Chapitre 10 : Quand l'aube devient obscur

Par Malodcr
Notes de l’auteur : En premier lieu, merci de lire cette histoire, elle a subi mes nombreuses pauses, mon syndrome de la page blanche et les doutes incessants.
Ensuite, ce que l'histoire retranscrit n'est pas scientifique ou médicinal, c'est un propre ressenti, des expériences, un vécu et un besoin d'exprimer tout ceci. Si vous vous sentez mal, parlez-en !

Enfin, n'hésitez pas à commenter cette histoire, je prendrai à cœur de vous répondre :)

Le mois d'août se déroulait sereinement, la semaine de repos de Léon leur avait permis de sortir quelques fois et Emy n'avait eu aucun jour "sans", des sauts d'humeurs, oui, mais rien de plus grave ou d'alarmant. Une semaine plaisante en somme.
La jeune fille avait repris le dessin, sur des petites sessions dans l'appartement et pour finalement aller dans une clairière public, à vingt minutes à pied de l'appartement, proche de la ville mais offre un cadre idyllique. Installés dans l'herbe haute, encore un peu verte grâce aux températures Normandes, Léon s'était couché et Emy, assise en tailleur, dessinait le paysage, les insectes, les arbres, les coquelicots.
Voilà leur quotidien, une vie presque normale, à laquelle ils s'habituaient trop vite. La chute n'en est que plus douloureuse et fermer les yeux ne change rien au choc brutal.
Quand septembre a débuté, tout allait bien. Évidemment, Emy n'avait pas repris les cours et Léon travaillait toujours, les jours étaient doux. Emy semblait de nouveau associer des émotions et tâchais de les garder en elle. Sa plus belle réussite était aussi d'avoir une réelle motivation pour se doucher, même si elle ne le fait que deux fois par semaine, cela représente une progression notable, depuis août, il n'y avait plus cette sensation d'inutilité à le faire. Elle mangeait de petite quantité à chaque repas, même quand Léon n'était pas présent. Le soir ils prenaient le temps de discuter, quand Léon parlait de ses clients malpolis, Emy lui parlait de son déjeuner, c'est vrai tout allait mieux. Dans ces instants là, on n'envisage plus le pire parce qu'on est occupés à profiter du présent, c'est tout ce qui compte. Leur duo n'était pas banal mais ils se complétaient bien, une cohérence indiscutable.
Ils partageaient tout. Ils étaient enfin amis, ils se l'étaient dit. Peut-être que le simple fait de l'avoir exprimer à voix haute avait été source de nouveauté pou eux.

Tandis qu'ils marchaient dans la rue, Léon s'était surpris à regarder Emy qui parlait joyeusement d'un sujet qu'il n'avait pas écouté, à son grand étonnement. Juillet avait été rude pour eux mais cela leur avait au moins permis de se reconstruire. Dans cette rue, quelque chose interpella Emy qui arrêta de parler brutalement, ce qui inquiéta Léon qui cherchait l'élément déclencheur. Elle fixait un groupe de personne qui arrivait vers eux.
Sa classe, celle de BTS.
Même si elle les savait non-hostil envers elle, il y avait Léa dans ce groupe et si Léon l'apprenait, il pourrait s'énerver.

— Emy, tu les connais n'est-ce pas ?

Le groupe avançait vers eux à une vitesse qui semblait croître à mesure que les secondes passaient.

— Oui. Changeons de trottoir et rentrons vite.

Sans parlementer, Léon obéit, il ne souhaitait pas que les efforts  d'Emy tombent à l'eau, faire demi-tour ne leur permettait pas de rentrer au 3b alors changer d'accotement paraissait plus judicieux. Il entraîna son amie, et la placa du côté des habitations, en se positionnant ainsi il espérait cacher Emy autant que possible, même si les un mètre quatre-vingt du garçon ne pouvait pas camoufler entièrement les un mètre soixante-seize de la jeune fille.
Quand le groupe fut à leur hauteur sur le trottoir d'en face, Léon tendit l'oreille pour écouter leurs conversations et surtout pour voir si ils avaient reconnu Emy.

— Le mec aux cheveux noirs, il est trop beau ! Faut que j'aille lui demander son numéro ! 

Le visage de dégoût se tordit nettement en une grimace de dégoût quant à Emy, elle gardait la tête mais clairement pas moins attentive.
Puis, ils entendirent, dans un dernier écho.

— Non Léa, mauvaise idée.

Son prénom, le prénom de la fille qui avait elle aussi détruit Emy. Sa stupeur passa à la colère sourde, le sang bouillonant le visage crisper et une rage qu'il aurai voulu lui cracher.
Quand il commenca à faire demi-tour, une main attrapa la sienne.
Son teint était livide.

— N'y va pas, elle n'en vaut pas la peine. Et Lucy a dû lui dire ça parce qu'elle t'a reconnu, c'est sa manière de nous aider.

Lucy, c'est vrai, il l'avait oublié, une bonne personne mais avec un fort besoin d'appartenance.
Même si Emy avait très vite reprit des couleurs, quelque chose semblait avoir changé, encore. Pendant quelques temps ils avaient pu oublier la fragilité d'Emy. Une poisse totale.
Doucement mais sûrement, ils retournèrent jusqu'à l'immeuble. Une certaine hâte de retrouver l'appartement 3b.
La porte ouverte, Emy commenca à rentrer dedans lorsqu'une voix les fit tressaillir.

— Salut ! 

Elle.
Avait-elle vu Emy ? Que voulait-elle ?
Casse toi, pensa Léon.
Il poussa alors Emy dans le hall et claqua la porte derrière elle.

— Bonjour, répondit-il aussi sèchement qu'il l'espèrait.
— Ma pote m'a dit de pas venir te voir mais...
— Tu aurais dû l'écouter, trancha-t-il.

Le soleil semblait à présent déposer des rayons gelées avec un vent glaciale qui se glissa entre-eux.

— Ah, ok, tu sais pas ce que tu rates ! 

Les tentatives vaines de Léa pour entreprendre la conversation exaspéré Léon qui, sans nul doute, ne cherchait pas à le dissimuler autant dans les paroles que la façon d'être. Il expira avant de lui répondre une réplique cinglante.

— Je sais surtout ce que je ne veux pas.

Elle se décomposa, un sourir satisfait apparu alors sur le visage tendu de Léon.

— Tu n'as aucun respect ou c'est comment ?

Abandonnant ses fausses bonnes manières, Léa, frustrée de ne pas être écoutée tenta d'être dans la confrontation, jeu auquel elle ne pouvait pas gagner dès lors qu'elle vit le regard noir, empli de haine, que lui adressa Léon. Elle souffre d'un complexe d'infériorité que le jeune homme ne tolérait pas, peu importe ce qu'elle a pu vivre pour en arriver là, parler de respect était tout à fait ironique venant d'elle.

— Casse-toi.

Léa s'offusqua, cette brutalité la dérangeait, elle qui voulait obtenir tout ce qu'elle voulait.

— Tu vas trop loin. Tu vas voir je vais pourrir ta vie, je...
— Léa, ça suffit. T'as pas compris que tu casses les co*illes à tout le monde ? annonca une nouvelle voix.

Léon écarquilla les yeux, Lucy apparut visiblement hors d'elle, un trait de personnalité qui paraissait étonnant sur elle mais qui lui donnait un charisme remarquable qui fit s'applatir la fille visée.

— Lucy, c'est lui qui...
— Plus personne peut te saquer, cracha-t-elle, je restais avec toi par pitié, mais là ? Tu te prends un stop et tu chouines ? La meuf pitoyable que t'es va se prendre un karma que tu seras pas prête d'oublier. Alors pour le bien de tous, remets-toi en question.

C'est elle la karma, s'adressa Léon à lui-même.

L'Arctique s'était déplacée jusqu'ici, une situation qui se figea quelques instants. Léa tremblait, dépouiller de toute autorité, elle était dans une colère noire mais elle n'était pas de taille face à eux, dans cette bataille elle n'était qu'un insecte qui s'était cru éléphant. Lucy attrapa le col de la fille et la traîna sans que celle-ci n'eut aucune réaction.

— Excusez-là, elle est... Ouai, non, ne l'excusez pas.
— Je retiens ça.

Lucy lui glissa un sourire empreint d'une grande tristesse, elle l'avait reconnu, elle le remerciait d'être encore là et c'était sa manière de lui adressait sa gratitude.
Il entra dans l'immeuble sans demander son reste.
Emy était toujours là mais ça n'allait pas.
Assise contre le mur, elle respirait fort, comme si elle n'y arrivait pas. Ses joues, son front et son cou étaient trempés de sueur, son corps était saisi de tremblements incontrôlables et violents, le regard suppliant et les larmes qui ne cessaient pas.
Il courut vers elle, s'agenouilla devant elle et prit sa tête entre ses mains.

— Emy c'est dur, je sais, mais cale toi sur moi : inspire, expire.

Il accompagna les mots par le geste, mais elle n'arrivait pas à se concentrer.

— Lé..on..., elle hoquetait, ai...aide-moi.

Il avait déjà fait des crises de panique après s'être fait battre, c'était sa mère qui le réconfortait - quand elle avait été mise au courant.
Léon la ramena contre lui, mit la tête d'Emy contre son coeur et lui murmura.

— Concentre-toi tu les battements de mon coeur. Inspire, expire, écoute mon coeur, ferme les yeux. Laisse ton corps se détendre. Inspire, expire.

Il respirait fort pour qu'elle se cale sur lui et la laissait écouter son coeur, comme le faisait sa mère.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, où Emy semblait reprendre peu à peu ses esprits et son corps commençait à se calmer. Elle gardait sa tête collé contre le torse de Léon, terrifiée à l'idée qu'en s'éloignant ça revienne. Aucun des deux ne prononca un mot.
Quand tout cessa, que sa crise passa entièrement, ils ne bougèrent pas pour autant, Léon la tenait fermement, il attendait que ce soit elle qui prenne l'initiative.
En cet instant, il revit la scène de la gare, le jour où il l'a sauvé la première fois, sous la pluie, si faible.

— Merci, lui adressa-t-elle.
— Comment tu te sens ?
— Pas forcément bien mais mieux qu'il y a quelques minutes.

Elle se décolla de lui et se redressa avec l'aide de Léon, elle chancelait légèrement mais le garçon était prêt à la rattraper au moindre signe.
L'ascension des marches fut laborieuse, Emy se retenait à chaque rembarde ou bien au mur, son coprs ne s'était pas tout à fait remis et cet effort semblait lui coûter une énergie considérable.
Une fois dans l'appartement, le temps parut se distendre et prendre une tournure différente, semblable à la seconde précédente un impact.

— Emy ?

Debout et d'une immobilité déconcertante, la fille paraisait lointaine, intouchable tel un spectre perdu.
Elle tournait le dos à Léon, légèrement inquiet de ce changement d'ambiance. Il n'osait pas bouger, ni même produir le moindre bruit. Emy ôta sa veste et la lanca sur son lit, ce son brisa le silence.
Elle se tourna vers Léon, les joues humides et ses yeux se vidant de ses émotions, comme si chaque larme versée lui enlevait une part d'elle même. Pour autant, il ne bougea pas, il le sentait, ce calme avant la tempête, cette douloureuse explosion.

— Léon. Pars.

Le ton était intensément calme mais la voix sortait de l'outretombe, c'en était glacial.

— Pars, tu m'entends ? Je te demande de t'en aller. 

Sa voix s'éleva un peu, Léon n'esquissa pas de mouvement en faveur de l'ordre d'Emy.

— Pourquoi tu ne bouges pas ? Il va bien falloir que tu partes à un moment autant que ce soit maintenant , hein ? Réponds ! elle hurla ce dernier mot. Léon ! Je te demande de partir ! Tu le comprends ça ? Va-t-en ! 

Elle avanca vers lui, il resta stoïque même si à la vue des larmes d'Emy il faillit flancher et la prendre dans ses bras. Elle attrapa les épaules de Léon et baissa la tête. 

— Je te déteste. Je déteste te voir t'accrocher à moi ! elle fut prise de sanglots qui brisèrent sa voix. Je te fais du mal ! Je pourris ta vie ! Je...Je suis pas foutue d'aller bien ! Tu ne peux pas rester pour moi, ça n'en vaut pas la peine ! 

Elle lâcha les épaules de Léon et soutint son regard.

— Je te déteste ! cria-t-elle, tentant de se convaincre. Je voudrais tellement que tu t'en ailles, même si je sais que, sa voix se cassait de plus en plus, que sans toi je n'y arriverai pas ! Mais, je tiens à toit Léon ! Ce sont à peu près les seules émotions qui ont du sens ! Je tiens tellement à toi et c'est pour ça que tu dois partir ! elle tenait de crier mais les sanglots l'en empêchait. Arrêtons avant que je nous détruise pour de bon. Léon, je ne veux pas que tu partes parce que...

Léon ne la laissa pas finir, il prit délicatement le visage d'Emy entre ses mains et l'embrassa.

Peut-être répondit-il à une pulsion ?
Mais ce baiser n'avait rien de douloureux pour Emy, un court instant il parut même être ce qu'elle attendait depuis longtemps. Une chaleur la pris entière, calmant sa peine et apaisant sa douleur.
Léon ne savait pas si cela avait été la meilleure solution, dans les faits il sait qu'elle ne peut pas réellement l'aimer mais il y avait autre chose, sans doute une autre volonté.
Quand finalement leurs lèvres se décollèrent, le temps resta en suspend, attendant un signal.
Soit cela avait tout changé soit au contraire cela avait empiré.
Ils s'observèrent, réalisant le geste. Leurs yeux ne se quittèrent pas. Pourtant tout semblait les éloigner.

— Je ne t'aime pas, déclara Emy, surprise de ses propres paroles.
— Je sais.

Léon sembla compréhensif.

— Tu m'aimes mais pas de cette manière et c'est la seule solution que j'ai trouvé pour te calmer, un peu nul en y réflechissant.
— Tu finiras détruit.
— On ne sort pas d'une bataille indemne.
— Je suis l'arme qui te tue.
— J'encaisserai.
— Tu dois partir.
— Tu m'en veux ?
— Je ne le pourrai jamais.
— Alors je reste, tu as besoin de moi.

Elle lui adressa une sourire qu'elle espéra sincère, elle était prise en tenaille entre plusieurs émotions.
Léon la regarda tandis qu'elle lui tournait le dos. Il ne regrettait pas ce baiser à proprement parler, mais il lui avait volé, une part de lui se dégoûtait d'avoir réagis à une telle pulsion, il l'a embrassé sans son consentement. Cette sensation d'impuissance aurai pu briser quelqu'un. Même si Emy avait répondu à son contact avec plus d'ardeur, jamais il n'aurai dû, sachant même qu'elle ne peut plus ressentir quoi que ce soit de durable ou sain.

 

A suivre
 

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