Chapitre 10 : Oriana - La Clinique

Oriana sortit de l’engin sans avoir senti le moindre mouvement ou entendu un seul bruit de moteur et pourtant, il devait forcément s’agir d’un moyen de transport puisque le parking avait disparu.

Elle découvrit un immense bâtiment de plein pied, avec des dépendances un peu partout, en parfaite harmonie avec la nature environnante. Des arbres immenses, des fleurs, des chants d’oiseaux, un petit vent tiède, un magnifique ciel bleu, un soleil lumineux, l’endroit avait un petit air de paradis.

Oriana se retourna pour constater l’absence du véhicule qui s’était évanoui sans un bruit ni le moindre souffle, à moins qu’il ne fût de nouveau invisible. Derrière elle, le même environnement. Elle se trouvait au centre du gigantesque complexe.

- Si vous voulez bien me suivre, proposa Philippe.

Oriana se tourna vers lui et hocha la tête. Ils s’avancèrent vers une immense baie vitrée s’ouvrant sur une grande pièce lumineuse proposant des fauteuils et des canapés. Un couloir, un escalier, un couloir, une porte devant laquelle Philippe s’arrêta. Le tout avait pris quelques minutes, tout au plus.

- Votre chambre, annonça Philippe. Il n’y a pas de clé. Cette porte s’ouvrira pour vous et pour aucune autre patiente.

Oriana lui lança un regard ennuyé.

- Tout le personnel de la clinique peut entrer, confirma Philippe sans s’en excuser.

Cette franchise, toujours cette franchise, déconcertant !

- Et naturellement, si vous invitez une autre patiente, elle pourra entrer, précisa Philippe en ouvrant la porte.

Oriana découvrit une belle chambre triste. Un lit, une table de chevet, une chaise, une armoire, une porte ouvrant sans aucun doute sur la salle de bain mais des murs unis, sans la moindre décoration. Pas de plantes. Un sol carrelé blanc et un plafond de la même couleur. La couverture uniformément marron n’aidait pas.

- Serait-il possible de faire venir des photos de chez moi ? demanda-t-elle, se rendant compte qu’elle était peut-être partie un peu vite.

- Celles-là ? interrogea Philippe en lui montrant l’écran de son téléphone portable.

Oriana hocha la tête, pas du tout surprise qu’il puisse avoir des clichés de chez elle sur son appareil.

- Il n’y a pas urgence ! précisa Oriana.

- Vous les aurez demain. Nous tenons à ce que vous vous sentiez bien, assura Philippe.

Oriana ouvrit un placard pour le découvrir vide. Elle n’avait rien emmené et n’avait donc rien à mettre dedans. La porte dévoila une salle d’eau simple mais pratique.

- De nombreuses boutiques proposent des vêtements.

- Je ne peux pas avoir ceux de chez moi ? demanda Oriana.

- Non, répondit Philippe. De toute manière, rapidement, ils ne vous iront plus.

Ce disant, il mima un gros ventre. Oriana dut admettre qu’il n’avait pas tort.

- Vous n’aurez rien à payer pour obtenir ces habits. Simplement, ils resteront à la clinique.

- Un prêt, donc.

- Exactement, lança Philippe en souriant, ravi d’avoir été compris. Sortons, si vous le voulez bien.

Oriana le suivit dehors. Il s’arrêta juste devant la porte dans le couloir.

- Imaginons que vous souhaitez aller à la bibliothèque, commença Philippe. Comment vous y prenez-vous ?

Oriana haussa les épaules.

- J’en demande la direction à la première personne que je croise ?

- Indiquez votre demande à voix haute.

- Quoi ?

- Indiquez maintenant votre demande à voix haute, insista Philippe.

- Je veux aller à la bibliothèque, dit Oriana ne voulant pas se mettre son interlocuteur à dos.

Des flèches lumineuses apparurent au sol.

- Il vous suffit de les suivre, indiqua Philippe.

- Je préférerais nettement un plan ! répliqua Oriana et devant elle apparut, à hauteur de l’estomac, une maquette de la clinique.

La chose volante était d’un réalisme époustouflant, représentant même les arbres, les rochers, les oiseaux. Deux lieux brillaient. Oriana se vit devant sa porte, Philippe à ses côtés. L’autre endroit lumineux proposaient des étagères pleines de livres où deux femmes, dans des fauteuils confortables, lisaient tranquillement.

Oriana leva la main vers la maquette et sa main passa à travers.

- C’est un hologramme, comprit-elle. Il est… magnifique !

- Je vous remercie, dit Philippe.

- Il n’y a pas qu’en médecine que cette clinique a de l’avance.

Philippe sourit.

- Je vais pouvoir vous laisser maintenant que vous avez compris le principe. Je vous souhaite un bon séjour, madame Delbran.

Il s’éloigna et disparut au bout du couloir. Oriana n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle était censée faire.

- Où se trouvent les autres patientes ?

De multiples points lumineux apparurent sur l’hologramme. Le groupe le plus nombreux par rapport à elle se trouvaient dans une grande salle commune.

- Je voudrais aller là, dit-elle en désignant le lieu sur l’hologramme.

C’était étrange de parler seule, comme ça, dans un couloir vide. Qui l’écoutait ? Qui répondait ainsi à ses appels ?

- Qui êtes-vous ?

- Je suis Bryan, l’intelligence artificielle du complexe BH778.

Comme dans Iron Man, comprit Oriana tout en suivant les flèches qui l’amenèrent à l’endroit voulu.

Enfin une salle agréable ! Des plantes, des tableaux représentant des montagnes, des vallées, des lacs et des forêts parsemaient les murs. Le plancher proposait de doux tapis. Les fauteuils en tissu appelaient à la paresse. Les coussins rouges vifs sur des chaises devant une table permettaient un confort nécessaire à l’utilisation des nombreux jeux de société remplissant un immense meuble noir.

- Hé salut ! Les filles ! Une nouvelle arrivée ! s’exclama une asiatique.

- Bonjour, dit Oriana à la dizaine de patientes dont quatre arboraient un ventre rond.

Les dames – de toutes origines, nota Oriana - la saluèrent et lui proposèrent de les rejoindre. Oriana les constata toutes jeunes, son âge à peu près. Elles rayonnaient. Aucune ne semblait malade. Elle non plus, ceci dit, et pourtant, elle avait un cancer au cerveau. Oriana se promit de ne pas se fier aux apparences.

Elles jouaient à des jeux de société, activité qu’Oriana appréciait. Le choix de sa chambre n’avait pas été hasardeux. On l’avait placée proche de femmes ayant les même goûts qu’elle.

Elles se présentèrent et Oriana n’enregistra pas leurs prénoms. Son cerveau n’en était pas capable. Elle n’en dit rien. Elle serra le poing. Ils la soigneraient et bientôt, tout ça ne serait qu’un mauvais souvenir.

Elle perdit toutes ses parties, incapable de se concentrer, d’intégrer les règles. Elle tenta même de se saisir de la règle du jeu mais les symboles ne faisaient plus sens. Ce fut armée d’une violente migraine qu’elle suivit les filles jusqu’au self pour le dîner.

Elle s’arrêta sur le seuil, époustouflée. Des centaines de femmes naviguaient parmi les stands de nourriture : fruit, légume, viande, cru ou cuit, un régal pour les yeux et le nez.

Oriana suivit ses nouvelles compagnes pour se prendre un plateau et commencer à le remplir. Elle reconnut la plupart des mets mais certains, exotiques, lui échappèrent et elle n’osa pas tenter. Elle s’assit avec une asiatique au ventre rond qui dégustait un menu bien de chez elle : sushi, sashimi et maki.

- Salut. Je suis surprise. J’ai toujours entendu dire que les femmes enceintes devaient éviter de manger cru.

L’asiatique regarda ses hanches puis sourit.

- À cause d’éventuelles maladies à l’intérieur, précisa l’asiatique qui parlait parfaitement bien le français. La nourriture ici est clean. Tu ne risques rien. Vas-y goûte ! Je n’ai personnellement jamais rien mangé d’aussi bon !

Oriana ne comprenait pas. Une tomate, c’est une tomate, non ? Ah… non. Son goût puissant l’envahit. Cette tomate n’était pas délicieuse. C’était au-delà de ça !

- Quel dommage que ça ne dure qu’un an, maugréa l’asiatique en caressant son ventre rond. Dans quelques semaines, je rentrerai chez moi et tout me semblera bien fade.

- Votre gourde d’eau, madame Delbran, annonça un homme en blouse blanche en déposant un gourde violette devant Oriana.

Il lui tendit également une ceinture avec un dispositif permettant clairement d’accrocher la gourde.

- Vous devez toujours avoir votre gourde avec vous, expliqua l’homme. Son contenu doit être entièrement vidé trois fois par jour au minimum. Vous trouverez des fontaines un peu partout.

- Ah… d’accord… dit Oriana tandis que l’asiatique buvait dans sa propre gourde bleutée devant elle.

L’homme en blouse blanche s’éloigna, satisfait.

- Baptiste est intraitable là-dessus, dit l’asiatique une fois sa gourde posée sur la table. Si tu ne bois pas, tu te retrouves avec une perfusion dans le bras pour toute la journée suivante et crois-moi, c’est vraiment désagréable.

Oriana enregistra l’information. Elle ouvrit sa gourde et avala une gorgée. L’eau était pure, fraîche et claire, sans arrière-goût. Un vrai bonheur ! Oriana continua à manger, les mets pourtant simples ravissant ses papilles.

- La grossesse se passe bien ? demanda Oriana.

- À merveille, répondit volontiers l’asiatique. Il ne me tarde pas qu’elle se termine. J’aimerais tellement rester ici. C’est comme… une parenthèse merveilleuse, un rêve au milieu d’un cauchemar. Enfin, au moins, quand je reviendrai dans mon taudis pourri, ma situation sera meilleure.

Oriana ne lui demanda pas ce qu’elle avait obtenu en échange de cet enfant. Après tout, cela ne la regardait pas.

- En attendant, je mange, je nage – j’ai appris à nager ici, tu le crois ça ? Ils m’ont interdit de monter à cheval mais je peux m’occuper des juments et ça me comble de joie. J’aime tellement ces bêtes !

La logorrhée de l’asiatique était interminable. Elle continua à raconter sa vie fantastique à la clinique et Oriana se prit à douter. C’était trop beau pour être vrai. Cette femme avait peut-être été placée là pour la mettre en confiance.

Cependant, Oriana avait choisi elle-même sa place, s’éloignant volontairement de ses voisines de chambre afin d’élargir un peu son horizon. Comment auraient-ils pu savoir à côté de qui elle allait choisir de se mettre ?

À la fin du repas, Oriana avisa que sa gourde était vide. Elle déposa son plateau puis chercha une fontaine.

- Il suffit de demander, lui rappela l’asiatique en passant à côté d’elle.

Elle lui fit un petit clin d’œil puis s’éloigna.

- Bryan, où puis-je remplir ma gourde, s’il te plaît ?

- La politesse n’est pas nécessaire, dit Valérie, une femme de son couloir dont le prénom lui revint par miracle. Ce n’est qu’une machine !

Des flèches apparurent au sol.

- Et alors ? gronda Oriana en suivant les flèches.

Elle remplit sa gourde à la fontaine à eau puis dit :

- Merci, Bryan.

- De rien, répondit l’intelligence artificielle.

Oriana n’avait pas envie de lui être désagréable, et alors ? « Dis-tu merci à ta machine à café ? » dit une petite voix dans sa tête. Oriana, qui se sentit soudain très lasse, rejoignit sa chambre. Ayant un excellent sens de l’orientation, elle la retrouva sans avoir recours à l’IA.

« Combien de temps avant que je perde cette faculté-là ? » pensa-t-elle. « Vivement qu’ils me soignent ». Elle s’assit sur son lit avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas de pyjama. Philippe lui avait dit qu’il existait des boutiques mais Oriana, épuisée, ferma les yeux.

Le soleil l’éveilla. Il faisait grand jour et les oiseaux chantaient. Elle se trouvait sous les couvertures sans ses chaussures. Quand les avaient-elles retirées ?

Elle se frotta les yeux, s’étira puis sourit en constatant la présence, sur sa table de chevet, des photos en provenance de chez elle : sa mère d’un côté, son frère et sa jolie famille de l’autre. De quoi combler son cœur.

Ne pouvant se changer, ce fut dans les même habits que la veille qu’elle sortit dans le couloir. Elle rejoignit le mess et Bryan l’amena jusqu’aux viennoiseries. Oriana dut admettre que le café l’accompagnant d’habitude lui manqua mais cela faisait partie des substances interdites. Elle se contenta donc de l’eau de sa gourde, appréciant sa fraîcheur.

À cette heure avancée de la matinée, le restaurant était vide. Oriana sortit pour profiter des extérieurs. Elle marcha un long moment sous les arbres, appréciant le silence, le calme, profitant des chants d’oiseaux. Citadine, elle n’avait jamais connu un parc aussi agréable. En ville, il y avait toujours le vrombissement des moteurs, les sirènes d’un véhicule d’urgence, la musique d’un appartement, les rires d’enfants. Rien de tout cela ici.

La faim la ramena vers le mess. Elle y retrouva ses voisines de chambre. Cette fois, elle déjeuna avec elle et la conversation porta sur les dernières parties jouées ainsi que la série vue la veille au soir dans la salle vidéo. Oriana ne s’y inséra pas mais apprécia les bavardages simples et doux.

Après manger, elle se trouva épuisée et disparut dans sa chambre faire une sieste. Au réveil, elle avait soif et termina sa gourde pour la seconde fois de la journée.

L’après-midi, elle se rendit dans les boutiques. Pouvoir prendre sans payer la surexcita. Incroyable ! Vous pouviez vous servir ! C’était comme un dressing géant. Elle prit des sous-vêtements, des robes, des pantalons, des débardeurs, des pyjamas.

Une fois son choix fait, elle se retrouva alourdie de plus de sacs qu’elle ne pouvait porter. Elle dut réaliser plusieurs allers et retours et personne ne toucha à ses provisions. Elle rangea méticuleusement, heureuse de voir les placards se remplir.

Elle prit une courte douche chaude puis se changea, ravie de pouvoir aller dîner dans de nouveaux vêtements propres. Elle termina sa troisième gourde lors de ce repas et se trouva de nouveau trop fatiguée pour rejoindre les filles à la salle vidéo. Elle se coucha et dormit comme une masse, cette fois en ayant pris le temps de se mettre en pyjama avant.

Comment se faisait-il qu’elle dorme aussi bien ? Était-ce la qualité de la nourriture ? L’absence de stress ? Le calme des lieux ? Elle n’aurait su le dire. Il lui sembla avoir dormi autant en deux nuits qu’en deux ans.

Après le petit-déjeuner, elle se rendit dans la salle commune et parvint à gagner deux parties. Elle retrouva l’asiatique au déjeuner. Elle lui proposa de venir avec elle aux écuries et Oriana, qui n’avait jamais touché un vrai cheval de sa vie, accepta volontiers. Elle passa un excellent moment et ce soir là, après le dîner, elle put regarder la télévision avec ses camarades de couloir.

- Madame Delbran ? appela un homme en blouse blanche depuis la porte de la salle commune du couloir B. Vous êtes demandée.

Elle se leva pour suivre l’homme jusqu’à sa chambre.

- Attendez sur le lit. Baptiste ne va pas tarder.

De fait, Oriana attendit une bonne heure mais cela ne la dérangea pas outre mesure. Après tout, rien ne l’attendait. Ne pas avoir d’horaire ni d’impératif s’avérait très agréable et Oriana commençait à s’accorder avec l’asiatique : c’était le paradis ici. Pas de course, pas de loyer, pas de cuisine, pas de ménage, pas de vaisselle, pas de lessive, pas de problème d’argent, pas de patron, pas de collègue. Tout ce qu’elle avait à faire était boire trois gourdes d’eau par jour et se priver de son café matinal. Largement acceptable !

- Bonjour, Oriana, dit Baptiste en entrant.

« Oriana », répéta la jeune femme. « Tiens, il m’appelle par mon prénom maintenant ? »

- Bonjour, Baptiste, répondit-elle.

- Tous les voyants sont au vert, annonça le docteur qui, d’ailleurs, ne portait pas de blouse blanche comme les autres membres du personnel. Nous allons pouvoir procéder à l’implantation.

- Quoi ? s’exclama Oriana.

- Un problème ? demanda Baptiste, visiblement surpris, peut-être même agacé.

- Mais… euh… Je…

N’étaient-ils pas censés s’occuper de son cancer en premier ? Elle ne comprenait plus rien.

- Avez-vous ressenti des maux de tête dernièrement ?

Oriana dut reconnaître que non. Elle se sentait merveilleusement bien.

- Des pertes de mémoire ? Des difficultés à vous concentrer ?

Oriana gagnait maintenant souvent et elle pouvait lire les règles du jeu sans difficulté.

- Vous m’avez soignée, comprit-elle. Mais quand ? Comment ?

Baptiste désigna simplement la gourde à sa ceinture. Ils avaient mis son médicament dedans ? C’était impossible ! Elle remplissait elle-même sa gourde aux fontaines. À moins que… Une intelligence artificielle contrôlait tout. Elle pouvait donc aisément choisir le contenu exact de l’eau à donner à chacune. Nul ne buvait jamais dans la gourde de l’autre. À quoi bon ? La sienne y suffisait largement.

- J’ai eu énormément sommeil mes deux premières nuits ici, se rappela Oriana tandis qu’elle s’allongeait sur son lit sur demande gestuelle tendre de Baptiste.

- Le traitement est douloureux, annonça Baptiste, mais il passe très bien pendant le sommeil.

- Vous m’avez droguée. Je croyais que mon corps devait être sain.

- Pour la grossesse, oui, et les derniers tests sont concluants. Vous avez éliminé toute trace des antalgiques. De même, les plastiques, pesticides et polluants présents dans votre organisme ont disparu. Vous êtes féconde. Le moment est idéal.

- Les derniers tests ? répéta Oriana.

Personne n’était venu la voir. De quoi parlait-il ?

- Nous vérifions régulièrement votre état, indiqua Baptiste en installant un carré de tissu vertical au-dessus du ventre d’Oriana.

De cette manière, elle ne voyait plus le bas de son corps.

- Dois-je retirer ma culotte ? demanda-t-elle.

- Ça ne sera pas nécessaire, assura le médecin. Je vais mettre mes mains sur votre ventre.

Oriana apprécia qu’il la prévienne. Il ne lui demandait pas son avis mais cela restait agréable. Il palpa son ventre, le regard dans le vide. L’examen était tendre, doux, précis.

- La palpation le confirme : le moment est idéal. Détendez-vous, Oriana, ça sera rapide. Je vais mettre ma main entre vos jambes. Je vais passer sous la culotte. Je ne vous ferai aucun mal. Ça sera presque indolore.

Oriana ne put s’empêcher de se crisper. C’était tellement soudain et inattendu. La main chaude du médecin passa sous le tissu fin et se posa sur le sexe, sans appuyer, avec légèreté et douceur.

- J’insère, annonça-t-il.

Oriana sursauta lorsqu’un objet tiède écarta ses petites lèvres intimes. Baptiste posa une main tendre sur son bras et lui sourit chaleureusement. Oriana en fut aidée mais elle ne put empêcher son esprit de hurler. Quelque chose n’allait pas. Ce qui se produisait était mal. Il ne fallait pas.

- J’ai fini, annonça le médecin.

- Je n’ai rien senti, dit Oriana.

- Je vous l’avais dit : rapide et indolore, conclut-il en retirant le tissu masquant le bas du corps. Prenez soin de vous, Oriana. Mangez, buvez, dormez, faites de l’exercice. Dès demain, vous allez commencer vos séances psy. Vous rencontrerez un de mes collaborateurs à 14h. Si le contact ne passe pas, vous pourrez demander à changer. Ces rendez-vous sont importants. Je vous sens complètement bouleversée.

Oriana ne put s’empêcher de pleurer. Elle tremblait de tout son corps. Baptiste attrapa un gilet dans son placard et le lui passa. Elle le trouva adorable.

- Parlez au psy, de tout, de rien, peu importe. Cela vous fera du bien, insista Baptiste. Ces rendez-vous sont obligatoires. Vous pourrez discuter des horaires avec le psy. En revanche, c’est lui qui choisira la fréquence.

Oriana hocha la tête.

- Bryan vous rappellera vos rendez-vous, précisa Baptiste. Je vais vous laisser. Je viendrai toutes les semaines vérifier votre état.

- D’accord, docteur, dit Oriana qui se sentait un peu mieux.

Le gilet faisait du bien. Elle ne s’était même pas rendue compte avoir froid.

- Baptiste ! appela-t-elle alors qu’il s’apprêtait à sortir.

Il se tourna vers elle.

- Merci pour votre gentillesse.

- Je vous en prie, répondit-il avant de passer le seuil.

Elle était soignée et portait leur bébé. Cela n’avait pris que quelques minutes et aucun matériel médical… aucun qu’elle n’ait pu voir. Elle attrapa sa gourde, l’ouvrit et but une gorgée. Qu’y avait-il dans cette eau ? Peu importait puisque de toute façon, il fallait boire ou se traîner une perfusion toute une journée.

Elle découvrit son psy – une femme d’une cinquantaine d’années – et le contact passa bien. Elle l’écouta s’épandre sur ses craintes, ses sensations dissonantes. La psy la rassura énormément sans jamais la juger ni se moquer. Elle lui annonça vouloir la revoir quatre jours plus tard. Bryan nota dans son agenda.

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