Chapitre 9 : L'heure du Phénix

Par Malodcr
Notes de l’auteur : En premier lieu, merci de lire cette histoire, elle a subi mes nombreuses pauses, mon syndrome de la page blanche et les doutes incessants.
Ensuite, ce que l'histoire retranscrit n'est pas scientifique ou médicinal, c'est un propre ressenti, des expériences, un vécu et un besoin d'exprimer tout ceci. Si vous vous sentez mal, parlez-en !

Enfin, n'hésitez pas à commenter cette histoire, je prendrai à cœur de vous répondre :)

À peine étaient-ils rentrés que leur quotidien reprit.
Emy allait mieux, quand bien même c'était léger ils débutèrent juillet les épaules bien moins lourdes.
Leur semaine et tout le reste du mois de juin s'étaient déroulés dans une ambiance glaçante.
Léon était distant et moins enjoué face aux progrès d'Emy. Elle se douchait trois fois par semaine, mangeait un peu à chaque repas et tentait de faire un puzzle de mille pièce avec Léon, c'était minime mais vital, pour elle. Elle n'avait pas encore repris le dessin.
Et cet éloignement de la part de Léon la faisait souffrir, de tout son être.
Bien qu'ils soient toxiques l'un pour l'autre, elle ne supportait pas qu'il s'écarte d'elle car il l'aide. En retour, elle lui apporte des problèmes alors cette aide n'est pas réciproque mais pour son bien, à elle, il doit rester. Même si ses agissements et ses façons de pensées envers lui indiquaient le contraire, elle se doit de le reconnaître.
Mais depuis que leur semaine en Loir-et-Cher s'était finie, il lui portait peur d'attention et elle sentait qu'il était différent : il réfléchissait, ruminait et se torturait l'esprit, mais pourquoi ? 
Elle se souciait de lui mais elle ne savait plus si c'était une inquiétude honnête ou juste pour elle-même. Emy n'arrivait plus à savoir ce qui l'habitait, quelles émotions étaient réelles ou non, ce qui est vrai et ce qui es faux, qui elle est. Peut-être ne voulait-elle simplement pas savoir.

Le soir, alors que Léon rentrait de sa journée, elle réalisa quelque chose qui la fit culpabiliser : Léon gâchait sa jeunesse pour elle. Il travaillait aussi pour elle, pour qu'elle puisse vivre (techniquement qu'ils puissent vivre). Il enleva ses baskets et Emy se posta devant lui. Ce silence, cette lourdeurs permanente n'était plus supportable. Elle l'enlaca, sans vraiment le vouloir mais avec volonté et Léon en était le premier perturbé.

— Léon, il faut vraiment qu'on parle, s'il te plaît. Je n'en peux plus.

Sa voix semblait au bord du désespoir ce qui fit frémir Léon.

— De ?
— Cette tension, cet éloignement. C'est pire que tout. J'ai l'impression d'étouffer.

Ils se séparèrent et Léon s'assit sur une chaise. Il croisa ses doigts, les coudes posés sur ses genoux, le regard transperçant Emy de part en part.

— Quand nous sommes rentrés de Loir-et-Cher, je n'ai pas eu le courage de te soutenir, de te rassurer. Tu sais pourquoi ? il marqua une pause, Non ?

Si elle savait.

— Parce que j'ai niaisement espéré que tu ailles mieux après ça. Mais dès que tu es montée dans la voiture, tout a disparu, toute ta joie, toute ta bonne humeur, toutes tes émotions. Peut-être que j'avais l'espoir que tu guérisses d'un coup.
— Léon...
— Mais la vérité c'est que je ne veux pas partir. Je veux que tu ailles mieux mais parallèlement si tu guéris que devrai-je faire ? Si tu restes mal alors cela donne un sens à mon départ, ce n'est pas toi qui est égoïste mais moi. Je pense comme mon père et je ne le supporte pas. Tu comprends ? Une petite voix me dit que si tu restes malheureuse alors je serai heureux, tu trouves ça sain toi, que quelqu'un qui t'aide ait envie que tu ailles mal ? C'est pour cette raison que je me suis éloignée de toi, pour comprendre si je pouvais vraiment t'aider.

Emy ne parut même pas choquée de cette révélation, elle en était même rassurée. Rassurée de savoir qu'il comptait rester.

— Alors ? s'inquiert-elle.
— Plus que tout, je voudrai te voir sourire un jour de pluie. Je veux que tu vois la vie comme tu la vue en Loir-et-Cher. Je veux que tu vives Emy, et je me battrai pour ça, avec toi.

Émue, Emy souria. Ils étaient trop dépendants l'un de l'autre mais Léon avait pu comprendre ce qui le bloquait, quel tourment l'empêchait de l'aider pleinement et ainsi s'en libérer pour qu'Emy se serve de lui.

Chaque jour était un peu plus agréable. 
Malgré son instabilité l'obligeant à passer d'une émotion à l'autre, Emy vivait mieux. Les jours "avec" avaient pu voir ses critères d'exigences diminuer contrairement à la période précédente. Elle se sentait mieux mais se savait aussi mal.
Elle ne sortait plus de l'appartement car elle revoyait sans cesse Léa l'agresser. Emy en était venue à oublier qui avait accompagnée la fille, son cerveau s'était tellement acharné à n'en retenir que le négatif. Cela demeurait douloureux mais maintenant, c'était un peu plus supportable. Elle manquait de courage mais souhaitait aller mieux. Cependant, une petite voix omniprésente l'obsédait et l'oppressait  dans un univers sans lumière, c'est cette voix qu'elle écoutait régulièrement, qui l'empêchait de manger, de se laver ou de sortir, qui lui enlevait out intérêt à exister.
Prisonnière de son propre poison duquel elle tentait de s'extraire.
Ce mois lumineux semblait déteindre sur elle, peu à peu. Elle bougeait un peu plus dans l'appartement, discutait avec Léon qui paraissait avoir retrouvé son entrain. Oui, elle allait mieux, même si c'était temporaire, elle profitait de cet instant, pour ne pas replonger tout de suite dans les abîmes, elle voulait respirer car mlagré ce qu'elle désirait , elle retomberait forcément, inévitablement le cercle vicieux reprendrait, elle était même déjà dedans.
Léon travaillait toujours dans la petite supérette et appréciait le retour au calme qu'ils avaient pu connaître durant mars et avril, quand elle rayonnait davantage.Il lui était évident qu'Emy l'influençait sur ses émotions, il résistait de toute son âme, se battait et se relevait lors des échecs mais il reste humain, comment l'aider ? Est-ce possible ?
Oui.
Elle lui a avoué, elle a besoin de lui et lui, veut la voir sourire, sans que l'émotion qu'elle ressente disparaisse.
Est-ce donc si compliqué ? Qu'est-ce-qui peut tant la bloquer, hormis elle-même ? Toujours les mêmes questions, les mêmes doutes, Emy est devenue une véritable obsession, ils voulait la sauver mais rien ne semblait avoir évolué et rien ne dure non plus.
Peut-il aller de l'avant ? Pourra-t-il partir et la laisser ?  Non, évidemment. Alors se battre était la seule option.

Le quatorze juillet, Léon posa une semaine de congé pour le vingt-quatre. Son patron avait un peu hésité mais comme Léon travaillait bien et faisait preuve de ponctualité (malgré le jour où il avait fuis la boutique en plein après-midi), il concéda à lui accorder à la condition qu'il réponde à une question, ce qui avait interloqué le jeune homme. Son employeur lui avait demandé comment il allait car il avait constaté paraissait parfois ailleurs. Les premières secondes Léon parut déboussolé mais finit par répondre que parfois pour aller bien, il faut aller mal et que lui aidait quelqu'un qui allait très mal. La réponses convenue mais son employeur lui demanda de prendre soin de lui.
Quand son congé se pointa, il préféra ne rien planifier, que leurs journées s'organiseraient elles-seules. 
Évidemment, dès le premier jour, Emy était dans un jour "sans" durant lequel elle n'avait eu que faire de la présence de Léon. Ce qui le frustra et le blessa.
Oui il fallait se battre mais parfois sans arme on arrive à rien.

— Léon, ce n'est pas contra toi, lui dit-elle au troisième jour.
— Je sais. le ton fut plus sec que ce qu'il souhaitait mais il ne prit pas la peine de rectifier et Emy l'avait ressenti.

Il reprit.

— Emy, as-tu tes règles ?
— Qu...Comment tu sais ? bafouilla-t-elle.
— Je t'ai vu quelques fois te retourner maintes fois dans le lit à la recherche d'une position, tu transpires, tu gémis un peu de douleur et tu te tortilles les pieds donc tu as mal.
— Oui. avoua-t-elle.

Léon empoigna son manteau et s'en alla sans un autre mot.
Elle était dans un jour "sans" mais en plus fallait-il qu'elle ait ses règles douloureuses ? Le sort a-t-il décidé de s'acharner ?
Dans la rue, là où le soleil battait son plein, sa vue se brouilla et contre sa volonté, il pleura. Debout, dans cette rue sous un magnifique soleil, il abandonna son masque quelques instants. Son impuissance lui était douloureuse et ce sentiment resterait toujours près de lui, peu importe la manière dont il s'y prendrait avec Emy.
Parfois, il repensait à ce vingt-six mai, ce détachement dont elle avait fait preuve et quant à lui, son intention de l'emmener à l'hôpital s'était vue balayer d'un revers de la main. Mais au final, il n'y avait qu'une question en suspend qu'il n'avait pas osé lui poser : Emy se sentait-elle capable de vivre ? Il savait que oui mais les doutes le prenaient.
Il ressortit de la pharmacie avec une boîte d'ibuprofène et une bouillotte en forme de souris, rembourrée en graines de blé et avec une légère émanation de lavande, cela la soulagera.
Le pas lent et l'esprit ailleurs, ses yeux marchaient pour lui, il s'en voulait mais il n'avait pas totalement la force de retourner immédiatement à l'appartement, car ce sentiment d'inéficacité prenait le pas. Cette peur constante. Mais il ne pouvait pas fuir et au plus profond de lui, il ne le voulait pas mais il devait craquer pour mieux y retourner, qui pourrait lui en vouloir ?

De retour dans l'appartement, Léon donna un verre d'eau et un cachet à Emy, il prit soin de cacher la boîte au cas où. Ensuite, il plaça la bouillotte au micro-ondes, une fois bien chaude il la déposa sur le ventre de la jeune fille.

— Merci beaucoup Léon.
— De rien.

Emy se délecta de la chaleur qui envahissait son ventre, un anti-douleur étonnament efficace.

C'est de nouveau dans une ambiance pesante et cette fissure entre-eux que le repos de Léon continua. C'est dans le même état qu'août pointa le bout de son nez.
Les dix premiers jours furent insupportable, ils étaient subis, ue froideur constante, un évincement, une distance.
Le onze août il y eut un changement.
Le dirigeant de la supérette ferma sa boutique pour une semaine suite à un décès familial, il dû se rendre dans le sud de la France. Cette perspective de passer une semaine avec Emy effraya Léon qui avait finis par se persuader qu'il lui était inutile, sa présence ou non lui paraissait indifférente et il avait décidé de n'être là que pour réfléchir, il s'était convaincu d'être pitoyable et complètement dépassé par la situation, malgré les dires d'Emy.

Il ne s'attendait pas à ce que leur balade au parc, proposée par Emy pour supposément "Prendre l'air et peut-être rire", finisse couchés dans l'herbe, le col de son tee-shirt tenu par Emy à califourchon sur lui et qui lui hurlait dessus. Vraiment pas.

Les dépressifs sont-ils tous aussi instable ?

— Léon ! Tu m'écoutes, oui ?! Merde ! Réalises-tu à quel point tu m'es important ? J'en peux plus que tu m'évites ! elle hurlait.

Il lui attrapa les mains et tenta de se redresser, en vain.

 — Je suis inutile Emy ! Je ne peux pas te protéger de toi-même ! lui aussi hurlait.
— Léon ! Si tu n'avais pas été là, je serait morte ! Tu entends ? MORTE ! 

Elle baissa la tête, jusqu'à la poser sur l'épaule de Léon, allongé par terre, quelques mèches blonde vinrent chatouiller le visage du garçon.

— Je suis désolée, je sais que tu fais de ton mieux, je le sais tellement ! Je t'en demande beaucoup, sans doute mais reste, s'il te plaît. Supporte moi, juste encore un peu.
— Emy, tu sais que je resterai quoi que tu me dises.
— Alors pourquoi t'être éloigné ? sa voix brisée montrait à quel point cela l'avait affectée, combien elle avait souffert de cette distance.
— Parce que je ne voyais pas le bout de tout ça. Parce que je pensais ne rien changer. Parce que je sais que nous sommes dans un jour "avec" et que demain tu pourrais me demander de partir. Parce que je pensais avoir fait une erreur en t'emmenant en Loir-et-Cher. Parce que je doute.

Elle releva la tête, et plongea ses yeux dans le vert des iris de Léon, ses tâches de rousseurs ressortaient avec ce soleil et ses cheveux noirs paraissaient irréels, il était beau, en cet instant comme en tous les autres.

— Oui je suis instable émotionnellement mais même si ça me coûte de le dire, tu m'as apporté tellement de belles choses, je le sais.
— Tu ne peux pas me promettre d'aller mieux mais je sais que tu as changé.
— En quoi ?
— Maintenant, tu me prends plus régulièrement en compte, tu n'es plus que centrée sur toi, tu as changé depuis mai, tu es redevenue instable alors que tu étais dans une phase inquiétante, proche de la dépression.

Elle le lâcha et se retira pour qu'ils puissent s'installer l'un à côté de l'autre.

— Mais tu ne vas pas mieux, je veillerai su toi pour que tu sois en sécurité.
— Comme un papa-poule.
— Vaut mieux avec des cas comme toi.
— Je vais me vexer.
— Vexe toi pendant un jour "avec", s'il te plaît.

En guise de réponse elle le bouscula.

— Léon, on peut dire qu'on est amis ?

Il lui tendit son petit doigt.

— Je pense que cette étape est passée depuis longtemps.
 

Elle croisa son auriculaire avec celui de son compagnon.

— Il fallait qu'on se le dise clairement, c'est un grand cap.
— Bon potes ?
— Bon potes. confirma-t-elle.

Peut-être que tou est éphémère pour Emy mais elle sait que le jeune homme qui l'accompagne vaut tout l'or du monde.
Peut-être que le destin jouait avec eux mais dans tous les cas, leur rencontre avait fait naître une nouvelle flamme qui ne cessait de vaciller.
Même si parfois, même entretenue, une flamme s'éteint.

À suivre...
 

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