- Rien de pire ne pouvait arriver, dit la petite voix dans la tête du blond.
Liam se décompose, il ne sait comment réagir. La main de Yann glisse entre ses doigts, il le laisse s'éloigner lentement vers la mezzanine. Il vit la scène au ralenti tel un mauvais film de série Z. Quelque chose en lui, proteste, une douleur vive s'éveille. Soudain mue par une volonté mystérieuse, Liam traverse les quelques mètres qui les sépares en trois enjambées nerveuses. Si son cerveau accepte sans soucis la décision, puisqu'après tout c'est aussi la sienne. Son cœur, contre toute attente proteste vigoureusement. Serait-il déjà trop tard ? Yann stupéfait se retrouve aussitôt prisonnier de ses bras. Désorienté, il se fige. Liam tout contre lui ne fait plus d'autres mouvements, tous ses muscles sont tendus. Un instant, l'androgyne hésite à bouger. La bouche de Liam frôlant sa nuque le fait frissonner. L'étreinte se ressert. Il sent la respiration chaude dans son cou, son cœur se serre.
- Liam, je suis incapable de te repousser mon chou. J'accepterais n'importe laquelle de tes décisions mais je dois te dire que je ne peux rien te promettre. Chéri je suis désolé mais je ne sais absolument pas ce que je ressens et je n'ai vraiment rien à offrir de tangible pour le moment. Je n'ai aucune envie que tu souffres.
- Je sais, murmure l'autre dans un souffle.
Il ne bouge pas davantage. De longues secondes s'écoulent ainsi, sans un mouvement de part et d'autre.
- Tu sais, je ne vais pas m'enfuir, lâche enfin Yann.
L'étreinte se relâche très lentement, les mains de Liam glissent sur la chemise en coton légère. Ses lèvres accompagnent cette caresse sur l'épaule à demi-dénudée par le col trop large. Les doigts tirent dessus et la déshabille davantage, la bouche s'y plaque carrément, la langue goûte cette peau sucrée, Yann frisonne.
Liam est déboussolé, dans son cœur, dans son corps, dans sa tête, tout n'est que panique et désir. Il se laisse simplement guidé par cette faim vorace depuis trop longtemps repoussée. Lorsque le doux visage de Yann se tourne interrogateur vers lui, il en devient brutal.
Le baisé est fougueux, Yann revit le premier que Liam lui a donné, excitant, intimidant et chaud. La langue plonge de suite cherchant l'autre, l'enlaçant, avide. Surpris Yann se dégage en deux pas de côté, mais se retrouve une fois de plus plaqué contre le mur.
- C'est une habitude ma parole.
Les mains de Liam s'insinuent sous sa chemise, lui attrapent les hanches, attirent le corps du rouquin contre le sien, quand une caresse délicate sur sa joue, vient le stopper dans son élan barbare.
Yann répond à la pulsion de son colocataire, avec une tendresse extrême. Un instant suspendu à ses lèvres, Liam se laisse goutter. Le bisou est de miel, les doigts délicats frôlent tout juste son menton. Il a presque honte de son empressement. Yann répond, ne le repousse pas. Timidement d'abords, ce qui l'étonne, il n'imaginait pas ce genre de réaction de la part de ce personnage si déluré. Sans plus aucune hésitation, Yann lui impose la délicatesse, leur deux corps se réchauffent mutuellement, leurs visages se touchent.
- Je vais avoir besoin d'un peu de temps avant d'aller plus loin, chuchote-t-il à l'oreille du blond.
Liam lève les yeux au plafond, sert les lèvres avant de lâcher un : - Je comprends...
- Mais je veux bien d'un câlin.
Il peut être si charmant.
*
Deux ans et demi avant.
Il traine son chagrin sur perron du club/restaurant, la musique entrainante du dîner spectacle à l'intérieur lui donne envie de se foutre une balle. Il n'est pas du tout d'humeur à s'amuser et encore moins à faire semblant.
- Yanniiiiick, si tu continus d'afficher cette tête, là tu vas faire fuir mes clients.
Crystal inquiet de son absence au bar s'est décidé à partir à sa recherche, il ne lui aura pas fallu longtemps pour le retrouver.
- ...
- Raconte à tata Crys ce qui ne va pas ?
- Gabriel et moi... c'est finit.
Il ne peut empêcher ses larmes de se remettre à couler.
- Ha lala viens là.
- J'ai tout foutu en l'air.
Yann s'effondre, dépité, la tête dans la poitrine siliconée de Crystal.
Il passera le reste de la soirée prostré dans un coin du bureau de son employeur et ami, assit par terre entre les casiers du personnel et la corbeille à papiers.
- Tu devrais prendre quelques jours, rentrer chez toi, changer d'air, Marie ne rentre pas pour la fins des vacances ?
Crystal est vraiment adorable, supportant ses états d'âme, sa mauvaise humeur et son mauvais entrain depuis qu'il est arrivé. Yann se rend bien compte qu'il ne lui rend pas la vie facile ces derniers temps.
- Si... une semaine avant la rentrée, elle a passé l'été avec son nouveau mec. Pardon pour mon comportement.
- Allons allons mon chou, reprend-toi, je n'aime pas te voir dans cet état.
- ...
La porte du bureau s'ouvre.
- Crys on a le mec de la bière qui est là, je peux pas tout gérer moi, annonce son travesti de subordonné en entrant sans frapper.
- ROoo commmmment vous feriez sans moi mes chéris hein ? J'me le demande. Reste avec le petit Amel, il n'est pas très bien.
- Oui bha, il l'a cherché hein ! l'accuse ce dernier en ignorant l'intéressé.
- Ce que tu peux être sans cœur ma chère !
Crystal sort, le silence est de suite pesant.
- Tu n'es qu'un égoïste, râle Amel.
- Ta gueule...
La dernière chose que Yann est prêt a supporté c'est d'entendre qu'"on le lui avait dit". Il le sait déjà. Mais le travesti a d'autres récriminations à lui faire.
- Tu ne vois même pas que Crys flippe, il... elle a besoin de toi. Il n'y a toujours que tes problèmes qui importent.
- ...
- Elle va subir l'opération, je suppose qu'elle ne t'en a pas parlé, pourtant ici tout le monde est au courant.
- L'opération, quelle opération ?
- À ton avis ? ! Depuis le temps qu'elle attend ça, elle mourait d'envie de tout te raconter. Elle est contente autant qu'elle à peur, on peut comprendre ça. Et toi...
La porte se rouvre, coupant Amel dans son élan.
- C'est arrangé mes tous beaux !
- Ok, je vous laisse, lâche Amel en lançant un regard glacial à Yann.
La porte se referme sur « lui ».
- Laisse-là causer mon chou, sa vie sentimentale c'est les montagnes russes en ce moment, l'excuse-t-elle en retournant s'installer derrière son bureau.
Yann un peu réticent à engager une conversation sur un pareil sujet, l'observe silencieux.
- Mon petit chat tu vas rester assis à mes pieds toutes la nuit ? Tu me perturbes un brin sais-tu ?
- C'est vrai que tu vas te faire opérer ?
- Ha voilà, qui a lâché le morceau ? Amel j'en suis certaine, elle ne sait pas tenir sa langue cette concierge !
- Alors c'est vrai, mais pourquoi ?
- Ho bha, pourquoi à ton avis, hum ? Pour pouvoir devenir ce que je suis voyons, pour quelles autres raisons ? !
- À ton âge c'est toujours possible ?
- Et bien elle est sympa celle-là ! Je ne suis pas siiii vieille en plus rooo non mais !
Crystal observe Yann qui cherche à en savoir davantage, puis reprend la parole.
- J'ai longtemps hésité, je te l'accorde, c'est que c'est une grave décision tout de même, puis c'est cher mine de rien.
- Les traitements aux hormones et la poitrine ça te suffisait pas ?
- Tu penses que c'est suffisant toi ? Regarde-moi, j'ai l'air d'un clown, en string. Tu as vu ce paquet ?
- ...
Quoi répondre ? Il ignore ce qu'elle peut bien ressentir. Il n'en a jamais eu la moindre idée et pourtant dieu sait qu'il a été lui aussi paumé dans cette histoire d'appartenance sexuelle. Au bout d'une dizaines de minutes d'un étrange silence, perdue dans ses papiers administratifs, Crystal relève la tête.
- Et toi mon chou ? Tu en es où ?
- De quoi ?
- Hé bien je ne sais pas, tu y réfléchis ?
- A quoi ?
- A te faire opérer pardi ! Ou à prendre un traitement ?
- Un traitement ?
- Ha c'est pas posssiiible, il joue à l'idiote ! Hé bien pour devenir une vraie fille, ou... rester un garçon et enlever ces deux petites bosses en trop sur tes pectoraux.
- Ha, d'accord, c'est pour ça qu'il fallait que tu m'en parles ! Non je n'envisage pas, quoi que ce soit.
- Pour ça qu'il fallait que JE t'en parle ? Alors ça c'est bon tien ! C'est pas moi qui ai engagé la conversation sur ma vaginoplastiiie.
- ...
- Pour en revenir à toi, je suppose juste que ton parcours serait céééértainement plus rapide que le mien, c'est tout. C'est vrai, avec ta maladie, que ce soit l'endo ou le spy, on t'écouterait forcément plus facilement.
Yann soupire.
- Je n'ai pas de maladie Crystal et je me sens très bien comme je suis.
- Tu as quand même arrêté la boxe. D'ailleurs les petits seins on les voit presque plus avec tout ses méchants muscles. Tu n'aimais plus ton corps tel qu'il est devenu non ? C'est un signe ça.
- Qu'est ce que tu vas t'imaginer ? Ça m'a rendu effectivement un peu plus masculin, j'ai pas de problème avec ça. J'ai arrêté car je n'arrivais pas à frapper correctement, en dix ans d'apprentissage je continu de m'éclater les phalanges, la dernière fois, je me suis bousiller la main gauche. C'était la basse ou la boxe, le choix a été vite fait.
- Tu pourrais réussir à être bien plus féminin avec au moins un peu d'hormones.
- Je suis très bien comme ça, je n'ai pas la moindre envie de voir ma poitrine se remettre à gonfler.
- Pourquoi c'est joli ? Et puis tu aurais sûrement moins besoin de t'épiler en plus ! Des petites formes autour des fesses aussi.
- Parce que je ne veux pas en avoir plus ! Et puis je suis déjà presque imberbe, je ne m'épile pas plus qu'une fille.
- Tu es obligé de te raser tout les matins !
- Non juste un jour sur trois. Ça ne me dérange pas, je suis pas le seul sur la planète.
- Tu n'as pas l'air d'un garçon, ça ne t'ennuie pas ça ?
- Je ne suis pas un garçon.
- Ça n'est pas ce qui est écrit sur tes papiers mon ange.
- Je m'en fiche.
- Tu n'aimerais pas que tout le monde sache que tu es une fille ?
- Je ne suis pas une fille.
- Hé bha non effectivement, tu n'es pas une fille ! Comment est-ce que tu peux te placer chéri dans ces conditions ?
- Je ne me place pas, je suis unique, c'est pas un problème pour moi de ne pas rentrer dans vos petites cases. Je ne suis ni fille, ni garçon, j'aime porter des jupes de temps en temps, j'aime me maquiller, j'aime ma voix de faussé et la finesse de mes trais, je ne trouve pas trop chiant de devoir me raser et m'épiler, j'apprécie d'avoir les cheveux court et surtout j'aime bander ! Mon utérus ne me gène pas, ma seule couille me suffit, je n'ai pas plus envie de me couper la bite que de réduire ou grossir ma poitrine !
- Tu aimes ton corps ?
- Non...
- Bha tu vois !
Yann soupire, cette conversation l'achève.
- Marie non plus n'aime pas son corps, elle se trouve un gros cul, c'est pas pour ça qu'elle va se greffer un pénis ! J'ai un buste tout petit, tout maigre, j'ai un cul à railler le fond de la baignoire ok, je suis pas parfait. C'est pas la mort, je peux vivre avec !
- Ok ok, j'insiste pas. Et Gabriel, il en dit quoi ?
L'unique fait d'entendre prononcer son nom, lui sert l'estomac.
- Gabriel croit que je suis un garçon, je lui plaisais. Et puis de toute façon, vu la situation, il est probable qu'on ne se revoie jamais alors...
- Il n'a rien vu ce gogoz* ? C'est possiiiiible une chose pareille ? Il était vierge ou quoi ? Tu ne lui as vraiment pas dit, rien de rien ?
- Pas dis quoi ? Y'a rien à dire !
- bha voyons que tu es hermaphrodite !
- Pourquoi faire ?
- Parce que... parce qu'il a le droit de savoir !
- Écoute Gabriel est gay, il croit que je suis un garçon, il n'avait donc pas l'intention de me foutre en cloque ! Que j'ai un utérus ne nous posait pas de problème de baise, je ne voyais pas l'intérêt de passer à ses yeux pour une bête de foire.
La porte s'entrebâille de nouveau.
- Tu as beau dire que tu ne choisi pas de camp, aux yeux de la société et de ton copain tu reste un garçon. Quelque part, si toi, tu ne veux pas choisir, on choisi à ta place, intervient Amel, réapparue sans bruit.
- La communauté humaine est régie par des règles, répond du tac au tac Yann. S'il n'y en avait pas ce serait le chaos. Je dis pas qu'il ne faudrait pas en changer certaines mais c'est comme en français. Si tu as des sujets masculins et féminins mélangés, dans une seule et même la phrase, peu importe le nombre de filles, c'est le masculin qui l'emporte. C'est la règle pour moi, c'est ainsi, on l'applique et puis c'est tout. Ça change pas grand chose de dire qu'elle est injuste. Je suis garçon et fille ou aucun des deux, j'm'en fiche, j'ai pas envie d'éliminer mon côté garçon sous l'unique prétexte de pouvoir donner un autre genre à ma phrase. Écrire cette phrase au masculin n'empêche pas les sujets féminins d'être présent dedans.
- Tu as bien une préférence non ?
- Bha nan justement.
*
Deux jours qu'il n'est pas sorti de sa chambre, il ne touche presque pas à ses repas, il est seize heures et il est déjà dans le noir, recroquevillé sur son lit. Laurianne s'inquiète, cela n'est pas tant la tristesse qui l'envahie, elle est somme toute normal. Mais trois crises d'angoisse en moins de quarante huit heures c'est assez impressionnant, surtout en pleine nuit.
- Gabriel, il y a quelqu'un au téléphone pour toi.
Il s'assoit rapidement sur son lit, les yeux pleins d'espoir.
- C'est Marie.
- Ha...
Son cœur bat vite quand même, Marie a forcément des nouvelles.
- Allo, Marie ?
- Gabriel, je suis contente que tu acceptes de me répondre.
- ...
- Heu... je sais que tu es très très fâché après cet idiot, et franchement, je comprends et je me mets à ta place. Ce qu'il a fait c'était vraiment stupide mais... surtout ne me raccroche pas au nez ok ? Est-ce qu'il te serait possible de lui pardonner ?
- Marie il...
- Je sais qu'il est idiot, qu'il a sûrement gâché pas mal de choses entre vous, mais je ne l'ai jamais vu dans cet état.
- Marie je...
- Tu devrais peut-être juste y réfléchir non ? Laisser un peu de temps, je sais pas. Je suis casse-couille, tu peux m'le dire, je n'devrais pas m'en mêler, seulement je suis rentrée là, pour la fin des vacances et quand je l'ai vu...
-...
- Gabriel ?
- Ça y est j'peux répondre ?
- Oui, excuse-moi.
- C'est Yann qui... il retient un sanglot. C'est lui qui m'a largué, lui qui n'répond plus à mes appels, à mes mails, à mes SMS. Il a dit c'finit, a raccroché et puis voilà c'tait torché. Alors oui, j'étais vénère' p'tain ! Il a fait ch'ais pas quoi avec ch'ais pas qui, c'normal que j'ai gueulé non ?
- Attend, tu veux dire que tu as tenté de le recontacter depuis et il n'a pas répondu ?
- J'ai envoyé cent milles messages, ch'uis trop con tien !
- Ok, je savais pas, désolée.
- ...
- Si je te dis que je peux, peut-être arranger les choses est-ce que...
- Je l'aime c'con là, merde ! J'l'aime !
- Ok, ok j'ai compris, je te promets rien, mais je vais tout faire pour vous aider, t'es d'accord ?
- Merci.
*
Ces deux derniers jours avec Marie ont été marqués par la présence quasi obligatoire de Gabriel dans la conversation. Sa meilleure amie continue de le pousser à partir alors qu'il n'a montré aucun signe de vie à son copain depuis la dernière dispute téléphonique. Gabriel a bien tenté de le joindre deux ou trois fois au début mais Yann n'a pas osé répondre de peur d'en prendre encore plein la gueule. Et puis, pour lui dire quoi ? À présent plus rien, c'est le calme plat. Enfin calme, sauf dans son esprit et dans son cœur. Yann se noie sous un tsunami de culpabilité, emporté par les eaux de la douleur et du manque.
Marie a l'audace de penser que si Yann réussissait à avoir une piste pour le boulot, Gabriel serait prêt à tout oublier. Si tenté que ce soit exacte, Yann s'est demandé comment il pourrait bien réussir cet exploit, quand pendant cinq mois il n'a rien trouvé de valable. Lorsqu'une réflexion de Nathanaëlle, sa belle mère, lui donne une idée. Comment ne pas y avoir réfléchi seul ? Quand on a le nez dessus parfois...
- " Si y'a pas de piston, on trouve pas de boulot, ici comme ailleurs c'est pareil, les études ça sert à rien ! "
Du piston, la voilà la solution, et pourquoi ne pas jouer au malheureu chez Paolo ? Se pointer l'air de rien, le laisser proposer sans rien demander. Yann est assez fort pour la manipulation. C'est avec une vague idée en tête qu'il se rend donc chez son ancien employeur Basque.
- Te revoilà ? T'es pas partit avec ton petit pédé de touriste ?
- Bonjour Paolo, moi aussi je suis content de te revoir.
L'échange prend de suite un tournant qui lui plait.
- Oui, engageons la conversation là-dessus chéri !
- Je viens d'embaucher le fils de ma sœur, je cherche personne...
- De toute façon mon vieux, j'ai aucune envie de revenir dans ta cuisine d'ancêtre. Je bosse à Saint Denis, je suis juste en visite deux jours pour voir mon père et Marie.
- Qu'est ce que tu viens foutre ici alors ?
- Me servir de toi. J'ai vu de la lumière, je suis entré.
- Tu veux boire un truc ?
- Ouais nan, tes trucs à l'anis, là, ça pue...
- Tu sais pas ce qui est bon.
- ...
- Et pourquoi qu't'es pas parti alors ?
- Bonne idée entrons dans le vif du sujet. Pas trouvé de travail...répond l'androgyne, d'un air mi blasé, mi triste.
- A Paris ? Avec ton CV ? Tu te fiches de moi ? Zozo* va ! Des restos, des bars y'a que ça !
- Faut croire que mon pédé de touriste était pas doué.
- Hum, tu sais que c'est nous qui dirigeons là bas ? La restauration de la capitale appartient aux basques mon gars !
- Sans rire, tu m'apprends un truc là, va y continues, tu m'intéresses. Tien donc, c'est la révolution par infiltration gastronomique ?
- Rigole, c'est une vraie mafia !
- J'ai tout compris faut être basque pour bosser en restauration à Paris c'est ça ?
- Ou être pistonné.
Yann sourit.
- Bingo ! J'en étais sûr, j'aurais dû venir te voir dès le début.
- Je vais te donner une adresse où tu devrais te sentir comme chez toi, c'est plein de pédé aussi.
- Super...