stiny adorait ce moment où tout basculait. Il devint le Vampire, le prédateur et sa proie changea de comportement. De noble méprisante, elle devint biche terrorisée devant le puma, petite antilope prise au piège au milieu d'une meute de lions, souricelle devant un chat. Son cri fut celui de la terreur pure. Elle savait qu'elle allait mourir, sans aucun doute possible, et elle fut exaucée. Les dents du monstre nocturne se plantèrent en elle. La vie s'échappa, se transférant en son agresseur. En quelques instants, tout fut terminé. Le silence fut cependant interrompu.
- J'admire votre technique.
Stiny se retourna et constata qu'un Vampire le regardait. Grand à la musculature fine mais présente, blond aux yeux bleus, il portait un costume rouge et noir de très haute couture.
- Je m'appelle Vlad, précisa-t-il avec un petit accent d'Europe de l'est. J'aime votre côté classique, charmeur, brutal et doux à la fois. Si nous buvions un verre ensemble ?
Stiny observa encore mieux son interlocuteur. Stiny venait de mordre une femme sans la changer en immortelle et son interlocuteur ne semblait pas trouver cela surprenant. Il en était donc également capable. Or Stiny n’avait jamais vu ce visage. Il ne pouvait donc s’agir que d’un parvenu. Stiny n’en avait jamais rencontré. L’échange promettait d’être intéressant.
- Sous quel nom êtes-vous connu ? interrogea Stiny.
- Vlad Tepes Basarab, prince de Valachie.
Ce nom ne disait rien à Stiny.
- Et vous ? interrogea Vlad.
- Stiny, annonça-t-il.
- C’est la première fois que je rencontre un Vampire capable de se contrôler comme vous le faites, indiqua Vlad. J’ai charmé de nombreuses femmes comme vous l’avez fait. Je voulais juste vous indiquer mon estime.
Stiny frissonna. Le contrôle des émotions aussi ? Cette connaissance datait pourtant de moins de deux siècles parmi les avertis. Ce parvenu montrait une puissance jamais vue.
Vlad commença à s’éloigner. Stiny admit qu’il s’était montré assez peu aimable depuis leur rencontre. Vlad ne pouvait savoir quel point Stiny voulait lui parler, apprendre sa vie pour ensuite l’amener devant d’Helmer et le lui présenter.
- Je prendrais volontiers un verre avec vous, annonça Stiny, avide d'apprendre à connaître ce Vampire peu commun.
Stiny ne contrôla absolument pas la conversation. À peine Vlad l'eut-il lancé sur le meurtre, le charme d'humains que Stiny lui fit écho. Les deux hommes échangèrent pendant des heures, racontant leurs plus beaux meurtres, leurs meilleures boissons. Ils burent ensemble – Vlad prouvant ainsi être capable de consommer de la nourriture humaine.
À l’aube, la conversation s’éteignit et Stiny sentit que Vlad allait s’éloigner. Il comprit qu’il ne reverrait probablement jamais le roumain. Un homme aussi extraordinaire méritait qu’on s’intéresse à lui. Stiny ne pouvait se résoudre à le laisser disparaître dans la nature, rejoindre les ombres. La communauté ferait de ce parvenu une célébrité. Stiny décida de tenter sa chance. Peut-être Vlad accepterait-il de lui parler un peu de lui ?
- Accepterais-tu de m’en dire un peu plus sur toi ? Ce nom, Vlad, il te vient d’où ?
Son nouvel ami raconta sa dernière vie humaine en Roumanie, celle de Vlad Tepes Basarab-Draculescu, prince de Valachie, une vie mouvementée pleine de combat, d’honneur, de joies et de peines. Stiny l’écouta, ravi, vibrant en même temps qu’il contait à merveille les événements de sa vie. Ils se séparèrent en se promettant de se revoir.
Dès que les affaires de Vlad le menait en Angleterre, il demeurait chez Stiny. Les deux hommes passaient leurs nuits ensemble, à chasser ou à bavarder. Stiny passa d’excellentes moments en sa compagnie.
Ses départs le rendaient maussade et bougon. Un jour, il reçut une lettre de son ami le prévenant qu’il ne viendrait plus. Son château en Roumanie était terminé et il désirait rester là-bas quelques temps tranquille à repenser au passé. Nombreux étaient les Vampires se perdant dans leur mémoire parfaite, parfois pour quelques jours, parfois pour des siècles.
Stiny se retrouva seul et il vécut très mal cet isolement forcé. Il se mit à errer comme une âme en peine, plongea souvent dans l'alcool et s'enfonça dans la drogue, obligeant son corps à subir les effets au lieu de les contrer.
- Ça ne va pas ?
Stiny n'avait pas besoin de se retourner pour connaître l'identité de celui qui était entré chez lui sans qu'il s'en aperçoive. Une seule personne au monde en était capable.
- Maître, dit Stiny en faisant instantanément disparaître toute trace de stupéfiant de son corps afin d'être à même de bien écouter son mentor.
- Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je suis déprimé, je crois.
- Tu t'ennuies ? demanda Gilles.
- Non, je suis juste déprimé.
- Je peux faire quelque chose pour te rendre la joie de vivre ?
Stiny réfléchit. Son ami lui manquait.
- Je me sens seul.
- Tu es seul, fit remarquer Gilles en écoutant le silence de la grande maison vide. Prends-toi une femme !
- Ce n'est pas ça, dit Stiny. J'ai eu des vies humaines. J'ai eu une vie de Vampire. J'ai besoin d'autre chose.
- De quoi as-tu besoin ? interrogea Gilles.
- De compagnie, pleura Stiny.
- Tu ressens le besoin d'être créateur, dit Gilles. C'est normal à ton âge.
- Créateur ? répéta Stiny.
- Mentor, si tu préfères. Choisis-toi un apprenti et amène-le à l'école. Nous t'aiderons à le former. Crois-moi, avec un petit, tu ne seras plus jamais seul.
Stiny sentit son âme s'élever. Un poids fut retiré de ses épaules. Oui, c'était ça qu'il fallait. Il devait engendrer de nouveaux Vampires et former un clan, une famille. La perspective le fit sourire.
- Merci, maître, dit Stiny.
- Tu n'es jamais débarrassé de tes apprentis, prévint Gilles.
Stiny rit. Il reprenait vie. Il choisit un homme jeune, en pleine force de l'âge qui, comme lui, avait eu une vie misérable. Il se rendit à l’école avec lui mais ils repartirent très rapidement.
Tout d’abord parce que Stiny ne se retrouvait pas dans cet endroit. Les créateurs y apportaient leurs petits avant de repartir. Qu’était devenu le lieu d’échange et de partage, d’émulation et de découverte ? Les temples n’étaient plus qu’un orphelinat où quelques immortels âgés formaient les jeunes pour finir très souvent, lassés, par les tuer. Le taux de survie était bas.
Ensuite parce que le petit de Stiny détesta cette communauté. Très indépendant et solitaire, il réclamait sans cesse un éloignement. Stiny céda. Ils se rendirent dans un coin paumé, éloigné de tout, où Stiny put l’instruire en paix. Il ne s’en sentit que davantage seul. Il décida d’engendrer un autre petit, qui, à son plus grand plaisir, adorait sa présence et sautilla de joie à l’idée d’avoir un frère.
Stiny se découvrit une passion pour la création et se retrouva à gérer avec plaisir et envie trois puis quatre petits en même temps. D’autres Vampires vivaient dans les alentours, permettant des rencontres, des soirées, des échanges vivifiants et merveilleux.
Ce fut avec une certaine fierté que son premier petit se contrôla parfaitement en un peu moins de deux cents ans. Les autres suivirent le chemin et même si l’un d’eux avait du mal avec le contrôle des émotions, la réussite n’en était pas moindre. Stiny était enfin heureux. Il s'éloigna de la vie turbulente des hommes et de l'ère technologique pour y préférer une vie calme avec ses quatre petits et les quelques familles de Vampires environnants.
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Mariam ferma le livre. L'histoire se terminait ainsi. La jeune femme resta sur sa faim. Il lui semblait qu'il manquait quelque chose. Ça ne pouvait pas se finir de cette façon ! Il n'y avait pas de fin. Mariam trouva un peu facile cette manière de laisser le lecteur choisir le dénouement. L'auteur n'arrivait pas à se décider alors il écrivait une fin ouverte. Elle bouda, un goût amer dans la bouche. Dégoûtée, elle sortit de la bibliothèque, mit son manteau et partit rejoindre sa jument.
- Un problème ? interrogea monsieur Lawzi.
- Non, aucun, pourquoi ? répondit Mariam d'un ton glacé.
- Tu n'es pas venue dans les écuries l'après-midi depuis des semaines. C'est inhabituel.
- J'ai besoin de me défouler. Galoper me fera du bien.
- Ce n'est pas Rubis qui te le refusera.
Mariam regarda sa jument qui piaffait d'excitation à l'idée de sortir, et ce bien qu'elle l'eut fait le matin même pour l'habituelle sortie matinale avec Sam. La promenade dura mais Mariam dut rentrer pour le dîner.
- Tu ne veux toujours pas me dire ce qui te tracassait ? demanda le palefrenier alors qu'elle brossait Rubis.
- Je suis juste en colère contre l'auteur de "Passé, présent, futur". Franchement, quand on écrit une histoire, on la termine !
Monsieur Lawzi réfléchit puis annonça :
- Stiny a écrit ça il y a soixante-dix ans. Depuis, les évènements se sont enchaînés alors il n’a pas pris le temps. Il attend un moment de calme, je suppose…
- Vous aussi ? s'étonna Mariam.
- Moi aussi quoi ?
- Vous aussi vous pensez que Stiny existe et qu'il a lui-même écrit sa biographie ? Vous fumez quoi le soir ?
Mariam ayant terminé avec Rubis, elle retourna au château pour aller mettre le couvert.
- Mademoiselle Aladra trouve que "Passé, présent, futur" manque d'une vraie fin, annonça monsieur Lawzi au dîner, mettant Mariam une fois de plus mal à l'aise.
- L'histoire est sans fin, comme l'immortel qui en est le héros, expliqua le seigneur Kervey.
- Les Vampires peuvent mourir, fit remarquer Mariam. Ça arrive à pas mal d'entre eux dans le roman.
Elle insista lourdement sur le dernier mot.
- Certes, mais Stiny n'étant pas mort, l'histoire continue.
- L'auteur aurait pu continuer à écrire jusqu'à la mort de son héros mais non, il est tellement frileux à l'idée de le tuer qu'il a préféré ouvrir la fin. C'est de la couardise.
Le seigneur Kervey sourit.
- Tu es libre de penser ce que tu veux. As-tu commencé "le livre des origines" ?
- Non, pas encore, annonça Mariam.
Le seigneur Kervey hocha la tête avant de s'adresser à monsieur Sternam en russe. Mariam sut que la conversation était terminée. Elle retourna à son service.
Lord Kerings n’indiqua pas avoir résumé l’ouvrage à Mariam. Elle se souvint sa manière de raconter, comme s’il narrait des évènements passés, tel un historien expliquant la guerre de sécession. Lui aussi semblait considérer comme vrai ce qu’il disait. Mariam en fut toute tourneboulée.
Dès qu'elle eut terminé de nettoyer la salle à manger et la cuisine, elle partit dans sa chambre. Elle était barbouillée. L'histoire la troublait plus qu'elle ne l'aurait cru. On frappa doucement à sa porte et la tête de Sam apparut dans l'encadrement.
- Je peux entrer ? demanda-t-il.
Mariam lui fit signe de la rejoindre sur le lit. Il portait un plateau dans sa main.
- Tu n'as pas dîné, ce soir, fit-il remarquer.
- Je ne savais pas que tu me surveillais ! accusa-t-elle d'une voix douce.
Elle était trop bouleversée pour se disputer vraiment.
- Ça ne va pas ? interrogea Sam.
- Je… Je ne sais pas. Tu l'as lu, toi, "Passé, présent, futur" ? D'ailleurs, c'est un titre bizarre…
- Oui, je l'ai lu, dit Sam. Pourquoi ?
- C'est troublant, dit Mariam.
- En quoi ?
- Le contrôle des émotions… Entre la neutralité, la séduction et la terreur devant le prédateur…
- Hé bien ?
- J'ai l'impression d'avoir ressenti tout ça ici, face aux patrons. Tu m'as demandé, il y a plusieurs mois, si je trouvais bizarre qu'ils ne dorment pas. Je t'ai répondu qu'ils le faisaient probablement ailleurs.
- Je m'en souviens.
- Quelle était ton explication ?
- Je n'en avais pas, justement, précisa Sam. À quoi penses-tu ?
- Qu'avant que j'arrive, ils ne dormaient pas, ne se changeaient pas, ne se lavaient pas et qu'avant que tu arrives, ils ne mangeaient pas non plus.
- Mariam, ne laisse pas ton imagination s'enflammer. Tu l'as dit toi-même : ils faisaient tout ça, mais ailleurs.
- Ou pas, murmura Mariam.
Elle secoua la tête avant de chuchoter :
- Merci, Sam, de t'être inquiété, mais ça va. Je vais dormir et tout ira mieux demain.
- Je te laisse le dîner.
- C'est inutile. Je n'ai pas faim.
- Bois au moins la tisane, maugréa Sam. Ça te fera du bien. C'est pour passer une bonne nuit, sans cauchemar.
Mariam hocha la tête. Sam posa la tasse sur la table de chevet avant de sortir. Mariam se mit sous les couvertures. Elle s'endormit avant même d'avoir touché à la préparation de Sam.